Universit´e P. et M. Curie Licence de Math´ematiques
LM360 B
Lundi 29 janvier 2007
Topologie et Calcul Diff´ erentiel
Corrig´e de l’examen
I
1) La fonction ϕ est clairement continue de R3 dans R2, et P est l’image r´eciproque par ϕdu singleton {(0,0)}, qui est ferm´e dansR2. Donc P est ferm´e dans R3.
De plus, pour tout point (x, y, z) de P, on a x2 + 2y2 + z2 = 5, d’o`u on d´eduit imm´ediatement que |x|, |y| et |z| sont major´es par √
5. Le ferm´e P est born´e dans R3, donc compact. Les points (x, y, z) de P tels que x= 0 sont ceux qui v´erifient 2y2+z2 = 5 et y2 = 2z, donc z2 + 4z −5 = 0, d’o`u z = −2±3. Les points (0,±√
2,1) appartiennent donc `a P, et P 6=∅.
2) La matrice jacobienne de ϕen (x, y, z) vaut :
Jϕ(x, y, z) =
µ2x 4y 2z 2x 2y −2
∂
En un point m = (x, y, z) de P o`u le rang de ϕ0 est au plus 1, on a n´ecessairement : 4xy−8xy =−4x−4xz =−8y−4yz = 0, c’est-`a-dire : xy = x(1 +z) = y(2 +z) = 0, ou encore - soit x = y = 0 - soit x = 0 6= y et z = −2 - soit y = 0 6= x et z = −1. Dans le premier cas, on devrait avoir z2 = 5 et z = 0 ; dans le second 2y2 = 1 et y2 = 2z = −4 ; dans le troisi`emex2 = 4 et x2 = 2z = −2. Il n’existe donc aucun point de P o`u le rang de ϕ0 soit diff´erent de 2.
3) La fonction continuef atteint sur le compactP son minimum et son maximum. En un tel pointa, puisqueϕ0est surjective, il r´esulte du th´eor`eme sur les extr´ema li´es qu’existent des multiplicateurs de Lagrange∏ et µtels que f0(a) =∏ϕ01(a) +µϕ02(a) (o`u ϕ1 etϕ2 d´esignent les fonctions coordonn´ees de ϕ). La matrice jacobienne de f est Jf(x, y, z) = ( 0 1 1 ). Si a= (x, y, z), on doit donc avoir
0 = ØØ ØØ ØØ
0 1 1
2x 4y 2z 2x 2y −2
ØØ ØØ
ØØ= 4x(1 +z−y)
doncx = 0 ouy = 1 +z.
Dans le cas x = 0, on doit avoir 2y2 +z2 = 5 et y2−2z = 0, donc 4z +z2 = 5, ce qui entraˆıne z = 1 ou z = −5, et y2 = 2z = 2 ou y2 = 2z = −10. Ceci a comme solutions a1 = (0,√
2,1) et a2 = (0,−√
2,1), avec f(a1) = 1 +√
2 et f(a2) = 1−√ 2.
Dans le cas y= 1 +z, on doit avoiry2+z2+ 2z = (x2+ 2y2+z2)−(x2+y2−2z) = 5, donc
(1 +z)2+z2+ 2z = 2z2+ 4z+ 1 = 5 doncz =−1±√
3, y= 1 +z =±√
3 etx2 = 2z−y2 =−2±2√
3−3<0. Il n’y a donc pas de telle solution.
Finalement, on trouve seulement les deux points critiques a1 et a2. Et f atteint son maximum 1 +√
2 en a1 et son minimum 1−√
2 en a2. II
1) Soient E et F deux espaces de Banach, U un ouvert de E ×F et ϕ une fonction de classe
E
1 de U dans F. On suppose que (a, b) est un point de U, que ϕ(a, b) = 0 et que la diff´erentielle partielle ∇yϕ(a, b) est un isomorphisme de F sur lui-mˆeme. Il existe alors un voisinage V de a dans E, un voisinage W de b dans F et une fonction f de classeE
1de V dans W tels que V ×W ⊂ U, que f(a) = b et que, pour (x, y) ∈ V ×W, on ait ϕ(x, y) = 0 ⇐⇒ y=f(x).
2) Soitϕ:R×R3 →R3 l’application d´efinie, pour u= (x, y, z), par ϕ(t, u) =°
x3+y3+z3+t2, x2+y2+z2+t−2, x+y+z+t¢
Si a= (0,−1,1), on a ϕ(0, a) = (0,0,0), et la matrice de la diff´erentielle partielle de ϕ par rapport `a u est
J(t, u) =
3x2 3y2 3z2
2x 2y 2z
1 1 1
dont le d´eterminant vaut
D(t, u) = 6(x2y−x2z+y2z−y2x+z2x−z2y) = 6(x−y)(x−z)(y−z)
et en particulier D(0, a) = 12 6= 0. Il r´esulte alors du th´eor`eme des fonctions implicites qu’existe une fonctionf de classe
E
1 d´efinie sur un voisinage V de 0 dansR, `a valeurs dans R3, valanta en 0 telle que f(t) soit solution du syst`eme pour toutt ∈V.De plus, la d´eriv´ee de f en 0 est ´egale `a
f0(t) =−≥
∇uϕ(0, a)¥−1
◦∇tϕ(0, a) =−
0 3 3 0 −2 2
1 1 1
−1
0 1 1
=− 1 12
−4 0 12
3 −3 0
2 3 0
0 1 1
=
1
−1/4 1/4
III
1) La partieK deX est compacte si tout recouvrement deK par des ouverts deXcontient un sous-recouvrement fini deK( le sous-espaceKest n´ecessairement s´epar´e puisqueXl’est).
Soit (Kn) une suite d´ecroissante de parties compactes non vides de X. Puisque X est s´epar´e, chacune des Kn est ferm´ee dans X. Si l’intersection des Kn ´etait vide, les ouverts Un = X \ Kn formeraient un recouvrement du compact K0, qui devrait avoir un sous- recouvrement fini (Un0, Un1, . . . , Unk). Alors sim= max(n0, n1, . . . , nk), on aS
06j6kUnj = Um par d´ecroissance des Kn, c’est-`a-dire K0 ⊂ Um, ou encore Km = K0 ∩ Km = ∅, contrairement `a l’hypoth`ese que les Kn sont toutes non vides.
2
2) Puisque la fonctionf :y7→ ky−y0k est continue, l’ensembleKε, image r´eciproque par f de [ε,+1[, est ferm´e dans K, donc lui-mˆeme compact.
Puisque la fonction f1 : y 7→ ky−x0k est continue sur Kε, l’ensemble Yn, image r´eciproque par f1 de l’intervalle ferm´e [0,kx0−y0k+ 2−n], est ferm´e dans le compact Kε, donc lui-mˆeme compact. Clairement, tout point y de Yn+1 est un point de Kε qui v´erifie ky−x0k6kx0−y0k+2−n−1 6kx0−y0k+2−n, doncy∈Yn, et ceci montre la d´ecroissance de la suite Yn. Enfin, siy appartient `a l’intersection desYn, c’est un point deKε qui v´erifie kx0−yk 6 kx0−y0k, donc un point de K distinct de y0 dont la distance `a x0 est ´egale `a d(x0, K), contrairement `a l’hypoth`ese d’unicit´e de y0. DoncT
nYn=∅.
3) Comme rappel´e en 1), on en d´eduit l’existence d’un entier n0 tel que Yn0 = ∅. Par d´ecroissance de la suite (Yn), les Yn sont vides pour n > n0. Il existe aussi n00 tel que 2−n00 < ε. Il suffit alors de prendre nε = max(n0, n00).
4) Si x appartient `a la boule B(x,2−nε−1) et si z ∈ Kε, on a par in´egalit´e triangulaire : kx−zk > kx0−zk − kx−x0k. De plus puisque z ∈ Kε et que z /∈ Ynε = ∅, on a kx−zk>kx0−y0k+ 2−nε. Alors puisque de pluskx−x0k<2−nε−1 on obtient :
kx0−zk − kx−x0k>kx0−y0k+ 2−nε −2−nε−1 =kx0−y0k+ 2−nε−1 De mˆeme, puisque y0 ∈K et par in´egalit´e triangulaire, on a
d(x, K)6kx−y0k6kx0−y0k+kx−x0k<kx0−y0k+ 2−nε−1
et compte tenu de ce qui pr´ec`ede : kx0−y0k+ 2−nε−1 < kx−zk, d’o`u d(x, K) < kx−zk pour tout pointz de Kε. Il en r´esulte que pour tout point ydeK tel qued(x, K) =kx−yk, on ay /∈Kε, c’est-`a-direky−y0k< ε.
5) Soit x ∈ B(x0,2−nε−1). La fonction continue y 7→ kx−yk atteint sa borne inf´erieure sur le compactK,d(x, K), en un pointy∈K, et il r´esulte de ce qui pr´ec`ede queky−y0k< ε.
Puisquey0 ∈K, on a δ(x) =d(x, K)2 6kx−y0k2, et
kx−y0k2 =k(x−x0) + (x0−y0)k2 =kx−x0k2+kx0−y0k2+ 2hx−x0, x0−y0i d’o`uδ(x)6kx−x0k2+δ(x0) + 2hx−x0, x0−y0i.
On a aussi, puisque y∈K,d(x0, K)6kx0−yk donc : δ(x0) =d(x0, K)2 6kx0−yk2 =k(x−x0)−(x−y)k2
=kx−x0k2+δ(x)−2hx−x0,(x−x0) + (x0−y0)−(y−y0)i
=δ(x) +kx−x0k2−2kx−x0k2−2hx−x0, x0−y0i+ 2hx−x0, y−y0i 6δ(x)− kx−x0k2−2hx−x0, x0−y0i+ 2hx−x0, y−y0i
et puisque, par Cauchy-Schwarz, on a hx−x0, y−y0i 6 kx−x0k.ky−y0k 6 εkx−x0k, on obtient finalement :
δ(x0)6δ(x)−2hx−x0, x0−y0i − kx−x0k2+ 2εkx−x0k 6δ(x)−2hx−x0, x0−y0i+ 2εkx−x0k
3
La comparaison des deux in´egalit´es donne enfin :
δ(x0) + 2hx−x0, x0−y0i −2εkx−x0k6δ(x)6δ(x0) + 2hx−x0, x0−y0i+kx−x0k2 c’est-`a-dire, puisque kx−x0k<2−nε−1 < ε/2,
|δ(x)−δ(x0)−2hx−x0, x0−y0i|6kx−x0kmax(2ε,kx−x0k)62εkx−x0k et puisqueε st arbitraire, δ(x)−δ(x0)−2hx−x0, x0−y0i=o(x−x0).
Ceci signifie que δ est diff´erentiable en x0, avec comme diff´erentielle δ0(x0) la forme lin´eaire :h 7→2hh, x0−y0i.
6) La fonction θ : R∗+ → R∗+ d´efinie par θ(s) = s3/4 est d´erivable, et sa d´eriv´ee est θ0(s) = 3
4s−1/4. Il en r´esulte que si x0 n’appartient pas `a K, on a δ(x0) > 0 et donc que f =θ◦δ est diff´erentiable en x0, de diff´erentielle
f0(x0) :h 7→23
4δ(x0)−1/4hh, x0−y0i= 3
2hh, x0−y0 kx0−y0k1/2i
Si, au contraire, x0 appartient `a K, on a 0 6 δ(x) = d(x, K)2 6 kx−x0k2 donc 0 6 f(x) 6 kx−x0k3/2, c’est-`a-dire f(x) = o(x−x0). Donc f est diff´erentiable en x0, de diff´erentielle nulle.
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