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Un nouveau cimetière néolithique en Valais (Bitsch, distr. Rarogne oriental)

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Un nouveau cimetière néolithique en Valais (Bitsch, distr. Rarogne oriental)

SAUTER, Marc-Rodolphe

SAUTER, Marc-Rodolphe. Un nouveau cimetière néolithique en Valais (Bitsch, distr. Rarogne oriental). Archives suisses d'anthropologie générale , 1952, vol. 17, no. 1, p. 69-75

Available at:

http://archive-ouverte.unige.ch/unige:97034

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Tome XVII, No I, 1952

Un nouveau cimetière néolithique en Valais

(Bitsch, distr. Rarogne oriental)

Jusqu'à présent trois cimetières, étagés du Léman à Brigue, jalonnaient le Valais néolithique 1. Le premier est à la Barmaz (Collombey, distr. de Monthey) où nous fouillons depuis plusieurs années pour le compte du Musée de Valère et de l'Institut d'Anthropologie de l'Université de Genève, et qui fera l'objet d'une monographie archéologique et anthropologique 2•

Il y a là, en réalité, deux cimetières distants de quelque deux cents mètres (Barmaz I et 11). Le deuxième, moins sûr au point de vue chronologique, est à Granges (distr. de Sierre): nous lui avons consacré une courte note 3•

Le troisième, qui est à Glis (distr. de Brigue) est connu depuis les fouilles de r898-r900, mais mériterait d'être exploré à nouveau 4•

Même en éliminant le site de Granges, dont nous ne connaissons pas bien les conditions stratigraphiques et archéologiques, les deux points extrêmes montraient que les Néolithiques, probablement contemporains de la civilisation lacustre ancienne (civilisation de Cortaillod) 6 avaient pénétré tout le long de la vallée du Rhône alpin et s'y étaient établis.

La direction montrée par le site de Glis permettait de se demander si la pénétration n'avait pas été plus pràfonde, et si les Néolithiques valaisans

1 SAUTER, M.-R. Le Néolithique du Valais. Festscbrift Otto Tschumi, Frauenfeld, 1948, pp. 38-52. - Id. Préhistoire du Valais, des origines aux temps mérovingiens. Vallesia, V, Sion, 1950, pp. 1-166 (abrégé en P.V.) - Id. Collombey (Valais). La Barmaz II. Fouilles de r95r. Ur-Schweiz, XV, 3, 1951, pp. 52-54. - TscHUMI, O.

Die steinzeitl. Hochergrdber der Schweiz. lnd. d'Ant. suisses, XXII, 1920 et XXIII, 1921, passim.

2 P. V. pp. 81-84 (bibliographie).

s SAUTER, M.-R. Note sur la découverte de sépultures néolithiques (1) à Granges. Annales valaisannes, XVII, 1942, pp. 501-504. P.V., p-. 98 (bibliographie).

4 P.V., pp. 96-97 (bibliographie). M. P. Heldner (Glis) a repéré l'endroit: c'est la légère élévation (actuel­

lement en partie abaissée pour le remblayage des marais) au lien dit He'hischf', sur lP- Gnmdbiel.

6 Il convient de bien souligner le fait, trop souvent oublié, que le , Néolithique lacustre ancien, n'est pas le Néolithique ancien; la civilisation de Cortaillod, pour être la première manifestation de la civilisation lacustre, appartient à la dernière phase du Néolithique

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70 FAITS ET DOCUMENTS

n'avaient pas remonté la haute vallée du Rhône, établissant peut-être, par les cols de la Furka et de l'Oberalp, des contacts avec ceux dont les recher­

ches de W. Burkart, d'E. Vogt et de D. Beck ont prouvé l'existence aux Grisons 1 et au Liechtenstein (Eschen-Lutzengüetle; Schellenberg-Borscht) 2.

Une découverte fortuite a récemment ajouté un jalon qui, sans confirmer cette hypothèse, lui apporte un argument intéressant.

Conditions de découverte: C'est en décembre 1951 que les ouvriers travaillant à l'ouverture d'une nouvelle route communale reliant la route cantonale et le hameau supérieur de Bitsch, se trouvèrent en face de deux tombes courtes en dalles, qu'ils détruisirent. Une troisième tombe apparut bientôt dans le talus; on se contenta d'en enlever la dalle latérale pour voir l'intérieur. M. Camille Perren, inspecteur forestier du 1er arrondisse­

ment à Naters, qui surveillail ies travaux, eut la bonne idée d'avertir M. Albert Carlen au Collège Spiritus Sanctus à Brigue 3• Prévenu par l'intermédiaire de M. Albert Wolff, conservateur du Musée de Valère, à Sion, nous nous rendîmes sur place, le 4 janvier 1952, sous la neige, pour constater qu'il devait très vraisemblablement s'agir d'une tombe néo­

lithique dont les conditions stratigraphiques correspondaient exactement à celles des trouvailles de Collombey. Malheureusement, il ne restait du squelette que quelques infimes débris craniens, suffisants toutefois pour montrer que c'était un adulte, et que par conséquent la petitesse de la tombe (que nous numérotons: 1) signifiait que le corps avait été replié.

Aucun objet n'avait été observé. M. P. Morgenthaler, assistant à l'Institut d'Anthropologie de l'Université de Genève, que nous avons envoyé sur place le 31 janvier - M. Perren ayant signalé la reprise des travaux arrêtés par la neige - ne put, du fait du mauvais temps, rien faire que de com­

pléter nos observations sur le site.

Situation: Enfin, le 20 juin 1952, M. C. Perren nous avertit qu'une nouvelle tombe était apparue, qu'il avait fait conserver intacte. Le 22 juin nous nous rendîmes sur place et nous pûmes consacrer la journée au déga­

gement systématique de cette sépulture (n° 2). Celle-ci smtait du talus de la nouvelle route sous le bord d'un pré; obligé de ne pas entamer le pré surplombant, nous ne pûmes pas travailler selon toutes les règles de l'art; mais si le travail en a été gêné, les résultats obtenus sont suffisants.

1 BuRKART, W. Zum Problem der neolitischen Steinsiigetechnik. Schriften d. Inst. f. Ur· u. Frühgescb.

d. Schwclo, 3, 13Mc. 1945 (bîhliogrnphîc). -Voir aussi: Guide d'excursion. 3• Congrès int. des se. préh. et protoh, r950, Zurich, 1950, pp. 7,,73.

2 r\uuuoiro Soç. �-de Préb., 1945 ol suiv.

9 Nous tenons Il romorcicr lr<lS vivcmru\L MM. C. Perren et A. Carlen de leur esprit d'à-propos et de leur obligeance. Nous remercions aussi M. Wyssen, président de la commune, qui a mis un ouvrier à notre disposition.

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FIG. I. - Bitsch-Massaboden. Tombes néolithiques.

a. Stratigraphie autour de la tombe r. Ech.: r: 50.

b. Plan de la situation des tombes r et 2. Ech.: r: 60.

c. Plan de la tombe 2. En o, emplacement de l'ocre (?) rouge. Ech.: i: 10.

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72 FAITS ET DOCUMENTS

La commune de Bitsch est située dans la vallée de Conches (Gomstal), en amont de Brigue et de Naters et immédiatement en amont de la pre­

mière gorge de cette vallée, resserrée du haut Rhône qui mène à la Furka.

Elle comprend les hameaux de Bitsch, Zmatt, Ebnet, Wasen, Eichen.

Les tombes se trouvent au lieu dit Massaboden 1; c'est un petit plateau du versant NW de la vallée, occupé par des prés et des vergers, qui domine d'une dizaine de mètres la route cantonale (route de la Furka); il constitue la terrasse de 15 m. du Rhône, qui coule à quelque 206 m. au sud. Le

F1G. 2. -Bitsch-Massaboden. Tombes néolithiques. A �ouc:lu:, la lomli� ,. Vut· J?rise en rllrcclion W, le 31 jan­

vier 1952. -- A droite, la tombe 2 et la dalle lat�rnlc N\V tlc. lo lomht1 1. Vu� pris� �n direction NNVl'1

le 22 juin 1952. Au premier plan, le mur de soutèncmcut du lalu:s iltJ h1 nouvoll� route-.

talus qui relie la route cantonale au bord de cette terrasse est actuellement interrompu par la nouvelle route communale qui, partant de la première, à peu près en face du Café Chavez, monte en direction .E, et qui est à l'ori­

gine des découvertes. Les coordonnées du site, dans la Carte nationale suisse au l : 50.000 (feuille 549, assemblage 274) sont: 131.800/644.350, et l'altitude du bord du plateau est d'environ 705 m. A une centaine de mètres au SE se dresse un « racart n (grenier-fenière) typiquement valaisan, sur pilotis avec dalles de pierre pour la protection contre les rongeurs.

Stratigraphie (fig. 1 a et 2). Le terrain où se trouvent les tombes est entièrement meuble. Le fond en est constitué par la moraine du glacier du Rhône, formée de terre et de blocs de pierre non roulés (F); lors des

1 La Massa, affluent de la rive droite du Rhône, se jette dans celui-ci à 600 m. en aval, et fournit son énergie à une usine des C.F.F.

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travaux elle était visible sur 1,50 m. d'épaisseur. Le tableau suivant donne la succession des niveaux, avec l'indication de leur épaisseur à environ I m. au SW de la tomber:

A. Humus végétal grisâtre, caillouteux 0,40 m.

B. Couche de transition, humus plus foncé, presque sans cailloux,

passant graduellement à une terre rougeâtre . . . . 0,40 m.

(C'est à cette profondeur que se trouvait la dalle de couver- ture de la tombe 1.)

C. Terre rougeâtre assez compacte, remaniée, sans cailloux . . . 0,10 m.

(C'est la terre remaniée de la fosse où a été construite la tombe 1.)

D. Terre rougeâtre pure, avec quelques rares cailloux anguleux calcaires . . . . E. Cailloutis et sablon (sur lequel repose le fond de la tombe 1)

F. Partie supérieure de la moraine à blocs plus ou moins anguleux dont le volume augmente vers le bas . . . .

0,30 m.

0,25 m.

1,50 m.

Les deux tombes que nous avons observées se trouvaient dans la couche de terre rougeâtre, où les fosses avaient été creusées. Cette terre continuait un peu au-dessus des tombes, qui sont donc contemporaines de la fin de sa formation ou immédiatement postérieures. Cette position stratigraphique rappelle exactement celle des cistes néolithiques de la Barmaz sur Col­

lombey, surtout à Barmaz I où la terre rouge néolithique est aussi sur­

montée d'une couche d'humus gris-noir, plus importante, dont la base est datée par des sépultures du Bronze ancien. Cette correspondance strati­

graphique, à deux points de la vallée du Rhône distants, par terre, de quelque no km., est importante. Elle est un argument de poids pour la détermination chronologique des tombes de Bitsch.

La dalle de couverture de la tombez se trouvait à 1,25 m. de profondeur.

Fait à noter: le terrain de Massaboden est très humide. Nous en avons eu la preuve lors de notre fouille de juin; nous verrons l'importance que cela a pour la conservation des squelettes.

Position et construction des tombes (fig. I b-c et z). Les deux tombes détruites par les ouvriers se trouvaient dans l'axe même de la route. Les tombes I et z, que nous avons observées, sont du type en ciste à dalles pour squelette replié. Les dalles sont au nombre de cinq (quatre verticales, une de couverture; il n'y a pas de dalle de fond); elles sont en matériau local (gneiss ou schiste).

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=--4

74

FAITS ET DOCUMENTS

Les dimensions intérieures des tombes sont les suivantes (en m.) :

Longueur Largeur Largeur Hauteur Volume

selon l'axe à la tête aux pieds approx.

Tombe 1 0,97 0,56 0,56 0,45 o,54 m3

Tombe 2 0,92 0,53 0,50 0,45 0,49 m3

Les dall_es verticales avaient été maintenues dans la fosse funéraire par quelques gros cailloux. La dalle de pied de la tombe 2 avait anciennement subi un mouvement qui l'avait déplacée, la disposant obliquement.

L'orientation des deux sépultures, à peu près semblable, est NNE-SSW.

Plus exactement, l'axe longitudinal de la tombe 2, où nous avons pu calculer cette orientation, faisait avec le nord géographique un angle de 35°. C'est l'orientation des tombes de Glis comme de la plupart des tombes de la Barmaz II à Collombey (celles de la Barmaz I étant, de par le fait du terrain, plus E-W et ESE-WNW). La tête du squelette de la tombe 2 regardait au SE. Les deux tombes étaient presque vides de terre; quelques fragments de la dalle de couverture étaient tombés sur le peu de terre qui s'était infiltrée.

Les squelettes. Nous avons dit que le ten:ain contenant les tombes était très humide, même en été. Il en est résulté une décomposition des os des squelettes telle qu'il ne restait quasi plus rien de ceux-ci. De plus, le peu qui restait du squelette I avait été détruit par des curieux avant notre arrivée ; les infimes débris craniens encore en place (conservés à l'Institut d'Anthropologie de l'Université de Genève, n° 1952-rn) indiquaient que le cadavre avait la tête au nord-est. Du squelette 2 nous n'avons retrouvé, en décapant avec beaucoup de prudence, que le crâne (aussi au nord-est) et la trace de quelques diaphyses (humérus, fémurs, tibias et péronés).

Mais il eût été vain de vouloir enlever ces os longs, car ils consistaient en une sorte de pâte saturée d'eau; un débris d'os serré entre les doigts deve­

nait de la boue. Le crâne avait meilleur aspect à première vue. Mais le moindre attouchement en détruisait des portions. Nos essais d'imprégna­

Liou à la colle œllulosiy_ue (« Céu�entii » dilué daus l'acétone) après dessicca­

tion à l'air naturellement très chaud, nous ont tout juste permis d'emporter tout le bloc du crâne et de la terre qu'il contenait à l'Institut d' Anthro­

pologie, à Genève. Là, nos efforts pour le sauver se sont révélés vains, sauf pour quelques fragments qui n'ont qu'un intérêt de témoignage

(n° 1952-14).

Ce qui restait de ce squelette a suffi, toutefois, pour nous montrer qu'il avait été inhumé en position repliée, selon le rite observé à Collombey,

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75 à Granges (?) et à Glis, pour ne parler que du Valais, et pour nous permettre de dire qu'il s'agissait très vraisemblablement d'un sujet féminin adulte, à tête allongée (DAP 171 mm., hauteur faciale totale, env. nz mm.).

Mobilier. Malgré un décapage très minutieux, nous n'avons trouvé, dans la tombe 2 -non plus que dans le fond de la tombe 1 -aucun objet.

Cependant, derrière le crâne 2, nous avons observé la présence d'éléments

grumeleux de couleur rouge, que nous avons recueillis tant bien que mal.

Est-ce de l'ocre décomposée ou quelqu'autre matière minérale ? Et dans ce cas, sa présence là est-elle due au hasard ? Il est difficile de répondre avec certitude, car le terrain ambiant contient quelques pierres de couleur rouge. Cette absence du mobilier funéraire se retrouve à Collombey (sur 50 tombes, deux seulement contenaient un objet).

Conclusion. De quatre tombes en ciste mises au jour par l'ouverture de la nouvelle route communale passant à Massaboden (Bitsch), à 705 m.

d'altitude, deux, que nous avons pu observer, étaient du type classique du Néolithique de la Suisse occidentale (Chamblandes) avec squelette replié. Cette constatation d'ordre archéologique, qui enrichit la carte de répartition du Néolithique dans les Alpes, atténue un peu le regret de n'avoir pu conserv�r les squelettes pour une étude anthropologique.

Il nous a paru que les découvertes de Bitsch, malgré leur caractère incomplet, justifiaient une notice, d'autant plus qu'il ne nous paraît guère souhaitable d'entreprendre des fouilles systématiques sur ce cimetière, étant donné les mauvaises conditions de conservation des squelettes ; de tels travaux ne « payeraient i> pas. Il était d'autant plus important de pou­

voir reconnaître les deux tombes découvertes au hasard de travaux de route, grâce à l'intérêt de ceux qui les ont mises au jour. Nous avons assez souvent déploré les destructions de trouvailles archéologiques faites en Valais pour ne pas nous réjouir de cette heureuse exception, et reconnaître que peu à peu de telles exceptions se multiplient, pour le plus grand profit des sciences préhistoriques et archéologiques.

Marc-R. SAUTER.

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