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« Cette théorie ne peux expliquer » et « Une meilleure théorie » furent les échafaudages les moins utilisés, et ce, avec un pourcentage d’utilisation de 0,59% et 1,11% respectifs. Nous montrons qu’il y a une différence importante entre ces deux échafaudages et l’échafaudage le plus utilisé, soit « Ma théorie » avec 60, 84% d’utilisation. Par contre, lorsque nous regardons les indicateurs des échafaudages les moins utilisés, notamment « remettre en question une idée, une théorie ou un argument selon une autre idée », « rendre les idées des autres les siennes », nous pouvons comprendre que ces intentions d’écriture demandent un niveau d’analyse et de réflexion supérieur et pour ce faire les élèves ont besoin d’acquérir certaines compétences. Voyons les indicateurs de ces deux échafaudages :

En conséquence, une activité de réflexion et de critique est nécessaire lors l’utilisation des échafaudages « Une meilleure théorie » et « Cette théorie ne peut expliquer ». Les indicateurs de ces deux échafaudages sont sans doute très différents de ceux de

Une meilleure théorie Diversité des idées/ Idées perfectibles

 Explorer des

arguments contraires aux siens

 Considérer une théorie différente

 Prendre en

considération les idées des autres

 Apporter une nuance

 Ajouter un élément

qui enrichit l’idée

 Établir un lien avec un sujet connexe

Cette théorie ne peut expliquer

Démarche épistémologique

 Remettre en question, une idée, une théorie ou un argument selon une autre idée.

l’échafaudage « Ma théorie » puisque ces derniers sont utilisés pour exprimer une idée provenant des expériences vécues ou bien pour exprimer « ce que je pense » ou « ce que je sais » sur un thème d’intérêt commun.

« Une meilleure théorie » et « Cette théorie ne peut expliquer » sont indéniablement des échafaudages plus complexes à utiliser de par leur définition. Leur utilisation semble impliquer des fonctions métacognitives plus avancées pour les intégrer de manière cohérente dans le discours collectif. Formuler des idées contradictoires à celles qui prévalent dans une discussion de groupe et ajouter, voire justifier, des nouvelles idées s’avère pour les élèves de l’école primaire (comme pour ceux plus avancés) un geste plus complexe, plus affirmatif et, vraisemblablement, plus exigeant à poser publiquement. Ceci dit, questionner le jugement ou la théorie des pairs semble être une action qui nécessite plus d’expertise individuelle sur le sujet étudié collectivement. Cela nous fait penser aux débats, là où la encontre d’idées différentes se fait visible et se développe autour d’une discussion sur un thème évidemment commun avec la finalité d’arriver à un consensus (ou pas). On réfléchit autour d’idées souvent contradictoires venant précisément de différents parts. Cette représentation se rapprocherait vivement de l’utilisation cohérente des échafaudages « Cette théorie ne peut expliquer » et « Une meilleure théorie » conformément aux indicateurs de ceux-ci. C’est pourquoi, bien que les résultats indiquent une utilisation moindre des échafaudages « Une meilleure théorie » et « Cette théorie ne peut expliquer », cette utilisation n’en demeure pas moins intéressante compte tenue de la complexité d’utilisation de ces échafaudages. Point important, cela fait appel à la négociation, laquelle jumelée avec l’interaction et la participation offre aux élèves des espaces de création de leur être en devenir (Breen et Candlin, rapporte Anton, 1999). C’est un processus au cours duquel les élèves collaborent à la coconstruction et à l’appropriation de leurs connaissances. D’un autre point de vue, nous pouvons aussi montrer que l’utilisation de ces échafaudages peut se réduire à l’énumération d’idées non communes qui enrichissent le forum. Chaque élève a sa « théorie » sur un thème ou son opinion sur une question. Sur ce, le nombre des théories devrait-il correspondre au nombre d’élèves ? Certains élèves peuvent partager leurs expériences et leurs idées, mais comment faire réagir les élèves qui partagent des « théories » différentes ? Comment rendre visibles ces idées moins évidentes

qui probablement mèneront les élèves à d’autres niveaux d’interactions, dont les débats et les négociations ? Cette approche engage l’élève dans un processus d’interaction qui implique la communication, l’anticipation, la réflexion et le jugement critique (MEQ, 2006), et avec un support écrit qui fait appel à l’explication de leurs idées pour y interagir efficacement. D’où l’importance d’utiliser les échafaudages « Cette théorie ne peut expliquer » et « Une meilleure théorie ». Nous tenons à spécifier que ces deux échafaudages, ainsi que « Nouvelle information » n’ont pas été présentés sous une forme personnalisée accompagnée d’un déterminant possessif comme c’est le cas de « Ma théorie », « J’ai besoin de comprendre », « Mettons notre savoir en commun ». Serait-ce une piste qui expliquerait la moindre utilisation faite de ces échafaudages par des élèves du primaire ? Autrement dit, comment rendre les élèves et les enseignants plus actifs dans l’utilisation des échafaudages en vue d’une plus grande participation dans la production d’un discours ou pour l’amélioration d’idées ? Les échafaudages sont utilisés pour faciliter aux élèves une tâche qui à un moment particulier a été complexe. De plus, les échafaudages peuvent être adaptés afin de favoriser une meilleure compréhension (Pea, 2004) et c’est aux enseignants à qui cette tâche revient, dans leur rôle de médiateurs et de facilitateurs dans ce processus d’apprentissage collaboratif. Pourrions-nous penser à « Cette théorie ne peut expliquer…« Ma théorie » » ? Ou bien, « Une meilleure théorie » peut-il sous-entendre que « Ma théorie » a donc moins d’importance ?, « Une meilleure théorie que la mienne » ? Bien des questions demeurent car nous n’avons pas les données pour y répondre. En outre, il nous reste une question à discuter et pour laquelle nous avons des données.

5.4 L’utilisation des échafaudages et l’explication au discours du KF. Le