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Les différentes étapes du processus de prise de décision

Chapitre 3 : La prise de décision

1. La prise de décision

1.2. Les différentes étapes du processus de prise de décision

Le quotidien peut être perçu comme un enchainement de décisions. Ainsi, afin d’illustrer au mieux le nombre remarquable de facteurs pouvant influencer une prise de décision, il est plus facile de prendre l’exemple de situations du quotidien (Doya, 2008; Kennerley and Walton, 2011; Rangel et al., 2008). De ce fait, si on s’intéresse aux facteurs pouvant influencer le choix du lieu d’un déjeuner, il faut considérer une large variété de facteurs intrinsèques et extrinsèques pouvant influencer ce choix (Doya, 2008). En premier lieu, le sujet est amené à évaluer son état interne instantané, à savoir son état de satiété ou de soif. La décision de dépenser de l’énergie pour trouver de la nourriture sera de fait influencée par les besoins nutritifs de l’individu à un instant donné. En admettant que le sujet envisage de se nourrir, le choix concernant l’alimentation est alors influencé par ; 1) le niveau d’appétit et de satiété (quelle quantité devrais-je manger ?), 2) le type de nourriture envisagé (susceptible d’être influencé par les choix alimentaires récents), 3) l’objectif (dépenser peu d’argent, manger de plus faibles quantités/plus sainement,…), 4) les coûts « non-physiques » associés à chacune des options alimentaires (incertitude concernant la saveur de l’aliment, durée du délai précédent la réception de la nourriture, risques potentiels), 5) les coûts physiques (quantité d’énergie à dépenser en vue d’obtenir la nourriture). Bien que la prise de décision semble être un processus bien organisé, il est important de mentionner le caractère variable d’un choix. En effet, une décision prise un jour donné peut être considérablement différente de la décision prise un autre jour, et ce du fait de la variabilité des besoins et des objectifs ainsi que de la mémoire des décisions

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passées. Au regard du nombre considérable de paramètres pouvant affecter la prise de décision, il semble évident que les processus d’évaluation soient essentiels à l’établissement d’une prise de décision optimale (Kennerley and Walton, 2011).

Au cours des années 2000, certains chercheurs (Doya, 2008; Kennerley and Walton, 2011; Penner and Mizumori, 2012; Rangel and Hare, 2010; Rangel et al., 2008) ont tenté de fractionner de manière générale le processus de prise de décision afin de comprendre au mieux le déroulement des stratégies mises en œuvre par le sujet permettant la prise de décision. Autrement dit de diviser l’ensemble des processus évaluatifs en différents évènements permettant de donner une valeur subjective à chaque option, afin d’aboutir à une prise de décision optimale (Figure 14).

1.2.1 Intégration et Analyse des différents états

La première étape correspond à la représentation de la situation de choix. Dans un premier temps le cerveau intègre donc d’une part les différentes options et leurs paramètres

Figure 14:Diagramme représentant les différentes étapes du processus de prise de décision impliquant une analyse coût-bénéfice.

Face à un choix, la valeur subjective de chaque action est estimée grâce à l’intégration des coûts et récompenses potentiels de chacune des options. L’option associée à la valeur subjective la plus élevée est ensuite sélectionnée. Il s’en suit une comparaison entre le résultat obtenu et le résultat escompté. Enfin, l’apprentissage et la mémoire des conséquences de cette action vont permettre d’adapter l’estimation de la valeur subjective de chaque action lors de décision futures. Adapté de Fobbs and Mizumori 2014

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associés (coût nécessaire à leur réalisation, et bénéfices engendrés) et détermine d’autre part l’état interne immédiat et à venir du sujet (niveau de satiété, préférence, ...). En parallèle, le cerveau évalue les variables externes pouvant influencer la valeur de l’issue du choix (contexte, risque, probabilité, incertitude, délai, ...). Il s’opère donc une analyse coût- bénéfice de chacune des actions (Rangel et al., 2008).

1.2.2 Sélection d’une action en fonction de sa valeur subjective

Par la suite, le sujet assigne à chacune des potentielles actions réalisables une valeur subjective, indicatrice des avantages susceptibles de résulter de chaque action dans le but de prendre la décision la plus appropriée. L’estimation de ces valeurs se fait bien entendu en tenant compte de l’analyse 1) des bénéfices envisagés et coûts (physiques, temporels, émotionnels, …) devant être endurés pour obtenir le résultat et 2) des états internes et externes déterminés au préalable. Cette valeur, une fois déterminée, permet de distinguer ces différentes actions, de comparer et de délibérer afin de procéder à une sélection optimale (Rangel et al., 2008).

1.2.3 Evaluation du résultat

Une fois la décision prise, des signaux neuronaux associés aux conséquences de cette option sont intégrés. Il s’en suit alors une comparaison entre le résultat obtenu à celui envisagé initialement. Dans l’éventualité où le résultat escompté ne correspondrait pas au résultat obtenu, un signal d’erreur permettant de modifier et réajuster la valeur de l’alternative est alors généré dans le but de garantir une adaptation des choix futurs. (Floresco et al., 2008a; Rangel and Hare, 2010; Rangel et al., 2008).

1.2.4 Apprentissage

Enfin, les processus d’apprentissage et de mémoire sont requis dans le but d’adapter la planification des stratégies futures et d’améliorer la représentation et l’estimation des valeurs lors des prochaines prises de décisions. A titre d’exemple, si l’on considère la probabilité d’obtenir une récompense à la suite d’une action comme étant faible, mais que

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celle-ci est tout de même obtenue, la valeur subjective attribuée à cette action sera de fait revue à la hausse lors des décisions futures. A l’inverse, si une action associée à une récompense de plus forte probabilité n’aboutit pas, les attentes futures concernant la valeur de cette action seront revues à la baisse. Cette étape d’apprentissage est donc à terme, une étape cruciale permettant au sujet, par une boucle de rétroaction, de moduler et d’adapter ses actions à venir en fonction des conséquences des décisions passées (Rushworth et al., 2009).

1.2.5 Résumé

Un tel séquençage du processus de prise de décision ne peut être considéré comme étant stable. En effet, la prise de décision étant un processus dynamique, chacune de ces étapes reste modulable (Doya, 2008; Fobbs and Mizumori, 2014; Kennerley and Walton, 2011; Penner and Mizumori, 2012; Rangel et al., 2008). Néanmoins, il est admis que lors d’une prise de décision, l’individu est confronté à chacune de ces situations et donc que les fondements essentiels à la prise de décision restent identiques. Ainsi, prendre une décision implique à la fois 1) un examen des conséquences futures (évaluation des bénéfices et inconvénients en vue d’estimer la valeur subjective de l’action), mais également 2) un examen réfléchi des conséquences antérieures. Chacun de ces facteurs devant également être intégré à d’autres facteurs environnementaux et motivationnels afin d’exécuter ou d’inhiber le comportement (Orsini et al., 2015). Au regard de ces différents éléments, il semble donc que la prise de décision nécessitant une analyse coût-bénéfice corresponde à un processus adaptatif fondamental permettant l’intégration d’une multitude de fonctions cognitives et exécutives telles que l’apprentissage, la mémoire, la motivation, ainsi que la planification et que l’initiation du comportement (Ernst and Paulus, 2005; Fellows, 2004; Rangel et al., 2008).