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PARTIE 1 : LES TROUBLES OBSESSIONNELS COMPULSIFS :

D. Aide thérapeutique

I. Le rôle de l’entourage

L’entourage a un rôle déterminant dans le TOC. Il peut jouer un rôle de soutien, d’accompagnement dans la prise en charge du patient. Il ne doit, cependant, pas participer aux rituels de ce dernier. En effet, en participant au rituel ou en faisant le rituel à la place du patient en pensant aider, il va au contraire renforcer le TOC. Si l’entourage participe déjà aux rituels, il ne faut pas arrêter brutalement cette participation, cela risquerait de déstabiliser le patient. Il faut juste éviter de l’augmenter. Le dialogue entre le patient et l’entourage joue ainsi un rôle clé.

La famille doit pouvoir écouter le patient et l’encourager dans ses progrès sans montrer de jugement et sans le faire culpabiliser. Elle peut également aider le patient au niveau thérapeutique. C’est souvent l’entourage qui va pousser le patient à consulter un spécialiste. La famille peut aider dans la réalisation des exercices ou dans l’observance médicamenteuse et jouer le rôle de « co-thérapeute ».

II. Les cliniques

En cas d’échec thérapeutique, il existe des structures spécialisées dans les TOC. Ces structures ont pour but d’aider le patient à s’engager dans une démarche thérapeutique avec un suivi quotidien des patients par divers professionnels de santé tel que des psychiatres et psychologues. Il existe, par exemple, la clinique Lyon Lumière à Lyon spécialisée dans la prise en charge des TOCs ou la clinique Lautréamont de Loos (vers Lille) pour les enfants de 8 à 25 ans. Il existe deux services dans cette clinique : un service de 8 à 15 ans et un service de 15 ans à 25 ans.

III. L’AFTOC

L’association Françaises des Personnes souffrant de Troubles Obsessionnels Compulsifs (AFTOC) est une association créée en France en 1992. Elle est constituée de patients volontaires, de famille de patients, d’anciens patients et de médecins « sympathisants » afin d’informer le grands public et les professionnels de santé sur la maladie. Elle organise des groupes de paroles dans diverses régions de façon régulière ou les patients et/ou leur proche

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peut venir et discuter librement de leur trouble. La participation n’est pas obligatoire, le patient ou proche de patient peut venir pour simplement écouter.

IV. Le rôle des nouvelles technologies

Les nouvelles technologies prenant de plus en plus de place dans la vie quotidienne et dans le domaine médical, elles présentent un intérêt dans le TOC.

Elles peuvent tout d’abord être utilisées pour aider à son diagnostic. Cela peut être utile si le patient refuse de consulter un professionnel de santé par honte. Il pourra alors se tourner vers les applications ou sur internet. Les applications existantes à ce jour se basent sur des versions digitales des échelles vu précédemment dans la partie diagnostic et évaluation. Aucune application n’a cependant été validée par des études. Sur internet, on peut retrouver des échelles avec une bonne spécificité et une bonne sensibilité pour détecter des symptômes obsessionnels et compulsifs. Il existe par exemple The Web Screening Questionnaire basé sur le questionnaire Y-BOCS.

La télémédecine peut également jouer un rôle avec la réalisation des entretiens par webcam. Diverses études ont été réalisées de 2011 à 2017 sur ce sujet avec des résultats encourageants montrant une efficacité des interventions par vidéoconférence (106).

Les nouvelles technologies peuvent aussi jouer un rôle au niveau thérapeutique. De nouvelles applications ont été développées ou sont en cours de développement sur la base des TCC pour aider à la réalisation des exercices. Ces applications peuvent avoir un intérêt en cas d’une TCC bien avancée ou en cas de rechute d’un patient connaissant bien sa pathologie. En effet, il peut se baser sur l’application pour réaliser divers exercices d’exposition par lui- même. Ces applications semblent toutefois difficiles à utiliser pour un patient n’ayant jamais pratiqué de TCC. Les expositions pouvant être très angoissante, la réalisation seul des exercices peut sembler difficile. Il existe à ce jour diverses applications tel que « OCD Daily

Exercise » qui est une application crée pour lutter contre les pensées négatives. Elle peut jouer

un rôle complémentaire à la TCC et peut être utilisée entre les séances afin de diminuer l’anxiété. « NOCD » est une autre application qui permet la réalisation des exercices via un thérapeute en vidéo conférence. Un petit essai clinique ouvert a été réalisé par Boisseau et al en 2017 avec 21 patients ayant des symptômes légers à modéré pour déterminer l’efficacité

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d’une application appelée « LiveOCDFree ». Cette étude a montré une bonne satisfaction des patients avec une diminution du score Y-BOCS moyen de 4,25 points. Cette étude a cependant uniquement montré une amélioration lors des six premières semaines de traitement.

V. Le risque de rechute

Il existe un risque de rechute chez les patients atteints de TOC. En effet, une réapparition ou une aggravation des symptômes peut survenir à tout moment. Un stress, un choc psychologique peut les faire réapparaître. Le patient doit toujours être vigilants à ne pas laisser le TOC se réinstaller. En cas de réapparition des symptômes, il faut reprendre les exercices d’expositions et si besoin reprendre rendez-vous avec son thérapeute pour faire une « piqure de rappel ». Le traitement médicamenteux peut également être repris si besoin.

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En résumé

Les troubles obsessionnels compulsifs sont à l’origine d’une altération importante de la qualité de vie au niveau personnel mais aussi au niveau professionnel. Il est donc important de mettre en place une prise en charge. Cette prise en charge va dépendre, entre autres, des maladies associées, de l’environnement, de la motivation du patient et de la place de l’entourage dans la vie du patient. Elle se base en première intention chez l’adulte et chez l’enfant sur l’utilisation d’inhibiteurs de recapture à la sérotonine et d’une psychothérapie utilisant la méthode d’exposition avec prévention de la réponse. Les IRS sont le plus souvent prescrits à des posologies supérieures à celles habituellement utilisées et le délai pour obtenir une réponse thérapeutique est plus long. En cas de non-réponse l’utilisation de la Clomipramine sera recommandée.

Certains malades ne répondent pas aux traitements de première ligne ni à la psychothérapie. Cela correspond au TOC résistant. Des associations médicamenteuses sont alors utilisées pour essayer de traiter ce type de TOC : on parle de stratégie d’augmentation. Les techniques neurochirurgicales sont utilisées en dernière intention en cas d’échec de toutes les formes de thérapies existantes et sont contre-indiqué chez l’enfant.

Au cours de sa thérapie, le patient peut trouver une aide thérapeutique en participant à des groupes de paroles (via l’AFTOC) ou en utilisant des applications sur internet ou via le smartphone qui vont jouer un rôle complémentaire à la thérapie. Le risque de rechute doit conduire le patient à rester vigilant à la réapparition ou à l’aggravation de tout symptômes obsessionnels et compulsifs au cours de sa vie.

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