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Éléments récupérés dans les principaux modèles précédents

Fruit du croisement de pensées issues de la linguistique française et de réflexions menées dans un cadre de linguistique générale, le modèle développé ci-dessous marche dans les pas de la psychomécanique du langage de Guillaume, de la syntaxe de dépendance de Tesnière et des transformations de Harris ; la trace de ces modèles reste cependant discrète dans la mesure où le modèle présenté, s’il a été influencé par ceux-ci, n’a plus grand-chose à voir avec ces trois cadres de linguistique. Notre modèle emprunte

235 E.g. « Une unité de sens, qu’il s’agisse d’un monème ou d’une fonction, n’a de valeur signifiée que pour autant qu’elle est ressentie par l’auditeur comme résultant d’un choix du locuteur » (Martinet 1985 : 176, §7.8).

236 Cf. également Wilmet (2007 : 284).

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aujourd’hui beaucoup plus au(x) discours des membres de l’École de Bruxelles (Wilmet, Van Raemdonck) et au fonctionnalisme de Martinet. Avant de passer à la présentation du modèle proprement dite, il nous a donc semblé important de mentionner explicitement les principaux éléments récupérés – dont la liste ne saurait être exhaustive ; que ces auteurs acceptent à cet égard nos excuses –, à la fois par souci d’honnêteté scientifique mais également en guise d’hommage, l’emploi de ces données dans notre modèle étant là pour nous rappeler au quotidien d’où nous venons.

1. ÉLÉMENTS (NON) REPRIS AU MODÈLE BRUXELLOIS

À l’École de Bruxelles, d’abord, nous avons repris beaucoup de la terminologie et des notions érigées chez Wilmet puis chez Van Raemdonck en principes organisationnels, comme la notion d’extension par exemple – qui entre en corrélation avec l’incidence guillaumienne – et son rapport à l’extensité238. Comme Wilmet, nous avons récupéré le critère de l’extension à des fins de codification des classes grammaticales : en effet, si nous ne suivons pas pleinement l’auteur sur sa façon d’indexer les termes dans la grille de classement des parties du discours, nous reprenons volontiers les paramètres qui conduisent à l’établissement et à la définition des classes nominale, verbale, etc. Cependant, nous ne nous accordons pas non plus avec Wilmet sur le nombre de classes grammaticales identifiées. Nous marchons en cela davantage dans les pas de Van Raemdonck, qui avait déjà proposé de définir les classes grammaticales à l’aide d’autres critères en plus de celui de l’extension : « le type de définition (notionnelle ou catégorielle) des mots, ainsi que le mécanisme prototypique de fonctionnement mis en œuvre par les mots » (Van Raemdonck 20111 : 430). Le « nom », par exemple, se voit ainsi défini, en langue, comme un mot d’extension directe/immédiate, de définition notionnelle et prototypiquement noyau d’un point de vue fonctionnel (ibid. : 63). L’« adjectif » est quant à lui un mot d’extension indirecte/médiate, de définition notionnelle et de fonction prototypiquement déterminant. Cette dernière précision revêt une importance capitale. Elle met au jour une autre donnée-clé que nous avons reprise aux membres de l’École de Bruxelles : la distinction entre la détermination et la

prédication.

Cette fois encore, l’exploitation de ces deux termes ne se fait pas de la même manière chez l’un comme chez l’autre. Wilmet, d’abord, fait de la détermination une fonction de portée restreinte au groupe (pro)nominal (cf. supra) ; de la prédication une fonction « héberge[ant] (1) le sujet, (2) le prédicat, (3) l’apposé, (4) l’apposition » (Wilmet 2013 : 61). Avec la complétive, elles forment les trois fonctions nécessaires pour la description syntaxique de n’importe quelle phrase française (Wilmet 2013 : 53). Mais de même que Van Raemdonck abandonnait déjà la fonction de complémentation, de même nous n’avons repris pour notre part que deux de ces trois fonctions, celles induites par les mécanismes de la détermination et de la prédication, que nous définissons dans les grandes lignes de la même façon que Van Raemdonck239. Pour rappel, ce dernier faisait de la détermination « le mécanisme fonctionnel par lequel un apport agit sur son support [qui forme donc un noyau], soit en réduisant son extension […], soit en indiquant son extensité […] » (20111 : 412) et de la prédication « le mécanisme fonctionnel par lequel un apport de sens est mis en relation avec son support [= noyau] sans en altérer

238 Lesquelles, en binôme, vont déterminer l’extensivité d’un groupe (nominal). 239 Cf. Introduction, § « Recherche fondamentale : 2. Modèle syntaxique suivi ».

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l’extension » (ibid. : 419). À la différence de Van Raemdonck (20111), nous avons choisi d’associer ces deux mécanismes fonctionnels aux différentes formes d’exercice de la

subordination. Ainsi, la relation d’un terme apport à un terme support par détermination

traduit pour nous la subordination (ou l’incidence) de ce terme apport au terme support avec, au passage, réduction sémantique du terme apport (soit du point de vue de son extension, soit de celle de son extensité), quand la prédication désigne le mécanisme de subordination d’un terme apport à un terme support sans atteinte portée au sens du noyau-support.

Les conséquences de cette modification, mineure en apparence, sont au nombre de deux. Premièrement, cette autre conception de la relation de subordination implique l’inexistence d’un troisième mode de liaison que serait la juxtaposition, et que défendent pourtant Wilmet et Van Raemdonck. D’après nous, soit il y a une relation d’incidence instaurée entre deux éléments, et un terme B est alors subordonné (par détermination ou par prédication) à un terme A ; soit aucune relation d’incidence n’est identifiée entre un terme A et un terme B et, dans le cas où ces termes sont quand même liés syntaxiquement, ils sont unis alors par le procédé de la coordination. Cette autre lecture des détermination et prédication implique deuxièmement l’absence de correspondance, en discours, entre l’extension et l’incidence (subordination) d’un terme. Partons d’un exemple comme l’adverbe. En vertu de la corrélation établie chez Van Raemdonck entre le mode d’accès à l’extension d’un terme et le lieu d’apport de sens de ce terme, l’auteur reconnait la propriété aux adverbes, d’extension doublement indirecte, de pourvoir porter sur une relation entre deux termes au lieu de porter directement sur un terme ; c’est un fait déjà observé à de multiples reprises dans ce mémoire d’habilitation.

Il existe des apports qui portent non pas sur un terme, mais sur une relation entre deux termes. On parle alors d’apport à une relation, caractéristique de la fonction déterminant de relation ou de celle de prédicat second de relation. C’est la fonction qu’endossent principalement les adverbes (ou GDAdv). (Van Raemdonck 20111 : 124)

Pour notre part, le principe même d’une incidence/subordination à une relation plutôt qu’à un terme semble étrange. C’est pourquoi nous avons préféré écarter de notre modèle la possibilité, pour un terme d’extension bimédiate, de porter sur une relation. Pour autant, comme nous le verrons ci-dessous, certaines de nos représentations syntaxiques présentent de tels cas. C’est parce que cette subordination formelle à une relation n’implique par l’extension bimédiate du groupe, mais elle traduit seulement la portée large d’un groupe incident… à un autre groupe. Autrement dit, l’incidence à la relation dans la représentation A ci-dessous n’est pas différente de celle illustrée en B : dans les deux cas, l’on a affaire à la subordination d’un terme/groupe (x) à un autre groupe (y), par opposition à sa subordination à un terme particulier (y’). Si nous avons conservé la formalisation graphique d’une incidence à une relation, donc, c’est dans le seul but d’alléger certaines de nos représentations.

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Cette différence n’a pas empêché la récupération d’autres éléments au modèle de l’École de Bruxelles, et plus précisément au modèle de syntaxe génétique de Van Raemdonck. Nous avons ainsi repris, pour l’essentiel, le principe du sujet comme noyau de phrase notamment, le prédicat étant alors subordonné au sujet ; la définition de la prédication comme, prototypiquement, la somme d’un noyau de phrase et d’un prédicat ; l’énoncé comme alliance d’une phrase et d’une énonciation ; la possible portée d’un groupe sur la composante énonciative d’un énoncé ; etc.

Parmi les éléments que nous n’avons pas souhaité reprendre figurent donc : la définition de la subordination ; la considération d’un troisième mode de liaison qu’est la

juxtaposition ; la classification et la représentation formelle des connecteurs, laquelle

donne lieu à un traitement différencié des prépositions et des conjonctions de subordination par exemple ; la considération de relations en attente d’effection et des compléments qui « glissent » ; plus largement, les représentations arborescentes en triangles, trop contraintes. Pour notre part, nous avons souhaité pouvoir bénéficier de formalisations plus libres. C’est en réponse à ce dernier inconvénient notamment que nous avons opté pour la récupération d’autres données, propres cette fois au fonctionnalisme de Martinet.

2. ÉLÉMENTS (NON) REPRIS À MARTINET

Le modèle de linguistique générale développé par Martinet offre en effet plusieurs atouts, parmi lesquels, à notre sens, ces trois-ci :

• l’explicitation du caractère plus ou moins obligatoire de certaines relations syntaxiques, rendu visuellement par un trait perpendiculaire à la relation syntaxique ;

Figure 57 – Marquage d’une relation de détermination obligatoire (Martinet 1979 : 1.19)

• la position des éléments nettement moins contrainte dans les visualisations syntaxiques ;

Figure 58 – Place des éléments déterminés moins contrainte dans les visualisations syntaxiques

• et la représentation des « fonctionnels » 240 matérialisant certaines connexions syntaxiques, principe que nous avons par ailleurs systématisé après l’avoir étendu à l’ensemble de la classe des connecteurs.

240 Martinet définit les fonctionnels comme « des monèmes ou des synthèmes qui marquent la nature particulière d’une détermination. […] dans la visualisation, ils sont placés, entre parenthèses, au milieu de la flèche qui marque le sens de la détermination » (1979 : 3.57).

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Figure 59 – Formalisation du fonctionnel pour (Martinet 1979 : 3.57)

Comme auparavant pour l’École de Bruxelles, il est en parallèle une série d’éléments que nous n’avons pas souhaité reprendre pour le développement de notre modèle. Il s’agit notamment, et à nouveau sans exhaustivité possible, (a) du verbe241 comme centre de l’énoncé ; (b) de la notation de l’apposition, phénomène qu’il n’y a pas lieu de distinguer d’après Van Raemdonck, d’une autre prédication seconde ;

Figure 60 – Apposition chez Martinet (1979 : 1.28)

et (c) de la représentation des modalités (au sens de Martinet) sur les schémas de phrase, objet de tensions entre la morphologie et la syntaxe242.

Figure 61 – Détermination du verbe par la modalité « futur » (Martinet 1979 : 1.21)

La monématique et la synthématique de Martinet invitaient en effet ce dernier à représenter graphiquement les modalités choisies, ce que n’ont jamais fait à l’inverse les acteurs de École de Bruxelles. Par facilité, nous avons fait le choix de ne pas inscrire pour le moment les modalités ou les traits morphologiques rencontrés dans une phrase sur les schémas syntaxiques. Nous souhaitons cependant conserver cette éventualité car nous voudrions évaluer cet apport dans le cadre d’une étude de linguistique générale. Or, cet examen nécessite au préalable un test d’application du modèle de syntaxe que nous tentons de développer à d’autres langues, si possible pas trop proches du français, afin (1) d’en mesurer la pertinence et (2) d’amender sans doute le modèle pour le rendre plus universel, à tout le moins applicable à beaucoup plus de langues.

(d) Nous n’avons pas davantage œuvré en faveur de la récupération de la notation des fonctions associées aux relations syntaxiques qu’exigeait Martinet comme le rappelle cette visualisation extraite de sa Grammaire fonctionnelle du français (1979 : 1.19), où

241 Que Martinet appelle « prédicat » (1979 : 1.21).

242 Et qui interroge inévitablement les limites de la subordination. C’est là un aspect du travail sur lequel, pour notre part, nous ne nous sommes pas encore arrêtée mais qui mérite cependant que nous l’étudions dans la perspective d’un croisement entre la morphologie et la syntaxe.

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« (obj.) » désigne la fonction objet et « (spatial) » fait référence au complément circonstanciel/de phrase de lieu.

Figure 62 – Expression des fonctions nécessaires dans une visualisation syntaxique (Martinet 1979 : 1.19)

3. NOS APPORTS POUR UN NOUVEAU MODÈLE

Aux éléments repris à Wilmet, Van Raemdonck et Martinet se greffent donc nos apports personnels pour le développement de notre modèle. Ceux-ci ont pour la plupart été expliqués déjà au fil de ce mémoire d’habilitation. Nous les reprenons donc ici sans les expliquer243 : il s’agit de la subordination redéfinie en termes d’incidence, du continuum d’intégration fonctionnelle à cinq saisies, de la redéfinition de la phase de linéarisation de l’énoncé et, partant, du croisement de la lecture thétique avec le système des voix, de la typologie des connecteurs organisée selon un double principe, morphologique et fonctionnel, du continuum relatif au degré d’obligation de réalisation des marqueurs lexicaux – pratique réservée aux seuls compléments/déterminants chez Martinet.

Cette série des principaux apports resterait incomplète sans la mention d’un dernier paramètre qui, s’il est plus récent ([34]) et n’a pas encore fait l’objet d’un développement ample au sein de ce mémoire d’habilitation, est crucial pour les représentations syntaxiques qui vont suivre. Il s’agit de la façon d’envisager les différents compléments en français.

Pour la définition de cet axe essentiel dans notre modèle, nous sommes partie de l’examen critique de la notion de « valence verbale » chère à Tesnière (1959) et de la distinction que l’auteur a posée entre les compléments verbaux qui constituent les

actants, et les compléments de phrase à l’origine des circonstants. Nous avons montré

dans [34] que la distinction actant vs circonstant peut faire sens en linguistique générale en ce qu’elle facilite éventuellement la compréhension, par la comparaison notamment, du fonctionnement de multiples langues. Cantonnée à la syntaxe française, par contre, la distinction actant vs circonstant perd selon nous de son utilité, tant la frontière entre ces deux types d’arguments est poreuse. Pourtant, aujourd’hui encore, la nécessité de séparer les actants des circonstants est rarement discutée en syntaxe. Cette opposition prend d’ailleurs souvent la forme d’un postulat, que le linguiste intéressé par la problématique de la valence verbale ne saurait refuser :

Quel que soit le cadre choisi pour une étude des fonctions, on est obligé de séparer les compléments de temps et de lieu entrant dans la valence ou le module d’un verbe des mêmes compléments couvrant l’ensemble de la phrase. (Feuillet 1980 : 26)

243 Nous renvoyons le lecteur aux parties 1, 2 et 3 de ce document de synthèse pour les commentaires afférents à ces apports.

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Herslund souligne à plusieurs reprises l’importance qu’il y a à différencier actants d’un côté et circonstants de l’autre, ce que je pense aussi, car si on abandonne cette distinction, la notion même

de valence devient floue. (Hobæk Haff 2013 : 189)

Plus généralement, les discussions rassemblées dans [34] sur le complément appelé récemment « adjet », nous a permis de voir que cette notion, dont l’essence même reste très discutée à ce jour, n’est pas forcément plus opérante en syntaxe synchronique si l’on souhaite décrire spécifiquement une langue comme le français. Nous avions dès lors posé la question de savoir s’il n’était pas préférable dans ce cas de privilégier la démarche suivante : (1) caractériser simplement les relations syntaxiques selon qu’elles sont obligatoires et facultatives, (2) procéder de même pour le marquage de ces relations syntaxiques et (3) prendre en considération le lieu d’incidence d’un groupe complément en contexte sur la base d’un test comme la portée de la négation (descriptive). Cette triple action nous a finalement invitée à systématiser le caractère (plus ou moins) obligatoire de toutes les relations syntaxiques comme nous l’avons proposé dans [a] pour les connecteurs, et à rejeter tout néologisme visant à comprendre, précisément et exclusivement, les compléments « essentiels de lieu/temps » de la grammaire scolaire contemporaine, baptisés par certains « adjet » (pour la tradition française : Feuillet 1978, 1980, 2006 ; Lazard 1994 ; Rotaexte 1998 ; Christol 1998 ; pour l’École scandinave : Herslund 1994, 2006 ; Herslund & Sørensen 1994 ; Nølke 1994 ; Hobæk Haff 2013) voire « adstant » (Lazard 1999). Cette proposition a révélé un intérêt moindre pour la valence verbale à proprement parler que pour les relations qui s’instaurent dans la phrase dans un contexte donné. C’est donc une syntaxe contextuelle que nous avons défendue dans [34], moins lexicalisée et/ou sémantisée, avec indication du caractère (plus ou moins) requis244 – mais pas régi, au sens de Lazard (1999) – des groupes dits

compléments dans la phrase.

Dans cette optique, Je suis heureux et Je pars à Paris ont reçu la même analyse syntaxique, à savoir « Noyau de phrase + Prédicat, formé d’un noyau verbal et d’un déterminant du verbe ». Les deux phrases se différencient néanmoins au niveau du marquage relationnel : si l’obligation de ne pas marquer lexicalement la relation du complément du verbe vers le noyau verbal l’emporte dans Je suis heureux, le recours à une préposition (à, dans ce cas-ci) est dit obligatoire dans le deuxième exemple. De même, les phrases J’habite Paris et J’habite à Paris ont reçu une analyse syntaxique identique : « Noyau de phrase + Prédicat (noyau verbal + déterminant du verbe) ». Les deux compléments, « à Paris » et « Paris », diffèrent cependant par leur marquage : la relation est marquée par une préposition dans le cas de « à Paris », quand elle ne donne à voir aucun marqueur dans la phrase « J’habite Paris ». Partant, c’est l’absence de marqueur qui caractérise le tour J’habite Paris. Dans J’habite à Paris, par contre, le marquage prépositionnel est contraint ; c’est ce que révèlent notamment les pronominalisations différentes de ces deux déterminants du verbe : J’habite Paris > Je

l’habite ; J’habite à Paris > J’y habite.

En regard de ces différentes observations, nous avions finalement proposé de remplacer l’opposition sémantico-syntaxique actant / circonstant par une syntaxe contextuelle des compléments • qui puise son eau dans le caractère plus ou moins obligatoire des compléments/déterminants (cf. le critère [+- requis] présenté par Lazard), • qui prenne en

244 Le caractère [+ requis] d’un groupe est révélé par son impossible suppression, laquelle entraine autrement ou l’agrammaticalité de la phrase ([+ requis] syntaxiquement), ou une modification du sens du verbe ([+ requis] sémantiquement) (par exemple : Il boit vs Il boit un verre d’eau).

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considération le lieu d’incidence du complément/déterminant, que révèle notamment le test de la négation, • qui tienne compte de la (non-)nécessité de marquer la relation syntaxique par un connecteur. En suivant cette logique, nous avons pu comparer les cartes d’identité des quelques compléments mis en gras dans les énoncés suivants, qui, comme on le voit, transcendent sans problème l’ensemble des compléments verbaux et de phrase, le même principe s’appliquant parfaitement aux déterminants nominaux par exemple (cf. phrase 4) :

1) C’est agréable.

9 agréable : [+ requis], [incidence au verbe], [marquage conditionné [- marqué]]. 2) Il parle à son voisin.

9 à son voisin : [- requis], [incidence au verbe], [marquage conditionné [+ marqué]]. 3) Nous allons à Mons :

9 à Mons : [+ requis], [incidence au verbe], [marquage conditionné [+ marqué]]. 4) Le petit chat dort.

9 le : [+ requis], [incidence au groupe noyau de phrase], [marquage conditionné [- marqué]]. 9 petit : [- requis], [incidence au noyau de phrase], [marquage conditionné [- marqué]]. 5) (Pendant) La nuit, tous les chats sont gris.

9 (Pendant) la nuit : [- requis], [incidence à la prédication], [marquage facultatif [+ marqué]]. 6) Après avoir diné, il est allé se coucher.

9 Après avoir diné : [- requis], [incidence à la prédication], [marquage conditionné [+ marqué]].

Ainsi, nous proposons d’identifier comme compléments tous les groupes subordonnés à un noyau (mot, groupe), peu importe la nature ou le lieu d’incidence du groupe subordonné. La caractérisation d’un complément s’opère alors en trois temps : elle passe d’abord par l’identification du caractère [+- requis] de ce complément, puis par celle de son lieu d’incidence [incidence à (…)] ; elle donne enfin des indications sur le marquage de la relation syntaxique instaurée : [marquage conditionné (négatif ou positif) / facultatif (négatif ou positif)].