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Article pp.343-346 du Vol.27 n°4-5 (2007)

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doi:10.3166/sda.27.343-346 SCIENCES DES ALIMENTS, 27(2007) 343-346

© Lavoisier – La photocopie non autorisée est un délit

FOCUS : Sucre, sucreries, chocolat, quelle place ?

L’aspartame : y a-t-il controverse ?

F. Aguilar

SUMMARY

Aspartame: is there any controversy?

Since its introduction aspartame has been the object of controversies. Its consumption has been associated to about 80 syndromes on the Internet but scientific information examined by several evaluation agencies have shown that aspartame is safe. An acceptable daily intake (ADI) of 40 mg/kg body weight has been established for aspartame and exposure estimates have shown that this ADI is not exceed in France. Thus is there any contro- versy? None amongst agencies having evaluated aspartame, but some between conclusions from these agencies and groups opposed to aspar- tame use.

Keywords

aspartame, controversy, toxicity, evaluation, ADI, exposure.

RÉSUMÉ

Depuis son introduction l’aspartame a fait l’objet de controverses. La consommation d’aspartame a été associée à environ 80 syndromes des maladies sur l’Internet. Cependant, l’examen, par diverses instances d’éva- luation, des informations scientifiques a montré que la consommation d’aspartame n’est pas dangereuse. Une dose journalière admissible (DJA) de 40 mg/kg poids corporel a été établie pour l’aspartame et les estimations d’exposition réalisées en France ont montré que cette DJA n’est pas dépas- sée. Ainsi y a-t-il controverse ? Aucune parmi les agences d’évaluation mais seulement entre les conclusions de ces agences et des groupes opposés à l’emploi de l’aspartame.

Mots clés

Aspartame, controverse toxicité, évaluation, DJA, exposition.

AFSSA – Unité d’évaluation des risques physico-chimiques – 27-31, avenue du Général-Leclerc – 94701 Maisons-Alfort cedex – France.

Correspondance : f.aguilar@afssa.fr SDA27_4-5.book Page 343 Lundi, 18. août 2008 4:39 16

Cet article des Editions Lavoisier est disponible en acces libre et gratuit sur sda.revuesonline.com

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1 – INTRODUCTION

L’aspartame est l’ester méthylique du dipeptide L-alpha-aspartyl-L-phénya- lanine.

Additif alimentaire autorisé en Europe sous la dénomination E 951 [5], l’aspartame possède un goût sucré environ 200 fois plus intense que le sucrose. Du point de vue réglementaire, l’aspartame peut être utilisé dans les boissons non-alcoolisées, dans les desserts et confiseries, dans les aliments diététiques et à valeur calorique réduite ainsi que dans les compléments ali- mentaires solides ou liquides [2].

L’aspartame existe sur deux formes isomériques, alpha et bêta. Seule la forme alpha possède des propriétés sucrantes et en général lorsque l’on se réfère à l’aspartame, c’est la forme alpha qui est concernée. L’aspartame est complètement métabolisé par des estérases et des peptidases en acide aspar- tique, en phénylalanine et en méthanol [3]. Sous certaines conditions, l’aspar- tame peut également produire de la dicétopipérazine (3-carboxyméthyle-6- benzyle-2,5-dicétopiperazine). Aucune de ces substances n’a de goût sucré.

Après son introduction sur le marché, la sécurité sanitaire de l’aspartame n’a cessé d’être mise en question depuis les années 80. L’ingestion d’aspartame a été associée à l’apparition du diabète, douleurs musculaires et articulaires, dépression, problèmes visuels et d’ouie, anxiété, perte de mémoire, sclérose en plaques, maladies de Parkinson et d’Alzheimer, malformations congénitales, allergies, syndrome de la guerre du Golfe et environ quatre-vingt autres mala- dies (sources Internet).

Cependant, les mises en question les plus étudiées concernant l’éventuelle toxicité de l’aspartame ont été concentrées essentiellement sur l’excito-toxicité attribuable à l’acide aspartique, sur les effets potentiels de la phénylalanine sur le fonctionnement du cerveau et sur la toxicité du méthanol pouvant potentielle- ment être formé à partir de l’aspartame [3].

Un éventuel lien de causalité entre la consommation d’aspartame et la survenue de crises d’épilepsie, d’anomalies de l’électroencéphalogramme ou de prévalence de cancer du cerveau a été écarté sur la base de la littérature scientifique disponible [1] [6] [16]. Les lésions cérébrales constatées chez des rongeurs nouveaux-nés après une exposition à des fortes doses d’aspartate (1 000 – 2 500 mg/kg p.c.) n’ont pas été reproduites chez les primates [3]. Par ailleurs, il a été conclu que chez l’homme, les niveaux plasmatiques d’aspartate, associés à l’induction des lésions chez les rongeurs (> 110 µmol/dl), étaient impossible à atteindre par le biais de la consommation d’aspartame [3]. Les études menées spécifiquement pour étudier les effets de l’aspartame sur la chi-

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mie et le fonctionnement cérébraux n’ont pas révélé des effets adverses [3].

Concernant l’éventuelle toxicité de l’aspartame par le biais de la production de méthanol, elle a été écartée sur la base des études métaboliques n’ayant pas démontré une augmentation des niveaux plasmatiques de méthanol après consommation d’aspartame [3] [12]. Par ailleurs, la formation d’adduits prove- nant de l’exposition au méthanol après consommation d’aspartame n’a pas été démontrée [12].

Diverses instances d’évaluation, dont le Comité mixte FAO/OMS d’experts en additives alimentaires (JECFA) en 1975, 1976, 1977 résumés en 1980 [9]; la US Food and Drug Administration (FDA) en 1984 [6] et 2007 [7] ; le Comité scientifique de l’alimentation humaine (CSAH) de la Commission européenne en 1984 [13], 1988 [14], 1997 [15] et 2002 [16] ; l’Agence française de sécurité sanitaire des aliments (Afssa) en 2002 [1] ; par le UK Committee on Toxicity (COT) en 1996 [4], le National Toxicology Program (NTP) en 2005 [10] et l’Auto- rité de sécurité sanitaire des aliments (AESA) en 2006 [12] (liste non-exhaustive), ont étudié les données toxicologiques disponibles sur l’aspartame par rapport à la toxicité génique, les toxicités aiguë, subchronique et chronique, la cancéro- génicité « standard » et la reproduction et tératogenèse ainsi que sur la cancé- rogénicité pendant toute la durée de vie des animaux [17].

L’ensemble des évaluations conclut à une absence de potentiel génotoxi- que, toxique à long terme, cancérogène, reprotoxique et tératogénique de l’aspartame. Ces évaluations ont permis d’établir des doses journalières admis- sibles (DJA) pour l’aspartame retenues en Europe de 40 mg/kg de poids corpo- rel (p.c.) et pour la dicétopipérazine de 7,5 mg/kg p.c. La première ayant été établie sur le fondement de la plus forte dose testée au cours des études de cancérogenèse et reproduction, 4 g/kg p.c./jour, divisée par un facteur de sécu- rité de 100. La seconde ayant été établie sur le fondement d’une dose sans effet indésirable observé de 750 mg/kg p.c./jour dans des études de long terme chez le rat, divisée par un facteur sécurité de 100.

En France, l’apport journalier maximum théorique calculé chez les diabéti- ques en 2001, à partir des données de consommation alimentaire et des concentrations en aspartame réelles ou estimées, était en moyenne d’environ 2 mg/kg p.c./jour pour la population en générale et d’environ 8 mg/kg p.c./jour pour la population des forts consommateurs (97,5e percentile) [8].

En conclusion, en réponse à la question Aspartame : y a-t-il controverse ? Non, il n’y a pas de controverse entre les différentes agences d’évaluation ayant expertisé les données toxicologiques disponibles sur l’aspartame. Oui, il y a controverse entre l’appréciation de risque des groupes ou certains scientifiques opposés à l’emploi de l’aspartame et les résultats des expertises menées par ces agences d’évaluation.

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RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES

1. Afssa. Rapport de l’Agence française de Sécurité Sanitaire des Aliments sur la question d’un éventuel lien entre exposi- tion à l’aspartame et tumeurs du cerveau.

Maisons-Alfort, France. 7 mai 2002.

2. Arrêté du 2 octobre 1997 relatif aux addi- tifs alimentaires pouvant être employés dans la fabrication des denrées destinées à l’alimentation humaine, modifié. JO du 08-11-1997.

3. BUTCHKO HH. et al., 2002. Aspartame : Review of Safety. Regul. Toxicol. Pharma- col, 35, S1-S93.

4. COT, 1996 Aspartame. Committee on Toxicity of Chemicals in Food, Consumer Products and The Environment. Annual Report of the The Committees on Toxicity, Mutagenicity and Carcinogenicity. The Stationary Office, London, p. 56-57.

5. Directive 96/83/CE du Parlement Euro- péen et du Conseil du 30 juin 1994 con- cernant les édulcorants destinés à être employés dans les denrées alimentaires, modifiée. JO n˚ L 237 du 10.9.1994, p.3.

6. FDA, 1984. Food and Drug Administra- tion. 21 CFR part 172. Final Rule Vol. 49, p. 6672-6682.

7. FDA. Food and Drug Administration. FDA Statement on European Aspartame Study, 2007. CFSAN/Office of Food Additive Safety. April 20.

8. GARNIER-SAGNE I., LEBLANC JC., VER- GER PH., 2001. Calculation of the intake of three intense sweeteners in young insu- lin-dependent diabetics. Food Chem Toxi- col., 39, 745-749.

9. JECFA, 1980. Aspartame. Toxicological Evaluation of Certain Food Additives and Contaminants. Food Additive Series 15.

WHO, Geneva.

10. National Toxicology Program. NTP report on the toxicology studies of aspartame in genetically modified (FVB Tg-AC hemi- zygous) and B6.129-Cdkn2a (N2) deficient mice and carcinogenicity of aspartame in genetically modified [B6.129 Tfp53tmlBrd (N5) haploinsufficient] mice (feed studies).

Report Number: 06-4459. p. 1-224.

11. OLNEY JW. et al., 1996. Increasing Brain Tumor Rates: Is There a Link to Aspar- tame? J Neuropathol Exp Neurol., 55, 1115-1123.

12. Opinion of the Scientific Panel on Food Additives, Flavourings, Processing Aids and Materials in contact with Food (AFC) on a request from the Commission related to a new long-term carcinogenicity study on aspartame, 2006. The EFSA Journal, 356, 1-44.

13. SCF, 1985. Sweeteners. Reports of the Scientific Committee for Food (16th Series), EUR 10210 EN, Commission of the European Communities, Luxembourg.

14. SCF, 1989. Sweeteners. Reports of the Scientific Committee for Food (21st Series), EUR 11617 EN, Commission of the European Communities, Luxembourg.

15. SCF, 1997. Minutes of the 107th Meeting of the Scientific Committee for Food, held on 12-13 June 1997 in Brussels.

16. SCF, 2002. Opinion of the Scientific Com- mittee on Food : Update on the Safety of Aspartame (expressed on 4 December 2002). European Commission, Brussels.

10 December 2002.

17. SOFFRITTI M. et al., 2005. Aspartame induces lymphomas and leukaemias in rats. Eur. J. Oncol., 10, 107-116.

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