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Étiologie de l’asthme :

III. L’Asthme :

III.6. Étiologie de l’asthme :

11 III.5.2. Mortalité :

Encore de nos jours, l’asthme entraîne environ 250 000 décès par année et estimer à 5 000 cas par an en Algérie. Les décès se produisent de façon prépondérante chez les 65 ans et plus. Ils surviennent principalement lors d’épisode d’exacerbations engendrées par une infection respiratoire (NEW2016 GINA Report), ( Mahouachi et al. 1998).

III.5.3. Morbidité :

La morbidité réfère à l'impact socio-économique et le degré auquel la maladie nuit à la qualité de vie des malades (Boulet). Les données disponibles suggèrent que la morbidité de l'asthme est aussi en augmentation si l'on considère le taux d'hospitalisation pour l'asthme et les différents symptômes indicateurs de la sévérité de l'asthme (Beasley 2002). Cette augmentation de la morbidité de l'asthme apparaît comme étant conséquente à de mauvais diagnostics, qui pourraient être dus à un laps de temps trop long avant une consultation médical, à des traitements inadaptés aux patients (Global burden of asthma 2004). À l’échelle nationale, la dernière enquête de TAHINA qui a été réalisé en 2007 par l’institut national de la santé publique INSP révèle que les maladies respiratoires occupent la 2e place des causes de morbidité (11,65%) et la première cause des motifs de consultation (25,33%). Ils l’ont classé au 3e rang des maladies chroniques après l’HTA et le diabète en Algérie (Projet TAHINA. 2007).

III.6. Étiologie de l’asthme :

L’asthme atopique est une maladie multifactorielle résultant de l’interaction des éléments génétiques (terrain atopique) et des éléments liés à l’environnement : les allergènes, les infections virales et bactériennes, l’effort, l’inhalation d’air froid et sec, les polluants. Le dysfonctionnement du système nerveux autonome, mais aussi la réponse immunitaire locale concourent au développement de la réaction inflammatoire bronchique, qui est présente lors de la crise d’asthme(Tillie-Leblond et al. 2004). La crise d’asthme se décompose en trois mécanismes associés qui sont :

o Une obstruction bronchique due aux spasmes des muscles lisses bronchiques, o Une hyperactivité bronchique,

12 III.6.1. Les facteurs de risque :

Les facteurs de risque intervenant dans le développement de l’asthme pourraient être classifiés en deux grandes catégories : les facteurs prédisposant et les facteurs environnementaux (National Heart Lung and Blood Institute 1996). Les facteurs environnementaux peuvent être encore subdivisés en causaux et favorisants. D’autres facteurs de risque interviennent dans les exacerbations de l’asthme et sont très souvent indiqués comme déclencheurs ou « Triggers ».

Cette catégorie comprend les facteurs génétiques, l’atopie, l’hyperactivité bronchique, le sexe et l’appartenance ethnique.

III.6.1.1. Prédisposition génétique :

Plusieurs preuves indiquent que l'asthme est une maladie héréditaire. Il est plus fréquent dans certaines familles par rapport à d’autres. Depuis longtemps la comparaison de la prévalence de l’asthme chez les personnes ayant de lien de parenté avec de personnes atteintes (13%) et chez les personnes ayant de lien de parenté avec des personnes non atteintes (4%), a permis de montrer qu’il existe une concentration familiale de l’asthme (Schwartz 1952), (Sibbald et al. 1980), (Holgate 2004).

Des études portant sur des jumeaux ont démontré que les taux de concordance de l’asthme, de l’eczéma et de la rhinite allergique sont substantiellement plus élevés chez les vrais jumeaux que chez les faux jumeaux, suggérant ainsi une forte contribution génétique (Holloway et al. 1999), (Wiesch et al. 1999).

Cepandant, le mécanisme précis de transmission héréditaire de l’affectionest est mal connu. Ceci rapporte de l’eau au moulin de la thèse qui veut que l’asthme soit une affection multifactorielle, dans laquelle, outre la composante génétique, d’autres facteurs interviennent également. Diverses études indiquent que de multiples gènes sont impliqués dans la pathogenèse de l’asthme (Wiesch et al. 1999).

III.6.1.2. Sexe et Âge :

Le jeune âge, constitue un facteur de risque : le nourrisson est vraisemblablement plus à risque par son immaturité physiologique, qu’elle soit anatomique (étroitesse des voies aériennes rendant le syndrome obstructif plus important) ou immunologique (immaturité des défenses de l’appareil respiratoire). Le risque d’asthme est plus élevé chez les garçons durant l’enfance. La

13 différence entre les sexes disparaît après l’âge de 10 ans (de Marco et al. 2000). Après la période de la puberté, le risque d’asthme devient plus élevé chez les femmes (de 2 à 5 fois plus élevé chez les femmes par rapport aux hommes dans les différents pays d’études) (Choi 2011). Cette différence persiste au cours de la vie adulte. Le calibre des voies aériennes respiratoires (plus étroite chez les garçons dans l’enfance et changeants à l’adolescence) ainsi que des facteurs hormonaux intervenant au cours de la puberté semblent jouer un rôle important dans la variation du risque d’asthme selon l’âge chez les hommes et les femmes (Choi 2011).

III.6.1.3. L’Origine ethnique :

On ne peut dire que l’origine ethnique soit un facteur de risque de développement de l’asthme. La majorité des données indiquent que ce sont les conditions socioéconomiques, environnementales (exposition aux allergènes) et le mode de vie (facteurs diététiques), qui sont en premier lieu responsables de la différence apparente dans la prévalence de l’asthme entre les individus de différentes origines ethniques (National Heart Lung and Blood Institute 1996).

III.6.1.4. Facteurs environnementaux :

Certains allergènes et produits irritants ou sensibilisants ont été depuis longtemps considérés comme les principales causes de l’asthme, en entendant pour cela leur capacité d’influencer la susceptibilité de développer l’asthme chez les personnes prédisposées (déjà sensibilisées), et d’aggraver l’asthme ou de conduire à la persistance des symptômes chez les asthmatiques. Les facteurs environnementaux peuvent, sur base de leur action, être subdivisés en trois groupes principaux : les facteurs sensibilisants : les allergènes de l’habitat, les allergènes d’extérieur (pollen), les sensibilisants professionnels. Les facteurs irritants : la fumée de tabac, les polluants atmosphériques, les produits chimiques, les infections respiratoires, style de vie (alimentation). Les déclencheurs (triggers) : l’exercice physique, le climat, les aliments, le stress.

III.6.1.4.1. Les facteurs sensibilisants :

o Les allergènes de l’habitat : la quantité des allergènes au niveau de l’habitat a fortement augmenté surtout dans les pays industrialisés du fait de l’augmentation de l’humidité relative, du confinement des animaux familiers, de la meilleure isolation de l’habitat liée aux économies d’énergie. La captation et la concentration des polluants favorise la prolifération de toute une série d’organismes comme les acariens, cafards, autres insectes,

14 champignons, bactéries (Hirsch et al. 2000). Une mauvaise mise en œuvre de l’isolation engendrerait ces problèmes d’humidité au niveau des parois et d’autre part, du manque d’aération et de ventilation des logements gardant l’humidité produite par les habitants (douches, cuisine, respiration) à l’intérieur des locaux.

Les acariens : les acariens sont des parasites microscopiques qui se développent dans les endroits chauds et humides (literie, moquette) et qui peuvent provoquer des manifestations cutanées (eczéma). La poussière de maison, contenant des acariens, est l’allergène intérieur le plus important. Plusieurs études réalisées dans différents pays ont montré que les acariens associés à la poussière étaient les allergènes d’intérieur les plus couramment associés à l’asthme (Vidal et al. 2016). Cependant, une exposition précoce à ce type d’allergène constitue un facteur de risque du développement de la sensibilisation à l’allergène, mais pas nécessairement au développement de l’asthme.

Les animaux domestiques : les animaux domestiques à poils et à plume, émettent également des allergènes dans les sécrétions comme la salive, les excrétions (urine), les desquamations. Les allergènes de chats par exemple (constitués de protéines contenues dans les poils, la salive, les sécrétions sébacées, l’urine) sont des puissants sensibilisants des voies respiratoires. Il faut noté que l’exposition précoce aux allergènes de chats semble diminuer le risque de développer l’asthme chez un enfant (Liccardi et al. 2005).

Moisissures : de nombreuses moisissures contiennent des allergènes au niveau des spores, qui une fois dans les voies respiratoires peuvent provoquer l’asthme. Elles sont également associées à une fréquence plus élevée d’infections respiratoires et à une altération de la fonction pulmonaire (Brunekreef et al. 1989) et d’autres infections respiratoires. La chaleur et l’humidité relative élevées (au moins 75% d’humidité relative), propres aux habitations peu ventilées, le manque de lumière, favorisent la croissance des moisissures. Les moisissures se développent bien dans les systèmes de réfrigération et d’humidification de l’air et les systèmes de chauffage. Les allergènes les plus connus sont Aspergillus fumigatus, Penicillium ssp, Cladosporium sp. et Candida sp.

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Les blattes : Les cafards sont un autre facteur de risque d’asthme. L’association entre la présence et l’asthme pédiatrique est très forte (Custovic and Simpson 2004).

o Allergènes extérieurs :

Pollens et moisissures : les allergènes les plus communs et qui peuvent conduire à l’asthme chez les personnes prédisposées sont les pollens et les spores des moisissures. Parmi les moisissures d’extérieur, l’Alternaria alternata est un facteur de risque établi de l’asthme dans différentes populations (Canova et al. 2013). Les allergènes de pollen associés à l’asthme proviennent d’arbres tels que les oliviers, les cyprès, les noisetiers, de plantes graminées, de maises herbes. Il semble que les plantations trop uniformes et massives ainsi que l’introduction d’espèces diffusant des pollens très allergéniques, comme les bouleaux, aient augmenté les risques d’allergie pollinique (Institut Bruxellois de Gestion de l’Environnement. AIR 2001).appelé aussi pollinoses. En effet, le pollinose est une maladie saisonnière par définition, il existe globalement trois types de pollinoses correspondant aux trois saisons polliniques.

Médicaments : en dehors des vraies allergies médicamenteuses, les médicaments comme les anti-inflammatoires non stéroïdiens et l’aspirine peuvent constituer un facteur d’aggravation chez une minorité d’asthmatiques.

Les sensibilisants professionnels : on cite les facteurs les plus incriminés soit dans la survenue ou l’aggravation de l’asthme gtel que : les solvants et peintures, poussières de bois, amiante, pesticides, anhydrides d'acide.

III.6.1.4.2. Les facteurs irritants :

o Fumée de tabac : la fumée de tabac, source omniprésente d’irritants à l’intérieur des bâtiments, produit un mélange complexe de gaz de vapeurs et de particules. Plus de 4.500 composants ont été identifiés, parmi lesquels on peut citer les particules respirables, des hydrocarbones polycycliques, benzène, CO, CO2, NO2, NOx, nicotine, acroléine (National Heart Lung et Blood Institute. 1996).

16  Tabagisme passif : la fumée produite par des fumeurs environnants, ce que l’on appelle « fumée latérale » est plus toxique que la fumée inhalée par le fumeur ; elle est particulièrement irritante pour la muqueuse respiratoire, plusieurs études mettent(“Environmental tobacco smoke” 1997) clairement en évidence le rôle de la fumée de tabac dans l’augmentation du risque de développement de maladies des voies respiratoires inférieures in utero(Li et al. 2000), dans la prime enfance (Nafstad et al. 1997) et l’enfance (Ferrence and Ashley 2000). Peu de données sont disponibles sur l’effet de l’exposition à la fumée de tabac sur l’asthme chez l’adulte (Weiss et al. 1999).

Tabagisme actif : la fumée de cigarette peut augmenter la perméabilité de l’épithélium bronchique facilitant ainsi la pénétration des antigènes, Peu de données confirment le fait que le tabagisme actif soit un facteur de risque du développement de l’asthme. Cependant, le tabagisme actif pourrait contribuer à la sévérité de l’asthme, sans toutefois être la cause de son développement (Siroux et al. 2000). o Polluants atmosphérique : on entend par polluant atmosphérique toute substance

introduite directement ou indirectement par l’homme dans l’air ambiant, susceptible d’avoir des effets nocifs sur la santé ou sur l’environnement dans son ensemble (Institut Bruxellois de Gestion de l’Environnement. AIR 2001). Ils peuvent agir comme des facteurs irritants qui provoquent des crises d’asthme en particulier chez des asthmatiques sévères. Ils existent deux types principaux de pollution extérieure qui parfois peuvent coexisté (la pollution industrielle et pollution photochimique).

o Infections : les infections ont une relation complexe avec l’asthme. Elles ont été associées, selon les études à l’augmentation des infections respiratoires virales et à l’exposition aux microbes par la voie oro-fécale ou contamination de la nourriture du risque de développement de l’asthme. Pour les infection viarle nous citons le coronavirus, l’influenza, le parainfluenza, le virus respiratoire syncytial (VRS) et l’adénovirus (National Heart Lung and Blood Institute 1996). Pour les infections bactériennes chroniques nous citons particulièrement la Chlamydia pneumonie qui

17 semble jouer un rôle important dans le développement de l’asthme (National Heart Lung and Blood Institute 1996).

o Style de vie :

Alimentation : certains facteurs diététiques semblent être associés au développement de l’asthme. Ainsi la consommation de certains antioxydants (flavonoïdes) contenus dans les fruits riches en vitamine C, même à des niveaux bas, réduirait la survenue de l’asthme (Knekt et al. 2002).

Obésité : certaines études ont montré une corrélation entre un Indice de Masse corporelle (Body Mass Index) élevé et un risque plus important de développer l’asthme (Camargo et al. 1999), (Huang et al. 1999). De plus, chez les personnes obèses et asthmatiques, la perte de poids améliorerait la fonction pulmonaire (essentiellement la variabilité du débit expiratoire maximal (DEM), les symptômes, la morbidité et le statut de santé (Stenius-Aarniala et al. 2000).

III.6.1.4.3. Les déclencheurs (triggers) :

Certains facteurs de risque déclenchent les crises d’asthme ou l’aggravation des symptômes asthmatiques, en induisant une réaction allergique (inflammation, bronchoconstriction aiguë). Ces facteurs sont variables selon les personnes et le moment.

Les facteurs déclencheurs reconnus :

o L’exercice physique et l’hyperventilation (Clark and Cochrane 1999); o Les changements brusques de température, l’humidité, le froid ;

o L’exposition professionnelle à des produits chimiques (l’isocyanates) (Chan-Yeung 1995);

o L’exposition continue à des allergènes intérieurs en période pré- et postnatale, déjà considérée comme un facteur initiateur de l’atopie (Platts-Mills et al. 2003);

o Le stress ;

o La présence d’autres allergies (le plus souvent chez le nourrisson, il s’agit surtout d’une allergie au lait de vache).

18 III.6.1.5. Autres facteurs d’exacerbation de l’asthme :

La rhinite, la sinusite et les polypes nasaux sont parfois associés à l’asthme, et le traitement de ces conditions et très souvent associés à une amélioration de l’asthme (Rachelefsky et al. 1984). Toutefois, l’asthme et la sinusite peuvent simplement coexister. Le reflux gastro-oesophagien peut exacerber une hyperactivité préexistante, surtout chez les enfants, et parfois l’asthme s’améliore quand le reflux est correct (Harding et al. 2000).

III.6.1.6. Facteurs protecteurs :

Des études montrent que l’allaitement maternel a un effet protecteur contre le développement de l’asthme (Gdalevich et al. 2001). Néanmoins ces résultats demeurent controversés. Malgré les problèmes méthodologiques des études de cohorte et leur faible nombre, les résultats montrent que l’allaitement maternel a un effet protecteur significatif chez les enfants à haut risque (Le groupe des enfants à haut risque comprend les enfants à antécédents familiaux d’allergie) de 3 et 5 ans.