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2 MÉTHODOLOGIE

2.3 Pré- et post-tests

2.3.2 Évaluation des compétences en syntaxe complexe

2.3.2.1 Production

Production de questions racines

Il s’agit d’une tâche d'élicitation de questions (Jakubowicz, 2005). L’enfant est face à des images en couleurs sur un écran d’ordinateur. Chaque image contient un élément masqué sur lequel l’enfant doit poser une question (cf. Figure 4a). Une phrase d’introduction est lue à l’enfant afin de poser le contexte et d’induire sa production (exemple : “Quelqu’un pousse ce chien, mais c’est tout blanc et on ne voit pas qui. Pour savoir qui pousse ce chien - Demande-lui !”). Si l’enfant ne comprend pas ou donne une réponse incorrecte, différentes variantes sont à disposition de l’expérimentateur. Par exemple, pour l’illustration de la Figure 6a, si l’enfant ne répond pas, lui dire : “Vas-y, demande au chien qui le pousse”. Si l’enfant ne répond toujours pas, lui dire : “Tu peux demander comme ça : Qui te pousse, petit chien ? Qui est-ce qui te pousse ? C’est qui qui te pousse ? Vas-y, Demande-lui !”. Une fois la réponse donnée, l’enfant découvre l’image complète (cf. Figure 4b). Cette épreuve est composée de deux essais et de 12 items tests. Il n’y a pas de règles d’arrêt. Ce test permet de mettre en évidence le degré de complexité syntaxique utilisé par l’enfant en fonction du type de questions privilégié (avec ou sans déplacement). Nous retiendrons dans un premier temps le nombre de questions correctement formulées. Nous pourrons approfondir nos réflexions en analysant la structure utilisée par l’enfant.

Figure 4. Exemple de planches de l’épreuve de production de questions racines.

Production de pronoms clitiques

Cette tâche permet de mettre en évidence la capacité de l’enfant à produire des pronoms clitiques objet (Tuller et al., 2011 ; Delage et al., 2016). Pour cela, des images sont présentées à l’enfant sur ordinateur (cf. Figure 5). Des questions lui sont posées en relation avec l’image de façon à induire la production de pronoms clitiques (par exemple : “Que fait Marie avec le chien ?”). Si l’enfant utilise une tournure ne nécessitant pas l’emploi d’un pronom telle qu’un verbe intransitif, comme “elle joue”, une formule est à disposition de l’expérimentateur afin de donner à l’enfant le verbe à utiliser (par exemple : “Oui d’accord.

Regarde bien ce que fait Marie avec le chien, ça s’appelle « laver ». Alors, que fait Marie avec le chien ? Comment tu pourrais dire avec « laver » ?”). Trois items d’essais sont prévus.

Durant cette phase, l’enfant est corrigé et invité à répéter la réponse attendue s’il ne produit pas de pronom. Le nombre total de pronoms clitiques produits correctement est relevé.

Figure 5. Exemple de planche de l’épreuve de production de pronoms clitiques.

Répétition de phrases complexes

Dans cette épreuve développée par Delage & Frauenfelder en 2012, l’enfant entend une phrase qu’il doit répéter immédiatement. Aucune répétition de la part de l’expérimentateur n’est autorisée. Les productions de l’enfant sont enregistrées. Au total 23 phrases contenant toutes 14 syllabes sont énoncées à l’enfant. Huit phrases simples ont été introduites parmi 15 énoncés complexes. Ces phrases simples sont des phrases contrôles qui permettent de s’assurer que les erreurs produites par l’enfant sont réellement expliquées par la complexité syntaxique. Les phrases complexes sont des relatives sujet [16], objet [17] ou objet avec inversion sujet verbe [18]. Certaines phrases contiennent un enchâssement profond avec deux ou trois subordonnées emboîtées [19].

[16] La maîtresse voit le garçon [qui lit un livre sur Noël].

[17] Il y a une fille [qu’elle préfère dans son cours du mercredi].

[18] Hou là là ! Une petite fille [que mord un chien noir et blanc].

[19] Il pense [que son fils aime la maîtresse [qui donne des bonnes notes]].

Pour que la production soit jugée comme correcte, il faut que la nature de la relative soit respectée (objet ou sujet) ainsi que le degré d’enchâssement. Par exemple, pour considérer la répétition de la phrase [19] comme correcte, nous attendons une phrase relative sujet (« qui donne ») avec deux niveaux enchâssements. Pour cette épreuve, le nombre de syllabes correctement répétées est analysé ainsi que le respect de la structure syntaxique et du degré d’enchâssement attendu.

Langage spontané

L’enfant doit raconter une histoire en se basant sur un livre d’images. Il s’agit de la Frog Story (Mayer, 1969) illustrant l’histoire d’un enfant qui part à la recherche de sa grenouille. L’expérimentateur et l’enfant regardent tout d’abord les images ensemble les unes après les autres. Des réponses aux questions de vocabulaire de l’enfant peuvent être données. L’enfant est ensuite invité à raconter l’histoire en s’aidant des images.

L’expérimentateur doit intervenir le moins possible mais il peut tout de même encourager l’enfant de manière totalement neutre. Le récit de l’enfant ne sera pas analysé dans le cadre de ce travail mais il a été enregistré afin de pouvoir effectuer la transcription et l’analyse de la production lors de travaux ultérieurs.

2.3.2.2 Compréhension

Compréhension syntaxique

L’E.CO.S.SE. (Lecocq, 1996) est une épreuve évaluant la compréhension syntaxico-sémantique. Nous avons utilisé une version raccourcie avec uniquement les items les plus complexes. Avant de débuter ce test, une vérification des connaissances lexicales de l’enfant est effectuée en fonction de son âge. Cela est fait uniquement pour le pré-test. Une phrase est lue à l’enfant, puis l’expérimentateur lui montre quatre images (cf. Figure 6). L’enfant doit alors choisir quelle image correspond à la phrase lue. La difficulté est croissante, les structures étant de plus en plus complexes. La compréhension des pronoms, des prépositions, des relatives sujet ou objet et de passives est évaluée. Il n’y a pas de règle d’arrêt pour cette épreuve, l’enfant est invité à répondre même s’il n’est pas sûr de sa réponse. Pour cette épreuve, le nombre total de réponses correctes est retenu.

Figure 6. Exemple de planche de l’épreuve de compréhension syntaxique (E.CO.S.SE.).

Compréhension de phrases complexes (CoPC)

Cette épreuve vise à analyser la capacité de compréhension de phrases complexes avec déplacements syntaxiques (Delage, 2016, version expérimentale). Quatre images sont présentées à l’enfant pendant que l’expérimentateur lui lit une phrase. L’enfant doit alors choisir parmi ces images celle qui correspond à la phrase entendue. Chaque énoncé peut être répété deux fois. Aucun critère d’arrêt n’est prévu, l’enfant est invité à répondre même s’il n’est pas sûr de sa réponse. Cette épreuve est composée de 12 énoncés dont neuf sont complexes et trois simples ayant une fonction de contrôle. Le nombre de déplacements syntaxiques est manipulé ainsi que le nombre d’enchâssements (cf. Tableau III). Nous analysons le nombre de réponses correctes.

Tableau III

Structure des phrases complexes dans l’épreuve de CoPC

Subordonnées relatives variant en termes de nombre de déplacements

Relative sujet (SVO) Une poule [qui chasse le renard].

Relative objet (OSV) Voilà une vache [que la girafe lave].

Relative objet avec inversion (OVS)

Regarde bien ! Une fille [que mouille le cheval].

Subordonnées relatives variant en termes de nombre d’enchâssements

1 enchâssement Une poule [qui chasse le renard].

2 enchâssements Le père voit [que le lion tourne le dos au garçon [que la chèvre pousse]].