HAL Id: jpa-00206432
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Submitted on 1 Jan 1966
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Relaxation vibrationnelle de l’oxyde de carbone
Lucien Doyennette, Lucien Henry
To cite this version:
Lucien Doyennette, Lucien Henry. Relaxation vibrationnelle de l’oxyde de carbone. Journal de
Physique, 1966, 27 (7-8), pp.485-488. �10.1051/jphys:01966002707-8048500�. �jpa-00206432�
RELAXATION VIBRATIONNELLE DE L’OXYDE DE CARBONE
Par LUCIEN DOYENNETTE et LUCIEN
HENRY (1),
Laboratoire de
Spectroscopie Moléculaire,
Faculté desSciences,
Paris.Résumé. 2014 Nous avons étudié la relaxation de la fluorescence de
l’oxyde
decarbone, opti- quement
excité sur lepremier
niveau vibrationnel. Par une méthode de modulation du rayon- nementd’excitation,
nous avons mesuré la constante de temps de relaxation en fonction de lapression
du gaz ; les mesures ont été faitesjusqu’à
lapression
de 450 Torr. Nous avons observé que cette constante étaitsupérieure
à la durée de vie radiative(0,033 s)
et croissait avec lapression jusqu’à
la valeur de0,25
s. Ce résultat peut êtreinterprété
en faisant intervenir unprocessus de
piégeage
de la fluorescence parautoabsorption.
Nous en avons déduit une esti-mation de la constante de relaxation
thermique qui
est en bon accord avec celle obtenue parextrapolation
des mesures d’ondes de choc.Abstract. 2014 Fluorescence relaxation of carbon
monoxide, optically
excited on the firstvibrational level,
has been studiedby chopping
the excitationradiation ;
the relaxation time has been measured for different values of gas pressure up to 450Torr ;
it is found to belonger
than the radiative lifetime
(0.033 s)
and rises up to 0.25 s. This may be due to thetrapping
of the fluorescence radiation
by reabsorption.
An estimation of the thermalisation rela- xation time has been deduced and it agrees well with the valuepredicted
fromhigh-
temperature shock-tube data.PHYSIQUE 27, 1966,
Si on excite
optiquement
une molécule sur unétat
vibrationnel,
la désexcitation s’effectue :- Par thermalisation de
l’énergie
d’excitation(relaxation thermique).
- Par émission de fluorescence
(relaxation
radia-tive).
C’est R. C. Millikan[1-2] qui,
lepremier,
aobservé la fluorescence d’une molécule vibration- nellement
excitée ;
ils’agissait
de la fluorescence del’oxyde
de carbone dans la bande fondamentale de valence à 2 143 cm-1. Cet auteur a étudié la décroissance de la fluorescence de ce gaz dans unflux
d’àrgon.
Ultérieurement D. Williams etJ. McCaa
[3]
ont observé la fluorescence du gaz excité à l’intérieur d’une cuve.Les mesures que nous avons
entreprises
nous ontpermis
d’étudier la relaxation vibrationnelle del’oxyde
de carbone en fonction de lapression
à latempérature
du laboratoire. Il se trouve que pour ce gaz, s’il esttrès pur, la relaxationthermique
estplus
lente que la relaxation radiative dans le domaine de
pression
que nous avons étudié(de quelques
Torr à450
Torr).
C’estpourquoi
les résultats que nous avons obtenusapportent
desrenseignements
sur larelaxation radiative.
Principe
de la mesure des constantes de rela..xation. - L’action du rayonnement d’excitation porte les molécules
d’oxyde
de carbone sur le pre-(1)
Cette étude a été enpartie
subventionnée par la D. G. R. S. T. et la D. R. M. E.mier niveau vibrationnel par le processus
d’absorp.
tion :
Les molécules excitées neuvent ensuite revenir à l’état fondamental suivant deux processus : un pro-
cessus radiatif d’émission induite ou
spontanée :
ou un processus de désactivation par chocs :
Désignons
parNo
etN1
le nombre de molécules par unité devolume, respectivement
dans l’étatfondamental et dans l’état
excité,
parNT
lenombre
total de
molécules,
que nous poseronségal à Na -f- 7VB ;
et parp( v)
la densitéd’énergie
du rayon- nement d’excitation dans la zone d’observation de la fluorescence.L’augmentation
du nombre de molé- culesexcitées,
au cours del’excitation,
est déter-minée par
l’équation :
= A et
B,~ o =
= B sont les coeii-cients d’émission et
d’absorption d’Einstein ; Kt
estArticle published online by EDP Sciences and available at http://dx.doi.org/10.1051/jphys:01966002707-8048500
486
égal
au rapportZ /Zt
du nombre moyen de chocs Zsubis,
par unité detemps,
par une moléculeexcitée,
sur le nombre moyen de chocsZt
néces- saires pour désactiver une molécule excitée.L’équation (1)
s’écrit encore :Dans la suite nous poserons :
-r, est la durée de vie
radiative, égale
à0,033
s,Tt la constante de
temps
du processus de désacti- vation par chocs.L’intégration (2)
del’équation (II)
conduit àl’expression
del’augmentation
du nombre des molé- cules excitées en fonction dutemps :
où
(N l)e
=Bpü
Tm est le nombre de molécules excitées dans lesystème
enéquilibre
avec lerayonnement (c’est-à-dire pour t
-~00)
et laconstante de
temps
définie parOn montre de même
qu’après
coupure de l’exci- tation le nombre de molécules excitées décroît sui- vant la loi :avec id, constante de
relaxation,
définie parSi nous soumettons le gaz à une excitation modu- lée de
période T,
le nombre de molécules excitées vacroître
pendant
lademi-période d’excitation, puis
décroître
pendant
lademi-période
suivante.En choisissant pour
origine
dutemps
le début d’uncycle
demodulation,
on montre, àpartir
del’équation (II) ;
que la variation du nombre des molécules excitées au cours ducycle
est donnée par lesexpressions
suivantes :pendant
lademi-période d’excitation,
pendant
lademi-période
suivante.Nous avons
représenté,
sur lafigure 1,
la varia-tion
correspondante
de l’intensité de fluorescence au cours d’uncycle
de modulation. Si nousappelons la (2)
Nous avonsnégligé
la variation en fonction dutemps de I~t et
p(v),
cequi
est raisonnable dans les conditionsexpérimentales
danslesquelles
nous noussommes
placés (NI
et Ktpetits).
FiG. 1. - Variation de l’intensité d’émission
au cours de la modulation.
et
Il> respectivement
les intensités à la fin et audébut de la
demi-période d’excitation,
etle
l’inten-sité à
l’équilibre,
obtenue sans modulation de l’exci-tation,
alors les constantes et Idpeuvent
être 1calculées par les relations :
’
Dispositif expérimental.
- Nous avonschoisi,
comme source
d’excitation,
un arc aucharbon ;
ledispositif optique,
schématisé(fig. 2), permet
d’obte-FIG. 2. -
Dispositif optique.
nir une
image
degrandissement
2 du cratère aucentre de la cuve ; celle-ci est en forme de
croix ;
sesfenêtres sont en fluorine. Un demi
disque
tour-nant
Me,
degrand diamètre, permet
de moduler le faisceaud’excitation ;
un second modulateurMo
est
placé
sur letrajet
du faisceau de fluorescence.On mesure l’intensité de fluorescence en flux total
sur des détecteurs
(thermopile
et celluleGe-Au)
munis d’un filtre à bande étroite centré sur
quatre
microns.Le gaz utilisé dans nos
expériences
a unepureté
initiale de
99,99 % :
avant d’êtreexcité,
il estpurifié
par une méthodeinspirée
de celledéjà
utilisée par R. C. Millikan.
Méthodes de mesure. - Dans une
première méthode,
les deux modulateurs sontsynchronisés
àla
fréquence
de 13 Hz. Le modulateur du faisceau de fluorescence est constitué par undisque
surlequel
est
découpé
un secteur de30° ;
onpeut
faire varier ledéphasage
entre ce secteur et le modulateur du faisceau d’excitation et le contrôler parstroboscopie.
Il est ainsi
possible
de mesurer l’intensité de la fluorescence en différents instants ducycle
décritsur le schéma de la
figure 1,
et d’en déduire les valeurs des constantes de relaxation. Les résultats ainsi obtenus ont été confirmés par une seconde méthode danslaquelle
nous avonspréféré
observerdirectement sur un
oscilloscope
l’allure duphéno-
mène : le modulateur du faisceau de fluorescence est
remplacé
par un modulateur tournant à 400Hz,
et nous avons fait choix d’une
fréquence
de 5 Hzpour
la modulation de l’excitation. Nous avons alors mesuré sur lesoscillogrammes
les valeurs deIl,
etIb,
et
porté
cesvaleurs,
ainsi que celle deIe
obtenuesans modulation de
l’excitation,
en fonction de lapression ;
nous avons obtenu les courbes de lafigure
3 et en avons déduit(équations
IV etV)
lesvaleurs de et Td. Les valeurs sont
reportées
enfonction de la
pression
P sur lafigure
4.Discussion.
--- Les valeurs obtenues pour Tm et Td sont peu différentes. Nous trouvons, pour lapression
de gaz d’une
demi-atmosphère,
queim jTd
~0,95 ;
on
peut
déduire de ce résultat la valeur de la densité del’énergie d’excitation ;
nous trouvonsqu’elle
estéquivalente
à celle queprésente
un corps noir à latempérature
de 800 OK. Cette valeur nous sembleen accord raisonnable avec celle que l’on
peut
déduire de la mesure del’énergie
de l’arc dans larégion spectrale
d’excitation et de l’évaluation del’absorption
durayonnement
par le gaz entre la fenêtre d’entrée de la cuve et la zone d’observation de la fluorescence.Comme l’avait montré Millikan
[2],
la constantede relaxation Td est
supérieure
à la durée de vie radiative Ir. ; à lapression
de 400Torr,
nous trou-vons
qu’elle
devientégale
à environ huit fois la durée de vie radiative. Ilfaut,
eneffet,
faire inter-venir un autre processus : le
piégeage
de la fluores-cence par
autoabsorption ;
eneffet,
lerayonnement
émis au cours de l’excitation suivant le processus(2)
peut
être réabsorbé par le gaz lui-même suivant leFIG. 3. - Variations des intensités
le,
~:~ et Ib mesuréessur
oscillogrammes.
FIG. 4. - Variation des constantes de relaxation avec la
pression.
488
processus
(1).
Il en résulte unpiégeage
du rayon-nement par
auto-absorption qui
a pour effetd’aug-
menter la durée de la relaxation vibrationnelle. Il faut donc écrire
1/Ld
=(1fTp) + (11-rt),
Tp étantune nouvelle constante
qui
tientcompte
de ce pro-cessus
d’auto-absorption ;
une étude est en courspour évaluer cette constante ; une
première analyse
a montré
qu’elle augmentait
avec lapression
et quesa croissance était
identique
à celle obtenue pour Td.Vers les très basses
pressions,
Td tend vers Try ainsinotre courbe doit être
extrapolée
vers la valeur0,033
s àpression
nulle.Les mesures
reportées 4)
ont été limitées à lapression
de 450Torr;
cettepression correspond
à latension de vapeur de
l’oxyde
de carbone à latempé-
rature de l’azote
liquide
danslaquelle
sontplongés
les
pièges
depurification.
Enremplaçant
l’azoteliquide
par de lacarboglace,
onpeut
travaillerjusqu’à
despressions
voisines de lapression
atmo-sphérique ;
nous observons dans ces conditions que la courbe Td =f ( p) présente
unpalier
entre 400 Torret la
puession atmosphérique ;
maisjusqu’à
la pres- sion de 400 Torr les valeurs mesurées sont infé- rieures à cellesindiquées (fig. 4),
cequi indique
que lapureté
du gaz est alors moins bonne. Le fait que °~a reste constant entre 400 Torr et lapression atmosphérique peut
êtreinterprété
en considérant que cette constante detemps
devientindépendante
de la
pression
dès que celle-ci est assezgrande
pour que l’effetd’élargissement Doppler
des raies soitnégligeable
devant l’effetd’élargissement
par colli- sion.La connaissance de la valeur de Tp doit nous per- mettre d’atteindre la valeur de Tt? constante de désactivation par
chocs ;
nos résultats montrentque Tt a pour limite inférieure
0,25
s pour despressions supérieures
à 400 Torr. Récemment M. G.Ferguson
et A. W. Read trouvaient cetteconstante
égale
à0,8
s avec lespectrophone ;
commele font remarquer ces auteurs, cette valeur ne cons-
titue encore
qu’une
limite inférieure pour It car le processus deréabsorption
a éténégligé.
Tenantcompte
de ce processus, il fautremplacer dans. leur équation
la somme(l/’t"r) + (11-rt)
parNous trouvons
alors,
y utilisant leurs résultatsexpé-
rimentaux et la valeur que nous avons obtenue pour ïd, que la constante de désactivation Tt a une
valeur de 6 s pour la
pression atmosphérique.
Lerésultat est en bon accord avec celui obtenu par
extrapolation
des mesures d’onde dechocs,
donnantune valeur d’environ 5 s
[1]. Cependant
la valeurtrouvée ici doit être considérée comme
approxi-
mative : en effet la constante Tp
dépend
du volumede gaz excité et, par
suite,
notre valeur de Tapeut
être un peu différente de celle
qu’il
faudraitprendre
dans
l’expérience
de M. G.Ferguson
et A. W. Read.Manuscrit reçu le 22 février 1966.
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