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L’ ÉQUIPEMENT DES USINES NÉCESSAIRES À SON BON FONCTIONNEMENT Les usines de la SEG disposent de tout l’équipement dont elles ont besoin pour

A/ Des usines au service de la fabrication des appareils

A.3/ L’ ÉQUIPEMENT DES USINES NÉCESSAIRES À SON BON FONCTIONNEMENT Les usines de la SEG disposent de tout l’équipement dont elles ont besoin pour

fonctionner : une station électrique pour l’utilisation des machines automatiques par exemple, une chaufferie, un garage, de nombreux hangars de stockage. Ces bâtiments sont toutefois séparés des ateliers et se situent le plus au nord de la cité Elgé.

59 Jacques Aumont et Michel Marie, Dictionnaire théorique et critique du cinéma, Paris, Armand Colin, 2008.

Fig. 29: Bâtiments des services de tôlerie (n°2- 3), chaufferie (n°27), menuiserie (n°30), garage (n°32), hangars (n°31,47,47 A-B) agrandis sur le plan de visite, 1927

Dirigeons-nous vers la partie nord et plus isolée des usines où se trouvent les services de

tôlerie, la chaufferie, le garage, les hangars, la première station électrique ainsi qu’un

dépôt des celluloïds et le dépôt d’essence [Fig. 29]. Ces derniers ont besoin d’être isolés pour des raisons de sécurité. Le fonds des fiches du personnel nous fait part de cinq employés dans les garages : deux à l’entretien des voitures, un coursier, un électricien et une employée aux écritures.

Les usines et studios sont aussi dotés d’une station à vapeur qui comporte un groupe de générateurs capables d’une production de 1000 kgs de vapeur à l’heure. Cette station permet de transformer l’eau en vapeur grâce au charbon pour divers usages, allant du chauffage central à l’industrie.

Dès 1905, le groupe électrogène possède une puissance de 16.500 watts. Ceci va permettre, selon les brochures publicitaires de la firme, d’alimenter les machines de différentes puissances qui commandent chacune une génératrice électrique et donnent au total un millier de chevaux environ. Ainsi, cette station vapeur, ou chaufferie [Fig. 30], sert aux besoins industriels divers de l’usine et au chauffage des ateliers, des bureaux, des théâtres et des dépendances. Ce service emploie dix-huit personnes dont six « chauffeurs ». Ce personnel est spécialisé dans le domaine de la chaufferie et des machines qui s’y réfèrent, s’occupant du fonctionnement de la chaudière. Les autres ouvriers qui composent cette équipe sont des aides (chauffeurs, monteurs ou chaudronnier) et au nombre de dix. Le chef de service depuis février 1921, Louis Renard, est présent dans la firme depuis le 25 décembre 1906. Il avait 14 ans à son entrée et donc 37 ans en 1929.

Fig. 30: Photographie de la chaufferie, 1927, Cinémathèque Française, Fonds Louis Gaumont,

Accolé à la chaufferie, nous trouvons le service de tôlerie. En effet, la tôle a besoin d’être chauffée afin de faciliter sa maniabilité. Les usines de la SEG utilisent ce matériau pour la fabrication de ses appareils et machines car il est plus facile à entretenir que le fer ou le cuivre, plus léger à manier mais surtout il résiste à l’acide. La partie du service de la tôlerie, en rapport avec les tôliers-chaudronniers ou tôliers-ferblantiers, est dirigée par Léon Lasalle, chef d’équipe depuis 1914, il a alors 63 ans en 1929.

Certains bâtiments sont isolés pour éviter tout danger d’incendie dû à l’inflammabilité des celluloïds et de l’essence. Ils permettent aussi le bon fonctionnement du reste des usines avec une station électrique [Fig. 31] puissante reliée au réseau électrique parisien. L’industrie cinématographique de la fin des années 1920 utilise fortement l’électricité et cette branche s’élargit au point de créer des services électriques. Au vu de sa forte exploitation par les industriels du cinéma, elle « augmente aussi dans une large mesure les revenus des Compagnies d’électricité60 ». En revanche, la SEG possède aussi un courant alternatif ou

continu pour alimenter les arcs dans les studios :

La station électrique reçoit son énergie du réseau de la compagnie parisienne de distribution d’électricité sur lequel elle peut emprunter jusqu’à 1 000 kilowatts sous forme de courant alternatif diphasé à la tension de 12 300 volts. Installés avec les derniers perfectionnements, cette station est citée comme un modèle du genre ; elle comprend trois groupes de transformateurs composés chacun de deux transformateurs et d’une

60 Anonyme, « Le cinéma contribue à l’activité économique d’un pays », Les Spectacles : paraît tous les

vendredis, 17 avril 1931, p.12. Disponible sur http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k54743947/f14.item [dernière consultation : 21 mai 2018].

Fig. 31: Photographie de la station électrique centrale, 1927, Cinémathèque Française, Fonds Louis Gaumont

commutatrice. La disposition adoptée facilité le démarrage des groupes, assure leur bon fonctionnement aux charges très variables de leur service et leur mise en parallèle aisée, et permet enfin de réaliser une sensible économie de courant61 .

L’entretien électrique implique un service à part entière des usines de la SEG

composé de 27 employés exclusivement masculins. Nous ne le retrouvons pas sur le plan des ateliers de la Cité Elgé. Parmi eux, nous trouvons huit électriciens, neuf aides-électriciens, un monteur électrique, deux aides-monteurs, un comptable d’atelier, un opérateur des films parlants, un opérateur de projection. Le chef de ce service depuis avril 1924 est Fernand Mercier, né le 13 janvier 1880. Il a donc 44 ans en 1929. Il fait une apparition dans la firme dès 1898 comme ajusteur électrique pendant trois ans, part faire son service militaire en 1901 et revient dans l’entreprise en 1904. Sa fiche n’indique pas d’autre départ, ni son salaire à son retour.

Nous pouvons aussi comptabiliser quatre personnes au service nommé « montage

électrique », un électricien, un ajusteur, une non professionnelle et un chef d’équipe. Georges

Bataille, chef d’équipe à 22 ans, en décembre 1927, reste jusqu’à la suppression de son emploi en juin 1931. Le montage électrique, d’après la Revue générale de l’électricité, concerne l’installation des fusibles, des disjoncteurs et de « tous les accessoires indispensables à la mise en marche normale d’une machine électrique62 ». Nous supposons que ce service

permet à la firme de s’assurer du bon fonctionnement des machines-outils utilisant l’électricité, la station électrique ainsi que les trois sous-stations qui distribuent l’électricité dans les différents ateliers le nécessitant.

Traversons la rue Carducci afin d’atteindre la fonderie [Fig. 32] – installée récemment puisque le plan de visite de 1927 indique « nouvelle fonderie ». Ce service permet de fondre et purifier les métaux qui seront utilisés dans la fabrication des appareils et des machines. Ainsi, les usines de la SEG reçoivent les matériaux bruts. Il se compose d’un fondeur et trois aides-fondeurs, de quatre mouleurs, d’un coquilleur et d’un ouvrier. Tous sont employés durant les années 1920 dont quatre en 1927. Le chef d’équipe de la fonderie est un dénommé Butin comme nous l’indiquent les fiches des ouvriers à sa charge. Malheureusement, la sienne n’apparaît pas dans le fonds, ce qui prouve le côté lacunaire des fiches. Le service de fonderie

61 Description des ateliers et des théâtres, 1929-1930, Cinémathèque française, Fonds Louis Gaumont, LG 077 B16.

62 Union technique de l’électricité, Revue générale de l’électricité, 7 juillet 1923, p. 346, disponible sur Gallica : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k6584460h/f344.image.r=%22montage%20%C3%A9lectrique %22?rk=85837;2 [dernière consultation : 25 avril 2019]

est relativement dangereux puisque tous ces employés ont connu au moins un arrêt (allant jusqu’à cinq dans le pire des cas) généralement pour des causes de brûlures.

Plusieurs magasins sont parsemés au sein des usines ainsi que des services de contrôle. Les bâtiments consacrés au contrôle et les magasins [Fig. 33] sont nombreux au sein de la cité Elgé. Un magasin se situe à côté du service de fraisage, les appareils terminés sont entreposés entre le service des pellicules et le laboratoire des produits chimiques, le dernier magasin se situe près de l’ajustage photo et d’un service de contrôle. Un deuxième bâtiment au centre des usines est consacré aux services de contrôle et de vérification des appareils. Un peu plus de 80 personnes y sont employées. Les fiches indiquent aussi la présence de six ajusteurs, sept employés aux écritures et des contrôleurs. Ces personnes sont, sans doutes, chargées de contrôler tout le matériel et les tirages effectués dans les usines. Plusieurs types de contrôle sont effectués au sein des usines, il faut contrôler les pièces et appareils construits. Les emplois de ce service ne sont pas toujours précisés, la mention « manœuvre » est alors inscrite, ceci pour vingt personnes. Des ajusteurs sont présents dans ce service en cas d’anomalies afin de rectifier les erreurs et de rajuster les appareils si nécessaire. Quant aux

Fig. 32: Bâtiment du service de fonderie (n°51), agrandi sur le plan de visite, 1927, Cinémathèque Française, Fonds Louis Gaumont

appareils prêts pour la location, ils sont déposés dans le bâtiments 21 bis, rue des alouettes. Cinq personnes – toutes des femmes – s’occupent de ce service à la fin des années 1920.

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