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L'analyse précédente va maintenant nous servir pour guider l'élaboration d'un modèle qui intègre à la fois la dégradation du stack et le prol de mission. Le but est donc d'avoir un modèle de l'évolution de la puissance fournie par le stack en fonction du temps et du courant P(I,t) qui s'adapte aux diérents cas d'utilisation du système.

1.1 Point de départ - l'équation de polarisation

Nous voulons aller vers un modèle qui inclut à la fois le prol de mission et la dégradation. Il est intéressant de choisir une base de travail incluant déjà l'un de ces deux critères, même de manière statique par rapport au temps. L'équation de polarisation semble donc un point de départ approprié car elle représente déjà la tension en fonction du courant. Il reste donc à inclure la dégradation qui se traduit, entre autres, par l'apparition de termes à dépendance temporelle dans l'équation. De plus, l'équation de polarisation traduit déjà un certain nombre de pertes se produisant dans le stack comme le montre la Figure48. Le modèle de dégradation est construit en partant de l'équation de polarisation d'une cellule puis adapté à l'échelle du stack.

Diérentes formalisations de l'équation de polarisation existent. Les notations et formu- lations proposées par [238] sont utilisées ici car elles orent l'avantage de distinguer les contributions de chacune des électrodes. L'idée principale est de partir de la modélisation usuelle des pertes se produisant dans le stack, de sélectionner les paramètres évoluant avec la dégradation lors d'un fonctionnement de longue durée et de les remplacer par des expressions dépendantes du temps.

L'équation de polarisation modélise les pertes qui impactent la tension cellule réversible Erev, aussi connue sous le nom de tension de Nernst. Il s'agit de la tension qui serait

obtenue si toute l'énergie libre de Gibbs était convertie en électricité sans aucune perte. Les pertes se divisent en quatre catégories :

1. les pertes d'activation (Eact),

2. les pertes de concentration (Econc),

3. les pertes ohmiques (Eohm),

4. et les pertes de crossover (Ecross).

La combinaison de ces pertes impacte la tension, cependant chacune a sa zone de pré- dominance en fonction de la densité de courant comme on peut le voir sur la Figure48. L'équation de polarisation est donnée par :

E = Erev− Econc+cross− Eohm− Eact (25)

Les pertes de concentration et de crossover sont rassemblées dans un seul terme. Ce modèle global ne montre pas encore la contribution de chacune des électrodes et peut

être ré-écrit :

E = Erev − Econc+cross,a − Econc+cross,c − Eohm − Eact,a − Eact,c (26)

où l'indice a signie anode et c cathode.

Comme l'hydrogène pur se diuse mieux que l'oxygène dans l'azote et l'eau, les pertes de concentration à l'anode peuvent être négligées. L'équation devient :

E = Erev− Eact,a− Eact,c− Econc+cross,c− Eohm (27) Ideal performance Fuel Crossover Losses Ohmic Losses Prevalence Activation  Losses Prevalence Concentration  Losses Prevalence  (Mass transport) Current density (A/cm²) Cell  vo lt ag e  (V)

Figure 48  Représentation des diérentes pertes sur la courbe de polarisation En remplaçant chaque perte par son expression, l'équation de polarisation est maintenant écrite en fonction de la densité de courant i [238] :

E(i) = Erev− RT 2αaF .ln(iloss+ i i0,a ) − RT 4αcF .ln(iloss+ i i0,c )

− i.(Rion+ Rele+ Rcr) + Bc.ln(1 −

i imax,c

) (28) avec :

- R, la constante des gas partfait égale à 8.3145 J.mol−1.K−1,

- T , la température du stack, supposée constante dans notre travail, - αa et αc, les coecients de transfert de charge à l'anode et à la cathode,

- F , la constante de Faraday, égale à 96 485 C.mol−1,

- iloss, les courants internes. Ici on suppose qu'ils peuvent être assimilés au courant de

crossover d'hydrogène et qu'il n'y a pas de courant causé par un court-circuit de la mem- brane,

- i0,a et i0,c, les densités de courant d'échange à chaque électrode,

- Rion, Rele et Rcr, respectivement les résistances ionique, électrique et de contact,

- Bc, un paramètre empirique permettant de prendre en compte les eets des accumula-

tions de gaz et d'eau conduisant à des densités de courant non-uniforme à la cathode,

- imax,c, le courant limitant à la cathode. C'est la valeur asymptotique du courant pour

On voit cependant que le temps n'apparaît nul part dans l'équation, empêchant toute utilisation pour décrire le comportement temporel. Nous allons maintenant l'introduire en remplaçant certains paramètres.

1.2 Introduction de la dégradation

Pour sélectionner les paramètres évoluant sous l'eet de la dégradation, nous propo- sons d'abord de classer toutes les paramètres apparaissant dans l'équation (28) en trois catégories :

1. constantes : R, F ,

2. contrôlées : T , Erev, i0,a, i0,c, (ces 3 dernières dépendent de T et de la pression

[238]) et i. Notons que dans ce travail, à cause des hypothèses formulées plus tôt sur le contrôle des conditions opératoires, les quatre premiers paramètres auraient pu être considérés comme constants,

3. se dégradant : αa, αc, iloss, Rion, Rele, Rcr, Bc et imax,c.

Les paramètres classés dans les catégories constantes et contrôlées n'ont pas besoin de plus de justication. En revanche, certains autres méritent un peu plus d'explications. Les coecients de transfert de charge αa et αc dépendent, au moins, du matériau des

électrodes, de sa micro-structure et des mécanismes de réaction (oxydation ou réduction). La structure des électrodes et leur activité changent avec la dégradation. Il est donc lo- gique de supposer que le coecient de transfert de charge varie également. Cependant, la valeur de ce genre de coecient est souvent réglée pour que le modèle s'ajuste aux don- nées et n'est pas forcément proche de sa valeur réelle. Il est également quasi-impossible à mesurer. A cause de ces lacunes, il ne semble pas possible de savoir comment αaet αc

vont varier dans le temps. Nous les garderons donc xes.

Ensuite, sur la base de la revue de littérature mais surtout sur celle de son analyse, des modélisations de chaque paramètre peuvent être proposées.

.Crossover d'hydrogène. D'abord, concernant iloss, nous l'avons assimilé au courant

de crossover d'hydrogène. Diérentes options de modélisations sont disponibles. Cepen- dant, la modélisation qui semble la plus convenable ici est la forme exponentielle :

iloss(t) = iloss,0.exp(bloss.t) (29)

En eet, cette tendance ressort de la majorité des expérimentations reportées dans la littérature et les autres modèles n'ont pas encore été complètement validés jusqu'ici. .Résistances. Les prochains paramètres sont les résistances apparaissant dans le terme lié aux pertes ohmiques. Dans la formulation initiale, trois résistances sont distinguées : ionique, électronique et de contact. Comme les deux dernières sont diciles à étudier séparément, elles sont rassemblées dans une même variable R = Rele+ Rcr. D'après les

mesures reportées dans diérentes études, leur dégradation peut se dénir par :

Concernant la résistance ionique liée à la membrane, des résultats publiés récemment dans [40] montrent que la conductivité tout comme l'absorption d'eau et la capacité d'échange des ions, pour des morceaux de membranes en diérents Naon, décroissent exponentiellement en fonction du temps. Ceci est conrmé par certaines études, dont [113], montrant une augmentation exponentielle de la résistance (proportionnelle à la conductivité) de la membrane :

Rion(t) = Rion,0.exp(bion.t) (31)

Bien que cette expression suppose que seul le temps inuence la conductivité et pas la contamination ou les changement de répartition d'eau, cette hypothèse est gardée pour la suite.

. Coecient empirique Bc. Enn, les deux variables des pertes d'activation doivent

être considérées. Comme mentionné précédemment, Bc permet de prendre en compte

les eets des accumulations de gas et d'eau conduisant à des densités de courant non- uniformes à l'électrode. Tant la dégradation que les évènements en cours de fonctionne- ment peuvent aecter ces accumulations et inuer sur la valeur de Bc. La dégradation des

GDL, en particulier la perte d'hydrophobicité, impacte fortement la diusion, mais aussi la teneur en eau, ainsi que sa distribution et son accumulation dans le compartiment de l'électrode. Cela doit se traduire par une augmentation de la valeur de Bc lors de la

dégradation. Cependant, les distributions de gaz et d'eau sont également modiées par les phénomènes réversibles changeant une nouvelle fois la valeur de Bc. La modélisation

proposée est la suivante :

Bc(t) = Bc,0+ bB.t (32)

. Densité de courant limitante. Selon [178], la densité de courant limitante à la cathode peut s'écrire :

imax,c = 4F RT  DO2 LGDL  PO2 (33)

où DO2 est la diusivité de l'oxygène, PO2 la pression de l'oxygène à la cathode et LGDL l'épaisseur de la GDL. Dans cette expression, l'épaisseur de la GDL peut changer avec la corrosion du carbone et la diusivité peut être inuencée par la dégradation et les phénomènes réversibles. Étant donné que l'épaisseur de la GDL ne devrait pas varier de plus de quelques µm, on fait le choix de ne pas modéliser sa décroissance. Par contre, pour DO2 on adopte le même type de modèle que pour Bc :

DO2(t) = DO2,j+ bD.t (34)

Les équations (32) et (34) sont diciles à justier d'un point de vue physique. Les expressions linéaires sont inspirées des résultats présentés en PartieII.

.Perte de surface active. Une dernière chose à faire est de remplacer la valeur de la densité de courant par une fonction du courant imposé au stack I :

i(t) = I(t)

0 200 400 600 800 1000 1200 1400 1600 1800 2000 0 10 20 30 40 50 60 70 80 Time E C S A

2 exponentials - Liu and Case (2006) at constant current 1 exponential - Liu and Case (2006) at constant current Data from Liu and Case (2006) at constant current 2 exponentials - Liu and Case (2006) at cyclic current 1 exponential - Liu and Case (2006) at cyclic current Data from Liu and Case (2006) at cyclic current Data from Mathias et al (2005) at constant current 1 exponential - Mathias et al (2005) at constant current 2 exponentials - Mathias et al (2005) at constant current

Figure 49  Modélisation exponentielle de la dégradation de la surface active avec des exemples tirés de [161,171]

où A(t) est la surface active de l'électrode qui décroît dans le temps avec une forme exponentielle. En extrayant quelques données de dégradation de la littérature, on s'aper- çoit qu'une exponentielle simple ne sut pas à décrire correctement la dégradation (Fi- gure49). Par conséquent, l'expression suivante est utilisée :

A(t) = A0.exp(bA1.t) + A1.exp(bA2.t) (36)

Avec A0 égale à la surface géométrique théorique de la surface active et A1 contenu dans

[−1%, 1%]pour reéter une erreur possible sur la surface réelle. Cette expression n'est pas totalement justiée mais elle semble aller dans le même sens que le modèle proposé dans [303].

.Hétérogénéité de dégradation des cellules. Le modèle décrit dans l'équation (28) n'est construit que pour une seule cellule. Il doit être multiplié par le nombre de cellules (n) pour obtenir la tension du stack. Cependant, nous avons vu que toutes les cellules ne se dégradent pas de la même façon dans le stack [21,213]. Par conséquent, l'expression classique Vstack = n.Vcell doit être modiée pour intégrer cette hétérogénéité. Comme

aucune étude ne permet de quantier cette hétérogénéité, après avoir multiplié par le courant pour avoir la puissance, un terme correctif noté p est introduit. L'équation devient

. Formulation du modèle de dégradation. L'expression nale de notre modèle de puissance intégrant le prol de mission et la dégradation est alors :

P (I, t) = n.I(t).[Erev−

RT 2αaF

.ln(

iloss,0.ebloss.t+A I(t)

0.ebA1.t+A1.ebA2.t i0,a ) − RT 4αcF .ln(iloss,0.e bloss.t+ I(t) A0.ebA1.t+A1.ebA2.t i0,c ) − I(t) A0.ebA1.t+ A1.ebA2.t .(Rion,0.ebion.t+ R0+ bR.t) + (Bc,j+ bB.t).ln(1 − I(t) A0.ebA1.t+A1.ebA2.t 4F RT D O2,j+bD.t LGDL  PO2 )] − p (38) Il est important de préciser que la dépendance des dégradations à l'amplitude du courant n'est pas explicitement écrite dans le modèle. En pratique, cela implique que les coe- cients conduisant les évolutions de certaines dégradations comme bloss, bR, etc. peuvent

évoluer dans le temps.

Pour la suite on regroupe les coecients du modèle dans deux groupes appelés Set 1 et 2, et décrit dans la Table16.

Table 16  Ensembles de paramètres Set 1 αa, αc, i0,a, i0,c, iloss,0, A1, Rion,0, R0,

Bc,0, DO2,0

Set 2 bloss, bA1, bA2, bion, bR, bB, bD, p

2 Extraction de la dégradation : pré-traitement des données