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Le bénévolat administratif, peu sélectif car sans contact avec le public

1.1.4. Le contenu des propositions d’engagement

1.1.4.1. Le bénévolat administratif, peu sélectif car sans contact avec le public

groupe local ne fait que relayer (§1.1.4.3) ou s’abstient de présenter (§1.1.4.4).

1.1.4.1. Le bénévolat administratif, peu sélectif car sans contact avec le

public

Lors des réunions de présentation de l’association, les référentes expliquent aux aspirantes militantes quelles sont les analyses et revendications de l’association, puis leur indiquent de quelles manières elles peuvent s’engager. Elles ne se limitent pas à parler de la possibilité d’intégrer le groupe des « militants de terrain » (appelé aussi « militants en contact avec le public ») :

« Au début c’était pas clair que la réunion d’info c’est une présentation sur tout ce qui est possible de faire et du coup chacun choisit ce qu’il veut, vous êtes pas obligé·e·s de venir dans le groupe de bénévoles, quoi. Mais les premières réunions c’était moins clair ça, c’était : on vous présente le groupe de bénévoles, et venez nous rejoindre. On a donc commencé à parler du groupe administratif. On faisait déjà des ateliers petites mains au local, entre nous, depuis février 2014, et on a formalisé ça. »58

Les ateliers en question consistent à faire réaliser à des bénévoles des tâches administratives simples et répétitives, au local de l’association où travaillent les salariées, de manière à permettre à celles-ci d’économiser du temps pour d’autres choses. D’après les calculs de la salariée chargée des relations avec les adhérent·e·s, qui délègue les tâches

simples aux bénévoles des ateliers (Laura), leur implication a représenté en moyenne 65 heures de travail cumulées par mois entre novembre 2016 et mai 2017. Pour l’association, cela représente une économie financière – une autre option parfois employée face à un afflux important d’adhésions étant le recours à un sous-traitant. En mars 2017, Laura m’explique qu’au-delà de 800 cartes à envoyer dans la semaine, Brigitte Gothière avait précédemment décidé de faire appel aux services d’un imprimeur, mais qu’au regard de l’augmentation du nombre de participantes aux ateliers, cela ne semble plus nécessaire pour l’instant. Les tâches les plus fréquentes dans ces ateliers sont la préparation de cartes d’adhérent·e·s ou de courriers à destination des personnes ayant fait un don et leur mise sous pli, ainsi que le remplissage de bordereaux de remises de chèques de dons, destinés à la banque de l’association. Comme l’indique Émilie, la pratique a commencé dès février 2014, mais ces ateliers n’étaient pas formalisés comme une activité ouverte aux personnes venant juste d’arriver dans l’association. J’ai pu le vérifier en passant au local le 2 septembre 2016 à 15h50 : l’atelier qui s’y tenait ne rassemblait autour de la table qu’une salariée et deux personnes à l’engagement soit ancien (Émilie était dans l’association depuis environ trois ans) soit intense (Nicolas était fortement investi depuis son arrivée en juin 2016).

À l’occasion de la réunion de présentation du 10 septembre 2016 à 15h, Émilie décrit aux aspirantes bénévoles les ateliers administratifs comme étant une forme d’engagement à part entière, immédiatement envisageable. Cela permet de proposer quelque chose aux personnes qui renoncent à s’engager dans le groupe de « militants de terrain », ou qui laissent penser aux référentes lors de leur entretien qu’elles ne devraient pas être « au contact avec le public » en portant les couleurs de l’association. Elle réitère à la réunion de présentation suivante, à laquelle j’ai pu assister dès le stade de la préparation de la salle :

« Émilie place à côté [des formulaires d’inscription au groupe de « militants de terrain » et au groupe de « soutien logistique et administratif »] une grille où l’on peut s’inscrire aux entretiens individuels – ce qui, dit la fiche, concerne uniquement les personnes « qui souhaiteraient devenir militants « de terrain », au contact du public »). Une bénévole qui prépare la salle avec nous se rappelle alors à haute voix, en riant, qu’en septembre, « tout le monde s’est mis à stresser » en apprenant qu’il y aurait des entretiens. Émilie répond que là, de toute façon, elle pense que « on va être obligées de sélectionner » (du fait du nombre). Elle m’explique qu’en septembre, certaines personnes avaient de l’enthousiasme pour être dans le groupe [de « militants de terrain »], mais « que nous elles nous semblaient pas adaptées ». Elle ajoute que ça les avait mises mal à l’aise, elles avaient passé du temps à se demander comment « gérer »

la situation. Ce fut un épisode « difficile », ce qui fait qu’elle trouve dorénavant bien d’avoir une « porte de sortie », un moyen de refuser des bénévoles en expliquant qu’il y a trop de monde qui souhaite entrer. »59

Présenter les ateliers administratifs en réunion constitue aussi un moyen d’en élargir le recrutement, pour réussir à écouler la quantité de travail à accomplir dans des délais raisonnables sans recourir à de la sous-traitance sur le marché de l’emploi. En 2016, chaque sortie d’enquête a donné lieu à une vague d’adhésions par Internet, ce qui a imposé de remplir rapidement un grand nombre de cartes d’adhérent·e·s à mettre sous pli, de telle manière que les nouvelles et nouveaux adhérent·e·s reçoivent leur carte quelques semaines après leur adhésion tout au plus. Peu après la parution de l’une des enquêtes, j’ai pu constater en passant au local qu’Émilie faisait la fermeture, seule, à 21h, après avoir écoulé une pile épaisse de courriers à préparer pour les nouvelles et nouveaux adhérent·e·s. Le fait qu’elle se retrouve seule aussi tard et avec autant de travail était symptomatique d’un manque d’effectifs pour s’occuper de ces tâches. Ce manque a fini par être comblé à la suite de la formalisation des ateliers. À l’issue de la réunion de présentation de l’association du 6 janvier 2017 à 19h, par exemple, les aspirantes militantes ont eu le choix de remplir deux formulaires : l’un pour le « groupe de contact avec le public », l’autre pour le « soutien logistique et administratif ». Le premier comporte des questions qui sont toutes orientées vers la présentation de la personne : comment elle perçoit l’association, depuis combien de temps elle est intéressée par la cause, ses précédents engagements éventuels. Il ne s’agit pas ici de demander aux aspirantes militantes ce qu’elles aimeraient faire dans les actions au « contact avec le public », mais d’évaluer leur rapport à la cause. Le second formulaire pose des questions toutes différentes : il s’agit d’identifier les disponibilités précises des bénévoles, de savoir si elles ont un véhicule et ce qu’elles préfèrent réaliser entre la cuisine (pour des besoins ponctuels sur des stands), le soutien logistique (pour la préparation de grosses actions) et le travail administratif. Les deux modalités d’engagement sont ainsi mises en avant de façon égalitaire : un formulaire pour chacune. Elles font l’objet d’une présentation spécifique en réunion, diaporama à l’appui.

59 Compte-rendu d’observation de la réunion de présentation du 6 janvier 2017 de 18h à minuit à la MJC

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