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Chapitre 5. De CNPF à Medef : la dynamique du discours patronal

2. Éclairages contextuels

2.1. Nous, du parti de l'entreprise à l'Entreprise France

« Nous sommes le parti de l'entreprise. Notre rôle est de défendre la mission économique des entre- prises contre tout ce qui la menace et de promouvoir les entreprises auprès de tous ceux qui les ignorent », c'est par cette phrase qu'Yvon Gattaz, président du CNPF, ouvre l'assemblée générale du CNPF en 1981.

Locuteur collectif omniprésent, le cumul des occurrences de nous et des pronoms possessifs notre et

dans la majorité des cas d'un nous collectif inclusif en position de sujet. Le référent est rarement apposé, il est le plus souvent incertain : nous, (les) chefs d'entreprise(s) ne se rencontre que vingt- six fois, nous (les) entrepreneurs (de France) vingt-deux fois, nous Medef neuf fois, nous Français

deux fois, nous entreprises de France deux fois. Cette ambiguïté référentielle produit un effet d'homogénéité que la nomination des diverses instances de l'organisation patronale troublerait. C'est un nous à géométrie variable qui peut rassembler l'organisation tout entière, les participants à l'As- semblée générale, les permanents, les militants, les adhérents, les entrepreneurs, les salariés et au- delà tous les Français qui peuvent (doivent) adhérer au projet patronal.

« C'est à nous tous, entrepreneurs et salariés des entreprises de France que je m'adresse aujourd'hui. Et pas, pour une fois, principalement aux pouvoirs publics et à l'État. Car la réussite économique et sociale de la France, c'est nous tous qui l'accomplissons ensemble, et c'est pour cela que nous devons promouvoir ensemble, en acteurs et en partenaires de la société civile, un projet pour la réussite économique et sociale de notre pays. » (AG, 1998) C'est l'ensemble de tous ces nous « indistincts »142 qui donne sa force à l'organisation et lui permet de présenter ses idées sous le mode universel. Un nous englobant qui contrôle la cohésion idéolo- gique du groupe, que vient renforcer encore l'usage tout aussi massif des possessifs notre et nos. La légitimité du nous, donc sa permanence, est constamment réaffirmée par le rappel des choix com- muns antérieurs, d'où la répétition nécessaire des mots-valeurs partagés et les fréquents retours sur les activités passées. Ainsi, le rappel de l'événement fondateur du nous rassure sur les valeurs origi- nelles portées par le nous actuel :

« Mais, tous ensemble, par notre cohésion et notre combat au coude à coude, si bien symbolisés par notre rassem- blement fraternel et massif de Villepinte en décembre 1982, nous avons sauvé l'essentiel : l'image de l'entreprise dans la conscience des Français et l'esprit d'entreprise. Croyez-moi, ce n'est pas rien dans les valeurs d'une société. L'une des valeurs qui nous est la plus chère : l'entreprise privée, était jetée en pâture à l'opinion publique. Quatre ans après, tous ensemble, nous avons su retourner cette opinion à notre profit.

Beaucoup plus qu'une victoire du monde patronal, c'est un retournement historique de l'opinion publique tout en- tière. Mais la révolution culturelle que nous avons faite a eu une autre conséquence plus facile à mesurer. En prônant en permanence notre attachement à cette liberté d'entreprendre qui date de 1791, en lui donnant une dé- finition concrète, nous avons été les précurseurs du moins d'État. En luttant contre l'interventionnisme étatique sous toutes ses formes (rappelez-vous : "moins de charges, mais aussi moins d'aides"), en montrant la mécon- naissance totale de la réalité économique de nos gouvernants, en déstabilisant leurs idées reçues, nous avons, les premiers, contribué à l'éclosion des idées libérales. » (AG, 1985)

Les syntagmes verbaux les plus récurrents conduisent des énoncés normatifs et définitoires fermés à toute contradiction : nous avons rend compte de l'action passée (« nous avons développé quelques idées simples », « nous avons engagé la bataille de la flexibilité »), nous sommes énonce ce que le « nous » doit être (« nous sommes par nature des conquérants », « nous sommes, nous les entrepre- neurs, des démocrates et des républicains et nous ne sommes au service des ambitions politiques de personne, ni parti, ni leader », « nous sommes la France qui produit, la France qui emploie, la France qui investit, la France qui innove, la France qui risque, la France qui forme, la France qui veut, la France des jeunes, la France qui gagne », « nous sommes prêts à gérer avec les syndicats dans le cadre d'un paritarisme renouvelé, ce grand système de retraite couvrant tous les salariés du secteur privé »). D’autres syntagmes assignent les objectifs à atteindre, l'action à venir : nous vou-

lons (« nous voulons vraiment que les Medef territoriaux représentent l'entrepreneur, qu'ils influen-

cent, qu'ils communiquent et qu'ils s'imposent dans leur circonscription »), nous devons (« nous devons assurer en quelque sorte un service après vente de nos idées »), nous allons (« nous sommes une partie essentielle de la société civile et nous voulons faire en sorte que s'établisse ce partenariat entre ceux qui nous gouvernent et ceux qui produisent les biens et les services de notre pays. Nous allons nous faire entendre »), nous proposons (« tout ce que nous proposons sans relâche s'inscrit dans une Vision, s'enracine dans des Valeurs, suppose une Volonté »). Le recours aux verbes cons- tatifs est plus limité : nous savons (« nous savons qu'avec la mondialisation, l'euro et l'Internet, s'établir ailleurs, produire ailleurs, externaliser, délocaliser est une vraie tentation »), nous voyons

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(« nous voyons poindre la nouvelle refondation sociale, celle qui ouvre sur l'accord d'entreprise, conclu au plus près du terrain, au plus près de la réalité, au plus près de la diversité, au plus près de l'intérêt de chaque salarié »).

C'est le pronom on aux 677 occurrences bien réparties aussi qui prend en charge les phrases non assumées par le pronom nous, cette distanciation du locuteur objective le propos : « on ne peut faire de l'emploi sans croissance », « on n'a jamais réussi dans la vie en travaillant moins ». Par ailleurs,

on endosse aussi le rôle de qui n'est pas nous ; la plupart du temps, cet « Autre » est l'État ou le

gouvernement en place : « on multiplie les lois d'un autre âge », « on laisse bourgeonner les régle- mentations », « on nous a écoutés poliment », « rappelons-nous que l'écotaxe dont on nous a long- temps menacé n'avait pas pour but la protection de l'environnement, mais le financement des 35 heures, véritable tonneau des Danaïdes ».

À l'ensemble de ces nous effectifs, il faudrait ajouter certains de ceux résultant de la combinaison

je+vous prononcée dans les discours d'assemblée générale, et les je qui sont par fonction collectif :

« Chers amis entrepreneurs, je nous donne rendez-vous en décembre 1999 ».

Il faudrait ajouter aussi les occurrences de la forme entreprises sujet impersonnel en place du nous : « les entreprises ont le devoir d'avertir le gouvernement chaque fois qu'il prendra des décisions dan- gereuses pour la compétitivité, donc pour l'emploi » (AG, 1981).

L'environnement des possessifs notre et nos renseigne aussi sur la figure du nous portée par l'orga- nisation. Les syntagmes nos entreprises, notre action, nos organisations, nos structures surem- ployés avant 1998 donnent à voir un nous davantage centré sur l'espace économique et social de l'entreprise, nous signifie entreprise. Ceux en suremploi après 1998, notre pays, nos voisins, nos

valeurs, attestent d'un nous élargi à l'espace national, nous signifie France. Il ne s'agit pas d'une op-

position, les deux nous s'imbriquent tout naturellement comme l'illustre cette formule prononcée par Ernest-Antoine Seillière en clôture de l'assemblée générale de décembre 1997 : « Vive les entrepre- neurs et, puisqu'il s'agit à la fois de nous et d'elle, vive la France », mais plutôt d'une annexion des- tinée non pas à une mutation mais au renforcement du « nous » originel, c'est-à-dire du même groupe social : « Nous sommes le parti de l'entreprise », donc « Nous sommes les porte-parole de la France qui bouge, de la France qui en veut, de la France moderne, de la France ambitieuse, de la France conquérante ! » (AG, 2002)

2.2. Entreprise(s)

Occupant une place centrale dans le discours, entreprise, fonctionne le plus souvent en emploi abso- lu. Parfois, un adjectif en précise l'origine entreprises françaises (F=200), nos entreprises (F=150),

entreprises allemandes (F=16), européennes (F=15), étrangères (F=11), américaines (F=8), la taille grandes (F=32), petites (F=30), moyennes (F=15) entreprises (« Sur chacun des thèmes dont nous

nous occupons, nous nous sommes efforcés d'intégrer les problèmes spécifiques des petites et moyennes entreprises. Il reste beaucoup à faire et nous poursuivons nos efforts en 1999 »), ou au contraire insiste sur leur communauté toutes les entreprises (F=49). Les entreprises du CAC 40 et les entreprises multinationales n'apparaissent que cinq fois en tout. Le sigle PME, attesté 186 fois, surtout après 1998, occupe une place modeste dans le corpus comparé aux 4 039 occurrences du terme entreprise. Le Medef suggère la mise en place de « partenariats intelligents » entre les grands groupes et les PME. Les questions de création, d'aide et de développement des PME sont déléguées aux unions territoriales.

Dans son environnement contextuel circule la plupart des formes de base du vocabulaire économique :

compétitivité, liberté, efficacité, charges, dépenses, investissement(s), taux d'intérêt(s), marché(s), coût(s), contraintes, environnement, succès, etc. Fil rouge du discours, c'est par son entremise que

s'avance le corps de doctrine patronale marqué du martèlement des mêmes mots. Les exemples de la liste chronologique ci-dessous donnent une idée de la palette des argumentations livrées par l'organisa-

tion patronale pour « gagner la bataille des idées », afin de faire advenir, du local au global, le règne de l'entreprise :

« La vie et le développement de l'entreprise dépendent d'une condition impérative : sa compétitivité » (AG, 1981). « (…) présenter aux Français l'image vraie des entreprises, leur rôle dans la création de richesse et d'emplois, les conditions nécessaires à leur fonctionnement » (AG, 1982).

« Il faut donner la priorité absolue aux entreprises. Il n'y a pas d'autre issue pour notre pays. » (AG, 1983) « (…) c'est aussi la reconnaissance du rôle essentiel de l'entreprise dans le processus de formation » (AG 1984). « La flexibilité est une nécessité absolue pour les entreprises, qui correspond également aux aspirations des sala- riés. » (AG 1985)

« Nous avons au-delà des intérêts divergents qui peuvent traverser la communauté patronale à donner une identi- té commune aux entreprises françaises. » (AG, 1987)

« Par ailleurs, nous avons assez souvent répété que les entreprises françaises ne pourraient gagner seules et qu'il fallait aussi que l'Administration soit compétitive ; or, il nous semble que pour progresser elle doit s'inspirer plus largement des méthodes modernes de management des entreprises. » (AG, 1989)

« La compétitivité est une notion globale : il serait illusoire de croire que les entreprises réussiront seules, elles ont besoin d'un environnement lui-même compétitif par rapport aux autres pays, un environnement qui com- prenne et partage les fondements de leur action. » (AG, 1990)

« Pour un partenariat école et entreprise » (AG, 1991).

« Le gouvernement a raté l'occasion de redonner de l'oxygène aux entreprises. » (AG, 1992)

« L'entreprise citoyenne doit se porter vers eux. Elle dispose d'une solution qui est sa portée pour soulager la na- tion du fléau que représente le chômage : l'insertion professionnelle. Nous devons démontrer à nos concitoyens que même dans les moments les plus critiques, nous avons assez d'esprit civique, de volonté et de lucidité pour aider notre pays à traverser la mauvaise passe de la récession qui le frappe. » (AG, 1993)

« Il faut réduire la fracture sociale mais il faut aussi réduire la fracture entre le secteur privé concurrentiel et une partie du secteur public, car on ne peut avoir d'entreprises qui créent des richesses et des emplois dans un envi- ronnement public souvent inadapté à la réalité économique mondiale. » (AG, 1995)

« Vous avez fait du bon travail pour vos professions et pour la collectivité patronale. J'ose dire, même, du bon travail pour la nation, car on peut je le crois affirmer sans prétention qu'en servant l'entreprise et en favorisant son développement, nous travaillons pour l'intérêt général de notre pays. » (AG, 1996)

« Lorsque l'avenir du pays est en jeu, aussi bien celui de ses entreprises et celui de ses salariés indissociablement liés, lorsqu'une erreur historique risque d'être commise, lorsqu'un acte irréversible peut précipiter le déclin, lors- que l'illusion l'emporte sur la réalité, il faut savoir condamner haut et fort, au nom de la croissance et de l'emploi, la réduction généralisée, par voie législative du temps de travail, et décréter la mobilisation de toutes les entre- prises, quels que soient leur taille, leur secteur, leur région, contre des projets inacceptables. » (AG, 1997) « Nous sommes un million quatre cent mille hommes et femmes qui nous sommes mis à risques pour créer, maintenir, développer une entreprise, afin de produire avec les quatorze millions de salariés avec lesquels nous travaillons, les biens et les services qui constituent la richesse nationale. C'est à nous tous, entrepreneurs et sala- riés des entreprises de France que je m'adresse aujourd'hui. » (AG, 1998)

« Cette situation est en partie le résultat d'une spécificité juridique française qui veut que l'essentiel des disposi- tions concernant le temps de travail dans les entreprises soit fixé par la loi, alors qu'il relève chez la plupart de nos voisins de l'accord collectif. » (AG, 2000)

« Il faut également que l'approfondissement de l'Europe encourage la France à poursuivre la déréglementation des activités et la privatisation des entreprises qui continuent à vivre à l'abri de leurs statut public et monopoliste. » (AG, 2001)

« Élargissons le champ de la négociation, en donnant la possibilité aux entreprises petites et moyennes de con- clure des accords, en l'absence de délégués syndicaux. » (AG, 2002)

« Monsieur le Premier ministre, nous avons construit avec le Mouvement des Entreprises de France un acteur majeur de la société civile avec lequel il faut compter, car il s'est, comme vous le savez, vigoureusement engagé dans la voie de la modernisation et de la réforme afin de rétablir la compétitivité et l'attractivité de notre terri- toire, afin de maintenir chez nous les talents, les entreprises et les capitaux. » (AG, 2003)

« Nous portons au Medef les valeurs fortes de 700 000 entreprises de toutes tailles, tous métiers, toutes régions, que nous rassemblons : l'innovation, le risque, le progrès, le travail, l'équipe, la solidarité, la formation, la promo- tion, la réussite. Nous sommes conscients du rôle sociétal des entreprises de France. » (AG, 2004)

« Nous avons décidé, vous le savez, de faire entendre haut et fort la voix de l'entreprise. Nous sommes pleine- ment légitimes pour indiquer comment faire progresser notre pays. Nous poussons à la roue. Je vous le dis sou- vent : “participez aux débats. Ne laissez pas le champ libre à ceux qui mettent les bâtons dans les roues ! Il faut monter encore davantage le son, il faut qu'on entende encore beaucoup plus les entreprises !” » (AG, 2005) « Nous voulons une entreprise ouverte dans une société ouverte et moderne. Nous voulons une entreprise recon- nue dans une société capable de reconnaître sa propre identité en pleine évolution, et de l'aimer ! » (AG, 2006) « Je le redis : “nous, les chefs d'entreprise, nous avons l'espérance et le réalisme chevillés au corps. Nous les avons chevillés au corps, pour nous, pour nos entreprises, et nous avons l'ambition de faire partager cela à la France”. Nous, les chefs d'entreprise, nous sommes bien placés pour savoir qu'aucune action ne reste jamais sans effet. Aucun travail, aucune décision ne sont jamais tout à fait vains. Aujourd'hui, au début de la campagne pré- sidentielle, alors qu'un grand débat national est engagé, je le dis très clairement, et pardon pour la familiarité : “rien n'est foutu. Il suffit de changer quelques paramètres : un peu plus de liberté, un peu plus d'air et tout ira mieux tout de suite en France. Et tout ira bien très vite pour les Français”. » (AG, 2007)

« Nous voulons pour notre pays, la France, et pour nos entreprises, une stratégie gagnante. Mais comment faire ? Comment l'élaborer ? Comment la dessiner ? La réponse à ces questions est dans l'intitulé de notre convention : en benchmarkant bien sûr ! » (AG, 2008)

« Conquérir pour gagner quoi ? Pour gagner la bataille des idées ! Et la première des idées pour laquelle nous nous battons, c'est que la baisse des prélèvements obligatoires sur les entreprises est nécessaire à la santé de l'économie française, et même pour commencer à la santé de chaque entreprise. C'est pour nous, chefs d'entreprise, une idée si évidente, si centrale, qu'en face nos contradicteurs nous demandent si nous n'avons rien d'autre à dire. Bien sûr, nous avons beaucoup d'autres choses à dire, mais cela, par quel bout que l'on prenne le problème, c'est la clé de voûte. La baisse des prélèvements obligatoires aura pour résultat que l'économie française pourra tenir debout. Dans la crise, tenir debout, cela veut dire purement et simplement ne pas être balayé par la tempête. » (AG, 2009) « Nous, Medef, avons ce projet à porter. Inlassablement nous nous battrons pour la compétitivité de nos entre- prises, nous dirons et redirons que nous exigeons une compétition équitable. Nous dirons et redirons que se battre pour l'entreprise, c'est tout à la fois se battre pour la vie, pour la survie, pour le bien vivre, pour le profit, pour les hommes, pour l'emploi, pour la consommation, pour l'offre, pour l'esprit créatif, pour la nation, pour le particulier et pour le collectif. » (AG, 2010)

Dans ce système, l'entreprise désigne plus qu'une réalité économique, « repère social essentiel », « socle de l'équilibre individuel et collectif », elle comporte une dimension sociétale qui légitime la place que le patronat entend occuper dans l'espace politique.

2.3. Économique

Cumulées, les occurrences d'économique (1 116 au total pour l'adjectif et le substantif économie) et de social (1 468 au total pour les flexions adjectivales) font partie des plus hautes fréquences émail- lant le discours selon une répartition équilibrée. Se rangeant par leurs fréquences à la suite de nous et d'entreprise(s), elles consacrent le domaine de compétence et d'action de l'organisation : « Le CNPF n'a pas à s'assimiler ni à se substituer à aucun parti, quel qu'il soit. À chacun son métier : le nôtre est économique et social, et notre langage sera d'autant plus fort et plus crédible qu'il sera dé- pouillé de sous-entendus. » (AG, 1984)

Cinq lexies seulement dépassent toutefois les vingt occurrences : politique(s) économique(s), situation

économique, développement économique, croissance économique, activité économique. La plupart des

occurrences font corps avec l'évolution de la palette lexicale du registre économique, ventilées sur l'en- semble du corpus ou regroupées dans une des deux parties. L'ensemble concourt à la formation du dis- positif répétitif servant d'argument à l'organisation patronale pour imposer son projet global de société :

Principales lexies : compétitivité, compétition, débat, décideurs, domaine, dynamisme, efficacité, environnement, es-

pace, évolution, histoire, impératifs, intérêts, mondialisation, partenaires, performance, poids, progrès, puissances, ralentissement, réalité, reprise, santé, réalités, réussite, stagnation, stratégie, tissu, vie ... économique(s).

Lexies majoritairement CNPF : adaptation, avenir, bataille, conjoncture, crise, déflation, difficultés, force, guerre,

hégémonie, incertitudes, licenciements, nécessités, philosophie, récession, redressement, responsabilités, riposte, système, survie... économique(s)

Lexies majoritairement Medef : acteurs, activités, attractivité, bien-être, contraintes, convergence, destin, dialogue,

égalité des chances, enjeux, équilibre, essoufflement, gouvernance, initiative, jeu, licenciement, modèle, mutations, nouvelles forces, paysage, sur le plan, projet, régulations, rentabilité, stratégies, tempête, zone... économique(s).

Le réseau contextuel d'économie met en évidence deux ensembles opposés : l'économie administrée,

assistée, dirigée, contrainte, mixte, d'hier, est opposée à l'économie de marché (lexie la plus fré-

quente), de liberté, de libre entreprise, de compétition (et de liberté), moderne (et compétitive), com-

pétitive, concurrentielle, libérale, mondiale, mondialisée...

« Le monde est acquis aux valeurs du libéralisme économique, le nouveau gouvernement va être désigné. Nous devons exprimer fortement ce que nous attendons de lui (…) Donner de l'oxygène aux entreprises (…) des ré- formes de fond (…). Les cinq chemins de la compétitivité : désendetter la nation ; financer l'économie par l'épargne ; emploi : flexibilité du temps de travail et des rémunérations ; équilibre des systèmes sociaux ; partage