• Aucun résultat trouvé

CHAPITRE IV : DYNAMIQUE ÉOLIENNE DANS LES STATIONS DE MÉCHERIA ET DE AINSEFRA

4.9. ORIGINES DES SABLES ET DELIMITATION SPATIALE 1. Analyse granulométrique

4.9.2. Mise en évidence et délimitation spatiale des aires source, d’accumulation et de déflation

4.9.2.1. Aire source et de déflation

Ces aires sont constituées par les zones pourvoyeuses de sable qui peuvent êtres transportés par relais pendant de longues durées et sur de longues distances. Les zones source de sable qui alimente l’espace de la wilaya de Naâma en quantités appréciables de particules sableuses, vu le contexte géologique (présence de roches friables par la corrasion et l’halloclastie, anciennes accumulations sableuses et oueds à écoulement endoréique), sont diversifiées ayant une origine fluviatile et lithologique. Cette dernière origine est caractérisée par l’existence de grandes étendues de glacis dénudés au nord du Chott Rharbi et des portions considérables de grès dans les couches affleurantes en différents endroits. Le substrat gréseux et dolomitique qui constitue la région est à l’origine de la formation des particules sableuses après désagrégation mécanique et chimique. Selon (BREUBINGER et al., (1989) in : (BERGAMETTI G., 1997) les mécanismes susceptibles de produire les particules fines sont : - les cycles froid/chaud et gel/dégel. La présence de l’eau dans les fissures des substrats rocheux ainsi que la forte amplitude thermique entre périodes diurne et nocturne dans la zone d’étude favorisent la création de forces de tension suffisantes pour éclater la roche;

- les processus d’altération chimique par les solutions salines provenant des chotts et des sebkhas pourraient être également des mécanismes de production de particules érodables.

En plus des processus physico-chimiques de désagrégation des roches, l’érosion hydrique causée par les pluies torrentielles qui s’abattent sur les massifs montagneux de l’Atlas provoque des dégâts considérables et un brassage de sédiments comme cela a été le cas en mars de 1959 à travers toute la bordure nord-ouest du sahara.

Des énormes quantités de sédiments sont transportées vers les zones les plus basses (vallée, chott, sebkha, daya). Ce phénomène est beaucoup plus accentué au sud qu’au nord. Dans le

désorganisé. Cette désorganisation est liée aux conditions climatiques et topographiques (plaine).

Les quantités de sables transportées vers l’aval par les oueds sont reprises par le vent après assèchement des lits d’oueds au printemps et en été vers les directions de migration de sables citées auparavant.

Nous avons pu définir et délimiter spatialement les zones pourvoyeuses se trouvant à l’intérieur de la wilaya de Naâma : Chott Rharbi, massifs de l’Atlas saharien et différentes plaines alluviales et lits d’oueds (oued Sfissifa, oued Breïdj, oued Namous et oued Rhouïba). Ces zones source ont été mises en évidence grâce à une recherche bibliographique (CALLOT Y., 1987; TAD 2003 et REMAOUN k., 2004) et une analyse et interprétation des documents cartographiques existants. La plus part de ces documents cartographiques sont anciens et leurs mises à jours n’ont pas été faites jusqu’à présent. Pour faire face à cela nous avons opté pour l’utilisation des images satellitaires ETM+ de Landsat et des images de Terra Aster afin de mettre à jour ces documents.

Hormis les zones source internes, d’autres zones source potentielles sont localisées en dehors des limites administratives de la wilaya. Il s’agit de Chott chergui et des réserves de sables provenant du territoire nord-est du Maroc. Ceci est tout à fait possible et nous avons vu précédemment (Cf. § 4.8) comment se fait la migration et la progression des particules de sables le long de la zone située au sud ouest de djebel Gaaloul (1612 m) jusqu’à la cluse de chegga sadana entre djebel Bou Rhenissa (1594 m), djebel Bou Amoud (1416 m) et djebel Kerrouch (1678 m) où l’ensablement a envahi 4700 hectares. D’ailleurs, le travail de DRESCH (1982) in : (MAINGUET M., 1995) a montré qu’un grain de sable peut parcourir une distance de 830 km par siècle selon la direction dominante de migration du sable. Pour vérifier l’hypothèse de la provenance des particules de sables du territoire Marocain nous nous sommes basé, en plus de l’analyse des images 3D de concertation, sur des recherches bibliographiques concernant le mouvement des particules de sables et leurs directions dominantes de migration dans la partie nord-est et sud-est du Maroc. A cet effet, nous pouvons citer le travail de DESJARDINS R. et al., (2005) dans l’ouest de Tafilalet qui montre le mouvement des dunes de sable dans la direction des vents dominants sud-ouest nord-est entre 1980 et 2003. De même, l’étude de KABIRI L. et al., (2003) a mis en lumière la progression des édifices barkhaniques dans la direction sud-ouest nord-est dans l’anti-Atlas

Chapitre IV : Dynamique éolienne dans les stations de Mécheria et de Ainsefra

oriental Marocain. Selon le même auteur 75% des fronts des édifices sont tournés vers le nord-est. Nous citons également l’étude de BENALLA M. et al., (2003) qui a révélé la persistance des vents sud-ouest nord-est (Saheli4) et des vents nord-est sud-ouest (Chergui5) au nord de Tafilalet dans les secteurs Erfoud et du Jorf. Quant à l’étude de SBAI A. et al., (1992) elle a révélé dans la partie nord-est et plus précisément dans le couloir de Taza-Oujda et dans le basin de la haute Moulouya une nette supériorité des vents d’ouest.

Grâce à ces études et à notre analyse dynamique éolienne de migration de sable nous avons pu dresser une esquisse thématique afin de montrer le mouvement des migrations du sable à l’échelle supranationale (Algérie et Maroc) (Cf. Figure 49).

Oran Alger Oujda Taza Midelt Tafilalet Mécheria Naâma Ainsefra Ba ss in Mo ulo uy a Bouarfa Mer Méditerranée 1 2 3 4 4 4 4 5 5 Oran Alger Oujda Taza Midelt Tafilalet Mécheria Naâma Ainsefra Ba ss in Mo ulo uy a Bouarfa Mer Méditerranée 1 2 3 4 4 4 4 5 5

Vent souffle durant toute l’année Vent souffle durant l’été Vent souffle durant l’hiver

1: direction mise en évidence d’après les travaux de (DESJARDINS R. et al., 2005) 2: direction mise en évidence d’après les travaux de (KABIRI L.. et al., 2003) 3: direction mise en évidence d’après les travaux de (BENALLA M. et al., 2003) 4: direction mise en évidence d’après les travaux de (SBAI A. et al., 1992)

5: analyse des données anémométriques pour la station de Ainsefra et de Mécheria.

Oran Alger Oujda Taza Midelt Tafilalet Mécheria Naâma Ainsefra Ba ss in Mo ulo uy a Bouarfa Mer Méditerranée 1 2 3 4 4 4 4 5 5 Oran Alger Oujda Taza Midelt Tafilalet Mécheria Naâma Ainsefra Ba ss in Mo ulo uy a Bouarfa Mer Méditerranée 1 2 3 4 4 4 4 5 5

Vent souffle durant toute l’année Vent souffle durant l’été Vent souffle durant l’hiver

1: direction mise en évidence d’après les travaux de (DESJARDINS R. et al., 2005) 2: direction mise en évidence d’après les travaux de (KABIRI L.. et al., 2003) 3: direction mise en évidence d’après les travaux de (BENALLA M. et al., 2003) 4: direction mise en évidence d’après les travaux de (SBAI A. et al., 1992)

5: analyse des données anémométriques pour la station de Ainsefra et de Mécheria.

Figure 49 : Mouvements de migration de sables à l’échelle supranationale (Algérie, Maroc). Le sable en provenance de l’ouest participe à l’alimentation des zones sources du Système Global d’Action Éolienne de la zone d’étude. Au nord, la zone du Chott Rharbi est alimentée

ensemble d’agrégats issus des étendues de glacis et des monts gréseux du Jurassique (monts de Tlemcen).

Le Chott Rhabi est considéré comme une zone de dépôt et d’exportation des particules fines. En automne et en hiver les particules sont piégées par la végétation halophile et par les sols humides dans les bordures du Chott. Au printemps et surtout en été le Chott se rétrécit et les particules fines sont facilement mobilisables vers le nord-est et le sud-est par les vents efficaces. En effet, une bonne partie du Chott Chergui est alimenté par Chott Rharbi lors de l’influence des vents du ouest-sud-ouest à partir du mois de juin.

A son tour l’espace de Chott Chergui alimente en particules de sable des espaces se trouvant plus à l’est de Kef El Hammar et à 8 km au sud de cette localité à travers une dynamique éolienne de direction nord-ouest. A cet endroit nous avons noté des petites barkhanes formant deux petits champs empiétant sur la route; le premier a plus de 2 km de large et le second environ 4 km. Ils se raccordent par des nappages importants (la végétation a complètement disparu) et cela sur 7 km. Ce phénomène se poursuit au nord-est vers Cheguig et à Rogassa où nous avons noté des nappages épais et des petites barkhanes mobiles. De même, une partie du sud de Sebkhat Naâma est alimenté par ce même courant éolien.