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La sécurité environnementale intra-étatique de la Chine entre 2000 et 2009 : la stabilité sociopolitique chinoise menacée par la crise environnementale?

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Texte intégral

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LIONEL GALLET

LA SÉCURITÉ ENVIRONNEMENTALE

INTRA-ÉTATIQUE DE LA CHINE ENTRE 2000 ET 2009

La stabilité sociopolitique chinoise menacée par la crise

environnementale?

Mémoire présenté

à la Faculté des études supérieures et postdoctorales de l’Université Laval dans le cadre du programme de maîtrise en science politique

pour l’obtention du grade de maître ès arts (M.A.)

DÉPARTEMENT DE SCIENCE POLITIQUE FACULTÉ DES SCIENCES SOCIALES

UNIVERSITÉ LAVAL QUÉBEC

2013

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Résumé

En 2012, la Chine est une superpuissance économique dotée d’une démographie hors-norme, dirigée par un régime politique militaire et autoritaire. Le régime actuel n’est que la continuité de l’ère de Deng Xiaoping, à savoir la poursuite du développement économique et social de la Chine, par une libéralisation progressive de la propriété et de l’entrepreneuriat individuel, à condition de l’acceptation par les Chinois d’un statu quo social et politique.

Les résultats ont été à la hauteur des espérances des dirigeants du Parti communiste chinois puisque la Chine est devenue une puissance économique mondiale. Cependant, ce développement s’est fait au prix d’une accélération de la détérioration de son environnement. L’environnement en Chine se dégrade dangereusement depuis quelques décennies à cause des agressions anthropiques, issues du développement économique et de la défaillance de la gouvernance chinoise, qui s’intensifient. Celles-ci, jumelées à un certain nombre de facteurs connexes tels que la taille, la croissance et la densité démographique, provoquent des dysfonctionnements sanitaires et alimentaires conséquents. Ceux-ci, à leur tour, génèrent des externalités sociales et politiques pouvant être plus ou moins violentes (manifestations de masse et répressions).

Le lien supposé entre les dysfonctionnements environnementaux internes de la Chine et la détérioration des sécurités sanitaires et politiques s’inscrit dans le champ théorique de la sécurité environnementale. Ce mémoire aborde le phénomène de la sécurité environnementale en Chine en examinant les relations entre environnement et santé, puis entre la santé et la sécurité politique interne, afin de comprendre la relation globale entre l’environnement et la sécurité politique intra-étatique.

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Abstract

In 2012, China is an economic superpower with extraordinary demographics and directed by an authoritarian military regime. The current regime is a continuation of the Deng Xiaoping’s era which was characterized by economic and social development made possible by a progressive liberalisation of private ownership and entrepreneurship, provided the Chinese people accept the social and political statu quo.

Results have met the expectations of the Chinese Communist Party leaders since China is now an economic superpower. However, this development has been associated with an acceleration of the degradation of the environment. In recent decades, China’s environment has been deteriorating rapidly due to increasing anthropogenic assaults linked to economical development as well as governance failures. These, when added to several other related factors such as population size, increase and density, cause important health and food dysfunctions, which, in turn, generate more or less violent social and political externalities (mass demonstrations and repression).

The link between internal environmental dysfunctions on the one hand, and health and political security on the other hand, fits in the theoretical field of environmental security. This thesis approaches the issue of environmental security in China by examining the relationships between the environment and health, and between health and political security, in order to understand better the overall relationship between the environment and internal political security.

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Remerciements

Les premiers mots de remerciements seront adressés à ma fille Maïna qui sait chaque jour m’inspirer par sa joie et son humour, et à ma femme Sylvie pour son soutien indéfectible.

Ensuite, j’aimerais saluer la patience, l’ouverture d’esprit et l’esprit critique de mon directeur de maîtrise, monsieur Philippe Le Prestre, qui a su à travers nos rencontres améliorer la qualité de mon travail. Nos échanges furent fondamentaux dans ma compréhension de la complexité de la recherche scientifique et des mes propres limites.

Par ailleurs, j’aimerais remercier plusieurs professeurs, pour leurs aides précieuses et appréciées, dont messieurs Jean Mercier pour sa collaboration à ma revue de littérature lors du séminaire de recherche, Gérard Hervouët et Shenwen Li pour leurs connaissances profondes de l’Asie en général et de la Chine en particulier. And, finally, I want to thank Thomas Homer-Dixon for his time, advice and encouragement...

(5)

À Michèle, Sylvie et Maïna.

« Je considère que la pratique de la science n'est pas une joute en vue d'avoir raison, mais un travail qui contribue à augmenter et à approfondir la connaissance. C'est à des hommes qu'anime cette idée de la science que j'adresse ce travail. ».

Carl G. Jung – 1953 Métamorphoses de l'âme et ses symboles Genève Librairie de l'Université

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Table des matières

Résumé ... i

Abstract ... ii

Remerciements ... iii

Table des matières ... v

Liste des tableaux ... viii

Liste des figures ... ix

Liste des annexes ... x

Liste des sigles ... xi

Chapitre 1 - Introduction ... 1

Chapitre 2 - Cadres conceptuels et théoriques de la sécurité environnementale ... 7

Les concepts de sécurité et d’environnement ... 7

Section 1. 1. La sécurité ... 7

2. La sécurité nationale ... 1

3. L’environnement ... 2

4. La sécurité environnementale ... 2

Les principales théories de la sécurité environnementale ... 4

Section 2. 1. Les principales théories ... 4

2. Les processus théoriques opérationnels ... 6

3. Les critiques des théories ... 13

Chapitre 3 - La stratégie de recherche ... 17

Cadre opératoire et unité d’analyse ... 17

Section 1. Variables et indicateurs : choix et justifications ... 17

Section 2. Stratégie de vérification ... 20 Section 3. Méthodologies et données ... 20 Section 4. 1. Méthodologies ... 20 2. Matériels et données ... 21

Chapitre 4 - L’analyse quantitative de la sécurité environnementale interne ... 23

Les analyses corrélationnelles ... 23

Section 1. 1. Analyses tabulaires et graphiques univariées ... 23

(7)

3. Analyse corrélationnelle multivariée ... 27

4. Analyse corrélationnelle bivariée entre la V.I. des cancers et la V.D. de la sécurité politique ... 28

Résultats ... 31

Section 2. Apports et limites de l’approche quantitative ... 31

Section 3. Chapitre 5 - L’analyse qualitative de la sécurité environnementale interne ... 34

Introduction ... 34

Section 1. Le contexte initial ... 34

Section 2. 1. La Chine et son environnement ... 34

2. Les activités anthropiques et l’environnement ... 41

Les dysfonctionnements environnementaux ... 57

Section 3. 1. La surexploitation des ressources naturelles ... 57

2. La dégradation des ressources naturelles ... 58

3. L’inéquitable redistribution des ressources ... 61

4. Les changements climatiques ... 64

Les atteintes à la sécurité sanitaire ... 66

Section 4. 1. Le lien entre l’environnement et la santé ... 66

2. Le développement des cancers dus aux pollutions ... 67

3. Le coût économique et la réponse gouvernementale ... 69

4. L’émergence des externalités sanitaires sur la sécurité politique intérieure ... 70

Les atteintes à la sécurité politique ... 70

Section 5. 1. Les phénomènes de contestation sociale ... 70

2. Les acteurs ... 75

3. Les formes de la contestation sociale environnementale ... 76

4. Le gouvernement central face aux phénomènes ... 78

5. La réponse gouvernementale ... 78

Les atteintes aux autres types de sécurité ... 79

Section 6. Les interactions entre les différentes atteintes aux sécurités ... 80

Section 7. Chapitre 6 - Conclusions ... 82

Bibliographie ... 88

(8)

Articles de périodiques ... 89

Articles d’ouvrages collectifs ... 95

Données statistiques ... 96

Documents institutionnels ... 97

Articles de presse et documents multimédias ... 99

Annexes ... 101

Annexe A – Tableaux ... 101

Annexe B – Graphiques des évolutions des indicateurs ... 105

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Liste des tableaux

Tableau – 1 : Données brutes des indicateurs associés aux variables indépendantes et

dépendantes

Tableau – 2 : Données standardisées du tableau 1 en score – Z

Tableau – 3 : Variations des indicateurs en pourcentage entre 2000 et 2009 Tableau – 4 : Corrélations de Pearson et significations

Tableau – 5 : R2 et erreurs standard de l’estimation – 1

Tableau – 6 : ANOVA – 1 Tableau – 7 : Coefficients – 1

Tableau – 8 : R2 et erreurs standard de l’estimation – 2

Tableau – 9 : ANOVA – 2 Tableau – 10 : Coefficients – 2

Tableau – 11 : Corrélations de Pearson et significations – 1 Tableau – 12 : R2 et erreurs standard de l’estimation – 3 Tableau – 13 : ANOVA – 3

Tableau – 14 : Coefficients – 3 Tableau – 15 : Incidents de masse

(10)

Liste des figures

Figure – 1 : Les effets possibles des changements environnementaux sur la production

agricole

Figure – 2 : Les effets possibles des changements environnementaux sur la productivité

économique dans les pays en voie de développement

Figure – 3 : Produit intérieur brut de la Chine entre 2000 – 2009

Figure – 4 : Évolution sectorielle de l’économie chinoise entre 1999 et 2008 Figure – 5 : PIB comparés de la Chine et autres puissances économiques majeures Figure – 6 : Population de la Chine entre 2000 – 2009

Figure – 7 : Dynamics of urbanization and industrialization levels of China between 1978 and 2003

Figure – 8 : Densité démographique par région administrative en 2009 Figure – 9 : Rejets de CO2 par région administrative en 2009

Figure – 10 : PIB par régions administratives en 2009

Figure – 11 : Répartition géographique de la « cancer-village belt » Figure – 12 : Évolution des incidents de masse entre 1995 et 2010 Figure – 13 : Déchets industriels gazeux de la Chine entre 2000 – 2009 Figure – 14 : Efficacité gouvernementale de la Chine entre 2000 – 2009

Figure – 15 : Proportion des décès dus aux cancers en Chine entre 2000 – 2009 Figure – 16 : Personnes poursuivies pour atteinte à la sécurité publique en Chine entre

2000 – 2009

Figure – 17 : PIB / Cancers Figure – 18 : Population / Cancers

Figure – 19 : Émissions des déchets industriels gazeux / Cancers Figure – 20 : Efficacité gouvernementale / Cancers

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Liste des annexes

Annexe – A : Données statistiques brutes

Annexe – B : Graphiques des évolutions des indicateurs Annexe – C : Notes explicatives

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Liste des sigles

BM – Banque Mondiale

CIA – Central Intelligence Agency

ENCOP – The Swiss Environment and Conflicts Project EPI – Environmental Performance Index

ESI – Environmental Sustainability Index FOI – Swedish Defence Research Agency FSI – Failed States Index

GIEC – Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat GECHS – Global Environmental Change and Human Security

IDH – Indice de développement humain

NAFTA – North American Free Trade Agreement NBSC – National Bureau of Statistics of China NIC – National Intelligence Council

OCDE – Organisation de coopération et développement économique OCHA – Office for the Coordination of Humanitarian Affairs

OMC – Organisation mondiale du commerce ONG – Organisation non gouvernementale ONU – Organisation des Nations unies

OTAN – Organisation du Traité de l’Atlantique Nord PIB – Produit intérieur brut

PNUD – Programme des Nations Unies pour le Développement PNUE – Programme des Nations Unies pour l’Environnement PRIO – International Peace Research Institute in Oslo

SCRS – Service Canadien du Renseignement de Sécurité SEPA – State Environmental Protection Administration WWF – World Wildlife Fund

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Chapitre 1 - Introduction

Depuis l'effondrement du bloc soviétique et la fin de la guerre froide, trois phénomènes sociopolitiques et économiques internationaux mobilisent l’attention : les phénomènes de mondialisation1, de sécurité2 et d'environnement. Ce dernier, à travers la pollution, la destruction et l'exploitation des ressources naturelles, et les changements climatiques, achève ce triptyque qui marque l’histoire politique contemporaine et succède au monde bipolaire « Est – Ouest ». Le phénomène environnemental ne cesse de prendre de l’ampleur comme enjeu politique international. Plus particulièrement, les dysfonctionnements environnementaux et leurs externalités deviennent emblématiques, par le biais des dégradations, des surexploitations, des redistributions inéquitables des ressources naturelles et des changements climatiques. Ils se hissent progressivement dans les principales priorités des intérêts nationaux des États et des systèmes institutionnels internationaux3.

Les inondations au Pakistan4,5 et la vague de sécheresse en Russie en 20106,7 illustrent le fait que l’environnement et ses problématiques demeurent au cœur des préoccupations des sociétés et des États. La Chine ne fait pas exception ; les inondations, les sécheresses, les pollutions et les accidents industriels récurrents, ainsi que la surexploitation et la dégradation massives des ressources, témoignent de l’acuité grandissante des phénomènes environnementaux au sein de la société chinoise.

Les dysfonctionnements environnementaux d'origine anthropique ont des

1 La mondialisation de l’économie, des communications, des transports des individus et des marchandises, des crises financières et de l’emploi etc.

2 Les phénomènes de terrorismes internationaux, conflits identitaires et ethniques, génocides, révolutions sociopolitiques, etc.

3 Le Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat en 1988, le Protocole de Kyoto en 1997, la conférence de la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques à Copenhague (Danemark) en 2009, les Conférences sur l’environnement : Stockholm (Suède) en 1972, Nairobi (Kenya) en 1982, Rio de Janeiro (Brésil) en 1992, Johannesburg (Afrique du Sud) en 2002, Rio de Janeiro en 2012. 4 OFFICE FOR THE COORDINATION OF HUMANITARIAN AFFAIRS, 2010, « Pakistan Floods. »,

O.C.H.A.

5 Les dégâts s’étendent sur une surface supérieure à 160 000 kilomètres carrés, détruisant environ 1,9 million d'habitation, tuant plus de 1700 personnes et touchant aux alentours de 20 millions de pakistanais.

6 AMERICAN GEOPHYSICAL UNION, 2011, « Main Culprit of Deadly Russian Heat Wave ? Natural Variability. », A.G.U.

7 Le phénomène aurait entraîné la mort de plus de 50 000 personnes et mis en danger les infrastructures nucléaires russes menacées par les incendies de forêts.

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répercussions socio-économiques et politiques importantes8. Ils constituent des menaces à l’ensemble des sécurités, portant atteinte à l'intégrité physique des individus et des groupes sociaux, des systèmes économiques et des infrastructures matérielles9. Un rapport de la Banque mondiale, contesté par les autorités chinoises, mais conforté par un autre rapport issu du Centre chinois de prévention et de contrôle des maladies, soulignait que parmi les vingt villes les plus polluées au monde, seize seraient chinoises, entraînant plus de 750 000 décès prématurés par an en 200710. De plus, « […] l'agence semi-officielle Nouvelles de Chine et d'autres médias officiels avaient affirmé que 2,2 millions de chinois, dont la moitié sont des enfants de moins de cinq ans, mouraient chaque année d'affections liées à un niveau élevé de pollution domestique, citant une étude du CDC11. ».

La sécurité environnementale s'illustre à travers les dysfonctionnements environnementaux menaçant les tissus et les processus vitaux des sociétés. Un des fondements de la sphère politique est la nécessité d'assurer la survie et la pérennité de la société qui la soutient selon Platon dans La République12. Ce processus de protection relève du domaine de la sécurité nationale en particulier et de la sécurité humaine en général. Cette dernière forme un système complexe où différents types de sécurité interagissent en permanence (sanitaire, alimentaire, personnelle, etc.). Les dysfonctionnements environnementaux, par leur capacité de nuisance à toutes ces formes de sécurité, représentent un objet significatif de questionnement en terme politique. Par ailleurs, la multiplication des ministères de l'environnement, des politiques environnementales, des organisations environnementales non gouvernementales, des conférences et des rapports institutionnels internationaux traduit l'importance du phénomène environnemental dans le champ politique.

La recherche sur la sécurité environnementale, au-delà de la simple interrogation

8 ALLENBY B. R., 2000, « Environmental Security : Concept and Implementation », International Political

Science Review, Vol. 21, N° 1, page 7

9 OFFICE FOR THE COORDINATION OF HUMANITARIAN AFFAIRS, 2009, « Human security in theory and practice : Application of the Human Security Concept and the United Nations Trust Fund for Human Security. », United Nations, Human Security Unit, 74 pages

10 LA CROIX, 2010, « Chine : démenti officiel après un rapport sur la pollution domestique. », La Croix 11 Ibid.

12 PLATON et GROU, J.N., 1840, L'État ou la République de Platon, Lefèvre, Université d’Oxford, 491 pages

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scientifique, tente de répondre aux controverses théoriques et méthodologiques soulevées par la littérature afin de clarifier et de préciser le concept13. Les controverses portent sur la redéfinition des concepts constitutifs de la théorie et sur la mise en place d'une méthodologie empirique systématique et efficace14. Selon la littérature, il existe un ensemble de lacunes scientifiques d’ordre épistémologique et méthodologique15. L’absence d'analyse quantitative systématique multivariée, la déficience quant à la méthodologie de comparaison d’études de cas, la faiblesse des données, les lacunes de la modélisation et de l’indexation, ainsi que l’imprécision des concepts opérationnels posent problème16.

La Chine est un ensemble multiethnique avec une majorité écrasante de Han17, traduisant le caractère homogène de la société en termes d’ethnicité. Elle représente un cas d’étude pertinent pour les théories de sécurité environnementale grâce à sa population, dépassant un milliard trois cents millions d’individus, à ses problématiques démographiques intergénérationnelles et de genre, de pays en transition socioéconomique et à la nature spécifique du régime politique chinois18. En 2011, le pays devient la deuxième économie mondiale. Dotée d’un environnement extrêmement hétérogène et biologiquement riche, la Chine possède une histoire environnementale qui, bien que très ancienne, demeure très mouvementée19. Le pays est intéressant pour mesurer l’acuité des théories de sécurité environnementale avec une population et une économie hors-normes, un système politique

13 MATTHEW, R. A., GAULIN, T. et MCDONALD, B., 2003, « The Elusive Quest: Linking Environmental Change and Conflict », Canadian Journal of Political Science / Revue canadienne de science politique, Vol. 36, N° 4 ; DIEHL, P. F. et N. P. GLEDITSCH, 2001, Environmental conflict, Westview Press, Boulder, 294 pages ; IYER, R. R., 1998, « Scarce Natural Resources and Language of Security », Economic and Political

Weekly, Vol. 33, N° 20, p. 1167 – 1169

14 GLEDITSCH, N. P., 1998, « Armed Conflict and the Environment: A Critique of the Literature », Journal

of Peace Research, Vol. 35, N° 3, Special Issue on Environmental Conflict ; GLEDITSCH, N. P., 2001, «

Environmental change, security, and conflict », Washington, dans Chester A. Crocker, Fen Olser Hampson, & Pamela Aall, Turbulent Peace: The Challenges of Managing International Conflict, Washington, DC: United States Institute of Peace Press, p. 53–68 ; BARNETT, J., 2000, « Destabilizing the environment–conflict thesis », Review of International Studies, Vol. 26

15 DIEHL, P. F. et N. P. GLEDITSCH, 2001, op. cit., 294 pages

16 GLEDITSCH, N. P., 1998, op. cit. ; GLEDITSCH, N. P., 2001, op. cit., p. 53–68 ; BARNETT, J., 2000, op.

cit.

17 Entre 90 et 95 % de la population chinoise.

18 ALLEN-GIL S. et O. BORYSOVA, 2007, « Environmental security in transition countries : Knowledge gaps, hurdles, and effective strategies to adress them. », p. 417-424, dans R. N. Hull et al. (eds.), Strategies to

Enhance Environmental Security in Transition Countries, NATO Security through Science Series, 425 pages

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rigide et statique, supporté par un environnement fragile, surexploité et dégradé20.

Sur le plan sécuritaire, la Chine renforce sa position dans les relations internationales depuis ces dernières décennies par l’intermédiaire d’investissements militaires importants (129,27 milliards de dollars US en 2011 contre 33,49 milliards en 2000)21, d’un déploiement géographique grandissant de ses forces stratégiques et de la multiplication des ses partenariats géopolitiques. Ses trajectoires de puissances économiques, sociales et politiques ont des répercussions sur l’ensemble des autres pays et du système international. Ce faisant, elle devient une joueuse de plus en plus importante au sein des relations internationales et constitue un enjeu de sécurité pour les autres nations. Par ses externalités environnementales extraterritoriales et ses besoins d’importation de ressources22, la République populaire soulève également toute une série de préoccupations de la part de la communauté internationale sur la pérennité23.

La problématique générale de notre mémoire tente de vérifier si les dysfonctionnements environnementaux d’origine anthropique (dégradations environnementales, surexploitations et redistributions inéquitables des ressources) représentent une menace à la sécurité politique de la société chinoise par l’intermédiaire de la dégradation de la sécurité sanitaire. La vitesse et l’ampleur, du développement de la société chinoise, ont un prix en amont avec le coût environnemental et un prix en aval avec les coûts sociaux, économiques et politiques. Ces externalités environnementales engendrent des atteintes à l’intégrité physique, psychologique et sociale des Chinois. Ces menaces à leurs sécurités sont de moins en moins acceptées et finissent par engendrer des phénomènes de contestations sociales plus affirmés, dans un contexte social déjà tendu.

La question de recherche générale peut s’exprimer comme suit : les dysfonctionnements environnementaux, produits du développement économique et démographique, expliquent-ils en partie les troubles sociaux qui traversent la Chine depuis

20 SMIL, V., 1993, China’s environmental crisis, New-York, Éditions M. E. Sharpe, 203 pages 21 STOCKHOLM INTERNATIONAL PEACE RESEARCH INSTITUTE, 2012, « The SIPRI Military Expenditure Database : China. », SIPRI

22 Premier producteur et consommateur mondial de charbon, second consommateur mondial d’énergie et de pétrole.

(17)

le début des années 2000 ?

La question de recherche spécifique n°1 s’interroge sur l’évolution du phénomène de sécurité environnementale en Chine. Est-ce que les croissances des dégradations environnementales, depuis l’an 2000, ont les capacités d’expliquer la dégradation de la santé des Chinois

La question de recherche spécifique n°2 s’interroge sur la relation entre la santé et le politique : Est-ce que la dégradation de la sécurité sanitaire suffit-elle à expliquer une dégradation de la stabilité politique intérieure entre 2000 et 2009 ?

La question spécifique n°3 relative à l’intensité du phénomène de sécurité environnementale se pose différemment. Quel est le degré d’intensité du phénomène de sécurité environnementale de la Chine en 2009 ?

L’hypothèse générale tend à soutenir qu’au fur et à mesure que la Chine se développe économiquement, l’environnement se dégrade, avec des conséquences négatives sur la stabilité et la sécurité internes. Le pacte implicite qui lie le citoyen et les instances dirigeantes du parti communiste chinois implique une mise en parenthèse des réformes politiques – vers plus de démocratie et de libertés individuelles – à condition que la croissance économique extirpe des millions de Chinois de la pauvreté. Ce pacte, comme jadis celui qui liait l’empereur à son peuple, est menacé par les externalités du développement. Ce dernier est loin d’être durable suivant les conditions imposées par les normes internationales. Par conséquent, si la variable environnementale est déstabilisée par les activités anthropiques, alors elle produira des externalités qui auront un coût plus moins élevé en termes de sécurités alimentaire, sanitaire, individuelle, sociale, économique et politique. Le contrat social et le rêve remis en question, les Chinois seraient enclins à radicaliser leurs contestations sociales, voire à prétendre à un changement de régime politique. Ainsi, les problématiques de sécurité environnementale soulevées par les théories s’exprimeraient en Chine et il serait possible d’observer ces relations ces deux dernières

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décennies24.

Concernant les hypothèses répondant à la question de recherche spécifique h1 soutient une relation significative positive entre la dégradation du contexte environnemental et les dégradations sécuritaires en termes de santé. Par ailleurs, notre hypothèse h2 sous-tend que si la crise de l’environnement influence négativement la santé des Chinois, cette dernière, étant dégradée, menace la sécurité politique interne de la Chine. D’autre part, l’hypothèse spécifique h3 soutient que les externalités sanitaires, issues des dysfonctionnements environnementaux, provoquent en effet des réactions sociales menant à la perturbation de l’ordre public, participant ainsi à l’évolution croissante des troubles sociaux en Chine depuis le début des années 2000. Le degré d’intensité de la détérioration de la santé et de la sécurité politique apparaît critique. Il subit une croissance constante durant la dernière décennie et se confirme avec la prise de conscience et la reconnaissance grandissante de la gravité du phénomène par les autorités politiques chinoises.

Afin d’encadrer notre recherche, la délimitation des champs théoriques s’impose et sera présente dans le deuxième chapitre qui synthétisera les principaux concepts opératoires et les théories dominantes en sécurité environnementale. Par ailleurs, le chapitre trois expose la stratégie de recherche retenue, suivi du chapitre quatre qui procède à l’analyse quantitative des variables choisies. Le chapitre cinq quant à lui, corps essentiel de notre recherche, analyse en profondeur les relations possibles entre l’environnement et la sécurité en Chine au sein d’une démarche qualitative préalablement élaborée. Finalement, le chapitre 6 présente les résultats de nos analyses ainsi que les conclusions que les premiers ont initiées.

24 CRAWFORD, A., BROWN, O. et V. YANG, 2006, « Growing into Risk Emerging environment and security issues in China », Winnipeg, Manitoba, International Institute for Sustainable Development, p. 1-21

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Chapitre 2 - Cadres conceptuels et théoriques de la sécurité

environnementale

Les concepts de sécurité et d’environnement

Section 1.

1. La sécurité

Pour Barry Buzan la sécurité est un concept « essentiellement contestable25 », car il doit sa survie seulement au fait que coexistent en lui « des usages concurrents dont il est l’objet »26. Néanmoins, le concept de sécurité renvoie à une réalité observable et mesurable. Le terme apparaît au XIIIe siècle en Europe où la sécurité est la « confiance de celui qui croit n'avoir aucun sujet de crainte27 ». Cette définition renvoie à la notion de « menace » et par extension à celle d’insécurité, l’existence d’« acteurs » et enfin, les concepts de menace et d’acteur induisant le phénomène de la « perception ».

La notion de menace est fondamentale dans la compréhension des phénomènes de sécurité. Buzan réduit l’idée de sécurité à « the pursuit of freedom from threat » alors que la définition d’Arnold Wolfers envisage que « La sécurité, dans un sens objectif, mesure l’absence de menaces sur les valeurs centrales (acquired) ou, dans un sens subjectif, l’absence de peur que ces valeurs centrales ne fassent l’objet d’une attaque28. ». Concept extrêmement complexe, car enfermant en lui une multitude de formes, la notion de menace paraît illimitée. Cependant, il est possible de relever plusieurs catégorisations dichotomiques la concernant, selon que l’on parle de menaces réelles ou de menaces virtuelles, de menaces intérieures ou extérieures, de menaces proches ou lointaines dans le temps, de menaces graves ou bénignes…

La première division conceptuelle fait appel à la notion de perception de la menace pouvant être ressentie comme réelle par les acteurs. Toutefois, tel un construit social ambigu, la menace peut s’avérer virtuelle et entretenue par l’imaginaire individuel ou collectif d’un ou de plusieurs acteurs. Ainsi, la peur religieuse (crainte de Dieu), des fins de

25 Propos de Barry Buzan dans : BATTISTELLA, D., 2003, « Chapitre 14 : La sécurité », dans

BATTISTELLA, D, 2003, Théories des relations internationales, Paris, Presses de Sciences Po, page 461 26 Ibid.

27 CENTRE NATIONAL DE RESSOURCES TEXTUELLES ET LEXICALES, 2012, « Étymologie : sécurité. », C. N. T. R. L., Nancy

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millénaires, constitue, à l’instar des légendes urbaines, des menaces dont la probabilité de réalisation semble plus qu’incertaine, voire nulle. Enfin, il faut mentionner que la séparation entre menace virtuelle et menace réelle n’est pas toujours aussi claire, tant elles peuvent, face à une même problématique, être superposées, enchevêtrées, auto-entretenues, voire instrumentalisées. On peut catégoriser les menaces selon la nature de ceux qui les produisent en parlant de menaces intérieures, quand leurs auteurs appartiennent aux mêmes groupes que ceux représentés par les victimes de ces menaces sur un espace commun. Par opposition, les menaces extérieures sont celles des agents situés en dehors des États, des systèmes et des groupes. Troisièmement, les menaces peuvent s’étaler sur un continuum temporel relativement étendu, entre les menaces imminentes et les menaces à long terme. Enfin, les menaces peuvent se hiérarchiser selon une échelle de potentialité d’externalités ou de dangerosités.

Lorsqu’on aborde la question des acteurs et des perceptions, le concept de sécurité se complexifie. Les acteurs se subdivisent en deux catégories, entre ceux qui représentent une menace et ceux qui sont l’objet de celle-ci. Cependant, dans la réalité politique, sociale et économique de nos sociétés, la distinction entre le menaçant et le menacé devient plus problématique, car il peut y avoir une confusion entre les deux parties. Un exemple de cette confusion est révélé par le concept du « dilemme de sécurité » à travers l’affrontement idéologique et politique, lors de la guerre froide entre l’Occident et le bloc soviétique.

Enfin, on peut en conclure, qu’avant tout, les problématiques de sécurité gravitent principalement autour des perceptions que les acteurs ont des réalités qui les englobent et des intentions des autres acteurs. Les différences de perception se traduisent dans le langage de multiples façons, telles que la peur, la paranoïa, l’incertitude, le sentiment d’insécurité, le dilemme de sécurité.

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John Herz relativement au principe du « dilemme de sécurité », thème cher des réalistes en relations internationales écrivait :

Désireux de se mettre à l’abri de ces risques, ils sont amenés à acquérir de plus en plus de puissance en vue d’échapper à l’impact de la puissance d’autrui. Or, voilà qui rend les autres moins sûrs et les contraint à se préparer au pire. Étant donné que nul ne saurait jamais se sentir complètement en sécurité dans un monde composé d’unités en compétition, la lutte pour la puissance s’ensuit, d’où le cercle vicieux de la sécurité et de la puissance29.

Ce « cercle vicieux » n’est peut-être pas, comme l’imagine le courant réaliste, une fatalité. L’exemple du Costa Rica ayant renoncé à se doter d’une armée nationale de défense montre que le phénomène sécuritaire n’est pas forcément prioritaire et que la notion de perception demeure centrale dans les théories de sécurité.

2. La sécurité nationale

Thème central au courant théorique réaliste en Relations internationales, la sécurité nationale est, selon Renner, « […] seen as closely related to the threat or use of violence, and military means are regarded as central to the provision of security30. ». Toutefois, Frédérick suppose que la sécurité nationale est avant tout liée à la notion de survie de l’État, englobant la protection intérieure de l’État contre toute menace insurrectionnelle et la protection extérieure contre toute agression. Ainsi, l’État appuie le renforcement de la sécurité nationale par la « […] consolidation de la détention effective par l'État du monopole de la violence sur son territoire et par une compétition essentiellement militaire sur la scène internationale entre les États31. ».

Cependant, la notion de sécurité nationale s’élargira progressivement avec toute une série de nouvelles menaces tant intérieures qu’extérieures32. Hearne dresse une comparaison des différents types de sécurité traditionnelle et non traditionnelle possibles, entre les

29 HERZ, J., 1950, « Idealist Internationalism and the security dilemma », World Politics, Vol. 2, N° 2, p. 157-180

30 RENNER, M., 2006, « Introduction to the Concepts of Environmental Security and Environmental Conflict », Washington, Institute for Environmental Security, Inventory of Environment and Security Policies and

Practices, page 3

31 FRÉDÉRICK, M., 1993, « La sécurité environnementale : éléments de définition », Études internationales, Vol. 24, N° 4, page 754

32 HALLEGATE, S. et P. AMBROSI, 2006, « Environnement, changement climatique et sécurité », Les

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différents types de sécurité pris en compte par les États, les institutions internationales et les chercheurs spécialistes de la sécurité. Il identifie la sécurité nationale, la sécurité environnementale, la sécurité humaine et la sécurité durable 33. La première traite de la souveraineté et de l’intégrité territoriale, les autres de la protection des infrastructures environnementales, de l’intégrité sécuritaire et enfin de la durabilité globale34.

3. L’environnement

Il est possible de déterminer la définition du concept d’environnement sur plusieurs niveaux, l’un étant matériel et l’autre reposant sur un construit socialement accepté. Premièrement, l’environnement est défini « as the complex of physical, chemical, and biotic factors that act upon an organism or an ecological community at any point in the life cycle and ultimately determine its form and survival.35 ». Hufty explique que :

De façon générale, nous entendons l’« environnement » comme une construction sociale, le produit d’une action collective, une « nature travaillée par la politique ». Il est le résultat d’une série de « transcodages » dans lesquels divers problèmes (individualisables) sont recodifiés pour se rassembler sous le chapeau « environnement », cela à des fins politiques ou stratégiques.36

Toutefois, l’environnement est un concept renfermant en lui les caractéristiques d’une vision sociale élaborée, à travers un traitement intellectualisé, pouvant être fondé notamment sur un ensemble de pensées religieuses ou philosophiques (mère Nature, Gaïa). Enfin, l’environnement est devenu progressivement un concept économique, quantifiable et marchand (services écosystémiques), avec l’avènement du libéralisme et des phénomènes de mondialisation.

4. La sécurité environnementale

L’étude de la sécurité environnementale est un phénomène contemporain37,38. Néanmoins, le débat paradigmatique prend sa source avec les débats sur les phénomènes

33 HEARNE, S. R., 2008, op. cit, page 224 34 Ibid., page 224

35 Ibid. page 219

36 HUFTY, M., 2009, « La sécurité environnementale : un concept à la recherche de sa définition », dans Claude SERFATI, Une économie politique de la sécurité, Paris, Karthala, page 134

37 Premières apparitions du terme d’« insécurité environnementale » dans le Rapport Brundtland en 1987 lors de la Commission Mondiale sur l'environnement et le développement

38 COMMISSION MONDIALE SUR L’ENVIRONNEMENT ET LE DEVELOPPEMENT DE L'ORGANISATION DES NATIONS UNIES, 1987, Notre avenir à tous, ONU, New-York, page 24

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démographiques, de pénurie des ressources naturelles et de prospérité, par des auteurs tels que Confucius et Platon. Toutefois, c'est avec l'économiste Thomas Malthus que le débat scientifique prendra tout son sens39. La sécurité environnementale fait l'objet depuis la fin des années quatre-vingt d'une recherche soutenue, tant sur le plan du développement théorique que sur celui de la recherche empirique40.

Dans l’état actuel de la recherche scientifique, il est difficile de proposer un ordonnancement spécifique de la sécurité environnementale. Plusieurs voies émergent néanmoins, avec d’une part la dichotomie entre sécurités environnementales interne ou intérieure (sécurité environnementale intra-étatique) et externe ou extérieure (sécurité environnementale interétatique). D’autre part, il est possible d’appréhender la théorie selon le degré d’intensité des phénomènes de sécurité environnementale, à savoir leur intensité en termes de coûts humains et matériels ainsi que de durabilité et de récurrence.

Premièrement, la sécurité environnementale s'exprime par la prise en compte de la sécurité de l'environnement en tant que telle41. Ensuite, elle doit s'entendre dans le cadre des externalités environnementales à la sécurité des individus (santé, hygiène…). Troisièmement, elle appréhende les menaces pesant sur l'accès aux ressources et les changements environnementaux au niveau des sécurités intérieure et extérieure des États42. Frédérick, dans ce sens, affirme qu’« […] il s'agit, pour un État, d'une absence de menaces non conventionnelles contre le substrat environnemental essentiel au bien-être de sa population et au maintien de son intégrité fonctionnelle43. ». Par ailleurs, la sécurité environnementale prend tout son sens, dans la mesure où elle représente une variable significative pour la stabilité du système international, à travers l'accès aux ressources, l'externalisation des conflits intra-étatiques et l'instrumentalisation de la sécurité environnementale en politique interne et en politique étrangère44.

39 HOMER-DIXON, T. F., 1999, Environment, scarcity, and violence, Princeton University Press, Princeton, page 29 ; MATTHEW, R. A., GAULIN, T. et MCDONALD, B., 2003, op. cit.

40 LE PRESTRE, P., 2005, op. cit., page 377 41 HOMER-DIXON, T. F., 1999, op. cit.,

42 LE PRESTRE, P., 2005, op. cit., pages 387 à 397 43 FRÉDÉRICK, M., 1993, op. cit., page 761 44 LE PRESTRE, P., 2005, op. cit., pages 397 à 413

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Enfin, pour retenir une définition plus synthétique du concept de sécurité environnementale, celle-ci peut se déterminer comme étant l’intersection entre le concept de l’environnement et celui de la sécurité. Ainsi, à chaque fois que l’environnement (air, eau et terre) est l’objet d’un dysfonctionnement d’origine anthropique et que ce dernier entraîne un dysfonctionnement de la sécurité pris dans son sens large, à savoir une composante ou plus de la sécurité humaine, on peut qualifier cette interaction de problématique propre aux théories de sécurité environnementale

Les principales théories de la sécurité environnementale

Section 2.

1. Les principales théories

L’étendue du champ théorique est vaste et complexe, par conséquent, il est difficile de proposer une classification de toutes les approches qui soit satisfaisante sur le plan scientifique. Ainsi, la catégorisation retenue sera de séparer en deux niveaux théoriques, l’un proposera l’approche théorique dominante dans la littérature sur la sécurité environnementale et l’autre proposera les approches secondaires, plus spécifiques et plus sectorielles.

Parmi les théories les plus approfondies de la sécurité environnementale, celle de Homer-Dixon, de l’école de Toronto, est probablement la plus aboutie. Ce courant théorique défend le paradigme de la « pénurie environnementale » (environmental scarcity)45. L’école de Toronto porte une attention aux phénomènes de pénurie environnementale reposant sur une construction complexe de processus sociaux et environnementaux interdépendants, pouvant selon les contextes étudiés, mener à plusieurs formes d’instabilité politique, tant sur le plan intra-étatique qu’interétatique. Ainsi, ce courant précise que « […] simple scarcity as a result of environmental change and population growth is only part of a much more complex situation in which social factors intersect with natural phenomena. »46.

45 BARBU, C. S., SAND C. et L. OPREAN, 2007, « Introduction to environmental security. », dans R. N. Hull et al. (eds.), Strategies to Enhance Environmental Security in Transition Countries, NATO Security through Science Series, pages 4 à 5

46 DALBY, S., 2002, « Security and ecology in the age of globalization », Environmental change and security project report, The Woodrow Wilson Center, N° 8, page 96

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Les écoles secondaires telles que The Swiss Environment and Conflicts Project (ENCOP) et le International Peace Research Institute in Oslo (PRIO) ont vu le jour. L’ENCOP à travers la réalisation de plusieurs études de cas, recherche le lien entre la problématique environnementale et les changements sociaux dans les régions du Sud47. L’International Peace Research Institute, quant à lui, accorde une place centrale à la dimension économique, à travers des affrontements violents dans la quête de la captation des ressources naturelles48. Enfin, le Global Environmental Change and Human Security représente un ensemble d’études se concentrant sur la relation entre les populations dites vulnérables et les changements environnementaux en général, et les changements climatiques en particulier49.

L’approche militaire ou du monde de la défense est une approche théorique impulsée par les spécialistes de la défense américaine50, elle tend à étudier les incidences possibles des dysfonctionnements environnementaux sur la sécurité des États en général et sur la sécurité internationale en particulier. Dès la fin des années 1990, la sécurité environnementale est perçue comme une priorité par la politique étrangère américaine considérant l’accessibilité et la disponibilité des ressources naturelles comme vitale pour la défense de ses intérêts nationaux51.

Dans un monde où les pays émergents, tels que l’Inde et la Chine, accroissent leurs prélèvements en ressources naturelles stratégiques (surfaces agricoles, pétrole, gaz, eau…) des pays en voie de développement, la sphère de la défense a pris les mesures des enjeux environnementaux en termes de sécurité nationale52. Le Colonel King détaille cette approche martiale qui peut être appréhendée comme une instrumentalisation politique53 pouvant justifier un engagement, voire un droit d’ingérence environnemental de la part des

47 DALBY, S., 2002, op. cit., page 96 48 DALBY, S., op. cit, page 97 49 Ibid., page 98

50 ALLENBY B. R., op. cit, page 10

51 BARBU, C. S., SAND C. et L. OPREAN, op. cit., page 10 52 HUFTY, M., 2009, op. cit., page 141

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États-Unis partout où leurs intérêts nationaux seraient menacés54. L’importance accordée à cette dimension de la sécurité nationale se traduit par la multiplication des projets, des études et des organismes liés à ces problématiques. La Central Intelligence Agency avec le CIA Opens Center on Climate Change and National Security55, le National Intelligence

Council avec le Global Trends 2025 : A Transformed World56, le Service Canadien du Renseignement de Sécurité57, le FOI du Swedish Defence Research Agency58, ainsi que

l'Organisation du traité de l'Atlantique Nord59 avec ses travaux « Strategies to Enhance Environmental Security in Transition Countries60. » sont autant d’entités attachées au monde de la défense, qui traduisent la récupération des théories de la sécurité environnementale par les militaires. Toutefois, certains auteurs et acteurs politiques tels que Sarah Parkin, mettent en garde contre cette vision militaire de la sécurité environnementale : « Further, I believe that by maintaining a predominantly military approach to security and defence policy, in itself increases the likelihood that the environment will become a source of escalating military conflict. »61.

2. Les processus théoriques opérationnels

La première phase des processus de sécurité environnementale débute avec l’étape contextuelle qui demeure un espace géographique déterminé sur une période de temps donnée. De ces deux cadres va dépendre en grande partie l’intensité du phénomène de sécurité environnementale et la relation entre la variable environnementale et la variable sécuritaire sera conditionnée par la qualité première de ces contextes. On comprend cet instant « t » selon un continuum déterminé, entre le contexte initial positif jusqu’au

54 KING, C. W. C., 2000, « Understanding International Environmental Security : A Strategic Military Perspective », Army Environmental Policy Institute, Atlanta, page 6

55 CENTRAL INTELLIGENCE AGENCY, 2012, « CIA Opens Center on Climate Change and National Security, C.I.A.

56 NATIONAL INTELLIGENCE COUNCIL, 2008, Global Trends 2025 : A Transformed World,

Washington, Office of Director National Intelligence Council, 99 pages

57 SERVICE CANADIEN DU RENSEIGNEMENT DE SÉCURITÉ, 1996, « Dégradation de l'environnement et sécurité en Chine », S.C.R.C, Commentaire N° 67 ; SERVICE CANADIEN DU RENSEIGNEMENT DE SÉCURITÉ, 2009, « La nouvelle place de la Chine dans le monde », S.C.R.C., Conférence

58 HALDÉN, P., 2007, « The Geopolitics of Climate Change : Challenges to the International System », Stockholm, FOI, Swedish Defence Research Agency, FOI-R-2377-SE,

59 DALBY, S., op. cit., page 97

60 BARBU C. S., SAND C. et L. OPREAN, op. cit.

61 PARKIN, S., 1997, « Environmental security : Issues and agenda for an incoming government », The RUSI

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contexte négatif. Si l’on devait mesurer cette phase contextuelle, appliquée à l’échelle d’un État, l’utilisation des index étatiques tels que l’Indice de développement humain (IDH), le Failed States Index (FSI), l’Environmental Performance Index (EPI), l’Environmental Sustainability Index (ESI) et le coefficient de GINI seraient pertinents.

Les activités humaines ont un impact environnemental extrêmement important, connu des tenants du développement durable sous le terme d’« externalités environnementales » lorsqu’elles ne sont pas prises en compte par le marché. L’homme, à travers l’agriculture, l’industrie, l’urbanisation, l’énergie, le transport et la consommation, prélève, transforme, exploite et dégrade l’environnement, au point dans certains cas, de déséquilibrer les écosystèmes, voire de les détruire. Quand les activités humaines outrepassent les capacités de l’environnement à se régénérer (ressources renouvelables), elles représentent une menace pour la nature et se traduisent par une croissance de la pénurie environnementale. Cette dernière trouve sa source suivant trois axes principaux : la surexploitation, la dégradation et l’inéquitable redistribution des ressources naturelles.

La surexploitation des ressources consiste à prélever dans un stock naturel en quantité et en vitesse beaucoup plus que le stock n’est capable de régénérer (ressources naturelles renouvelables). Le paroxysme de la surexploitation des ressources est la disparition définitive de la ressource en question. Parmi les exemples de l’histoire humaine, le plus frappant est probablement celui de l’île de Pâques où la communauté locale a remis en question les équilibres fondamentaux de son environnement62. La pollution des

environnements hydrographiques, géologiques et atmosphériques, d’origines agricoles, industrielles ou domestiques, a créé une menace réelle envers la pérennisation et l’exploitation des stocks naturels. De plus, la dégradation environnementale, au-delà de mettre en péril la pérennité d’une ressource, représente une menace supplémentaire quant à ses externalités alimentaires potentielles. À titre d’exemple, l’emploi massif de produits chimiques dans l’agriculture stérilise les terres, pollue les cours d’eau et les nappes phréatiques, entraînant une baisse de la productivité agricole et de l’offre alimentaire. Cette dernière, couplée à la contamination des aliments et de l’eau, provoque des

62 ANGLEVIEL, F., 2008, « Environnement et anthropisation dans le Pacifique, dégradations et mutations »,

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dysfonctionnements sanitaires par la sous-alimentation et l’empoisonnement des populations63.

Enfin, la pénurie environnementale peut être créée artificiellement par des acteurs déterminés qui possèdent les richesses et perçoivent la majorité des profits. La ressource peut être abondante ou rare, cette captation de la ressource environnementale – énergies fossiles, terres agricoles, arables, forêts, zones de pêche, etc. – engendre la pénurie pour l’ensemble social non dirigeant, qu’il soit majoritaire (Bahreïn avec la population chiite)64

ou minoritaire (Chine avec les Tibétains et les Ouïghours)65.

Thomas Homer-Dixon développe le phénomène de pénurie environnementale qui menace le bien-être des individus à travers trois expressions du phénomène : quand (1) l’offre de la ressource diminue (2) la demande en ressource augmente et (3) un changement dans l’accès aux ressources naturelles s’effectue aux dépens de certains groupes sociaux et au profit de tiers66. L’auteur estime que « l’offre induite » (supply-induced) » représente une décroissance de l’offre en ressources naturelles lorsque celle-ci est dégradée en qualité et/ou réduite en quantité. La « demande induite » (demand-induced), quant à elle, représente une pénurie dès l’instant où la demande en ressources devient supérieure à la quantité disponible mise à disposition par le complexe écosystémique local67. Généralement, cette situation se produit lors d’une croissance démographique ou économique importante. Enfin, la « pénurie structurelle » (structural scarcity) est le fait de la captation d’une part majoritaire des ressources naturelles au profit d’un groupe social déterminé au détriment d’un ou plusieurs autres groupes considérés plus faibles68.

Les dysfonctionnements environnementaux causés par les activités anthropiques sont pléthoriques, telles la diminution des ressources hydriques, la surexploitation des

63 RAMADE, F., 1978, « Perturbations écologiques produites par l'agriculture industrielle. », Économie

rurale, N°127, p. 47-49

64 MAKARIAN, C., 2012, « Pourquoi l'Iran et l'Arabie saoudite s'intéressent-ils autant à Bahreïn ? »,

L’Express

65 LOTHAIRE, F., 2006, La Chine et ses minorités les ui hours entre incorporation et répression, Paris, L'Harmattan, page 14

66 HOMER-DIXON, T. F., 1999, op. cit., pages 47 à 48 67 Ibid.

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ressources halieutiques, la dégradation des terres arables et des récifs coralliens, l’érosion des sols, la déforestation, la pollution atmosphérique. Cependant, les partisans du développement durable et la communauté épistémique de la climatologie mettent en garde contre le dysfonctionnement environnemental probablement le plus menaçant pour la société humaine en général et les sociétés locales en particulier, à savoir les changements climatiques69. L’article de Büntgen et al. suggère qu’il existerait une corrélation entre les changements climatiques et les bouleversements sociopolitiques depuis les 2500 dernières années ; un des facteurs explicatifs de la chute de l’Empire romain et des invasions barbares du nord de l’Europe aurait été la variabilité climatique70.

La dégradation du contexte environnemental crée à son tour toute une série d’impacts sur la société humaine au niveau de la santé, de l’alimentation, de l’habitat, de l’économie, de l’ordre public et des relations sociopolitiques. Les dysfonctionnements environnementaux peuvent porter atteinte directement et aisément à la santé et à l’alimentation des populations les plus fragiles. Toute remise en question de la qualité de l’eau, de l’air et des sols menace directement la santé des individus et leur capacité à se nourrir quantitativement et qualitativement. Les exemples des populations du Sahel ou de la corne de l’Afrique expliquent en partie, qu’au premier chef, les communautés humaines à forte démographie, malgré de grandes capacités d’adaptations, ne puissent évoluer et croître sainement et dignement, sans avoir un système environnemental plus ou moins sain, plus ou moins équilibré. De plus, la variable sanitaire est en relation interdépendante avec la variable alimentaire, la dégradation de la condition de l’une peut entraîner la dégradation de l’autre et vice versa. Toute modification des équilibres de la santé et de l’alimentation représente une menace par ricochet à la sécurité économique et politique. Andrew T. Price-Smith considère que la santé d’une population conditionne la prospérité endogène, la stabilité, la consolidation de la souveraineté du pouvoir et finalement la sécurité tout entière de l’État71. Les externalités sur la sécurité économique et sociale (groupale) peuvent être

nombreuses et interreliées. Thomas Homer-Dixon a développé des schémas pour les

69 RENNER, M., 2006, op. cit., page 6

70 BÜNTGEN, U. et al., 2011, « 2500 Years of European Climate Variability and Human Susceptibility »,

Science, Vol. 331, N° 6017, page 573

71 PRICE-SMITH, A. T., 2009, Contagion and Chaos : Disease, Ecology, and National Security in the Era of

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interactions entre les problématiques de pénurie environnementale et celles de la production agricole et économique. Les figures 1 et 2 mesurent l’étendue du phénomène de sécurité environnementale, les processus causaux étant nombreux, interdépendants et vitaux pour une société.

Figure – 1

Les effets possibles des changements environnementaux sur la production agricole

Source : Figure transformée et inspirée de Thomas HOMER-DIXON, T. F., 1999, op. cit.

EFFET DE SERRE DEFORESTATION DÉGRADATIONS DES TERRES AGRICOLES PLUIES ACIDES RARÉFACTION DE L’OZONE SURUTILISATION, POLLUTION HYDRIQUES DÉCROISSANCE PRODUCTION AGRICOLE

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Figure – 2

Les effets possibles des changements environnementaux sur la productivité économique dans les pays en voie de développement

Source : Figure transformée et inspirée de Thomas HOMER-DIXON, T. F., 1999, op. cit.

Les atteintes aux sécurités alimentaires, sanitaires et économiques peuvent engendrer de l’insatisfaction sociale qui, à son tour, pourra générer des externalités sur la sécurité politique72. Les externalités politiques des dysfonctionnements environnementaux peuvent se traduire par des simples pétitions illégales, en passant par les manifestations de rue, les émeutes sociales et au terrorisme73, jusqu’aux conflits interethniques, interconfessionnels et interétatiques, le spectre des externalités politiques. Depuis quelques années se dessine une nouvelle forme de terrorisme spécifique à l’environnement : « l’écoterrorisme »74. Le leitmotiv demeure toujours le même : jouir d’une ressource naturelle de qualité et en quantité suffisante, individuellement et collectivement75. Ces externalités peuvent se transposer au niveau des relations internationales, où les nationalismes locaux

72 FRÉDÉRICK, M., 1993, op. cit., pages 759 à 760 73 Ibid., page 758

74 EAGAN, S. P., 1996, « From spikes to bombs : The rise of eco-terrorism. », Studies in conflicts and

terrorism, Taylor et Francis, Vol. 19, N° 1, p. 1-18

75 MATTHEW, R. A., 2002, « In defense of environment and security research », Environmental change and security project report, The Woodrow Wilson Center, N° 8, page 113

EFFET DE SERRE DEFORESTATION SURUTILISATION, POLLUTION HYDRIQUES PLUIES ACIDES RARÉFACTION DE L’OZONE DÉCROISSANCE PRODUCTION AGRICOLE DÉCROISSANCE PRODUCTIVITÉ ÉCONOMIQUE DÉCROISSANCE DES RESSOURCES HALIEUTIQUES

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peuvent instrumentaliser l’environnement76. La théorie de la sécurité environnementale suppose que les déséquilibres de l’environnement affectent la vie des régimes et des systèmes politiques. Le contrôle des ressources naturelles et de leurs profits par les pouvoirs politiques indique qu’il existe une relation entre les conflits armés et les ressources naturelles77.

Finalement, le phénomène migratoire joue un rôle dans les hypothèses reliant l’environnement et la sécurité. Reuveny parle de nouveau concept, à savoir d’« environmental migration »78,79. Dès 1993, Myers observait une relation entre les dysfonctionnements environnementaux et la densité urbaine côtière chinoise. Observant les flux migratoires Ouest – Est, du continent vers les côtes, il comprend que la croissance de la densité urbaine du pourtour maritime chinois deviendra de plus en plus problématique à cause des changements climatiques régionaux en général et de l’élévation des niveaux de la mer en particulier80. En 1997, Myers affirmait que : « Preliminary estimates indicate that

the total of people at risk of sealevel rise in Bangladesh could be 26 million, in Egypt 12 million, in China 73 million, in India 20 million, and elsewhere 31 million, making an aggregate total of 162 million81. ». Au début des années 2000, le chercheur estime que sur

les cent vingt millions de migrants intérieurs chinois au moins six l’étaient pour des raisons environnementales82, prévoyant pour l’horizon 2050 un chiffre de 73 millions de réfugiés

76 LE PRESTRE, P., 1998, « Sécurité environnementale et insécurités internationales », Revue québécoise de

droit international, Vol. 11, N° 1, page 289

77 LE BILLON, P., 2001, « The political ecology of war: natural resources and armed conflicts », Oxford,

Political Geography, Vol. 20, page 580

78 REUVENY, R., 2007, « Climate change-induced migration and violent conflict », Political Geography, Vol. 26, page 65

79 Il n’existe pas encore de véritable consensus sur la définition du concept selon Olivia Dun et François Gemenne : DUN, O. et F. GEMENNE, 2012, « Defining ‘environmental migration’ », Forced Migration

Review ; Néanmoins, l’International Organization for Migration propose de définir le concept des migrants

environnementaux comme suit : « Environmental migrants are persons or groups of persons who, for reasons of sudden or progressive changes in the environment that adversely affect their lives or living conditions, are obliged to have to leave their habitual homes, or choose to do so, either temporarily or permanently, and who move either within their territory or abroad. », INTERNATIONAL ORGANIZATION FOR MIGRATION, 2012, « Migration, Climate Change and the Environment : Definitional Issues. », IOM, Genève

80 MYERS, N., 1993, « Environmental Refugees in a Globally Warmed World », BioScience, American Institute of Biological Sciences, Vol. 43, N° 11, page 755

81 MYERS, N., 1997, « Environmental refugees », Population and Environment: A journal of

Interdisciplinary Studies, Volume 19, N° 2, page 175

82 MYERS, N., 2001, « Environmental refugees : a growing phenomenon of the 21st century », The Royal

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climatiques pour la Chine83. Ces « réfugiés environnementaux » vivent une violence récurrente, forcés de « […] chercher ailleurs les moyens de subsistance ou les conditions de vie minimales que des écosystèmes dégradés ne peuvent plus assurer84. ». D’autres scientifiques, tel Reuveny, prétendent que les populations humaines ont la capacité de s’adapter aux problématiques environnementales selon trois avenues : l’inertie, l’adaptation et la fuite85. Reuveny conclut que le choix rationnel entre ces possibilités repose sur l’ampleur des problèmes et sur les capacités des sociétés locales ou nationales86.

3. Les critiques des théories

La controverse à propos de la reconnaissance du phénomène de sécurité environnementale constate une opposition entre les spécialistes de la sécurité traditionnelle et ceux travaillant sur la sécurité environnementale87. Les spécialistes de la sécurité traditionnelle ou nationale surestimeraient l'importance des phénomènes des conflits identitaires et ethniques ainsi que celui du terrorisme. En effet, ces phénomènes comptent quelques dizaines de milliers de victimes et quelques millions de dollars de dégâts matériels par année88, alors que les problèmes environnementaux sont estimés en millions de morts et en milliards de dollars de coûts financiers et économiques89,90. Néanmoins, une partie grandissante de « la communauté de sécurité » participe à l’émergence du phénomène de la sécurité environnementale (agences de renseignements, OTAN, armées…) dans les réflexions et les débats entourant la sécurité traditionnelle.

83 Ibid., page 611

84 LE PRESTRE, P., 1998, « Sécurité environnementale et insécurités internationales », Revue québécoise de

droit international, Vol. 11, N° 1, page 283

85 REUVENY, R., 2007, op. cit., page 657 86 Ibid.

87 HEARNE, S. R., 2008, op. cit., page 218

88 COOLSAET, R. et T. VAN DE VOORDE, 2006, « L’évolution du terrorisme en 2005 : une évaluation statistique. », Groupe de recherche et d'information sur la paix et la sécurité, Bruxelles, page 3

89 COSKUN, H. G., 2008, « An Integrated Approach For Environmental Security in the NATO Countries Based on Remote Sensing and GIS Technologies. », dans NATO Science for Peace and Security Series,

Integration of Information for Environmental Security, 473 pages ; MYERS, N., 1993, « Environmental

Refugees in a Globally Warmed World », BioScience, American Institute of Biological Sciences, Vol. 43, N° 11, p. 752-761 ; MYERS, N., 2001, « Environmental refugees : a growing phenomenon of the 21st century »,

The Royal Society, Phil. Trans. R. Soc. Lond. B 2002 357, p. 609-613 ; PARKIN, S., 1997, op. cit., p. 24-28

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