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2.4 L A COLLECTE DE DONNÉES

2.4.3 Épreuve de lecture émergente

La deuxième activité, d'une durée approximative de 25 minutes, est une activité de lecture émergente. Elle a pour but de cibler le niveau de représentation du système alphabétique de l'enfant au regard de l'interprétation de brèves phrases, voire de mots11.

2.4.3.1 Mise en situation de l'épreuve de lecture

L'adulte expérimentateur explique d'abord à l'élève qu'il s'intéresse à la manière dont les enfants parviennent à lire avant de commencer à apprendre à lire et à écrire à l'école en lui présentant la consigne suivante : «Tu m'as montré que tu savais plein de choses pour écrire. Maintenant, j'aimerais que tu me montres ce que tu sais qui est utile pour lire, d'accord? »

2.4.3.2 Choix des items et déroulement de l'épreuve de lecture

L'expérimentateur présente ensuite à l'enfant une série d'items, comportant des illustrations et un propos écrit, et le questionne au sujet de ce qu'il y voit. Chacun des items vise à observer des comportements associés aux différents niveaux de représentation du système alphabétique élaborés par Ferreiro. Afin d'y parvenir, les items ont été formulés de manière à contenir un « piège » lié aux représentations du système alphabétique. L'item 1 par exemple, comporte un piège de niveau présyllabique. Un enfant qui a atteint un niveau syllabique ou supérieur dans ses représentations de l'écrit ne s'y laissera pas prendre. Par contre, un enfant de niveau présyllabique y verra le lieu pour exprimer son raisonnement typique du niveau de représentation concerné. Ce sont ces « pièges », ainsi que les commentaires de l'enfant, qui permettent de voir où ce dernier en est dans ses représentations.

11 Inspirée par les travaux de Ferreiro et d'Oison, la construction de cette épreuve a été élaborée par Hélène

Makdissi avec la collaboration de Claudia Sanchez, pour les fins de la recherche élargie nommée en début de chapitre. Les illustrations ont été construites avec la collaboration de l'artiste Isabelle Masse.

Afin de rendre la lecture de la prochaine section plus fluide, les détails relatifs au choix de chacun des items et le déroulement de l'épreuve pour chacun d'eux sont présentés ensemble plutôt que dans deux sections distinctes.

Il est à noter que pour tous les items, l'expérimentateur débute son intervention avec des questions communes. Il demande d'abord à l'enfant de raconter ce qui se passe sur l'image afin de connaître son interprétation de l'illustration : « Regarde l'image. Dis-moi qu'est-ce qui se passe. » L'expérimentateur félicite l'enfant pour son interprétation puis le questionne au sujet de l'écrit présent sur l'item : «Wow, bravo. Peux-tu me dire où est l'écriture? » L'adulte le questionne ensuite afin de connaître la signification qu'il donne au texte: « Qu 'est-ce qui est écrit, tu penses? » L'adulte félicite l'enfant et lui demande ensuite de lire ce qui est écrit en suivant avec son doigt : « Wow, bravo. Montre-moi en lisant avec ton doigt, comme les grands de première année. » Cette question permet de faire plusieurs observations. Par exemple, est-ce que l'enfant lit de gauche à droite, est-ce qu'il associe un mot écrit à un mot oralisé, etc. Différentes questions sont ensuite posées à l'enfant selon chaque item.

I t e m l

Le **, attrape le SOUriCeOU

Choix de l'item

Le premier item représente un lion tenant un souriceau entre ses pattes. Ces animaux ont été choisis vu la différence entre leur physionomie et le nombre de syllabes qui compose leur nom. Le mot lion, bien que représentant un gros animal, est monosyllabique et requiert

donc peu de lettres. Souriceau, quant à lui, est un mot trisyllabique qui représente un tout petit animal. De plus, lion est écrit en petits caractères alors que le mot souriceau est écrit avec de grandes lettres. Le piège de cet item s'adresse aux enfants ayant une représentation présyllabique de notre système d'écriture. La plupart de ces enfants croiront que le plus petit mot représente le souriceau et que le plus gros signifie lion. Les enfants qui ont atteint un niveau syllabique se référant, entre autres, au nombre de syllabes entendues dans un mot, seront en mesure d'identifier la bonne graphie de chaque mot.

Déroulement de l'épreuve

Après avoir posé les questions commîmes à tous les items, l'adulte lit la phrase en la suivant du doigt. Il demande ensuite à l'enfant : « Peux-tu me montrer oit c'est écrit lion? Wow. Tu es bon, comment as-tu fait pour savoir? » puis répète ces deux questions pour le mot souriceau. Ces questions permettent de valider si l'enfant associe les caractéristiques physiques de la graphie des mots aux caractéristiques des objets qu'ils représentent. Elles permettent parfois aussi d'observer si la syntaxe lue et oralisée par l'adulte soutient l'enfant pour identifier le mot lion en début de phrase et le mot souriceau à la fin.

L'expérimentateur questionne ensuite l'enfant sur le nombre de mots qui compose l'énoncé : « Combien y a-t-il de mots écrits, tu penses? » Après avoir laissé l'enfant compter, il demande : « Peux-tu me montrer les mots que tu as comptés? » Ces questions permettent de voir ce que l'enfant considère comme étant un mot. Certains, par exemple, diront que les articles ne sont pas des mots puisqu'ils ne rencontrent pas le critère de quantité minimale qui, comme il a été mentionné précédemment, se situe souvent à trois marques graphiques. Pour les enfants qui présentent ce raisonnement, l'expérimentateur poursuit son questionnement en pointant un mot qui n'a pas été compté et demande : « Et ça? C'est quoi? » Si l'enfant ne répond pas ou dit ne pas savoir, l'expérimentateur demande : «Ce n 'est pas un mot ça? Explique-moi comment cela se fait? » Ces questions permettent de confirmer l'hypothèse de la quantité minimale de graphies.

Finalement, l'expérimentateur conclut l'entretien avec cette consigne : « Oh, on a beaucoup parlé et j ' a i une petite mémoire de souris! J'ai oublié la phrase que tu m'as lue! Voudrais-

tu me relire ce qui est écrit en suivant avec ton doigt pour que je me souvienne? » Cette question permet de voir si l'enfant change son interprétation de la phrase à la suite de la lecture de l'adulte et d'ainsi vérifier si l'écrit présente une certaine stabilité eu égard aux représentations de l'enfant.

Item 2