Chapitre 18 : Suites (suite).
I Généralités sur les suites
On appelle suite de nombres réels ou suite réelle toute application de NdansR.
Si uest une application de N dans R on la notera alors punqnPN ou bien punqně0 où, par convention,un“upnq.
On dit alors que la suite punqnPNest la suite de terme généralun. On note RN l’ensemble des suites réelles.
Définition 1
Remarque 1. — On parlera toujours de la suiteuou de la suitepunqnPNmais pas de la suiteun.
— De manière analogue, pour pPNon appellera encore suite une applicationudeJp,`8rdansR et on la noterapunqněp.
— Le choix de la lettre pour l’indice n’a pas d’importance, on peut écrire u“ punqnPN“ pukqkPN
Exemple 1. — La suitepunqnPNdéfinie par
@nPN un“3n`1
— La suitepvnqnPNdéfinie par
@nPN vn“0 est appelée la suite nulle.
— Une suite pwnqnPNvérifiant
@nPN wn “w0
est appelée une suite constante
SoitpunqnPNet pvnqnPNdeux suites réelles et soitλPR. On définit alors
— la suitepanqnPNpar
@nPN an“λun On la notepλunqnPN.
— la suitepbnqnPNpar
@nPN bn“un`vn On la notepun`vnqnPN.
— la suitepcnqnPNpar
@nPN cn“unˆvn
On la notepunvnqnPN.
— si la suitepvnqnPNne s’annule jamais, on définit la suite pdnqnPNpar
@nPN dn“un
vn
On la note
´un vn
¯
nPN
. Définition 2
SoitPpnqune propriété dépendant d’un entiernPN. On dit que la propriétéPpnqest vraie à partir d’un certain rang s’il existen0PNtel quePpnqest vraie pour tout entier něn0. C’est-à-dire
Dn0PN @něn0 Ppnqest vraie Définition 3
SoitpunqnPNune suite réelle
— On dit que la suitepunqnPN est stationnaire si elle est constante à partir d’un certain rang, c’est-à-dire si
Dn0PN @něn0 an“an0
— On dit que la suitepunqnPNest périodique de périodepPNsi
@nPN un`p“un
Définition 4
Exemple 2. — La suitepunqnPNdéfinie par
@nPN un“ p´1qn est périodique de période 2.
— La suitepvnqnPNdéfinie par
@nPN vn“ Z10
n
^
est stationnaire.
SoitpunqnPNune suite réelle
— On dit que punqnPNest croissante (resp. strictement croissante) si
@nPN un`1ěun presp.un`1ąunq
— On dit que punqnPNest croissante à partir d’un certain rang (resp. strictement crois- sante à partir d’un certain rang) si
Dn0PN@něn0 un`1ěun presp.un`1ąunq
— On dit que punqnPNest décroissante (resp. strictement croissante) si
Remarque2. Sous peine de risque de fâcher gravement le correcteur on n’écrira jamais «unÕ»ou
«unŒ»sur sa copie.
@nPN un`1ďun presp.un`1ăunq
— On dit que punqnPN est décroissante à partir d’un certain rang (resp. strictement croissante à partir d’un certain rang) si
Dn0PN@něn0 un`1ďun presp.un`1ăunq
— On dit que punqnPN est monotone (resp. strictement monotone) si elle est croissante ou bien si elle est décroissante (resp. si elle est strictement croissante ou bien si elle est strictement décroissante).
Définition 5
Exemple 3. — La suitepunqnPNdéfinie par
@nPN un “n2`1 est strictement croissante
— La suitepvnqnPNdéfinie par
@nPN vn“X? n\ est croissante (mais pas strictement croissante).
— Soit qą0 et soitpanqnPN la suite définie par
@nPN an“nqn Quelle est la monotonie depanqnPN?
Siqě1 il est clair que panqnPNest croissante.
On suppose queqă1. PournPN˚on a clairementan ‰0. Pour étudier l’éventuelle monotonie de la suitepanqnPNon va étudier le quotient un`1u
n
SoitnPN˚, on a
anďan`1
ôan`1 an
ě1 ôpn`1qqn`1
nqn ě1 ôpn`1q
n ě1 ô1`1
n ě 1 q
ô1 n ě1
q ´1 ôně q
1´q pon a 1 q ą1q De même on montre que
an`1ďan ô ně q 1´q
Ainsi, siqă1, la suitepanqnPNest décroissante à partir du rangn0“ Y q
1´q
]
`1.
— Soit xą0 etpbnqnPNla suite définie par
@nPN bn“ xn n!
Étudions la monotonie de la suitepbnqnPN. SoitnPNon a
bn`1´bn “ xn`1 pn`1q! ´xn
n!
“xn n!
ˆ x n`1 ´1
˙
“ xn
pn`1q!px´ pn`1qq Ainsi la suitepbnqnPNest décroissante à partir du rangn0“txu.
Soitf :RÑRet xPR. Il existe une unique suite punqnPNtelle que u0“x et @nPN un`1“fpunq On dit alors que la suite punqnPNest définie par récurrence par
#
u0“x
@nPN un`1“fpunq On parle alors de suite récurrente d’ordre 1.
On peut généraliser cette notion au cas où l’ensemble de définition Df de f n’est pas R mais il est alors extrêmement important de vérifier que la suitepunqnPNest bien définie en prouvant (généralement par récurrence) que, pour tout nPN,un PDf.
Définition 6
Exemple 4. SoitpunqnPNla suite définie par
#
u0P r0,2s
@nPN un`1“? 2´un
Comme f : x ÞÑ ?
2´x n’est pas définie sur R, on DOIT montrer que la suite punqnPN est bien définie. Pour cela on va ici montrer par récurrence que, pour toutnPNunP r0,2s.
Initialisation :
On a par définitionu0P r0,2s (ce qui nous assure queu1“?
2´u0est bien défini).
Hérédité :
SoitnPN, on suppose que, pour toutkďn,uk est bien défini et vérifieukP r0,2s.
On va montrer qu’alorsun`1est bien défini et vérifieun`1P r0,2s.
Commeun P r0,2s ĂDf alorsunn`1“fpunqest bien défini. De plus, comme un P r0,2s on a
alors ?
2´0ě?
2´un ě
?2´2 C’est-à-dire
0ďun`1ď
?2ď2
Ainsiun`1P r0,2s, ce qui prouve la propriété au rangn`1 et achève la récurrence.
On a ainsi prouvé que la suitepunqnPN est bien définie.
On peut généraliser la notion de suite définie par récurrence.
Soit pPN˚,f :Rp ÑRet px0, x1,¨ ¨ ¨, xp´1q PRp. Il existe une unique suitepunqnPN telle que
u0“x0 u1“x1 ¨ ¨ ¨ up´1“xp´1 et @nPN un`p“fpun, un`1,¨ ¨ ¨, un`p´1q On dit alors que la suite punqnPNest définie par récurrence par
$
’’
’’
&
’’
’’
% u0“x u1“x1
...
@nPN un`p“fpun, un`1,¨ ¨ ¨ , un`p´1q On parle alors de suite récurrente d’ordrep.
Définition 7
II Suites usuelles
A Suite arithmétiques et géométriques
SoitrPRet soitpunqnPNla suite définie par récurrence par
# u0PR
@nPN un`1“un`r On dit alors quepunqnPN est une suite arithmétique de raisonr.
Définition 8
SoitpunqnPNune suite arithmétique de raisonr. Alors on a
@nPN un“u0`nr Théorème 1
Démonstration. On procède par récurrence surn.
Initialisation :
On a bienu0“u0`0ˆr Hérédité :
SoitnPN, on suppose queun“u0`nr.
Alors
un`1“un`r“u0`nr`r“u0` pn`1qr Ce qui prouve la propriété au rangn`1 et achève la récurrence.
SoitpunqnPNune suite arithmétique de raisonret soitN PN. Alors
N
ÿ
k“0
uk“ pN`1qu0`NpN`1q
2 r
Théorème 2
Démonstration. On a
N
ÿ
k“0
uk“
N
ÿ
k“0
u0`rk
“ pN`1qu0`r
N
ÿ
k“0
k
“ pN`1qu0`NpN`1q
2 r
SoitqPRet soitpunqnPNla suite définie par récurrence par
# u0PR
@nPN un`1“qun
On dit alors quepunqnPN est une suite géométrique de raisonq.
Définition 9
SoitpunqnPNune suite géométrique de raison q. Alors on a
@nPN un“u0qn Théorème 3
Démonstration. On procède par récurrence surn.
Initialisation :
On a bienu0“u0ˆ1“u0ˆq0 Hérédité :
SoitnPN, on suppose queun“u0qn. Alors
un`1“qun“qu0qn“u0qn`1 Ce qui prouve la propriété au rangn`1 et achève la récurrence.
SoitpunqnPNune suite géométrique de raison qet soitN PN. Alors
N
ÿ
k“0
uk“
#
u01´qN`1
1´q siq‰1
pN`1qu0 siq“1 Théorème 4
Démonstration. On a
N
ÿ
k“0
uk“
N
ÿ
k“0
u0qk
“u0 N
ÿ
k“0
qk
“
#
u01´q1´qN`1 siq‰1 pN`1qu0 siq“1
B Suites arithmético-géométriques
Soitpa, bq PR2et soitpunqnPNla suite définie par récurrence par
# u0PR
@nPN un`1“aun`b
On dit alors que la suite punqnPNest une suite arithmético-géométrique.
Définition 10
Soitpa, bq PR2et soitpunqnPNla suite arithmético-géométrique définie par
# u0PR
@nPN un`1“aun`b On suppose quea‰0
Remarque3. Sia“0 alorspunqnPNest simplement une suite arithmétique
Soitc l’unique solution de l’équationx“ax`b.
Alors la suitepun´cqnPNest géométrique de raisonaet on a donc
@nPN un“c`anpu0´cq Théorème 5
Démonstration. SoitnPN, on a
#
un`1“aun`b c“ac`b En soustrayant la seconde ligne à la première on a alors
un`1´c“apun´cq La suitepun´cqnPNest donc bien géométrique de raisona.
On a alors
@nPNun´c“anpu0´cq D’où
@nPN un“c`anpu0´cq
Exemple 5. Alice a payé avec une carte de crédit une somme de 1000 euros. Sa banque pratique un taux d’intérêt de 5% sur la somme restant due. Alice souhaite rembourser sa dette au rythme de 100 euros par mois à partir du second mois. Combien de temps faudra-t-il à Alice pour rembourser sa dette et combien aura-t-elle payé au total ?
La dette d’Alice au moisnnotéedn est une suite arithmético-géométrique vérifiant
@nPN dn`1“1.05dn´100 SoitcPRtel quec“1.05c´100 c’est-à-direc“0.05100 “2000.
On a alors
@nPN dn“2000´1000ˆ1.05n
Alice aura remboursé sa dette lorsque queun ď0, c’est-à-dire dès quep1.05qn ě2 donc dès que nělnp1.05qlnp2q »14.
Il faut donc 15 mois à Alice pour payer sa dette et elle aura payé au total 13ˆ100`d14“1400`2000´1000ˆ1.0514»1420
C Suites récurrentes linéaires d’ordre 2
Soitpa, bq PR2et soitpunqnPNla suite définie par récurrence par
$
’&
’% u0PR u1PR
@nPN un`2“aun`1`bun
On dit alors quepunqnPN est une suite récurrente linéaire d’ordre 2.
Définition 11
Soitpa, bq PR2et soitpunqnPNla suite définie par récurrence par
$
’&
’% u0PR u1PR
@nPN un`2“aun`1`bun
SoitP “X2´aX´b. On dit que P est le polynôme caractéristique de la suitepunqnPN. Trois cas sont possibles
— P admet deux racines réelles distinctes λet µ. Alors, il existepA, Bq PR2tel que
@nPN un “Aλn`Bµn Le couplepA, Bqest de plus l’unique solution du système
#
A`B “u0
λA`µB“u1
— P admet une racine réelle double λ. Alors il existepA, Bq PR2 te lque
@nPN un“Aλn`Bnλn Le couplepA, Bqest de plus l’unique solution du système
# A“u0
λpA`Bq “u1
— P admet deux racines complexes conjuguéesρeiθetρe´iθ. Alors, il existepA, Bq PR2 tel que
Remarque4. Il faut bien faire attention, la méthode est similaire à celle employée pour les équations différentielles mais la forme des résultats n’est pas la même
@nPN un“ρnpAcospnθq `Bsinpnθqq Le couplepA, Bqest de plus l’unique solution du système
#A“u0
ρpAcospθq `Bsinpθqq “u1
Théorème 6
Démonstration. On admet que les systèmes linéaires de deux équations à deux inconnues introduit ont toujours une unique solution.
On va procéder par récurrence double
— P admet deux racines réelles distinctesλet µ. On a donc
λ2´aλ´b“0 et µ2´aµ´b“0 Initialisation :
On a bienu0“Aλ0`Bµ0et u1“Aλ1`Bµ1. Hérédité :
SoitnPN˚, on suppose que
un “Aλn`Bµn etun´1“Aλn´1`Bµn´1 Alors
un`1“aun`bun´1
“apAλn`Bµnq `b`
Aλn´1`Bµn´1˘
“Aλn´1paλ`bq `Bµn´1paµ`bq
“Aλn´1λ2`Bµn´1µ2
“Aλn`1`Bµn`1
Ce qui prouve la propriété au rangn`1 est achève la récurrence.
— P admet une racine réelle doubleλ. On a alors
P“X2´aX´b“X2´2λX`λ2 En particuliera“2λ.
Initialisation :
On a bienu0“Aλ0`Bˆ0ˆλ0 et u1“Aλ1`Bˆ1ˆλ1. Hérédité :
SoitnPN˚, on suppose que
un“Aλn`Bnλn et un´1“Aλn´1`Bpn´1qλn´1 Alors
un`1“aun`bun´1
“apAλn`Bnλnq `b`
Aλn´1`Bpn´1qλn´1˘
“Aλn´1paλ`bq `Bpn´1qλn´1paµ`bq `aBλn
“Aλn´1λ2`Bpn´1qλn´1λ2`2λBλn
“Aλn`1`Bpn`1qλn`1
— P admet deux racines complexes conjuguéesρeiθ et ρe´iθ. Initialisation :
On a bien
u0“ρ0pAcosp0ˆθq `Bsinp0ˆθqq et u1“ρ1pAcosp1θq `Bsinp1θqq Hérédité
SoitnPN˚, on suppose que
un “ρnpAcospnθq `Bsinpnθqq et ρpn´1q pAcosppn´1qθq `Bsinppn´1qθqq Alors
un`1“aun`bun´1
“apρnpAcospnθq `Bsinpnθqqq `b´
ρpn´1q pAcosppn´1qθq `Bsinppn´1qθqq¯
“A`
aρncospnθq `bρn´1cosppn´1qθq˘
`B`
aρnsinpnθq `bρn´1sinppn´1qθq˘ Or
aρncospnθq `bρn´1cosppn´1qθq “<´ a`
ρeiθ˘n
`b`
ρeiθ˘n´1¯
“<´
`ρeiθ˘n´1`
aρeiθ`b˘¯
“<´`
ρeiθ˘n´1` ρeiθ˘2¯
“ρn`1cosppn`1qθq
De même
aρnsinpnθq `bρn´1sinppn´1qθq “ρn`1sinppn`1qθq Ainsi
un`1“A`
aρncospnθq `bρn´1cosppn´1qθq˘
`B`
aρnsinpnθq `bρn´1sinppn´1qθq˘
“Aρn`1cosppn`1qθq `Bρn`1sinppn`1qθq
“ρn`1pAcosppn`1qθq `Bsinppn`1qθqq
Ce qui prouve la propriété au rangn`1 et achève la récurrence.
Exemple 6. la suite de Fibonacci est une suite célèbre introduite par Léonardo Fibonacci, pour répondre à la question suivante : « Un homme met un couple de lapins dans un lieu isolé de tous les côtés par un mur. Combien de couples obtient-on en un an si chaque couple engendre tous les mois un nouveau couple à compter du troisième mois de son existence ? »
Ce problème mène à la suitepunqnPNdéfinie par récurrence par
$
’&
’% u0“0 u1“1
@nPN un`2“un`un`1 Le polynômeX2´X´1 admet deux racines réelles 1`
?5 2 et 1´
?5 2
Ainsi il existepA, Bq PR2 tel que
@nPN un“A
ˆ1`? 5 2
˙n
`B
ˆ1´? 5 2
˙n
On a alors
#A`B “0
1`? 5 2 A`1´
?5
2 B “1
D’où
A“ 1
?5 et B“ ´ 1
?5 Ainsi
@nPN un“ 1
?5 ˆ1`
?5 2
˙n
´ 1
?5 ˆ1´
?5 2
˙n
III Convergence des suites réelles
A Généralités
SoitpunqnPNune suite réelle. On dit que la suitepunqnPNconverge ou est convergente si DLPR, @εą0, DpPN, @něp, |un´L| ďε
C’est-à-dire s’il existe une réelLtel que, pour tout réel strictement positifε, tous les termes de la suite sont dans rL´ε, L`εs à partir d’un certain rang.
On dit alors que la suitepunqnPNconverge versLou tend versLquandntend vers`8, ce que l’on note
nÑ`8lim un“L ou un ÝÑ
nÑ`8L Si punqnPNn’est pas convergente on dit qu’elle est divergente.
Définition 12
Unicité de la limite Soit punqnPN. Si punqnPN converge alors sa limite est unique, i.e. si punqnPN converge versL1PRet L2PRalorsL1“L2.
Proposition 7
Démonstration. SoitpunqnPNune suite qui converge vers L1PRet L2PR. Supposons par l’absurde queL1‰L2 et soitε“|L1´L3 2|.
Par définition de la convergence il existe alorspp1, p2q PN2 tel que
@něp1 |un´L1| ďε et @něp2 |un´L2| ďε Ainsi, pourněmaxpp1, p2qon a
|L1´L2| ď |L1´un| ` |un´L2| ď2εď 2
3|L1´L2| Ce qui est absurde. AinsiL1“L2.
Exemple 7. — SoitcPR, la suite constante pcqnPNconverge versc.
— La suitepunqnPN˚ définie par
@nPN˚ un“ 1 n2 converge vers 0.
Prouvons-le
Soitεą0, pournPN˚ on a alors
|un´0| ďε ô 1
n2 ďε ôn2ě1
ε carεet 1
n2 sont de même signe.
ôně 1
?ε carnet 1
?ε sont tous deux positifs.
Posons doncp“ Y?1
ε`1 ]
, on a alors
@něp |un´0| ďε AinsipunqnPNconverge bien vers 0.
— La suitepvnqnPNdéfinie par
@nPN vn“ p´1qn diverge.
— La suitepwnqnPNdéfinie par
@nPN wn“n diverge
SoitpunqnPNune suite réelle. On dit quepunqnPNtend vers`8(resp.´8) ou que la limite depunqnPN quandntend vers`8est `8(resp.´8) si
@KPR, DN PN, @něN, uněK respectivement
Remarque5. On pourra se limiter à Ką0 (respectivement K<0
@KPR, DN PN, @něN, unďK Définition 13
Remarque6. On ne dira JAMAIS qu’une suite converge vers`8ou´8. Une suite qui tend vers`8 ou´8est divergente.
Soit punqnPN et pvnqnPN deux suites réelles et soit λPR. On suppose que la suite punqnPN
converge versL1et que la suitepvnqnPNconverge versL2.
Alors la suitepλunqnPNconverge versλL1, la suitepun`vnqnPNconverge versL1`L2et la suitepunvnqnPNconverge versL1L2.
Si, de plus la suitepvnqnPNne s’annule pas etL2‰0, alors la suite
´un
vn
¯
converge vers LL1
2. Théorème 8
Démonstration. Soit punqnPN et pvnqnPN deux suites réelles et soit λ P R. On suppose que la suite punqnPN converge versL1 et que la suitepvnqnPNconverge versL2.
— Siλ“0 alors la suitepλunqnPNest constante à 0 et converge donc vers 0. On suppose désormais queλ‰0.
Soitεą0.
SoitpPNtel que
@něp, |un´L1| ď ε
|λ|
Ainsi, pourněpon a
|λun´λL1| “ |λ| |un´L1| ďλ ε
|λ| ďε La suitepλunqnPNconverge bien vers λL1.
— Soit εą0
SoitpN1, N2q PN2 tel que
@něN1, |un´L1| ďε
@něN2, |vn´L2| ďε PourněmaxpN1, N2qon a alors
|pun`vnq ´ pL1`L2q| ď |un´L1| ` |vn´L2| ď2ε
Quitte à remplacer ε par ε2 on obtient le résultat voulu. Ainsi la suite pun`vnqnPN converge versL1`L2.
— Soit δą0
SoitpN1, N2q PN2 tel que
@něN1, |un´L1| ďδ
@něN2, |vn´L2| ďδ PourněmaxpN1, N2qon a alors
|unvn´L1L2| ď |unvn´L1vn`L1vn´L1L2| ď |unvn´L1vn| ` |L1vn´L1L2| ď |vn| |un´L1| ` |L1|vn´L2|
ď p|vn´L2| ` |L2|q |un´L1| ` |L1|vn´L2| ď pδ` |L2|qδ` |L1|δ Soit alorsε. Posonsδ“min
´ ε
|L1|`2|L2|,|L2|
¯
de sorte que l’on ait pδ` |L2|qδ` |L1|δď2|L2|δ` |L1|δďε et notonsN3“maxpN1, N2q. Alors,
@něN3 |unvn´L1L2| ďε
— On va prouver que la suite
´ 1 vn
¯
tend vers L1
2. SoitδP
ı 0,|L22|
”
etN PNtel que
@něN |vn´L2ďδ On a alors
@něN |L2|
2 ă |L2| ´δď |vn| ďδ`L2
D’où, pourněN
1 vn ´ 1
L2
ď|L2´vn|
|vn||L2| ď 2δ
|L2|2 Soitεą0 etδ“|L2|
2ε
2 , on a alors
@něN,
1 vn
´ 1 L2
ďε
Ainsi la suite´
1 vn
¯
nPN
converge versL1
2, et ,d’après le point précédent, la suite´
un vn
¯
nPN
converge vers LL1
2.
Soit punqnPNune suite qui tend vers `8et soitpvnqnPN une suite réelle qui tend vers une limite `PRY t˘8u.
SoitλPR
— Siλą0 alors la suitepλunqnPN tend vers`8.
— Siλă0 alors la suitepλunqnPN tend vers´8.
— SipvnqnPNne tend pas vers ´8alorspun`vnqnPNtend vers`8.
— Si pvnqnPN tend vers une limite`ą0 (éventuellement`“ `8) alors punvnqnPN tend vers`8.
— Si pvnqnPN tend vers une limite`ă0 (éventuellement`“ ´8) alors punvnqnPN tend vers´8.
Théorème 9
Démonstration. — Soit K ą0, on a alors Kλ ą0. Comme punqnPN tend vers `8il existe donc N PNtel que
@něN, uně K λ Ainsi
@něN, λun ěK On en déduit quepλunqnPNtend vers`8
— Soit Kă0, on a alors Kλ ą0. Comme punqnPNtend vers`8il existe doncN PNtel que
@něN, uně K λ
Ainsi
@něN, λun ďK On en déduit quepλunqnPNtend vers´8
— On sait que `‰ ´8, ainsi,
Si`PRalors il existeNPNtel que
@něN, vn ě`´1 Si`“ `8alors il existeN PNtel que
@něN, vn ě0
Dans tous les cas la suite pvnqnPN est minorée à partir d’un certain rang. Soit donc M P Ret N PNtel que
@něN, vněM
SoitKPR, on sait que limnÑ`8un “ `8, ainsi il existeN1PNtel que
@něN1, un ěK´M Ainsi, en notant ˜N “maxpN, N1q
@něN ,˜ un`vněK On en déduit que limnÑ`8un`vn“ `8.
— On sait que `ą0, ainsi,
Si`PRalors il existeNPNtel que
@něN, vn ě`´` 2 Si`“ `8alors il existeN PNtel que
@něN, vn ě1
Dans tous les cas la suite pvnqnPN est minorée à partir d’un certain rang par une constante strictement positive. Soit doncM ą0 etN PNtel que
@něN, vněM
SoitKPR, on sait que limnÑ`8un “ `8, ainsi il existeN1PNtel que
@něN1, un ě K M
Ainsi, en notant ˜N “maxpN, N1q
@něN ,˜ unvněK On en déduit que limnÑ`8unvn“ `8.
— SipvnqnPNtend vers une limite `ă0 alorsp´vnqnPN tend vers´`ą0.
D’après la point précédentp´unvnqnPNtend alors vers`8.
D’après le second point, on en déduit alors quepunvnqnPNtend alors vers´8.
On peut résumer les résultats précédent dans des tableaux
On verra plus tard des méthodes pour lever les formes indéterminées.
Soit punqnPN une suite réelle. On considère les deux sous-suites pu2nqnPN et pu2n`1qnPN
respectivement des termes d’indice pairs et impairs de la suitepunqnPN. Alors la suitepunqnPN
est convergente si et seulement si les deux sous-suitespunqnPNetpvnqnPNsont toutes les deux convergentes et convergent vers la même limite.
Remarque7. Ce résultat sera fondamental pour l’étude des suites définies par récurrence
Théorème 10
Démonstration. — Supposons dans un premier temps que la suitepunqnPNconverge versLPR. Soitεą0 etN PNtel que
@něN |un´L| ďε On a alors
@ně ZN
2
^
, |u2n´L| ďε
@ně ZN
2
^
, |u2n`1´L| ďε
Les suitespunqnPN etpvnqnPNsont donc toutes les deux convergentes versL.
— Réciproquement supposons que suitespunqnPNetpvnqnPNsont donc toutes les deux convergentes vers une limiteLPR.
Soitεą0 etpN1, N2q PNtels que
@něN1 |u2n´L| ďε
@něN2 |u2n`1´L| ďε Alors
@němaxp2N1,2N2`1q |un´L| ďε La suitepunqnPN converge donc bien versL.
B Résultats fondamentaux : Limites et inégalités
SoitpunqnPNune suite réelle qui converge vers L.
Si L‰0 alors la suitepunqnPNest non-nulle à partir d’un certain rang. Plus précisément, si Lą0 alors la suitepunqnPNest strictement positive à partir d’un certain rang et si Lă0 alors la suite punqnPNest strictement négative à partir d’un certain rang.
Théorème 11
Démonstration. — SupposonsLą0. On considèreε“ L2 ą0.
SoitNPNtel que
@něN, |un´L| ďε On a donc
@něN L´εďun ďL`ε C’est-à-dire
@něN L
2 ďun ď3ε 2 En particulier, comme L2 ą0,
@něN uną0
— Supposons Lă0. On considèreε“ ´L2 ą0.
SoitNPNtel que
@něN, |un´L| ďε On a donc
@něN L´εďun ďL`ε C’est-à-dire
@něN 3L
2 ďunď L 2 En particulier, comme L2 ă0,
@něN ună0
SoitpunqnPNune suite réelle convergente, alors punqnPNest bornée.
Remarque8. La réciproque est ABSOLUMENT FAUSSE. Dire qu’une suite converge car elle est bornée est passible de bannissement dans le sixième cercle des Enfers.
Théorème 12
Démonstration. SoitpunqnPNune suite réelle convergente, notonsLsa limite. SoitN PNtel que
@něN |un´L| ď1 Ainsi,
@něN un P rL´1, L`1s
L’ensembletu0, u1,¨ ¨ ¨, uN´1uest fini (plus précisément il admetN éléments), il est donc borné.
Soit alorspm, Mq PRtel que
@kPJ0, N´1K mďuk ďM Ainsi, pournPNon a
minpm, L´1q ďunďmaxpM, L`1q La suitepunqnPNest bien bornée.
Passage des inégalités à la limite SoitpunqnPNetpvnqnPNdeux suites convergentes de limites respectivesL1etL2. On suppose quepvnqnPNest supérieure àpunqnPNà partir d’un certain rang, c’est-à-dire
DN PN, @něN, unďvn
AlorsL1ďL2
Théorème 13
Démonstration. Supposons par l’absurde queL1 ąL2. La suite pun´vnqnPNconverge alors vers un réel strictement positif.
Ainsi la suitepun´vnqnPNest strictement positive à partir d’un certain rang, il existe doncN2PN tel que
@něN2unąvn SoitněmaxpN, N2q, on a alors
vnăun ďvn
ce qui est absurde. AinsiL1ďL2.
Remarque9. SipvnqnPNest strictement supérieure àpunqnPNà partir d’un certain rang, c’est-à-dire si DN PN, @něN, unăvn
Alors on n’a tout de même qu’une inégalité large à la limiteL1ďL2. Un exemple simple à considérer est l’exemple des suites`1
n
˘
nPNet`´1
n
˘
nPN
Théorème des gendarmes Soit panqnPN, pbnqnPN etpcnqnPNtrois suites réelles telles que
— DN PN @něN anďbnďcn
— panqnPNet pcnqnPNconverge vers la même limite.
AlorspbnqnPNconverge versL.
Théorème 14
Démonstration. SoitNPNtel que
@něn anďbnďcn Soitεą0 etpN1, N2q PNtel que
@něN1 |an´L| ďε
@něN2 |cn´L| ďε Ainsi
@něN1 an ěL´ε
@něN2 |cnďL`ε D’où, pourněmaxpN, N1, N2qon a
L´εďan ďbnďcn ďL`ε Ainsi
@němaxpN, N1, N2q, |bn´L| ďε La suitepbnqnPNconverge donc bien versL.
Extension aux limites infinies SoitpanqnPNetpbnqnPN deux suites réelles telles que DN PN, @něN, anďbn
— Si limnÑ8an“ `8alors limnÑ8bn “ `8.
— Si limnÑ8bn “ ´8alors limnÑ8an “ ´8.
Proposition 15
Démonstration. — On suppose que limnÑ8an“ `8SoitKą0 et soitpN, N1q PN2tel que
@něN, anďbn
@něN1, aněK Alors
@němaxpN, N1q, bn ěK Ainsi limnÑ8bn“ `8.
— On suppose que limnÑ8bn“ ´8SoitKă0 et soitpN, N1q PN2 tel que
@něN, anďbn
@něN1, bnďK Alors
@němaxpN, N1q, anďK Ainsi limnÑ8an“ ´8.
Exemple 8. 1. SoitpunqnPNla suite définie par
@nPN un “
n
ÿ
k“1
1 lnpn`kq PourkPJ1, nKon a lnpn`kq1 ě lnp2nq1 , ainsi
@nPN, un ě n lnp2nq Ainsi limnÑ8un“ `8.
2. SoitpvnqnPN la suite définie par récurrence par
#v0PR
@nPN, un`1“ en`1´un On a clairement
@ně1, uně0 D’où
@ně2, 0ďunď 1 n`1
D’après le théorème des gendarmes la suitepunqnPN converge donc vers 0.
C Résultats fondamentaux : Limite et monotonie
Soit punqnPNune suite croissante à partir d’un certain rang et majorée, alors elle converge vers un réelLet on a
L“suptun, nPNu
De même sipvnqnPNune suite décroissante à partir d’un certain rang et minorée, alors elle converge vers un réel`et on a
`“inftvn , nPNu Théorème 16
Démonstration. — Rappelons la caractérisation de la borne supérieure S“suppAq ô
#
@aPA aďS
@εą0, existsaPA, S´εďaďS
Ici l’ensembletun, nPNuest majoré. Il admet donc une borne supérieure que l’on noteL.
On a en particulier
@nPN unďL
Soitεą0. La deuxième ligne de la caractérisation de la borne supérieure nous dit qu’il existe alorsNPNtel que L´εďuN ďL.
La suitepunqnPN étant croissante, on a
@něN un ěuN
Ainsi
@něN L´εďuN ďunďL D’où
@něN |un´L| ďε On a donc prouvé quepunqnPNconverge versL.
— Si pvnqnPN une suite décroissante à partir d’une certain rang et minorée alors p´vnqnPN est une suite croissante à partir d’un certain rang et majorée. Elle converge alors vers une limite L“supt´vn, nPNu.
AinsipvnqnPN converge vers
`“ ´L“ ´supt´vn, nPNu “inftvn, nPNu
Remarque 10. Si punqnPNest croissante et majoré parM PRalors elle converge mais RIEN ne nous dit qu’elle converge versM. On a par contre
nÑ8lim unďM
Toute suite monotone bornée converge. La réciproque est FAUSSE Corolaire 17
Exemple 9. On a vu plus tôt que, pourxą0, la suite`xn
n!
˘
nPNest décroissante à partir d’un certain rang et minorée par 0. Ainsi elle converge vers une limite`ě0.
On verra plus tard que limnÑ8xn!n “0.
SoitpunqnPNune suite réelle.
— On suppose que punqnPNest croissante à partir d’un certain rang et non majorée.
AlorspunqnPN tend vers`8quandntend vers`8.
— On suppose que punqnPNest décroissante à partir d’un certain rang et non minorée.
AlorspunqnPN tend vers´8quandntend vers`8.
Théorème 18
Démonstration. — On suppose quepunqnPNest croissante à partir d’un certain rang et non majorée.
SoitKą0. Comme punqnPNn’est pas majorée, elle n’est en particulier pas majorée parK.
Ainsi, il existeN PNtel queuněK.
CommepunqnPNest croissante, on a de plus
@něN, uněuN D’où
@něN, uněK
Ainsi la suitepunqnPNtend bien vers`8quandntend vers`8.
— On suppose que punqnPNest décroissante à partir d’un certain rang et non minorée.
Alorsp´unqnPN est croissante à partir d’un certain rang et non majorée. Doncp´unqnPN tend vers`8quand ntend vers`8.
AinsipunqnPNtend vers´8quand ntend vers`8.
Remarque11. Une suite non-bornée est divergente mais n’admet pas forcement de limite. Par exemple la suitepunqnPNde terme général
@nPN un“ p´1qnn n’est ni majorée, ni minorée, et elle n’admet pas de limite.
Suites adjacentes
SoitpunqnPNetpvnqnPNdeux suites réelles. On dit quepunqnPNetpvnqnPNsont adjacentes si
— Elles sont monotones de sens contraire.
— limnÑ`8un´vn“0 Définition 14
SoitpunqnPN etpvnqnPNdeux suites adjacentes. AlorspunqnPN etpvnqnPNsont convergentes et convergent vers la même limite.
Théorème 19
Démonstration. Pour fixer les idées supposons quepunqnPN est décroissante etpvnqnPNest croissante.
Alors la suitepun´vnqnPN est décroissante. Comme elle converge vers 0 on a donc
@nPN, un´vně0 D’où
@nPN, uněvn Et, par monotonie depunqnPNet pvnqnPN
@nPN, u0ěuněvněv0
DESSIN
La suitepunqnPNest décroissante et minorée parv0, elle converge donc vers une limiteL1. La suite pvnqnPNest croissante et majorée paru0, elle converge donc vers une limiteL2.
Ainsi, la suitepun´vnqnPNconverge versL1´L2.
Par unicité de la limite on a alorsL1´L2“0, c’est-à-direL1“L2.
D Limite et continuité
On ne va pas donner ici une définition rigoureuse de la continuité, tous les résultats seront donc admis.
Soit f une fonction continue deDf dansR. SoitpunqnPN une suite réelle convergeant vers une limiteL. On suppose que
@nPN, unPDf et LPDf
Alors la suitepfpunqqnPNest convergente et converge versfpLq.
Théorème 20
Ce résultat peut s’étendre aux situations avec des limites infinies.
Soitf une fonction deDf dansR. SoitpunqnPNune suite réelle telle que limnÑ`8un“lP RY t˘8u. On suppose que
@nPN, un PDf et lim
xÑ`fpxq “LPRY t˘8u Alors limnÑ`8fpunq “L.
Théorème 21
Exemple 10. — La suite` sin`1
n
˘˘
nPN est convergente et converge vers 0.
— La suite` ln`
1`1n˘˘
nPN est convergente et converge vers 0.
Soit pa, bq P R2 avec a ă b. Soit f : ra, bs Ñ ra, bs une fonction continue. Alors il existe x0P ra, bstel que fpx0q “x0.
On dit quex0 est un point fixe def surra, bs.
Proposition 22
La recherche de points fixes sera d’une grande importance pour l’étude de la convergence des suites récurrentes plus tard.
Soitf une fonction continue deDf dansR. SoitpunqnPN la suite définie par
# u0PDf
@nPN, un`1“fpunq
On suppose que la suitepunqnPNest bien définie et qu’elle converge vers une limiteLPDf.
Remarque12. Il faut faire attention aux cas oùLexiste mais n’appartient pas àDf, dans ces cas, comme fpLqn’est pas défini,
AlorsLest un point fixe deR Théorème 23
BCPST 1 2019-2020 18