• Aucun résultat trouvé

Chapitre 4 L’analyse quantitative de la sécurité environnementale interne

4. Analyse corrélationnelle bivariée entre la V.I des cancers et la V.D de la sécurité

L’analyse corrélationnelle bivariée est effectuée pour la variable dépendante de la sécurité politique) ; personnes poursuivies pour atteinte à l’ordre public, à l’aide du coefficient de corrélation de Pearson. Cependant, on observera dans un premier temps le diagramme de dispersion (figure – 21) pour la relation entre la variable intermédiaire et la variable dépendante, « Voir Annexe – B ». L’analyse graphique du diagramme de dispersion nous apprend que la relation est positive et linéaire. Par conséquent, à chaque fois que l’on assiste à une croissance de la proportion des décès relatifs aux cancers le nombre de personnes poursuivies pour atteinte à l’ordre public augmente.

Tableau – 11

Corrélations de Pearson et significations – 1

Variable dépendante Personnes poursuivies pour atteinte à la sécurité publique Variable indépendante Corrélation de Pearson Sig. (bilatérale)

Cancers ,748* 0,13

N=10

* Corrélation significative au niveau 0.05

L’analyse des coefficients de corrélation indique que la relation très importante entre la variable indépendante sanitaire (cancer) et la variable dépendante de sécurité politique, avec une corrélation positive forte au seuil de 0,05 pour la variable indépendante des cancers sur la variable dépendante de la sécurité politique.

b) L’analyse de régression linéaire bivariée i. Récapitulatif du modèle

Tableau – 12

R2 et erreurs standard de l’estimation – 3

a. Valeurs prédites b. Variables dépendantes Modèle R R2 R2 ajusté Erreur standard de l’estimation a. Cancers

b. Personnes poursuivies pour atteinte à la sécurité publique

Le récapitulatif du modèle rapporte que la relation entre la variable indépendante et la variable dépendante mesurant le nombre de personnes poursuivies pour atteinte à l’ordre public est modérée. On peut dire qu’en moyenne la variable indépendante explique environ 50 % de la variance de la variable dépendante des personnes poursuivies pour atteinte à l’ordre public (a contrario, les erreurs de prédiction des scores de la variable dépendante sont réduites de 50 % lorsque les scores de la variable indépendante sont connus).

ii. ANOVA Tableau – 13 ANOVA – 3 Modèle Somme des carrés Degré de liberté Carré moyen F Sig. a Cancers b

Personnes poursuivies pour atteinte à la sécurité publique

1 Régression Résidu Total 5,593 4,407 10,000 1 8 9 5,593 ,551 10,153 ,011a

Pour un degré de liberté au numérateur et N-2 (8), le F observé de la relation Cancers – Sécurité politique (10,15) est supérieur au F critique (5,32) rendant la relation statistiquement significative121. Ainsi, le modèle est statistiquement significatif et, par conséquent, pour celui-ci, l’hypothèse nulle peut être rejetée.

iii. Tableau des coefficients

Tableau – 14 Coefficients – 3 Coefficients non standardisés Coefficients standardisés Modèle B Erreur

standard Bêta t Sig.

1

Personnes poursuivies pour atteinte à la sécurité publique Var. dép. : Cancers ,000 ,235 ,000 1,000 ,748 ,235 ,748 3,186 ,013

121 Les relations statistiquement significatives ont été mises en italique dans le tableau ANOVA afin d’améliorer la lecture.

Résultats

Section 2.

Les premiers résultats de note analyse quantitative révèlent les évolutions marquantes des données relatives à la population, la richesse, l’impact écologique, les dommages sanitaires et la réponse gouvernementale. Ces évolutions nous apprennent que la Chine, sur les dix dernières années, continue son développement économique sur fond de croissance démographique non maitrisée. De plus, ces croissances démographiques et économiques s’effectuent parallèlement à l’augmentation des dégradations environnementales et sanitaires. Par ailleurs, la première analyse quantitative univariée montre que la confiance dans les institutions politiques chinoises progresse lentement alors que simultanément le nombre de contestations juridiques à caractère social évolue de façon rapide.

Les résultats concernant les analyses corrélationnelles bivariées et multivariées sont peu probants. En effet, même si les analyses bivariées révèlent des corrélations positives et significatives entre les variables indépendantes et les variables dépendantes (variable intermédiaire de la santé et la variable sécuritaire politique), traduisant l’existence probable d’associations dans les variations observées, le niveau des coefficients de régression est très élevé, d’autant plus pour une analyse corrélationnelle en sciences sociales où les coefficients expliquent rarement plus de 60 % de la variation de la variable dépendante.

Pour ce qui est de l’analyse multivariée, les résultats sont encore plus sujets à caution et donc ne seront présentés ici, seulement, qu’à titre indicatif. Dans la section suivante, nous exposerons brièvement les contraintes techniques et statistiques qui nous poussent, en particulier, à remettre en question la méthodologie quantitative retenue et la démarche quantitative en général.

Apports et limites de l’approche quantitative

Section 3.

Le principal apport de la méthode quantitative s’appuie essentiellement sur la nécessité pour le chercheur de prendre connaissance des tendances matérielles d’un État. Ainsi, au-delà de la fiabilité des données, il semble pertinent de connaître à travers les données brutes, les orientations de certains facteurs, tels que la démocratie, la croissance économique, etc. Cependant, plusieurs obstacles se dressent face à l’analyste dans sa

démarche corrélationnelle. Parmi eux, mentionnons en premier lieu, la disponibilité et la fiabilité des données collectées par les autorités chinoises.

De ce problème naît la difficulté de choisir les bons indicateurs traduisant au mieux les variables identifiées par le corpus théorique. Si les indicateurs de démographie, d’économie et de dégradation environnementale semblent pertinents, peut-être que d’autres choix auraient été judicieux. Par exemple, pour la variable démographique, le taux d’urbanisation aurait pu probablement être significatif. De même, en ce qui concerne l’économie, l’indicateur du PIB par personne aurait pu être plus adéquat. Pour l’environnement, l’indicateur des émissions de gaz industriels est pertinent, mais il ne traduit qu’une partie de la variable environnementale, excluant la dimension de la surexploitation et de la captation des ressources. Cette série de remarques peut être encore plus facilement réitérée pour les indicateurs de l’efficacité gouvernementale, du taux de cancer et surtout pour celle traduisant les atteintes en termes de sécurité publique ou politique.

Enfin, l’analyse multivariée ne peut être adéquatement utilisée en l’espèce, car les séries de données collectées sont des séries chronologiques qui se prêtent mal à l’analyse corrélationnelle multivariée122. Notamment, ce type de séries pose le problème de

l’autocorrélation des variables rendant l’analyse caduque, car possiblement erronée. Les sciences statistiques ont mis en place tout un protocole permettant de contourner ce problème d’autocorrélation, par notamment la procédure dite de la méthode autorégressive qui dépasse largement le cadre de ce mémoire.

La faible fiabilité des données, les difficultés rencontrées lors du choix des indicateurs les plus représentatifs et surtout le fait que l’analyse corrélationnelle ne mesure, en définitive, qu’une possible association entre deux variables rendent le protocole de corrections statistiques peu significatif. Le volume d’effort à fournir et la complexité de la procédure ne sont pas justifiés pour une analyse comme la nôtre où la démarche quantitativiste demeure secondaire. Cependant, ce travail permet d’éliminer certaines hypothèses et, sa présence demeure utile d’un point de vue épistémologique, ne serait-ce

122 PÉTRY, F. et F. GÉLINEAU, 2003, Guide pratique d’introduction à la ré ression linéaire en sciences

que pour mettre en évidence sa relative efficacité dans ce type d’études. Par ailleurs, l’analyse quantitative est aussi pertinente pour écarter des pistes de recherche.

Chapitre 5 - L’analyse qualitative de la sécurité

environnementale interne

Introduction

Section 1.

L’analyse qualitative de la sécurité environnementale interne est avant tout l’étude d’un processus partant en premier lieu de la phase contextuelle jusqu’à la phase sécuritaire. Au sein de la phase contextuelle, un portrait global de la situation écologique, économique, politique et sociale de la Chine sera dressé. Dans un second temps, l’analyse s’attardera sur la phase dite « anthropique » où les externalités environnementales sont produites, suivie de la phase sécuritaire où le lien entre dysfonctionnements environnementaux et dysfonctionnements sécuritaires sera recherché.

Le contexte initial

Section 2.

1. La Chine et son environnement a) La croissance de l’économie

La Chine, membre du conseil de sécurité de l’ONU, est devenue un membre actif et influent dans la plupart des organisations internationales, parvenant à être le deuxième acteur économique majeur de la planète en 2011123. L’économie chinoise en 2011 est une économie hors-norme et sa croissance est élevée. Sa participation au marché international via ses importations et ses exportations, ses créances sur les principales économies occidentales (États-Unis, Union européenne), ses acquisitions matérielles extérieures (terres, espaces côtiers, entreprises), ses potentiels humains, économiques et sociaux ainsi que ses politiques économiques extérieures font de la Chine un joueur planétaire de premier plan. Entre 1990 et 2010, le produit intérieur brut chinois a été multiplié par plus de quinze, passant de 356 à 5 926 milliards de dollars américains124. La figure 3 ci-dessous traduit la force de la dynamique du développement économique chinois durant la précédente décennie.

123 Cependant, il faut nuancer cette position, car au prorata par habitant la puissance économique de la Chine, la classe dans la catégorie des pays émergents.

Figure – 3

Produit intérieur brut de la Chine entre 2000 – 2009

Source : NATIONAL BUREAU OF STATISTICS OF CHINA, 2010 – 2000, « China Statistical Yearbook », N.B.S.C, Beijing

Toutefois, le PIB par habitant, en dollar américain constant, n’est que de 2 425 $ par an en 2011, alors qu’il était de 949 $ en 2000125. Économie en pleine mutation, l’économie socialiste de marché chinoise est une économie complexe à décrypter, d’une part à cause de sa croissance rapide et d’autre part, parce que les présences de l’État, du Parti communiste chinois et de l’élite militaro-industrielle rendent plus difficile la lecture du système économique chinois.

Sur une période de vingt années, l’économie chinoise a vu une progression constante de son secteur tertiaire et de son secteur secondaire, aux dépens du secteur économique traditionnel de la Chine, à savoir l’économie agricole. La figure 4 montre que l’économie chinoise est de moins en moins agraire, confirmant l’autre tendance chinoise : l’urbanisation. Les Chinois quittent leur ruralité pour la ville où l’emploi et la hausse du niveau de vie promettent un espoir d’amélioration de la condition socio-économique du plus grand nombre.

Figure – 4

Évolution sectorielle de l’économie chinoise entre 1999 et 2008

Source : BANQUE MONDIALE, 2012, « Données : Emplois par secteur – Chine », B.M.

Cette économie en pleine transformation et en pleine croissance, a réalisé des progrès importants sur le plan interne, notamment, avec la sortie de dizaines de millions de chinois de la précarité économique. Elle a réussi à devenir une joueuse majeure de l’économie internationale en prenant part au phénomène de la mondialisation. La figure 5 compare les évolutions, de ces deux dernières décennies, des principales puissances économiques mondiales avec la progression et le volume de l’économie chinoise. On constate que la Chine subit une accélération de son développement économique, alors que ses principaux concurrents, excepté les États-Unis, ont tendance à progresser très lentement. En 2011, l’économie chinoise aurait dépassé le Japon et serait devenue la deuxième puissance économique de la planète126.

126 LE MONDE, 2011, « La Chine est devenue la deuxième économie mondiale. », Le Monde et Agence

Figure – 5

PIB comparés de la Chine et autres puissances économiques majeures

Source :BANQUE MONDIALE, 2012, « Données : PIB US$ courants – Chine », B.M.

b) Le système politique

Le système politique chinois paraît être un système proche du fédéralisme à l’indienne ; avec ses provinces, ses régions et ses municipalités autonomes ainsi que sa reconnaissance des différences ethniques internes. Cependant, la Chine est une nation politiquement très centralisée même si son administration est a contrario très déconcentrée. L’idéologie d’État, ancrée dans un parti unique, autour d’une force de coercition policière et militaire omniprésente, implique que le régime politique chinois est avant tout un système politique autoritaire.

c) La société

La société chinoise est une société vieillissante où l’idée du collectif est culturellement enracinée dans les esprits. Nonobstant, la présence d’une culture ancestrale bouleversée par plus de soixante années de communisme autoritaire, la société chinoise subit depuis la moitié des années 1990, des changements culturels, sociaux et économiques de grande envergure. Chaque année, la société chinoise extirpe plusieurs millions de personnes de la pauvreté selon la Banque mondiale ; « Miracle économique chinois : 500

millions de pauvres en moins et 106 milliardaires en plus ! 127 ». La société chinoise est en pleine mutation sociale, économique et sociétale, au contact de ses voisins immédiats et du reste du monde. La réception et l’organisation des Jeux olympiques de Beijing en 2008 sont la parfaite illustration de la Chine, entrée dans la mondialisation et reprenant une place majeure sur la scène internationale.

d) L’histoire difficile de la relation « humain – environnement »

Depuis l’avènement de l’Empire chinois en –221 av. J.-C., la Chine se trouve confrontée à des constantes historiques qui perdurent aujourd’hui, à savoir un territoire immense, une population considérable, un environnement hétéroclite, mais fragile, la prépondérance de la société agraire128 et une propension à transformer radicalement l’environnement129. À cela s’ajoute le fait que la Chine est, depuis des temps anciens, soumise à des catastrophes naturelles de grande ampleur telles que les tremblements de terre, les inondations et les sécheresses, interférant avec les problématiques d’autosuffisance alimentaire, de développement économique et de stabilité politique130. Ces dernières années, comme le rapporte l’Agence France Presse :

Le nombre de catastrophes naturelles en Chine a été multiplié par quatre au cours des 30 dernières années, selon une étude du premier réassureur mondial, Munich Re, publiée mardi. Le réchauffement climatique risque en outre d'aggraver encore la situation, souligne le groupe allemand. Selon l'étude de Munich Re, la Chine a subi 48 catastrophes naturelles - tempêtes, inondations, tremblements de terre, canicules, sécheresses et feux de forêt - en 2010, contre 11 au début des années 1980131.

L’histoire de la Chine, c’est aussi l’histoire du rapport des Chinois avec leur environnement. Ce rapport est resté constant depuis des siècles, le peuple, qui suivait respectueusement les principes de la « nature », se considérait protégé par elle. Ainsi, l’idée, que toute désobéissance à ces principes entraînait irrémédiablement un châtiment de la « nature », est restée longtemps ancrée dans l’esprit des Chinois132. Jusqu’à l’avènement

127 MOUSSOURS, M., 2008, « La pauvreté en Chine : aller au-delà des chiffres. », Comité pour l’Annulation

de la Dette du Tiers-monde

128 SMIL, V., 1984, op. cit, page 189

129 ZHANG J., 2006, « Environment, Market, and Peasant Choice: The Ecological Relationships in the Jianghan Plain in the Qing and the Republic », Modern China, Vol. 32, N° 1, p. 31-63

130 Ibid.

131 AGENCE FRANCE PRESSE, 2011, « Chine: explosion du nombre de catastrophes naturelles », La Presse 132 CHEN, D., 2008, « Environmental Rights: on the Perspective of Harmonious Development between Human Beings and Nature. », China Population, Resources and environment, Vol. 18, N° 1, page 190

du pouvoir communiste de Mao Tsé Toung dans la seconde moitié du XXe siècle, le concept chinois de l’environnement imaginait que les pensées et les comportements humains devaient s’adapter à l’environnement afin de préserver leurs existences133. Cependant, par la mise en place de la politique d’industrialisation du « Grand bond en avant » en 1958134 et de la réorientation économique vers une « économie socialiste de marché »135, la transformation économique de la société chinoise va bouleverser la relation traditionnelle entre les Chinois et leur environnement : « Guided by Mao Tse-tun ’s belief worker came equiped with the ability to labor to sustain himself or herself, the party encouraged both population growth and heedless use of land, water, and mineral resources. »136.

En 1975, la Chine est encore un joueur industriel modeste et certains commencent à s’inquiéter des dégradations environnementales issues des transformations économiques et industrielles137. Moins de dix ans plus tard, Vaclav Smil dressera un premier constat environnemental relativement pessimiste. Il expliquait, alors, que les données environnementales intrinsèques de la Chine étaient défavorables. Nonobstant d’être un pays populeux, la Chine a la plus grande surface montagneuse au monde avec 58 % de sa surface composée de montagnes, de hautes plaines et de plateaux, contre 10 % pour l’ex-U.R.S.S. et 15% pour les États-Unis138. De plus, la seconde contrainte environnementale est la combinaison de ces immenses espaces ouverts et de leur exposition à l’extrémité du continent est-asiatique : courants froids du Nord et de l’Himalaya, sècheresse de la Sibérie, inondations des moussons et typhons violents139. Pour Smil, les externalités de ces contraintes peuvent s’illustrer par l’exemple de certains cours d’eau :

In the more than two-and-a-half millenia of recorded Chinese affairs, the Huang He broke the dikes in its lower reaches twice every three years and experienced a major change of course every century. The Huai He (Huai river) basin in the heart of densely populated China suffered more than 900 droughts and 900 floods between 246 BC and

133 Ibid., page 190

134 OBRINGER F., 2007, « La croissance économique chinoise au péril de l’environnement : une difficile prise de conscience », Éditions La Découverte, Hérodote, N° 125, page 96

135 Ensemble de réformes politiques et économiques initié par Deng Xiaoping dans les années 1980. 136 GOLDSTONE, J. A., 1995, « The Coming Chinese Collapse », Foreign Policy, N° 99, page 35 137 SIGURDSON, J., 1975, « Resources and Environment in China », Ambio, Vol. 4, N° 3, page 112 138 SMIL, V., 1984, op. cit, pages 4 – 5

1948. The Hai He (Hai river) basin had 387 disatrous floods and 407 drought years between 1368 and 1948140.

Par ailleurs, l’auteur constate déjà des atteintes environnementales d’origine anthropique concernant les ressources forestières, l’érosion des sols, la désertification, l’assèchement des lacs, les pertes et les détériorations des terres cultivables, la diminution et la dégradation des ressources hydriques, les pollutions atmosphériques et le recul de la biodiversité. Une dizaine d’années plus tard, Smil poursuit son analyse et constate que les dégradations environnementales s’intensifient, et qu’en particulier la pollution atmosphérique est désastreuse pour la santé des citoyens chinois141.

e) L’effet des échanges internationaux sur l’environnement

Dans le processus difficile du développement socio-économique de la Chine, l’ouverture de la Chine et sa connexion aux réseaux du monde sont une variable à ne pas négliger. L’ouverture de la Chine s’est accompagnée de l’ouverture du monde sur la Chine. Elle produit, finance, achète et loue au monde : biens à faible valeur ajoutée, participations dans les entreprises internationales et subventions d’État, achats de terres agricoles et arables, de produits agroalimentaires et d’énergies... Ces capacités économiques, financières et politiques aident la Chine à se procurer des ressources extra-muros de son territoire national et de sa zone d’influence. De ce fait, elle allège le fardeau environnemental interne, en transférant ses externalités environnementales sur un autre joueur de la scène économique internationale. Elle se permet d’économiser sur les coûts sociaux, économiques et politiques internes.

Cependant, les délocalisations industrielles des pays occidentaux vers la Chine relativisent la portée des externalités environnementales exportées par la Chine à travers ses importations. Le solde entre les externalités produites en Chine et celles produites à l’étranger est difficilement mesurable avec précision, néanmoins au regard du solde commercial en 2010, les gains environnementaux demeurent faibles142.

140 Ibid., page 6

141 SMIL, V., 1993, op. cit., page 117

En 2006, Vermander apporte un exemple de transfert interétatique d’externalités environnementales. Devant l’insuffisance de la production forestière interne et la consommation exponentielle du bois en Chine, cette dernière participe à l’accroissement de la déforestation dans les pays en voie de développement, pays généralement tropicaux, tout en développant une régénérescence artificielle des surfaces forestières nationales. Plus particulièrement, Vermander souligne que les importations massives chinoises se font au détriment des forêts asiatiques et océaniennes143.