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84,5 EN ANNÉES, L’ESPÉRANCE DE

Dans le document 50 ANS DE THÉORIES DU COMPLOT (Page 26-29)

VIE DES FEMMES

DANS LES PAYS

DÉVELOPPÉS

Allez savoir ! N° 55 Septembre 2013 UNIL | Université de Lausanne 27 Il ne s’agit pas «de se restreindre à longueur de temps, car cela n’est pas tenable. Mais plutôt d’éviter les ex-cès et d’adopter le régime méditerranéen» prôné par les nutritionnistes.

Les bienfaits de l’exercice physique

La clé du vieillissement en bonne santé réside aussi dans l’exercice physique. «On ne va pas demander aux gens de 80 ans de courir le marathon, dit en riant Christophe Büla, mais les inciter à augmenter leur activité au quoti-dien.» Même minime, «comme celle qui consiste à pré-férer les escaliers aux escalators», car c’est bénéfique, à tout âge.

Le gériatre cite pour preuve une enquête réalisée par des médecins américains de l’Université du Texas qui ont étudié plus de 18 000 personnes âgées d’une cin-quantaine d’années, qu’ils ont ensuite suivies pendant environ 25 ans. «Les auteurs avaient divisé les indivi-dus en cinq groupes, en fonction de leur endurance, ex-plique le médecin vaudois. Ils ont ainsi constaté que, comparés aux sédentaires, ceux qui avaient la meilleure condition physique augmentaient leur durée de vie, et que, en outre, ils souffraient moins de maladies chro-niques et réduisaient de moitié le temps passé en état de dépendance.»

Reste bien sûr à «savoir quelle est la poule et quel est l’œuf», commente le gériatre. Il est difficile de dire si les personnes avaient moins de pathologies parce qu’elles étaient en bonne forme physique, ou si elles pouvaient pra-tiquer une activité parce qu’elles n’étaient pas malades.

vieilli, car il y a un certain nombre de choses qu’elles ne peuvent plus faire sans difficulté. Ce sont aussi celles qui se rendent compte que, si elles chutent, par exemple, elles risquent de se casser le col du fémur», observe le professeur de Sciences sociales. Dans Les années fra-giles: la vie au-delà de quatre-vingts ans (Presses de l’Uni-versité de Laval), livre écrit sous sa direction et celle de Christian Lalive d’Epinay, Dario Spini montre d’ailleurs que la moitié des plus de 80 ans peuvent être caractéri-sés comme fragiles.

Les membres de ce groupe, qui représentant 20 à 40%

de la population âgée, souffrent souvent de plusieurs ma-ladies chroniques. Dans leur majorité, ils ont entre 70 et 85 ans, mais on y voit entrer un nombre croissant de plus de 90 ans. Christophe Büla qualifie cette phase de «Cana-da Dry». Extérieurement, ces individus semblent robustes, mais ils sont fragiles, et il leur suffit souvent de vivre un événement stressant pour entrer dans la dépendance.»

A ce sujet, des chercheurs se sont attachés à classer l’influence de différents types de stress, y compris ceux créés par des événements heureux. Il ressort de cette étude, commente Dario Spini, «que les épisodes qui af-fectent le plus la santé sont liés à la vie familiale, à ses deuils et à ses conflits». Certes, cela est vrai tout au long de la vie, mais «ces adversités ont aussi des effets aux âges les plus avancés».

Quant au troisième groupe, c’est celui des personnes

«dépendantes» – 10 à 20% de la population âgée – qui ont perdu tout ou partie de leur autonomie en raison d’un déclin physique ou psychique. «Il s’agit surtout de per-sonnes de 85 ans ou plus, avec une majorité de femmes», précise Christophe Büla.

Les recettes pour bien vieillir

Quels sont les bons plans pour «bien vieillir»? «Il faut d’abord bien choisir ses parents», répond Christophe Büla sous forme de boutade. Une manière pour lui d’indiquer que la génétique a son mot à dire dans l’affaire. Toutefois, elle est loin de tout expliquer «puisque les changements auxquels nous avons assisté en matière de vieillissement ont été bien trop rapides pour laisser le temps au patri-moine génétique de changer».

Ce qui compte, ce sont en fait «les interactions entre les gènes et l’environnement, et notamment le mode de vie». C’est donc à ce niveau qu’il est possible d’agir, en commençant au plus jeune âge. Par exemple en évitant le tabac – «des expériences sur les vrais jumeaux dont l’un fumait et l’autre pas ont montré que la cigarette ré-duisait de dix ans l’espérance de vie», précise le méde-cin du CHUV.

En veillant aussi à son alimentation, afin d’éviter le surpoids et les pathologies qui lui sont associées. «Aux Etats-Unis, du fait de l’épidémie d’obésité, l’espérance de vie a diminué pour la première fois depuis 60-70 ans.»

DARIO SPINI Professeur à l’Institut des sciences sociales de l’UNIL et directeur du Pôle de recherche national «LIVES».

Nicole Chuard © UNIL

S’ouvrir aux autres

Toutefois, la qualité de la vie ne se résume pas à des ques-tions de santé et de forme physique. Alors que la vieil-lesse suscite toujours des préjugés négatifs, «les études montrent que le bien-être des aînés est souvent supérieur à celui des adolescents et des jeunes adultes», souligne Dario Spini. Sans doute, commente-t-il, «parce que lorsqu’on est jeunes, on a de plus grandes attentes».

Le professeur de Sciences sociales reprend à son compte les paroles prononcées par le Dalaï-Lama lors de sa visite à l’UNIL, en avril dernier. Lorsqu’on lui demandait comment bien vieillir quand nos forces physiques déclinent, le chef spirituel des Tibétains a répondu: «Grâce à un réel intérêt pour les autres.» C’est la voix de la sagesse. Cette attitude a d’ailleurs été confirmée par «des recherches qui ont mon-tré que les gens cenmon-trés sur eux-mêmes étaient moins heu-reux que ceux qui s’intéressent aux autres», commente le directeur du PRN «LIVES».

Laisser des traces

Une autre attitude bénéfique est «de garder la maîtrise et l’estime de soi», souligne Dario Spini, mais aussi de «main-tenir son identité: si l’on a toujours aimé la musique par exemple, il faut continuer à en jouer ou, à défaut, à en écou-ter». Il est vrai que, dans ce domaine, certaines identités

«fonctionnent» mieux que d’autres. Les sportifs sont défa-vorisés, car ils doivent cesser leur activité, alors que les croyants «peuvent prier toute leur vie».

Une «bonne façon de bien vieillir» se trouve aussi dans ce que l’on nomme la «générativité». Elle consiste, explique le chercheur, à laisser des traces pour les générations sui-vantes, au travers «de ses enfants, des élèves ou étudiants que l’on a formés, des créations que l’on a réalisées, des en-treprises que l’on a créées, etc. Bref, de tout ce qui donne du sens à la vie.»

Mourir en bonne santé

Se préoccuper de sa santé, se maintenir en bonne forme physique et cultiver les liens sociaux: ces attitudes semblent finalement plus efficaces que les pilules de jou-vence éternelle que nous fait miroiter la médecine an-ti-âge. Les tests réalisés sur la DHEA, la testostérone et autres comprimés censés retarder les effets des ans ont révélé que, «dans les meilleurs des cas, ils n’étaient pas ef-ficaces, mais qu’ils pouvaient aussi avoir des effets secon-daires, parfois graves», souligne Christophe Büla.

Les spécialistes du vieillissement visent un tout autre idéal. Celui de nous permettre «de mourir tard d’une mala-die se déclarant quelques heures avant le décès», comme l’a écrit Fred Paccaud, directeur de l’Institut universi-taire de médecine sociale et préventive du CHUV, dans Le Temps. En d’autres termes, «de mourir en bonne santé», renchérit Christophe Büla. On ne peut que leur souhaiter une belle réussite dans leur quête. 

LA CHALEUR HUMAINE CONTRE LE POIDS DES ANNÉES

Le 15 avril 2013, le Dalaï-Lama s’est exprimé sur le vieillissement, à l’occasion d’un dialogue public avec les chercheurs de l’Université de Lausanne. Comment bien vieillir alors que nos forces déclinent? «En général, une personne dont l’es-prit est sain possède une meilleure santé. Je ne parle pas seulement des connais-sances qu’elle a, mais surtout de sa chaleur humaine. Se préoccuper du bien-être d’autrui crée automatiquement un calme intérieur», a indiqué le chef spirituel des Tibétains, âgé de 78 ans. Il a encouragé les scientifiques à mener des re-cherches sur le lien entre «la paix intérieure et le vieillissement». Le dalaï-lama a insisté sur l’idée d’affûter son esprit dès l’enfance grâce à la méditation et à l’exercice du débat.

Rappelant que nous sommes «des animaux sociaux», Tenzin Gyatso estime qu’un entourage amical contribue à réduire la dégénérescence provoquée par l’âge. Le sentiment d’affection, qui dépasse les mots, permet selon lui d’entrer en contact avec une personne atteinte de démence sénile.

La conférence en vidéo sur www.unil.ch/dalai-lama

DALAÏ-LAMA Le chef spirituel des Tibétains a parlé du vieillissement et de la mort à l’UNIL, le 15 avril 2013.

© David Prêtre – Strates

Quoi qu’il en soit, on ne compte plus les études qui prouvent les bienfaits de l’exercice sur la santé, non seu-lement physique, mais aussi mentale.

Attention à la grippe!

Sur le plan médical, il est important de promouvoir la pré-vention, notamment la vaccination contre la grippe. Contrai-rement à ce que l’on pense souvent, «la grippe ne tue pas forcément» et elle peut laisser des séquelles invalidantes.

Une étude réalisée en 2000 auprès de résidents d’EMS a montré «que les infections étaient souvent associées à un déclin du point de vue fonctionnel». Ce qui fait dire au gé-riatre que, même au grand âge, «la prévention a un sens».

Pour les personnes entrant dans la catégorie des ro-bustes, la prévention doit aussi être «proactive», selon le mé-decin. Elle passe par exemple par des visites préventives à domicile qui évitent «de basculer dans la dépendance». Une étude menée aux Etats-Unis a montré que, ainsi, «au bout de trois ans, on permettait aux gens de gagner deux mois d’espérance de vie sans incapacité».

Allez savoir ! N° 55 Septembre 2013 UNIL | Université de Lausanne 29

M

arianne Chapuisat n’est pas alpiniste. Quand bien même première femme au monde à avoir gravi un pic de 8000 mètres en conditions hivernales – le Cho Oyu dans l’Himalaya en 1993 – la dyna-mique Vaudoise ne se cantonne ni à un lieu ni à une fonction. Elle par-tage son temps entre Lausanne, son chalet valaisan et des escapades de par le monde, rarement planifiées à l’avance. L’alpinisme, elle le pratique par coups de cœur, pas comme une activité professionnelle.

Enseignante en français et en éducation physique, divers mandats d’écriture et quelques années de journalisme à son actif: Marianne Chapuisat côtoie autant les mots que la montagne. Deux «bagages fonda-mentaux» qu’elle porte depuis l’en-fance. «J’ai hérité du goût de la litté-rature de mes parents.» Des parents qui, non motorisés, ont aussi éduqué

leurs quatre enfants à se déplacer à pied. Adorant la course, Marianne Chapuisat pratique d’abord l’athlétisme. Mais toujours un livre dans son sac de sport. «En périodes de blessures ou d’attente, c’est un cadeau d’aimer lire.»

A l’Université de Lausanne, la jeune femme mène donc de front un brevet de maître de sport et des études en Lettres, sections français et histoire. Ses années sur les bancs – et les stades – de l’UNIL, elle s’en souvient comme si c’était hier, et pourrait «y retourner demain». L’an pas-sé, elle a d’ailleurs complété une formation de coach.

«Cela m’enchanterait de suivre à nouveau des cours en français. Etudier aujourd’hui, avec la maturité et ma connaissance des textes littéraires serait un vrai bon-heur.» Ce qu’elle souhaite partager avec ses gymnasiens.

«J’essaie de leur transmettre le jeu du bon élève: tout

su-jet approfondi peut devenir intéres-sant et se muer en passion.»

Ce goût pour l’étude, Marianne Chapuisat le transpose aisément hors des livres. La montagne, elle en parle en littéraire. «Pour moi, il s’agit d’une expérience un peu pas-calienne sur la grandeur et la peti-tesse de l’homme. D’un côté, une fra-gilité extrême face aux géants qui nous entourent, de l’autre, la capacité de hisser nos petites personnes sur les sommets les plus hauts de la Terre donne une confiance et une foi dans ce que l’on peut accomplir lorsque l’on se concentre sur un objectif.»

Là-haut, une autre dimension. Elle se souvient en particulier: «Sur un sommet de 8000 mètres, l’impres-sion d’être liée aux êtres aimés, une minute de grâce. Presque un satori.»

Mais, de retour en ville, peut-on re-trouver l’intensité des rencontres et la richesse de la vie intérieure en al-titude? «Je les injecte dans mon quoti-dien, comme des ballons d’oxygène qui me portent long-temps.» Ce qui lui manquerait le plus si elle devait arrêter l’alpinisme demain? «Ne plus ressentir les mêmes sen-sations physiques. Elles ne peuvent pas être remplacées par des émotions.»

Mais pour l’heure, Marianne Chapuisat vit hic et nunc chacune de ses activités: l’enseignement, jury au festival du film alpin des Diablerets, ou son implication avec des jeunes en réinsertion, ou pour le rééquipement des parois d’escalade. Peut-être, entre deux, repartir en

«expé», à condition d’être «en pleine santé et dans un état de vraie disponibilité». Ou écrire un livre… «Mais pas forcément sur la montagne!» Car Marianne Chapuisat n’est pas alpiniste. Elle fait de l’alpinisme, entre autres choses. CYNTHIA KHATTAR

MARIANNE CHAPUISAT Licence en Lettres (français, histoire et sport) en 1995.

© Pierre-Antoine Grisoni – Strates

La communauté des alumni de l’UNIL en ligne : www.unil.ch/alumnil

Dans le document 50 ANS DE THÉORIES DU COMPLOT (Page 26-29)

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