HAL Id: jpa-00237232
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Recherches sur le magnétisme
J. Jamin
To cite this version:
J. Jamin. Recherches sur le magnétisme. J. Phys. Theor. Appl., 1876, 5 (1), pp.41-58.
�10.1051/jphystap:01876005004100�. �jpa-00237232�
4I
RECHERCHES SUR LE
MAGNÉTISME;
PAR M. J. JAMIN.
1. 2013Méthodes d’observations.
J’ai
employé
deux méthodes pour la inesure des intensités ma-gnétidues,
l’une fondée surl’induction,
que l’on doit à VanRees,
l’autre mesurant, enchaque point,
la force d’arracl1elnent d’unpetit
contact de fer doux.Pour la
première., je place
l’ailnantverticalement, je
l’eltoured’un tube de carton, au bas
duquel
est unepetite spirale
reliée àun
galvanomètre
à réflexion etplacé Lrès-loin,
etje
faisglisser
ra-pidement
le tube et laspirale, depuis
laligne
moyennejusqu’au
delà de l’extrémité du barreau. Il se
produit
un courant d’induc-tion, l’aiguillc
dugalvanomètre
estdéviée,
etje
mesure l’arcd’impulsion
par la déviation del’image
d’unerègle
horizontale dans le miroir dugalvanomètre.
On peut
dire,
engénéral, qu’en déplaçant
laspirale
entre deuxsections et b de
l’aimant,
l’arc de déviation estproportionnel
aumagnétisme libre, compris
entre a et b. SuivantFaraday
etLenz,
cela n’est
rigoureux
que si laspirale
traverse toutes leslignes
ma-gnétiques qui
aboutissent en tous lespoints compris
entre a etb,
ce
qui exige
que laspirale
soit très-courte et collée exactement surl’aimant. M. Blondlot a démontré
rigoureusement qu’il
faut réduirecette méthode au cas des aimants
longs,
faire mouvoir laspirale
dela
ligne
moyennejusqu’au
delà desextrémités,
et que, dans ce casseulement,
l’arcd’impulsion
mesure la totalité dumagnétisme
libre contenu dans la moitié de
l’aimant, quel
que soit son modede distribution. -
Coulomb déterminait le
magnétisme
enchaque
section d’un ai- mant peularge,
en mettantvis-à-vis,
à une distancetrès-petite,
rextrémité de
l’aiguille
de sabalance,
et en mesurant la torsionqui équilibrait
à cette distance larépulsion
ou l’attraction : cette tor-sion était
proportionnelle
au carré de l’intensité sur la section exa-minée. Je modifie cette
opération
enplaçant
l’aimant sur un cha-riot
horizontal,
en amenant lepoint qu’on
veut étudier sous unArticle published online by EDP Sciences and available at http://dx.doi.org/10.1051/jphystap:01876005004100
42
petit
contactd’épreuve qui
estattiré,
en mesurant ensuite lepoids
d’arrachement P et en
admettant,
commeCoulomb,
que¡P
mesure1 intensité du
point
touché.En
effet,
ce contact étant formé par unelongue aiguille
de ferattire au-dessous de
lui,
surl’aimant,
unequantité
de111agllé-
tisme
lisi, proportionnelle
à sa surface s, et à l’intensitémagné- tique
i aupoint
touché. La densité de cette couchemagnétique
attirée ou la
quantité
par unité de surface sera. u i ;
et, comme uneégale quantité
demagnétisme
contraire sera attirée par influencesur
chaque
unité de surface du contact, l’attraction sera03BC2i2
parunité,
et03BC2i2s
pour la totalitéL’expérience
prouve, eneflet,
que l’attraction surchaque point
est sensiblementproportionnelle
à lasection s des divers fils de fer
qu’on emploie.
Comme il faut rendre toutes les mesures
comparables,
elles sontramenées à celle
qu’on
obtiendrait avec un contact de fercylin- drique
de I5 centimètres delongueur
et de i milliniétrc de dia-mètre ; mais,
comme ce contact serait peu commode àemployer, je
me suis servi d’un fil de fer terminé par une
petite sphère,
etj’ai
mesuré,
une fois pour toutes, le facteur parlequel
il faut multi-plier
ses indications pour les ralnener à celles du contact unité.Pour mesurer la force d’arrachement
P, j’attache
le contact d’é-preuve A
(fig. I)
auplateau
B d’unebalance,
et à l’autreplateau
un ressort
spiral
en cuivreDE;
il estprolongé
par un fil de soie43 EF
qui
s’enroule sur un treuil etqui
sert à terldre le ressort. L’al-longuement
de celui-ci se mesure par le raccourcissement dufil,
età cet effet le treuil est
prolongé
par une vis à tètegraduée K, qui
s’enfonce dans un écrou
L ;
lalongueur
du filqu’on
enroule estmesurée par la
longueur
du nombre fractionnaire de tours ou par9- 7r l’Il.
D’autre
part,
la loid’allongement
de cc ressort est la même que celle de l’élasticité detraction;
on a, pourl’allongenlent e,
On
détermine,
une fois pour toutes, le facteur203C0r Kl
en mettant unpoids
P dans leplateau opposé A,
et en1 équilibrant
par un allons- gement e; maîs onpeut,
leplus
souvent, se contenter de mesurerP par n.
Quand
on veut faire unoexpérience,
on amène lepoint
1B1 del’aimant dans la verticale du clou
d’épreuve;
on établit l’adhé- rence,puis
onallonge
lentement etrégulièrement
le ressortjusqu’à l’arracliement,
et l’on mesure le nolnbre j2. Ilfaudra,
danschaque
cas, maintenir en état
parfait
depropreté
et depoli
les surfaces encon tac t de l’aimant et du clou .
La méthode d’induction fait directement la somme des
quantités magnétiques
d’unbarreau,
celle du clou mesure le détail. Il est ce-pendant possible
d’en déduire la totalité : il faut pour cela tracer sur la surface dubarreau,
à des distancesdéterminées,
deslignes
per-pendiculaires
à lalongueur;
dans chacune d’elles mesurer l’intensitéen divers
points
et en déduire l’intensitémoyenne Y, puis
tracer dela
ligne
moyenne a l’extrémité la courbe des valeurs de Y et en éva- luer l’aire en la div isant enpetits trapèzes
par des ordonnées rap-procliées.
Cette aireexpriine
la somme dumagnétisme (1).
II. -Idées
théoriques
SUT’ la constitution cles aimants.L’expérience classique
de larupture
d’un aimant conduit à ad-mettre
qu’un
barreau estcomposé
de filets ou chaînes élémentaires C) Comptes rendus des séances de l’Académie de Sciences;, t. LXXVIII, p. I33I.44
formées d’aimants moléculaires
qui
se suivent et scjoignent
parleurs
pôles contraires;
les théoriesmagnétiques n’ajoutent
rien àcette déduction
expérimentale ;
elles n’ont pour but que del’expli-
quer, soit par des
fluides.,
soit par des courants.J’admets que ces filets soient tous
égaux
entre eux, cequi
revientà dire
qu’on
les groupe enpetits
faisceaux de même intensité. Je suppose, en outre, que, dans toute leurétendue,
lespôles
élémen-taires, qui
sont enregard
entre deux moléculescontiguë,
se dissi-mulent
entièrement,
de sorte que les filets sont inactifs dans touteleur
étendue, excepté
à leurextrémité,
où ils ont un seulpôle
d’é-gale
intensité pour tous.Ils sont couchées
parallèlement jusqu’à
leursextrémités; mais,
comme ils sont terminés par des
pôles
libresqui
serepoussent,
ilss’épanouissent
sur la surface de l’acier endivergeant,
et se termi-nent aux divers
points
de cettesurface, depuis
laligne
moyennejusqu’aux
deux bouts : c’est là que seproduisent
les attractions oules
répulsions.
Surchaque
élémentsuperficiel,
l’intensité est pro-portionnelle
au nombre despôles qui s’y
trouvent, et la force d’ar- rachement au carré de ce nombre. Le nombre total des filets ou laquantité
totale demagnétisme
libre estégale
il la somme des inlen-sités mesurées sur tous les éléments de la
surface,
c’est-à-dire à lasomme des racines carrées des forces d’arrachement. Le mode d’é-
panouissement,
c’est-à-dire la distribution dumagnétisme
auxdeux
extrémités,
estréglé
par la forme et l’étendue dessurfaces,
de
plus
il varie avec le mode d’aimantationadopté;
il varie par des frictions exécutées au moyen d’une masse defer,
et aussi avec letemps..
Mais,
dans toute leurlongueur, excepté
à leursextrémités,
cesfilets sont inactifs et s’étendent
parallèlement
sans influence réci- proque. Touspassent
à travers la section moyennes où ils sont serrés comme un faisceau dans une ceinture. Il en résulte que leur nombre et, parsuite,
lemagnétisme
total nedépendent
que de l’é-.
tendue de cette surface .
Si 1 aimant est une lame peu
épaisse
et aimantée àsaturation,
lesfilets
pénètrent jusqu’au
coeur, la ceinture estpleine,
et lemagné-
tisme
proportionnel
à sa section.Quand
c’est un barreauépais,
l’aimantation ne
pénètre
paségaleinent jusqu’en
sonmilieu;
il sepeut,
à lalimite, qu’elle
forme une couchesuperficielle
peuépaisse,
45 laissant le centre à l’état naturel : alors le
magnétisme
est propor- tionnel aupérimètre;
dans tous les cas, lemagnétisme possible
estexclusivement
réglé
par l’étendue de cette ceinture : c’est la quan- tité de filetsqu’elle peut
contenir. ,Mais il faut que ces filets trouent, vers les
extrémités,
des sur-faces
polaires
suffisantes pourl’épanouissement
de leurspôles ;
sil’acier est
très-long,
cespôles
sont confinés auxextrémités,
et le.5deux courbes
magnétiques opposées
sont loin l’une de l’autre(fig. 2).
Si lalongueur décroit,
ces courbes serapprochent
d’abordsans se
joindre,
sans s’altérer et sans que laquantité
demagné-
tisme
change;
l’acier diminuanttoujours,
elles finissent par se ren- contrer(jig. 3).
Apartir
de ce moment, elles sepénètrent,
setransforment en deux droites
opposées,
et lemagnétisme qui
resteFig. 2. Fig. 3. Fig- !.
est
égal
à la sommealgébrique (,fig. 4)
de leurs ordonnées. Dans lepremier
cas, les filetsmagnétiques
ontplus
deplace qu’il
ne leuren faut pour
s’épanouir; quand
les courbes setouchent,
ils ontjus-
tement
l’espace qui
leur estnécessaire ;
si lalongueur
décroît en-core, les filets les
plus
courtsdisparaissent,
parce que leurspôles opposés
seréunissent,
et laquantité
demagnétisme
décroît par in- suffisance deplace
pour leurépanouissement.
Dans lepremier
cas,la ceinture inoyenne est
pleine,
mais elle est troppetite ;
dans ledernier,
elle est tropgrande
etimparfaitement remplie
defilets,
etle cas intermédiaire offre
précisément
la surfacepolaire qui
con-vient à la section moyenne, et la section moyenne
qui
convient à lasurface
d’épanouissement.
Ces divers cas
répondent
à despropriétés magnétiques
très-dif-férentes,
etje
propose de lesdésigner
par des nonlS différents.J’appellerai Inégapolaires
les aiinanls à surfaceexcessive, brachy- polaires
ceux où cette surface est insuffisante etmétripolaires
ounormaux ceux où elle est d’accord avec la ceinture moyenne
(1).
(i) J’ai autrefois donné le nom d’aimant normal à celui qui offre une courbe magnétique rectiligne. Je l’appellerai à l’avenir aimant-limite.
46
Pour
justifier
cesidées, irai
fait lesexpériences
suivantcs : J’aipris
trois lames d’aciermégapolaires;
leurépaisseur
était de1
millimètre ;
elles étaient aimantées à saturation et à coeur. Leurs sections étaientégales
entre elles et à II0millimètres ; mais,
leursformes étant très-différentes
(la première
étaitrectangulaire,
ladeuxième avait la forme d’un
losangé,
comme lesaiguilles
desboussoles,
et la troisièmes’élargissait
comme un double éventail de laligne
moyenne aux deuxbouts),
la distribution.magnétique
y était très-différente. L’intensité croissaittrès-rapidement jusqu’à
lapointe
dans lelosange ;
elle croissait d’abord pour diminuer ensuite dans le doubleéventail,
elle était intermédiaire dans lerectangle;
mais,
en faisant la somme des intensités mcsurées par le clou d’é- preuve en leurs diverspoints,
on trouva desquantités
deInagné-
tisme
représentées
par 201,205,
207,qui
sont sensiblementégales,
ce
qui
devaitêtre, puisque
les sections moyennes étaient les mêmes(1).
J’ai fait ensuite varier cette section :
J’aimante
à saturation unelame mince de I mètre de
long ;
les courbes d’intensitémagnétique
ne
commençaient
à être sensiblesqu’à
200 millimètres des extré- mités : la lame était doncmégapolaire ;
lemagnétisme
total étaitégal
à I900. Je dilninue la section moyenne à lalime,
etje
coupe ainsi en leur milieu unepartie
des filets élémentairesqui
alors ma-nifestent,
outre lepôle qu’ils
avaient aux deux extrémités de lalame,
deuxpôles
intermédiaires ouconséquents
à droite et àgauche
de la section réduite et inverses de ceux des extrémités.
Mais,
encoupant
cesfilets,
on ne lessupprime
pas, et en faisant naître despôles
contraires dans levoisinage
de laligne
moyenne,on ne détruit pas ceux
qui, primitivement,
étaient à l’extrémité.Et,
eneffet,
lemagnétisme
des bouts diminue peuquand
la sectionmoyenne est réduite successivement de 5o à 26 millimètres.
Or,
en évaluant la différence entre le
magnétisme
des extrémités etcelui
qui
a apparu des deux côtés de laligne
moyenne, on la trouveégale
à I000; ellereprésente
le nolnbre des filetasqui
n’ont pas étécoupés
etqui
continuent de passer par laligne
moyenne réduite de 53 à n6. Or lerapport
desquantités
demagnétisme
igoo et I000 est sensiblement
égal
à celui des sections 53 et 26.(1)
Comptes
rendus des séances de l’Académie des Sciences, t. LXXVIII, p. I497 .47 J’ai refait
l’expérience par la
méthode d’induction. A ceteffet, j’ai enveloppé
la lame d’unepetite spirale
de fils en relation ave legal-
vanomètre à
réflexion,
etje
l’ai faitrapidement glisser
du milieujusqu’au
delà de l’extrémité. Or on trouve que l’arcd’impulsion,
par
conséquent
la totalité demagnétisme,
esttoujours
sensiblementproportionnelle
à l’étendue de la section moyenne; maissi,
au lieude diminuer la
largeur,
on réduit lalongueur
d’un aimantmégapo- laire,
on le rend peu à peubrachypolaire,
alors sonmagnétisme,
d’abord constant, finit par décroître.
Les choses ne se passent
plus
de la méme manièrequand
lalame est
brachypolaire;
dans ce cas, elle neprend
paspendant qu’on
l’aimante tout lemagnétisme
quepourrait
contenir sa sec-tion moyenne, parce que les surfaces
d’épanouissement
sont insuf-fisantes. Or en réduisant la section moyenne sans diminuer les surfaces
polaires,
on arrive à les rendre peu à peu suffisantes pourl’épanouissement
dumagnétisme
quepeut
contenir la section dimi-nuée,
et alors on reconnaît que lerapport
dumagnétisme
à la sec-tion augmente
jusqu’à une
limite fixe. Cela veut direqu’une
por- tion des filetscoupés
en deux se réunit à travers lasection,
que celle-ci seremplit
etqu’en
fin decompte
l’aimant est devenu iné-gapolaire
et saturé.Ces résultats conduisent à une
conséquence
de laplus
haute im-portance
pour la construction des aimants. S’il est vrai que la quan- tité demagnétisme
nedépende
que de la section moyenne et que la surface despôles*
n’ait d’autre usage que de servir àl’épanouisse-
ment des
filets, il n’importe
pas que cette surface soit coercitive ou non,qu’elle
soit en acier ou en fer. Dèslors, j’ai pris
deuxportions
d’un même ruban
d’acier,
l’unetrès-longue, mégapolaire,
conte-nant
un magnétisme
totalreprésenté
par un arcd’impulsion 40, 2 ; l’autre, très-courte, brachypolaire, qui
n’en contenait que12,3.
Onadapta
à ses deux extrémités deux armatures de tôle de 60 centi- mètres delongueur
chacune. Elles nechangèrent
rien aumagné-
tisme
primitif, qui
resta fixé àI 2,3 ; mais,
en réaimantant lalame,
l’arc
d’impulsion
futporté
à3g,8,
c’est-à-direqu’elle prit
autant demagnétisme qu’une
lame àgrandes
surfaces. Mais la distribution n’était pas la même dans les deux cas. De là deux lois :1° Deux armatures,
appliquées
à un aimant toutformé, changent
la
distribution,
mais non la somme demagnétisme.
48
2° Deux armatures,
appliquées
à un aciermégapolaire qu’on
aimante
ensuite,
nechangent
pas la somme demagnétisme.
30 Deux armatures,
appliquées
à une lamebraclmpolaire,
per-mettent de lui donner
plus
demagnétisme
que si elle était nue, et autantqu’à
une lamemégapolaire
si la surface de ferajoutée
estsuffisante.
La
conséquence
de ces lois sera une véritable révolution dans la construction desaimants, puisqu’elles permettront
deremplacer
l’acier par le fer. Elles conduisent de
plus
àl’explication
d’un faitqu’on
avait attribué à tort à une condensationmagnétique (1).
Je montrerai
plus
tardqu’un
contactappliqué
à un aimant pro- duit le même euet que deux armatures infiniment grosses etlongues, qui
seraientappliquées
à chacun des deuxpôles.
Gelaposé,
pre-nons un acier en fcr à cheval
mégapolaire, aimantons-le, appliquons-
lui un contact, et mesurons la force
portative,
soit 18kilogralnn1cs.
Maintenant remettons le contact et, par deux bobines intro- duites à l’avance entre les deux
branches,
réaimantons l’acier.Après
la cessation du courant, nous retrouvons I9 à 20kilogrammes.
L’acier n’a donc pas
gagné;
et, eneffet,
étantmégapolaire,
ilprend
directement tout ce que
peut
admettre sa ceinture moyenne.Mais
répétons l’expérience
avec un aimantbrachypolaire :
1 a pre- mière forceportative
seratrès-faible, exemple
3kilogrammes.
En le
réaimantant, après
avoirplacé
le contact, la force d’arra- chement estportée
à T gkilogrammes
commeprécédemment.
C’estqu’en effet.,
avec son contact, l’acier est dans le même casqu’av ec
deux armatures
infinies,
il estmégapolaire,
ilprend
tout cequ’admet
sa ceinture.Mais,
si nous remettons le contactaprès
ce
premier arrachement,
nous retrouvons la forceportative
de3
kilogrammes.
En
général,
la force dupremier
arrachenment F estplus grande
que celle des arrachements suivants
f’,
et même celle-ci baissepeu à peu
après
des arrachements successifs :l’équilibre
n’est pas immédiatement atteint. C’est unpoint qui
n’a pas encore été suffi-samlnent étudié
(2).
(1) Comptes rendus des séances de r Académie des Sciences, t. LXXVI, p. 65.
(2) Comptes rendus des séances de l’Académie des Sciences, t. LXXVII, p. 305; et
t. LXXX, p. 36o.
49
Les mêmesphénomènes
seproduisent
avec un faisceau. J’aiétudié six lames constituant un aimant
provenant
de lacompagnie
l’Alliance. Prises
individuellement ,
elles étaientmégapolaires.
Quand
on en superposedeux,
on double lemagnétisme,
on ne dou-ble pas la
surface ;
etquand
les six ont étéréunies,
la surface exté- rieure totale est devenue insuffisante et l’aimant devenubrachypo- laire ;
il ne contient pas la somme demagnétisme
de ses élémentset sa force
portative F
n’est pas six foiségale à
la forceportative f
de ses éléments.
Mais si l’on commence par
adapter
le contact et que l’on aimante ensuite l’ensemble des lames par des bobinesplacées
commepré- cédemment,
le faisceau devientmégapolaire,
et sa force depremier
arrachement devient
6f’;
mais elle se réduitbrusquement
si l’onremet le contact pour l’ai°racher une seconde fois. J’avais observé
ces
phénomènes
enI859,
etje
les avaisexpliqués
en supposantune
analogie
avec le condensateurélectrique.
Cetteexplication
étaitmauvaise : il
n’y
a pas decondensation,
mais passage du cas des aimantsmégapolaire
aux aimantsbrachypolaires.
III. 2013Conductibilité
Inagnélique.
Je vais insister maintenant sur la faculté
inégale,
quepossèdent
les
aimants,
de conduire les intensitésmagnétiques. Qu’on place,
contre le
pôle
A d’unélectro-airnant, plusieurs
barreségales
d’un méme
acier,
l’une bientrempée,
les autres recuites à des tem-pératures
croissantes : on verra lemagnétisme
austral dupôle
Ase
prolonger
dans ces lames sous forme de courbes décroissantestrès-inégalement allongées;
celle de l’acierLrempé
est très-courte et baisserapidement (fig. 5),
tandis que les autres seprolongent
Fig. 5.
d’autant
plus
que l’acier a été mieux recuit. Il y a donc des aimants très-coercitifs pourlesquels
deuxpoints
voisinspeuvent
offrir des50
intensités très-différentes : ce sout surtout les aimants naturels et
les aciers
trempés; il y
en a d’autres 011 les mêmes différences de tension nc s’établissentqu’el
despoints séparés
par degrandes distances,
et l’on neparvient
à leur donner despôles énergiques qu’en
lesallongeant beaucoup. J’appelle
ceux-ci conducteurs destensions,
etje
définis la conductibilité lapropriété
quepossèdent
lestensions de
s’équilibrer
entre deuxpoints.
Le fer est d’une conduc-tibilité
parfaite, puisqu’il perd
immédiatement les tensionsinégales qu’on
ne maintient sur sa surfacequ’au
moyen de courants élec-triques.
La notion de conductibilité interviendra dans presquetoutes les
questions
demagnétisme;
elleremplacera
souvent l’idéede force coercitive
qui
est mal définie. C’est parcequ’un
contactde fer est conducteur
qu’il
ramène à l’état neutre les deuxpôles
d’un aimant en fer à
cheval;
et c’est parcequ’il
ne l’est pas que l’aciergarde
à ses deux bouts despolarités contraires, qui
ne se re-joignent
et s’annulent que si l’acier est très-court. Constatons d’a- bord l’effet de cetteinégale
conductibilité dansl’emploi
de la 111e-thode du clou
d’épreuve (1).
Je
prends
un aimantprismatique saturé, et j’adapte
à l’une de sesextrémités A une armature de fer doux. Je constate
qu’elle
nechange
en rien la distribution sur lapartie
B del’acier,
cequi
prouve que la
quantité
demagnétisme
nechange
pas en B et, parconséquent, qu’elle
nechange
pas enA; mais,
de cecôté,
l’aiinaiita
perdu
de sonmagnétisme
et l’armature en agagné :
il faut detoute nécessité que la
perte
soitégale
augain.
Cela est aisément confirmé par la méthode
d’induction;
on trouve,,en
effet,
que lemagnétisme
nechange
pas du côtéA,
soitquand
onlnet, soit
quand
on ôte l’armature : celle-ci neproduit
donc niperte
nigain.
Cependant,
si par la méthode du clou on fait la somne despertes
de l’acier et desgains
dufer,
en leurs diverspoints,
on trouve que laperte
totale est 27, J, tandis que legain
est60, i :
celle-là estbeaucoup plus
faible quecelui-ci;
lerapport est 03BC. = 2,22;
c’est là un faitgénéral qui
se retrouve avec tous lesaciers,
avec toutesles armatures.
Il aurait pu être
prévu;
il est dû à lagrande
conductibilité du fer (1) Comptes rendus, t. LXXVII, p. 305.5I et à la moindre conductibilité de l’acier. En
effet, quand
nous ap-pliquons
unpetit
contact de fer de section s sur umpoint
de l’ar-mature de
fer,
il attire non-seulement lemagnétisme
de l’élémentqu’il
couvre, mais aussi celui despoints voisins,
dans une étendueas et dont l’intensité est
1 ;
la valeur trouvée pour y est donc ase.La même chose a lieu pour
l’acier; mais,
comme la résistance audéplacement
dumagnétisme
estplus grande,
l’étendue de l’élément intluencé estmoindre ;
soit03B1’ s, et y
mesure «’si . Les deux mesures ne sont donc pascomparables :
pourqu’elles
ledeviennent,
il fautles ramener à des éléments
égaux,
c’est-à-dire à des conductibilitéségales,
et pour celamultiplier
lesmesures
faites sur l’acier par lerapport
ju des coefficients a et 03B1’. Cerapport
se trouvera en se rap-pelant
que laperte
a 27,1 de r acier estéquivalente
augain
«6o, i
du fer :
Si ces idées sont exactes, il faut que le coefficient 03BC soit invariable pour un même
acier, quel
que soit sondegré d’aimantation., qu’il
soit
mégapolaire
oubrachypolaire,
etquelle
que soit l’étendue del’armature ;
et c’est en effet ce quel’expérience
aprouv é.
Mais,
enrevanche,
lecoefficient F
devrachanger
avec la naturede
l’acier,
augmenter si le métal est Blauvaisconducteur,
diminuers’il conduit bien. C’est enenet ce que
l’expérience
montre, etj’ai
trouvé que tt variait
depuis 5,oo
pour un acier très-cémenté ettrempé jusqu’à I,25
pour une autre lame d’acier peu carburéqui
avait été recuite au blanc.
On arrive aux mêmes
conséquences
par un tout autreprocédé.
On
place
sur unlarge
aimant vers lepôle,
en un lieudéterminé,
de
petites plaques
arrondies de i centimètre de diamètre et dei millimètre
d’épaisseur,
l’une enfer,
les autres tirées d’aciersplus
ou moins
conducteurs,
et l’omapplique
à leur centre le contactd’épreuve, puis
on mesure la forced’arrachement;
elle estgéné-
ralement différente de celle
qu’on
trouve sur l’aimant aupoint
oillles
disques
sontsuperposés;
elle estaugmentée
si c’est dufer, égale
si c’est un acieridentique
à celui del’aimant,
et moindre s’ilest
plus
dur.52
Il faut maintenant trouver les lois de la conductibilité. Il
n’y en
a
qu’une, très-simple
ettrès-générale, qui
se résume ainsi, :Dans un
cylindre indéfini,
si l’intensitémagnétique
en unpoint
est
égale
àA,
elle est, à une distanceal.ébrique x
de cepoint, exprimée
par la formuleJe vais vérifier cette formule dans un
grand
nombre de cas.Elle est d’abord conforme à la loi de distribution que Biot a déduite des
expériences
de Coulomb. Cette loi estexprimée
par la formulelaquelle
a été retrouvéedepuis
par Green pour les aimantscylin- driques
et confirmée par lesexpériences
de M.Bouty.
Elle se ré-duit à la relation
(i)
pour lapremière
moitié de lalame,
si l estassez
grand
pourpouvoir
être considéré comme infini. Voici desexpériences
faites à cesujet
sur une lamemince,
de i millimètred’épaisseur,
dont lalargeur
était de 3 o millimètres etqui
avaiti mètre de
longueur;
elle avait été recuite au violet bleu :Je
prends
maintenant une barre de fercarrée,
dont lalargeur
estégale
à 20 millimètres et lalongueur
de 2 mètres. Jel’applique
parune de ses extrémités contre un
électro-aimant,
ou bienj’enfonce
l’une de ses extrémités de 10, 15 ou 2o centimètres dans une forte bobine
qui
a 20 centimètres delongueur; puis je
mesure avec un contactd’épreuve
la force d’arrachement F et par suiteI = F
à
partir
de la bobinejusqu’à
l’extrémité. Je calcule ensuiteI par
la formule
(i),
A étantégal
àII,95
k àr , I 6 I ,
enprenant
le déci- mètre pour unité delongueur.
Voici lacomparaison
du calcul etde l’observation
(1) :
(1) Comptes rendus, t. LXXVIII, p. g.
53 J’ai recommencé
l’expérience
avec la même bobine et des barresde fer
plus petites;
les côtés étantégaux
à I5 et à i omillimètres
les valeurs de A 2 ont été sensiblement
proportionnelles
aupéri-
mètre des sections des
barres;
celles de k sont restées sensiblementégales
à laprécédente I,I6,
et les résultats n’ont paschangé quand
on
enfonçait plus
ou moins les barres dans la bobine.J’ai fait la même
expérience
avec des barres d’acier. La formuleest encore vérifiée avec la
plus grande cxactitude ,
mais A et kvarient avec la section des barres et la nature de
l’acier (1 ).
k est
toujours plus grand
pour l’acier que pour lefer,
c’est-à-dire que la courbemagnétique
est moinsallongée_et
que l’acier est moins conducteur.En général
cette conductibilité est le moinsgrande
pos-sible, quand
l’acier a ététrempé
dans l’eau froide.Ainsi,
pour l’aciertrempé
deNiederb1-onn, k
estégal
à 2, 02 au lieu deI,I6; mais,
sion le
recuit,
la conductibilitéaugmente, /,- diminue,
devientégal
à
r ,60 :
il serapproche
donc du fer. A mesure que la carburation de l’acier augmente, saconductibilité, après
latrempe,
devient deplus
enplus petite.
Jepossède
des aimantspréparés
par NI.Dalifol,
pour
lesquels
k=32 : ils ne sont presqueplus conducteurs;
lavaleur
de y, qui
étaitégale
à9, 3,
contre labobine,
n’estplus
que
i ,5
à une distance deIc, 2.
Ainsi la courbe ne s’étendqu’à
i dé-cimètre à peu
près;
elle était 16 foisplus longue
pour une barre de fer de même section.Considérons maintenant le cas où la barre est de
longueur
finie.Soit d’abord une barre de fer dont la section était la même que
précédemment.
On reconnaît que les choses sepassent
comme si la courbe restait lamême,
mais que laportion
située au delà de BFig. 6.
fût
repliée
de B en A( fiy. 6)
etajoutée
à laportion
de courbecomprise
entre A etB;
ce résultat absolumentempirique
est ex-C) Comptes rendus, t. LXX VÍ, p. 95.
54
prime
par la fornluleVoici la
comparaison
du calcul et de l’observation pour le cas d’une barrequi
avait8d, 7
delongueur :
La même formule
supplique également
â l’acier. Nous allonsexaminer maintenant un cas en apparence
beaucoup plus compli- qué.
Nousplacerons
deux bobines aux deux extrémités de la barreet nous ferons passer les courants en sens inverse
(fig. 7) ;
il estclair que la bobine EF
donnerait,
si elle étaitseule,
une courbe demagnétisme
australADF,
et que la bobineFF1
1 déterminerait uneseconde courbe du même
magnétisme
aE. Toutes deux seraientexprimées
par la formules(I) ;
les actions étantréunies,
cesniagné-
tisines
s’ajoutent,
et l’on aCette formule
s’applique toujours
avec le mêmecoefficient
et lamême valeur de
A, quelles
que soient les distances des deux bo-bines,
soitqu’elles
fonctionnent ensemble ouséparément.
Et
enfin,
si l’on faitagir
les courants des deux bobinesparallè- lement.,
l’une d’elles doitproduire
entre E et I’ unmagnétisme, austral,
l’autre unmagnétisme contraire, représentés
par des courbeségales,
mais designe
contraire.L’expérience
prouvequ’on
obtient la
différence,
c’est-à-direLa formule que nous venons
d’indiquer s’applique
donc non-55 seulement au cas des barres
infinies,
mais à celui des barresfinies,
et même aux cas où il y a deux aimantations
superposées
dans dessens
identiques
ouinverses;
elle su111ra pourreprésenter
la distri- bution dans tous les cas.IV. - Distribution flans une lanze 11lince.
Considérons maintenant une lame
rectangulaire, d’épaisseur égale
à i millimètre et delongueur
infinie. Om sait que l’intensitémagnétique
y n’est pas la même en tous lespoints
d’une sectionperpendiculaire
à lalongueur;
elle croit du milieu aux bords.Nous ne considérerons que l’intensité moyenne y1. Dans nies
expé- riences,
elle était sensiblementégale
à cellequ’on
mesure à unedistance du bord
égale
au-L
de lalargeur totale ;
ellc estrepré-
sentée par la fôrmule
la lame étant
trempée, A1
étaitégal
à4, xo
et k àI,42 (1).
J’ai ensuite fait les mêmes mesures avec des lames du même
acier,
maisprogressivement
recuitesjusqu’à
latempérature
du rouge sombre. La mêmes loi s’estmaintenue,
1tlais k a diminuéjusqu’à
lavaleur
1,15;
cela veut dire que la conductibilité aaugmenté
con-stamment avec le recuit. Ce fait est
général
pour tous les aciers.D’autre part,
Ai
aaugmenté progressivement
de4,1
I à7,40;
celaexige
uneexplication.
On se
rappelle qu’en
mesurant l’intensité par le cloud’épreuve,
on mesure un effet
con ylexe ;
car ce contactattire,
au-dessous delui,
non-seulement lemagnétisme qui
se trouve sur lespoints qu’il
couvre, mais aussi une
partie
de celuiqui
étaitrépandu
sur lespoints voisins,
et cette action s’étend d’autantplus
loin que la con- ductibilitémagnétique
de l’acier estplus grande.
L’intensité me-surée J’1
est doncégale
à l’intensité ,y-,qu’on
trouverait avec uneconductibilité
égale
àl’unité, multipliée
par unfacteur li. qui
estune fonction de
k,
(1) Comptes rendus, t. LXXX, p. 1553.
56
laquelle
fonction de k sera déterminée, tout à l’heure.Mais,
commela
duan tité lc exprime
lerapport
de deux intensités y1 trouvées en deuxpoints
distants de l’unité sur le mêmeacier,
il estildépen-
dant
de 1x
et mesure lerapport
des intensitésvraies ;
il n’en estas de même de l’intensité à
l’origine A1 :
elle estégale à A 03BC,
en dé-signant
par A l’ordonnée vraie.Mais nous avons un autre moyen de déterminer
A ;
il consiste àmesurer le
magnétisme
total M par la méthode d’induction. Il estexprimé
par la formuleet par
conséquent
Or, après
avoir mesuré M par cette méthode et k par leprocédé
du clou
d’épreuve,
on a trouvé pourM logk
des valeurs sensible-ment constantes que voici :
Cela
veut direqu’une
lamed’acier,
en ses divers états detrempe
ou de
recuit,
offre en ses diverspoints
des intensités vraiesrepré-
sentées par la formule
A est une
quantité
constante pour le mêmeacier,
un coefficientsqui
peut changer
avec lacomposition chimique,
maisqui
estindépen-
dant de l’état