• Aucun résultat trouvé

2.4 L A COLLECTE DE DONNÉES

2.4.2 Épreuve d'écriture provisoire

La première activité réalisée avec l'élève en est une d'écriture provisoire d'une durée approximative de 10 minutes. Elle a pour but de cibler le niveau de représentation du système alphabétique de l'enfant en contexte d'écriture.

2.4.2.1 Mise en situation de l'épreuve d'écriture

L'adulte expérimentateur explique d'abord à l'élève qu'il s'intéresse à la manière dont les enfants écrivent avant de commencer à apprendre à lire et à écrire à l'école en lui présentant la consigne suivante : « J'aimerais bien que tu me montres comment les enfants de 5 ans (ou 6 ans selon le cas) font pour écrire. Je sais que c 'est difficile parce que tu n 'as pas encore appris à écrire. Mais je sais aussi que les enfants de 5 (ou 6) ans savent plein de

choses. Alors, je veux que tu me montres comment tu fais pour écrire. » L'expérimentateur s'assure que l'enfant est à l'aise avec la tâche et qu'il comprend qu'il n'a pas besoin d'écrire comme les adultes, mais bien à sa manière à lui.

2.4.2.2 Choix des items d'écriture

L'expérimentateur présente ensuite à l'élève un abécédaire incluant les lettres majuscules et minuscules de notre alphabet (voir annexe 1) ainsi que deux feuilles sur lesquelles on peut voir plusieurs cases de forme rectangulaire. La première case est réservée à l'écriture du prénom de l'enfant. Les cases suivantes contiennent à l'extrémité gauche des images d'animaux (en ordre : girafe, coq, éléphant, hippopotame, coccinelle). Ces animaux ont été sélectionnés en fonction de leurs caractéristiques physiques et des particularités inhérentes à leurs graphies (voir annexe 2) .

Girafe

Girafe est un mot bi ou trisyllabique selon la prononciation ([3i-Raf] ou [3i-Ra-f a]). Il peut poser problème aux enfants qui ont comme critère la quantité minimale de graphies. Comme une girafe est un grand animal au grand cou, certains enfants peuvent être portés à utiliser beaucoup de graphies pour écrire le mot. De plus, la première syllabe du mot correspond au nom d'une lettre existante, ley qui se prononce [3 i]. Les enfants en deçà du niveau alphabétique pourraient utiliser cette lettre pour représenter la première syllabe.

10 L'épreuve est presque entièrement tirée de Giasson (2003). Seules les illustrations ont été modifiées pour

tenter une mise à l'échelle de la grandeur et de la grosseur des animaux, sachant que cet aspect figuratif peut influencer les jeunes scripteurs du niveau présyllabique. De plus, l'illustration d'une coccinelle a été ajoutée.

Coq

Coq est un mot unisyllabique, ce qui posera un problème aux enfants ayant une représentation syllabique et pour qui la quantité minimale de graphies reste un critère important. Le fait que le son [k] soit répété deux fois complexifie également le traitement de ce mot pour certains enfants. Finalement, le son [D], que l'on nomme « o ouvert », est difficile à associer à la dénomination d'une des voyelles de l'abécédaire pour beaucoup d'enfants n'ayant pas atteint le niveau alphabétique de représentation du système alphabétique.

Éléphant

Éléphant est un mot trisyllabique. Les caractéristiques physiques de l'objet correspondent à la quantité de graphies du mot (l'éléphant est un grand animal et l'écriture du mot requiert un grand nombre de lettres). À l'instar de girafe, il commence par une syllabe dont le son correspond à la dénomination d'une lettre existante, le / qui se prononce [El], Finalement, sa graphie permet de voir si les enfants connaissent certaines régularités orthographiques du français (ph pour le son [f ], le son [â] qui peut s'écrire an ou en, par exemple).

Hippopotame

m

Hippopotame comporte 4 ou 5 syllabes selon la prononciation ( [ i - p 3 - p o - t a m ] ou [i- pD-pD-ta-mo]). C'est un mot composé de syllabes faciles à isoler et à identifier.

Toutefois, comme pour éléphant, la taille de l'animal représenté peut amener l'enfant à accroître la quantité de graphies ou à agrandir la taille des lettres produites.

Coccinelle

Coccinelle est un mot de 3 ou 4 syllabes selon la prononciation ( [ k D k - s i - n _ l ] o u [ k D k - si- ne- lo]). Certains enfants peuvent se fier à l'aspect physique de l'objet et utiliser un nombre limité de graphies pour écrire le mot coccinelle puisque l'insecte est petit ou écrire de minuscules lettres, sans considérer l'aspect sonore du mot pour déterminer la quantité de lettres à écrire.

Finalement, la dernière case sert à écrire une phrase que l'adulte dicte à l'enfant, soit « La girafe joue avec l'éléphant. » L'écriture de cette phrase permet d'observer plusieurs comportements de l'enfant par rapport à la langue écrite. Par exemple, s'il démontre une conscience de la permanence de l'écrit (un même mot s'écrit toujours de la même manière) ou la façon dont il segmente ses phrases (Sépare-t-il les mots? Écrit-il les articles? etc.)

2.4.2.3 Déroulement de l'épreuve d'écriture

L'expérimentateur demande d'abord à l'enfant d'écrire son prénom. Puis il lui demande de nommer chacun des animaux illustrés sur les feuilles. Cette question a pour but d'éviter toute confusion sur les noms des animaux, un enfant pouvant croire qu'il faut écrire poule plutôt que coq, par exemple. Si l'enfant ne nomme pas le bon animal, l'adulte intervient en nommant l'animal tout en s'assurant de ne pas insister sur aucun phonème ni sur aucune syllabe.

L'adulte demande ensuite à l'enfant d'écrire le nom des animaux à côté de chaque dessin. Il lui rappelle d'écrire le mot comme il croit qu'il s'écrit. Pendant que l'enfant émet ses

hypothèses sur la graphie des mots, l'adulte s'abstient d'intervenir ou de guider l'enfant. Il ne doit fournir aucune indication d'ordre syllabique ou phonémique. Toutefois, si l'enfant dit vouloir écrire une lettre ou un son, mais qu'il ne sait pas comment l'écrire, l'adulte peut lui apporter un certain soutien. Il le réfère à l'alphabet en lui faisant réciter la comptine tout en pointant avec lui les lettres sur l'abécédaire et en lui conseillant de prêter attention lorsqu'il entendra la lettre qu'il cherche. Si l'enfant ne trouve pas le son recherché, l'adulte nomme la ou les lettres qui le compose (Par exemple, un élève souhaite écrire le son [à] d'éléphant mais ne sait pas comment l'écrire et ne le trouve pas sur l'abécédaire. L'adulte lui dira : « Ça s'écrit A-N. »). Lorsque l'enfant sera retourné en classe, ces lettres seront soulignées afin de tenir compte de l'intervention de l'adulte lors de l'analyse des écritures de l'enfant. Le but de cette intervention est de s'assurer que l'enfant ne ressente pas un sentiment d'échec lors de la réalisation de l'activité. Il doit se sentir à l'aise même lorsqu'il n'est pas en mesure d'offrir une « réponse ».

Finalement, l'adulte demande à l'enfant d'inscrire dans la dernière case la phrase La girafe joue avec l'éléphant.

Au besoin, l'expérimentateur peut demander à l'enfant de lui lire ce qu'il a écrit en suivant avec son doigt et en lui donnant des explications au sujet de ce qu'il a écrit afin de mieux comprendre le raisonnement qui l'a incité à écrire un mot de telle façon. Le protocole suggère de d'abord féliciter l'enfant pour le travail accompli puis de le questionner sur les procédures qu'il a utilisées : « Wow! Comme tu es bon! Alors, qu 'est-ce que tu as écrit ici? Lis-moi en suivant avec ton doigt. » Lorsque les commentaires de l'enfant en cours de production permettent de déterminer son niveau de représentation du système alphabétique (certains enfants, par exemple, réfléchissent à voix haute tout au long de la production : « Girafe, [31- 3 i], j'entends un « j », [Ra, Ra- a], on dirait « a » comme Amélie, etc.), il n'est pas nécessaire de le questionner.