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Recherches sur le magnétisme (suite et fin)
J. Jamin
To cite this version:
J. Jamin. Recherches sur le magnétisme (suite et fin). J. Phys. Theor. Appl., 1876, 5 (1), pp.73-95.
�10.1051/jphystap:01876005007300�. �jpa-00237242�
73
RECHERCHES SUR LE
MAGNÉTISME
(SUITE ET FIN);PAR M. J. JAMIN.
V .
2013 Faisceaux,
conditionsgénérales.
Je vais d’abord étudier d’une manière
générale
comment se faitle
partage
dumagnétisme
entre les diverses lames d’un faisceau.Je chercherai ensuite la loi de distribution sur la surface
(1).
Les lames que
j’ai
examinées avaient toutes unelongneur égale
à i
mètre,
unelargeur
A ==50c,
et desépaisseurs
E de 1, 2, 3 ou4 millimètres ;
elles étaientparfaitement homogènes,
de mêmeconductibilité,
et avaient ététrempées
en mêmetemps.
Je mesu- rais l’intensité moyenne j- sur lesplats, depuis l’extrémité jusqu’au
milieu, puis
JÎ1 sur lestranches,
et enfin y, sur les faces extrêmes.AEy représentait
la totalité dumagnétisme
sur lesplats, E03A3y1
surles
tranches, AE y2
sur la faceextrême,
et leur somme NI estdonnée par la formule
En
général;
on trouve que l’intensité y, sur la tranche estégale
àl’ordonnéey
sur leplat, multipliée
par unfacteur F
voisin de l, 2,ce
qui
donnesensiblement,
ennégligeant
le dernier terme,Il suffira donc de mesurer y, d’en tracer la
courbe,
d’en évaluerl’aire, qui
estégale
à£y,
et l’on pourra calculer m.Cela
étant, je
compose un faisceau de huit lames de 3 millimètresd’épaisseur,
aimantées toutes à saturation. Je laisse ces lames enprésence pendant
unejournée, puis je
lessépare
pour les étudier individuellement. Je trouvequ’elles
ont toutesperdu
de leur ma-gnétisme primitif,
et, pour peuqu’elles
soient différentes l’une del’autre,
elles ont très-inégalement perdu,
lesplus
conductricesplus
(’) Comptes rendus, t. LXXVIII, p. 1331.
Article published online by EDP Sciences and available at http://dx.doi.org/10.1051/jphystap:01876005007300
74
que les autres. Cette
perte dépend
aussi de laplace qu’elles
occu-paient
entreelles,
et l’on rencontre, en démontant cesfaisceaux,
toutes sortes de bizarreries dans la
distribution; inais, quand
leslames sont
coupées
dans un même ruban et bienidentiques,
on re-connaît cette loi :
Que
les lames du même faisceau ont toutesgardé après
leurséparation
la mêmequantité
111,’ demagnétisme,
distribué de lamême manière et
indépendant
de laplace qu’elles occupaient.
Sans les réaimanter de
nouveau, j e replace
ces lames l’une surl’autre,
de manière à refaire successivement des faisceaux de 1, 2.,3,...,
8 lames . Ainsi constitués par des lamesidentiques,
mais nonsaturées,
ces faisceaux ont unmagnétisme égal
dans toute leurmasse, et l’on trouve, comme on devait
s’y
attendre :I° Que chaque
lamegarde
sonmagnétisme
propremm’;
2°
Que
la totalité demagnétisme
du faisceau estégale
à la sommedes
magnétisme s
dechaque
élément ou à n fois lemagnétisme
in’de
chaque lame ;
3°
Que
les courbesmagnétiques
s’élèventquand
le nombre deslames
augmente, qu’en
mêmetemps
elles se redressent et con-vergent vers une
ligne
droitequi
passe par le milieu du faisceau.Cela prouve que les filets conservés dans
chaque
lamepersistent, gardent
leurplace
dans les sections moyennes, mais que leurs extré- Blités seprolongent
par influencedepuis
le milieujusqu’aux
sur-faces extérieures où viennent affleurer et
s’épanouir
tous lespôles
élémentaires.
Ces
pôles développent
sur lesplats
du faisceau des intensitésY;
la somme totale de
magnétisme
est et,puisclu’elle
est
égale à
ii fois lemagnétisme
m’ dechaque laine, qui
eston a
d’où l’on tire
approxiiiiativement
75
ce
qui
montreque n ecrolt
enprogression arithmétique quand
Il croit d’une unité :
l’expérience
vérifie ce résultat.Reprenons
les mêmeslames, rendons-leur,
par une nouvelle ai-mantation,
unmagnétisme
nz àsaturation,
et reconstituons le faisceau. Toutes vontperdre
de m àni’;
il est facile de trouver lescauses et les conditions de cette
perte.
Eneffet,
chacune d’elles estmégapolaire;
elle estlongue,
et oire des courbes d’intensités ma-gnétiques
confinées aux extrémités et distantes l’une de l’autre.Quand
on en superposedeux, puis trois, puis
n, on voit ces courbess’élever, s’allonger,
marcher l’une vers l’autre des extrémités aumilieu, puis
se rencontrer, se superposer deplus
enplus
et lefaisceau devenir peu à peu
brachypolaire .
Cela tient à ce que la ceinture moyenne estproportionnelle
au nombre deslames,
et que la surfaced’épanouissement
despôles n’augmente
que par l’ac- croissementd’épaisseur.
A lalimite,
la courbemagnétique
observéene
change plus
sur lesplats ;
elle se réduit à une droite. Il en ré-sulte que, si l’on
sépare
leslames,
on trouvequ’elles
ontgardé
toutes un
magnétisme m’,
d’abordégal
à nl,puis
d’autant moindrequ’elles
avaient étésuperposées
enplus grand nombre,
lnaisqui
est
toujours
la nièmepartie
dumagnétisme
total : cequi
veutdire,
en d’autres termes, que le
magnétisme
NI du faisceau esttoujours égal
à la somme desmagnétismes
m’ deséléments
mais que i-i-i’décroît de
plus
enplus
par la réaction 11lutuelle de ces éléments.Voici les résultats observés avec des lames de 3 millimètres et de
i millimètre
d’épaisseur :
Puisque
lemagnétisme
S Yqui
est sur lesplats
du faisceau atteintune limite
qu’il
nedépasse plus quand
n croît au delà d’une certainevaleur,
il faut quel’augmentation
demagnétisme gardé
par le fais-ceau résulte
uniquement
de l’accroissement de sonépaisseur.
Or le76
magnétisme gardé
parchaque
lame est donné par la formulepré-
cédente :
On voit que, si n augmente assez pour que 2: Y soit
invariable,
lemagnétisme gardé
parchaque
lame se compose d’un terme constantaugmenté
de laquantité n qui
décroîtquand
naugmente.
Cela montre que, en formant un
faisceau,
il ne faut pas aug-menter outre mesure le nombre des lames : d’abord elles
ajoutent
leur
magnétisme
sans en rienperdre jusqu’à
avoir constitué l’ai-mant
métriopolaire
ou normal. Audelà,
lemagnétisme
total croitencore, mais
chaque
lameperd,
et,quand
on a atteint l’aimantlimite,
2:Y est constant et l’addition de nouvelles lames est enpure
perte.
Je me suis assuré que, dans presque tous les aimants des cabinets dePhysique,
le nombre des lames est excessif.Ces lois
changent notablement,
sans cesser d’êtretrès-simples, quand
onsépare
par des matières nonmagnétiques,
des cartons parexemple,
les diverses lames d’un faisceau(1).
J’ai
pris
22 lamesparfaitement homogènes ;
chacuneprenait
àsaturation, quand
elle étaitseule,
unmagnétisme égal
à8,7
et uneintensité extrême
égale
à6,6. Quand
elles sontsuperposées
sansséparation,
cette intensité estportée
àI5,0 ;
la courbemagnétique
est une
droite,
lepôle
est à 166 millimètres des extrémités.Après
la
séparation, chaque
lame est réduite de8,7
à4,4;
elle aperdu
lamoitié environ de son
magnétisme,
et le faisceautotal, qui
devraitposséder I9I,4,
ne contientplus
que 97,I: laperte
est de 5o pouri oo. Si donc on a
gagné
enintensité,
on aperdu
enquantité.
Interposons
maintenant des cartons deomm,
6. On a encore unaimant
limite;
l’intensité extrême est moindre ou deI3,7 ;
la sommedu
magnétisme extérieur,
c’est-à-dire sur les tranches et lesplats,
est
égale
à85,7.II
semble doncqu’on
aitperdu
à la fois en intensitéet en
quantité.
Mais il n’en est
rien;
une certainequantité d’aimantation,
quenous ne voyons pas, est restée entre les
lames,
et, en démontant lepaquet,
on trouve quechaque
lame a conservé6,9, beaucoup plus
que
précédemment,
et le faisceau entierI5I,4;
laperte
n’estplus
(’ )
Comptes
rendus, t. LXXVIII, p. 1383.77
que de 21 pour 100 au lieu de 50. Ainsi le
magnétisme
total se par- tage en deuxparties,
l’une85,5 qui
est àl’extérieur,
l’autre65,8 qui
est restée dans lesintervalles; enfin,
si l’onporte
les intervalles àomm, 9,
on voit s’accentuerdavantage
cerésultat; chaque
lamegarde
7,I, le faisceau totalI54,
dont 8 i à l’extérieur et73
à l’in-térieur : la
perte
totale est réduite à3 7,4,
soit ig pour I00. Il y a donc ungrand
avantage à constituer des faisceaux avec des lames nombreuses etséparées.
VI. - Loi de la distribution dans
un faisceau (1).
Connaissant ainsi les conditions
générales
d’unfaisceau,
il nereste
plus qu’à
trouver la loi de la distribution. Il fautdistinguer
deux cas : ceux où le faisceau est
mégapolaire
ou bienmicropolaire.
Pour le
premier, j’ai
étudié 50 lames de 1 millimètred’épaisseur
etde 2 mètres de
longueur.
L’intensité moyenne y à une distance x des extrémités a
toujours
été
représentée
par la formuleIl faut trouver les valeurs des constantes
An
etkn
en fonction desconstantes .A. et k
prises
sur une seulelame,
en fonction de lalargeur
b et de
l’épaisseur
n du faisceau.i ° La
quantité
totale demagnétisme
estproportionnelle
aunombre des filets
qui
passent à travers la section moyenne, c’est-à- dire à 1 a sectionbn ;
donc NI = 7n bn .20 Sur une
bande,
delargeur égale
àl’uni té, parallèle
à l’axe del’aimant,
la somme demagnétisme
se trouvera enintégrant y dx
de zéro à
l’infini,
et NI seraégal
à cetteintégrale multipliée
par lepérimètre 2 (b
-f-n) (on néglige
lemagnétisme
des facesextrêmes).
Un aura
En
égalant
les deux valeurs de3/1,
il vient(1) Comptes rendus, t. LXXX, p. I553 , et t. LXXXI, p. 11.
78
Pour le cas d’une seule lame
d’épaisseur égale
àl’unité,
ce
qui
conduit à unepremière
relation de conditionLe second membre étant constant, le
premier
le seraégalement, quel
que soit le nombre de lames j2 :l’expérience
vérifieparfai-
tement cette
déduction,
fondéeuniquement
sur les loisprécédem-
ment établies.
Il faut s’adresser à
l’expérience
pour trouver une deuxièmeéqua-
tion de condition. Or on remarque que
An
etkn
varient en sensinverse, An augmentant
etkn
diminuantquand
le nombre des lames s’accroît. On trouve queA n logkn
est constant ; posons doncles
équations (5)
et(6)
conduisent maintenant àLes seconds membres étant constants, les
premiers
le serontégale-
ment ; c’est en effet ce que
l’expérience
aprouvé,
comme on le voitci-après :
79 La formule définitive des valeurs moyennes de y sera
donc,
enremplaçant An
etkn
par leursvaleurs,
Passons au cas des faisceaux de
longueur quelconque
2l(1).
Il résulte de mes travaux antérieurs
(2)
que, dans une barre delongueur finie,
la courbe des valeursde y
sereplie
à l’extrémitéx =
2 l,
et se superpose à lapartie comprise
entre x= o et x== 2l,
de sorte que son
équation
devientNous admettrons que cette loi
s’applique également
au casqui
nous occupe, et que la formule
précédente exprime
les ordonnéesde la courbe
australe,
de x = o à x - 2 l. D’un autrecôté,
la courbedu
magnétisme
boréalpartant
de l’extrémité x = 2l sera, ausigne près, égale
à laprécédente,
et sonéquation
setrouvera,
en rem-pl acant x par 2l2013x,
la
différence y
2013 y1représentera
l’étatmagnétique
de la lame en ses différentspoints ;
parconséquent l’équation générale
des inten-sités moyennes y dans un faisceau de n
lames, d’épaisseur égale
àl’unité,
delargeur b,
delongueur 1,
seraet, en
remplaçant An
etkll
par leursvaleurs,
Cette formule a été exactement vérifiée pour des faisceaux de i à 50 lames dont les
longueurs
varient de450
à i 2omillimètres;
ellerésume la distribution
magnétique
dans tous les cas.(1) G’omptes rendus, t. LXXXI, p. I77.
(2) Jozcrnal de Physique, t. y, p. 53.
80
A la
limite,
la formuleprécédente
devientce
qui
estl’équation
d’une droitepassant
par le milieudu faisceau
et dont l’ordonnée à
l’origine
x= o estVI.
Distribution
intérieures dumagnétisine.
Dans les faisceaux que nous venons
d’étudier, chaque
lame estaimantée
séparéinent,
et les filetsmagnétiques
sontégalement
ré-partis
dans toute la section moyenne, aussi bien au centrequ’à l’extérieur;
nous allons montrerqu’il
n’en est pas de même pourune masse
épaisse
d’acier que l’on aimante dans une bobine. Le seul moyen que l’on ait d’étudier la distributionmagnétique
dansson intérieur est d’user peu à peu le métal dans un
acide,
parexemple
dans l’eaurégale plus
ou moins étendue ou à lameule ;
mais il n’est pas
prouvé qu’en
enlevant ainsi les couches exté- rieures onsupprime
leurmagnétisme
sanschanger
celui des par- tiessous-jacentes. C’est
unequestion qu’il
faut d’abord examiner.. A cet
effet, je prends
des lameslarges
de 5o à ioomillimètres,
mais
très-minces,
etje
diminue leurlargeur
vers la sectionmoyenne
( fig. 8),
soit à lalime,
soit à lameule,
sans toucher auxFig. 8.
extrémités. Si la lame est
mégapolaire
etsaturée, je
trouve que lemagnétisme
restant esttoujours
sensiblementproportionnel
à lalargeur
réduite EE’ de la lamequi
restesaturée ;
mais il n’en estplus
de même si cette lame est
brachypolaire
ou si elle n’a pas toutd’abord
été aimantée à saturation. Dans ces deux cas, la courbe dumagnétisme
résiduel offre des ordonnéesqui
sont d’abord constantesde M en N
Cfig. 9). Cela
prouve que les filetsmagnétiques
ne sont8I
pas
supprimés
par la diminution que subit lalame;
ils se reforment àtravers la section
réduite,
et l’aimantation ne diminue pas. De N en P lemagnétisme
totaldécroît,
maislentement,
defaçon
que sonrapport
à la sectionaugmente;
d’où il faut conclure que laplus grande partie
des filetsqui,
dans la lameentière,
étaientparallèles
à AB et A’B’
(fig. 9) quand
la section moyenne était00’,
se resser-Fig. g. Fig. io.
rent dans l’étendue EE’ en s’infléchissant
pendant qu’on
use la lame.Si une
pareille
action ne seproduit
pasquand
la lame estméga- polaire,
c’est parce que sa section 00’ étaitdéjà
saturée de filetsen toutes ses
parties,
etqu’en
la réduisant on nepeut condenser,
dans la section restante
EE’, plus
demagnétisme qu’elle
n’en conte-nait à
l’origine.
Le même
déplacement
des filets seproduit si,
au lieu de dinmi-nuer la section moyenne par ses
bords,
on fait au milieu un trouqu’on agrandit
peu à peu;mais, quand
on useégalement
la lamedans toute sa
longueur
en enlevant successivement des tranchesparallèles
àAB,
ledéplacement
des filets est moinsapparent,
et lerapport
dumagnétisme
résiduel à lalargeur
augmentemoins,
bienqu’il
augmente encore. Il faut en conclure que, si l’on dissout unelame
épaisse
dans un acide et que sa dissolution soit bienégale,
onenlèvera,
en mêmetemps
que lescouches,
la presque totalité de leurmagnétisme,
mais quecependant
uneportion
de cemagnétisme
setransportera
auxparties sous-jacentes ;
cetteportion
sera très-faibleet
négligeable
pour un aimantmégapolaire saturé,
maisplus grande
s’il estbrachypolaire.
Cela
étant, je
dissous une lamed’acier, qui
avait unelongueur
de 28o
millimètres,
unelargeur
de 5o et uneépaisseur
de i o milli-mètres,
et detemps
entemps j’interromps l’opération
pour me-surer
l’épaisseur
e et lemagnétisme
restant y : la courbe de cemagnétisme
a la forme AMC(fig. I0);
elle est convexe parrapport
82
à l’axe des e; elle est
représentée
par uneéquation
de la forme2Jr==Ae+Be3.
Cela prouve que le
magnétisme gardé
par la lame diminue d’abordtrès-rapidement,
ensuiteproportionnellement
àl’épais-
seur. Les fractions de
magnétisme disparu
sonttoujours plus grandes
que les fractionsd’épaisseur
enlevées.Quand l’épaisseur
décroît
de 1 15,
lemagnétisme
diminue desi
l’onenlève d’épais-
seur, on enlève la moitié de l’aimantation. Autrement : en usant de
chaque
côté2 10 de millimètre,
onprend
lequart
dumagnétisme
to-tal,
et, pourImm, I, près
desf.
Les2 3 du magnétisme
étaient donc confinés dans une couche deImm,I d’épaisseur, enveloppant
unnoyau de
8mm, 4, qui
ne conserveguère que 1 3
de l’aimantation totale.Si l’on vient à réaimanter ce noyau de
8mm, 4,
on lui rend unmagnétisme
totalégal
à23,5,
presque autant que la barreprimi- tive, qui
enprenait
25 avant son usure. On voit que par cette réai- mantation une nouvelle couchemagnétique
se refait à lasurface, remplace
cellequi
lui avait été enlevée et lui est presqueégale.
Elle-même
peut
s’enlever comme lapremière
et seremplacer
commeelle dans les
épaisseurs sous-jacentes. Si, après chaque
diminutionFig. r.
d’épaisseur,
on réaimante lalame,
on trouve une courbe dentéeen
scie;
les sommetssupérieurs
des dentscorrespondent
aux réai-mantations,
les sommets inférieurs aux dissolutions successives(fi g.
1I).
Loi de la distribution intérieure
(1).
Pour trouver la loi decette distribution dans
l’intérieur, j’aimante
la lamequi
est bra-chypolaire, après
avoirappliqué
à sesextrémités,
sur les deuxfaces,
deux
longues
armatures de ferdoux,
serrées par des vis depression.
(1)
Comptes
rendus des séances de l’Acadéirtie des Sciences, t. LXXXII, p. 19.83 On sait que par ce
procédé
elle devientmégapolaire
etqu’elle
re-çoit,
comme si elle étaitinfinie,
toute laquantité
demagnétisme
que
peut
contenir sa ceinture moyenne. Je mesure cemagnétisme, puis, ayant
réduit la lame dans l’eaurégale, repoli
sa surface à lameule et remis les
armatures, je
recommence l’aimantation et sa mesure. Achaque opération
ainsifaite, je
détermine donc lasomme de
magnétisme
JI, queprend
à saturation un même acier delongueur infinie,
de mêmelargeur
etd’épaisseur
décroissante E.La courbe du
magnétisme
est ONM(fig. II).
Admettons maintenant que, dans une lame
d’épaisseur 2 E,
l’ai-mantation décroisse à l’intérieur suivant la
loiy-
= Ah -x àpartir
des deux surfaces. On trouve
qu’elle
estreprésentée
par la formulex est
compté
àpartir
du milieu de la lame. Pour avoir laquantité
de
magnétisme
totalM,
il fautintégrerj,
dx de + E à- E,
cequi
donne
On détermine k en
prenant
sur la courbe deux valeurs 1YI etIV!1
correspondant
à deuxépaisseurs
2E etE,
pourlesquelles
on ad’où l’on tire ,
En
prenant
le millimètre pour unité delongueur, k
a été trouvéégal
àI ,085,
et l’accord entre le calcul et l’observation a été com-plet.
On a eneffet, pour M I-k-E, les valeurs suivantes, qui
sont
constantes :
Si l’on veut avoir la
quantité
demagnétisme
restée dans uneépaisseur
e de lalame, quand
elle a été aimantée unepremière
fois84
avec son
épaisseur E,
et ramenée par l’action de l’acide àl’épais-
seur e, il faut
intégrer
y dx de + e à e, cequi
donneou
approximativement
comme l’a montré
l’expérience.
Il est donc
prouvé
que, dans une lamed’acier,
les filetsqui
traver-sent la section moyenne ne la
remplissent
pasentièrement, qu’ils
sont serrés contre la surface et
plus espacés
vers le centre, et que leur densité décroît de cette surface au centre suivant laprécé-
dente formule. A
partir
de la section moyenne, ils s’étalent et vien-nent affleurer aux extrémités
polaires.
J’aitoujours
trouvé cephé-
nomène dans tous les
aciers,
avec toutes leslames,
mêlne lesplus minces;
d’où il est facile de conclure lasupériorité
des aimants formés de lam es minces sur les aimantspleins.
Il faut rechercher maintenant comment
change
cette condensa-tion
superficielle
avecl’épaisseur,
lalongueur
et la nature desaciers. Cela est
très-simple
etpouvait
êtreprévu.
Apartir
de lasection moyenne
00’ (fig. I2),
les filetsdivergent
pour aboutir Fi;. 12.à la surface : les
plus profonds
viennent enles plus superfi-
ciels en AA’. Si l’acier est court et limité à
AA’,
il ne contient queces
derniers ;
il a une faible aimantationtotale,
et la densité dumagnétisme
décroitrapidement
avec laprofondeur; quand
la lon-gueur augmente
jusqu’à 03B103B1’,
les filetsprofonds s’ajoutent
auxpré- cédents ;
la totalité dumagnétisme augmente,
et la densitémagné- tique
décroit moins vite de l’extérieur à l’intérieur.L’expérience
confirme
pleinement
cesprévisions.
Quand
l’acier es trecuit,
il esttrès-conducteur;
les courbes d’in- tensitémagnétique
sonttrès-allongées;
si lalongueur est OA,
il ne85
prend
quetrès-peu d’aimantation,
et elle est toutesuperficielle.
S’il est
trempé,
les courbesmagnétiques
sont moinsallongées.
Pour la même
longueur OA,
ilprend plus
demagnétisme,
et ladensité
magnétique
décroît moins vite. Voicil’exemple
de deuxbarres
égales,
l’unerecuite,
l’autretrempée;
le tableauexprime
lesquantités
totales M demagnétisme
pour desépaisseurs
décroissantparade millimètre;
les différences entre cesquantités expriment
les densités moyennes
a pour chaque
couche. On voitqu’à la super-
ficie elles sont à peu
près égales
à 0, 90 pour chacune desbarres, qu’elles
décroissent de o, go à0, 24
pour l’aciertrempé,
et de o,90à 0,12 pour l’acier recuit. L’aimantation est donc moins
profonde
pour le second que pour le
premier.
Si l’on donne une
plus grande longueur
à l’aciertrempe, jusqu’à
le rendre
mégapolaire,
alors il est presqueégalement
aimanté à lasuperficie
et au centre et la densitémagnétique
est presque con-stante à toute
profondeur.
Ainsi les aciers recuits et courts s’aimantent à la
surface,
tandisque les aciers
trempés
etlongs
s’aimantent à peuprès
uniformé-ment dans toute leur
épaisseur.
Il
n’y
aplus qu’à
comparer entre eux les aciersplus
ou moinscarburés et
trempés.
Or on trouve que, la carburationaugmentant,
la densité moyenne devient deplus
enplus égale
dans toute lamasse, mais elle devient
moindre;
les barreaux s’aimantentplus
uniformément,
tout enprenant
moins demagnétisme
danschaque
tranche. Je
possède
unéchantillon,
dontj’ai
souventparlé, qui
nes’aimante presque pas. J’avais cru
jusqu’à présent
que sa surface seule était aimantée : c’est une erreur. Il s’aimante à toute pro-fondeur,
mais neprend
danschaque
couchequ’une
densité très-86
faible, égale
à 0,09,qui
est 1 o foisplus petite
que celle de la lame recuite étudiéeprécédemment.
En
résumé,
on trouve aux deux extrémités de l’échelle:10 Des aciers
trempés, trés-carburés,
peuconducteurs, très-per-
méables à
l’aimantation,
s’aimantanttrès-peu,
mais à touteprofon- deur ;
2° Des aciers
recuits,
peucarburés, très-conducteurs, très-peu perméables
àl’aimantation,
s’aimantantbeaucoup
à lasurface,
mais peu à leur intérieur.
Ces
propriétés
établissent unegrande analogie
entre lemagné-
tisme et l’électricité. Les corps
perméables
à l’électricité se nom- ment lesdiélect7-lqites
ils ne sont pasconducteurs,
neprennent
pas d’électricité parinfluence,
ils sont lesanalogues
des aciers car-burés et
trempés, qu’on
devrait paranalogie
nommerdianlagné- tiques.
Les corps conducteurs del’électricité,
aucontraire,
s’élec-trisent par influence et
gardent
l’électricité à leursurface ;
or lesaciers
recuits, très-peu carburés, agissent
de même.Cette
analogie
se confirme par diversesexpériences.
Un écranconducteur de
l’électricité, placé
devant une sourceélectrique,
in-tercepte
l’enet direct de cette source;mais, réagissant
sur un con-ducteur
voisin, il
repousse l’électricité de même nom et attire l’électricité contraire. Demême, quand
onplace
deux lames d’a- cier recuit dans une bobinemagnétisante,
ellesinterceptent
l’ac-tion de cette
bobine, mais, réagissant
sur unepetite
feuille d’acierplacée
entre ellesdeux,
elles lui donnent une aimantation contraire à celle queproduirait
la bobine. Cette inversion ne seproduit
pas si la même feuille d’acier estplacée
dans les mêmes conditionsentre deux lames d’acier
trempées
etcarburées, perméables
au ma-gnétisme.
Le fer doux est le
plus
conducteur de tous les métauxmagné-
Fig. 13.
tiques;
il doit être le moinsperméable
à l’aimantation.Or, puits-
que toute électrisation
disparaît
dans l’intérieur d’une enceinte87
électrisée,
il ne doitpoint
y avoir d’aimantation dans l’intérieur d’une masse constituant l’un despôles
d’un aimant. Eneffet,
si l’onmet un barreau d’acier in AB
(fig. I3)
dans le noyau de fer de l’élec- tro-aimant deFaraday
de m en r2, il nes’y
aimante pas ou neperd
rien de son
magnétisme primitif; mais,
sil’aiguille
inBdépasse
cenoyau de la
quantité AB,
il se fait en A unpôle
contraire à celui del’électro-aimant,
en B unpôle
de même nom, et lapartie
mn reste àl’état neutre. J’ai fait cette
expérience
devant la Société dePhy- sique,
et tout le monde la pourrareproduire.
AÙnaniatio1ls
superposées (1).
- La théorie que nous venonsd’étudier nous conduit naturellement à
l’explication
dephéno-
mènes curieux et
jusqu’à présent
obscurs. J’aimante à saturation par une double bobine avec i o éléments unegrande
l ame en fer àcheval dans un sens
que j’appellerai direct, puis je
fais passer dans la mêmes bobine un courant inverse de 5 éléments. La lameperd
toute
polarité apparente.
On voitdonc,
comme l’a observé M. Wied- mann,qu’on peut
désaimanter un acier par un courant inverseplus
f’aible que le courant direct nécessaire pour la saturer.
Elle est ramenée à l’état neutre, mais elle n’est pas
désaimantée,
car tout courant
de i,
2,3,
5 éléments inversesn’agit
pas sur elle et ne l’aimante pas; aucontraire,
des courants de i , 2,3,
5 élémentsdirects lui rendent
un magnétisme
considérable.Cela
s’explique :
: la lame a d’abord été aimantéejusqu’à
la pro- fondeur maximapar le
courantdirect;
à uneprofondeur
moindrepar le courant inverse. Il y a deux aimantations
superposées
donton ne voit que la différence. Tout courant
inverse, produit
par un nombre d’éléments inférieur à5,
nechange
rien à la couche in-verse extérieure et rien au
système ;
les mêmes courants directsdétruisent en
partie
cettecouche,
laremplacent
par une aimanta- tiondirecte, qui s’ajoute
à cellequi
était restée dans lesprofon-
deurs.
Le meilleur moyen de vérifier ces idées
théoriques
consiste à dis-soudre dans un acide la lame
qui
a subi deuxaimantations,
l’uneprofonde,
par un courant direct degrande intensité,
l’autresuperfi- cielle,
par un courant inversemoindre (2). Après
une usure suffit-(1) Comptes rendus, t. LXXV, p. I796.
(2) Comptes rendus, t. LXXX, p. 842.
88
sante, la lame
qui
avait une aimantation inverse devientneutre,
puis
elleprend
une aimantation directe.L’expérience
réussit surtoutes les
lames,
mêmequand
elles n’ont que i millimètred’épais-
seur.
Elle
peut
même être faite d’unefaçon plus
concluante. Onpeut
ne
plonger
dans l’acide que l’une des moitiés de la lame pour dis- soudre lemagnétisme
extérieurqui s’y trouvai,
et,quand
on a misà découvert l’aimantation contraire
qui
estau-dessous,
la lame en-tière ofl’re deux
pôles
de même nom à ses deux extrémités et unpoint conséquent
à l’endroit où a commencé l’action de l’acide.Ces
expériences expliquent
un cassingulier
d’aimantation ob- servé par Galilée dans un aiman tnaturel, qui
attirait de loin etrepoussait
deprès
un mêmepôle
d’un barreau d’acier. J’ai pu re-produire
cetteparticularité. Ayant superposé,
commeje
viens dele
dire,
des aimantationscontraires,
dans un mêmeacier, je
l’aidissous dans un acide. Les couches directes ou australes ne sont
pas découvertes
partout
en mêmetemps,
elles commencent par percer auxextrémités,
surtout aux arêtes et auxcoins,
comme dessommets
très-aigus,
très-limités.Elles y
ont unegrande tension;
mais leur moment
magnétique
esttrès-petit,
parcequ’elles
occu-pent
unetrès-petite
surface. En mêmetemps règne
une couche bo-réale non
interrompue depuis l’extrémité jusqu’à
laligne
moyenne : c’est le reste des couches extérieures que l’érosion n’apoin t
enle-vées. L’intensité y est presque nulle en
chaque point; mais,
la sur-face étant
très-grande,
laquantité
et le moment de cemagnétisme
boréal sont
considérables, plus
considérables que laquantité
et lemoment des sommets austraux
qui percent
à l’extrémitémême
d’où il suit que cette extrémité du barreau se tourne vers le
sud,
comme si ces sommets n’existaient pas.
Approchons
peu à peu lepôle
austral ou nord d’un aimant ordi-naire ;
tantqu’il
seraloin,
il subira l’effetprédominant
des couches boréales de notre barreau et seraattiré; mais,
si onl’approche
contre l’extrémité
même,
il se trouvera àtrès-petite
distance despointes
australesqui occupent
cette extrémité : leur effetl’emportera
et il y aura
répulsion.
Ainsi attraction àdistance, répulsion
au con-tact, c’est le cas de la
pierre
deGalilée;
et, cequi
n’est pas moinscurieux,
on reconnaît entre ces barreaux et uneaiguille
ordinaireune
répulsion
au contact des extrémitésqui
sedirigent
vers les89
pôles
de nom contraire de la terre et une attraction des extrémitésqui
se tournent du même côté. A une distancesuffisant,
le sensdes actions est
changé,
et tout rentre dans l’ordre habituel.VII. - Lois de
l’influence magizétique.
Quand
onapproche
dupôle
A d’un aimant une armature de ferformée par un
cylindre
delongueur
et de sectiondonnées,
ellesubit une
décomposition
par influence. Si elle esttrès-loin,
unepolarité
contraire b estattirée,
uneégale quantité
delnagnétisme
de même nom a est
repoussée,
et il y a uneligne
moyennes vers le milieu.Quand
la distancediminue,
lemagnétisme
attiré b se con-centre à
l’extrémité,
laligne
neutre serapproche,
et lapolarité repoussée
s’étale sur unlong
espace.Pour une distance
déterminée,
laligne
neutre est à l’extrémité même b. On ne voitplus
denlagnétisme boréal;
il est entièrement dissimulé par lepôle A,
etenfin,
si lerapprochement continue, l’armature,
bienqu’elle
ne touche pas encorel’aimant,
estdéjà
tout entière
chargée
demagnétisme
austral. Dansl’espace qui
sé-pare l’acier du
fer,
il y a deuxmagnétismes opposés qui n’appa-
raissent
point,
comme entre deux tranchescontiguës
d’un mêmeail1lant. On
peut
donc dire que cet aimant seprolonge
entre l’acieret le
fer,
bienqu’ils
soientséparés,
comme il seprolonge
dans samasse même entre deux couches de molécules
qui
se touchen t.Pendant ce
rapprochement,
la courbemagnétique change
surl’acier;
elle serapproche
del’extrémité, puis
elle décroît en tousses
points,
et cequ’a gagné
lefer,
elle leperd. Quant
le contact alieu,
les deuxpolarités
du fer et de l’acier sont déterminées commueil suit.
Sur le
fer,
la courbe estreprésentée
par la formule établiepré-
cédemment
qu’on peut écrire,
enreprésentant
par a l’ordonnée àl’origine,
La totalité du
magnétisme
contenu dans l’armature estégale
àJ. de Ph.J"s., t. V. ( Mars 1876.) 7