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Chapitre 3 : Méthodologie

3.1 Approche méthodologique

La recherche qualitative s’intéresse à la compréhension des phénomènes (Fortin et Gagnon, 2016), à l’interprétation et au sens que les participants donnent à leurs expériences, et à la manière dont ils construisent leur monde (Merriam et Tisdell, 2016). Ce type de recherche est interprétative, situationnelle, personnaliste et basée sur l’expérience (Stake, 2010). Elle permet au chercheur d’avoir une compréhension développée du milieu et des phénomènes, puis d’en faire la description, l’interprétation et l’évaluation tels qu’ils sont (Fortin et Gagnon, 2016). Bien que la recherche qualitative présente plusieurs avantages, elle n’est pas dénuée d’inconvénients. En effet, selon Fortin et Gagnon (2016), la recherche qualitative a un caractère subjectif, est constitué d’un échantillon de petite taille et présente l’utilité relative des conclusions.

Merriam et Tisdell (2016) identifient quatre caractéristiques de la recherche qualitative. Ces auteurs caractérisent la recherche qualitative comme étant une recherche dont le chercheur

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est le premier instrument pour la collecte et l’analyse des données, centrée sur le sens et la compréhension, ayant un processus inductif et qui produit une description riche de l’élément étudié. Cependant, pour obtenir une riche description de l’élément étudié, il faut, entre autres, que les données collectées le permettent.

Il existe plusieurs méthodes de collectes de données qui peuvent être mobilisées dans le cadre d’une recherche qualitative dont les entrevues. Lors de la collecte de données par entrevue, il y a un contact direct entre les participants et le chercheur (Fortin et Gagnon, 2016). Selon Fortin et Gagnon (2016), les entrevues sont utilisées pour la collecte des informations favorisant la compréhension des événements vécus par les participants. Elles permettent aussi l’exploration de la perception des participants, la compréhension des situations et la construction des réalités (Punch, 2014). Elles peuvent être dirigées, semi-dirigées ou non dirigées (Punch, 2014). C’est aussi le cas pour la méthode de collecte de donnes par observation.

Ainsi, les observations non-dirigées sont souvent utilisées par le chercheur pour décrire les expériences. Selon Fortin et Gagnon (2016), dépendamment des objectifs visés par le chercheur, celles-ci sont soit non participantes (le chercheur ne participe pas aux activités du groupe observé) soit participantes (le chercheur participe à ces activités). Une autre méthode de collecte de données qui permet un contact entre le chercheur et les participants est les groupes de discussion focalisée. Cette forme d’entrevue réunit le chercheur et un ensemble de participants pour établir ce que pensent ces derniers sur un sujet donné. Selon Fortin et Gagnon (2016 : 202), ils ont l’avantage de fournir « une richesse narrative » due aux interactions entre les participants. Lorsque l’objectif du chercheur est de collecter « des informations sur le comportement humain dans une situation précise » il peut utiliser l’incident critique comme méthode de collecte de données (Fortin et Gagnon, 2016 : 202). Cette méthode de collecte de données « consiste à demander aux participants de se remémorer les incidents particuliers ou des évènements clés qu’ils ont vécus » (Fortin et Gagnon, 2016 : 202).

Nous distinguons aussi les notes de terrain et le journal de bord comme méthode de collectes de données. Les notes de terrain et le journal de bord fournissent aux chercheurs un compte rendu des événements observés au fil du temps (Fortin et Gagnon, 2016). Certaines méthodes

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de collecte de données ne mettent pas en contact le chercheur et les participants. C’est le cas du recueil de texte. Cette méthode de collecte de données peut être utilisée de plusieurs façons, entre autres comme source additionnelle de données (Fortin et Gagnon, 2016 ; Punch, 2014) ou comme source principale de données, par exemple dans certaines études relevant du domaine des politiques (Punch, 2014). Toutes les méthodes de collecte de données que nous venons de décrire permettent de recueillir les informations verbales. Cependant, il existe des informations qui ne peuvent pas être exprimées verbalement (Punch, 2014). Ces informations peuvent être des images. Dans ce cas, le chercheur utilise les recherches visuelles pour collecter les données.

Ethnométhodologie

S’il existe plusieurs types de recherche qualitative, c’est l’ethnométhodologie, méthode de recherche qualitative qui tient compte du contexte, que nous exploitons dans cette étude. L’ethnométhodologie est l’étude des actions pratiques répondant à un certain nombre de consignes et renvoyant aux questions, aux phénomènes, aux résultats et aux méthodes liés à leur déploiement (Garfinkel, 2009). Selon Garfinkel (2009), dans l’ethnométhodologie, la possibilité est offerte d’identifier un domaine illimité de situations pertinentes si, selon l’examen de chaque occasion, plusieurs possibilités s’offrent aux membres dans leurs actions. Une autre consigne de l’ethnométhodologie concerne le caractère rationnel des actions posées par les participants pendant leurs enquêtes. Ce caractère est régulièrement à clarifier, à prouver et à reconnaître, ou est jugé par les participants (Garfinkel, 2009).

Dans l’ethnométhodologie, le projet prédominant vise la description, l’évaluation, la clarification ou la classification des propriétés rationnelles des activités pratiques. Il ne doit pas s’appuyer sur une règle établie à l’extérieur de situations réelles où ces dernières sont produites (communality). Une des consignes auxquelles répond l’ethnométhodologie est liée aux caractéristiques des situations sociales. En fait, cette consigne souligne que toute situation sociale doit être considérée comme s’auto-organisant et susceptible de rendre descriptibles et observables ses propriétés (accountable). L’ethnométhodologie doit aussi s’appuyer, indépendamment de l’enquête, sur des pratiques qui révèlent les propriétés rationnelles des expressions et des actions indexicales. Enfin, l’ethnométhodologie privilégie l’observation de ce qui se fait et des conditions de réalisation, peu importe les difficultés

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rencontrées (Garfinkel, 2009). Ainsi, le contexte y prend une grande place, et les participants sont les personnes les mieux indiquées pour donner un sens à leur activité (Have, 2004). L’ensemble de ces éléments correspondent à ceux du laboratoire du changement, qui repose sur la théorie de l’apprentissage expansif, élément de notre cadre théorique. Dans le laboratoire du changement, les membres travaillent avec les chercheurs pour, entre autres, remettre en question et analyser leurs pratiques, et modéliser de nouvelles pratiques. Dans cette recherche, nous exploitons une session de laboratoire du changement pour donner aux participants l’occasion de donner un sens à leur activité et de proposer de nouvelles façons de faire.

Pour réaliser la collecte de données, les ethnométhodologues mobilisent les méthodes relevant de la recherche ethnographique, dont « les entretiens, l’observation directe dans les classes, l’observation participante, […] les enregistrements vidéo, les projections des enregistrements aux acteurs eux-mêmes, les enregistrements des commentaires faits au cours de ces projections » (Coulon, 2014 : 80).

Dans le cadre de notre recherche, nous avons utilisé plusieurs dispositifs de collecte de données, dont des enregistrements vidéo, les notes des observateurs, le compte rendu des participants et la projection des enregistrements vidéo auprès des participants. Dans le cadre du laboratoire du changement, la projection des enregistrements vidéo aux participants par le chercheur, permet de stimuler les discussions et que les participants réfléchissent sur leurs pratiques. Ces enregistrements vidéo sont appelés « miroir ».