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Submitted on 1 Jan 1936
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Clichés de rayons cosmiques obtenus au Laboratoire
International du Jungfraujoch (3 450 m)
Paul Ehrenfest, Pierre Auger
To cite this version:
CLICHÉS
DE RAYONSCOSMIQUES
OBTENUS AU LABORATOIRE INTERNATIONAL DU JUNGFRAUJOCH
(3 450
m).
Par PAUL EHRENFEST Jr. et PIERRE AUGER.
Sommaire. - Une double chambre de Wison-Blackett a été construite et a servi à l’étude des rayons
cosmiques au Laboratoire de haute altitude du Jungfraujoch. On a pu montrer :
a) Que le nombre de gerbes sortant d’un écran de 2 cm de plomb est plus grand, relativement au
nombre de trajectoires solitaires, que dans le cas d’un écran de 15 cm.
b) On peut observer des cas où un corpuscule solitaire crée une gerbe dans 2 cm de plomb ; ce cas
n’a pu être observé dans 15 cm, malgré des statistiques plus étendues.
c) Les rayons qui sont capables de traverser 15 cm de plomb, produisent beaucoup moins de
secon-daires de grande énergie que les trajectoires faisant partie d’une gerbe.
d) Beaucoup de secondaires de faible énergie sont produits dans le gaz par les corpuscules, même
pénétrants.
e) Nous avons observé plusieurs fois des gerbes d’une abondance suffisante pour expliquer les grands
chocs d’ionisation de Hoffmann.
Introduction. - L’étude des
phénomènes qui
accompagnent
le passage des rayonscosmiques
àtra-vers la matière nous a conduit à construire deux
chambres à
détentes, verticales,
commandées simulta-nément par unsystème
de trois ouquatre compteurs
à coïncidencesplacés
dans leplan
vertical des chambres(voir
cliché1)
suivant la méthode de Blackett et Occhia-lini(1).
Ces deuxchambres,
placées
l’une au-dessus de l’autre sur unsupport
réglable
peuvent
êtreséparées
par des écrans allantjusqu’à
90 cm. Leur diamètre intérieurest de 14 cm, et leur
profondeur
utile de2,5
cm; lepiston
est formé de deux membranes de caoutchouc de chambre à aird’automobile,
entrelesquelles
est collé parvulcanisation,
undisque
de duralumin. Pourl’éclairage
intensifnécessaire,
nous avons utilisé lacombustion de feuilles d’aluminium dans
l’oxygène.
L’atmosphère
des chambres à détentes estgénérale-ment de
l’argon
sous1,5
atm saturé par unmélange
alcool-eau
(2).
Les recherches faitesjusqu’ici
portent
sur la cohérence des rayons sortant d’un écran de
plomb,
sur le nombre de secondairesaccompagnant
lescorpuscules cosmiques,
sur les déviationsqu’ils
subissent dans la traversée des écrans.
Cohérence. - On sait que le nombre de
gerbes
produites
par lerayonnement
cosmique
croît très vite si l’on s’élève dansl’atmosphère,
beaucoup plus
vite que l’ionisationglobale
A 3 500 md’altitude,
il ya environ 6 fois
plus
degerbes
qu’au
niveau de lamer. Nous avons donc pu faire
rapidement quelques
petites statistiques
sur lesgroupements
destrajectoires,
avec une seule chambre sans écran intérieur recouverte d’un écrin de
plomb d’épaisseur
variable,
et le déclan-chementétantcommandé par descompteurs
placés,
soitsur une même
verticale,
soit entriangle.
Le tableau (~) P. M. S.BLACKETT et G. P. S. OCCHIALINI. Proc. Soc., 1933, 139,699.(2) Dernièrement, nons’avons rempli une des chambres avec
du krypton, que nous a donné M. Muraour.
montre que le
groupement
(cohérence)
destrajectoires
est
beaucoup
plus prononcé
sous un écrannul,
ou de2 clin de
plomb,
que sous 10 ou 15 cm deplomb.
Ilfaut
prendre garde,
dans ce cas, que le nombre degerbes
obliques
n’est passignificatif puisque
celles-cine
prennent
pas naissance dans l’écran deplomb,
et sont très favorisées par lemontage
entriangle.
En utilisant les deux
chambres,
on voit des résul-tatsanalogues :
avec 15 cm deplomb
entreelles,
onn’observe que très peu de
gerbes
dans la chambreinférieure,
et elles sontgénéralement obliques,
commele montre le
stéréoscope,
cequi
leurpermet
dedéclan-cher les
compteurs
au-dessus et au-dessous duplomb
sans les traverser. Avec 2 cm de
plomb
entre leschambres,
on observe ungrand
nombre degerbes
produites
dans leplomb.
Dans certains cas, onpeut
déceler dans la chambre
supérieure
lecorpuscule
soli-tairequi
forme lagerbe
(cliché 2).
Avec 15 cm de ciment surl’appareil,
on observe aussibeaucoup
degerbes.
Secondaires. - On
peut
également
tenter d’éva-luer le nombre decorpuscules
secondairesproduits
lors du passage d’un rayoncosmiqne
à travers 5 mmde
plomb placés
dans la chambre inférieure. S’ils’agit
des rayons solitairesayant
pu traverser 15 cm deplomb,
ce nombre est très faible : 2 secondaires pour 27 rayons observés auJungfraujoch,
et 3 secondairessur 52 rayons
pénétrants
à Paris. Aucontraire,
s’ils’agit
de rayons degerbes produits
par duplomb
oudu ciment au-dessus de
l’appareil,
sur 21trajectoires
appartenant
à 3petites gerbes
et traversant les 5 mmde
plomb,
il y a 15 secondairesproduits
(cliché 2).
Lelong
destrajectoires,
dans le gaz, on trouve souvent des électrons secondaires de très faibleénergie,
émisperpendiculairement
à latrajectoire principale.
Sur 16 m detrajectoires
de rayonscapables
detra-verser 15 cm de
plomb,
nous avons trouvé 25secon-daires,
d’uneénergie comprise
entre 10" et 105 eV. Il5.
66
faut remarquer que, dans un
champ magnétique
in-tensegauss),
le rayon de courbures destrajec-toires d’électrons de cette
énergie,
estpetit
etpeut
même être assez réduit pourqu’ils
ne soient pas sépa-rés de la trace du rayonprincipal
(voir
cliché3).
Grandes
gerbes.
- Onvoit,
sur les clichésci-contre,
degrandes gerbes, beaucoup
plus
faciles à observer auJungfraujoch qu’à
Paris(~).
Ainsi,
sur lecliché
6,
il y aplus
de 300trajectoires,
parcourant
aumoins 5 cm dans la
chambre,
dont le volume est 360cm3.
Comme la densité destrajectoires
dans l’es-pace esttrès
homogène,
on doit penser que l’extensionréelle de la
gerbe
estbeaucoup
plus grande ;
de même le parcours descorpuscules,
dont ungrand
nombre traverse 5 mm deplomb.
Onpeut
calculer le nombred’ions que
pourrait
créer. une tellegerbe
dans unechambre d’ionisation de 36
litres,
pleine
de gaz sous15
atmosphères,
et le résultatqui
est de l’ordre de 5. tOicorrespond
tout à fait à l’ionisationproduite
(1) Voit’ note Aucsn ot EHJt1i1NltEST, J. S, p. 256.
dans de telles
chambres,
lors d’ungrand
choc de Hoffmann.Déviation. 2013 Le
dispositif
à deux chambres per-met de mesurer les déviations suivies par lesparticules
du
rayonnement
cosmique
dans leur passage à travers des écrans.Ainsi,
pour latraversée
de 15 cm deplomb,
nous avons observé des déviations inférieuresà 2’ pour la moitié des cas, et la
plus grande
dévia-tion observée nedépassant
pas5u,
cequi
est assezremarquable, malgré
1e
fait que lesdispositions
géromé-triques
nuisent à l’observation degrandes
dévia-tions. De nouvellesstatistiques plus complètes
sont en cours àParis,
avec desépaisseurs
variables deplomb.
Nous avons pu faire cetravail,
grâce
à une subvenr tion de la Caisse des Recherchesscientifiques.
Nous remercions leprofesseur
W.Hess,
directeur du Labo-ratoire international duJungfraujoch
de nous avoir accueillis dans ce laboratoire etd’y
avoir fait faire diverses installationsqui
nous ontbeaucoup
facilité letravail.
Manuscrit reçu le 30 novembre i9~5.
LÉGENDES
DE LA PLANCHE.
Fig. i. - Disposition géométrique des compteurs, des chambres
~, détentes et de l’écran de plomb, pour la mesure des
dévia-tions. Hayon solitaire à peine dévié; cliché pris à Paris. Le5
1,ayons fi mous visibles dans la chambre supérieure sont
plus
âgés
et dùs à la radioactivité locale.Fig, 2 a et b. - Pris
au
Jupgfraujoçh.
Rayon sp]it8:ire,produisant une gerbe dans 2 cm de Pb placés entre les chambres.
Dans la chambre inférieure les rayons de la gerbe produisent
des secondaires en traversant 0, 5 cm Pb.
Fig. 3. - Deux
rayons dans le plan des compteurs formant
3 secondaires de faible énergie dans le gaz.
Fig. i. - Grande
gerbe obtenue à Paris avec la dispositif 4
compteurs
dans un plan et 50 cm Pb sous l’appareil, çommedéerit dans notre article
précédent
(1). Fig. 5. - Laplus grande gerbe obtenue au Jungfraujoch, sous 2 cm Pb. L’ionisation spécifique est comparable à celle
produite par un grand choc de Hoïfroaun.
Fig. 6. - Gerbe obtenue au Jungfraujoch sous 2 cm Pb.
PLANCHE. Fig. 3. Fig. 2 a et b. Fig. 1. Fig..4. 5. Fig. 1.