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UNION GÉNÉRALE D'ÉDITIONS 8, rue Garancière - PARIS

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UNION GÉNÉRALE D'ÉDITIONS 8, rue Garancière - PARIS

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PHOTO : ROBERTET

© 1962 by LIBRAIRIE PLON

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L'HISTOIRE SECRÈTE

La cagoule - Le Front populaire Vichy - Londres - Deuxième Bureau L'Algérie française - L'O. A. S.

PAR

J.-R. TOURNOUX

VOICI Témoignages

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VOICI Témoignages Emmanuel d'ASTIER

Les dieux et les hommes Bertrand BLIER

Hitler, connais pas J.-M. DECHANET

La voie du silence (pour un yoga chré- tien)

Grand Amiral DŒNITZ Dix ans et vingt jours Joseph KESSEL

Tous n'étaient pas des anges Arthur KOESTLER

Le Lotus et le Robot Jules ROY

Retour de l'enfer La bataille de Dien Bien-phu H. U. RUDEL

Journal d'un pilote R. THOUMIN

La guerre de 1914-1918 racontée par ceux qui l'ont faite

Paul-Émile VICTOR La voie lactée Morris WEST

Les enfants du soleil Prince YOUSSOUPOFF La fin de Raspoutine

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A ma femme.

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PREMIÈRE PARTIE

LES NOUVEAUX CARBONARI

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CHAPITRE PREMIER

LA GRANDE PEUR DES BIEN-PENSANTS

Paris ; 300 kilomètres de galeries souterraines.

— « Itinéraires de taupes ». — Les cagoulards. — Une organisation d'état-major. — Premières mitraillettes. — Les bennes à ordure et le combat de rue. — L'armée voit rouge.

Avant l'indépendance de l'Algérie, au plus fort de l'offensive métropolitaine des missions O.A.S.-France, certains éléments activistes tinrent des réunions secrètes (1) dans les souterrains qui se trouvent sous le Palais du Luxembourg : on rencontre là de vastes espaces creux, des salles, un lac orné de stalactites.

Cet ensemble étonnant forme, à plus de vingt mètres sous terre, une sorte de « doublure » de

(1) Le président du Sénat, M. Gaston Monnerville, ordonna aussitôt des rondes quotidiennes et la mise en place de portes blindées, munies d'un système d'alerte par sonneries. Avant la guerre, le prédécesseur de M. Monnerville, M. Jules Jeanneney, avait pris des précautions similaires lors de l'affaire de la Ca- goule, dont nous allons examiner les développements.

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CIRCUIT NORD

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CIRCUIT SUD

Fig. 1 et 2. — Les iti- néraires souterrains de la Cagoule : les circuits nord et sud du sous-sol de la ville de Paris. (Archives inédites).

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Paris avec des voies, ou galeries de circulation, correspondant aux rues Bonaparte, de Vaugirard, etc... En plusieurs endroits, l'Inspection générale des Carrières a complété les points de repère établis au cours des siècles. Le visiteur — ou bien le conspirateur — lit ainsi : rue Cassini, Porte de l'Observatoire, rue Saint-Jacques, sous la porte de M. Jolivet... 1779, 1786...

Pendant la dernière guerre, l'état-major de la Luftwaffe avait installé un abri gigantesque sous le Sénat, destiné aux officiers supérieurs et gé- néraux, ainsi qu'un dépôt de matériel de guerre.

Les Allemands avaient ouvert aussi des accès qui partaient du Sénat et rejoignaient d'anciennes carrières situées autour de l'Odéon. Les puits, les escaliers créés par eux se reliaient au réseau de galeries souterraines qui s'étendent sous le jardin du Luxembourg, les rues Madame, Guy- nemer, d'Assas (1). Dans plusieurs galeries, le commandement du Gross-Paris installa le té- léphone, des appareils de signalisation et l'éclai- rage électrique.

De l'abri, doté de salles de repos, le personnel de la Luftwaffe se rendait par le sous-sol à un hôtel et à un garage réquisitionnés, au lycée Mon- taigne et dans différents bâtiments, dont l'École des Mines.

(1) Toutes les précisions techniques sont extraites du livre de M. Charles KUNSTLER, Paris souterrain (Flammarion).

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Au début de 1944, Pierre Laval, président du Conseil, qui cheminait à pas sûrs en direction du poteau d'exécution, Otto Abetz, ambassadeur d'Allemagne, et Fernand de Brinon, — titu- laire du triste privilège d'être, pour la première fois dans l'Histoire de notre Pays, ambassadeur de France... accrédité à Paris — demandèrent à l'Administration de rendre habitables les vides situés sous la rue des Feuillantines et la rue Gay- Lussac, déjà aménagés en abris antiaériens lors de la déclaration de guerre. Des travaux très im- portants furent donc entrepris, à la demande de l'Hôtel Matignon, en vue de la transformation en bureaux : sol dallé, parois revêtues de feuilles d'amiante, climatisation, réseaux téléphoniques, appareils de signalisation des gaz et de régéné- ration de l'air, infirmerie, chauffage central, la- vabos. Terminé peu avant la Libération, cet abri ne servit jamais.

Après le départ des nazis, la Résistance, l'armée, la police patrouillèrent afin de s'assurer que des commandos de la Wehrmacht ne se dissimulaient point dans cette extraordinaire capitale souter- raine. Qu 'on en juge : les V et V I arrondissements comptent 21 kilomètres de galeries sous le sol!

(25 kilomètres dans le XIII arrondissement, 69

kilomètres — le record — dans le X I V 7 km 200

dans le XVI On dénombre ainsi près de 300 kilomètres — nous disons bien 300 — de galeries.

La « doublure de Paris » a été connue de tous les

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révolutionnaires, qu'il s'agisse de la période de 1789, de la Commune, etc... Les conspirateurs italiens de la société secrète des Carbonari se donnaient rendez-vous dans des huttes de char- bonniers. Les conspirateurs parisiens se sont sou- vent glissé plus volontiers leurs mots de passe dans les souterrains que dans les lieux publics.

1937, 1947, 1962.

En 1947, au moment des grèves de caractère insurrectionnel, les services du Sénat s'affirmèrent persuadés que des militants communistes s'étaient réunis dans les souterrains, descendant d'un garage par une échelle. En tout cas, des tracts du P.C.

furent découverts.

En 1960, après les journées des barricades d'Alger, puis en 1961, au lendemain de la tentative de putsch d'avril, des dispositions d'urgence furent prises.

M. Roger Frey, ministre de l'Intérieur, fit murer certains passages, et aussi surveiller les égouts.

En l'occurence, seuls, sans doute, quelques éléments de l'O.A.S. avaient songé à utiliser, on ne sait à quelles fins, les labyrinthes de la ca- pitale. En revanche, quinze ans auparavant, en 1937, l'une des plus sensationnelles conjurations de l'Histoire de France, celle de la Cagoule, di- rigée, à la veille de la seconde guerre mondiale,

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contre les institutions républicaines, jalonna, de façon systématique, les réseaux souterrains de Paris, en vue de prendre et d'occuper par surprise le Sénat, l'Élysée (d'où un souterrain rejoint les quais de la Seine), la Chambre des députés, différents ministères, les appartements de person- nalités politiques, dont M. Léon Blum qui, chef du gouvernement du « Front populaire », habitait 25, quai Bourbon.

Le 2 Bureau de la Cagoule avait prévu tous les détails : les groupes spéciaux, dits groupes Z — on dirait aujourd'hui : les commandos — dispo- saient — outre les jalons de ces véritables « iti- néraires de taupes » — de chaussures sans semelles glissantes, de pinces, de cordes, de lampes de poche et de lampes à acétylène, de hachettes, de pelles-pioches, etc...

Les sept brigades parisiennes.

Les cagoulards se déployaient dans une véri- table organisation copiée sur l'état-major de l'ar- mée : 1 2 3 4 Bureaux, centres mobilisa- teurs et répartition en divisions, constituant sept brigades pour Paris et la région parisienne. Au total, semble-t-il, environ 12 000 hommes (1),

(1) Quarante mille hommes pour l'ensemble de la France, prétendait Eugène Deloncle, chef de la Cagoule.

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pourvus d'un armement léger supérieur à celui des forces de l'ordre, puisque les cagoulards pos- sédaient, grâce à leurs achats à l'étranger, de fu- sils à tir rapide, les premières « mitraillettes » dont la police parisienne était encore privée, de même que la plus grande partie de l'armée française.

Quant à l'armement lourd, la Cagoule avait imaginé de s'emparer des bennes de ramassage des ordures, afin de les transformer en véhicules blindés et armés pour les combats de rues.

La Chambre « rouge horizon ».

D'où venait cependant cette organisation se- crète ? Quels en étaient les buts ? Pourquoi l'ap- pelait-on « la Cagoule » ? Et quels en sont les pro- longements jusqu'à nos jours?

Revenons un quart de siècle en arrière et consi- dérons la France de 1936. Les élections générales ont lieu le 26 avril et le 3 mai. Le Front populaire (communistes, socialistes, radicaux) triomphe (1).

A droite, le célèbre polémiste Henri Béraud bap- tise la nouvelle assemblée : « la Chambre rouge horizon » (2). Le 4 juin 1936, le leader socialiste

(1) En réalité, comme ce fut le cas pour beaucoup d'autres consultations françaises, le raz de marée résulta d'un faible déplacement de suffrages.

(2) Par opposition à la Chambre bleu horizon, élue après la première guerre mondiale, qui comptait une majorité d'anciens combattants.

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Léon Blum est chargé par le président de la Ré- publique de former le ministère.

Les salons prennent peur. A la Chambre, M. Pierre Colomb, député de la Vienne, expose :

« J'ai entendu des dames, monsieur Léon Blum, affirmer que vous étiez l'Antéchrist. » (Compte rendu sténographique officiel.)

Une bonne partie des nationalistes, pour leur part, explose de fureur. Dans l'Action française, Charles Maurras avait écrit dès le 9 avril 1935 :

« Ce Juif allemand naturalisé ou fils de naturalisé, qui disait aux Français, en pleine Chambre qu'il les haïssait n'est pas à trai- ter comme une personne naturelle. C'est un monstre de la République démocratique. Et c'est un hircocerf de la dialectique heimatlos.

Détritus humain à traiter comme tel...

« L'heure est assez tragique pour comporter la réunion d'une cour martiale qui ne pourrait fléchir. M. Reibel demande la peine de mort con- tre les espions. Est-elle imméritée des traîtres ?

« Vous me direz qu'un traître doit être de notre pays : M. Blum en est-il ?

« Il suffit qu'il ait usurpé notre nationalité pour la décomposer et la démembrer. Cet acte de volonté, pire qu'un acte de naissance, aggrave son cas.

« C'est un homme à fusiller, mais dans le dos.»

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A la vérité, qui est Léon Blum ? Un homme cul- tivé et délicat, qui aime Stendhal et Proust. Un atticiste, dit Édouard Herriot. M. Jacques Chas- tenet le peint ainsi :

« Physiquement, c'est un sexagénaire très vert, aux cheveux ondulés, à la moustache tombante, au geste précieux, à la mise soignée.

Moralement, c'est un convaincu, un passionné même, mais aussi un scrupuleux et un tour- menté. Son extrême subtilité l'entraîne à des complications de pensée dont il ne se dé- gage qu'à coups de boutoir, tandis que sa frémissante sensibilité lui fait ressentir comme cruelles blessures les moindres piqûres d'é- pingles. Au total, un doctrinaire généreux, un théoricien abstrait, un stendhalien un peu égaré dans la politique et point un ani- mal de gouvernement. Il s'en rend d'ailleurs compte. « Un homme nouveau doit surgir en moi », a-t-il déclaré au lendemain des élections.

« Les légendes de sens opposé qui environnent sa personne, légende du Juif haineux, légende du Juste crucifié, sont également fausses » (1).

Léon Blum subit sans tarder de sévères procès d'intention. Au Congrès de la S.F.I.O. de

(1) Jacques CHASTENET, Histoire de la III République, tome VI (Hachette).

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Nantes, il s'écrie : « Nos adversaires demeurés patriotes doivent réfléchir. » Ce qui signifie, évidemment, explique ensuite le leader socialiste :

« Nos adversaires qui comprennent bien les inté- rêts de la Patrie. »

La Cagoule naissante diffuse une autre inter- prétation qui aboutit à persuader le Conseil supérieur de la Guerre qu'il s'agit d'une décla- ration de guerre : « La phrase doit s'entendre ainsi : nos adversaires encore attardés aux idées de pa- triotisme. » C'est le début d'une campagne d'in- tox (1), dont nous observerons par la suite de mul- tiples développements.

Réforme du droit de propriété.

M. Léon Blum étant à la tête du « ministère des masses », une vague de grèves sans précédent déferle sur le Pays, accompagnée d'occupations d'usines. Il s'agit là d'un phénomène inédit et d'une importance capitale. Au contraire de Maurice Thorez (« ils disent : illégalité. Eh ! Non ! C'est une nouvelle légalité qui se forme, tout simplement ») (2) M. Léon Blum prodigue pourtant des apaisements au Palais-Bourbon :

« On m'a demandé si je considérais ces

(1) Intoxication.

(2) Rapport à l'Assemblée des communistes de la région parisienne, 11 juin 1936 (cité par MM. L. Bodin et J. Touchard, dans Front populaire 1936, A. Colin).

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occupations d'usines comme quelque chose de légal. Je ne les considère pas comme quelque chose de légal... Ces occupations ne sont pas conforme aux règles et aux principes de la loi civile française. »

Parmi les démocrates-chrétiens, précurseurs du M. R. P., M. Maurice Guérin, voisin, dans les colonnes de l'Aube, de M. Georges Bidault, écrit ces lignes qui, vingt-deux ans plus tard, en 1962, s'appliqueront au début d'une autre révolution, celle des occupations de terres par les paysans :

« ... Nous sommes au carrefour historique où finit un monde et où commence un autre monde. Un nouveau monde appelle nécessai- rement un nouveau droit. Ce nouveau droit social doit comporter des modifications à l'exercice du droit de propriété comme à l'exercice de l'autorité. »

A des millions de travailleurs qui n'ont, de leur vie, pris de vacances, l'espoir est donné d'une vie meilleure, grâce aux lois sur les congés payés, les conventions collectives et les quarante-heures.

Cette période marque les débuts des week-ends ouvriers (les motos et les tandems sont encore plus nombreux que les voitures) et l'essor des Auberges de Jeunesse, avant-gardes de l'immense vogue actuelle du camping.

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Ah! ça ira! ça ira! ça ira!

Atteints dans le statu quo, la plupart des possé- dants prennent peur. Dans les rues retentissent la Marseillaise, mais aussi l' Internationale et les strophes : Ah! ça ira, ça ira, ça ira. Les aristocrates, on les pendra.

L'Armée, en toute bonne foi, est habitée par les plus vives alarmes. L'Allemagne réarme. La Rhénanie a été réoccupée, quelques mois plus tôt, le 7 mars, un samedi, alors que les Français étaient aux champs.

Le 29 mars, un plébiscite a donné à Hitler 98 % des voix. Le peintre hystérique et paranoïaque demeure maître absolu du Reich. A partir de juillet, la guerre d'Espagne s'étend, apportant l'incomparable banc d'essai qui permet aux

« volontaires » de la Croix gammée de mettre au point, avant la bataille de France de 1940, la tactique relative à l'emploi des chars et des avions d'assaut. L'U.R.S.S. fournit du matériel aux répu- blicains. La guerre mondiale est commencée.

L'état d'esprit de l'Armée française est illustré dans l'organe préféré des cadres militaires : l'Écho de Paris par le vénérable général de Cas- telnau, aux yeux de qui « Frente popular égale

« Frente crapular » :

« [En Espagne,] ce ne sont plus, comme jadis, deux factions qui se disputent le prestige et les

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avantages du pouvoir politique : aujourd'hui, c'est la guerre entre la barbarie moscovite et la civilisation occidentale. »

L'Armée française ignore, dans sa majorité, les problèmes sociaux, et ce, en toute honnêteté.

Elle reste, la plupart du temps, réactionnaire avec sincérité. Elle vit dans ses casernes, un peu hors du siècle civil. Elle se voue avec passion, avec abnégation, à sa tâche de défense nationale. Elle déverse son ire sur la gauche, sur les socialistes qui ont refusé, en 1934-1935, le service de deux ans et 800 millions destinés à l'armement. A cette date, la S. F. I. O. espère encore aboutir à la sécurité mondiale à travers la Société des Nations et l'orga- nisation collective de la paix. M. Léon Blum a proclamé, deux ans avant son arrivée au pouvoir :

« Déposons les armes : bon gré, mal gré, l'Allemagne devra en faire autant » (1).

L'illusion de Léon Blum n'est pas oubliée par ses adversaires. Les Camelots du Roi psalmodient :

« Tout va très bien, monsieur le Rabbin.»

(1) De l'opposition au pouvoir, la tendance fut renversée, comme toujours en pareil cas. Dans le Populaire du 3 mai 1940, M. Marx Dormoy, ministre de l'Intérieur du Cabinet Blum, écrivait : « C'est à partir de 1936 que l'on a fourni un effort vi- goureux pour assurer le réarmement : 22 milliards en 1937 contre 12 milliards précédemment. »

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L'État-maj or s'inquiète de plus en plus de la forma- tion des cellules communistes (1) dans les unités et voit la soviétisation en marche. D'ailleurs, M. Maurice Thorez ne s'est-il pas écrié au Palais des Sports :

« Le parti communiste sera avant peu au pouvoir. Je le dis, camarades, avant peu! »

En revanche, l'économiste Sauvy soutient la thèse suivante :

« Finalement, chargé d'intentions généreuses, le Front po- pulaire a retardé le socialisme d'au moins une génération, tout en affaiblissant dangereusement la France devant le nazisme (le nombre d'avions livrés à l'État a été en 1937 de 450 en France contre 4 320 en Allemagne ; en 1938, 500 avions en France, 6 600 en Allemagne). Qu'un homme de cette intelligence (M. Léon Blum) et de cette générosité se soit trompé aussi sévèrement fut un malheur que seule la génération suivante reconnaîtra pleinement. » (Réponse à une lettre de M. Robert Blum, publiée par l'Ex- press du 28 avril 1960.)

(1) A l'inverse, les communistes s'inquiètent de lire dans le National les convocations suivantes :

« Groupes régimentaires.

« Région de Paris. Une réunion de nationaux populaires de la garnison de Paris devait avoir lieu le dimanche 1 décembre à 10 heures. Cette réunion est reportée au dimanche 8 décembre en raison de la vaccination de la classe appelée. Même local.

« Nancy, Toul, Lunéville. Les nationaux populaires appartenant aux corps en garnison dans ces trois villes seront prochainement réunis par les soins de la section de Nancy et des groupes régimentaires seront constitués.

« Reims, Châlons. Les nationaux populaires appartenant aux corps en garnison à Reims et à Châlons seront très prochainement réunis à Reims, pour la constitution de groupes régimentaires. »

(Exclamations à l'extrême gauche communiste.) Intervention de M. Sulpice Dewez, député du Nord, à la Chambre des députés.

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Des incidents éclatent, tels que celui-ci : Un bataillon de chasseurs défile devant M. Pierre Cot, ministre de l'air, délégué par M. Daladier, ministre de la Défense nationale, aux manœuvres de Provence. En manière de défi, le chef de batail- lon commande : « Tête droite! », alors que l'Excel- lence se trouve à sa gauche.

Voilà dans quel état se débat la France alors que la guerre rôde à ses frontières. Qui en porte la res- ponsabilité ? La classe ouvrière qui aspire à obtenir améliorations de ses conditions de vie ? Ou bien, les élites (thème courant : « Ils n'ont pas les mêmes besoins que nous. Des salles de bains ? Ils mettent leurs pommes de terre dans les bai- gnoires »), qui, sauf exception, ne veulent rien abandonner ?

C'est de 1936, en tout cas, que date le commence- ment de la fin du prolétariat en France.

Dans la vie, suivant que l'on se trouve d'un côté ou de l'autre de la barricade, on adopte; ou bien on rejette, le propos de Gœthe : « J'aime mieux une injustice qu'un désordre. »

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CHAPITRE II LES MARÉCHAUX

Pétain attend sous l'orme. — Franchet d'Esperey. — Les réseaux Corvignolles et les cercles bleu-blanc rouge. — Les fonds de la Cagoule. — L'assaut contre la République.

Dans les milieux qu'il est convenu d'appeler

« nationaux », la moitié du péril rouge fournit désormais la substance de tous les échanges de vues.

En présence d'un situation jugée pré-révolu- tionnaire, deux formes de mouvements clandestins se dessinent, d'abord parallèles, qui se rejoindront ensuite et qui se sépareront bientôt : d'une part, les groupes d'autodéfense constitués dans l'Armée, d'autre part, la Cagoule civile.

Considérons d'abord — puisqu'il vit le jour le premier — le mouvement militaire.

Craignant l'apparition des « soviets » de casernes, de nombreux officiers songent à s'organiser avec le concours de sous-officiers et de soldats du contin- gent triés sur le volet, en groupes d'autodéfense. Ce

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dessein s'affermit à mesure que la guerre d'Espagne étend ses ravages.

Au surplus, le S. R. (Service de renseignements) de l'armée française transmet à l'état-major géné- ral de l'armée, à Paris, un document venant de Barcelone, dans lequel il est écrit « qu 'au début d'une révolution, les officiers de l 'armée active doivent être purement et simplement suppri- més » (1). Panique dans les cercles de garnisons.

Des officiers cessent de coucher à leur domicile.

A Metz, le commandant de la région, le général Giraud, diffuse par la voie réglementaire, ce texte parmi les chefs de corps, dont le colonel de Gaulle commandant le régiment de chars.

A Paris, un camarade de promotion de Charles de Gaulle à l'École supérieure de guerre, Georges Loustaunau-Lacau, officier détaché à l'état-major du maréchal Pétain, organise « les réseaux Corvi- gnolles ». Pourquoi Corvignolles ? Devenu écrivain d'état-major, successeur d'ailleurs, à ce poste, de Charles de Gaulle qu'il connaît bien (« C'est un ascenseur qui ne s'arrête pas à l 'étage », dit-il), Loustaunau-Lacau a été chargé par le maréchal Pétain d'écrire la vie de Vauban. Or, Vauban compte un Corvignolles dans sa famille. Sous l'inspiration du moment, le commandant Loustau- nau-Lacau transforme ce Corvignolles en un officier de carrière décédé, dont les membres du (1) Ce document était apocryphe. M. Daladier, ministre de la Guerre, prit des sanctions.

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réseau — en particulier de très nombreux chefs de corps — reçoivent, en signe de reconnaissance, la soi-disant carte de visite : Hervé- Gratien de Corvi- gnolles (1). Les réseaux Corvignolles sont nés.

Navarre.

Loustaunau-Lacau se met au travail. Béarnais court et trapu, il représente le type « force de la nature ». Esprit brillant, teinté de mythomanie.

Soldat héroïque, comme il le prouvera en 1940 et dans les camps de la mort, il se révèle aussi comme un maniaque du renseignement, un obsédé de la clandestinité, un tourmenté de la conjuration (2).

Il choisit son premier pseudonyme : Navarre. Plein d'humour, il raconte volontiers qu'il descend d'un bâtard d'Henri IV. Il n'en revendique pas pour

(1) Suivant les cas, ces cartes de visite étaient coupées en deux, selon un pointillé varié. Pour prendre contact, les affiliés qui ne s'étaient jamais rencontrés, devaient réunir leurs demi- bristols.

Ce système de reconnaissance fut, de nouveau, utilisé en mai 1958 par le mouvement contre-révolutionnaire des généraux Chassin et Cherrière — mouvement qui, à Alger, avec l'aide des troupes de Pierre Lagaillarde et d'Ortiz s'empara du Gouver- nement général avant les gaullistes.

Officiers subalternes dans la période 1936-1940, les généraux Cherrière et Chassin avaient d'ailleurs appartenu aux réseaux Corvignolles.

(2) Après la guerre, candidat aux élections législatives de 1951 dans les Basses-Pyrénées, son premier mot, en apprenant qu'il était élu, fut : « Enfin, je pourrai comploter à l'abri de l'im- munité parlementaire. »

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autant le trône de France. Patriote exacerbé, sans discernement.

A la tête des réseaux « Corvignolles » (1) Lous- taunau-Lacau « décortique » les cellules communis- tes de l'Armée : deux cents, souligne-t-il, sont

« liquidées en douceur » par ses soins. Il remet au généralissime Gamelin un exemplaire de l'édition originale du livre l'Insurrection armée, dérobée, dit-il, par ses agents au siège du P. C., livre dans lequel il est indiqué qu'au début d'une révolution sociale « il faut tuer tous les officiers d'active à considérer comme des ennemis de classe ».

Mis à la porte de l'Armée par M. Daladier, ministre de la Guerre (« C'est un officier d'aven- ture », dit-il), en 1938. Réintégré en septembre 1939 après la déclaration de guerre. Arrêté au front le 22 mars 1940, sur ordre de M. Daladier, président du Conseil. Frappé d'une lourde sanction discipli- naire au front, il fut enfermé à la forteresse de Mutzig, près d'Obernai.

A l'état-major Pétain, Loustaunau-Lacau ob- tient, d'emblée, l'adhésion à ses réseaux du capi- taine Bonhomme, officier d'ordonnance du Maré- chal. Dragon jovial, « Mameluk » fidèle, céliba- taire joyeux mais vigilant, Bonhomme raconte

(1) Appelés aussi par Loustaunau-Lacau « Cercles bleu- blanc-rouge », eux-mêmes codés : le bleu représente les mili- taires ; le blanc, les civils (les réseaux en comprenaient quelques- uns) ; le rouge, les financiers de l'organisation, dont un ban- quier.

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tout au Maréchal : les potins, les « coucheries » et les histoires de l'Armée. Le Maréchal sait donc beaucoup de choses sur l'affaire Corvignolles, et, indirectement sur la Cagoule civile (1). Beau- coup de choses, mais pas tout. Loin de là : Loustau- nau-Lacau et Bonhomme redoutent sans cesse que

« le Vieux », très fatigué, par instants, du point de vue intellectuel, ne commette quelque gaffe magis- trale.

A l'insu du Maréchal, Loustaunau-Lacau dissi- mule un jour des caisses de grenades et de détona- teurs dans le garage de l'état-major du 8, boule- vard des Invalides. « Ce cochon va faire sauter le Maréchal », s'écrie le commandant V... en décou- vrant la cachette.

Pour ses documents secrets concernant les

(1) Le maréchal Pétain fut aussi renseigné, au moins en partie, par un maître des requêtes au Conseil d'État que lui avait présenté le sénateur Lémery et qui allait devenir le premier garde des Sceaux du Gouvernement de Vichy : Raphaël Alibert.

Gracié par le général de Gaulle, sous le gouvernement Michel Debré, et sur l'initiative de M. Edmond Michelet, ministre de la Justice, qui souhaitait pardonner à la fois à un vichyste, à un général allemand encore interné en France et à des militants F.L.N., M. Raphaël Alibert n'a cessé de nier son appartenance à la Cagoule. Une seule liste — chiffrée — de quelques membres de la Cagoule a été saisie par un hasard extraordinaire ; à la lettre A, on lit : Alibert, sans prénom, il est vrai, mais avec l'a- dresse personnelle de celui qui allait devenir ministre de la Justice.

Au demeurant, des témoignages qu'il n'est pas possible de mettre en doute indiquent que M. Raphaël Alibert, non seule- ment appartenait à la Cagoule, mais siégeait au Comité directeur.

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réseaux d'autodéfense, Loustaunau-Lacau utilise sans manière... le propre coffre-fort du Maréchal.

On trouve là notamment la Charte des réseaux Corvignolles rédigée de façon curieuse (toujours pour des raisons de secret) (1), sous la forme désa- busée d'un testament pastiché dans le genre noble : Le testament du vieil officier de cavalerie.

« Moi, comte Hervé-Gratien de Corvi- gnolles, officier de cavalerie en retraite, j'aperçois des étoiles au ciel, mais j'en décou- vre peu sur mes manches...

« Je vois la France sur une pente dange- reuse. J'adjure ma famille et mes amis chers de s'unir pour conserverie patrimoine menacé, etc..., etc... »

Bien qu'abritant, à son corps défendant, les secrets dans le coffre-fort d'état-major, Philippe Pétain n'a jamais été le « patron » de la Cagoule.

Le Maréchal demeure beaucoup trop prudent...

Rentrant la tête dans les épaules, comme un poilu de Verdun sous la mitraille, il cite, en poli- tique, sa phrase favorite : « Il ne faut jamais sortir trop tôt la tête du trou. »

(1) Mettant la main sur le texte, les magistrats instructeurs mirent beaucoup de temps avant de comprendre de quoi il s'agissait.

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Pétain écoute, observe, enregistre, attend.

Navarre (Loustaunau-Lacau) s'en plaint. Il confie à un de ses amis, officier d'un état-major de Paris :

« Lorsque je parle au Vieux de nos activités, il m'écoute et ne dit rien » (1).

Pétain paraît donc n'encourager ni décourager quiconque. Étrange attitude.

Aujourd'hui, membre de « l'Association pour le soutien de l'action du général de Gaulle », un homme qui a suivi avant la guerre, de l'intérieur et dans le détail, l'affaire de la Cagoule, nous a déclaré, après mûre réflexion :

« Pétain attendait sous l'orme... Mutatis mutandis et révérence parler, tout cela me rappelle l'attitude du général de Gaulle au moment du 13 mai 1958... »

Nous transcrivons. Pour la petite ou pour la grande Histoire ? Pour l'Histoire qui, ainsi que le

(1) Au procès Pétain, le commandant Loustaunau-Lacau a indiqué qu'en 1936, le maréchal Pétain l'avait chargé « d'aller voir un peu ce qui se passe » du côté de la Cagoule.

En rentrant de cette mission, « j'ai dit au Maréchal, déclare Loustaunau-Lacau : « Monsieur le Maréchal, il y a des armes.

Et le Maréchal a répondu : « C'est grand dommage, car lorsqu'on a des armes, on éprouve le besoin de s'en servir. » (Cf : procès Pétain. Compte rendu sténographique.)

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dirait Charles de Gaulle, jugera tout et tous à son heure.

A la vérité, le « drapeau » de la Cagoule est, volens nolens, le maréchal Franchet d'Esperey, pied-noir (par hasard) de Mostaganem, alors âgé de quatre-vingts ans. Pour appeler les choses par leur nom, ce valeureux capitaine qui s'était illustré, entre autres, sur le front d'Orient, com- mence de subir les effets de l'âge. Comme quoi, pour sauver sa légende, il ne faut jamais s'occuper trop longtemps des affaires publiques., bien que Clemenceau ait encore déployé une énergie extra- ordinaire jusqu'à la victoire, à l'âge de soixante- dix-sept ans.

Franchet d'Esperey, au nom flamboyant de panache, conserva longtemps une vitalité extraor- dinaire. Sa devise s'inscrit en deux mots : « Sans frein. » C'est un homme de guerre, un Turenne. Il n'est « ni de droite, ni de gauche », ce qui veut tout dire.

Enfant, lycéen à Versailles, il suit les mouvements des troupes qui opèrent contre la Commune. Adulte, il répète en leitmotiv le commandement d'es- crime : « Toujours la pointe au corps. » Officier, il est noté « hors ligne, de valeur exceptionnelle ». Il se montre écœuré par les ordres reçus sous le ministère Combes en vue de procéder, au besoin, par la force, aux inventaires des biens reli- gieux.

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En 1906, des grèves de mineurs éclatent dans le Nord et le Pas-de-Calais. « Pour assurer l'ordre (1), d'Esperey reçut le commandement d'un détache- ment assez important : trois bataillons de régiments d'infanterie différents ; trois compagnies d'autres régiments ; deux escadrons de dragons et deux esca- drons de hussards. Clemenceau avait, au début, donné aux troupes l'ordre formel de ne pas se montrer ; mais ce n'était pas la méthode du colonel d'Esperey : il prescrivit à ses chefs de détachements de ne tolérer aucun rassemblement, d'éviter de tirer pour ne pas atteindre des innocents, mais d'aller de l'avant baïonnette au canon, en sonnant la charge, de manière à refouler les mutins à coups de crosse ou de baïonnette, sans pouvoir se tromper. En quelques jours, l'ordre fut rétabli.

« Par les méthodes qu'il employait, d'Esperey se faisait considérer comme brutal, mais il était indi- férent à l'opinion qu'on se faisait de lui, et cher- chait uniquement à atteindre le but fixé.

« Il obtint un témoignage officiel de satisfac- tion du ministre de la Guerre « pour le zèle et le dévouement dont il avait fait preuve et pour que les qualités de tact, de mesure et d'à-propos qu'il avait déployées dans l'accomplissement de la mission délicate qui lui avait été confiée ».

En 1914, selon Joffre lui-même dans ses Mémoires,

« le rôle de Franchet d'Esperey mérite d'être souligné devant l'Histoire : c'est lui qui a rendu

(1) Général Paul AZAN, Franchet d'Esperey (Flammarion).

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possible la bataille de la Marne ». Il restera d'une violente germanophobie, jusqu'à sa mort, et en 1942 (1), il s'opposera à la politique de Vichy.

Avant de mourir, il donnera des ordres pour que sa famille quitte le cortège au cas où des Allemands croiraient devoir assister à ses obsèques.

Le vieux sanglier.

En 1936, Franchet d'Esperey, bien que dimi- nué par un grave accident d'automobile qui l'a laissé infirme, donne encore l'impression de vouloir charger, tel un rude sanglier. Hélas ! la démarche ne laisse plus de doute sur les possi- bilités du Maréchal. Le Général Azan nous a laissé un portrait de son ancien chef :

« ... Appuyé sur deux cannes et soutenu par son porte-fanion, il se déplaçait à petits pas, le cou en avant, le dos voûté, le regard fixé à terre ou péniblement levé. Sa parole, déjà brève et saccadée avant l'accident, était devenue plus heurtée. »

Le biographe du Maréchal affirme que l'intel- ligence « était restée aussi claire et son jugement aussi sûr ».

D'autres témoins, de qualité, ont gardé un

(1) Voir dans la partie « Documents secrets et textes inédits » le document rédigé pour l'auteur par cet officier supérieur.

(36)

souvenir très différent de l'état intellectuel du Maréchal ; certains jours, à certaines heures ils l'ont trouvé défaillant dans ses raisonnements, et surtout perdant par moment le sens de la mesure.

Comme beaucoup de chefs militaires, Franchet d'Esperey se montre obsédé à la fois par le danger communiste et par le péril nazi. Il noue des liai- sons dangereuses. Il reçoit Deloncle qui porte la cagoule sur les fonts baptismaux. Abusé, il accorde au chef du C. S. A. R. sa caution et il délègue un officier à titre d' « observateur » pour assister aux délibérations du « Conseil Supérieur » de l'organisme clandestin. Il tient des propos, à l'habitude vigoureux, poussés maintes fois jusqu'à la violence, propos que nous préférons enterrer sous les cendres du passé.

Un matin, le Maréchal entre en fureur. Le Front Populaire bat son plein. Des Généraux des Régions ont transmis des rapports alarmants sur l'action du P. C. Franchet d'Esperey considère que le Gouvernement Léon Blum faillit à sa tâche. Il décide de placer Monsieur Lebrun, Président de la République, en présence de ses responsabilités, avec le franc-parler d'un vieux soldat qui ne mâche pas ses mots, fût-ce dans le bureau du chef de l'État.

Franchet d'Esperey sollicite Pétain en vue de la démarche. Et Pétain impassible sous son beau visage marmoréen, décoche une flèche : « je suis un Maréchal Républicain, moi! ».

(37)

Le nom de Franchet d'Esperey sert de caution à la Cagoule naissante. Apeurés, de grands indus- triels (fabricants d'automobiles, d'huiles comes- tibles, de pneumatiques, de parfums, de soies artificielles) accordent des fonds importants.

La manne tombe sous le patronage du Maréchal, qui croit participer à une entreprise patriotique et sert ainsi de « paravent » à un complot dirigé contre les institutions républicaines.

Aux cagoulards qui sollicitent certaines caisses du patronat, Franchet d'Esperey confie des lettres de créance, signées de sa main, ainsi rédigées :

« Vous devez accorder foi au porteur de cette lettre ».

Le Maréchal verse 1 500 000 francs à Loustau- nau Lacau, puis ce dernier s'entend, un jour, convoquer au bureau de l'ancien commandant du Corps expéditionnaire en Orient.

« Et le vieux Maréchal — raconte Loustaunau- Lacau (1) — que je revois toujours avec son regard intense de lion blessé, me dit exactement ceci :

« Loustaunau-Lacau, je reçois vos bulle- tins secrets, je sais ce que vous faites. Il y a ici un homme, M. Deloncle, qui agit dans un autre sens que vous ; il veut renverser l'État ;

(1) Déposition au procès Pétain.

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c'est la seule façon qui nous reste de sauver encore les débris de la victoire de 1918. Je voulais que vous mettiez votre main dans la sienne et que désormais vous travailliez ensemble.

« Je lui ai répondu : Jamais, monsieur le Maréchal. Notre but est bien défini : nous nettoyons l'Armée de tous les miasmes qu'elle recèle et nous faisons le maximum d'efforts pour la relever moralement et matériellement.

Ce que nous pouvons savoir des préparatifs d'Hitler pour la guerre prochaine nous en- lève toute envie de participer à un mouve- ment de putsch quelconque, qu'il soit de droite ou qu'il soit de gauche ; ne comptez jamais sur nous pour cela.

« Suivit une discussion orageuse avec Deloncle, poursuit Loustaunau-Lacau. Je savais que déjà un certain nombre d'officiers, et non des moindres, étaient inscrits dans ses rangs. Je cédai sur un seul point : j'accep- tai de recevoir les renseignements de Deloncle qui concernaient strictement l'action commu- niste dans les casernes, et, en échange, je lui demandai de me remettre la liste des officiers inscrits chez lui et de les délier de leur serment. Nous nous sommes vus par la suite deux ou trois fois, toujours dans ce même cadre.

« J'ai retiré de la Cagoule les camarades

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qui s'y étaient inscrits, sauf un ; mais son nom n'a pas d'importance : il n'a joué aucun rôle.

« Quant au maréchal Franchet d'Esperey, conclut Loustaunau-Lacau, je suis allé le voir le soir même chez lui. J'ai été reçu assez fraîchement. Je lui ai montré, avec le danger allemand qui ne pouvait pas le laisser insen- sible, les risques qu'il courait personnelle- ment à mélanger son nom, victorieux et res- pecté, à une aventure. Il l'a compris et je suis persuadé que ses relations avec la Cagoule en sont restées là. »

Au cours de cette entrevue mémorable avec le maréchal d'Esperey et Navarre, Deloncle avait ajouté :

« Nous voulons renverser l'État parce qu'il n'y a plus moyen de faire autrement. Nous voulons le faire par tous les moyens, y compris la force. On ne peut pas vivre avec la Répu- blique. »

Cette profession de foi nous amène au cœur du sujet...

En présence du maréchal Franchet d'Esperey, Deloncle avait encore déclaré, ce jour-là : « Il faut rétablir le Roi » (1).

(1) Le 25 novembre 1937, des perquisitions se déroulèrent au Courrier royal.

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Il est bien vrai que les éléments de base de la Ca- goule sont monarchistes. Mais les desseins varient suivant les interlocuteurs : aux uns, la Cagoule parle de rétablir la royauté, aux autres d'ins- tituer un Directoire politico-militaire. « Après quoi, on verra. »

En réalité, les contre-révolutionnaires, d'abord décidés à détruire ce qui existe, peuvent — comme plus tard une partie de l'O. A. S. — se réclamer du propos :

« Vous dites : où vas-tu? Je l'ignore, mais j'y vais. »

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(42)

CHAPITRE III

LE CONDOTTIERE

Le Comité secret. — Le Tribunal suprême de la Cagoule. — Le serment. — Les codes. — Le plan de mobilisation. — Le Kriegspiel. — « Nous sommes méchants! » — Les effectifs. — Corps sans tête ou tête sans corps. — L'effondrement classique des régimes.

Cagoule, cagoulards... Ces mots poursuivent une longue carrière, bien que, dans leur valeur intrinsèque, ils ne correspondent pas à la réalité.

Leur fortune vient de ce qu'ils frappent les imagi- nations, en évoquant le trop célèbre Ku-Klux- Klan, la société secrète d'outre-Atlantique, de caractère raciste, dirigée contre les Noirs, les Juifs, les communistes, les immigrants catholiques du bloc latin. Dissimulés sous des cagoules, les affiliés du Ku-Klux-Klan occupent leurs menus loisirs à passer leurs adversaires au goudron, à les flageller, à les lyncher, ou encore à les marquer à l'acide, voire à les émasculer.

La Cagoule n'est qu'une image. L'organisation

s 'appelle en réalité le C. S. A. R., le Comité secret

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d'action révolutionnaire (1). Les initiés ne se donnent pas le ridicule de revêtir la cagoule. Tout au plus usent-ils d'un « loup », dans certaines circons- tances : réunions pour les prestations de serment, séances du Conseil de guerre, appelé « Tribunal Suprême » (2).

Le C. S. A. R. fédère, lors de sa constitution, différents groupes de province, dont « Les En- fants d'Auvergne » (3) à Clermont-Ferrand, et

(1) Un peu plus tard, pendant une brève période, le C.S.A.R.

change une lettre à ses initiales et devient l'O.S.A.R. (Orga- nisation spéciale active-réserve). Le dessein est alors de favo- riser les contacts avec l'armée.

(2) Le commandant Loustaunau-Lacau fut ainsi, un jour, après sa rupture avec le C.S.A.R., condamné à mort, pour avoir estimait Deloncle, conservé trop de fonds destinés à ses propres organisations d'autodéfense militaire. Informé par Deloncle de cette décision, un officier d'état-major de Paris réplique :

« Si vous touchez un cheveu de Loustaunau-Lacau, je préviens le Gouvernement. » « Vous nous trahissez? » s'exclama Deloncle.

L'officier clôt l'entretien sur ces termes :

« Je ne vous trahis pas, mais vous n'avez pas droit de haute et basse justice. »

Sans doute, Deloncle avait-il d'ailleurs d'autres raisons de chercher à éliminer Loustaunau-Lacau, après la scission inter- venue entre la Cagoule civile et les réseaux Corvignolles, som- mairement et improprement appelés « Cagoule militaire ».

Deloncle reprochait à Loustaunau-Lacau d'empêcher les cadres militaires d'entrer dans la Cagoule civile et de lui refuser cer- tains documents d'état-major.

(3) « L'Union des enfants d'Auvergne » adhéra à la Cagoule qui l'arma, après avoir été créée, sous la forme d'un groupement d'autodéfense contre le communisme, lors des grèves de juin 1936. Calquée sur le modèle de l'armée, elle comprend 3 batail- lons, chaque bataillon 3 compagnies, chaque compagnie 3 sec-

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surtout « Les Chevaliers du Glaive » à Nice, minus- cule, mais agissant club fasciste des Alpes-Mari- times.

Les Chevaliers du glaive.

Préalablement à la formation du C. S. A. R., les « chevaliers » niçois, obsédés par les rites et tenues de la franc-maçonnerie, avaient prévu, quant à eux, de se dissimuler, dans leurs offices, de la tête aux pieds. Reconstituons la scène.

— Une table recouverte d'un brassard tricolore, ou bien (cas plus fréquent) d'un drapeau sur lequel repose un glaive. Des flambeaux de part et d'autre de l'étamine tricolore.

— Le « Grand Maître » siège, revêtu d'un genre de toge ou de longue robe rouge, entouré de deux assesseurs en noir. La robe se prolonge jusqu'aux cheveux par une sorte de cagoule.

— Dans la pièce, un grand drap noir. Une croix blanche brodée, entourée de deux serpents, sym- boles de « la juiverie » et de « la franc-maçonnerie ».

Ad majorem Galliae gloriam.

A Paris, la cérémonie reste plus sobre. L'impé- trant est introduit devant les chefs. Parfois, tions de 10 hommes chacune. Chaque section est dotée, outre l'armement individuel, d'un fusil-mitrailleur avec 2 500 car- touches et des grenades.

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afin de donner du lustre au protocole, la cérémonie a lieu de nuit, le néo-cagoulard étant conduit, en voiture, les yeux bandés, à un appartement privé.

Face au drapeau, la prestation de serment a lieu. L'abonné (vocabulaire conventionnel de la Cagoule) est invité à tendre le bras droit et à répéter mot à mot ce qui suit :

« Je jure sur l'honneur fidélité, obéissance, disci- pline à l'organisation. Je jure de garder le secret et de ne jamais chercher à connaître l'identité des chefs. » Les termes ne sont pas fixés ne varietur, mais ils changent peu. Toutefois, lorsque le niveau intellectuel des néophytes le permet, le serment s'ennoblit de la formule : Ad majorem Galliae gloriam — pour la plus grande gloire de la France (1).

A l'usage du vulgaire, le serment s'accompagne de commentaires à la portée de l'interlocuteur :

« Si tu parles, je te préviens, on te brûle. » Ou bien :

« Prends garde! On n'hésitera pas à te crever la paillasse. » (Dépositions d'inculpés.)

Dans tous les cas, l'impétrant s'entend avertir : le Tribunal Suprême rend deux verdicts, l'ac- quittement... ou la mort.

« Je me suis rendu avec Moch, raconte un ca- goulard (2) dans un immeuble de la rue de Villiers

(1) Plagiat de la devise des Jésuites : Ad majorem Dei gloriam.

(2) Déposition d'inculpés.

(46)

et là, devant une table sur laquelle était posé un brassard tricolore sans insigne, j'ai prêté serment de fidélité, discipline et secret au Comité secret d'organisation révolutionnaire. On m'a laissé entendre qu'un traître au groupement avait dis- paru. »

« J'indique que la pièce où je prêtai serment n'était éclairée que par une lampe de bureau pro- jetant sa lumière sur un drapeau tricolore, étendu sur une table et laissant les assistants dans l'om- bre » (1).

« L... m'a demandé quelques renseignements sur ma situation militaire et personnelle, puis, après m'avoir demandé si j'étais décidé à prêter le serment exigé par l'organisation dans laquelle j'entrais, m'a tenu ces propos : Si un communiste entre dans notre organisation, on le tue ; si un franc-maçon entre dans notre organisation, on le tue ; si un adhérent trahit notre organisation, on le tue.

« Je n'ai pu m'empêcher de répliquer : M...

alors ! vous tuez les gens comme des lapins ! (sic).

L... n'a rien répondu » (2).

Parfois, la prestation de serment se réduit à une formalité banale :

(1) Dépositions d'inculpés.

(2) Idem.

(47)

« Dans la pièce où je fus reçu (1) il y avait un drapeau, ou plus exactement un fanion de chas- seurs à pied. Devant ce drapeau, G... me tint le langage suivant : « Je ne vous demande pas votre signature, mais je vous demande de prêter ser- ment de fidélité au drapeau français », ajoutant que je devais me considérer comme faisant partie de son organisation. Il m'a prévenu que j'aurais des chefs comme dans l'armée et que je leur devrais les mêmes obligations. »

« La méthode de recrutement, explique Deloncle (2) était analogue à celle des anciens Illuminés : soin extrême dans le choix des recrues, désignation de parrains notables qui viennent donner confiance à l'apprenti mi- litant.

« Avec ces militants, un quasi-contrat est signé : en échange de leur fidélité et de leur zèle, ils reçoivent une garantie de protection.

Les traîtres seront impitoyablement punis.

C'est en somme l'esprit et l'appareil, mais dans le secret, d'une armée en campagne. » Les mots de passe, bien entendu, sont multi- ples et quotidiens : Paris... Patrie ! Jean... Bart ! Jemmapes... Victoire !

(1) Idem.

(2) Interwiew d'Eugène Deloncle, publiée à Paris le 25 sep- tembre 1941, par l'hebdomadaire la Gerbe.

(48)

Des Mémoires de Poincaré aux signes du zodiaque.

Le C.S.A.R. possède ses codes et ses chiffres, établis suivant une méthode de cryptographie fort classique. Le code indique, par exemple : 17 - 3 - 8. Les trois chiffres signifient : dix-septième page, troisième ligne, huitième lettre. Cette lettre indique le début de l'alphabet (1).

Pour les signes de reconnaissance (exemple : Quelle heure est-il ? — Toujours la même), le poly- technicien Deloncle, dont le souci de la minutie

(1) Il ne reste donc plus qu'à trouver l'ouvrage de référence.

En définitive, les enquêteurs mirent la main sur les livres ayant servi à établir les deux codes de la Cagoule : un tome des Mé- moires de Raymond POINCARÉ, l'Histoire de France de Jacques BAINVILLE et Reading in money and banking, par Chester Arthur PHILIPS.

L'imprudence d'un dirigeant cagoulard permit à la police de saisir des codes et une liste très partielle de membres du Co- mité secret (voir chapitre précédent). Ce cagoulard fut condamné à mort par le Tribunal suprême de la Cagoule : il n'avait pas respecté une consigne rigoureuse, à savoir qu'il était interdit à un affilié de détenir le moindre papier écrit. L'intéressé prit des précautions pour se mettre à l'abri des représailles du C.S.A.R.

et, entre-temps, l'appareil de l'organisation fut démantelé.

Mais, sous l'occupation ledit cagoulard, dès les premiers atten- tats contre des militaires allemands, fut comme par hasard, pris immédiatement comme otage et fusillé au mont Valérien

— tragique ironie — avec des « terroristes », qualifiés unifor- mément de communistes.

A cette époque, un important groupe de cagoulards parisiens avait adhéré à des associations « collaborationnistes » ou s'é- taient mis au service de la Gestapo — alors que quelques autres avaient choisi la France Libre et la Résistance.

(49)

est stupéfiant, a prévu, à l'intention des cadres su- périeurs, un système complexe, basé sur les signes du zodiaque, décalés de trois mois.

Un plan de mobilisation des troupes du C.S.A.R.

est établi, à l'aide de militaires d'activé ou de ré- serve.

Exemple parmi d'autres : grand-officier de la Légion d'honneur, le général de division en retraite Lavigne-Delville a connu Eugène Deloncle pen- dant la guerre de 1914-1918, au cours de laquelle le futur chef cagoulard fut blessé, deux fois cité, décoré de la croix de la Légion d'honneur. Le gé- néral Lavigne-Delville était alors chef d'état-major du général Grossetti, oncle d'Eugène Deloncle.

Depuis cette date, Lavigne-Delville et Deloncle ont conservé des relations amicales.

« Vers 1937 ou 1938, expose le général Lavigne-Delville (1), j'ai appris par Eugène Deloncle qu'il entreprenait une certaine action politique, notamment contre le communisme et pour la défense nationale, le communisme travaillant à cette époque contre cette dé- fense nationale. J'étais alors à la retraite depuis le 13 mai 1928 et je le voyais soit chez moi, où il est venu deux ou trois fois, ou chez lui, dans le XVI arrondissement.

« Je n'ai jamais fait partie du C.S.A.R., (1) Procès-verbal de déposition n° 14614/1 en date du 14 avril 1945. Procédure ouverte après la Libération.

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Deloncle ne me l'a d'ailleurs jamais demandé.

Je me jugeais trop âgé pour y tenir un rôle actif. Mon activité dans ce groupement a consisté à faire des études tactiques concernant l'action concomitante des forces supplétives, c'est-à-dire du C.S.A.R., avec celles de l'armée.

« A cet effet, j'ai établi un projet sous forme de thème tactique, tel qu'on en fai- sait à l'École de guerre, concernant la reprise de certains points, occupés dans Paris par les communistes, par des troupes de l'ordre, aidées du C.S.A.R., et venant par exemple de la région Ouest. Cette étude, je l'ai remise à Deloncle. Je tiens à préciser que mon étude était purement théorique, ignorant les forces dont disposait ce dernier et ne pouvant faire que des hypothèses en ce qui concer- nait les points coupés.

« Deloncle m'a dit — mais je ne l'ai pas vérifié — qu'il avait fait part de ses projets anticommunistes et défense nationale, à certains officiers d'état-major, dont il ne m'a jamais cité les noms. J'ai fait ultérieurement un rapprochement avec l'activité du comman- dant Loustaunau-Lacau qui appartenait à l'état-major du maréchal Pétain, et qui rassemblait déjà à ce moment-là, je suppose, une documentation sur l'activité commu- niste. Il semble que cette activité ait outre-

(51)

passé les désirs du maréchal Pétain puisqu'il s'est séparé de lui en le nommant chef d'un bataillon de chasseurs dans le Midi.

« Tous les renseignements que j'ai pu recueillir sur le communisme et qui me paraissaient intéresser la défense nationale, je les communiquais au 2 Bureau du gouver- nement militaire de Paris (...) Dans mon esprit, c'était pour qu'il les communiquât à Deloncle s'il le jugeait utile ; les personnes interposées, auxquelles j'ai fait allusion dans ma déposition du 16 décembre 1938, devant M. Bourguignon, juge d'instruction, étaient les officiers du 2 Bureau.

« A part Eugène Deloncle, je n'ai pas connu les autres dirigeants du C.S.A.R. »

Le commissaire de police interroge le général Lavigne-Delville :

« Est-il exact que les membres du C.S.A.R.

avaient pour chef le maréchal Pétain, ainsi qu'il a été notamment précisé par le général Roatta, au cours d'une procédure suivie contre lui en Italie ? »

Réponse : « J'ai très bien connu le maréchal Pétain, depuis cinquante ans. Nous étions ensemble, lui capitaine et moi lieutenant à Vincennes.

« Je n'ai jamais appartenu à aucun de ses états-majors, mais j'ai toujours conservé d'excellentes relations avec lui. A mon avis,

(52)

il est invraisemblable que le maréchal Pétain ait accepté d'être le chef du C.S.A.R.

« Au cours de nos entretiens, Deloncle n'a jamais prononcé le nom de Pétain, ni aucun autre d'ailleurs. »

Question : « Quels étaient les buts de l'armée secrète dont vous connaissiez les modalités d'organisation, si l'on en croit les termes de vos dépositions et confrontations avec Deloncle Eugène, au cours de l'instruc- tion suivie contre ce dernier ? »

Réponse : « Le but de cette armée secrète que j'appellerai, moi, forces supplétives, était de remettre de l'ordre dans le pays et d'avoir une France indépendante de toute ingérence étrangère, aussi bien économique que poli- tique. Eugène Deloncle avait évidemment des ambitions personnelles, mais il ne m'en a jamais fait part.

« Mon impression est qu'Eugène Deloncle avait l'ambition de prendre le pouvoir, légalement ou non, et de l'exercer lui-même, dans l'intérêt de la France. »

« Marie ».

Qui est donc ce mystérieux Deloncle — « Marie » dans le code du C.S.A.R. — auteur d'un plan dont la conception relève de la technique d'un

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J.R. Tournoux n'a pas son pareil pour nous révéler, avec une sûreté d'information et un brio d'écriture confondants, tous les dessous essentiels à partir desquels l'histoire officielle se cristallise.

Avec l'Histoire secrète" c'est le secret de ceux qui se voulaient, par définition, les plus secrets d'entre tous, qu'il nous dévoile : ces mouvements clandestins d'extrême droite qui allaient réapparaître avec l'O.A.S. et la guerre d'Algérie, mais qui s'organisent déjà, en 1936, avec la Cagoule. Le Maréchal Franchet d'Esperey, Deloncle, Loustaunau Lacau, Darnand, Laval, Darlan sont les principaux héros, de cette histoire parallèle, passionnante comme un roman noir et sans laquelle la vérité de notre époque ne saurait s'établir.

(54)

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