Évaluation des compétences en MdT

● Empan de chiffres endroit

Les capacités de la boucle phonologique de la MdT sont évaluées par une épreuve d’empan de chiffres endroit issue du WISC-IV (Wechsler, 2005). La tâche consiste à répéter des séries de chiffres de longueur croissante (de deux à neuf chiffres). L’épreuve s’arrête lorsque l’enfant échoue à deux items d’une même longueur. Nous retiendrons pour cette épreuve le score total de l’enfant qui correspond au nombre total de séries correctement rappelées.

● Répétition de pseudo-mots

La tâche de répétition de pseudo-mots est tirée de la batterie d’évaluation BELEC (Mousty, Leybaert, Alegria, Content & Moraïs, 1994). Cette épreuve nous renseigne sur les compétences mnésiques et phonologiques de l’enfant. Ce dernier entend des pseudo-mots, préalablement enregistrés, qu’il doit répéter. Le nombre de syllabes augmente au fur et à mesure. La première partie consiste à répéter des syllabes de type CV telles que juséga, la deuxième partie, plus difficile, concerne des syllabes de type CCV telles que kragrinblan. Pour la cotation, une syllabe est cotée comme correcte même si elle est nasalisée (a ® an) ou lors d’une substitution de phonème variant sur un seul trait articulatoire (k ® g). Cela permet d’obtenir pour chaque partie, le nombre total de syllabes correctes. Les productions des enfants sont enregistrées afin de pouvoir les réécouter par la suite.

● Course des animaux

La course des animaux (Majerus et al., 2006 ; Majerus, 2008) est une épreuve qui mesure spécifiquement la composante sérielle de la MCT verbale. L’enfant entend une série de noms d’animaux ayant participé à une course. Il doit ensuite replacer les images correspondant à ces animaux sur un podium selon leur ordre d’arrivée. Les noms d’animaux présentés sont enregistrés afin que tous les enfants soient exposés au même input. Il s’agit de mots monosyllabiques de haute fréquence : chien, chat, lion, ours, loup, singe, coq. Afin de familiariser l’enfant à cet exercice et de s’assurer qu’il ait bien compris, deux essais sont effectués en début d’épreuve. Le critère d’arrêt est appliqué lorsque deux erreurs sur des listes de même longueur sont commises. À partir de cette épreuve, nous relevons le nombre d’items correctement rappelés dans la bonne position.

2.3.1.2 Empans complexes

● Empan de chiffres envers (WISC IV)

L’épreuve d’empan de chiffres envers extraite du WISC-IV (Wechsler, 2005) est une tâche d’empan complexe qui nécessite à la fois le stockage et la manipulation de l’information en mémoire. Cette tâche consiste à répéter une série de chiffres entendue dans l’ordre inverse de présentation. Les critères d’arrêt, la cotation ainsi que le score total sont les mêmes que pour l’empan de chiffres endroit.

● Counting Span

Il s’agit d’une épreuve de double tâche développée par Case, Kurland et Goldberg (1982) qui évalue la MdT. Des planches avec des points rouges et bleus sont présentées à l’enfant (cf. Figure 3). Celui-ci doit compter à haute voix et retenir le nombre de points bleus sur chaque planche. Après n planches (le nombre de planches à traiter augmente au fur et à mesure), l’enfant doit restituer dans l’ordre le nombre total de points bleus de chaque planche.

Deux essais sont prévus pour mettre l’enfant en confiance et vérifier qu’il ait bien compris la consigne. L’épreuve prend fin lorsque l’enfant échoue à trois essais de même longueur. A partir de cette épreuve, nous retenons le nombre d’items correctement rappelés dans la bonne position.

Figure 3. Exemple de planches de l’épreuve Counting Span.

● Running Span

Afin d’évaluer la mise à jour de la MdT, nous avons utilisé une tâche de running span (Pross, Gaonac’h & Gaux, 2008). L’enfant entend une liste de mots monosyllabiques (exemple : bec, poule, loup, chaise, nez...) dont il ignore le nombre d’items et doit rappeler dans l’ordre les deux, trois, quatre ou cinq derniers mots de la liste. Un critère d’arrêt est fixé à trois échecs consécutifs. Pour cette épreuve, nous relevons le nombre total d’items correctement restitués.

2.3.1.3 Questionnaire de mémoire pour enfant (Q-MEM)

Peijnenburg et collaborateurs (2015) suggèrent dans leur méta-analyse qu’un questionnaire parental semble être un bon indicateur pour évaluer le “far transfer”⁶. C’est pourquoi nous avons proposé le Q-MEM, nouvel outil ayant été développé en 2016 par Geurten, Majerus, Lejeune et Catale. Il permet d’évaluer la mémoire dans les tâches et les activités de la vie quotidienne à travers 40 questions, telles que :

[12] J’éprouve des difficultés à me rappeler certains événements importants qui se sont passés quand j’étais plus petit (ex. la rentrée en 1^ère année).

[13] Je ne sais pas ce que je dois mettre dans ma mallette pour le lendemain.

[14] J’ai des difficultés pour apprendre les conjugaisons, les tables de multiplication…

[15] Je repose les mêmes questions plusieurs fois (en moins de 2 minutes).

Ce questionnaire présente une bonne fidélité test-retest. Des différences significatives ont été relevées entre les profils Q-MEM d’enfants avec troubles d’apprentissage et d’enfants DT (Geurten et al., 2016). Ce questionnaire semble donc être un bon indicateur des difficultés de mémoire chez les enfants. Il a été rempli par les parents, seuls ou avec leur enfant, au moment

6 On parle de “far transfer” lorsque des effets sont observés dans d’autres contextes.

des pré-tests. Ce même questionnaire a été soumis aux parents lors des post-tests pour déterminer s’il y a un transfert des effets de l’entraînement dans la vie quotidienne.

Néanmoins, ce questionnaire ne sera pas analysé dans le cadre de cette recherche et pourra faire l’objet d’analyses ultérieures.