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Analyse des interventions chez l’enseignant et ses élèves dans le contexte du patinage artistique, dans

4. ANALYSE DU CONTEXTE SPORTIF EXTRASCOLAIRE : LE PATINAGE

4.1. D EROULEMENT DES LEÇONS DE PATINAGE ET PRISES DE PAROLE DE L ’ ENTRAINEUR ET DE SES ELEVES

4.1.1. Analyse des interventions chez l’enseignant et ses élèves dans le contexte du patinage artistique, dans

d'analyse: un indicateur quantitatif, la fréquence.

Afin d’analyser la régulation interactive chez l’entraîneur et ses élèves, nous allons expliquer les prises de parole de l’entraîneur, puis de ses élèves, tout en considérant ces interventions comme étant co-dépendantes.

Voici en résumé les différents types d’intervention de l’entraîneur et de ses élèves, dans un contexte sportif, dans le groupe 1 (élèves de douze ans). Ce tableau récapitulatif permet d’observer la fréquence plus ou moins importante de tel ou tel type d’intervention tout au long des séquences de patinage. Il est important d’utiliser un unique tableau pour les deux intervenants, vu que nous analysons dans un premier temps les interventions de l’entraîneur et ensuite celles des élèves, tout en sachant que la régulation interactive est le fruit d’une co-construction entre ces deux intervenants. Nous avons séparé leurs interventions selon les cinq types (A, B, C, D et E), expliqués dans notre outil d’analyse (voir tableau 9, page 36).

Tableau 10 : FREQUENCE DES TYPES D’INTERVENTION CHEZ L’ENTRAÎNEUR ET SES ELEVES DANS LE CONTEXTE SPORTIF (Groupe 1)

Entraîneur Élèves

A B C D E A B C D E

1 16 23 30 1 chronique 26 32 10

2 3 8 11

3 2 3

4 21

4.1.1.1. Les interventions absentes et les interventions plus fréquentes

Au premier abord, nous observons que certaines cases du tableau de synthèse restent vides chez l’entraîneur (B1 ; B2 ; B3) et chez les élèves (B1 ; B2).

En effet, nous observons, dans un premier temps, l’absence d’intervention de type B, où l’entraîneur demande de lire (B1), sollicite les éléments présents (B2) ou emploie une référence culturelle construite ou pas par le groupe (B3). Ceci est probablement dû au contexte dans lequel l’entraîneur donne sa leçon. D’ailleurs, les cours sont donnés dans une patinoire et les élèves sont debout, tout comme leur professeur de patinage. Au contraire, dans un contexte scolaire, les élèves se trouvent généralement assis à leur place d’étude. Vu que le contexte ci-présent est vaste et les tâches à accomplir sont de l’ordre kinesthésique (l’exercice se fait par le mouvement), les régulations, les explications ou les consignes se donnent soit oralement, soit par une démonstration physique (mouvement). Cette constatation pourrait justifier l’absence d’interventions de type B1 (faire lire une consigne par exemple). Il est également difficile de faire des références culturelles ou externes à l’élève, telles que l’explication de la force centripète exercée lors de la rotation d’un saut, vu que le groupe se trouve debout sur la glace (basse température). Dans un contexte sportif où les athlètes apprennent essentiellement par le mouvement, il est difficile d’apporter des éléments théoriques.

L’entraîneur va plutôt prendre l’occasion de donner un apport théorique lors d’une mise en commun, dans une salle à température ambiante, où les apprenants sont assis et où les explications verbales l’emportent sur les explications sous forme de démonstrations. Nous pouvons, par contre, observer une demande de reformulation d’une explication de la part de l’entraîneur, car il s’agit d’une intervention orale facile à accomplir si l’élève a écouté ce que son entraîneur a dit. L’absence d’intervention B de la part de l’entraîneur pourrait engendrer et justifier une absence d’intervention B1 et B2 également chez l’élève, consistant à lire et citer des éléments présents.

Comme déjà dit auparavant, le fait que les cours de patinage sont donnés dans une patinoire (contexte sportif avec plusieurs contraintes dans le sens que les élèves ne sont pas assis à une table où ils peuvent physiquement s’appuyer pour lire sur un bout de papier des éléments théoriques) ne favorise pas ce genre d’intervention entre l’entraîneur et ses élèves.

Après avoir évoqué les interventions absentes, il est intéressant de parler des interventions les plus fréquentes.

Premièrement, l’entraîneur donne beaucoup de consignes à ses élèves (A4) et fournit également un grand nombre d’explications (A1). En ce qui concerne les consignes, les apprenants ont beaucoup d’exercices permettant d’automatiser la préparation du saut qu’ils doivent par la suite reproduire en double. L’entraîneur fournit d’ailleurs plusieurs consignes permettant d’exercer les préparations du double flip, le but étant de trouver la meilleure façon pour chacun de ses élèves de faire la préparation pour ensuite effectuer une rotation supplémentaire et faire un double saut. Nous pouvons, en effet, remarquer que l’entraîneur change la façon de faire les préparations du saut à plusieurs reprises. Il utilise également un type d’intervention à visée régulatrice A1, c’est-à-dire qu’il explique. L’entraîneur répète souvent ce qui émerge de ses élèves lors de la discussion et donne une explication par rapport à ce qu’ils ont dit. Il est rare qu’il donne une explication directe, sans qu’il n’y ait eu une interaction entre lui et ses élèves à ce sujet. Nous pouvons alors supposer que ces explications naissent des propos des élèves, par exemple, lors de la leçon de groupe (extrait 3.1 ; 5) où l’entraîneur explique oralement et par le mouvement le déplacement du poids du corps lors de la préparation du saut. En effet, après avoir posé la question : « où se trouve le poids du corps après le piqué », TifHo répond qu’il ne se trouve pas sur le piqué mais sur la « longueur du corps ». L’entraîneur prend donc l’occasion d’expliquer et compléter son propos (explication orale et démonstration kinesthésique).

Lors des interventions orales et kinesthésiques de l’entraîneur, ses élèves écoutent. Ce type d’intervention n’a pas été inscrit dans les tableaux d’analyse, car il est chronique. De plus, l’effectif des groupes est de quatre élèves maximum, il n’y a donc pas beaucoup de possibilités que ces derniers se distraient.

Deuxièmement, nous allons parler des types d’intervention C et D, regroupés dans notre logique d’analyse du contexte sportif extrascolaire, car ils sont fortement liés. De plus, ils figurent parmi les plus fréquents chez les deux intervenants. Les interventions C sont des questions ciblées sur des éléments que l’entraîneur attend de la part des élèves. Il s’agit de questions faisant partie d’éléments que les apprenants devraient déjà avoir vu dans d’autres leçons, il n’y a souvent qu’une seule réponse possible, à leur portée. Souvent, l’entraîneur leur pose ce type de question, afin de remémorer certains éléments importants à considérer pour effectuer les exercices demandés, pour,

ensuite, aller plus loin dans le raisonnement, l’explication et la reproduction. D’ailleurs, suite à ces questions, il est possible de trouver des questions de type D1. Ce sont des questions ouvertes dont les réponses ou le raisonnement sont variés. Ce type d’intervention met l’élève dans une situation problématique, dans le sens qu’il doit chercher la réponse, car il s’agit d’éléments qu’il n’a pas forcément déjà rencontrés auparavant. Par exemple, lors de l’extrait 3.2, à la première prise de parole, l’entraîneur demande à ses deux élèves d’expliquer pourquoi leurs sorties étaient imprécises.

Les élèves donnent alors plusieurs réponses : « on ne se tient pas droites » ; « on oublie de penser à la sortie car on pense trop au départ » ; « le poids du corps n’est pas à la bonne place ».

En d’autres termes, les questions et réponses de type C ont tendance à apparaître dans un premier moment, alors que les questions dont le contenu de la réponse est à rechercher par un effort mental (type D) apparaissent dans un deuxième moment. C’est donc grâce à un retour mental de l’action des élèves que ces derniers trouveront une réponse aux questions ouvertes de type D1 de leur entraîneur.

Il y a également des prises de parole où les élèves expliquent un raisonnement ou une démarche à adopter afin d’effectuer leur saut. Ce type d’intervention a lieu surtout lorsque leur entraîneur leur pose une question de type ouverte (Ex : TifHo que penses-tu du saut d’AliEr ?) permettant de répondre par un vaste choix de réponses.

Il convient maintenant d’ajouter qu’il est parfois difficile de différencier les types D1 et D2, il arrive que l’élève explique une démarche après que son entraîneur lui ait demandé d’expliquer comment faire tel ou tel exercice. Si l’élève explique sa démarche simplement en répondant à une question ouverte, le type de régulation interactive sera D1. Par contre, si l’élève doit réfléchir à une démarche de résolution, car une situation problématique s’instaure et il ne connaît pas forcément la réponse (l’élève se trouve face à un « conflit »), nous pouvons alors dire que le type d’intervention de régulation est D2. Par exemple, lors de la leçon privée de TifHo (extrait 5.2, 7-14), l’entraîneur lui demande quelles démarches adopter pour tourner deux tours. TifHo ne connaît pas la réponse directement, mais doit la chercher. Elle se trouve face à un problème qu’elle doit résoudre, les pédagogues parlent souvent de conflit cognitif (ou socio-cognitif, lorsqu’il émerge dans l’interaction entre pairs), l’entraîneur va l’aider à trouver des éléments de réponse en lui posant des questions qui la guident jusqu’à ce qu’elle trouve la démarche la plus appropriée.

Enfin, nous allons parler du type d’intervention E. Pratiquement absent chez l’entraîneur, il figure à plusieurs reprises lors des prises de parole des élèves. En effet, l’entraîneur sollicite rarement les échanges entre les élèves (E1), ceci peut probablement être dû au fait qu’il n’a pas besoin d’engendrer des échanges, car ses élèves ont l’habitude de participer régulièrement à des cours collectifs. Ils ont également l’habitude d’être filmés, car il s’agit d’un moyen fréquemment utilisé

par leur entraîneur, lors de l’introduction d’un nouvel élément. De plus, le fait de poser des questions ouvertes concernant la démarche à accomplir (D) favorise les échanges entre les élèves. Il y a, d’ailleurs, un certain nombre d’interventions où les élèves prennent des initiatives en interpellant un pair, en le contredisant ou en l’aidant à trouver une réponse. Par exemple, lorsque AmaGi et AliEr se permettent d’interpeller TifHo pour lui dire qu’elle a pris trop de vitesse pour effectuer son saut.

Il y a cependant des manières indirectes que l’entraîneur utilise afin de solliciter les échanges entre les pairs, notamment lorsqu’il s’adresse au groupe, par exemple grâce à sa posture vers le groupe, mais également grâce à l’emploi de pronoms. Dans la plupart de ses propos, l’entraîneur s’adresse au groupe en utilisant la deuxième personne du pluriel (vous) ce qui permet à l’élève de se sentir impliqué dans la transmission d’une réponse.

4.1.2. Analyse des interventions chez l’entraîneur et ses élèves dans le