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Etat des lieux de la transhumance au Benin :

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Academic year: 2022

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Texte intégral

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DE LA RECHERCHE SCIENTIFIQUE ---

UNIVERSITE D’ABOMEY-CALAVI ---

ECOLE POLYTECHNIQUE D’ABOMEY-CALAVI

---

CENTRE AUTONOME DE PERFECTIONNEMENT

---

Département de Production et Santé Animales

Pour l’obtention du diplôme de

Licence Professionnelle en Production Animales

THEME

:

Année académique 2012-2013

Sous la Supervision de :

Professeur YOUSSAO ABDOU KARIM Issaka,

Maître de Conférences des Universités Enseignant-Chercheur à l’EPAC/UAC.

Présenté et soutenu par :

Guillaume BIO BAGOU

Etat des lieux de la transhumance au Benin : cas de la Commune de Sinendé

Sous la Co-Supervision de :

Dr Ir TOUGAN P. Ulbad

Enseignant-Chercheur à l’EPAC/UAC.

Composition du jury de soutenance:

Président : Professeur DOUGNON T. Jacques, Maitre de Conférences (CAMES), Enseignant- Chercheur à l’EPAC/UAC.

Membre 1: Professeur YOUSSAO ABDOU KARIM Issaka, Maitre de Conférences (CAMES), Enseignant-Chercheur à l’EPAC/UAC.

Membre 2: Docteur SALIFOU Chakirath F. A., Enseignant-Chercheur à l’EPAC/UAC.

Membre 3: Docteur TOUGAN Polycarpe Ulbad, Enseignant-Chercheur à l’EPAC/UAC.

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Etat des lieux de la transhumance au Benin : cas de la Commune de Sinendé Page i

DEDICACE

Je dédie ce travail à

Dieu le Tout Puissant et Miséricordieux, pour avoir été mon bouclier et mon guide, que ce travail témoigne de ta gloire et de ta puissance.

A mon feu Père, BIO BAGOU Rigobert, trouvez en ce travail le résultat des multiples sacrifices consentis pour nous.

Ma mère GOUNOU Gannigui, parent vertueux et très aimable, vous avez renforcé en nous le respect, le goût au travail. Amour filial.

A mon épouse KORA BONA Doué, et mes enfants Avigail, Bill et

Joana pour leur soutien.

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Etat des lieux de la transhumance au Benin : cas de la Commune de Sinendé Page ii

HOMMAGES

A notre Superviseur, Professeur YOUSSAO ABDOU KARIM Issaka, Maître de Conférences des Universités, Enseignant-Chercheur au Département de Production et Santé Animales de l’Ecole Polytechnique d’Abomey-Calavi pour avoir accepté superviser avec plaisir et dévouement ce travail. Votre rigueur et votre esprit scientifique nous ont séduits et ont fait naître en nous l’engouement des recherches. Sans nul doute vous forcez admiration et respect. Veuillez agréer l’expression de nos sincères reconnaissances.

A notre président du jury, pour le grand sacrifice que vous nous faites en acceptant présider notre jury nonobstant vos nombreuses occupations. Hommage respectueux.

A tous les membres du jury, pour le grand honneur que vous nous faites en acceptant de juger ce modeste travail et d’y apporter vos critiques constructives malgré vos multiples occupations. Toutes nos profondes reconnaissances et considérations.

A tous les Enseignants de l’Ecole Polytechnique d’Abomey-Calavi (EPAC), vous qui n’avez ménagé aucun effort pour nous transmettre vos connaissances en nous hissant vers ce point de chute. Recevez ici nos sincères hommages mérités.

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Remerciements

« On ne pense pas tout seul, on pense avec, pour ou contre autrui » (Crozier, 2005 :4). Au terme de nos travaux de fin de formation, nous tenons à formuler nos sincères remerciements :

Au Professeur YOUSSAO ABDOU KARIM Issaka, Maître-Conférence au CAMES, Enseignant-Chercheur au Département de Production et Santé Animales de l’Ecole Polytechnique d’Abomey-Calavi, pour avoir suscité en moi la motivation de faire cette formation. Recevez ici nos sincères reconnaissances.

Au Docteur DOUGNON T. Jacques, Maître-Assistant au CAMES, Enseignant- Chercheur au Département de Production et Santé Animales de l’Ecole Polytechnique d’Abomey-Calavi pour son soutien.

Au Docteur TOUGAN Polycarpe Ulbad, Enseignant-Chercheur au Département de Production et Santé Animales de l’Ecole Polytechnique d’Abomey-Calavi pour sa contribution.

A Monsieur DANGOU Bienvenu, Responsable du Développement Rural de Sinendé pour sa contribution.

A Monsieur AGNIWO Bienvenu, Agent Communal de Contrôle des Produits d’origine Animale (ACCPA) pour sa contribution.

A ma très Chère Epouse pour sa patience et ses conseils.

J’exprime aussi ma profonde gratitude à mes chers frères et amis BOUKARY Saliou et son épouse ; ASSOUMA Anissatou, BIO SANNOU Idrissou, BIO SANNOU Pierre et leur famille respective pour leur assistance.

A tous ceux qui de près ou de loin ont contribué à la réalisation de ce travail, recevez mes sincères remerciements.

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Table des matières

Dédicace... i

Hommages... ii

Remerciements... iii

Table des matières... iv

Liste des figures ………….……… vi

Liste des sigles et abréviations... vii

Résumé... viii

Abstract... ix

Introduction... 1

Première partie Généralité... 3

1.1. Les systèmes de productions d’élevage en Afrique de l’Ouest... 4

1.2. 1.2. Importance des productions animales dans l’économie en Afrique de l’Ouest……… 7

1.3. Situation économique et vulnérabilité des pasteurs en Afrique de l’Ouest………... 11

1.4. Définition et typologie de la transhumance... 14

1.5. L’organisation de la transhumance... 16

1.6. Avantages et inconvénients de la transhumance... 18

Deuxième partie : Matériel et méthodes... 23

2.1. Matériels et méthodes... 24

2.1.1. Milieux d’étude... 24

2.1.2. Matériels et Méthodes... 26

Troisième partie : Résultats et discussion... 28

3.1. Facteurs à l’origine de la transhumance dans la commune de Sinendé…... 29

3.2. Etat de lieux des couloirs de passage, des aires de pâturage et des retenues d’eau dans la commune de Sinendé... 31

3.3. Propositions pour une meilleure gestion de la transhumance... 32

Conclusion et suggestion... 34

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Références bibliographiques... 35

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Liste des figures

Figure 1: Les différents systèmes de production dans les pays de l’espace CEDEAO

……… 4 Figure 2: Carte d’orientation spatiale de la Commune de Sinendé………...…27

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Liste des abréviations et acronymes

al: Collaborateur en Latin

FAO : Organisation des Nations Unies pour l’Alimentation et l’Agriculture Kg : kilogramme

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Résumé

La présente étude a été réalisée du 06 juin au 22 septembre 2012 dans la Commune de Sinendé. La collecte des données a été réalisée auprès des acteurs de la transhumance de la commune de Sinendé (éleveurs transhumants, agriculteurs, gendarmes, agents des eaux et forêt, policier, militaire élus locaux, la mairie). Les données collectées sont les causes et les contraintes autour de la transhumance dans la commune de Sinendé ; Le nombre et la localisation des couloirs de transhumance dans la commune, l’effectif des barrages et des points d’eau naturels dans la région et les actions à mener dans le cadre de la prévention des conflits et d’une gestion appropriée de la transhumance. Il ressort de cette étude que les motifs de la mobilité pastorale dans la commune de Sinendé sont l’accessibilité au fourrage, l’insuffisance de l’eau d’abreuvement pour le cheptel en saison sèche, le souci d’éviter les dégâts champêtres en saison pluvieuse, l’abandon des zones affectées par les maladies animales, la recherche d’éléments minéraux, le souci de réduire les risques de perte de bétail par vol, l’insuffisance des couloirs de passage qui sont souvent obstrués, l’insuffisance des aires de pâturages qui sont généralement non sécurisées et litanie dans le fonctionnement du comité de transhumance local. La contrainte principale de la transhumance dans la commune de Sinendé est le conflit entre éleveur et agriculteur. Ces conflits s’intensifieront si des mesures hardies ne sont pas prises pour réguler les pratiques de la transhumance. Il s’agit notamment de l’amélioration de la disponibilité en infrastructure d’accueil des transhumants (balisage des couloirs de passage, aires de pâturage, puits pastoraux, marchés de bétail, parcs de vaccination …) et des conditions d’accueil des transhumants ; le respecter des couloirs de passage ; la réalisation des points d’eau le long des couloirs de passage et la création de comités de gestion de la transhumance dans la Commune de Sinendé avec un budget de fonctionnement conséquent.

Mots clés : Transhumance, Production bovine, Sinendé, Bénin.

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Abstract

The study was carried out in the Commune of Sinende in the North of Benin. 12 villages in this Commune were purposively selected because of their long experience in transhumance cattle production system. The objectives of the study were to characterize the transhumance cattle production system, identify the major constraints and forward appropriate developmental interventions for the future.

Informal and formal surveys were employed to collect qualitative and quantitative data. 120 representative persons from 12 villages in the Commune were selected using systematic random sampling methods. Semi-structured questionnaires and topical guidelines (checklists) were used to collect data. The results revealed that livestock production system in the highlands is characterized by mixed crop–

livestock production and transhumance production system.

Three major cattle trekking routes were identified, and the selection of routes depended on distance, availability of forage and non-crop covered areas. The major constraints identified by the highlanders were conflict with the lowlanders, cattle theft, human and livestock diseases, and lack of markets.

The conflict over resources will intensify, probably leading to the demise of this production system unless alterative development strategies, such as intensification of the production system in the highlands and development of feed conservation and marketing in the lowlands are devised.

Key words: Transhumance, Cattle Production System, Sinende, Benin.

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Introduction

Dans les stratégies de production du bétail en Afrique de l’Ouest, la transhumance constitue un aspect très important (Lo et Lo, 2009). En plus du fait qu’elle permet de nourrir un cheptel de plus en plus important, elle contribue à l’intégration sous régionale, à l’approvisionnement en productions animales d’une population de plus en plus importante (Toutain et al., 2001 ; Lo et Lo, 2009). Toutefois, depuis plusieurs années, le phénomène de la transhumance est devenu préoccupant dans la sous-région ouest-africaine, théâtre de grands mouvements saisonniers de troupeaux de bovins en quête d’eau et de pâturage. Ces mouvements se sont accentués suite aux sécheresses des années 1970 et 1980 qui ont considérablement réduit la disponibilité en eau et en aires de pâturage dans les pays sahéliens (Wotto, 2002). Depuis ces deux grandes sécheresses, le Benin est devenu un pays d’accueil de transit des éleveurs saisonniers en provenance des pays sahéliens au Nord et du géant du Nigeria à l’Est. A l’intérieur du pays, il est noté des déplacements de plus en plus longs des éleveurs nationaux du Nord vers le Sud en passant par le Centre.

Ces déplacements des éleveurs mobiles et de leurs troupeaux génèrent des conflits collectifs, violents et meurtriers entre les éleveurs mobiles et les agriculteurs (Akpaki, 2002 ; Yemadjè, 2004).

Dès lors, la gestion de la transhumance reste une grande préoccupation pour les acteurs y compris les éleveurs, les agriculteurs, les élus locaux et l’administration centrale.

Pour ce faire, dans le cadre de nos travaux de fin de formation, nous avons choisi le thème «Etat des lieux de la transhumance au Benin : cas de la Commune de Sinendé».

L'objectif principal de cette étude est de contribuer à l’amélioration de la gouvernance de la transhumance afin d’en faire un outil de développement. De façon spécifique, il s’agit :

D’identifier les causes la transhumance dans la Commune de Sinendé ; D’identifier les couloirs de transit ;

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De proposer des approches de solution.

Le présent rapport est subdivisé en trois parties réparties comme suit :

 une synthèse bibliographique sur les systèmes de productions d’élevage en Afrique de l’Ouest et la transhumance

 le matériel et la méthodologie utilisés;

 les résultats obtenus et la discussion;

Enfin, les conclusions et les perspectives sont formulées.

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1.1. Les systèmes de productions d’élevage en Afrique de l’Ouest

En se basant sur la classification de plusieurs auteurs (Blein et al., 2008, OCDE 2008, Dicko, Mahalmadane et Sangare, 2006 ; FAO, 2008) les systèmes de productions agricoles en Afrique de l’Ouest peuvent être classés en plusieurs catégories. Leur répartition à travers l’espace est donnée dans la Figure 1.

Source : Adaptée de FAO (2012)

Figure 1: Les différents systèmes de production dans les pays de l’espace CEDEAO

1.1.1. Les systèmes pastoraux

Ces systèmes se trouvent dans les zones arides et semi-arides du Burkina Faso, du Mali et du Niger et s’étendent jusqu’à la façade atlantique par le nord du Sénégal (et la Mauritanie), soit une superficie de 224 500 km² soit 9 %. Les troupeaux sont composés de bovins, ovins, caprins, camelins, ânes, chevaux, mélangés ou non.

Pour les bovins, le génotype zébu prédomine dans ces systèmes. L'alimentation du cheptel est fournie pour l'essentiel par le pâturage naturel (Lo et Lo, 2009). Ce

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dernier dépend des précipitations tant sur le plan qualitatif que quantitatif. Aussi, la baisse des précipitations influe négativement sur la valeur nutritive des espèces herbacées. La strate ligneuse contribue également à l'alimentation des animaux en période de soudure en saison sèche. Le taux de charge est supérieur à inférieur à 10 ha/UBT.

Les éleveurs se déplacent au sud vers les zones du système mixte à base de céréales et les tubercules pendant la saison la plus sèche de l’année, pour revenir vers le nord à la saison des pluies. Les cultures se limitent surtout aux céréales (mil, sorgho) mais de plus en plus, elles ne sont pas menées du fait de la diminution ‘des pluies. Ce système est dominé par les petits ruminants avec plus de 70 % en zone aride et semi-aride sèche.

Le bétail, par le système de croissance compensatrice annuelle, peut en saison favorable (saison des pluies) prendre du poids, produire du lait et être très compétitif avec un taux de croît important (3 à 4% pour les bovins et le double pour les ovins- caprins). La bonne qualité des pâturages peut largement permettre au bétail de se reproduire et de produire. Cependant, aujourd’hui, les terroirs pastoraux sont grignotés, envahis et colonisés par une agriculture vorace d’espace (Convers, 2002), même dans les parcours où la paternité foncière pastorale est encore affirmée (région du delta central du Niger).

En fonction de la grande variabilité des ressources tant dans le temps que dans l’espace et des crises internes de plus en plus courantes (situation de rébellion ou de guerre), la transhumance peut être imprévisible avec des flux importants et des problèmes plus graves

La mobilité des troupeaux (transhumance courte ou longue) permet une meilleure valorisation de la diversité des ressources pastorales (eau et pâturage). Ces déplacements permettent, ainsi d’exploiter les pâturages et les points d’eau, mais aussi les zones de cures salées. Les déplacements transfrontaliers pour les cures

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salées au Niger, au Burkina, en Mauritanie et au Mali sont bien connus dans ce cadre (FAO, 2012 ; Laouel et Youla, 2009)..

Les principales contraintes sont :

 l’alimentation du cheptel est basé sur les pâturages naturels soumis aux aléas climatiques, aux feux de brousses et à la pression des cultures ;

 la faiblesse des investissements publics et privés dans le secteur qui se traduit par l’insuffisance des infrastructures de base (pistes de production dans la zone sylvo-pastorale, ouvrages hydrauliques, etc.) ;

 la faiblesse des mécanismes de gestion durable des ressources; - une persistance de certaines épizooties telles que la peste des petits ruminants, la maladie du Newcastle, la peste équine etc. ;

 l’absence d’une sécurisation foncière pour les activités pastorales.

1.1.2. Les systèmes hors sols

Ces systèmes se développent en ville ou à leur périphérie. Ils ont pris de l’essor au cours des dernières années au vu de l’urbanisation croissante et d’une demande en produits d’origine animale que les défaillances des circuits longs de commercialisation ne permettent pas d’approvisionner à partir des systèmes pastoraux ou agropastoraux plus lointains (Lo et Lo, 2009). Ils n’utilisent que des aliments achetés sur le marché intérieur ou importés: fourrages cultivés, sous- produits agro-industriels (concentrés ou grossiers), céréales, tourteaux, sons, pailles et fanes. Ils concernent surtout l’aviculture (œufs et chair), la porciculture et dans une moindre mesure la production laitière (Laouel et Youla, 2009 ; FAO, 2012). La production animale est assurée par l’exploitation des races exotiques et leurs croisés plus productifs que les génotypes locaux. Les systèmes d’embouche d’ovins et de bovins maigres issus de l’élevage pastoral fonctionnent de la même manière sur les sites urbains et périurbains. L’aviculture et la porciculture modernes sont généralement pratiquées en lien étroit avec des firmes occidentales qui apportent la

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formulation de l’aliment et les poussins ou les reproducteurs, des conseils et des analyses.

Dans cet espace urbain et péri urbain, des familles pratiquent l’élevage hors sol de poules et de pintades dont la productivité devrait augmenter avec les soins sanitaires, la lutte contre les déprédateurs et contre les stress saisonniers ; une meilleure alimentation permettrait aussi de valoriser les carcasses (Lo et Lo, 2009).

Ces systèmes ne peuvent pas fournir plus de production que celle qu’autorise la disponibilité des ressources alimentaires. Mais ses performances ne sont améliorables que par la levée de contraintes sanitaires majeures comme la maladie de Newcastle et la grippe aviaire pour les volailles et la peste porcine africaine (Laouel et Youla, 2009 ; FAO, 2012).

La rentabilité de la production laitière est affectée par le prix de l’alimentation. De même, les importations de poudre de lait, subventionnées par l’Union européenne, et alimentant des unités semi industrielles de reconstitution de lait, et de fabrication de produits tels que les yaourts constituent un handicap majeur à son expansion.

L’embouche bovine intensive (engraissement de bovins en stabulation permanente, à base d’alimentation concentrée et de fourrages achetés) a eu de l’importance dans les années 1970 en Afrique, mais elle a été pratiquement abandonnée.

1.1.3. Les systèmes Agriculture Elevage (agro-pastoraux ou agrosylvo- pastoraux)

Ces systèmes sont en progression au détriment des systèmes purement pastoraux. Il est de plus en plus rare de trouver des pasteurs qui ne pratiquent pas une certaine agriculture (Laouel et Youla, 2009 ; Riegel, 2002 ; FAO, 2012). Ils concernent beaucoup de pasteurs qui ont dû se sédentariser et diversifier leur économie domestique en développant la culture (descente des pasteurs vers les zones cultivables). Ils concernent aussi une proportion désormais très importante de cultivateurs qui ont introduit l’élevage comme élément de diversification

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économique mais aussi d’amélioration des systèmes techniques (fertilité des sols, traction animale, capital assurant la couverture de certains risques) et de leur productivité. Les troupeaux de bovins en propriété individuelle ou collective sont conduits par des bouviers rémunérés. Une classification peut être faite en fonction de l’activité (culture de plantes annuelles et de plantes pérennes et dans les bas- fonds, pêche, etc.) à laquelle l’élevage est associé (FAO, 2012 ; Laouel et Youla, 2009):

 Le sous-système agro-pastoral (mil/sorgho): il occupe 287 200 km² de la superficie régionale, soit 20 %. Il est retrouvé du Nord Sénégal au Nigeria, dans les zones semi-arides et arides. Le sorgho pluvial et le petit mil sont les deux principales cultures vivrières, elles sont rarement commercialisées tandis que le sésame et les légumineuses (arachide notamment) sont parfois vendus. La préparation des terres s’effectue à l’aide de bœufs ou de chameaux ; de ce fait le cheptel est primordial.

 Sous système mixte céréale/tubercule : il est retrouvé du Sud Sénégal au Nigéria en passant par la Guinée, le Mali, le Burkina Faso, le Ghana, le Bénin et le Nigeria. L’ensemble du système couvre une superficie de 2 339 847 km² de la région (soit 44 %). Les principales cultures sont les céréales telles que le maïs, le sorgho et le millet, les tubercules telles que l’igname et le manioc. Le bétail y est très important avec une nette dominance des bovins et des petits ruminants.

 Sous système irrigué : il est fait à partir des crues en bordure des fleuves. Il couvre, dans la zone, une superficie de plus de 6 500 Km² soit 1,3 % du total. Le cheptel y est très diversifié.

 Sous système arboricole : il se retrouve au Nigeria et couvre 474 420 km² (9 %) des terres de la zone. Ce système est basé sur la production de cultures arboricoles industrielles, principalement cacao, café, huile de palme et hévéa.

Les cultures vivrières sont intercalées entre les arbres et sont surtout destinées à l’autoconsommation; l’élevage est peu important. Les espèces trouvées sont les bovins et les petits ruminants.

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 Sous système mixte des hautes terres tempérées : il s’étend sur 2 850 km², soit seulement 0,1 % du total zonal. C’est une zone où le bétail est très présent. Ce bétail est utilisé pour les labours, la production de lait, le fumier, la dot lors du mariage, l’épargne et la vente en cas d’urgence. La vente de moutons et de chèvres, de laine, de bière locale, d’orge, de pommes de terre, de légumineuses et d’oléagineux représente les principales sources de revenu (Lo et Lo, 2009).

 Sous système basé sur la pêche côtière artisanale : Il est retrouvé seulement au Nigeria avec une superficie de 35000 km² soit 2 % du total au niveau régional.

La principale activité est la pêche artisanale à laquelle s’ajoutent parfois la production de cultures étagées dans les jardins, les cultures de racines sous les cocotiers, les arbres fruitiers et l’anacardier (noix de cajou) et un peu d’élevage.

1.2. Importance des productions animales dans l’économie en Afrique de l’Ouest

L’élevage permet à l’Afrique de l’Ouest de faire face à ses besoins internes et d’exporter progressivement vers les marchés extérieurs. Le cas du Niger est assez illustratif de cet avantage naturel des pays du Sahel dans l’élevage des ruminants (Lo et Lo, 2009). Son cheptel estimé à près de 7,5 millions d’Unités Bétail Tropical (UBT) en 2004, toutes espèces confondues, pour une valeur totale de 706 milliards de FCFA et une production annuelle de 191,5 milliards de FCFA dégageant une valeur ajoutée de 155 milliards de FCFA. Le Nigeria, le Mali, le Burkina recèlent également de fortes potentialités (Laouel et Youla, 2009; FAO, 2012 ).

De façon générale, le bétail constitue une réserve de richesse constituée progressivement et utilisée pour réduire les risques de pertes de revenus et l’insécurité alimentaire (Lo et Lo, 2009). Cette fonction d’épargne et d’assurance restera importante tant que le système financier commercial sera inaccessible à la majorité de la population. Des études de cas montrent que l’élevage apporte 34%

des revenus monétaires des ménages ruraux contre 14 % pour les produits végétaux (OCDE, 2007 ; Lo et Lo, 2009). Une enquête réalisée auprès de plusieurs

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agropasteurs dans le plateau Mossi au Burkina Faso donne des indications sur l’importance des revenus d’élevage dans la vie des populations rurales. Au Niger, une enquête budgets/consommation des ménages indique que le secteur élevage contribue à plus de 15 % au budget des ménages et sa contribution à la satisfaction des besoins alimentaires se situerait à hauteur de 25% (CAO/OCDE, 2007). Malgré cela, il ne bénéficie que d’un faible soutien en investissements publics, sur le plan des infrastructures de transformation et de conditionnement dans tous les pays de l’Afrique de l’Ouest. De même, il souffre d’une insuffisance de politiques pour dynamiser les échanges au niveau régional.

Avec une croissance annuelle estimée à 4 %, La demande en produits d’origine animale en Afrique de l’Ouest ira en augmentant au rythme de la croissance de la population et tenant compte de l’urbanisation galopante (Lo et Lo, 2009). Les statistiques indiquent aussi une forte demande en produits animaux, qualifiés de bassins de consommation, en Afrique subsaharienne, et notamment en Afrique de l’Ouest (tant dans les pays côtiers), de plus de 250 % d’ici à l’horizon 2020 (CAO/OCDE, 2007). Des opportunités de développement d’un commerce régional existent donc. Mais pour l’instant, ces besoins sont satisfaits à partir des importations en provenance de l’Union européenne (UE). La part des importations extra africaines de viande est passée de 3 % à 19% en Côte d’Ivoire entre 1970 et 1999 et de 4 % à 17% au Togo (Balami, 2003). L’apparition de l’encéphalite spongiforme bovine (ESB) ou maladie de la «vache folle» a eu aussi des répercussions sur la demande de viande européenne dans les pays de l’Afrique de l’Ouest ; ce qui a contribué à la baisse des importations.

En ce qui concerne les produits laitiers, leur contribution dans le revenu d’élevage est particulièrement importante dans les pays du Sahel : 40 % au Niger, 38 % au Mali et 32 % au Burkina Faso (Lo et Lo, 2009). Elle demeure cependant insuffisante pour satisfaire les besoins des populations. Ainsi, les importations extra africaines de produits laitiers vont en s’accroissant. Au Burkina Faso, par exemple, ces importations ont représenté en moyenne 7 milliards de FCFA annuellement

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pendant la période 2000-2005, 6 milliards de FCFA au Niger et près de 10 milliards de FCFA au Mali. Les produits laitiers continuent ainsi d’alourdir les factures d’importations de produits alimentaires dans les pays de la CEDEAO, les privant des possibilités d’investir dans le secteur pastoral pour lutter efficacement contre la pauvreté et l’insécurité alimentaire.

1.3. Situation économique et vulnérabilité des pasteurs en Afrique de l’Ouest L’étude des conditions de vie des pasteurs à l’aide des éléments décrits dans le cadre des moyens d’existence durables permet d’identifier plus facilement les causes et la dynamique de la pauvreté. Ce cadre montre que les modes de subsistance de la population pastorale sont conditionnés à la fois par l’accès aux ressources de production tels que les pâturages, l’eau, les services vétérinaires, les marchés, le crédit et l’éducation (Lo et Lo, 2009). Ils dépendent aussi des conditions dans lesquelles ces différents biens sont utilisés à des fins de production et de consommation, c'est-à-dire l’environnement politique, institutionnelle et organisationnel. En outre, le cadre des moyens d’existence durables place les conditions de vie des pasteurs dans le contexte dynamique des risques, des variations saisonnières (Lo et Lo, 2009). Ce qui affecte à long terme leurs moyens de production et leurs stratégies de subsistance et accroit leur niveau de vulnérabilité (Abbagana et Youla, 2009).

Cette situation explique la priorité accordée par les Etats à la lutte contre la pauvreté, appuyés par les partenaires au développement. En effet la plupart des pays de la CEDEAO sont engagés, dans l’élaboration d’un cadre stratégique de lutte contre la pauvreté (CSLP), qui cible un ensemble de projets ayant un impact direct sur la pauvreté. L’élevage constitue une des principales activités économiques dont sont tributaires les populations les plus pauvres en tant que source d’aliments et de revenus monétaires (Lo et Lo, 2009). Il constitue aussi la principale assurance contre les risques pour des millions de populations pauvres dont les moyens d’existence reposent sur l’agriculture pluviale. Seulement, la

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rupture de l’équilibre entre la satisfaction des besoins d’une population croissante et la conservation des ressources naturelles est constatée.

Les sécheresses qui ont eu lieu dans le Sahel au cours des années 1970 et 1980, ainsi que l’augmentation des tensions et conflits dans les régions pastorales (Niger, Nigeria, Tchad) sont encore venus étayer cette vision. La mobilité pastorale et les régimes communautaires de tenure des ressources étaient considérés comme de graves obstacles au développement socio-économique des pasteurs, aux options d’investissements privés et de gestion durable des ressources (FAO, 2012 ; Laouel et Youla, 2009).

S’appuyant sur des modèles occidentaux de gestion foncière (ranch et ferme), la politique et les initiatives de développement pastoral ont été concentrées sur la sédentarisation des communautés pastorales et la redistribution des droits d’occupation des pâturages par l’entremise de programmes de nationalisation ou de privatisation.

La privatisation des pâturages et le développement de ranches d’élevage commerciaux a favorisé l’émergence d’une petite élite commerciale aux dépens des communautés pastorales (Lo et Lo, 2009). Il a fallu plusieurs décennies (durant les années 90 avec la Conférence des Nations Unies sur l’environnement et le développement (UNCED) pour que la communauté internationale remette en question son appréciation du pastoralisme et reconnaisse la capacité des communautés locales à gérer efficacement les terres marginales (Abbagana et Youla, 2009).

Avec l’accentuation du phénomène de changements climatiques (CC) (températures de plus en plus élevées, accroissement de la variabilité des précipitations, etc.), les différentes sous zones de l’Afrique de l’Ouest et leurs habitants seront touchées de diverses manières. Les implications du CC sur les moyens d’existence des pasteurs ne sont pas encore bien comprises. Deux courants d’opinion sont émis : certains disent qu’ils seront les premiers à perdre leurs

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moyens d’existence à mesure que les pâturages et les points d’eau vont s’assécher ; d’autres soutiennent qu’ils sont les plus à même de s’adapter au changement climatique, car les stratégies de subsistance pastorales sont conçues pour réagir à la rareté et à la variabilité des ressources naturelles et pour faire face à des conditions agro écologiques difficiles et incertaines.

Mais, il faut noter, que dans la plupart des pays de l’Afrique de l’Ouest, les zones sèches dites marginales, regorgent de ressources minières importantes au sein de leur sous-sol (Lo et Lo, 2009). On peut citer l’uranium pour le Niger et le pétrole pour le Nigeria. Malgré la chute de certaines de ces matières premières, leur exploitation est quand même prioritaire par rapport aux aménagements réalisés qui ne sont pas sans incidences sur la mobilité des pasteurs (FAO, 2012 ; Laouel et Youla, 2009).

Dans un environnement risqué et aléatoire, la mobilité est bien au contraire une technique avancée qui permet l’accès aux ressources naturelles essentielles à la vie en milieu pastoral. Il est primordial de valoriser et de sécuriser l’accès des pasteurs aux ressources stratégiques pour qu’ils puissent réagir efficacement aux effets du changement climatique. Mais aussi, le risque des maladies épidémiques menace potentiellement toutes les communautés pastorales (Lo et Lo, 2009). Les pasteurs pauvres sont toutefois plus particulièrement exposés. Vivant souvent dans des zones reculées, ils n’ont souvent pas accès aux services vétérinaires et n’ont pas les moyens d’acheter des médicaments pour prévenir ou traiter les maladies. Leurs déplacements combinés à la diversité des races trypano-tolérantes, constituent un moyen d’éviter les vecteurs des maladies animales comme la mouche tsé-tsé (Lo et Lo, 2009).

Les capacités d’adaptation des populations pastorales des régions sahéliennes sont cependant contraintes du fait de leur marginalisation. Le pastoralisme demeure l’objet de préjugés. Il est considéré comme une forme de production archaïque et dépassée ; les pasteurs ne vendent pas leurs animaux, « ils préfèrent les stocker, les

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admirer et composer des poèmes à leur sujet ». Sa productivité est jugée très faible en comparaison aux systèmes d’élevage mobiles qui utilisent moins de ressources naturelles et moins d’espace. En plus, leur accès aux services socioéconomiques bases (sanitaires, éducatifs, financiers, etc.) demeurent difficiles. Pour une meilleure intégration dans le système économique national, les pasteurs ont besoin de se sédentariser (Abbagana et Youla, 2009). Cette marginalisation de l’élevage pastoral constitue donc un facteur d’aggravation de la vulnérabilité des pasteurs face aux autres facteurs que sont le changement climatique, des épidémies et des lois du marché.

1.4. Définition et typologie de la transhumance 1.4.1. Définition

Plusieurs auteurs dont Lhoste et al. (1993) ont donné une définition de la transhumance qui peut être résumée comme suit : « la transhumance est un système de production animale caractérisé par des mouvements saisonniers de caractère cyclique, d’amplitude variable. Ces mouvements s’effectuent entre des zones écologiques complémentaires, sous la garde de quelques personnes, la plus grande partie du groupe restant sédentaire ». Les troupeaux transhumants partent généralement d’environnements en déséquilibre, difficiles et changeants tels que les zones sahéliennes. Dans ce contexte, la transhumance peut être considérée comme une forme d’adaptation à ces environnements et de valorisation des complémentarités écologiques entre zones sahéliennes et régions soudaniennes. En définitive, il s’agit d’un système d’élevage fondé sur une stratégie de gestion opportuniste des ressources pastorales, écologiquement viable, qui a permis à des communautés de pasteurs, les peuls en l’occurrence, de survivre aux grandes crises éco-climatiques qui secouent périodiquement les pays sahéliens tels que le Niger et le Burkina Faso.

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1.4.2. Typologie des transhumances

En fonction de la distance parcourue entre les terroirs d’attache et les zones d’accueil d’une part et de la saison de transhumance d’autre part, on distingue la petite transhumance et la grande transhumance (Abbagana et Youla, 2009).

1.4.2.1. La petite transhumance

La petite transhumance s’effectue sur des distances courtes. C’est une transhumance nationale car elle ne traverse pas de frontière. En direction du parc W, la petite transhumance est pratiquée par les éleveurs résidents ou sédentarisés dans les terroirs riverains (FAO, 2012 ; Laouel et Youla, 2009).

Elle se produit en toutes saisons. Pendant la saison sèche, les raisons de la mobilité des troupeaux sont les mêmes que celles des grands transhumants. Il s’agit de la recherche de pâturage et d’eau. En saison pluvieuse, les éleveurs éloignent les animaux des champs pour éviter les dégâts de cultures, principale cause de conflit entre agriculteurs et éleveurs. Le phénomène prend actuellement de l’ampleur à cause de la saturation foncière constatée dans la plupart des terroirs riverains. C’est le cas par exemple dans les terroirs de Karimama et d’Alfakouara au Bénin, de Tamou au Niger, de Logobou et de Kabougou au Burkina Faso.

1.4.2.2. La grande transhumance

Il s’agit de la transhumance classique qui va à la rencontre des pluies en saison sèche avant de « remonter » vers le Nord tout en restant en deçà du front de progression de la nouvelle herbe (Kagoné, 2000).

Entre les terroirs d’attache et les zones d’accueil, la distance est grande, souvent de plusieurs centaines de kilomètres. Les déplacements peuvent se limiter à un changement de région dans le même pays, mais ils peuvent aussi dépasser les limites frontalières. Dans le cas de la transhumance transfrontalière, les éleveurs sont obligés de se munir du Certificat International de Transhumance (CIT) émis

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par la CEDEAO. Le trajet et la destination se reproduisent souvent d’une année à l’autre, mais toujours avec une certaine latitude d’adaptation. De tels voyages comportent toujours une part de risque et d’aventure, ce qui nécessite une certaine organisation (FAO, 2012 ; Laouel et Youla, 2009).

1.5. L’organisation de la transhumance 1.51. Les acteurs de la transhumance

La décision de conduire le troupeau en transhumance relève de l’éleveur propriétaire. C’est lui qui décide également de l’itinéraire et des zones d’accueil, en se fondant sur les axes traditionnels et sur les conseils des structures coutumières telles que les rugga et les garso (FAO, 2012 ; Laouel et Youla, 2009).

Toutefois, le berger transhumant dispose d’une marge de manoeuvre pour adapter le parcours en fonction des informations obtenues en cours de transhumance. Les renseignements qu’il recherche à cet effet concernent l’état des pâturages et des points d’eau, mais aussi les patrouilles forestières, les maladies animales, la localisation de nouvelles zones cultivées et des champs maudits, etc.

Les propriétaires confient leur bétail à des bergers, généralement deux par troupeau, qui sont habituellement de leur propre famille. En cas de difficulté importante, les bergers n’ont pas de pouvoir de décision. Celui-ci est détenu par les propriétaires, ce qui entraîne des délais assez longs pour le règlement des litiges/conflits (FAO, 2012).

1.5.2. Les animaux concernés et flux de transhumance

Les espèces animales concernées par la grande transhumance dans la zone d’influence du parc W sont principalement les bovins et, dans une moindre mesure, les ovins. Le cheptel bovin est représenté par les zébus de race Zébu peul soudanais (Burkina Faso) et Djeli (Niger). Les ovins transhumants sont constitués essentiellement des animaux de race Bali Bali (FAO, 2012 ; Laouel et Youla, 2009).

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Certaines catégories d’animaux restent dans le terroir d’attache. Il s’agit (i) des vaches gestantes, (ii) des vaches en lactation afin d’assurer une production de lait pour le groupe familial, (iii) des chèvres qui valorisent bien les ligneux et (iv) des animaux qui sont à un stade très avancé de dénutrition. En outre, l’éleveur adopte souvent une stratégie de répartition des risques en gardant d’autres catégories animales sur place.

Les flux d’animaux n’ont pas pu être estimés de manière exhaustive par manque de statistiques fiables des troupeaux transhumants. En effet, les mouvements ne sont pas formellement enregistrés par les services d’élevage, quelque soit le pays (FAO, 2012). Seules les données recueillies à Kotchari, dernier poste d’élevage avant la frontière béninoise, et au poste forestier d’Arly ont permis d’estimer le flux officiel d’animaux. Ainsi, 7 000 bovins et 2 000 ovins en transhumance ont été enregistrés à Kotchari pour la campagne 2000-2001. Selon le chef de poste, le flux non officiel est tout aussi important que le flux officiel. Pour la période allant du 10 décembre 2001 au 4 juillet 2002, 339 troupeaux (284 burkinabé et 55 nigériens) totalisant 16 400 animaux (13 780 bovins et 2 620 ovins) ont été enregistrés au couloir officiel de transhumance d’Arly (FAO, 2012).

1.5.3. Calendrier de transhumance

La surveillance continue des parcours et la transhumance font partie des mécanismes clés d’exploitation des ressources pastorales chez les éleveurs peuls (Kagoné, 2000). Ainsi, la date de départ en transhumance n’est pas fixe, mais elle est commandée par l’état des ressources.

Dans la zone d’influence du parc W du fleuve Niger, les départs en transhumance s’étalent sur la période allant de décembre à mai. Ils font suite au tarissement des points d’abreuvement et à l’épuisement des ressources fourragères, y compris les résidus culturaux, dans les terroirs d’attache. D’autres facteurs tels que l’installation des pluies dans les zones d’accueil, occasionnant les repousses des graminées

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vivaces, et l’état d’affaiblissement des animaux sont aussi pris en compte (FAO, 2012).

Les retours de transhumance interviennent aux mois de juin et de juillet.

L’installation des pluies, le développement des graminées annuelles et le remplissage des points d’eau de surface dans les terroirs d’attache constituent les principaux indicateurs pour les éleveurs (Paris, 2002).

L’état d’insalubrité des zones d’accueil en saison des pluies avancée et la levée des semis induisant des risques de dégâts des cultures le long des axes de transhumance influencent aussi le choix de la date de retour (Laouel et Youla, 2009).

Les variations interannuelles de la période de la transhumance dépendent de la disponibilité fourragère et en eau dans les terroirs d’attache, et donc de la quantité d’eau de pluie tombée au cours de la saison des pluies de l’année écoulée. De l’avis de la plupart des éleveurs transhumants, les départs en transhumance se font toujours à peu près à la même période. Par contre, les retours de transhumance sont très difficiles à prévoir à cause de la grande variabilité du climat dans les terroirs d’attache.

1.6. Avantages et inconvénients de la transhumance 1.6.1. Les avantages de la transhumance

La plupart des observateurs considèrent la transhumance comme un mal nécessaire, si ce n’est un fléau. Même si ce point de vue est justifié, il ne faut pas perdre de vue que la transhumance présente quand quelques avantages parmi lesquels (FAO, 2012):

Dans les terroirs d’attache

– Sauver des milliers d’animaux d’une mort certaine, et donc permettre à des communautés pastorales de vivre de leur activité ;

– Réaliser un déstockage saisonnier des parcours surchargés et limiter ainsi leur dégradation continue ;

– Valoriser les complémentarités écologiques entre zone sahélienne et les régions soudaniennes.

Dans les zones d’accueil

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– Résorber partiellement le déficit en protéines animales (viande, lait) ; – Améliorer le potentiel génétique des races locales ;

– Accroître le cheptel national par le transfert de propriété ou par la fixation de certains transhumants ;

– Accroître la fertilité des terres agricoles grâce aux contrats de fumure et au transfert de fertilité par les animaux domestiques ;

– Conserver, voire améliorer la biodiversité végétale au moyen de la zoochorie.

1.6.2. Les problèmes et les conflits liés à la transhumance

1.6.2.1. Au plan écologique

La transhumance occasionne une dégradation des écosystèmes sur les axes de transhumance et dans les zones d’accueil (FAO, 2012) :

– La surexploitation des ligneux fourragers tels que Pterocarpus erinaceus, Afzelia africana et Khaya senegalensis pour nourrir leurs animaux. Cette pratique obéit à la nécessité de suppléer au déficit quantitatif et qualitatif des pâturages herbacés en fin de saison sèche sur les axes et quelquefois dans les zones d’accueil ;

– l’allumage des feux pastoraux qui favorisent le développement de jeunes repousses de graminées vivaces très recherchées par le bétail ;

– la surcharge et la mauvaise gestion des aires de pâturage dans les zones de transit et d’accueil ;

– le pâturage dans les aires protégées à l’origine de (i) la perturbation de la quiétude des animaux sauvages, (ii) une concurrence pour l’utilisation des ressources alimentaires, (iii) la dégradation de l’habitat de la faune (envasement des mares et des cours d’eau, tassement du sol), et (iv) accessoirement le braconnage pratiqué par les transhumants.

1.6.2.2. Au plan zoo-sanitaire

Le premier problème généralement évoqué en ce qui concerne la transhumance est le risque épidémiologique qu’elle occasionne. En effet, le troupeau transhumant

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peut répandre rapidement des maladies contagieuses dans ses déplacements, ce qui mettrait en péril le cheptel de régions entières (FAO, 2012). C’est pour cette raison que toutes les réglementations nationales, les accords bilatéraux et communautaires font obligation à l’éleveur transhumant de se munir d’un certificat de vaccination du troupeau ou du Certificat International de Transhumance

(CIT). Le non-respect de la réglementation zoo-sanitaire par les transhumants, quelquefois observé, constitue le risque épidémiologique majeur de la transhumance.

Le contact entre le bétail et les animaux sauvages, principalement au niveau des points d’eau en saison sèche, mais aussi dans les aires de pâturage, peut être à l’origine de la transmission de maladies. Au Bénin, où un programme surveillance épidémiologique est en cours, aucun cas de transmission n’a encore été formellement établi dans le parc du W ou même dans celui de la Pendjari (FAO, 2012).

Certains transhumants signalent des cas de maladies contractées par leur bétail dans les zones d’accueil. Il s’agit de la trypanosomiase et d’autres parasitoses pour lesquelles les zébus sont très sensibles (FAO, 2012 ; Laouel et Youla, 2009).

1.6.2.3. Au plan zootechnique

Les difficultés rencontrées par les transhumants sont résumées dans ce cri de détresse d’un éleveur interviewé en cours de transhumance : « Les plus fatigués de ce monde aujourd’hui sont les éleveurs : pas de pâturage, pas d’eau, même pas un endroit où ils peuvent s’arrêter avec un animal ! ». Dans la région du parc W, ces difficultés que rencontrent les éleveurs sont :

– La réduction drastique de l’espace pastoral due à l’extension des terres cultivées et de l’emprise croissante des agriculteurs sur l’espace ;

– le brûlage des résidus culturaux restés sur les champs dans le but d’éloigner les éleveurs ;

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– l’obstruction des pistes à bétail et occupation des zones d’accueil par les champs ou des zones de chasse ;

– les pistes officielles de transhumance qui sont trop longues et donc fatigantes pour des animaux déjà en état de dénutrition avancé ;

– le non aménagement des couloirs de transhumance et des zones d’accueil ;

– la prédation par les fauves (lions, hyènes) sur les animaux domestiques qui s’exerce tant à l’intérieur que dans les environs immédiats du parc ;

– la fuite des animaux pourchassés par les carnivores, ce qui occasionne des pertes de quelques têtes, voire de troupeaux entiers (FAO, 2012).

1.6.2.4. Au plan socio-économique

Les problèmes socio-économiques engendrés par la transhumance sont les suivants (FAO, 2012 ; Laouel et Youla, 2009):

– Les dégâts causés par le bétail sur les cultures et les récoltes, principale cause des conflits entre agriculteurs et éleveurs ;

– Les conflits quelquefois mortels entre les transhumants et les populations des zones de transhumance ;

– Les vols de bétail et la dégradation du sol.

1.6.2.5. Au plan politique et réglementaire

La mise en œuvre des textes réglementant la transhumance rencontre d’énormes difficultés sur le terrain. En conséquence, on observe :

– La méconnaissance et/ou le non-respect par les éleveurs transhumants des réglementations nationales et communautaires ;

– L’insuffisance d’information et de sensibilisation des éleveurs transhumants sur la conduite à tenir lors de la transhumance ;

– L’occupation par les autochtones des pistes à bétail et de certaines zones officielles d’accueil ;

– L’abattage, non réglementaire ou « vaccinations » des animaux domestiques pâturant illégalement dans le parc national W du Bénin ;

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– La suspension de la transhumance transfrontalière par le Gouvernement de la République du Bénin sur toute l’étendue du territoire national, à la suite des problèmes que celle-ci génère.

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2.1. Matériels et méthodes 2.1.1. Milieux d’étude

La présente étude a été réalisée du 06 juin au 22 septembre 2012 dans la Commune de Sinendé.

Localisée au Nord du Bénin et dans le centre du Département du Borgou, la Commune de Sinendé (figure 2) est située au Nord-Ouest du Département et s’étend sur une superficie de 2.289 km2 ; soit 8,85 % de la superficie du Département du Borgou et 2,03 % de celle du Bénin. Elle est limitée au Nord par la commune de Gogounou, au sud par celle de N’Dali, à l’est par Bembèrèkè et à l’ouest par les communes de Ouassa-Péhunco et Djougou. Elle est à 623 km de Cotonou (capitale économique du Bénin) et à environ 150 km de Parakou, chef-lieu du département. Le chef-lieu de la commune est au centre de la commune. Ce qui favorise les relations de communication entre les différents arrondissements.

Le climat est de type soudano guinéen avec deux saisons : une saison pluvieuse s’étendant d’Avril à Octobre, soit environ six (6) mois de pluie et d’une saison sèche allant de la mi-octobre à la mi-avril. L’harmattan y souffle de novembre à février.

Le régime des vents est caractérisé par le mouvement alternatif de l’harmattan qui souffle pendant la saison sèche et de la mousson, vent humide, qui souffle pendant la saison des pluies. La hauteur d’eau annuellement enregistrée varie entre 1.000 mm et 1.200 mm.

La température moyenne varie tout au long de l’année entre 24,2°C (septembre) et 29,5°C (Mars) soit une amplitude thermique de 5°C. Ces températures sont caractérisées par une amplitude thermique diurne supérieure à l’amplitude annuelle.

La saison des pluies commence dans la deuxième quinzaine du mois d’avril et se termine en octobre, avec le maximum de précipitations observé au mois d’août et de septembre. L’irrégularité des pluies a des conséquences préjudiciables à la production agricole et la disponibilité des pâturages naturels.

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Dans la commune de Sinendé on distingue six (6) unités pédologiques dont deux ont une extension très limitée. Il s’agit des sols minéraux bruts sur cuirasse et des sols peu évolués sous matériaux alluviaux-colluviaux argileux. Les quatre autres unités pédologiques très répandues sont les sols ferrugineux tropicaux peu lessivés en argile, sesquioxyde, les sols tropicaux peu lessivés hydromorphes, les sols lessivés à concrétions et les sols lessivés indurés. Ils sont de couleur beige et ont une fertilité chimique moyenne. Les sols ferrugineux tropicaux peu lessivés hydromorphes occupent une place importante avec 29,47 % des superficies.

Les formations végétales de Sinendé représentent rarement une végétation climatique puisque l’action anthropique (pâturage, mise en culture, passages répétés, des feux de brousse) a considérablement modifié l’importance des essences végétales très variable. Non loin des zones cultivées, donc très proche des agglomérations se maintient une savane parc à espèces protégées. On y distingue notamment Parkia biglobosa, Vitellaria, paradoxa et Adansonia digitata.

Somme toute, l’ensemble est de type soudano-gnuinéen, savane boisée avec vestiges de forêts le long des cours d’eau dégradé par endroit par l’homme. On y trouve également une mosaïque de cultures, des aires de pâturage et de la jachère.

Cette savane est coupée dans sa partie Est par la forêt de Wénou-Bénou (30 000 ha) et au Nord par celle de l’Alibori Supérieur (250 000 ha).

Dans les deux forêts la faune est bien fournie. On y rencontre une multitude d’espèces dont les primates qui sont les plus nombreux, les céphalophes (Cephalophus rufilatus), les lions (Panthera léo), les buffles (Syncerus caffer), les bubales (Alcelaphus buselaphus major), les antilopes (Hippotragus equinus), les phacochères (Phanochoerus ethiopicus), les lièvres (Lepus crawshayi), les éléphants (Loxodonta africana), les francolins (Francolinus bicalcaratus), les pintades (Numida meleagris) etc…

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Cette région bénéficie des conditions climatiques de type subéquatorial, caractérisées par deux saisons de pluies : la grande, d’avril à juillet et la petite, de septembre à novembre. Ces deux saisons sont intercalées par deux saisons sèches.

La pluviométrie moyenne est voisine de 1200 mm de pluie par an. Les températures moyennes mensuelles varient entre 27 et 31 °C et l’humidité relative de l’air fluctue entre 65 % de janvier à mars et 97 % de juin à juillet.

2.1.2. Matériels et méthodes

La collecte des données a été réalisée auprès des acteurs de la transhumance de la commune de Sinendé (éleveurs transhumants, agriculteurs, gendarmes, agents des eaux et forêt, policier, militaire élus locaux, la mairie). Les recherches documentaires ont permis de faire le point de la littérature sur les pratiques de la transhumance dans la commune de Sinendé.

Les outils de collecte de données utilisées sont constitués d’un questionnaire, d’un guide d’entretien et d’une grille de dépouillement. La grille de dépouillement a été utilisée pour faire le point des informations collectées.

Les personnes interrogées ont été retenues à partir des techniques de l’échantillonnage à choix raisonné dans la commune. Au total, 120 personnes ont été interrogées.

Les données collectées sont :

Les causes et les contraintes autour de la transhumance dans la Commune de Sinendé ;

Le nombre et la localisation des couloirs de transhumance dans la commune ;

L’effectif des barrages et des points d’eau naturels dans la région ;

Les actions à mener dans le cadre de la prévention des conflits et d’une gestion appropriée de la transhumance.

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Figure 2: Carte d’orientation spatiale de la Commune de Sinendé

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3.1. Facteurs à l’origine de la transhumance dans la commune de Sinendé En général, les motifs de la mobilité pastorale dans la commune de Sinendé sont les suivants:

l’accessibilité au fourrage en quantité (notamment après une saison des pluies déficitaires) et en qualité (pour rechercher certaines espèces végétales comme Andropogon gayanus et Zornia glochidiata, les résidus de récoltes, etc.) ;

l’insuffisance de l’eau d’abreuvement pour le cheptel en saison sèche ; le souci d’éviter les dégâts champêtres en saison pluvieuse ;

l’abandon des zones affectées par les maladies animales ; la recherche d’éléments minéraux (cure salée) ;

le souci de réduire les risques de perte de bétail par vol ; le souci d’éviter les conflits inter ethniques ;

recherche de gène pour améliorer la productivité du troupeau. ; l’insécurité liée à la prolifération d’armes de guerre et au banditisme;

la recherche des terres encore non cultivées où le gardiennage des animaux est facile.

l’insuffisance des couloirs de passage qui sont souvent obstrués;

l’insuffisance des aires de pâturages qui sont généralement non sécurisées;

l’inadéquation du mode et du type d’élevage;

la litanie dans le fonctionnement du comité de transhumance local.

Ces observations sont comparables à celles rapportèes dans la litterature (Diakité, 2003 ; IRIN Afrique, 2006 ; ENDA, 2007 ; OCDE, 2008 ; Niang, 2012).

Selon ces auteurs, le principal facteur motivant la transhumance est l’insuffisance saisonnière du pâturage (PPLPI, 2004 ; Sall, 2004 ; Schönegg et al., 2006 ; Ouinsou, 2011 ; RBM, 2011 ; Sankharé, 2011).

Plusieurs facteurs contribuent à une réduction drastique des espaces de pâturage, mettant ainsi les systèmes pastoraux dans une situation de précarité. Ainsi, dans la plupart des pays de l’Afrique de l’Ouest, on constate une progression rapide du

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front agricole, de l’ordre de 3 à 6 % par an, au détriment des terres de parcours (FAO, 2012). La colonisation des espaces sylvo-pastoraux prend de l’ampleur dans les régions soudano-sahéliennes situées au sud des pays sahéliens et au nord des pays côtiers. Les surplus agricoles sont souvent réinvestis dans le bétail, augmentant ainsi la pression sur les ressources.

La dégradation des ressources pastorales, qui s’est accélérée brutalement à la suite des grandes sécheresses des années 1970 et 1980, continue à diminuer les potentialités pastorales (Sall, 2004 ; Sankharé, 2011; Schönegg et al., 2006). Outre la péjoration climatique, l’accroissement des effectifs du cheptel occasionne la surcharge des pâturages et entraîne leur dégradation, notamment en cas de faible mobilité du troupeau (Tamou, 2002 ; Laouel et Youla, 2009). Au Sahel, la dégradation se traduit aussi par la baisse de la nappe phréatique avec des conséquences négatives sur le pâturage aérien et l’ensablement des mares, des lacs et fleuves (Niger, Sénégal et Gambie), réduisant ainsi leurs potentialités pastorales (dégradation des bourgoutières et des possibilités d’abreuvement du bétail).

L’accès aux mares, aux bas-fonds et aux fleuves constitue un maillon important de la chaîne de pâturage annuelle, notamment pour l’utilisation des eaux de surface et des réserves fourragères de saison sèche (Kagoné, 2000 ; OCDE, 2008 ; Niang, 2012). La mise en valeur agricole de ces espaces pastoraux stratégiques à travers les cultures de contre-saison et les aménagements hydro-agricoles a privé l’élevage de ressources-clés. Par ailleurs, de nos jours, la plupart des pistes à bétail sont obstruées par des champs, obligeant les éleveurs à faire de grands détours pour accéder à l’eau ou aux ressources fourragères. De même, certains couloirs de transhumance doivent quelquefois passer par les aires protégées qui sont interdites à la pâture.

Selon Niang (2012) et FAO (2012), la dégradation des conditions climatiques affecte négativement les capacités de pâturage des parcours et les possibilités d’abreuvement du bétail. En effet, la pluviométrie ayant une relation forte avec la biomasse herbacée, toute diminution de la première entraîne une baisse de la

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productivité des pâturages naturels. En outre, la productivité des bourgoutières, ressources fourragères stratégiques de saison sèche est gravement affectée en cas de modification du régime des cours d’eau et des lacs. Enfin, la baisse de la pluviosité remet en cause la pérennité de certains plans d’eau (mares, barrages, lacs, etc.) avec des conséquences négatives sur l’abreuvement et la productivité du cheptel.

3.2. Etat de lieux des couloirs de passage, des aires de pâturage et des retenues d’eau dans la commune de Sinendé

La commune de Sinendé dispose de 46 couloirs de pâturage repartis comme suit:

Zone de SOKKA : 8 Couloirsde pâturage pour 59 Km;

Zone de SEROU : 6 Couloirsde pâturage pour 45 Km;

Zone de Toume: 7 Couloirsde pâturage pour 58,5 Km;

Zone de Fo-Boure: 11 Couloirsde pâturage pour 81 Km;

Zone de Sakarou : 4 Couloirsde pâturage pour 24 Km;

Zone de Fo-Bouko et Narerou : 10 Couloirs de pâturage pour 65 Km;

Gorobani: 4 Couloirsde pâturage pour 38 Km;

Sikki : 10 Couloirs de pâturage pour 59 Km;

Monsi : 2 Couloirs de pâturage pour 18 Km;

Warri : 7 Couloirs de pâturage pour 42 Km;

Niaro: 5 Couloirs de pâturage pour 78 Km;

Diadia: 4 Coiuloirs de pâturage pour 29 Km;

Boukouro: 4 Couloirs de pâturage pour 24 Km;

Alafiarou: 3 Couloirs de pâturage pour 25 Km;

Guessou-Bani et Didi: 6 Couloirs de pâturage pour 72 Km;

Yarra: 4 Couloirs de pâturage pour 63 Km;

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