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L’approche méthodologique adoptée dans ce mémoire est de nature descriptive et principalement qualitative. Elle est basée sur une étude de cas simple. Ces orientations méthodologiques s’arriment sur la focale spatio-temporelle retenue, soit l’analyse de la vulnérabilité et l’adaptation à l’échelle des ménages dans le moment présent et à l’avenir.

Une démarche descriptive s’impose compte tenu du niveau d’avancement relativement faible de la recherche sur la vulnérabilité et l’adaptation aux inondations à l’échelle des ménages en milieu périurbain au Vietnam et dans le reste du Sud-Est asiatique. Une telle approche permet de décrire beaucoup plus finement les impacts concrets d’un phénomène déjà reconnu comme étant un facteur de vulnérabilité aux inondations important aux échelles municipale, régionale et nationale : l’urbanisation (voir chapitre 2). De plus, privilégier une approche qualitative fait contrepoids aux nombreuses recherches quantitatives qui mobilisent divers indicateurs de vulnérabilité. L’approche qualitative permet également de documenter les façons dont les personnes sur le terrain perçoivent leur propre vulnérabilité et leur capacité à s’adapter, deux aspects qui demandent davantage d’attention de la recherche sur les changements climatiques (Adger, 2006, p.276  ; Dang et al., 2014b).

Les approches descriptives et qualitatives privilégiées sont mises en œuvre dans une étude de cas simple du KDTM Van Quan et des anciens villages ruraux en cours d’urbanisation qui lui sont directement adjacents. Ce territoire constitue également le cas à l’étude du projet de recherche «  Villes nouvelles et urbanisation villageoise à Hanoi, Vietnam  », dans lequel cette recherche s’inscrit. Le KDTM Van Quan constitue un cas d’étude intéressant, car il a été construit au début des années 2000 et est habité depuis maintenant près d’une décennie. En ce sens, il existe depuis suffisamment longtemps pour analyser ses effets perturbateurs sur les villages adjacents et les façons que les villageois s’y sont adaptés depuis. Un KDTM plus récent n’aurait pas permis d’obtenir une compréhension fine des dynamiques de vulnérabilité et d’adaptation dans les villages qui lui sont adjacents.

Bien que le KDTM Van Quan soit limitrophe à quatre anciens villages ruraux, nous avons choisi d’analyser que l’un d’eux (i.e., le village de Van Quan, présenté en détail au prochain chapitre) pour trois raisons principales :

1) Une visite de terrain préliminaire à la collecte de données, réalisée à l’été 2017, a permis de confirmer que le village compose bel et bien avec des problèmes d’inondation  ;

2) Plusieurs ménages possédaient des droits d’usage sur les terres agricoles qui leur ont été retirés durant l’opération d’expropriation pour l’aménagement du KDTM5. Ces ménages ont dû

adapter leurs stratégies de subsistance une fois le projet entamé. L’interaction entre l’aménagement du KDTM et l’urbanisation in situ est donc particulièrement forte dans ce village  ;

3) Les autorisations officielles requises pour réaliser une collecte de données plus approfondie pour ce village ont été obtenues rapidement auprès des autorités locales vietnamiennes (contrairement à l’autre village qui aurait pu être sélectionné et où les autorités se sont montrées réticentes à laisser un étranger conduire des recherches auprès de la population locale).

 

L’étude de cas est une approche méthodologique de plus en plus utilisée dans les recherches sur la vulnérabilité et l’adaptation aux changements climatiques (Ford et al., 2010). Dans le cadre de cette recherche, trois principales raisons motivent le recours à une étude de cas simple. Dans un premier temps, le cadre conceptuel élaboré précédemment témoigne que la vulnérabilité et l’adaptation sont souvent spécifiques à chaque contexte (ibid, p. 379). De plus en plus d’auteurs (ex : Adger, 2006) encouragent l’usage d’approches méthodologiques permettant de comprendre en profondeur ces nuances contextuelles et l’interaction de facteurs biophysiques et socio-économiques dans la production de vulnérabilité. L’étude de cas est l’une des approches recommandées (Ford et al. 2010, p.379). Compte tenu du temps et des ressources limitées disponibles dans le cadre d’un mémoire de maîtrise, l’étude d’un seul cas a été retenue parce qu’elle permet justement d’atteindre la profondeur et la finesse d’analyse requise.

Deuxièmement, l’étude de cas est une approche méthodologique qui facilite l’identification des déterminants de la vulnérabilité pour un système donné, en particulier à l’échelle locale (Ford et al., 2010, pp.378-379). Considérant que les ménages constituent l’échelle d’analyse privilégiée dans cette recherche, l’étude de cas est un outil pertinent. Toutefois, une nuance existe entre cet avantage de

                                                                                                               

l’étude de cas identifié par Ford et al. (2010) et l’objectif principal de la présente recherche. Ce mémoire ne définit pas de nouveaux déterminants de la vulnérabilité aux inondations dans les villages adjacents au KDTM. En se penchant sur les impacts locaux de l’interaction entre l’urbanisation planifiée et in situ en périphérie de Hanoi, cette recherche approfondit plutôt les connaissances sur un déterminant de la vulnérabilité déjà identifié dans la littérature : la transition urbaine au Vietnam. Finalement, l’étude de cas est souvent utilisée pour identifier les variations de la vulnérabilité au sein d’une même communauté : «  […] vulnerability has been shown to differ between nations, regions, communities and even within communities, necessitating case studies to identify opportunities for adaptation in specific places  » (Ford et al., 2010, p.379). Comme nous le verrons dans les prochains chapitres, la présente étude a documenté de telles variations au sein du village de Van Quan, par exemple à propos des changements des moyens de subsistance adoptés par les ménages villageois suite à la perte de leur terre agricole pour la construction du KDTM.