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3.2. EXTENSION DU SABLE ET ÉROSION ÉOLIENNE : PHENOMÈNES EN ÉVOLUTIONS

3.2.2. Analyse dynamique éolienne des anciens cordons dunaires

deux directions dominantes, rendus possibles par l’irrégularité topographique imposée par la chaîne Atlasique.

La formation de ces anciennes dunes est assez complexe. Toutefois, elles ont évolué avec une dynamique éolienne agissant sur l’édification de leurs morpho logies. Ces dunes ont acquis avec le temps une forme longitudinale selon la même direction que les chaînons de l’Atlas saharien (sud-ouest nord-est).

Selon MAINGUET et al., (1984) in : TAÏBI A., (1997) ces dunes sont considérées comme des zones d’exportation de sable. Elles sont mises en place dans une aire à bilan négatif. Dans l’ensemble ces dunes paraissent stables, mais la fragilité du milieu aggravé par les phénomènes épisodiques de sécheresse ces dernières décennies a perturbé cette stabilité. A cet effet, il n’en demeure pas moins qu’elles constituent une source d’alimentation en sable pour les différentes zones situées plus en aval de ces édifices dunaires.

Les observations effectuées sur le terrain ont montré une stabilité précaire du cordon dunaire de djebel Antar sur les deux flancs mais la partie frontale du cordon apparaît très active. Le passage des grains de sable de l’autre côté sous le vent s’effectue à l’aide de la présence d’une cluse «foum2». Cette dernière constitue un passage préférentiel où le transit éolien est canalisé. A l’extrémité nord du cordon les mesures instantanées de direction des vents au niveau des rides (ripples marks) au sommet attestent la présence d’une direction dominante en direction de l’est- nord-est. A ce même endroit nous avons noté l’existence de dépressions de forme ovale aux couloir s inter-dunaires allongées suivant la direction sud-ouest nord-est. Quant au cordon de Ainsefra il connaît le même sort. Il est stabilisé sur les des deux cotés latéraux mais la progression se fait du côté frontal du cordon. Le flanc nord-ouest du djebel Mekter bloque la progression du cordon vers l’est. Toutefois, la présence de la végétation psammophile et clairsemée ne peut pas stopper les matériaux alluvionnaires prélevés dans l’oued Breidj et les terrasses à proximité qui viennent se déposer et s’accumuler sur le cordon de Ainsefra. Le lit fluvial de l’oued Breidj à l’amont de la cluse de Ainsefra constitue un important fournisseur de matériaux sableux qui s’accumulent sur la rive gauche freinés soit par la végétation soit par des obstacles naturels. La réactivation du côté frontal a causé

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Mot arabe qui veut dire bouche. Il correspond au ce débouché d’une gorge étroite ou d’un défilé sur une plaine

Chapitre III : Dégradation et ensablement du sol et de la végétation dans la plaine sud Oranaise.

plusieurs dégâts d’ensablement des constructions se trouvant à l’aval du vent et à proximité de la rive gauche de l’oued.

Le cordon de Magroune connaît lui aussi une remobilisation dans sa partie frontale qui a donné naissance à d’autres formations dunaires de type bouclier barkhanique très vif. Le mécanisme de progression de ces dunes a été mis en évidence par le travail réalisé par l’agence TAD en se basant sur l’étude réalisée en Mauritanie par MEUNIER J. et ROGNON P., (2000). D’après leur étude le transport du sable se fait de deux façons :

- par gravité au niveau des talus d’éboulement alternant avec les saisons. Pendant la première saison, le vent soulève des grains de sables sur le flanc de la dune exposée au vent pour le faire déposer du côté sous le vent par avalanches successives. Au cours de la seconde période, un autre vent dominant et suite à l’influence orographique et de son agencement a tendance à modeler les accumulations sableuses en transportant le sable dans une direction perpendic ulaire à celle créée par le premier vent. Ainsi, le travail des vents saisonniers donne naissance à une résultante saccadée vers le nord-est matérialisée par le front de la dune;

- en suspension turbulente le long du flanc. Les grains de sable sont dirigés selon la topographie du cordon dunaire vers le front où ils se déposent.

Il importe de signaler que la connaissance du sens des vents qui ont contribué à l’édification des anciennes dunes ne peut être confirmé en se référant uniquement aux travaux de terrain effectués à une échelle locale. L’étude de ces édifices et de leurs progressions incitent à l’utilisation des données géographiques à référence spatiale et multi- temporelle à différentes échelles pour avoir une idée assez précise sur la tendance de la progression. Il se peut que d’une période à une autre la tendance change de direction. Les vents dominants qui font progresser les accumulations sableuses sont généralement influencés par des phénomènes climatiques (anticyclone subtropical des Açores, mouve ments des courants océaniques et la circulation du front intertropical), orographiques et édaphiques assez complexes qui interagissent entre eux.

Une recherche sur la dynamique éolienne, appliquée sur trois zones tests distantes seulement d’une dizaine de kilomètres, menée par BENALLA et al., (2003) a montré l’impossibilité de

auteurs se sont aperçus qu’à l’intérieur d’un secteur le régime du vent au cours d’une période peut être remplacé par un autre de direction opposée.

Dans notre cas le sens de progression de la dynamique des cordons dunaires a été déterminé en utilisant les systèmes d’information géographique et la télédétection. Ainsi, une synthèse de photo-interprétation est proposée (Cf. Figure 28). Cette synthèse est basée sur l’exploitation de trois scènes images ETM+ de Landsat et des données cartographiques anciennes (cartes topographiques et carte géologique). Vu l’étendu de la zone une mosaïque des trois scènes images géoréférencées a été établie à l’aide du logiciel ENVI3. Cette mosaïque a été intégrée dans un SIG pour pouvoir extraire les nouvelles limites spatiales des anciens cordons dunaires ainsi que pour déterminer le sens de migration à l’échelle de la wilaya. Cependant, les limites anciennes des cordons ont été directement digitalisées à l’aide d’un SIG après avoir scanné et géoréférencé les anciens documents cartographiques. Finalement, nous avons obtenu deux fichiers en format vectoriel sur les anciennes et les nouvelles limites des cordons dunaires. Sur la base de ces deux fichiers il a été possible de mesurer la distance de progression de chaque cordon pendant les 45 dernières années par croisement (overlay) (Cf. tableau 25).

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Chapitre III : Dégradation et ensablement du sol et de la végétation dans la plaine sud Oranaise.

DONNEES

Satellitaires Cartographiques

Réalisation de la mosaïque Pour les trois scènes satellites

(197/37 198/36 et 198/37)

Numérisation des nouvelles limites spatiales des anciens

cordons dunaires

Numérisation des limites spatiales des anciens cordons dunaires

croisement

Mesures de la progression des cordons dunaires pour la période 1957-2002

DONNEES

Satellitaires Cartographiques

Réalisation de la mosaïque Pour les trois scènes satellites

(197/37 198/36 et 198/37)

Numérisation des nouvelles limites spatiales des anciens

cordons dunaires

Numérisation des limites spatiales des anciens cordons dunaires

croisement

Mesures de la progression des cordons dunaires pour la période 1957-2002

Figure 28 : Méthodologie pour l’établissement de la progression des anciens cordons dunaires entre 1957 et 2002. 111 5 38 1.7 298 5818 1463 Ainsefra 57 2.6 27 1.2 76 14630 8300 Magroune 42 1.9 22 1 54 6300 4100 Djebel Antar Progression en (m) par an Distance parcourue en (km) Progression en (m) par an Distance parcourue en (km)

Progression vers l ’est Progression vers le nord

Progression de la superficie en (%) Superficie 2002 en (ha) Superficie 1957 en (ha) Cordon dunaire 111 5 38 1.7 298 5818 1463 Ainsefra 57 2.6 27 1.2 76 14630 8300 Magroune 42 1.9 22 1 54 6300 4100 Djebel Antar Progression en (m) par an Distance parcourue en (km) Progression en (m) par an Distance parcourue en (km)

Progression vers l ’est Progression vers le nord

Progression de la superficie en (%) Superficie 2002 en (ha) Superficie 1957 en (ha) Cordon dunaire

Tableau 25 : Progression des trois anciens cordons dunaires de la wilaya de Naâma entre la période 1957 et 2002.

constituent de véritables zones de source d’alimentation en particules de sable vers les régions de la wilaya ainsi que sur les infrastructures.