2.3 Implosion de bulle
2.3.2 Étude paramétrique de l’implosion de bulle
2.3.2.1 Amplitude de l’onde de choc
L’onde de choc incidente joue plusieurs rôles dans l’implosion de la bulle. Outre le
déséquilibre qu’elle provoque, son amplitude va définir la surpression entre l’eau et
la bulle. La valeur de cette surpression est susceptible de modifier le temps
d’im-plosion de la bulle et l’amplitude des phénomènes qui seront générés. Nous allons
nous concentrer sur l’évolution de ces deux paramètres en fonction de l’onde de choc
incidente. Jusqu’à maintenant, nous avons présenté des cas avec une onde incidente
de 1200 bar. Nous allons donc partir de la configuration de référence (figure 2.14 du
paragraphe 2.3.1.1) avec un maillage de 512 mailles en paroi. Nous avons démarré
avec une amplitude de l’onde incidente de 75 bar avant d’effectuer des cas à 150 bar,
300 bar, 600 bar, 1200 bar et 2400 bar. Nous allons dans un premier temps nous
intéresser à la durée d’implosion de la bulle dans chacun de ces cas. La figure 2.25
permet d’avoir une première idée des différentes dynamiques d’implosion des bulles
à différents instants après l’impact de l’onde.
Figure2.25 – Niveau d’implosion de la bulle en fonction de l’onde incidente.
Le tempst
refcorrespond à l’instant auquel l’onde de choc incidente vient frapper la
bulle. Plus la surpression entre l’onde incidente et la bulle est élevée, plus le temps
d’implosion sera court. Lorsque l’onde arrive au contact de la bulle, elle va créer
un déséquilibre de pression au niveau de l’interface entre le liquide et la bulle. La
pression à l’extérieur de la bulle devient beaucoup plus forte que celle au sein de la
bulle. La bulle est donc comprimée côté onde incidente (côté gauche de la bulle sur
de domaine de calcul). Côté paroi (côté droit du domaine), la bulle ne subit pas de
compression ou très peu de la part du liquide. Cette différence de compression entre
les deux côtés de la bulle va directement influencer la vitesse du jet rentrant qui
tra-verse la bulle et donc la vitesse à laquelle les deux interfaces vont entrer en contact.
Le tableau 2.5 montre l’évolution du temps d’implosion en fonction de l’amplitude
de l’onde incidente. Comme dans le paragraphe 2.3.1.3, celui-ci est défini entre
l’ins-tant ou l’onde de choc incidente impacte la bulle et celui où les deux interfaces de
la bulle entrent en contact.
Pression incidente 75 bar 150 bar 300 bar 600 bar 1200 bar 2400 bar
Temps d’implosion 957 ns 633 ns 430 ns 298 ns 206 ns 142 ns
Table 2.5 – Temps d’implosion en fonction de l’onde de choc incidente.
En interpolant la courbe de décroissance du temps d’implosion en fonction de la
pression incidente, nous retrouvons une relation pour laquelle le temps d’implosion
T
ivarie linéairement en fonction de l’inverse de la racine carrée de la pression
in-cidente Pi : Ti = C∗q
1Pi
, dans laquelle C est une constante. Cette relation peut
être rapprochée du temps d’implosion théorique de RayleighT
i=R
max∗q
Pρi
[32],
oùR
maxcorrespond au rayon maximum atteint par la bulle avant d’imploser etρ la
masse volumique du liquide. Cette relation correspond au temps d’implosion d’une
bulle réelle donc en trois dimensions soumise à une surpression uniforme autour de
la bulle.
À présent, concentrons-nous sur l’évolution de la pression en paroi, en particulier
au niveau du point d’impact PH. La figure 2.26 propose l’évolution temporelle de la
pression au point d’impact pour cinq des six valeurs d’onde incidente présentées en
début de paragraphe.
0 0.2 0.4 0.6 0.8 1 x 10−6 0 2 4 6 8 10 12 14x 10 8 Temps (s) Pression (Pa) Pi = 150 bar Pi = 300 bar Pi = 600 bar Pi = 1200 bar Pi = 2400 bar 0 0.2 0.4 0.6 0.8 1 x 10−6 0 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10x 10 5 Temps (s) Pression (Pa) Pi = 150 bar Pi = 300 bar Pi = 600 bar Pi = 1200 bar Pi = 2400 barFigure 2.26 – Pression au point d’impact PH en fonction de l’onde incidente
(gauche), pression au point d’impact PH normalisée par la pression de l’onde
in-cidente (droite).
L’écart des temps d’implosion de bulle peut être estimé entre le contact entre l’onde
incidente et la bulle, situé aux alentours des 200 ns, et le pic de pression issu de l’onde
de choc. Plus l’amplitude de l’onde incidente est faible, plus le temps d’implosion est
fort. L’amplitude du pic en paroi semble pilotée par l’amplitude de l’onde incidente.
En effet, plus l’amplitude de l’onde incidente est élevée, plus la bulle implose vite.
Une bulle qui implosera plus vite générera une onde de choc à plus forte amplitude
au moment du choc des interfaces. Nous noterons que pour une onde incidente
in-férieure à 1200 bar, nous n’observons plus qu’un seul pic de pression en paroi au
moment de l’impact de l’onde de choc.
En normalisant la pression en paroi par la pression de l’onde incidente (figure
2.26, droite), chaque implosion semble avoir la même structure avec un premier pic
principal issu du choc en paroi, puis une série de pics plus faibles pour évoluer vers un
état stationnaire dans lequel la pression en paroi correspond au double de la pression
de l’onde incidente. Cette dernière correspond à la pression de l’onde incidente et sa
réflexion sur la paroi. En s’intéressant à l’amplitude du pic principal, nous pouvons
tracer son évolution en fonction de l’amplitude de l’onde incidente, visible en figure
2.27.
101 102 103 104 1 2 3 4 5 6 7 8 9 P Incidente P NormaliseeFigure 2.27 – Ratio
PPincidenteimpacten fonction de la pression incidente.
Il apparaît que le ratio entre la pression d’impact et la pression incidente passe
par un maximum obtenu pour une pression incidente aux alentours de 150 bar.
C’est pour cette pression incidente que l’implosion est la plus violente avec une
pression d’impact presque 9 fois supérieure à celle de l’onde incidente. Pour une
onde incidente inférieure à 150 bar, ce rapport diminue jusqu’à tendre vers 1 qui
correspond à l’absence de sollicitation de la bulle et donc la non-implosion de
celle-ci. Pour des ondes supérieures à 150 bar, la surpression due à l’impact de la bulle
décroît pour tendre vers une valeur asymptotique de 5 fois la pression de l’onde
incidente. Ce dernier graphe nous permet d’avoir une idée plus précise de l’évolution
du chargement en paroi en fonction de l’onde incidente. Dans le paragraphe suivant,
nous allons nous intéresser à un second paramètre influençant la pression en paroi :
la distance de la bulle par rapport à la paroi.
Dans le document
Interaction Fluide-Structure et Érosion de Cavitation
(Page 83-86)