peu affectée par les changements climatiques ?
Les impacts directs du changement climatique sur les aquifères transfrontaliers du circum-Sahara (Fig. 2) seront globalement limités : ces aqui fères sont pour l’essentiel de grands sys-tèmes fossiles, offrant pour l’essentiel des eaux nonrenouvelables, leur recharge étant extrê -me -ment faible comparée à leurs réserves, qui sont, elles, très importantes (OSS-UNESCO, 2006).
A titre d’exemple, les réserves en eau du Système Aquifère du Sahara Septentrional (Algérie, Tunisie, Libye) sont estimées à 30 000 km3, pour une recharge de 1 km3/an, et celles du Système Aquifère d’Iullemeden (Mali, Niger, Ni geria) à 5 000 km3pour une recharge de 0,15 km3/an.
En comparaison, le débit annuel du Nil à Assouan est de l’ordre de 90 km3par an.
Les principaux impacts directs du changement climatique sur les aquifères transfrontaliers du circum-Sahara seront donc de deux ordres :
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les impacts liés à l’augmentation du niveau des mers sur les aquifères côtiers (Djeffara tuniso-libyenne, Système Aquifère du Séné-galo-Mauritanien) et les risques de salinisa-tion afférents (Fig. 3). Cependant, les études menées par l’OSS sur la Djeffara (OSS, 2006) ont montré que ce sont des rabattements de l’ordre de 30 m à 60 m des aqui fères qui ont favorisé l’intrusion des eaux de mer dans le système, et que les prélèvements qui en sont responsables sont ame nés à s’accroître encore dans le futur. Quant à l’augmentation du niveau de la mer, avec environ 50 cm d’ici 100 ans, la remontée du front salé2(Fig. 3) 2. Selon le principe de Ghyben-Herzberg(de Marsily, 2002)
atteindrait environ 20 m sur la frange côtière. Cet effet restera ainsi probablement moindre que celui du à l’augmentation des prélèvements, et surtout très localisé.
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les impacts sur les systèmes hydriques de surface, tels que les perturbations des débits des fleuves et du niveau d’eau des lacs, dans le cas où les aquifères sont liés à ces eaux de surface (Système Aquifère d’Iullemeden avec le fleuve Niger, Système Aquifère duLac Tchad). Par exemple, les travaux menés sur l’IullemedenI ont montré que ce système était un contributeur net au débit du Niger à hauteur de 150 millions de m3/an (OSS, 2008). Mais dans ces cas précis, au vu des divergences entre les résultats des modèles climatiques dans la frange sahélo-soudanaise – certains prévoient une aug-mentation des précipitations, d’autres une diminution (IPCC, 2007) –, il est encore diffi-cile de prévoir quels seront ces impacts.
Fig. 3. Biseau salé dû à l’infiltration des eaux de mers dans les aquifères côtiers
TAOUDENI TANEZROUFT
SAI SASS
GRES DE NUBIE
LAC TCHAD DJEFFARA MAGHNIA
ER RACHIDIA-BECHAR
TINDOUF
SENEGALO-MAURITANIEN
OUGADEN En cours d'étude
Etude projetée Etude achevée Etude non entamée Lacs
Limites de bassins Rivières
MURZUK
0° 0°
20° 20
40° 40
10°
10°
10°
10°
30°
30°
50°
50°
500 0 500 Kilometres
Fig. 2. Les aquifères transfrontaliers du circum-Sahara
Quoiqu’il en soit, une augmentation de la variabilité climatique et de l’occurrence des phénomènes extrêmes comme les séche-resses et les inondations est fort probable, ce qui aurait un impact important sur les eaux de surface, ainsi que sur les eaux sou-terraines qui y sont liées. Toutefois les nappes pourront aussi jouer un rôle tampon encore plus important qu’aujourd’hui, sou-tenant les débits des fleuves en période de sécheresse et se rechargeant de façon plus importante lors des inondations.
Enfin, en ce qui concerne les grands aquifères du Nord du Sahara (Système Aquifère du Sahara Septentrional, Grés de Nubie, Bassin du Murzuk), caractérisés à la fois par une faible recharge et un lien très limité avec les eaux de surface, ceux-ci seront peu affectés directement par le changement climatique.
Conclusion
C’est donc principalement à travers l’augmen-tation de la demande en eau, impact indirect du changement climatique, que les aquifères transfrontaliers du circum-Sahara seront forte-ment sollicités. Il apparaît ainsi, que ces ressources en eau, souterraines, transfrontal-ières sont des ressources stratégiques pour l’adaptation aux changements climatiques. Le stock d’eau qu’elles conservent devra être pro-tégé et géré de façon rationnelle et concertée entre les pays qui les partagent afin de les utiliser au mieux ainsi que leurs caractéris-tiques uniques pour s’adapter au changement climatique : ressource disponible à toute sai-son, soutien des étiages … A cet effet, il con-vient d’accé lérer fortement l’amélioration des connaissances dont on dispose sur ces ressources encore trop faiblement étudiées. De même, il est nécessaire de conduire des recherches précises sur le changement clima-tique et son impact sur les ressources en eau, de façon à informer les stratégies d’adaptation au changement climatique et de préciser le rôle
que peuvent jouer ces aquifères transfronta -liers dans de telles stratégies. Cependant, pom-per l’eau des aquifères profonds coûte cher en énergie, il ne s’agirait pas ainsi d’augmenter la facture de CO2de la planète…
Bibliographie
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