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I. Partie théorique

1.2 L'autisme

1.2.1 Définition

La définition de l'autisme a très largement évoluée en raison de l'accroissement des connaissances scientifiques. L'autisme a été associé aux psychoses infantiles jusque dans les années 1980 avant d'être considéré comme un trouble envahissant du développement (TED).

2 Fluctuations électriques recueillies à la surface du scalp et résultant de l’activité électrique neurale sous-jacente.

Le DSM IV-TR (American Psychiatric Association, 2000) définit l'autisme selon 3 critères.

Le critère A mentionne « une altération qualitative des interactions sociales, une altération qualitative de la communication et un caractère restreint, répétitif et stéréotypé des comportements, des intérêts et des activités ». Le critère B relève « un retard ou un caractère anormal du fonctionnement débutant avant l'âge de 3 ans dans au moins un des domaines suivants: interactions sociales, langage nécessaire à la communication sociale, le jeu symbolique ou d'imagination ». Enfin le critère C indique que « la perturbation n'est pas mieux expliquée par le diagnostic de syndrome de Rett ou de trouble désintégratif de l'enfance ». En raison de l'existence de ces trois critères, on parle généralement de « triade autistique ». La définition de l'autisme a encore évolué dernièrement avec la publication du DSM V (American Psychiatric Association, 2013). Ce dernier parle à présent de « trouble du spectre autistique » (TSA) et regroupe sous ce même nom un ensemble de troubles distingués précédemment (l'autisme, le syndrome d'Asperger, les troubles désintégratifs de l'enfance et le trouble envahissant du développement non spécifié).

La prévalence des TED est discutée. Selon une méta-analyse de 43 études effectuée par Fombonne (2009), la prévalence chez les moins de 20 ans est de 60-70/10 000. Par ailleurs, les garçons sont 4.2 fois plus touchés que les filles. Le ratio retombe cependant à deux garçons pour une fille si un retard mental modéré est associé. En moyenne, parmi les personnes atteintes d'autisme, 30% ne présentent pas de retard intellectuel, 30% présentent un retard léger ou modéré et 40% présentent un retard profond (Haute Autorité de Santé, 2010).

1.2.2 Hypothèses explicatives

Les théories explicatives de l'autisme sont nombreuses, complexes et sujettes à discussion. Pendant longtemps, l'autisme était considéré comme résultant d'une interaction inadéquate entre la mère et son enfant et les parents étaient tenus pour responsables. Cette théorie est erronée et il n'existe aucune preuve scientifique allant dans ce sens. A l'heure actuelle, la communauté scientifique s'accorde sur une origine multifactorielle avec une importante composante génétique. Il existe, en effet, différents arguments en faveur d'un sous-bassement génétique. Le risque de récurrence au sein de la fratrie est de 22% et les études de jumeaux montrent une concordance entre jumeaux monozygotes de 70% (Haute Autorité de Santé, 2010). En outre un nombre important de gènes pourrait être impliqué dans le développement du trouble autistique et la littérature relève notamment le rôle de la mutation des gènes « neuroligines 3 » et « 4 » et « Shank 3 ». Par ailleurs, d'autres arguments

sont en faveur d'une origine neurobiologique. Courchesne et al. (2001) remarquent ainsi des anomalies au niveau du développement cérébral chez 60 AUT (M = 6;2 ans) et des études d'imagerie fonctionnelle montrent une hypoactivation des zones cérébrales essentielles dans l'analyse des émotions (cortex cingulaire antérieur périgénual, partie droite de l’amygdale, partie gauche du gyrus fusiforme et au niveau de la partie antérieure droite de l’insula) (Haute Autorité de Santé, 2010). Il convient cependant de rester prudent puisque ces études d'imagerie ne permettent pas de savoir si ces anomalies sont une cause ou une conséquence de l'autisme puisque une réorganisation cérébrale au cours du développement est possible.

Enfin, certaines personnes indiquent que l'autisme pourrait être expliqué par différents phénomènes environnementaux comme une intoxication aux métaux lourds ou encore à une intolérance à la caseine et au gluten. Néanmoins, ces théories n'ont pas été prouvées scientifiquement et il convient donc de rester prudent. Il existe également diverses pistes microbiennes à l'étude. Les facteurs sont donc multiples et les recherches sur l'étiologie de l'autisme se poursuivent.

1.2.3 Autisme et morphosyntaxe

Environ 25% des enfants atteints d’autisme sont non-verbaux (Wan et al., 2011) et ce sont souvent les difficultés langagières qui amènent les parents à consulter un spécialiste. Les aspects pragmatiques, et notamment la théorie de l'esprit3, réputés pour être particulièrement déficitaires chez ces enfants, ont été particulièrement étudiés (Baron-Cohen, 2000).

Néanmoins, peu d'études se sont intéressées aux capacités syntaxiques des AUT. Il semble pourtant que leurs aptitudes dans ce domaine soient également déficitaires (Durrleman et Zufferey, 2009). Tout d'abord, les AUT ont des difficultés dans la production de morphèmes syntaxiques. Park, Yelland, Taffe, Gray (2012) indique que 17 AUT de langue anglaise (âgés de 3 à 6 ans) présentent des scores inférieurs à ceux d'enfants de même âge chronologique lors d'une tâche d'élicitation portant sur des pseudo-mots et impliquant la flexion du pluriel et du passé (« ed »). Les AUT sont également en difficulté face aux structures impliquant un mouvement syntaxique complexe telles que les questions WH et les relatives. Durrleman et Franck, (2012) relèvent que les 24 AUT de leur étude (8 français, M = 7 ans; 8 français, M = 12 ans et 8 italiens, M = 9;6 ans) ont un retard global dans l'acquisition des relatives (sujets et objets) mais présentent néanmoins, comme les neurotypiques, de meilleurs résultats pour les relatives sujets que pour les relatives objets. De plus, dans une tâche d’élicitation, 20 AUT

3 Capacité à attribuer un état mental (désirs, croyances, intentions…) à autrui.

francophones (M = 8;7 ans) emploient plus souvent que des enfants contrôles de 6 ans des questions « wh in situ » (ex: « tu filmes qui? ») syntaxiquement peu complexes. En revanche, ils utilisent moins souvent que ces mêmes enfants contrôles des questions « wh avec antéposition et inversion » (ex: « Qui filmes-tu ? ») syntaxiquement complexes (Tuller, 2011). De plus, Kjelgard et Tager-Flusberg (2001) repèrent, parmi 89 AUT de langue anglaise (âgés de 5,1 à 15;1 ans), un sous-groupe d'enfants atteints d'autisme ayant un profil langagier similaire à celui d'enfants TSL avec des scores pathologiques à des tâches évaluant la morphosyntaxe et la répétition de pseudo-mots. De même Roberts et al. (2004) relèvent des scores très déficitaires pour la flexion de la troisième personne et la flexion du passé, marqueurs cliniques d'un TSL en anglais, chez un sous-groupe de 19 AUT de langue anglaise (âgés de 5;1 à 15;1 ans) dans une tâche classique d'élicitation. Leurs résultats présentent néanmoins des différences qualitatives avec les TSL puisque les auteurs notent la présence de réponses spécifiques (notamment des écholalies4) au sein du groupe AUT. L'ensemble de ces résultats met en avant des difficultés syntaxiques chez les AUT. Les questions portant sur la compréhension et la production des pronoms accusatifs et des articles définis chez les AUT seront développées respectivement en 1.3.2.2 et 1.4.2.2.

1.3 Pronoms clitiques accusatifs

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