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Abdoulaye LY : le concept d’anti-histoire

2.1.2 Le nationalisme

2.1.2.3 Abdoulaye LY : le concept d’anti-histoire

Pour saisir l’’importance et le sens de l’histoire chez Abdoulaye Ly, il faut remonter à son itinéraire personnel.

Abdoulaye Ly est né le 25 février 1919 à Saint-Louis. Son père était de « l’intelligentsia de Saint-Louis » puisqu’il avait fréquenté l’Ecole normale créée en 1903. C’est ainsi qu’après l’école coranique, il est envoyé à l’école publique, après les leçons de lecture et d’écriture de son père à la maison, ce qui lui fera dire : « (…) j’étais privilégié de ce point de vue. (…) J’avais un père qui a eu les moyens pour me faire aller à l’école des « toubabs » (Blancs) très tôt et qui, vu son niveau intellectuel peu banal à l’époque, trouvait normal d’envoyer son fils au Cours secondaire à Dakar. Celui-ci était destiné aux enfants d’agents commerciaux ou d’autres Blancs, officiers, administrateurs, etc. Il y avait un ou deux indigènes à l’époque dans une classe de cet établissement, devenu le Lycée lamine Guèye. 106»

C’est durant cette période que le jeune collégien fait l’expérience « des disparités locales, des différences entre la condition des uns et des autres », ce qui expliquerait, selon lui, son choix d’être « à gauche », alors qu’en principe au regard de ses origines familiales (issu d’une famille de religieux musulmans dont il porte le nom d’un des membres, Thierno Abdoulaye Ly), il était « appelé à être un fichu « bourgeois ».

Ce sentiment d’être un privilégié, et surtout de se sentir « en marge de beaucoup du vécu des autres Sénégalais de (sa) génération ». Son intérêt pour l’histoire reste lié au bonheur qu’il eut de connaître André Villard, l’auteur de Histoire du

Sénégal (1943) et archiviste du Gouverneur général de l’AOF. Ce dernier non

seulement le familiarisa avec la bibliothèque du gouvernement général, mais encore l’encouragea à étudier l’histoire, car, disait-il, « c’est indispensable que ces gens-là connaissent leur histoire ». Le désir d’assurer la relève de son bienfaiteur, et certainement l’utilité de la recherche historique quant à la compréhension du

105F. Iniesta, « A propos de l’Ecole de Dakar. Modernité et tradition dans l’œuvre de Cheikh Anta Diop », in M.C. Diop, Le

Sénégal contemporain, Paris, Karthala, 2002, p. 101-102.

106Babacar Fall et al., Dialogue avec Abdoulaye Ly. Historien et homme politique sénégalais, Dakar, IFAN/ Cheikh Anta Diop, Ecole Normale Supérieure, Sud FM, 2001, p. 28.

passé pèseront lourdement dans le choix de ses études supérieures en France dans les années 30.

Cependant, l’intérêt pour l’histoire ne signifie pas pour autant un retour au passé pour s’y complaire ou encore l’utiliser comme outil de défense. « L’histoire107,

selon lui, est vivante, (…) elle existe par rapport à mon présent qui m’en inspire la problématique, par rapport à ce que je vis et à ce que je projette. »

Ainsi, contrairement à Cheikh Anta Diop qui opère un retour à l’Egypte pour la restauration d’une conscience historique, Ibrahima Ly propose une autre approche fondée sur le concept d’ « anti-histoire ». Ce dernier signifie la prise en charge des parenthèses historiques douloureuses et traumatisantes que constituent la traite négrière et la colonisation dans l’écriture de l’histoire africaine et la gestion du présent. Ces intervalles ont certes bouleversé le système socioéconomique traditionnel africain, mais il ne s’agit pas de les penser pour autant comme des étapes à « enjamber », comme le fait Cheikh Anta Diop, pour aller trouver la solution de la « renaissance » en Egypte pharaonique. Il ne saurait encore être question de les considérer de façon stoïque comme un « mal nécessaire », comme le veut Léopold Sédar Senghor. Il faut les interroger scientifiquement en faisant appel aux documents historiques disponibles, aux récits de voyages, bref, aux archives du colonisateur, sans oublier de leur appliquer la méthode critique. Il s’agit, pour lui, de retrouver « la vérité toute nue et sans commentaire, si chère aux chercheurs et aux éducateurs ». Sa thèse sur La connexion capitaliste des continents par l’Atlantique : la compagnie du Sénégal, 1673-1696 (publiée sous le titre de : La compagnie du Sénégal (Présence Africaine, 1958)) en fournit un exemple convaincant. Cette dernière fait recours aux « données fournies par les négriers eux-mêmes », et aux sources que sont les ports concernés en France : Dunkerque, Normandie, Saint-Malo, Lorient, Nantes, La Rochelle, Bordeaux, Marseille.

La finalité de la recherche scientifique à ce niveau est pour lui la compréhension de l’impact de ce système commercial dans la transformation des sociétés africaines soumises au capitalisme. Ce qui explique que dans sa thèse, il s’attèle à étudier la relation entre l’économie sucrière et le développement du marché d’esclaves africains dans les îles françaises d’Amérique au XVIIè siècle ; à la problématique du marché sénégalais dans les XVIIè et XVIII è siècles (ch. 2) ; aux lieux d’approvisionnement des esclaves (Gorée, par exemple), au monopole commercial par les uns et les autres Français, Hollandais, en fonction des circonstances et des accords, etc.108 Mais plus que la connaissance du passé et

107Babacar Fall et al., ibid. p. 38-39.

108

Dans la seconde édition du livre dans les années 90, il prend conscience de la nécessité d’accentuer l’impact du commerce dans la transformation des sociétés sénégambiennes, région située entre le fleuve Sénégal et le fleuve Gambie depuis leur source au Fouta Jallon jusqu’à l’embouchure de l’océan Atlantique. Cette région comprendrait les Etats actuels du Sénégal, de la Gambie, de la Guinée-Bissau et une partie de la Mauritanie. il ajoute une annexe dans laquelle il traite des sociétés concernées de leur résistance avec la religion musulmane.

son impact social, il s’agit de penser le présent en jonction avec le passé. C’est ce qui explique la jonction qu’il fait toujours entre le passé et le présent dans ces textes. Prenons le cas du «présidentialisme néocolonial»109.

La politique coloniale consistait sur le plan de l’occupation spatiale à mettre une distinction entre les classes sociales. Ainsi, les Blancs habitaient le « Plateau » (centre de Dakar), alors que les autochtones étaient relégués à la périphérie (quartier de la Médina). Avec l’indépendance, selon lui, ce système politique n’a pas disparu, au contraire il a été reconduit par les détenteurs du pouvoir. Ces derniers n’ont fait que remplacer les premiers occupants. Il n’y a pas eu de rupture politique, ce qui, selon lui, a contribué à accentuer la scission entre les élites de toutes sortes et le peuple.

La fécondité de sa méthode historique se verra dans la poursuite de ses efforts par d’autres historiens et la création de « L’Ecole de Dakar110 ». Les productions

scientifiques de ces historiens ne s’orienteront pas forcément vers le champ de l’égyptologie ou de l’histoire médiévale, mais plutôt vers la Sénégambie dont il s’agit de ne pas fuir le passé, mais de l’assumer en vue d’un avenir à construire. Pour l’historien Boubacar Barry, un des membres de cette « école », le mérite d’une telle approche est de conduire à assumer son histoire dans sa totalité. Pour lui, « C’est comme si l’élite qui nous gouverne avait peur de son histoire, de faire face à la réalité, de se regarder dans le miroir. La seule référence à l’histoire porte dans certains cas sur l’existence des Grands empires du Ghana, du Mali, du Songhaï pour rappeler vaguement l’unification dans le passé de la majeure partie de l’Afrique de l’Ouest sous les Mansa ou les Askia. Mieux, on fait référence encore plus souvent aux exploits de nos héros de la résistance lors de la conquête coloniale avec Samori, Lat Joor, Shaykh Umar, etc. pour justifier l’idéologie du pouvoir charismatique de nos leaders actuels dans le cadre de l’unanimité nationale. En dehors de ces deux pôles de notre histoire, lorsqu’on ne se lamente pas sur le trafic inhumain de la traite négrière ou sur les horreurs de la politique de l’apartheid, c’est le vide. On a peut-être peur de se pencher sur ce long passé,

109 A. Ly, Sur le présidentialisme néocolonial au Sénégal, Dakar, Xamle, 1983 ; voir aussi : D’où sort l’Etat présidentialiste

du Sénégal ?, Saint-Louis, Editions Xamal, 1997.

110 Sur « l’Ecole de Dakar », nom donné par Boubacar Barry. Elle ne se définit pas, selon lui, par opposition à l’Ecole Française ou Anglo-saxonne sur le plan scientifique, mais par « la volonté d’approfondir les recherches en sciences sociales pour changer le destin de nos sociétés ».

Sur la question, lire B. Barry, « Ecrire l’histoire dans l’Afrique post-indépendance : le cas de l’école de Dakar », in Boubacar Barry , Sénégambie, plaidoyer pour une histoire régionale, SEPHIS, Amsterdam, 2001 : 36-64 ; Ferran Iniesta ,« A propos de l’Ecole de Dakar. Modernité et tradition dans l'oeuvre de Cheikh Anta Diop», in Momar Coumba Diop (sous dir.), Le

Sénégal contemporain, Paris, Karthala, 2002,p. 91-108, traite de la gestion de la pensée de Cheikh Anta Diop par ses

« héritiers » et pour lui « on a l’impression que le gros de l’Ecole s’est embourbé dans les marécages de la langue , comme si elle fut la clé de l’africanité pharaonienne ou de leur négritude pigmentaire » p. 98 ; Ibrahima Thioub, « L’Ecole de Dakar et la production d’une écriture académique de l’histoire » in Momar Coumba Diop (sous dir.), Le Sénégal contemporain, Paris, Karthala, 2002, p. 109- 152. Pour lui, la définition de « L’Ecole de Dakar »connaît une réelle difficulté quant à son identité, car, en réalité, elle n’a « ni outils spécifiques ni une façon à elle de lire le passé. Jusqu’ici son existence est simplement supposée. Dans les sens où je l’emploie, l’expression (…) désigne un pôle, parmi d’autres, en Afrique - Markerere, Ibadan, Dar-es-Salam - où des spécialistes de diverses disciplines élaborent des savoirs sur des sociétés africaines largement informés dans leur genèse par la montée en puissance du mouvement anticolonial, au lendemain de la Seconde Guerre mondiale», p. 115.

d’interroger les différentes phases des mouvements de populations, les causes des conflits qui les ont opposés à un moment de leur histoire, les mécanismes des inégalités sociales et économiques, le rôle de la violence dans nos sociétés, les adaptations sur le plan technologique, les révolutions et surtout les multiples échecs. Il s’agit, en un mot, de ne pas fermer les yeux sur la dynamique de notre histoire glorieuse ou pas glorieuse.111 »

Dans son ouvrage La Sénégambie du XV è au XIX è siècle. Traite négrière, islam

et conquête coloniale, (1988), l’historien considère que cette longue période de

« régression de nos sociétés dans tous les domaines, celle de la perte progressive de notre autonomie et surtout de notre capacité d’initiative » doit conduire à l’écriture d’une « nouvelle histoire en jetant un regard critique sur notre passé à partir du présent qui nous interpelle constamment. De ce fait le combat de l’histoire est inséparable du combat pour la démocratie, l’unité et les libertés fondamentales de l’homme dans ce contexte d’émiettement politique et économique de nos Etats à parti unique de fait. 112»

L’objectif de l’ouvrage alors est certes d’écrire une histoire globale de la Sénégambie du XVè au XIX è siècle, (les dynamiques sociales, politiques, religieuses et commerciales, etc.), mais aussi « d’aborder les problèmes actuels de l’intégration régionale des six Etats nationaux du Sénégal, de la Gambie, de la Mauritanie, du Mali, de la Guinée-Bissau et de la Guinée Conakry113 ».

Un autre mérite, et non des moindres, de l’approche socioéconomique amorcée dans La Compagnie du Sénégal, se verra dans le travail d’un autre historien : Abdoulaye Bathily.

Dans son article sur « La traite atlantique des esclaves, ses effets économiques et sociaux, genèse du sous-développement en Afrique noire 114», Abdoulaye Bathily

montre le rôle joué par ce commerce maritime dans l’évolution économique et la modification sociale et culturelle des trois continents, l’Afrique, l’Amérique et l’Europe. Il sera à l’origine des rivalités diplomatiques et même de guerres entre les puissances maritimes de l’époque (17è et 18è siècles), car c’était « un puissant moteur dans la génération du surplus et, par conséquent, un stimulant dans l’essor du mode de production capitaliste ». En effet, il permet d’obtenir de la main-d’œuvre servile à bon marché pour les plantations et les mines d’Amérique, et un afflux des denrées coloniales avec l’économie de rapines dans les colonies.

111 B. Barry,La Sénégambie du XVè au XIX è siècle. Traite négrière, islam et conquête coloniale, Paris, L’harmattan, 1988, p. 10-11.

112 B.Barry, ibid. p.11. 113 B. Barry, ibid. p. 12.

114Annales de la Faculté des Lettres et Sciences Humaines, n°17, 1987, p. 83-93 ; voir, du même auteur, sur les conséquences socioéconomiques de la traite : Guerriers, tributaires et marchands. Le Gajaaga (ou Galam), le pays de l’or. Le

développement et la régression d’une formation économique et sociale sénégalaise 18 è -19 è siècle, tome 2, Dakar, Thèse

pour le doctorat d’Etat ès lettres, 1985 ; voir dans les Mélanges. John FAGE : A. Bathily, « La traite atlantique des esclaves et ses effets économiques et sociaux en Afrique : le cas du Galam, royaume de l’interland sénégambien au 18 è siècle »,

Les conséquences pour les peuples africains sont néfastes : la régression économique avec la dégradation de la vie matérielle, « La crise agricole illustrée par les famines et disettes endémiques relatées par les sources et recensées par de nombreux auteurs ne s’explique pas seulement par les déficiences du climat et les catastrophes naturelles (sécheresses, inondations, périls aviaires), comme c’est le cas en Afrique de l’Ouest. La ponction démographique opérée du fait de l’esclavage sur les couches d’âge les plus aptes physiquement (15-35 ans) et l’insécurité provoquée par l’état de guerres permanent ont entraîné la chute de la production dans les campagnes115

Un autre effet induit de ce commerce et non moins négatif : la dépendance sociale. On assiste en effet à la naissance de nouvelles classes sociales en rapport avec ce commerce, les marchands intermédiaires servant d’auxiliaires aux comptoirs. Des groupes de professionnels chargés de capturer les esclaves constituèrent une sorte « d’aristocratie militaire ». Les classes dirigeantes qui avaient besoin des armes et des munitions pour faire la guerre en dépendaient aussi, puisqu’elles devaient payer en esclaves, ce qui entraînera des situations d’endettement et de dépendance, avec, comme effets pervers, de conduire les classes dirigeantes à toujours plus de violence avec les rapts en vue de fournir des esclaves et forcément d’instaurer progressivement une rupture avec leurs sujets. Ce que l’historien sénégalais appelle « la crise de confiance » illustrée par l’aphorisme célèbre « Buur du mbokk » (le roi n’est pas un parent).

Une des conséquences de cet intérêt porté à l’espace sénégambien entre le XVè et le XIX è siècle inauguré par Abdoulaye Ly se verra par la suite. On assiste à une diversité de productions scientifiques mettant fin à l’époque de la « légende dorée » d’une histoire de l’Afrique ramenée à la geste de ses grands hommes ou encore d’une société idéalisée quant à ses propres normes, ce qui expliquerait selon Ibrahima Thioub dans « L’Ecole de Dakar et la production d’une écriture académique de l’histoire 116», que très peu d’historiens durant cette période ont

exercé leurs talents sur le genre biographique. Certes, Iba Der Thiam a rédigé une biographie de Maba Diakhou Bâ (1977), Boubacar Barry (1976) a retracé la vie de Bokar Biro, Abdoulaye Bathily (1977) la carrière de Job ben Salomon, Ousseynou Faye (1994) la vie de Kaan Faye et Ibrahima Thioub( 1992) les vies de Yaadikkoon et Abdou Ndiaye, mais cela reste insuffisant au regard du nombre de biographies possibles.

L’objectif des chercheurs de cette « Ecole » semble être plutôt de jeter un regard critique sur les sociétés africaines. Ainsi, Mamadou Diouf, dans Le Kajoor au XIX

è siècle. Pouvoir ceddo et conquête coloniale, aborde la question sous l’angle

politique. Il fait ressortir l’implication des pouvoirs traditionnels, les Garmi, qui, uniquement soucieux de renforcer et faire perdurer leur règne, s’allieront la classe

115Annales Faculté des Lettres et Sciences Humaines, n°17, 1987, p. 86.

116 I. Thioub , « L’Ecole de Dakar et la production d’une écriture académique de l’histoire », in M. C. Diop, Le Sénégal

guerrière, les Ceddo, afin de se donner plus d’efficacité dans la quête des esclaves. Ce qui conduira « le repli des groupes sur eux-mêmes et l’organisation de la défense contre les pillages, le déplacement des masses paysannes vers les régions islamisées plus sûres, et l’émergence d’une nouvelle force dans l’espace sénégambien : « l’islam militant »117. » Une des conséquences est alors de

contribuer au renouveau de l’islam en permettant aux Badoolo ou classes paysannes de se mobiliser grâce à la religion et même de se donner une nouvelle forme de sécurité et de solidarité fondée non sur l’appartenance ethnique (filiation à un ancêtre commun) ou encore politique (appartenance à la famille régnante), mais plutôt sur le partage d’une même confession religieuse transcendant ces considérations. Mais au-delà de l’aspect critique, il s’agit aussi d’élargir et d’enrichir la connaissance historique de la région en diversifiant les angles d’attaque.

Un autre objectif de ces chercheurs est d’investir de nouveaux créneaux. Birahim Diop opère une approche de la traite atlantique à partir de son impact sur l’espace, « Traite négrière, désertions rurales et occupation du sol dans l’arrière- pays de Gorée » 118 ; « Les villages désertés de l’espace sénégambien. Contribution à l’histoire de l’habitat et de l’occupation du sol » 119 ; « L’impact de

la traite négrière sur l’habitat en pays wolof ». 120Les déplacements des

populations dans leur quête de sécurité vont introduire diverses transformations socioculturelles qui ne sont pas à négliger.

Hamady Bocoum introduit une approche sous l’angle des technologies dans « Stagnation technologique et traite atlantique (l’exemple de la sidérurgie)121 ».

Pour lui, on assiste à la « défaite » des technologies de la sidérurgie avec l’arrivée des Européens à partir du XVé-XVIé siècle. Celle-ci est liée à l’incapacité des métallurgistes africains à soutenir la concurrence face aux produits issus de la révolution technologique issue de la réduction du minerai de fer. En effet, les zones de production vont progressivement disparaître au profit de l’importation des barres de fer fabriquées en Europe, avec, comme conséquence, de laisser ce marché aux mains des Européens qui en feront une monnaie d’échange avec les esclaves.

117Mamadou Diouf, Le Kajoor au XIX è siècle. Pouvoir ceddo et conquête coloniale, Paris, Karthala, 1990.p. 18.

118B. Diop, (1997), « Traite négrière, désertions rurales et occupation du sol dans l’arrière-pays de Gorée », in Gorée et

l’esclavage, actes du séminaire sur Gorée dans la traite atlantique : mythes et réalités, (Gorée, 7-8 avril1997), Dakar IFAN-

CAD, Initiations et Etudes africaines, 38 : 137-153.

119 B. Diop, (1997), « Les villages désertés de l’espace sénégambien. Contribution à l’histoire de l’habitat et de l’occupation du sol », Archeoafrica, Bulletin de l’Association interdisciplinaire d’Archéologie africaine(AIPA), 2, : 35-44.

120B. Diop, (2000), « « L’impact de la traite négrière sur l’habitat en pays wolof », in Djibril Samb (éd.), Saint-Louis et l’esclavage, actes du symposium international (La traite négrière à Saint-Louis du Sénégal et dans son arrière-pays), Saint- Louis, 18, 19 et 20 décembre 1998), Dakar, IFAN-CAD, Initiations et Etudes africaines, 39 : 177-196.

121 H. Bocoum (2000), in Djibril Samb (éd.), Saint-Louis et l’esclavage, actes du symposium international (La traite négrière à Saint-Louis du Sénégal et dans son arrière-pays), Saint-Louis, 18, 19 et 20 décembre 1998), Dakar, IFAN-CAD, Inititiations et Etudes africaines, 39 : 51-66.

Ces diverses analyses (politique, spatiale, technologique) contribuent à enrichir, à renouveler la compréhension de la traite, et surtout montrent tout l’apport des historiens sénégalais.

Au final, ces trois intellectuels (L.S. Senghor, Cheikh Anta Diop et Ibrahima Ly) auront contribué chacun à sa manière à la vie des idées grâce à leurs idées, mais aussi à l’émergence de toutes celles qu’ils ont suscitées en leur faveur ou contre eux, ce qui aura le mérite d’avoir installé une configuration intellectuelle de qualité. Il reste que les intellectuels ne participent pas seulement au savoir par l’intermédiaire de leurs œuvres ou créations personnelles, mais encore par les débats dans les espaces publics, lieux qui leur permettent d’atteindre un public plus étendu.