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Avantages et inconvénients de la transhumance

La plupart des observateurs considèrent la transhumance comme un mal nécessaire, si ce n’est un fléau. Même si ce point de vue est justifié, il ne faut pas perdre de vue que la transhumance présente quand quelques avantages parmi lesquels (FAO, 2012):

Dans les terroirs d’attache

– Sauver des milliers d’animaux d’une mort certaine, et donc permettre à des communautés pastorales de vivre de leur activité ;

– Réaliser un déstockage saisonnier des parcours surchargés et limiter ainsi leur dégradation continue ;

– Valoriser les complémentarités écologiques entre zone sahélienne et les régions soudaniennes.

Dans les zones d’accueil

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– Résorber partiellement le déficit en protéines animales (viande, lait) ; – Améliorer le potentiel génétique des races locales ;

– Accroître le cheptel national par le transfert de propriété ou par la fixation de certains transhumants ;

– Accroître la fertilité des terres agricoles grâce aux contrats de fumure et au transfert de fertilité par les animaux domestiques ;

– Conserver, voire améliorer la biodiversité végétale au moyen de la zoochorie.

1.6.2. Les problèmes et les conflits liés à la transhumance

1.6.2.1. Au plan écologique

La transhumance occasionne une dégradation des écosystèmes sur les axes de transhumance et dans les zones d’accueil (FAO, 2012) :

– La surexploitation des ligneux fourragers tels que Pterocarpus erinaceus, Afzelia africana et Khaya senegalensis pour nourrir leurs animaux. Cette pratique obéit à la nécessité de suppléer au déficit quantitatif et qualitatif des pâturages herbacés en fin de saison sèche sur les axes et quelquefois dans les zones d’accueil ;

– l’allumage des feux pastoraux qui favorisent le développement de jeunes repousses de graminées vivaces très recherchées par le bétail ;

– la surcharge et la mauvaise gestion des aires de pâturage dans les zones de transit et d’accueil ;

– le pâturage dans les aires protégées à l’origine de (i) la perturbation de la quiétude des animaux sauvages, (ii) une concurrence pour l’utilisation des ressources alimentaires, (iii) la dégradation de l’habitat de la faune (envasement des mares et des cours d’eau, tassement du sol), et (iv) accessoirement le braconnage pratiqué par les transhumants.

1.6.2.2. Au plan zoo-sanitaire

Le premier problème généralement évoqué en ce qui concerne la transhumance est le risque épidémiologique qu’elle occasionne. En effet, le troupeau transhumant

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peut répandre rapidement des maladies contagieuses dans ses déplacements, ce qui mettrait en péril le cheptel de régions entières (FAO, 2012). C’est pour cette raison que toutes les réglementations nationales, les accords bilatéraux et communautaires font obligation à l’éleveur transhumant de se munir d’un certificat de vaccination du troupeau ou du Certificat International de Transhumance

(CIT). Le non-respect de la réglementation zoo-sanitaire par les transhumants, quelquefois observé, constitue le risque épidémiologique majeur de la transhumance.

Le contact entre le bétail et les animaux sauvages, principalement au niveau des points d’eau en saison sèche, mais aussi dans les aires de pâturage, peut être à l’origine de la transmission de maladies. Au Bénin, où un programme surveillance épidémiologique est en cours, aucun cas de transmission n’a encore été formellement établi dans le parc du W ou même dans celui de la Pendjari (FAO, 2012).

Certains transhumants signalent des cas de maladies contractées par leur bétail dans les zones d’accueil. Il s’agit de la trypanosomiase et d’autres parasitoses pour lesquelles les zébus sont très sensibles (FAO, 2012 ; Laouel et Youla, 2009).

1.6.2.3. Au plan zootechnique

Les difficultés rencontrées par les transhumants sont résumées dans ce cri de détresse d’un éleveur interviewé en cours de transhumance : « Les plus fatigués de ce monde aujourd’hui sont les éleveurs : pas de pâturage, pas d’eau, même pas un endroit où ils peuvent s’arrêter avec un animal ! ». Dans la région du parc W, ces difficultés que rencontrent les éleveurs sont :

– La réduction drastique de l’espace pastoral due à l’extension des terres cultivées et de l’emprise croissante des agriculteurs sur l’espace ;

– le brûlage des résidus culturaux restés sur les champs dans le but d’éloigner les éleveurs ;

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– l’obstruction des pistes à bétail et occupation des zones d’accueil par les champs ou des zones de chasse ;

– les pistes officielles de transhumance qui sont trop longues et donc fatigantes pour des animaux déjà en état de dénutrition avancé ;

– le non aménagement des couloirs de transhumance et des zones d’accueil ;

– la prédation par les fauves (lions, hyènes) sur les animaux domestiques qui s’exerce tant à l’intérieur que dans les environs immédiats du parc ;

– la fuite des animaux pourchassés par les carnivores, ce qui occasionne des pertes de quelques têtes, voire de troupeaux entiers (FAO, 2012).

1.6.2.4. Au plan socio-économique

Les problèmes socio-économiques engendrés par la transhumance sont les suivants (FAO, 2012 ; Laouel et Youla, 2009):

– Les dégâts causés par le bétail sur les cultures et les récoltes, principale cause des conflits entre agriculteurs et éleveurs ;

– Les conflits quelquefois mortels entre les transhumants et les populations des zones de transhumance ;

– Les vols de bétail et la dégradation du sol.

1.6.2.5. Au plan politique et réglementaire

La mise en œuvre des textes réglementant la transhumance rencontre d’énormes difficultés sur le terrain. En conséquence, on observe :

– La méconnaissance et/ou le non-respect par les éleveurs transhumants des réglementations nationales et communautaires ;

– L’insuffisance d’information et de sensibilisation des éleveurs transhumants sur la conduite à tenir lors de la transhumance ;

– L’occupation par les autochtones des pistes à bétail et de certaines zones officielles d’accueil ;

– L’abattage, non réglementaire ou « vaccinations » des animaux domestiques pâturant illégalement dans le parc national W du Bénin ;

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– La suspension de la transhumance transfrontalière par le Gouvernement de la République du Bénin sur toute l’étendue du territoire national, à la suite des problèmes que celle-ci génère.

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2.1. Matériels et méthodes