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ANALYSE NON-ARCHIM´ EDIENNE

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Dans ce chapitre nous pr´esentons quelques rudiments d’analyse non-archim´edienne utilis´es dans les Cha-pitres 6 et 7. `A la section 5.1 nous rappelons quelques notions ´el´ementaires d’analyse harmonique sur un corps local non-archim´edien utilis´ees dans la construction et l’´etude des fronts d’ondes du Chapitre 6. `A la section 5.2, nous rappelons le cadre d´evelopp´e `a l’aide de la th´eorie des mod`eles par Cluckers–Loeser [74] puis Cluckers–Gordon–Halupczok [56, 58, 59, 60] pour obtenir des r´esultats d’analyse uniformes en le corps local non-archim´edien, par exemple dans le cas des fronts d’ondes (§6.2). Enfin, `a la section 5.3, nous pr´esentons la th´eorie des fonctions constructibles motiviques exponentielles introduites par Cluckers–Loeser [73, 74] et utilis´ee au Chapitre 7, comme cadre des fronts d’ondes de distributions motiviques.

5.1. Analyse sur un corps local non-archim´edien

5.1.1. Analyse sur un corps local non-archim´edien fix´e.

Notations 5.1.1.0.1. Soit K un corps local non archim´edien (c’est-`a-dire une extension finie deQp pour un certainp ou un corps isomorphe `a Fq((t)) pourq une certaine puissance d’un nombre premier). On note

— OK l’anneau de valuation de K, d’id´eal maximal mK et de corps r´esiduel kK `a qK ´el´ements et de caract´eristiquepK.

— |.|la norme ultram´etrique sur K telle que l’uniformisante de OK ait pour normeqK−1.

— ord :K →Z∪ {+∞}la valuation envoyant l’uniformisante sur 1.

D´efinition 5.1.1.0.2 (Boules). Soit x∈Kn etr ∈Z, on appelle boule de rayon valuatif r, l’ensemble Br(x) =B(x, r) ={x0 ∈Kn|ord(x−x0)≥r}.

On notera simplementBr pourBr(0).

Remarque 5.1.1.0.3. Quelques remarques :

— L’espace m´etrique (K,|.|) est totalement discontinu.

— La valuation est discr`ete, donc une boule ouverte est aussi ferm´ee.

— Deux boules qui ne sont pas incluses l’une dans l’autre sont disjointes.

D´efinition 5.1.1.0.4 (Mesure de Haar). Le corpsKest un corps local. Il est donc localement compact et son groupe additif (K,+) admet une mesure de Haar, not´ee mesK, et unique `a un facteur multiplicatif pr`es.

Soit (cx)x∈kK un syst`eme de repr´esentants du corps r´esiduel. Par additivit´e et invariance par translation de la mesure, nous avons

mesK(B0) =X

x∈k

mesK(B(cx,1)) = card(kK)B(c0,1).

Par induction et invariance par translation, on en d´eduit que pour toutx∈K, pour tout entierr∈Z mesK(B(x, r)) = mesK(B0)

(card(kK))r.

Comme la mesure de Haar mesK est unique `a un facteur multiplicatif pr`es, on supposera par la suite que mesK(B0) = 1.

La notion defonction diff´erentiable d´efinie sur un espace vectoriel sur un corps local non-archim´edien K est la mˆeme que pour K =R, on pourra par exemple se r´ef´erer `a [30,§1].

Au Chapitre 6 nous utiliserons la notion :

D´efinition 5.1.1.0.5 (Diff´erentiabilit´e stricte). Une fonction f :U ⊂Kn →Km, o`u U est un ouvert de Kn, est dite C1-stricte en a∈U, s’il existe une matrice A∈Mm,n(K) telle que

(x,y)→(a,a)lim

|f(x)−f(y)−A·(x−y)|

|x−y| = 0

o`u cette limite est prise le long des (x, y)∈U2 avecx6=y. Un telA est unique et on le notef0(a) ouDf(a).

La fonctionf est dite C1-stricte surU, si elle est C1-stricte en tout point a∈U.

Remarque 5.1.1.0.6. Quelques remarques :

— Voir [115, Theorem A], [21, Proposition 7.11] et [114, Lemma 4.4] pour des comparaisons de notions de diff´erentiabilit´es alternatives. Une fonction C1-stricte est C1 [114, Lemma 3.2].

— Il existe un th´eor`eme des fonctions implicites et d’inversion locale pour les fonctions C1-strictes ([114, Theorems 7.3, 7.4]). On peut alors d´efinir une notion de sous-vari´et´es C1-strictes dansKn([21, Section 8] et [20, Section 2.3]).

— On pourra se r´ef´erer aux synth`eses [141, Chapter 2] ou [52, Chapter 1] pour les notions de fonctions analytiques sur Kn, les th´eor`emes des fonctions implicites et d’inversion locale associ´es, ainsi que la notion de sous-vari´et´es analytiques deKn.

— Une application analytique sur un ouvert U est C1-stricte surU.

5.1.2. Analyse harmonique. Soit K un corps local non-archim´edien et ψK un caract`ere additif sur K qui est trivial surmK et non trivial surOK.

D´efinition 5.1.2.0.1 (Transform´ee de Fourier). Soitn≥1 etf :Kn→Cune fonction int´egrable sur Kn par rapport `a la mesure de Haar surKn not´eedx. On d´efinit sa transform´ee de Fourier

F(f)(ξ) = Z

Kn

f(x)ψK(x|ξ)dx with (x|ξ) =Pn

i=1xiξi.

D´efinition 5.1.2.0.2 (Fonction de classe C, fonction de Schwartz-Bruhat) Soit X une sous-vari´et´e C1-stricte deKn.

— On note C(X), leC-espace vectoriel des fonctions localement constantes surXet `a valeurs complexes.

— Soit X une sous-vari´et´e C1-stricte de Kn, de dimension `. On note S(X) le C-espace vectoriel des fonctions de Schwartz-Bruhat surX, c’est-`a-dire, les ´el´ements de C(X) `a support compact.

Remarque 5.1.2.0.3. Quelques remarques :

— Ces d´efinitions sont induites par le caract`ere ultram´etrique de la m´etrique surKn. La lissit´e locale dans le cadre r´eel est remplac´ee par la constance locale de la fonction, les conditions “support compact” ou

“d´ecroissance rapide” sont remplac´ees par la condition “support compact”.

5.2. ANALYSE UNIFORME EN LE CORPS LOCAL NON-ARCHIM ´EDIEN 89

— Soitϕ∈ S(Kn) une fonction de Schwartz-Bruhat non identiquement nulle. Puisque le support deϕest compact, il existe un entier maximalα(ϕ) tel queϕest support´ee par la bouleBα(ϕ). Puisqueϕest localement constante et `a support compact, il existe un entier minimalα+(ϕ) tel que ϕ est constante sur les boules de rayon valuatif α+(ϕ).

— La restriction de la transform´ee de Fourier `a S(X) est un automorphisme F :S(X)→ S(X).

On dispose enfin d’une formule de la phase stationnaire ([134, Proposition 1.1], [68, Proposition 2.5.3]).

Proposition 5.1.2.0.4 (Formule de la phase stationnaire). Soit X ⊂ Kn et V ⊂ Kr deux ouverts.

Soit Λ⊂K× un sous-groupe d’indice fini. Soit p:X×V → K une application C1-stricte et ϕ∈ S(X) de support not´e Supp(ϕ). Supposons qu’il existe δ >0tel que pour tout (x, η)∈Supp(ϕ)×V on ait l’in´egalit´e

|gradxp(x, η)| ≥δ >0.

Supposons de plus que la fonction (x, y, η)→ |R(x, y, η)| soit born´ee le long des x∈X, x+y∈Supp(ϕ) et η∈V, o`u R est d´efinie par

p(x+y, η) =p(x, η) + (gradxp(x, η)|y) + (R(x, y, η)y|y).

En ce cas, la fonction

Iη(p,ϕ) :λ7→

Z

X

ϕ(x)ψK(λp(x, η))dx

est `a support born´e sur Λ, avec une borne ind´ependante de η ∈ V : il existe r ∈ Z tel que, pour chaque η∈V, le support de λ7→Iη(p,ϕ)(λ) soit contenu dans la boule Br.

5.2. Analyse uniforme en le corps local non-archim´edien

Dans cette partie nous rappelons la notion de d´efinissabilit´e pour le langage de Denef–Pas (g´en´eralis´e) LgDP d´evelopp´ee par, Denef–Loeser [89], Cluckers–Loeser [71, 74, 75] et Cluckers–Gordon–Halupczok [56, 59, 60]. Ce cadre permet d’obtenir des r´esultats d’analyse, uniformes en le corps local non-archim´edien.

Ainsi, de mani`ere heuristique, si une propri´et´e sur un corps local non-archim´edien peut ˆetre exprim´ee par une formule du premier ordre dans ce langage, il existe alors un entier M tel que la propri´et´e reste vraie, pour tout corps local de caract´eristique r´esiduelle sup´erieure `aM. Cela permet notamment de transf´erer, `a la Ax–Kochen/Ershov, ce type de propri´et´es entre deux corps locaux non-archim´ediens ayant mˆeme corps r´esiduel et mˆeme groupe des valeurs, par exempleQp etFp((t)) (Th´eor`eme 5.2.3.0.7 et§5.3.6).

Sur une id´ee de Hales [129, 130], ce principe a ´et´e utilis´e avec succ`es dans le cadre du programme de Langlandsp-adique o`u Cluckers–Hales–Loeser [61] obtiennent par transfert une preuve du lemme fondamen-tal sur les corps de caract´eristique mixte (0, p) (avecp assez grand) `a partir de la preuve d’Ngo [182] pour les corps de fonctions d’´equicaract´eristiquep. Depuis, d’autres r´esultats d’uniformit´e et de transfert sur les groupes de Lie d´efinis sur un corps local non-archim´edien ont ´et´e obtenus par Cluckers–Gordon–Halupczok [57] et Gordon [117, 119]. On pourra se r´ef´erer aux articles de survol [85, 63, 120, 58].

5.2.1. Langage de Denef-Pas et d´efinissabilit´e pour les corps locaux non-archim´ediens.

Notations 5.2.1.0.1. Nous utiliserons les notations suivantes :

— On note Loc, la collection des pairesF = (F , $), form´ees d’un corps local non-archim´edien F et d’une uniformisante $de l’anneau de valuation OF de F.

— ´Etant donn´e un entier M, on note LocM la collection des F ∈Loc tel queF soit de caract´eristique 0 ou au moins M. On dira que F appartient `a Loc1 si la caract´eristique de F est 0 ou au moins M, pour unM fix´e par le contexte.

— Pour tout F ∈ Loc, on ´ecrit VFF (ou, par abus de notation, simplement F) le corps valu´e F, OF l’anneau de valuation de VFF,mF l’id´eal maximal, RFF le corps r´esiduel etqF le nombre d’´el´ements de RFF. Le groupe des valeurs (isomorphe `a Z) est not´e VGF.

— Soitn≥1 un entier. On note RFn,F le quotient OF/nmF, ordF: VFF →VGF ∪ {∞}l’application de valuation et resF :OF → RFF et resn,F : OF → RFn,F les projections canoniques. On consid`ere la composante angulaire acn: VF→RFn qui associe `a un ´el´ementx le r´esidu resn,F($ordxx).

— On note DF le sous-groupe des caract`eres additifs ψsur F, tel queψ(mF) = 1 et ψ(OF)6= 1.

— On note Loc0 la collection F = (F , $, ψ) avec (F , $)∈Loc et ψ∈ DF. Comme pour Loc, on utilisera les variantes Loc0M et Loc01.

— Pour des ensembles arbitrairesA⊂X×T etx∈X, on noteAx ={t∈T |(x, t)∈A}.

Pour une fonction g:A⊂X×T →B et un pointx∈X, on note g(x,·) =gx : Ax → B

t 7→ g(x, t) .

D´efinition 5.2.1.0.2 (Langage de Denef–Pas g´en´eralis´e). On consid`ere le langage de Denef–Pas g´en´eralis´e LgDP dont les sortes sont : le corps valu´e VF, le groupe des valeurs VG et pour chaque entier n≥1 l’anneau r´esiduel RFn. Elles sont respectivement munies du langage des anneaux sur VF et sur chaque RFn, du langage des groupes ab´eliens ordonn´es sur VG, de l’application de valuation ord : VF→VG∪{+∞}

et des applications composantes angulaires g´en´eralis´ees acn. On pourra par exemple se r´ef´erer `a [62,§4].

D´efinition 5.2.1.0.3 (Ensembles et fonctions d´efinissables). Soit M un entier.

— Une collectionX = (XF)F∈LocM de partiesXF ⊂VFF×RF∗,F×VGF est appel´eeensemble d´efinissable s’il existe uneLgDP-formule φtelle que XF =φ(F) pour chaque corps F ∈LocM.

— Soit X etY deux ensembles d´efinissables. Une collection f = (fF)F∈LocM de fonctions fF :XF →YF est appel´eefonction d´efinissable, not´eef :X →Y, si la collection (graphe(fF))F∈LocM est un ensemble d´efinissable.

Remarque 5.2.1.0.4. Quelques remarques :

— Le langage LgDP, g´en´eralise le langage de Denef–Pas LDP `a trois sortes VF, RF, VG muni des appli-cations ord et ac [201, 83]. Nous le d´etaillerons dans la section motivique §5.3.1.

— De mani`ere analogue au cas d’´equicaract´eristique 0 (Th´eor`eme 5.3.1.0.1 et §5.3.4.2), on dispose dans le contexte des corps locaux non-archim´ediens d’un th´eor`eme d’´elimination des quantificateurs et d’un th´eor`eme de d´ecomposition cellulaire pour le langageLgDP[62, Theorem 4.2, Theorem 7.4], [219, 67], g´en´eralisant [201, 83].

— L’usage des sortes RFn,F est n´ecessaire pour obtenir des r´esultats d’uniformit´e en le corps non-archim´edien F : de mani`ere sous-jacente, les formules utilisent un nombre fini de ces sortes, ce qui implique en pratique qu’il suffit d’exclure un nombre fini de caract´eristiquesppour obtenir des r´esultats d’uniformit´e en le corps non-archim´edien.

— Dans toute la suite nous omettrons les indices F quand le contexte sera clair.

5.2.2. Fonctions de classe Cexp.

D´efinition 5.2.2.0.1(Fonctions de classeC). On consid`ereX = (XF)F∈LocM un ensemble d´efinissable.

Une collectionH = (HF)F de fonctions HF :XF → Rest dite de classe C sur X s’il existe des entiers N,

5.2. ANALYSE UNIFORME EN LE CORPS LOCAL NON-ARCHIM ´EDIEN 91 avec li etni,t des entiers. On note C(X) l’anneau des fonctions de classe C sur X.

D´efinition 5.2.2.0.2 (Fonctions de classe Cexp). Soit X= (XF)F∈LocM un ensemble d´efinissable. Une collection H = (HF,ψ)F,ψ de fonctions HF,ψ : XF → C pour F ∈ LocM et ψ ∈ DF, est appel´ee fonction

On noteCexp(X) l’anneau des fonctions de classe Cexp sur X.

Proposition 5.2.2.0.3 (Constance locale [68, Proposition-D´efinition 4.2.1])

Soit f ∈ Cexp(VFn) et F ∈ Loc01. Par application du th´eor`eme de d´ecomposition cellulaire pour le langage LgDP et la d´efinition des fonctions de classe Cexp, il existe un recouvrement fini de Fn par des vari´et´es C1-strictes LgDP-d´efinissables Wi, satisfaisant dimWi = dimWiZar, et sur lesquelles la restriction fF|Wi est localement constante.

5.2.3. Locus, conditions d´efinissables, de classeC et Cexp.

D´efinition 5.2.3.0.1 (Locus). UnlocusXde classeCexpest le lieu des z´eros d’une fonctionfappartenant

`

aCexp(VF×RF×VG), c’est-`a-dire une collectionX= (XF)F∈LocM o`u pour toutF ∈LocM, XF ={x∈VFF ×RF×VG |fF,ψ(x) = 0}.

On d´efinit de mani`ere analogue (sans l’usage du caract`ereψ) les locus de classeC. Exemple 5.2.3.0.2 ([60]). Quelques exemples de locus.

— Tout ensemble d´efinissable est unC-locus (et donc unCexp-locus). En effet la fonction indicatrice d’un d´efinissable et de classeC (et donc de classeCexp). Dans ce cas l`a, remarquons que le compl´ementaire d’un locus associ´e est encore un locus.

— Un locus n’est pas forc´ement d´efinissable. Par exemple

X ={x∈VG2 |qx−y= 0}

est unC-locus mais n’est pas d´efinissable.

Notations 5.2.3.0.3. Soit M,n, l,m1, . . . , ml et r des entiers et P = (PF,ψ)F∈LocM,ψ∈DF une collection de conditionsPF,ψ(x) sur des ´el´ementsx∈VFnF ×RFm1,F × · · · ×RFml,F ×VGr.

— On dit que la conditionP est une condition d´efinissable, si la collection des ensembles X ={x∈VF×RF×VG | P(x) vraie}

est un ensemble d´efinissable.

— On dit queP est une condition de classe C ou Cexp si X est un locus des classes correspondantes.

Cluckers–Gordon–Halupczok [56, 60, 67] prouvent les propri´et´es suivantes : Proposition 5.2.3.0.4 ([60]). Soit X et Y deux ensembles d´efinissables.

1. Toute condition d´efinissable est une condition de classe Cexp.

2. Si P(x) et Q(x) sont des conditions de classe Cexp en x ∈ X, alors les conditions P(x)∧ Q(x) et P(x)∨ Q(x) sont de classe Cexp.

3. Si P(x, y) est une condition de classe Cexp en x ∈ X et y ∈ Y, alors “ ∀y ∈ Y, P(x, y)” est une condition de classe Cexp enx.

4. Si P(x) est une condition de classe Cexp en x ∈X, alors elle reste une condition de classe Cexp en x∈X et y∈Y et cela de mani`ere ind´ependante en y.

La notion de dimension d’un locus et du compl´ementaire d’un locus d´ecoule de la propri´et´e de constance locale (Proposition 5.2.2.0.3).

Proposition-D´efinition 5.2.3.0.5 (Dimension d’un locus [68, Proposition-D´efinition 4.2.1])

Soit f ∈Cexp(VFn) et F ∈Loc1. On noteA1 ⊂Fn le lieu des z´eros defF etA2 =Fn\A1. Alors :

— il existe un nombre fini de sous-vari´et´es C1-strictesWi de Fn, telle queA1 (et respectivement A2) est une union deWi.

— pour tout x∈Wi, il existe un voisinage ouvertU de x dansFntel queWi∩U soitLgDP-d´efinissable.

— le maximum des dimensions des Wi dans la d´ecomposition de A1 (respectivement A2) est appel´e dimension de A1 (respectivementA2).

— pour chaquei, dimWi = dimWi Zar.

Proposition 5.2.3.0.6 (Extension alg´ebrique uniforme, [68, Proposition 4.2.2])

SoitY un ensemble d´efinissable et g∈Cexp(X) o`uX⊂Y ×VFl est un d´efinissable. Soit k≤l. Pour tout F ∈Loc01, on note AF le compl´ementaire dans XF du lieu des z´eros de gF.

En ce cas, il existe un ensemble d´efinissable C⊂Y ×VFl, tel que pour tout F ∈Loc01 ety ∈YF :

— CF,y est un ferm´e de Zariski de Fl de dimension au plus k,

— dimAF,yZar≤k si et seulement si AF,yZar⊂CF,y. L’ensemble des y tel que dimAF,yZar≤k est un Cexp-locus.

Cluckers–Loeser [74] puis Cluckers–Gordon–Halupczok [56, 60, 67] obtiennent des propri´et´es de transfert

`

a la Ax-Kochen/Ershov : une condition de classe Cexp d´epend uniquement du corps r´esiduel sous r´eserve que celui-ci soit de caract´eristique suffisamment grande. Plus pr´ecis´ement :

Th´eor`eme 5.2.3.0.7 (Th´eor`eme de transfert `a la Ax-Kochen/Ershov [74, 67])

Soit P(x) une condition de classe Cexp sur un d´efinissable X. Il existe un entier M, tel que pour tout corps F ∈Loc de caract´eristique r´esiduelle sup´erieure `a M, la propri´et´e suivante est satisfaite : Si la propri´et´e PF,ψ(x) est satisfaite pour tout ψ ∈ DF et pour tout x ∈ XF, alors pour tout F0 ∈ Loc dont le corps r´esiduel est isomorphe `a celui de F, la propri´et´ePF0(x)est satisfaite pour tout ψ∈ DF0 et pour tout x∈XF0.

Exemple 5.2.3.0.8 ([60]). Le principe de transfert ci-dessus ne marche pas pour un ´enonc´e du type

∀x∈VFF ∃y∈ OF ψF(x) =ψF(y).

En effet, l’image deψ(OF) est l’ensemble des racinespF-i`eme de l’unit´e o`upF est la caract´eristique r´esiduelle de F. Si F est de caract´eristique p (par exemple Fp((t))) alorsψ(F) est l’ensemble des racines p-i`emes de l’unit´e, alors que si F est de caract´eristique 0 (par exemple Qp) alorsψ(F) contient les racinespr-i`emes de l’unit´e, et cela pour toutr >0.

5.2. ANALYSE UNIFORME EN LE CORPS LOCAL NON-ARCHIM ´EDIEN 93

Cet exemple montre que si l’on souhaite pr´eserver la propri´et´e du transfert, il ne faut pas ´elargir la classe des conditions de classeCexp par une classe close par quantification existentielle et mˆeme sous la n´egation.

5.2.4. Exemples de locus en analyse non-archim´edienne. Nous donnons ci-dessous des exemples importants de locus en analyse non-archim´edienne, ils seront notamment utilis´es `a la section 6.2.

Proposition 5.2.4.0.1 (Constance locale [60]). Soit X et Y deux ensembles d´efinissables deVFn pour n >0. Soitf ∈Cexp(X×Y).

1. L’ensemble des x∈X tel que la fonction y7→f(x, y) est localement constante est unCexp-locus.

2. L’ensemble des (x, y) ∈ X ×Y tel que la fonction f(x, .) est constante sur un voisinage de y est un Cexp-locus. De plus le rayon de constance peut ˆetre choisi de mani`ere d´efinissable : il existe une fonction d´efinissable r :X×Y → VG telle que F ∈Loc1, pour tout ψ ∈ DF, pour tout x ∈ XF et pour touty ∈YF, si la fonction fF,ψ(x, .) est constante sur un voisinage de y, alors elle est constante sur l’intersection de YF avec la boule de rayon valuatif rF(x, y) centr´ee en y.

Consid´erons la mesure de Haar surF telle queOF soit de mesure ´egale `a 1 et la mesure de comptage sur les sortes RFm,F etZ. Pour tout d´efinissable X ⊂VF×RF×Z, on consid`ere la mesure surXF induite par la mesure sur VFF ×RF×Z.

Th´eor`eme 5.2.4.0.2 (Int´egration [67]). Soit X etY deux ensembles d´efinissables et f ∈Cexp(X×Y).

1. L’ensemble des x tel que y7→f(x, y) estL1-int´egrable sur Y est un Cexp-locus.

2. Il existe une fonction I ∈Cexp(X) tel que I(x) =

Z

y∈Y

f(x, y)dy

d`es que y7→f(x, y) estL1-int´egrable sur Y.

Proposition 5.2.4.0.3 (Familles de fonctions de Schwartz-Bruhat de classe Cexp [68]) Soit Y et W ⊂Y ×VFn des ensembles d´efinissables, avecn≥0. Soit ϕ∈Cexp(W).

— La collection (Sch(ϕ, Y)F)F∈Loc0 d´efinie par Sch(ϕ, Y)F :=

y∈YF WF,y est une sous-vari´et´e C1-stricte et

ϕF(y,·) est une fonction de Schwartz-Bruhat sur WF,y

est un Cexp-locus.

— S’il est non-vide, il existe Mϕ > 0 et des fonctions d´efinissables α+ : Y → Z et α :Y → Z tel que pour tout F ∈Loc0Mϕ et pour tout y∈Sch(ϕ, Y)F :

• la fonctionϕF(y,·) est constante sur tout ensemble de la forme Wy∩B o`uB⊂Fn est une boule de rayon valuatif α+F(y).

• la fonctionϕF(y,·) est support´ee par la boule de rayon valuatifαF(y).

Remarque 5.2.4.0.4. Plus g´en´eralement, Cluckers–Gordon–Halupczok [56, 60, 67] montrent que :

— La classe des fonctions de classe Cexp est stable, par int´egration, approximation, limite ponctuelle, prolongement par continuit´e, limite uniforme et limite Lp, transform´ee de Fourier.

— Les propri´et´es suivantes des fonctions de classeCexp sont des locus et ont la propri´et´e de transfert `a la Ax-Kochen/Ershov : constance, constance locale, int´egrabilit´e L1, L2, L, ˆetre born´e, ˆetre de limite nulle, existence d’une limite ponctuelle, continuit´e, existence de limite uniforme, L2,L.

— Etre une fonction de classe Cexp ou un Cexp-locus implique les propri´et´es suivantes : le principe de transfert pour les Cexp-loci, l’uniformit´e des bornes en le corps, la vitesse de convergence des limites ponctuelles, l’implication “convergence Lp ⇒convergence ponctuelle”.

5.3. Int´egration motivique et fonctions constructibles motiviques

Comme expliqu´e dans l’introduction de la partie I, l’int´egration motivique a ´et´e introduite par Kontsevich [152] comme analogue sur k[[t]] de l’int´egration p-adique, pour k un corps de caract´eristique z´ero. Elle a ensuite ´et´e d´evelopp´ee par Denef–Loeser et Batyrev au niveau g´eom´etrique [12, 87] via les espaces d’arcs et au niveauarithm´etique [89] via l’anneau de Grothendieck des formules.

A l’aide de la th´` eorie des mod`eles, Cluckers–Loeser [69, 70, 72, 73, 74] dans le cas hens´elien puis Hrushovski-Kazhdan [139] dans le cas des corps valu´es alg´ebriquement clos, ont ensuite d´efini un cadre tr`es g´en´eral de l’int´egration motivique, permettant notamment de consid´erer des int´egrales motiviques `a param`etres avec exponentielles, de prouver des r´esultats de sp´ecialisation et de transfert sur les corps locaux et de retrouver les int´egrales motiviques g´eom´etrique et arithm´etique.

Dans cette section nous pr´esentons les constructions et r´esultats de Cluckers–Loeser [73, 74] utilis´ees dans le Chapitre 7. Pour une plus ample introduction, on pourra se r´ef´erer `a [170, 71, 65] et [120].

5.3.1. Langage de Denef–Pas, Presburger. Soit kun corps de caract´eristique z´ero. On note Fieldkla cat´egorie des corps contenant k. Pour tout corps K∈Fieldk, on consid`ere le corps K((t)) muni de

— lavaluation naturelle ord :K((t))\ {0} −→Z´etendue par ord 0 = +∞,

— l’application composante angulaire ac :K((t))→Kd´efinie par

ac(x) =xtordx mod tsi x6= 0 et ac(0) = 0.

Comme dans le cas d’un corps local non-archim´edien §5.2.1.0.1, on utilise le langage de Denef–Pas [201]

LDP,P= (LVal,LRes,LOrd,ord,ac)

o`u les sortes correspondent respectivement aux variables ducorps valu´e,corps r´esiduel etgroupe des valeurs.

Les langagesLVal etLRes sont le langage des anneauxLRings= (+,−,·,0,1) et le langageLOrd est le langage de Presburger

LPR={+,−,0,1,≤} ∪ {≡n|n∈N, n >1}

o`u le symbole≡nest interpr´et´e comme la relation d’´equivalence de congruence modulon. Les symboles ord et ac seront interpr´et´es respectivement comme la valuation et la composante angulaire, tel que pour toutK dans Fieldk le triplet (K((t)),K,Z) est une structure pourLDP,P. Nous ajoutons aussi d’autres symboles de constantes dans les sortes Val et Res pour les ´el´ements de k((t)) et k.

Nous travaillerons avec la LDP,P-th´eorie Hac,0 des structures dont le corps valu´e est hens´elien, `a corps r´esiduel de caract´eristique z´ero, et `a groupe des valeursZ. Cette th´eorie satisfait l’´elimination des quantifi-cateurs dans les sortes corps valu´e (Denef–Pas [201]) et groupe des valeurs (Presburger [209]) :

Th´eor`eme 5.3.1.0.1 (Elimination des quantificateurs [201, 209]). La th´eorie Hac,0 admet l’´elimination des quantificateurs dans la sorte corps valu´e. Toute formule φ(x, ξ, α) dans le langage-LDP,P, de variables x dans la sorteVal,ξ dans la sorteRes, α dans la sorteOrd et sans quantificateurs en les variablex estHac,0-´equivalente `a une disjonction finie de formules de la forme

ψ(acf1(x), ...,acfk(x), ξ)∧η(ordf1(x), ...,ordfk(x), α)

avec ψ uneLRes-formule, η une LOrd-formule sans quantificateurs et f1, ..., fk polynˆomes dans Z[x].

5.3. INT ´EGRATION MOTIVIQUE ET FONCTIONS CONSTRUCTIBLES MOTIVIQUES 95

5.3. INT ´EGRATION MOTIVIQUE ET FONCTIONS CONSTRUCTIBLES MOTIVIQUES 95

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