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50 ANS DE THÉORIES DU COMPLOT

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SAVOIR ALLEZ

NUMÉRO

55

Le magazine de l’UNIL | Septembre 2013 | Gratuit

HISTOIRE

50 ANS DE THÉORIES DU COMPLOT

KENNEDY

!

MÉDECINE

Vivre longtemps, d’accord. Mais en bonne santé ? 24-28

ÉCONOMIE

Les ordinateurs ont pris le contrôle de la Bourse 36-40

LITTÉRATURE

C. F. Ramuz, autrement 52-57

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TIQUE DE L’UNIL

WWW.UNIL.CH/LABOUTIQUE

R É C E P T I O N A M P H I M A X , 2

e

É T A G E

WWW.UNIL.CH/LABOUTIQUE

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Allez savoir ! N° 55 Septembre 2013 UNIL | Université de Lausanne 3

ÉDITO

ISSN 1422-5220

IMPRESSUM Magazine de l’Université de Lausanne

N° 55, septembre 2013 www.unil.ch/allezsavoir Editeur responsable Université de Lausanne Une publication d’UNICOM, service de communication et d’audiovisuel

Quartier UNIL-Sorge Bâtiment Amphimax 1015 Lausanne Tél. 021 692 22 80 allezsavoir@unil.ch Rédaction en chef Jocelyn Rochat, David Spring (UNICOM) Création de la maquette Edy Ceppi (UNICOM) Rédacteurs Sonia Arnal Sophie Badoux Michel Beuret Elisabeth Gordon Cynthia Khattar Virginie Jobé Nadine Richon Anne-Sylvie Sprenger Francine Zambano Correcteurs Albert Grun Fabienne Trivier Direction artistique Secteur B Sàrl www.secteurb.ch Photographie Nicole Chuard Illustration

Eric Pitteloud (pp. 3, 34, 51) Couverture

DR Publicité Go! Uni Werbung AG Impression IRL plus SA Tirage

16 000 exemplaires Abonnements allezsavoir@unil.ch (p. 62) 021 692 22 80

JOHN F. KENNEDY

L’INSUPPORTABLE VÉRITÉ

P

lus question de se moquer des théories du complot. Car l’ac- tualité ne cesse de créditer les ex-fantasmes d’amateurs d’uni- vers parallèles. Ainsi, après des décennies de dénégations, la CIA vient d’admettre officiellement l’existence de la zone baptisée Area 51. L’agence améri- caine a révélé dans un rapport que cette fameuse base installée dans le désert du Nevada était utilisée pour des vols secrets depuis le milieu des années 50.

Sous d’autres latitudes, la police royale militaire anglaise a relancé l’affaire Diana en communiquant à Scotland Yard

«de nouveaux éléments» susceptibles de modifier notre interprétation de «l’acci- dent» mortel de la princesse anglaise.

C’est simple, à notre époque transpa- rente, même les Etats n’arrivent plus à conserver leurs secrets. Grâce aux fuites orchestrées vers WikiLeaks, nous avons découvert la guerre des drones et les as- sassinats ciblés qui ont été opérés au Yémen sous les ordres de Barack Obama.

L’affaire Snowden a ensuite révélé à une planète stupéfaite l’ampleur des écoutes dont sont capables les agences d’espion- nage américaines, qui lisent les e-mails des quidams et mouchardent les locaux

«amis» de l’Union européenne et des Nations Unies.

Même les mystères du passé ne résistent plus à la curiosité de l’époque.

L’alliance des généticiens, des médecins et des archéologues nous a permis de le- ver le voile sur la mort énigmatique de Toutankhamon. Trois mille ans après la disparition du jeune pharaon, on peut af-

firmer qu’il n’a pas été assassiné, comme on a pu le croire après la découverte d’une blessure sur son crâne, mais qu’il est mort d’une maladie des os combinée au paludisme.

En 2013, les mystères qui restent en- tiers sont de plus en plus exceptionnels.

Donc de plus en plus fascinants. C’est le cas de l’assassinat du président des Etats-Unis d’Amérique, John F. Kennedy.

Cinquante ans après le fatidique 22 no- vembre 1963 à Dallas, les chercheurs – que ce soit à l’UNIL, comme ailleurs sur la planète – ne s’accordent toujours pas pour expliquer ce qui s’est passé ce jour- là (lire en page 16 de ce magazine).

Comment admettre qu’à une époque où «Les Experts» des séries télévisées sont capables d’élucider tous les crimes, des plus anonymes aux plus sophis- tiqués, on ne soit guère plus avancés au sujet de l’affaire JFK qu’à l’époque de la très décriée Commission Warren?

Peut-être parce que personne n’a vraiment envie de connaître la vérité.

Car, si c’est pour apprendre que Lee Harvey Oswald a fait le coup tout seul, le crime est trop insignifiant, trop banal, eu égard aux espoirs qu’a pu susciter ce président qui parlait d’en- voyer des hommes sur la Lune. Et si c’est la mafia qui a fait abattre Kennedy, avec tout ce que cela signifie de liens interlopes entre le jeune président et l’organisation criminelle, c’est un autre mythe qui s’effondre. Donc, comme souvent quand la légende est plus belle que la réalité, les fictions ont de beaux jours devant elles. 

CINQUANTE ANS APRÈS LE FATIDIQUE 22 NOVEMBRE 1963 À DALLAS, LES CHERCHEURS NE S’ACCORDENT TOUJOURS PAS POUR EXPLIQUER CE QUI S’EST PASSÉ CE JOUR-LÀ.

JOCELYN ROCHAT Rédaction en chef

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4 Allez savoir ! N° 51 Mai 2012 UNIL | Université de Lausanne 4 Allez savoir ! N° 51 Mai 2012 UNIL | Université de Lausanne

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Allez savoir ! N° 55 Septembre 2013 UNIL | Université de Lausanne 5 BRÈVES

L’actualité du campus:

évènements, conférences, distinctions, publications.

PORTFOLIO Ecole d’été de biologie, XVIIIe siècle et Shanghai.

MOT COMPTE TRIPLE Qu’est-ce que

l’ocytocine?

Avec Ron Stoop.

MÉDECINE Vivre longtemps d’accord,

mais en bonne santé?

Ce qu’en dit le Dalaï-Lama.

IL Y A UNE VIE APRÈS L’UNIL Par monts et par mots.

Rencontre avec Marianne Chapuisat.

HISTOIRE DE L’ART Dans la cathédrale, les animaux rejouent la lutte du Bien contre le Mal.

ÉCONOMIE Trading à haute fréquence:

les ordinateurs ont pris le contrôle de la Bourse.

C’ÉTAIT DANS ALLEZ SAVOIR ! Mars n’attaquera pas.

Texte paru en 1998.

BIOLOGIE Dans la vraie vie, Nemo est belliqueux et hermaphrodite.

POLITIQUE Antoine Chollet: «La démocratie est toujours risquée et ce risque

est permanent.»

RÉFLEXION

Congé sabbatique, une respiration nécessaire. Par Boris Vejdovsky, maître d’enseignement et de recherche.

LITTÉRATURE C. F. Ramuz, autrement.

A la recherche du manuscrit perdu.

MÉMENTO

Cours publics, animations, visites et expositions ouvertes au public.

FORMATION CONTINUE Santé, environnement

et éthique. Produits chimiques.

Cancer, sport et mouvement.

ABONNEMENTS Retrouvez Allez savoir ! et l’uniscope sur iPad.

Coupon d’abonnement.

LIVRES Psychothérapie d’un «pauvre type».

Avec Michel Layaz.

LIVRES

Art, littérature, éthique, science, sociologie.

Sept suggestions de lecture.

CAFÉ GOURMAND

«Le savoir ne se limite pas à la connaissance».

Avec Jean-François Bert.

SOMMAIRE

51 52 58 60 62 63 64 66

HISTOIRE Kennedy:

50 ans de mystère bien plombé.

6 12 16 23 24 29 30 36 41 42 46

Le magazine de l’UNIL | Septembre 2013 | Gratuit

!

SAVOIR ALLEZ

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L’ÉTÉ STUDIEUX DES JEUNES BIOLOGISTES

María Constanza Sadino Riquelme, au Département de biologie moléculaire végétale de l’Université de Lausanne, le 15 juillet 2013.

Cette étudiante en ingénierie civile et biotechnologie à l’Université du Chili a passé l’été sur le campus de Dorigny, dans le cadre du programme Summer

Undergraduate Research (SUR) de l’Ecole de biologie. Sélectionnés sur dossier, vingt jeunes

universitaires venus du monde entier ont pu, parfois pour la première fois, travailler en

laboratoire et participer activement à des projets de recherche. En l’occurrence, María Constanza Sadino Riquelme s’est penchée sur le développement des radicelles chez Arabidopsis thaliana, une plante de référence très utilisée par les scientifiques. DS

Reportage photo et article complet sur www.unil.ch/allezsavoir

PHOTO FÉLIX IMHOF © UNIL

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Ce document est l’un des procès- verbaux de la «Société du comte de la Lippe». Entre 1742 et 1747, un groupe de personnalités lausannoises a œuvré à l’éducation d’un jeune comte allemand, Simon Auguste de la Lippe-Detmold. Il s’agissait de le former à son futur métier de dirigeant, à l’enseigne des idées républicaines et réformistes.

Aujourd’hui, Lumières.Lausanne (http://lumieres.unil.ch) met en valeur ces 782 pages manuscrites.

Celles-ci ont été transcrites, ce qui permet d’effectuer des recherches dans le texte. Ainsi, la technologie donne accès à une source historique qui serait restée autrement peu visible: un exemple de ce que l’on appelle les «Humanités digitales». Trois autres projets (Journal helvétique, Correspondance Mirabeau- Sacconay et La Harpe et la Russie) sont également proposés par Lumières.Lausanne. DS Article détaillé www.unil.ch/allezsavoir

PHOTO SÉVERINE HUGUENIN. DOCUMENT CONSERVÉ À LA BIBLIOTHÈQUE CANTONALE ET UNIVERSITAIRE DE LAUSANNE.

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SHANGHAI EXPRESS

Pour comprendre les marchés émergents, rien de tel que de s’y plonger. Pendant presque deux semaines, en juillet dernier, 21 étudiants de la Faculté des hautes études commerciales (HEC) et leurs trois accompagnants ont exploré Shanghai, Hangzhou, Yiwu et Suzhou, dans l’est de la Chine. Mené tambour battant et en pleine canicule, ce voyage d’étude comprenait des visites d’entreprises et d’industries, des entretiens avec des managers, des travaux de groupe et des exercices sur le terrain (trouver un appartement, négocier le prix de marchandises, comprendre comment obtenir un permis de conduire, etc.). Les étudiants ont également rencontré leurs homologues de la Shanghai University of Finance and

Economics et découvert différents aspects culturels du pays, comme le majong, la cuisine ou la calligraphie. DS

Le blog:

www.hec.unil.ch/emerging-markets/

Entretien avec Marc Laperrouza, chargé de cours et organisateur du programme sur www.unil.ch/allezsavoir

PHOTOS KEVIN FOLLONIER, JESSICA GUERRA, NICHOLAS PEPPER, AMY YAN © PICSFIVE FOTOLIA

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L’UNIL devient un centre pour les études améri- caines en Suisse. Autour des professeurs Boris Vejdovsky et Agnieszka Soltysik, spécialistes réputés de la littérature et de la culture améri- caines, des politologues, économistes, historiens et d’autres représentants des Sciences humaines proposeront un regard interdisciplinaire sur les Etats-Unis perçus dans leurs rapports avec l’Eu- rope et le reste du monde. Cette nouvelle offre per- mettra aux étudiantes et étudiants intéressés de prolonger leur maîtrise universitaire ès Lettres avec une spécialisation en études américaines.

L’anglais oral et écrit reste primordial mais le pro- gramme pourra être suivi soit uniquement dans

cette langue, soit en y associant le français ou en- core l’espagnol. A la section d’anglais de la Facul- té des lettres, il ne s’agit pas de transiger sur les exigences linguistiques. Le programme pourrait cependant s’ouvrir aux étudiants d’autres facul- tés, accueillis sur dossier. Parmi les grands su- jets qui seront étudiés, on compte le féminisme, l’idéologie raciale, la guerre, l’immigration et l’émigration, l’influence américaine et les rela- tions culturelles. Il s’agit de former non pas des spécialistes mais des personnes qui auront une vue d’ensemble sur les multiples aspects de la so- ciété américaine. NR

www.unil.ch/lettres/page97762.html

LES ÉTUDES AMÉRICAINES S’ÉTOFFENT

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Le nombre de cher- cheurs, membres de la communauté UNIL, qui possèdent un compte sur ResearchGate. Gratuit, ce réseau social basé à Berlin s’adresse aux scientifiques du monde entier. Au lieu de photos de vacances, les utilisateurs postent leurs publi- cations, que l’on peut lire, télé- charger et commenter. L’utilisa- tion de mots-clés sert à dénicher les spécialistes des domaines les plus pointus. L’outil permet de poser des questions publiques, auxquelles les personnes com- pétentes peuvent répondre. DS www.researchgate.net

Selon une enquête menée par l’UNIL, une très large majorité des étudiants de première année possède un compte sur Face- book. Il semble donc logique que ce réseau social soit utilisé de manière officielle par l’institu- tion. Informations sur les masters, conseils au sujet des méthodes de travail ou sur la gestion du stress à l’occasion des examens, loge- ment, mobilité, bourses d’études et activités culturelles y figurent, selon l’actualité du moment. Les aspects communautaires, même légers, font partie de l’exercice – pour autant qu’ils puissent concer- ner les étudiants. Cette page Facebook constitue également un moyen, pour les diplômés et toutes les personnes intéressées, de suivre la vie de l’UNIL au jour le jour. DS

www.facebook.com/unil.ch RÉSEAU

LE CHIFFRE ART

FORMATION

Dix-neuf artistes animent le cam- pus de l’UNIL. Des installations bien visibles, fortes, audacieuses, ancrées tout au long d’un par- cours cohérent à arpenter libre- ment au fil des saisons, jusqu’à la fin 2014. Appelées à durer, pour la plupart, ou à se dégra-

LA TRIENNALE S’EXPOSE

der lentement, sollicitant l’action, le dialogue, proposant une halte éphémère, un refuge incongru, une ponctuation entre deux bâ- timents, ces œuvres «créent des tensions intéressantes», note Ju- lien Goumaz, curateur de cette exposition en plein air. Le lau-

réat du Prix Casimir Reymond, doté de 10 000 francs, propose- ra dans un deuxième temps plu- sieurs œuvres inédites qui feront l’objet d’une exposition monogra- phique entre le printemps 2015 et l’été 2016. (RÉD.)

www.unil.ch/triennale

FACEBOOK, C’EST UTILE

© DR

© DR

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Allez savoir ! N° 55 Septembre 2013 UNIL | Université de Lausanne 13 Mener à bien, en parallèle, des études universi-

taires et une carrière sportive de haut niveau pose des problèmes d’organisation. Dès la rentrée 2014, l’UNIL proposera des plans d’études et d’examens aménagés pour tous ses cursus. De plus, les per- sonnes concernées bénéficieront de mesures d’ac- compagnement afin de mener à bien leur double projet «sport et formation universitaire». En cette rentrée 2013, les sciences du sport se développent

avec l’intégration, au sein de l’Institut des sciences du sport (ISSUL), de l’Institut des sciences du mou- vement et de la médecine du sport de l’Universi- té de Genève. Le campus accueillera également le projet de «Cluster Sport» mené par la ville de Lausanne et le canton de Vaud; le nouveau bâti- ment regroupera des organismes actifs dans le domaine sportif et notamment dans la formation de base et la formation continue. (RÉD.)

SOUTIEN UNIVERSITAIRE AUX SPORTIFS D’ÉLITE

ETUDES

C’est à des balades originales qu’invite GéoGuide.

Cette application gratuite pour tout smartphone a été réalisée par l’Institut de géographie et durabilité et par le bureau d’études Relief. Elle propose par exemple de déambuler de la tour de Sauvabelin, sur les hauts de Lausanne, jusqu’au bâtiment Géopolis de l’UNIL. Au fil des 30 postes du parcours, le promeneur découvre l’hydrologie, la géologie, l’urbanisme et certains pans de Lausanne, en remontant parfois à l’époque gla- ciaire. Le tracé invite à passer par des lieux surpre- nants, comme le parking de la Riponne (pour voir courir la Louve), ou à tout apprendre du lac… de Malley. Un sentier consacré au Vallon de Nant est également pro- posé, et un autre sur le Val d’Hérens est annoncé. DS http://igd.unil.ch/geoguide/

BALADES INTELLIGENTES

PORTES OUVERTES TOURISME

DU BEAU MONDE À L’UNIL

«Le pire meilleur des mondes»: tel a été le thème de la huitième édition des Mystères de l’UNIL qui s’est déroulée du 30 mai au 2 juin 2013. Décliner les notions d’utopie et de dys- topie de manières ludique et scientifique: 300 chercheurs, étudiants, enseignants, membres du personnel technique et administratif ont relevé le défi. Avec succès, puisque 9000 personnes (dont 1500 écoliers vaudois) ont participé aux portes ouvertes de l’univer- sité. Un public largement conquis par la ving-

taine d’ateliers et la dizaine de visites de la- boratoires mis sur pied pour l’occasion. Les décors des Mystères de l’UNIL étaient liés à un paquebot imaginaire, baptisé Titania qui évoquait des scénarios de monde idéal ou de leur éventuelle dérive vers la dystopie. «Cette manifestation a pour vocation d’ouvrir les écoliers de tous milieux sociaux et leurs pa- rents à la perspective d’une formation uni- versitaire», précise Julien Goumaz, respon- sable évènements. FZ

lix Imhof © UNIL

lix Imhof © UNIL

DÈS LA RENTRÉE 2014, LES ÉTUDIANTS SPORTIFS D’ÉLITE AURONT DES PLANS D’ÉTUDES AMÉNAGÉS.

CE QUI FAIT LA FORCE DE LA SCIENCE SUISSE, C’EST L’IMPORTANCE QU’ELLE ACCORDE À LA RECHERCHE FONDAMENTALE. SI L’ON VISE DE VÉRITABLES SUCCÈS SCIENTIFIQUES, IL NE FAUT PAS PENSER UNIQUEMENT À COURT TERME MAIS ÉGALEMENT À TRÈS LONG TERME.»

Dominique Arlettaz, recteur, lors de l’édition 2013 du Forum des 100 de L’Hebdo.

© DR

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649

C’est le nombre d’articles que les chercheurs de l’UNIL et du CHUV ont fait paraître dans des revues scientifiques cette année (d’après Serval, au 5 septembre 2013). Le volume 27, numéro 1 (2013) de Conservation Biology propose les travaux me- nés par Claus Wedekind, professeur associé au Départe- ment d’écologie et d’évolution (DEE), avec Manuel Pompi- ni, premier assistant au DEE, des collègues de l’INRA, de l’Agrocampus Ouest de Rennes et de l’Université d’Oxford, ainsi que la société Aquatica, à Wichtrach.

Etudiant de master, Olivier Darbellay a participé à l’étude.

«Nous nous sommes intéressés à l’influence de la tempé- rature sur la différence entre la quantité de mâles et de fe- melles, au moment du frai, chez les ombres communs du lac de Thoune», explique-t-il. Dans le cas de ce poisson, les garçons comptaient pour environ

65% des effectifs en 1993, contre 85% en 2011. «La mesure porte sur les animaux qui se repro- duisent, et non sur l’ensemble», ajoute l’étudiant, qui effectue ac- tuellement son service civil chez Pro Natura. Cette nuance offre un intérêt supplémentaire quant au

déclin éventuel de l’espèce. Car de nombreux messieurs ne vont pas avoir de descendance. Cela va réduire la va- riabilité génétique des ombres, pourtant très importante pour leur capacité d’adaptation.

Depuis 1970, la température qui règne sur leur site de re- production bernois est enregistrée en continu. Grâce au génotypage, et à une bonne dose de statistiques, les cher- cheurs ont pu démontrer que la température de l’eau dans laquelle nagent ces animaux lors de leur premier été pos- sède une influence forte sur la différence marquée – en faveur des mâles – entre les populations des deux sexes, mais qu’elle n’explique pas tout. La qualité de l’eau ne semble pas en cause.

Les chercheurs ont eu accès à des écailles de ces poissons, prélevées dans les lieux de frai depuis 1948, puis conser- vées. Des données qu’il a fallu «faire parler». Olivier Darbel- lay a été chargé de déterminer l’âge moyen des individus au moment de leur reproduction. «Tout comme les cernes annuels des arbres, ces ombres possèdent des stries sur leurs écailles. Plus elles sont écartées les unes des autres, plus la croissance a été rapide.» Un travail systématique qui requiert de la patience, mais qui fournit la matière pre- mière nécessaire à d’autres recherches. DS

3878

Le nombre de références faites à l’Univer- sité de Lausanne et au CHUV, dans les mé- dias, depuis le début de l’année (selon la re- vue de presse Argus, au 5 septembre 2013). Fin juin, une étude publiée dans Plos ONE par une équipe de l’Insti- tut des sciences du sport de l’UNIL, avec des collègues de l’Université de Genève ainsi que d’universités françaises et italiennes, a suscité un fort intérêt dans la presse inter- nationale (Los Angeles Times, National Geographic, etc.) et suisse, ainsi que sur les réseaux sociaux. Car le résultat est étonnant: les sportifs qui crapahutent les 330 kilomètres de l’ultra-marathon «Tor des géants» présentent moins de dommages que ceux qui effectuent des courses moins lon- gues. En juillet, la campagne de fouilles archéologiques à Vidy, qui implique des étudiants de l’UNIL, a également été relayée dans les médias.

Début août, une recherche publiée dans Frontiers in Zoolo- gy par des chercheurs du Département d’écologie et évolu- tion de l’UNIL, avec des collègues du Max-Planck-Institut für Ornithologie, s’est penchée sur le sommeil des petits des chouettes effraies. Conclusion: il est comparable à ce- lui des bébés humains, avec une part importante de som- meil paradoxal.

Les historiens de l’UNIL ont régulièrement contribué à des pages thématiques dans 24 heures. Dans le cadre de Vaud Futur, le quotidien a mis en valeur de nombreuses recherches. Des interventions de spécialistes de toutes les disciplines sont rassemblées sur le site Avis d’experts (http://avisdexperts.ch). (RÉD.)

LES OMBRES FEMELLES N’AIMENT PAS L’ÉTÉ SPORTIFS, ROMAINS

ET CHOUETTES

RECHERCHE

L'UNIL DANS LES MÉDIAS PASSAGE EN REVUE

LA SUISSE SOUS LA LOUPE

Le Fonds National Suisse (FNS) vient d’accorder un nouveau budget de 1 million de francs sur trois ans aux recherches pilotées par Marius Brül- hart, professeur d’éco- nomie à la Faculté des HEC, en collaboration avec les Universités de Bâle, Lugano et Saint- Gall. Intitulé The Swiss Confederation: A Natu- ral Laboratory for Re- search on Fiscal and Po- litical Decentralization, le projet porte sur la dyna- mique des interactions fiscales des différentes entités administratives en Suisse. Il s’agit de la continuation d’une pre- mière période de trois ans, également soutenue par le FNS à hauteur de 900 000 francs.

La Suisse constitue un laboratoire unique pour l’étude de la décentra- lisation, que ce soit au plan fiscal ou politique, en particulier au niveau local. De plus, le pays se caractérise par ses pra- tiques très hétérogènes et sa grande stabilité.

Dans cette deuxième phase du projet, qui est divisé en 16 sous-pro- jets, les chercheurs vont poursuivre leur collecte de données en remon- tant dans le passé. Ils vont produire des publi- cations scientifiques, im- pliquer une douzaine de doctorants ainsi que des étudiants et prendre part aux débats publics qui surgissent régulièrement au sujet du fédéralisme.

(RÉD.)

Nicole Chuard © UNIL © DR

© DR © DR

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Allez savoir ! N° 55 Septembre 2013 UNIL | Université de Lausanne 15

QUATRE CHERCHEURS À L’HONNEUR

NOMINATIONS ET RÉCOMPENSES

Mathieu Couttenier, post-docto- rant au Département d’économie et d’économétrie à la Faculté des HEC, a reçu le «SSES Young Econo- mist Award», avec Nicolas Berman, du Graduate Institute of Internatio- nal Development Studies de Ge- nève. Ils ont été récompensés pour leur étude intitulée External shocks, internal shots: the geography of civil conflicts. Celle-ci s’intéresse aux effets des chocs de revenus sur la probabilité de conflits civils au sein des pays de l’Afrique subsa- harienne. Les changements dans la demande mondiale pour les pro- duits agricoles, la variation des prix des ressources naturelles ou les crises financières sont notam- ment pris en considération. (RÉD.)

Niklas Linde, professeur associé au Centre de recherche en envi- ronnement terrestre de la Faculté des géosciences et de l’environne- ment, a reçu le 6 août la distinction Honors & Award 2013 de la So- ciety of Exploration Geophysicists (SEG), basée à Tulsa, en Oklaho- ma. Cette vénérable organisation compte plus de 30 000 membres.

Co-écrit avec Joseph Doetsch, To- bias Vogt, Andrew Binley et Alan G. Green, son article Imaging and quantifying salt-tracer transport in a riparian groundwater system by means of 3D ERT monitoring a reçu une mention honorable dans la ca- tégorie des meilleurs articles de la prestigieuse revue Geophysics, édi- tée par la SEG depuis 1936. (RÉD.)

Professeure au département d’économie (DEEP) à la Faculté des HEC, Bettina Klaus vient de recevoir l’International Research Collaboration Award, délivré par l’Université de Sydney. Ce prix fi- nancera un séjour de deux mois dans cette dernière institution, lors duquel la professeure colla- borera avec le Dr Jonathan New- ton, qui travaille sur la théorie des jeux évolutionnaires et leur appli- cation dans les problèmes écono- miques. Le projet des deux cher- cheurs porte sur l’affectation dynamique des marchés – notam- ment sur les processus de blo- cages – tout en incluant les varia- tions du modèle classique. (RÉD.) www.bklaus.net

© Jean-Sébastien Monzani

© DR © Hugues Siegenthaler

MÉDECINE INTERNATIONAL

DOUBLE REGARD SUR LA MIGRATION

Six étudiants de l’Institut de sciences sociales des religions contemporaines ont eu l’occasion de s’initier à l’enquête sociologique de terrain lors d’un séjour au Maroc sous l’égide de leur enseignante Christine Rodier. Le but du voyage: mieux com- prendre les stratégies migratoires en récoltant d’une part les récits de vie de mi- grants marocains vivant en Suisse et de l’autre ceux de leur famille restée au pays.

Un double regard sur les relations entretenues au sein de la famille entre le pays d’origine et celui d’accueil, la perception de l’émigré par ses proches et la compré- hension d’une société où l’islam est la religion d’Etat. SB

RDB/GES/Balz Murer

Le Prix Alfred-Vogt 2013 a été décerné à Yvan Arseni- jevic, professeur associé à la Faculté de biologie et de mé- decine, qui dirige l’Unité de thérapie et biologie des cel- lules souches à l’Hôpital oph- talmique Jules-Gonin, situé à Lausanne. Ce prix récom- pense ses travaux concer- nant les mécanismes contrô- lant les dégénérescences de la rétine.

Créé par la Fondation Alfred-Vogt pour l’encouragement de la recherche en ophtalmologie, cette distinction, qui n’avait pas été octroyée depuis 2007, est décernée à un chercheur travaillant en Suisse, quelle que soit sa natio- nalité, ou à un groupe de chercheurs pour un travail scien- tifique de haute qualité dans le domaine de l’ophtalmolo- gie ou dans un domaine connexe. (RÉD.)

YVAN ARSENIJEVIC DISTINGUÉ

© Christine Rodier © Hôpital ophtalmique Jules-Gonin

Marie-José Roulin est la pre- mière diplômée d’un doctorat en Sciences infirmières de l’UNIL. Sa thèse a été dirigée par Anne-Sylvie Ramelet, professeure associée à l’Institut universitaire de formation et de recherche en soins. Sa re- cherche est intitulée «Evaluation de la douleur chez les personnes cé- rébrolésées non-communicantes aux soins intensifs». Les grilles d’évaluation comportementale qui existent pour les patients inca- pables de communiquer ne sont en effet que partiellement adaptées aux personnes avec des lésions cé- rébrales. Aujourd’hui, Marie-José Roulin est directrice adjointe de la Direction des soins des Hôpitaux universitaires de Genève. (RÉD.)

© DR

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MYTHE

J. F. Kennedy fume un cigare à son arrivée à Hyannis Port, le 11 mai 1963.

© Keystone/AP Photo/

John F. Kennedy Library/

Cecil Stoughton

projectiles qui ont atteint le président à la gorge et à la tête ont-ils été tirés dans son dos ou arrivaient-ils de face? Une balle peut-elle traverser deux hommes, provoquer plusieurs blessures dans leurs chairs et dans leurs os, avant d’être retrouvée quasiment intacte? Et pourquoi tant de témoins de ce fait divers exceptionnel ont-ils disparu dans des cir- constances suspectes?

Depuis le 22 novembre 1963, et l’assassinat du pré- sident américain, les spéculations vont bon train. Insi- nuant le doute jusque dans les cerveaux les plus avertis, comme celui du général de Gaulle, qui est devenu le plus célèbre adepte des théories du complot en confiant à Alain Peyrefitte: «Ça a l’air d’une histoire de cow-boys, mais (...)

C

e crime du siècle demeure un épais mystère. Cin- quante ans après les tirs qui ont ciblé la limousine de Kennedy, à Dallas, tant de questions restent sans réponse. Y avait-il un seul sniper embusqué dans les environs d’Elm Street, ou étaient-ils plu- sieurs? L’assassin était-il posté au 6e étage de la librairie, ou fumait-il des cigarettes en attendant JFK, dans le par- king, derrière la palissade donnant sur Dealey Plaza? Les

Le 22 novembre 1963, en fin de matinée, le président des Etats-Unis était assassiné à Dallas. Retour sur un demi-siècle

d’enquêtes en tout genre qui ont fini par désacraliser le mythe John F. Kennedy.

TEXTE JOCELYN ROCHAT

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BIEN PLOMBE

50 ANS

DE MYSTERE

la police est de mèche avec les ultras (...) Toutes les polices du monde se ressemblent quand elles font les basses be- sognes (...) On ne saura jamais la vérité. Car elle est trop terrible, trop explosive, c’est un secret d’Etat.»

Dans l’histoire officielle, Oswald est le seul tireur De fait, le général était visionnaire, au moins sur un point.

A l’approche du 50e anniversaire de la mort de JFK, il n’y a toujours aucun récit unanimement accepté pour expliquer cet assassinat. En résumant très brutalement, on peut limi- ter les scénarios à deux grandes catégories. Les théories du complot et la version officielle, qui veut que Lee Harvey Oswald ait agi seul. C’est la conclusion de l’enquête ronde- ment menée par la police de Dallas en 1963. C’est aussi la version choisie dans le célèbre Rapport Warren, qui a été rendu en septembre 1964. Ce scénario – très minoritaire

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dans l’opinion publique mais davantage admis dans le monde académique – a trouvé un défenseur à l’UNIL:

Janick Marina Schaufelbuehl, professeure assistante à la Faculté des SSP, qui travaille notamment sur l’histoire des Etats-Unis durant la guerre froide.

«Des dizaines de milliers de livres et d’articles ont été écrits sur le sujet, mais très peu l’ont été par des histo- riens reconnus. Pour l’historienne que je suis, il n’y a au- cun élément sérieux provenant des archives ou de témoi- gnages qui permettrait aujourd’hui d’affirmer qu’Oswald n’était pas le seul tireur, qu’il a eu des complices et qu’il y a eu conspiration.»

Le mobile du crime

Janick Marina Schaufelbuehl a désigné son assassin. Reste à trouver le mobile du crime. «Les motivations d’Oswald étaient vraisemblablement politiques. C’est un fervent sup- porter de la révolution cubaine. Il savait qu’il y avait eu des tentatives d’assassinat contre Fidel Castro orchestrées par la CIA et supervisées par Kennedy. Il avait déjà commis une tentative d’assassinat contre un général de la droite dure début 1963. Dès lors, on peut supposer qu’il a été in- cité à tirer sur JFK en raison de son engagement pour la non-ingérence américaine à Cuba.»

Pour étayer cette version de l’histoire, Janick Marina Schaufelbuehl appelle à la barre Malcolm X, le prêcheur

et militant des droits de l’homme, l’un des rares contem- porains de Kennedy qui a tenu des propos critiques après l’attentat. «Il a vu juste en parlant de «Chickens coming home to roost», une formule que l’on peut traduire par:

«C’est le juste retour des choses», rappelle l’historienne de l’UNIL. Kennedy avait tenté de renverser le régime cu- bain en avril 1961 et continuait à planifier des attentats ciblés en violation du droit international, et il se retrouve victime d’un assassinat. Certes pas planifié par un gou- vernement étranger, mais par un individu poussé à agir par cette politique de JFK.»

Une nouvelle enquête, d’autres conclusions

L’existence d’une deuxième enquête officielle, qui a abou- ti à des conclusions sensiblement différentes de celles du Rapport Warren, ne fait pas vaciller l’historienne lausan- noise. En 1976, la Chambre des Représentants des Etats- Unis a créé une commission chargée de réexaminer les assassinats de JFK et de Martin Luther King. Cet organe, le HSCA, rend son rapport trois ans plus tard. Pour la com- mission, il y avait plusieurs tireurs à Dallas et le président a bien «été victime d’une conspiration».

Mais voilà, ces conclusions «ont été réfutées après coup par d’autres experts sérieux, notamment pour ce qui est du fameux enregistrement sonore qui permettrait d’entendre un quatrième coup de feu, et qui prouverait l’existence d’un

DALLAS

John Fitzgerald Kennedy, son épouse Jacqueline et le gouverneur du Texas John Connally, peu avant l’assassinat du président, le 22 novembre 1963.

Document original en couleurs.

© Reuters

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Allez savoir ! N° 55 Septembre 2013 UNIL | Université de Lausanne 19 deuxième tireur», observe Janick Marina Schaufelbuehl.

Il y a eu une erreur. Et les souvenirs, les nombreux témoi- gnages oraux que l’on a beaucoup entendus ou lus chez les théoriciens du complot, doivent être maniés avec pru- dence. Plusieurs historiens, que je considère comme sé- rieux, arrivent à la conclusion qu’il n’y a pour l’instant au- cun élément permettant de dire qu’il y a eu conspiration.»

La mort brutale de l’assassin de Kennedy

Janick Marina Schaufelbuehl n’est pas davantage troublée par l’assassinat de Lee Harvey Oswald, qui intervient deux jours après celui de Kennedy, dans un commissariat de Dallas et dans des circonstances qui font penser à l’exé- cution du parfait pigeon avant qu’il ne se mette à parler.

«Je ne considère pas cet assassinat comme la preuve de l’existence d’un complot», répond l’historienne de l’UNIL.

Pourtant, cette succession d’attentats menés par un ti- reur solitaire, et réalisés dans des circonstances troubles, n’ont pas manqué d’alimenter les théories du complot. Y compris dans les plus hautes sphères. Le HSCA, la commis- sion d’enquête sénatoriale de 1976-79, a notamment repro- ché à ses prédécesseurs de la commission Warren d’avoir renoncé à explorer les éléments connus qui reliaient Jack Ruby, l’assassin d’Oswald, à la mafia. Car le syndicat du crime avait «un mobile, l’idée et les moyens d’attenter aux jours du président Kennedy», écrit le HSCA.

DOCUMENTS

Deux images célèbres de l’assassinat.

En haut, le polaroïd pris par Mary Moorman.

© Keystone/The Granger Collection et Keystone/Everett Collection

En mai 1962, Marilyn fait sa dernière apparition pu- blique en chantant Happy Birthday Mr. President. Trois mois plus tard, c’est le choc. Un appel téléphonique du psychiatre Ralph Greenson apprend à la police de Los Angeles que la star est morte, le 5 août 1962. Le rap- port du légiste évoque un «suicide probable» consé- cutif à un surdosage de barbituriques. Mais cette ver- sion n’a cessé d’être contestée. Certaines théories du complot mettent en cause les frères Kennedy, John et Bobby, qui ont été les amants de Marilyn. Dans un autre registre, Samuel et Chuck Giancana, les frère et neveu du parrain de l’époque, Sam Giancana, ont aussi fourni leur explication. Selon leur livre Double cross, la mort de la star était un avertissement donné aux Kennedy qui s’attaquaient trop violemment à la mafia.

MORTS EN SÉRIE

Grâce au film de Zapruder, cette séquence est inoubliable. Le 22  novembre 1963, la limou- sine emmenant le président et son épouse Jackie traverse la ville de Dallas à petite vitesse. Dans Elm Street, plusieurs coups de feu retentissent. John F.

Kennedy est touché à la gorge, puis à la tête. La dernière blessure est mortelle (ici, l’enterrement du président).

Dans les heures qui suivent, la police débusque Lee Harvey Oswald, caché dans un cinéma. Tout semble l’accabler. Oswald a notamment acheté un fusil ita- lien, le Mannlicher-Carcano, qui a été retrouvé au 6e étage d’un bâtiment surplombant Elm Street. Exhibé devant la foule, il clame son innocence. Devant la presse, au commissariat de Dallas, Oswald ajoute:

«Je ne suis qu’un pigeon.»

1962

Marylin Monroe

1963

John F.

Kennedy

© Rue des Archives/DILTZ© Rue des Archives/PVDE

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«Le principal problème dans cette affaire, c’est que nous avons d’un côté un évènement d’une énorme enver- gure, l’assassinat d’un président extrêmement populaire, et de l’autre un assassin quelque peu minable, estime Janick Maria Schaufelbuehl. Psychopathe, marxiste autodi- dacte, il n’était pas à la hauteur de la mort de Kennedy. Il y avait donc un fort besoin dans le public de trouver quelque chose de plus grand qu’Oswald pour expliquer ce meurtre.»

La mort d’un symbole

Car l’homme qui tombe sous les balles, à Dallas, n’est pas seulement le président en exercice, c’est encore un symbole extrêmement fort. «Il ne faut pas oublier que Kennedy est assassiné en pleine guerre froide, rappelle Boris Vejdovsky, qui enseigne la culture et la littérature américaines à l’UNIL. On abat l’homme qui, de manière symbolique, se dresse en défenseur de la liberté, celui qui a dit non à Khrouchtchev à Cuba, celui qui proclame être

«ein Berliner». On abat une figure de lumière, et, avec elle, l’Amérique sûre d’elle, de son bon droit, qui défend des va- leurs démocratiques et de liberté. On abat aussi l’homme qui, avec son frère Bobby, cherche à faire progresser les droits civiques dans les Etats du Sud, et celui qui cherche à redonner un élan économique aux Etats-Unis.» Sans ou- blier le président qui voulait aller sur la Lune.

Un symbole qui tombe, un assassin trop falot et des cir- constances troubles, il n’en fallait pas plus pour réveiller les esprits curieux. De fait, depuis le 22 novembre 1963, d’innombrables enquêteurs n’ont cessé de découvrir des détails troublants, qui perturbent la lecture de cette his- toire officielle. Derrière ces scénarios alternatifs, un rai- sonnement de bon sens que résume Boris Vejdovsky: «Je ne sais pas ce qui s’est passé à Dallas ce jour-là, mais, quand on regarde un peu qui était Lee Harvey Oswald, on le voit mal organiser tout cela, tout seul dans son garage. On ne s’approche pas comme ça du président, même en 1963. Il faut des fonds, de l’organisation, des renseignements. Il faut connaître des choses aussi simples que l’horaire du cortège, l’itinéraire, la vitesse de la limousine… Tout cela n’est pas si facile à mettre en place.»

Pour le maître d’enseignement et de recherche de l’UNIL, «il a été démontré, en tout cas largement suggéré, que le scénario accusant Lee Harvey Oswald d’avoir prépa- ré l’attentat seul ne tient probablement pas debout. A par- tir de là, on a à peu près tout dit et rien du tout. Puisque ça ouvre la discussion à n’importe quelle théorie du complot, qui va de la mafia aux anticommunistes cubains, en passant par le lobby militaro-industriel, les services secrets, etc.»

Kennedy, la deuxième salve

Si le plus grand flou règne à propos de l’assassinat de JFK, tout le monde s’accorde en revanche pour constater que le mythe Kennedy est la grande victime de ces cin- quante dernières années. Car les historiens ont considé- Le 24 novembre, en fin de matinée, la police de Dallas

entame le transfert de Lee Harvey Oswald du commis- sariat à la prison. Alors que la scène est retransmise en direct à la télévision, le cortège est abordé par un homme rondouillard qui jaillit de la foule pour tirer sur Oswald à bout portant. Les deux policiers à chapeaux texans qui encadrent le prisonnier n’ont pas bougé.

Oswald tombe sous les balles d’un certain Jack Ruby.

Celui-ci justifie son geste en expliquant qu’il a voulu éviter à Jackie Kennedy la souffrance d’apparaître au procès. Depuis lors, la carrière de cet assassin atypique, qui était propriétaire d’une boîte de nuit à Dallas et lié au crime organisé, n’a cessé d’alimenter les spéculations. Il meurt en janvier 1967, durant sa détention.

A la fin mars, le Prix Nobel de la paix 1964 s’est déplacé à Memphis, dans le Tennessee, pour soutenir les éboueurs noirs qui sont en grève. Le 3 avril, il y prononce un dis- cours célèbre «Je suis allé au sommet de la montagne».

Il est abattu le 4 avril, vers 18 heures, sur le balcon d’un motel. Deux mois après sa mort, un évadé nommé James Earl Ray est capturé à l’aéroport de Londres. Extradé dans le Tennessee, il y est accusé du meurtre de Luther King. Après avoir avoué, il se rétracte. Sur conseil de son avocat, il plaide coupable pour éviter la peine de mort.

Condamné à 99 ans de prison, il va multiplier les efforts pour obtenir un nouveau procès. Dans cette affaire, le propriétaire d’un restaurant basé non loin du motel a notamment fait des vagues en accusant la mafia et des agences fédérales.

COMPLOT ?

UN ASSASSIN FALOT ET DES CIRCONSTANCES TROUBLES, IL N’EN FALLAIT PAS PLUS POUR RÉVEILLER LES ESPRITS CURIEUX.

1963

Lee H.

Oswald

1968

Martin L. King

>>>

© akg-images© akg-images

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Allez savoir ! N° 55 Septembre 2013 UNIL | Université de Lausanne 21 rablement changé de perspective à propos du président.

Après un temps de deuil, très respectueux du mythe créé par sa mort brutale à la James Dean, l’icône glamour a été progressivement désacralisée, et l’on a exploré toutes les failles du président américain. Fin de la légende dorée, plongée dans le côté obscur. «C’est souvent le cas avec les évènements de ce genre aux Etats-Unis, comme l’assas- sinat de Lincoln, celui de Martin Luther King, de JFK ou le 11 Septembre, observe Boris Vejdovsky. Le drame sert de déclencheur à une école critique. C’est un de ces mo- ments de rupture, toujours empreints de violence, où l’on découvre tout à coup des choses dont on n’a pas voulu par- ler ou qu’on n’a pas voulu voir.»

En quelques décennies, les révélations se sont mul- tipliées. Les chercheurs ont tour à tour montré les liens qui unissaient Joe Kennedy, le père de JFK, à la ma- fia. Les biographes du président ont encore découvert que le crime organisé avait activement travaillé lors de l’élection présidentielle de 1960, pour aider Kennedy à battre Richard Nixon d’une courte tête, notamment à Chicago. Même travail critique sur la vie privée du pré- sident, avec la description détaillée des besoins sexuels compulsifs de JFK, qui font passer Bill Clinton pour un parangon de vertu. Non content de consommer des femmes avec la frénésie d’un DSK, Kennedy est désor- mais connu pour avoir partagé certaines de ses maîtresses (comme Marilyn Monroe) avec Sam Giancana, le par- rain de l’époque. Et l’une d’entre elles, Judith Campbell, a même révélé dans sa biographie qu’elle jouait les facteurs entre les deux hommes, en transmettant des enveloppes!

Les mauvaises fréquentations de JFK

Derrière Kennedy, on voit grandir l’ombre de la mafia, jusqu’à ce fusil marqué «made in Italy» qu’on a retrou- vé au 6e étage d’un immeuble de Dallas, à côté de trois douilles. Les historiens ont encore découvert que l’Amé- rique des années 60 n’avait pas hésité à s’allier à la ma- fia, par l’intermédiaire de la CIA, pour tenter de faire as- sassiner Fidel Castro. Et il ne se trouve plus un expert

Alors qu’il est candidat à la présidence des Etats-Unis, Robert Kennedy vient de remporter la primaire démo- crate de Californie. Ce 5 juin 1968, après un discours, Bobby quitte la salle de réception de l’hôtel Ambassa- dor par les cuisines. Il y est malheureusement attendu par un illuminé d’origine jordanienne nommé Shiran Shiran, qui fait feu à plusieurs reprises. Robert Ken- nedy meurt le lendemain à l’hôpital, des suites de ses blessures. Comme celui de JFK, cet assassinat a pro- voqué des controverses balistiques.

La plupart des témoins ont vu l’agresseur tirer de face et à un mètre de distance. Et le médecin légiste estime que la balle mortelle a été tirée derrière l’oreille droite, à bout portant, donc forcément par un deuxième ti- reur. Shiran purge une peine de détention à perpétuité.

Dans la soirée du 19 juin 1975, «Momo» attend un visiteur dans sa maison de la banlieue de Chicago. Il jette quelques saucisses sur le barbecue et ouvre la porte. Des coups de feu retentissent et la carrière du parrain de Chicago prend fin. Le mafioso a d’abord été touché à la nuque, avant que l’assassin ne le retourne, et lui tire encore six balles autour de la bouche. Le tireur n’a jamais été retrouvé. Coïncidence, Giancana était convoqué devant une commission d’enquête sénatoriale travaillant sur les liens entre le crime organisé et les Services secrets américains.

Quinze ans plus tard, Samuel et Chuck Giancana, les frère et neveu du gangster, ont publié un livre intitulé Double cross, où figurent des aveux du parrain à propos de l’assassinat de Kennedy: «Nous l’avons fait».

1968

Robert Kennedy

1975

Sam Giancana

>>>

CONFUSION

Face à la presse, et dans les locaux du Dallas Police Department Building, un homme exhibe le fusil qui aurait été utilisé par Lee Harvey Oswald.

© Lawrence Schiller/Polaris Communications/getty images

© akg-images© Rue des Archives/RDA

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pour accréditer la thèse du film JFK d’Oliver Stone, qui accuse le lobby militaro-industriel d’avoir fait assassiner Kennedy pour l’empêcher de retirer les boys du Vietnam.

On sait désormais que le jeune président a cautionné cette politique, et qu’il a même, le premier, engagé les Etats-Unis dans le bourbier asiatique.

Quand on découvre le revers de la médaille, ce n’est pas seulement la part d’ombre de Kennedy qui apparaît, c’est aussi la part d’ombre de l’Amérique qui va être progressi- vement révélée, et c’est en cela que l’assassinat marque un tournant, ajoute l’enseignant de l’UNIL. Dallas n’a peut-être pas changé l’histoire, «mais la manière de lire l’histoire.

Kennedy avait été élu comme un champion, se souvient

Boris Vejdovsky. Il incarnait cette aspiration à la pureté des électeurs, avant que l’Amérique ne perde, une fois en- core, son innocence en découvrant un peu plus tard que le monde n’est pas pur, que la politique est faite de compro- missions et de dissimulations, et qu’elle se demande, une fois de plus, d’où lui vient cette naïveté.»

La vérité est rarement pure, et jamais simple Le spécialiste en culture américaine nous encourage enfin à ne pas chercher un seul coupable dans cette affaire. «Les attentats en série qui caractérisent cette époque se situent au croisement des nombreuses forces qui s’affrontent alors aux Etats-Unis. Il y en a des politiciennes: les démocrates contre les républicains. Il y en a d’ordre racial, naturelle- ment: on ne peut pas oublier que tous ces événements se déroulent au moment de la marche pour les droits civiques.

Il y a aussi des tensions entre le Nord et ce Sud, qui finit sa mue pour passer d’une vocation essentiellement agricole à autre chose. Il y a des tensions industrielles ayant trait au complexe militaro-industriel. Il y a enfin des dissen- sions entre les riches et les pauvres, dans lesquelles s’en- gouffrent toutes les mafias, tous les intérêts que peuvent défendre les syndicats.»

Bref, vouloir attribuer tel ou tel attentat à une seule de ces forces, «c’est probablement faire fausse route, parce qu’elles s’interpénètrent, et qu’elles sont souvent représentées par les mêmes acteurs. Tel candidat républicain est en même temps un activiste anticommuniste, en même temps lié à tel syndicat, voire un syndicat du crime, de sorte qu’il est très difficile de mettre les gens dans des cases particulières.»

On comprend, dans ces circonstances, que les théories du complot aient fleuri sur ces tombes. Surtout dans une nation qui a élevé le doute au rang de valeur nationale. «Dès sa création, la civilisation américaine est habitée par la pos- sibilité qu’il y ait des forces hostiles qui travaillent contre elle, explique Boris Vejdovsky. Et il y a des moments-clés dans l’histoire qui témoignent de l’omniprésence de ce sen- timent. L’assassinat de JFK en est un. Tout à coup, on s’aper- çoit que les faits sont sans doute bien plus complexes que la narration officielle, étatique, ne veut l’admettre. Je crois que toutes les thèses autour de Kennedy sont des thèses puritaines, c’est-à-dire qu’elles cherchent à rétablir une vé- rité pure. Or il n’y a pas de raison pure pour l’assassinat de Kennedy. C’est un infléchissement spectaculaire de l’his- toire, qui nous a permis d’accepter de lire graduellement l’histoire dans son impureté.» 

TOURNANT

L’ASSASSINAT DE JFK RÉVÈLE LA PART D’OMBRE DE L’AMÉRIQUE.

JANICK MARINA SCHAUFELBUEHL ET BORIS VEJDOVSKY

Elle est professeure assistante à la Faculté des sciences sociales et politiques. Il est maître d’enseignement et de recherche à la Faculté des Lettres.

Nicole Chuard © UNIL

(23)

Allez savoir ! N° 55 Septembre 2013 UNIL | Université de Lausanne 23 de secondes plus tard selon les in- dividus, la petite bête recommence à agir. Après un temps assez bref, l’organisme dégrade l’ocytocine et son effet d’inhibition du sentiment de frayeur s’efface.

Les chercheurs lausannois ont constaté que deux rongeurs sou- mis ensemble à la peur sont moins stressés qu’un seul. On estime en effet aujourd’hui que la neuro-hor- mone est impliquée dans des com- portements sociaux comme l’atta- chement, l’empathie et la confiance en l’autre.

De nombreuses pistes s’ouvrent dans la transition vers l’humain.

Ron Stoop et son équipe dialoguent avec des psychiatres, qu’ils soient spécialistes de l’âge avancé ou de l’adolescence. En effet, la stimula- tion des cellules productrices d’ocy- tocine pourrait être intéressante dans le traitement de certaines pho- bies ou de stress post-traumatique.

Enfin, l’amydgale régule, dans deux régions voisines, d’une part le rap- prochement et la confiance envers les autres individus, d’autre part le sentiment de peur. Pourrait-on for- muler l’hypothèse qu’une situation de conflit entre ces zones ait un lien avec certaines formes d’autisme?

Voici un champ de recherche encore très peu exploré. DS

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epuis des décennies, l’ocy- tocine est connue pour ac- célérer les contractions lors de l’accouchement et pour faciliter l’allaitement.

Cette neuro-hormone possède bien d’autres propriétés, qu’étudient Ron Stoop et son équipe au Centre de neurosciences psychiatriques du CHUV, à Cery. Les chercheurs ont ainsi montré qu’elle contribuait à réduire le sentiment de peur chez le rat. Des travaux qui ouvrent des pistes vers une meilleure compré- hension de certains troubles de l’anxiété, voire de l’autisme, chez l’humain.

Revenons aux rongeurs. Comme bien des petits mammifères, ils ont tendance à rester paralysés sur place lorsqu’ils éprouvent une frayeur. Leurs battements de cœur s’accélèrent, leur pression sanguine augmente: c’est l’amygdale, une ré- gion du cerveau impliquée dans les émotions, qui s’active. Dans le cadre de leurs travaux, les scientifiques lausannois ont montré que l’ocyto- cine réduisait la peur ressentie par ces animaux sociaux de manière rapide.

Comment? En utilisant une tech- nologie née au XXIe siècle, l’opto- génétique. La finalité de celle-ci consiste à contrôler l’activité des

neurones du rat grâce à la lumière d’un laser, émise à une longueur d’ondes bien précise – dans le bleu.

Cela ne va pas tout seul: grâce à un virus modifié – inoffensif pour la pe- tite bête –, on infecte certaines de ses cellules cervicales. Sous son action, celles-ci sont forcées de produire de la channelrhodopsin-2 (ChR2). Cette protéine s’installe dans la mem- brane des neurones. La ChR2 pos- sède la faculté étonnante de trans- former ces derniers en une sorte de pile électrique, en les chargeant po- sitivement quand elle est soumise à de… la lumière bleue. Pour sché- matiser, en allumant le laser, le cher- cheur agit sur une petite partie du cerveau du rongeur comme avec un interrupteur: allumé ou éteint.

Et l’ocytocine? Cette neuro-hor- mone est synthétisée tout au fond du cerveau, dans les noyaux de l’hypo- thalamus. L’hypophyse la diffuse en- suite via la circulation sanguine afin qu’elle puisse faire effet.

Ainsi, si l’on rend sensibles à la lumière bleue les cellules produc- trices d’ocytocine, leur activité peut être contrôlée. Il faut toutefois ins- taller une sonde très fine pour tou- cher la bonne région du cerveau du rat! L’effet est spectaculaire. Soumis à la peur, l’animal se fige. Le laser s’allume: de deux à une vingtaine

Fabriquée dans le cerveau, l’ocytocine est impliquée dans de nombreux aspects de la vie, comme l’accouchement, l’allaitement, l’attachement aux autres, l’anxiété ou la peur.

Cette hormone intéresse Ron Stoop, professeur associé à la Faculté de biologie et de médecine et chercheur au Centre de neurosciences psychiatriques du CHUV.

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C Y T O C I N

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Nous vieillissons, c’est entendu. Notre longévité a d’ailleurs doublé durant ces 130 dernières années. Mais dans quel état? Les explications et les conseils des gérontologues de l’UNIL qui ont pour objectif de nous aider à «mourir tard d’une maladie se déclarant quelques heures avant le décès».

TEXTE ÉLISABETH GORDON

«I

l faut rajouter de la vie aux jours et non pas des jours à la vie.» Cette maxime, attribuée à l’ingé- nieur américain Sanghamitra Gangarapu, est devenue le credo des gérontologues. Plutôt que de vouloir augmenter la longévité de l’espèce humaine, ils se sont fixé pour objectif de tout faire pour que les personnes âgées restent en bonne santé et actives le plus longtemps possible.

C’est indéniable, l’espérance de vie n’a cessé d’augmen- ter au cours des derniers siècles. Elle a même doublé entre 1880 et 2010, passant de 40 à 80 ans pour les hommes et de 42 à 84,5 pour les femmes. Du moins dans les régions développées, et en particulier en Suisse qui était clas- sée, en 2010, au troisième rang mondial de la longévi-

té derrière le Japon et Hong Kong. «Chaque année, nous gagnons ainsi 3 mois de vie», commente Christophe Büla, chef du service de gériatrie et de réadapta- tion gériatrique du CHUV. Et selon lui, «il n’y a aucune évidence montrant que cette ten- dance soit en train de s’amortir».

Nous devons cette longévité accrue à de multiples facteurs. Aux progrès de la médecine, et, notamment à la découverte des antibiotiques qui ont considérablement diminué la mortalité infantile. Mais aussi à l’amélioration de l’hygiène et au meilleur

SANTE? VIVRE LONGTEMPS D’ACCORD, MAIS EN BONNE

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LONGÉVITÉ

50 à 60% des plus de 65 ans sont en bonne santé et n’ont qu’une seule maladie chronique.

© Richard Kolker / Photonica / gettyimages

Allez savoir ! N° 55 Septembre 2013 UNIL | Université de Lausanne 25

SANTE?

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de faire sa toilette, de s’habiller, d’aller aux WC, de sortir de son lit et de manger seule.»

Cela n’implique donc pas d’être exempt de mala- dies chroniques. On peut souffrir du diabète ou avoir de l’arthrite et répondre aux critères décrits par le gériatre du CHUV. En revanche, d’autres pathologies «comme les maladies cardiovasculaires – et tout particulièrement les accidents vasculaires cérébraux – ou les démences, font rapidement tomber dans la dépendance».

Trois scénarios pour raconter l’avenir

Dans ce domaine, «il existe trois scénarios, explique le médecin. Dans le premier, qualifié de “catastrophe”, la population vit plus longtemps, mais elle entre en dépen- dance toujours à peu près au même âge qu’aujourd’hui.»

Autant dire que les personnes restent plus longtemps en «mauvaise» santé. Dans le deuxième scénario, «dit

“d’équilibre dynamique”, l’allongement de l’espérance de vie s’accompagne d’une entrée en dépendance retardée d’autant». Les courbes de la longévité et de la vie en bonne santé se déplacent donc, mais au même rythme. Quant au troisième scénario, «celui de la “compression de morbidi- té”, il postule que les gains en années passées sans dé- pendance augmentent plus rapidement que ceux de l’es- pérance de vie». C’est le plus optimiste.

«En Suisse, c’est plutôt le troisième scénario qui pré- vaut.» Certes, admet le gériatre, «les avancées sont mo- destes et, en moyenne, les hommes vivent toujours 6 à 7 ans en état de dépendance et les femmes environ 8 ans – c’est le revers de la médaille de leur plus grande longé- vité». Mais la tendance est la bonne et «il faut promouvoir toutes les interventions qui permettraient de favoriser ce troisième scénario.»

Il en va du bien-être de chacun, mais aussi de la ges- tion de la santé publique et de la réduction des coûts de la santé. D’autant que, en Suisse, souligne Dario Spini, «on assiste à une croissance exponentielle du nombre de cen- tenaires. Dans les années 60, il y en avait 50, alors qu’ils sont plus de 3000 actuellement.»

Les robustes, les vulnérables et les dépendants Que faire? Les réponses sont diverses, car «LA personne âgée n’existe pas», affirme le spécialiste de gériatrie du CHUV. Une manière de dire que la situation varie selon les individus. Les auteurs du rapport Politique cantonale vieillissement et santé du canton de Vaud, publié en 2012 sous la coordination de Christophe Büla, ont ainsi classé les personnes âgées dans trois catégories.

On y trouve d’abord les «robustes», qui représentent 50 à 60% des plus de 65 ans; ils sont en bonne santé et ont une seule maladie chronique. «Il s’agit de gens qui disent: “Je ne me suis jamais senti vieux”», constate Dario Spini. Viennent ensuite les «vulnérables». Ces personnes

«fragiles ont conscience que, insidieusement, elles ont accès à la nourriture. Sans oublier «l’évolution des

métiers, souligne Dario Spini, professeur à l’Institut des sciences sociales de l’UNIL et directeur du Pôle de re- cherche national (PRN) «LIVES» (qui étudie les vulnéra- bilités à travers le parcours de vie). Aux champs et dans l’industrie, le travail «était auparavant plus lourd, ce qui se traduisait par une plus grande usure physique et un risque accru d’accidents de travail».

Plus vieux, mais plus souvent malades

Nous vivons donc plus vieux, certes, mais en prenant de l’âge, nous sommes aussi de plus en plus fréquem- ment confrontés à des maladies chroniques, aux premiers rangs desquelles figurent les affections musculo-sque- lettiques, les troubles cardiovasculaires, les cancers et le diabète, ainsi qu’à diverses pathologies neurodégénéra- tives, comme la maladie d’Alzheimer. Il y a donc un déca- lage entre la courbe reflétant l’espérance de vie et celle in- diquant le pourcentage de la population restant en bonne santé aux différents âges.

Mais qu’entend-on exactement par «espérance de vie en bonne santé»? On doit cette notion au Français Jean-Marie Robine. Il y a une vingtaine d’années, ce spécialiste de la longévité humaine a proposé un nouvel indicateur, l’espérance de vie sans incapacité (EVSI), qu’il définit dans un récent numéro de Sciences et Vie comme étant «un peu le PNB de l’état de santé».

Une personne est donc considérée en bonne san- té «lorsqu’elle garde son indépendance fonctionnelle, précise Christophe Büla. C’est-à-dire qu’elle est capable

CHRISTOPHE BÜLA Chef du service de gériatrie et de

réadaptation gériatrique du CHUV.

Nicole Chuard © UNIL

84,5 EN ANNÉES,

L’ESPÉRANCE DE

VIE DES FEMMES

DANS LES PAYS

DÉVELOPPÉS

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