HAL Id: jpa-00242594
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radioactifs
F. Butavand
To cite this version:
F. Butavand. Essai sur le mécanisme de la désagrégation des corps radioactifs. Radium (Paris), 1913,
10 (2), pp.75-80. �10.1051/radium:0191300100207501�. �jpa-00242594�
de l’émanation du thorium, on peut considérer le nombre 9,5 ions comme représentant assez bien, d’après les données numériques sur lesquelles est
basé le calcul, l’effet total du rayonnement des éma-
nations contenues dans l’air a quelque distance du
sol.
L’ensemble de toutes ces actions résultant directe- ment ou non des matériaux radioactifs du sol repré-
sente donc une production moyenne de 8 à 9 ions par
cmc. et par seconde dans les couches inférieures de l’atmosphère. Cela seul parait très suffisant pour rendre compte de l’ionisation générale de ces couches,
autant du moins qu’on peut l’apprécier.
21.
-Si l’on ne tenait compte que de la recom-
binaison, une production de 8,5 ions par cmc. et par seconde correspondrait à un nombre d’ions égal à
2500 environ par cmc. pour l’état d’équilibre d’ioni-
sation de la masse gazeuse. Ce nombre est certai- nement beaucoup trop fort. Le nombre moyen des
petits ions dans l’air des couches basses est vraisem- blablement inférieur à 1000, valseur autour de la-
quelle oscillent les déterminations faites avec l’appa-
reil d’Ebert, qui ne peut donner que des résultats trop élevés. Or, pour avoir ces 1000 ions dans l’état
d’équilibre, il suffiraitd’une production de 1,5 ions.
Mais, en réalité, les nombres ainsi calculés peu- vent être très éloignés des valeurs réelles. L’air ren-
ferme des poussières et de r eau en sapeur uu con-
densée, et les effets de la diffusion des ions vers ces
particules neutres, effets qui donnent naissance aux
gros ions, ont une influencc probablement beaucoup plus grande que la seule recombinaison des ions de
signes contraires. Les nombres des petits ions corres- pondant à l’état d équilibre doivent donc être très inférieurs à ceux que nous avons calculés, et il n’ap- parait actuellement aucune discordance nécessaire entre les résultats auxquels nous avons été conduits pour la production des ions et l’état d ionisation de
l’atmosphère.
Nos connaissances sur cet état sont d’ailleurs fort incertaines. Nous avons signalé dans une étude pré-
cédente 1 queltl ues diver,ences considérables entre les résultats obtenus par des procédés de mesures diffé-
rents, divergences telles qu’elles feraient douter même de l’ordre de grandeur (100 ou 1000, par
exemple, pour le nombre des petits ions) de la quan- tité mesurée. Nous n’y reviendrons pas, mais notre conclusion est encore celle que nous avons alors for- mulée : il est urgent d’élucider d’une manière com-
plète, par des mesures systématiques avec des appa- reils dont les indications soient nettement définies, un point qui touche à une donnée fondamentale, indis- pensable à 1 étude électrique de l’atmosphère.
1. La ’condensalion de lcz vapeU1’ d’eau par détente (n° 18), Le nadiul1t 9 (1912), 85 et 1(il.
Essai sur le mécanisme de la désagrégation des corps radioactifs
Par F. BUTAVAND
I. L’atome et le système solaire.
La conception de l’atome selon M. J.-J. ’l’homson amène naturellement la comparaison de l’atome avec
le système solaire, bien clu’il y ait à prelnière vue des
difiérences notables. Ainsi, pour les planètes, l’attrac-
tion du centre est en raison inverse du carré de la distance; dans l’atome l’attraction des corpuscules
vers le centre de la sphère positive dans laquelle ils se
meuvent est en raison inBerse de la distance. Les cor-
puscules se repoussent entre eux, les planètes s’atti-
rent : les perturbations ont donc des causes opposées.
A part leurs satellites, les planètes sont isolées sur
leur trajectoire : au contraire, les corpuscules sont groupés en anneaux sur la même trajectoire, ou sur
des trajectoires voisines.
A côté de ces différences, il existerait des analogie
considérables. Comme le système solaire, l’atome a
un plan de l’écliptique, chaque anneau est doué de
précession; toutes les planèles, d’ailleurs, ne sont pas
isolées sur leur orbite, et le cas des astéroïdes rappelle
celui d’un anneau. Le fait qu’un astre très éloignée une
comète par exemple, peut quitter le système solaire rappelle l’émission des particules dans la désagréga-
tion des corps radioactifs, encore que les mécanisme des deux phénomènes soient très différents. Il n’est pas jusqu’au resserrement de l’anneau en voie de rup- ture
-hypothèse sur laquelle nous nous sommes
appmés pour arriver à la loi empirique de progression
du parcours ionisant des rayonnements x successifs 1
-
qui ne trouve dans le système solaire un fait le rappelant : on a l’exemple de l’accélération séculaire de la comète d’Eneke, dont l’orbite se resserre en
même temps que l’excentriciié diminue.
()n peut chercher, à raide d hypothèses plus ou
moins hasardées, à échafauder une théorie cosmogo-
nique mettant en évidence l’analogie entre le système
1. Le Radium, 9 1912) 203.
Article published online by EDP Sciences and available at http://dx.doi.org/10.1051/radium:0191300100207501
solaire et l’atome. Imaginons, par exemple, qu’à l’ori- gine, il n’y avait qu’un chaos de masses électriques positives et négatives, doué de mouvements locaux tourbillonnaires. Au sein des tourbillons, par un effet
en quelque sorte contraire à celui qui fait apparaître
des ions dans une masse gazeuse, la matière ahparut par place, formant des nodules qui résultaient de l’as- sociation élémentaire des masses positives et négatives
Lcs nodules augmentaicnt de dimension et conden-
saicnt autour d’eux des masses nébatives; ils se repous- saient, et comme l’ensemble extérieur aux nodules
s’appauvrissait en masscs négatives, l’attraction cen-
trale due aux masses positives se faisait sentir sur eux. Ils tendaient donc à se grouper en anneaux pour
prendre leur position d’équilibre; à ce moment au
droit de chaque tourbillon le système cosmique avait
la structure de l’atome. Mais la « désionisation » con- tinuait son oeuvre. Peu à peu les masses électriques séparées diminuaient; la répulsion électrique entre corpuscules faisait place a l’attraction d’origine muté- rielle, ce qui ne modihait pas sensiblement les an- neaux en équilibre par l’effet de l’attraction du centre
et de la vitesse acquise. D’ailleurs, à mesure que les
masses positives se resserraient vers le centre, les
anneaux émergeaient successivement du noyau; la libération de l’anneau plus ou moins excentré et l’at- traction entre corpuscules succédant à la répulsion,
amenaient en général la condensation progressive de
tous les éléments de l’anneau en une masse isolée sur
la trajectoire : la planète apparaissait et le système
solaire était constitué dans ses proportions et éléments
essentiels.
Nous n’insisterons pas sur la conception qui précède
et qui est fort imparfaite. Au surplus ce n’est pas d’aujourd’hui que l’on cherche à montrer que le très
grand et le très petit, le système solaire et l’atomc,
sont bâtis sur le même modèle.
II. Les distances planétaires et les proportions
de l’atome.
Admettons donc que la disposition des anneaux dans
l’atome se présente comme celle des orbites succes-
sivcs des planètes. Nous avons montré à propos du
resserrement du dernier anneau l’intérêt que présente
la question de la dimension des anneaux.
La considération des distances des planètes au Soleil
a donc de l’importance, et, à ce sujet, en dehors de
la loi de Bode bien connue, nous mentionnerons les faits suivants :
1° En gros le rapport des distances au soleil de deux planètes consécutives est environ 5/2, sauf entre
Mars et Uranus oû il est voisin de 2.
2° n étant le rang d’une planète et d sa distance
n4
au Soleil, la quantité n d tend vers une constante égale
à 22, l, par oscillations rapidement amorties en anl- plitude comme en élongation, ainsi clu’il résulte du
tableau suivant :
En faisant - L = 22.1 on obtiendrait pour les d
=
planètes placées au delà de Neptune les distances sui- vantes :
Ces résultats, pour les 10e et il planètes, coïnci-
dent avec ceux indiqués par MM. Pickering et Lau.
Ils vérifient à peu près la valeur du rapport 3/2.
Ceci posé, considérons l’atome de Radium. Nous
avons admis que son dernier anneau possède 56 cor- puscules, puisqu’il donne naissance li 5 rayonnements x
et 6 rayonnements B. C’est là une hypothèse purement gratuite, car rien ne dit par exemple qu’à chaque rayonnement B il y a seulement un corpuscule émis ;
entre toutes les hypothèses possibles, nous prenons la
plus simple, et, vraie ou fausse, elle nous a conduits à
une loi approchée. D’autre part, le Radium figurant à
la douzième rangée des éléments dans le tahleau de
Mendeleeff, on doit admettre qu’il possède douze
anneaux : nous représenterons dès lors par 94 le rayon du dernier de ces anneaux. Les rayons des
anneaux stables inférieurs seront, par analogie avec
les distances planétaires: 66, A5, 50, 19, 10,5.... 0,4.
Après la première émission (un x et un B) le der-
94 X 29
75.Après nier anneau a serré au rayon 36 Après
23
la deuxième (un x) il est au rayon 94 X = 60;
après la troisième (un OL) : (un x): 94 X 94 X 16 36 = 42; :lprès p la
quatrième (un B, 9 un 7- et un B) : 94 X 9/36 = 2 i ;
mais à ce moment le resserrement proportionnel ne s’applique plus à cause des anneaux stables qui s’opposent au mouvement. En somme, on voit que les rayonnements 4 successifs se produiraient :
1- Sur l’anneau primitif extérieur;
2° Entre celui-ci et l’anneau stable inférieur;
5° Un peu au-dessous de’ celui-ci ;
i,, Au voisinage du deuxième anneau stable int’é- rieur.
Quant au dernier rayonnement il n’a plus lieu dans
les mêmes conditions. On remarque que les transfor- mations qui s’opèrent au voisinage des anneaux
stables s’accompagnent ou sont suivies immédiate- ment du rayonnement B. L’émanation qui correspond
au rayon 75 entre les deux premiers anneaux stables
est en effet le seul produit qui ne soit pas dans ces conditions : il émet seulement des rayons u non suivies de rayons B.
Le corpuscule isolé constituant un rayon B peut quitter directement l’anneau errant avec une vitesse
proportionnée à la vitesse de celui-ci; dans ce cas
on a un rayon lent, désigné parfois sgus le nom de
rayon g. Le plus souvent l’anneau errant forme un groupement satellitaire à un anneau qui se résout en
un oc et un ou plusieurs B ; les corpuscules isolés ont
alors une vitesse proportionnée u la vitesse qu*ils
avaient dans ce groupement. Or, celui-ci, dans ses dimensions, est de l’ordre de grandeur de l’anneau central du Radium , dont la vitesse linéaire est
plus grande que celle du dernier
v94/0,4 = 15 fois
anneau. On en conclut que les rayons 8 ordinaires
sont environ 15 fois plus rapides que les rayons « du Hadiuln. Ce résultat n’est pas contredit par l’expé-
rience puisque, pour les rayons B, la vitesse est environ 1,6 X ’lOLO, et que, pour les rayons u, elle
est comprise entre 109 et 2 X 109.
111. L’atome solénoïde.
La nature des corpuscules permet la considération d’un effet que n’offre pas, ou que n’offre plus, le sys- tème solaire. Une masse électrique en mouvement
constitue un courant. Chaque anneau se comporte
donc comme une spire de solénoïde et l’atome est en
somme une sorte de solénoïde dont les spires sont
dans un même plan, ou à peu près. Une quantité importante à considérer dans une spire de solénoïde est l’énergie qui s’y dépense. Cherchons donc l’énergie correspondant à un tour d’un anneau. Soit d le
rayon de celui-ci, Y le nombre de ses corpuscules,
v leur vitesse linéaire de révolution. L’intensité i du courant produit est telle que il = N r, 1 étant la lon- gueur du parcours considéré, 2 77 cl. Comme v est pro
portionnelle à d--i 2 ou a : i = k N d-3/2 d’autre part
la durée de révolution est t = k’ d3/2, k et k’ étant des constantes. Quant à la résistance de l’anneau elle est
n = Il’’ 2.7: d ; nous admettrons que Il a la même va- leur pour les différents anneaux. L’énergie dépensée a
pour expression Q = 1. i2 1 c est-a- 1re: ll = x N2/d1
Ur les calculs effectués par M. J.-J. Thomson et les tableaux qui en résultent montrent que le nombre des
corpuscules par anneau est sensiblement proportionnel -
au rang n de l’anneau, sauf pour les premiers
anneaux, et en tenant compte de la nécessité où sont les deux quantités-nombre des corpuscules et rang- d’être exprimées par des nombres entiers. C’est ainsi
qu’un système de 6 anneaux en équilibre est par
exemple constitué comme suit : 1, 7,11, lo, 18, .9. 1 24.
On est donc conduit à admettre que l’énergie Q dépensée dans une révolution de l’anneau de ranv n
est proportionnelle à n2/d1/2
Mais nous avons vu que dans le système solaire
n2
cette quantité d1/2 tend vers une constante. Nous arri-
vons par suite à cette conclusion : l’énergie dépensée
dans chaque anneau et par révolution tend vers une constante à mesure que l’on considère des anneaux de
plus en plus éloignés du centre.
IV. Les poids atomiques déduits du systéme solaire.
Quand on examine le tableau des éléments on cons- tate que, dans une méme famille, la différence des
poids atomiques entre deux corps consécutifs, d’abord faible, augmente jusque vers 25 pour diminuer ensuite et paraître se fixer sur une valeur moyenne d’environ 22. On est porté a rapprocher cette varia-
tion de celle de la quantité n4/d, ou mieux, de- l’énergie
A n2/d1/2, dont la variation, chose singulière et bien digne
de remarque, est tout à fait analogue à celle des différences premières atomiques.
Nous avons forné un tableau contenant la série des valeurs successives de n2
d1/2 relatives aux planètes, puis
n cus en avons déduit les sommes constituant la série primitive de la précédente. Les nombres obte- nus, rnultipliés par un facteur constant, 19/4, repré-
sentent avec une approximation eurieulce les poids atomiques des corps d’une même famille, celle du Glucinium dans laquelle on a classé le Radium, à tort
ou à raison.
L’analogie indique qu’a la planète Mercure doit
COI respondre un élément homologue inférieur du Glu- cinium. Le calcul des groupements de corpuscules
montre en effet qu’il peut exister une rangée d’atomes simples, sans élément central, avant la première ran- gée du tableau des éléments ; cette rangée, il est vrai,
serait incomplète 1. Les corps très lourds et notam- ment les corps radioactifs correspondent aux planètes transneptunienncs.
Dans l’ensemble on remarquera surtout que le sys- tème solaire correspond à la famille du glucinium. En
résupné, on peut dire que lc poids atomique d’un
corps a même mesure que la somme de l’énergie dépensée dans une révolution de chacun de ses anneaux. Nous considérerons cette loi comme empi- rique et approxirnative, et nous ne chercherons pas autrement à en préciser la signification ni la portée tliénriqup, a supposer qu’elle en soit capables.
V. Les poids atomiques des produits successifs;
La digravation.
La loi des combinaisons chinliques donnerait
pour poids atomique de l’émanation le nombre 222,5 correspondant à Ra==226,5 diminué de
He = 4. Voyons la question de plus près puisque
nous avons une expression du poids atomique. Le
dernier terme de cette expression a une valeur com- prise entre 20 et 26; nous prendrons 22 qui est la
différence entre le bismuth 210 et le tantale 188, ct la moyenne à trois intervalles : du baryum, 157, au
mercure, 200; du cérium, 157, au thallium, 204;
du lanthane, 159, au plomb, 207. Ce terme cor- respond à un anneau de 56 corpuscules :
Après la première émission (un x et un B) N et d
sont réduits dans le rapport de -)6 a 56-7 = 29. Le
terme final devient :
d’ou une réduction de 6 environ et non de 1.
Le poids atomique de l’émanation doit donc être
226,5-5 = 220,5; il y a en somme une dégravation
1. Pour les résultats g-énél’3.ux de l’atomisiiqtm auxquels
nous faisons appel, nous renvoyons à l’ ouvrage ( La Hactioac-
imité de MM. Batelli, Occhiatmi et Chella.
ou perte de poids de 1 °jo environ dans le premier
stade de la désagrégation. Les mesures du poids ato- mique de l’émanation effectuées jusqu’à ce jour ont
très généralement paru corroborer ce fait de la dégra-
vation, et les écarts relevés correspondent, autant qu’on en puisse juger, n l’ordre de grandeur de la déperdition calculée ci-dessus.
Au second rayonnement la période 22 est ramenée
à 22 X (23/56)5/2 = 11 environ.
La seconde émission donne donc lieu à une perte
de poids encore (5 au lieu de 4).
La troisième émission réduirait la période à
22 X (16/36)3/2 = 7 ; elle ne correspond p pas à 13 une dé-
perdition sensible.
Le 111êmc raisonnement permet de justifier la dilfé-
rence entre les poids atomiques du radium (22Ü,5)
et de l’uranium (258,5). On a essayé de l’expliquer
en admettant trois émissions d’héliun1 (3 X 4, = 12),
mais il n’y a que deux rayonnements (x de l’uranium
au radium.
Le Radium dérive de l’Uranium, qui lui-même sans
doute dérive d’un corps primordial qui n’existe peut-
être plus sur notre globe et qui, autour de onze
anneaux normaux et stables, présentait un anneau
extérieur. Cet anneau, par resserrement proportion-
nel, donne l’anneau de 49 corpuscules de l’Uranium
et celui de 56 du Radium.
Si l’on prend comme base l’homologue inférieur
du radium on voit que sa distance au poids atomique
de l’uranium sera :
On en conclut que la différence entre les poids ato- miques de l’Uranium et du Radium est 54
-23 = 12,
ce qui est conforme aux mesures effectuées.
L’identification du produit ultime du radiuln, dérive immédiatement du polonium, n’a pas encore pu ètre faite; d’après la place donnée au radium dans le tableau des éléments ce corps devrait être le mercure ;
d’après des indices qui constituent des présomptions
sérieuses ce serait le plomb; d’après la période chi- mique fixée à 22, ce serait le tllallium (204) qui est placé entre les deux précédents. Peut-être le résidu
en question n’est-il ni l’un ni l’autre de ces corps, et faut-il le chercher parmi les homologues iniérieurs de l’uranium en l’identifiant par exemple avec un voisin
du platine, du poids atomique de 193 environ.
Il. La vie moyenne des produits successifs.
La durée des transformations correspondant aux
émissions x est extrêmement variable d’un produit à
l’autre : la vie moyenne varie de 2o00 ans pour le
radium à i minutes pour le Radium A, et il parait
bien difficile à priori d’assigner une loi à des résul-
tats aussi disparates.
On est porté à penser qu un anneau met d autant plus de temps à éliminer un u qu’il est plus lourd,
c’est-à-dire qu’il a plus de corpuscules. Dans l’impos-
sibilité où nous nous trouvons, même avec des hypo-
thèses hardies, de trouver une relation par une voie
rationnelle, nous avions fait appel à une formule générale dite « adiabatique » dont nous avons exposé
récemment l’emploi dans la représentation des phé-
nomènes ou des séries de faits et nous avions posé,
A étant la constante de temps et N le nombre des
corpuscules de l’anneau :
x Nm=K
rra devant être une constante absolue et h une con,,- tante relative â chaque famille. Nous en étions restés là lorsque nous avons appris 2 que MM. Geiger et Nut-
tall étaient arrivés à la formule :
log x = x + B log r
i- étant le parcours ionisant. Si l’on tient compte de
cc que N et i, sont en somme des quantités inverses
en vertu de la loi des parcours, on voit qu’il y a con- cordance avec la formule générale indiquée ci-dessus.
Nous n’insisterons donc pas sur cette question.
VII. Le mécanisme de la désagrégation
du radium.
En résume, si on laissc de côté la question de l’origine du radium à partir de l’uranium et si l’on admet que l’atome de radium est constitué par douze
anneaux avec des rayons proportionnels aux distances planétaires, on peut schématiser comme suit le phéno-
mène de la désagrégation :
ler stade : le dernier anneau, a 36 corpuscules, en
déficit de vitesse, émet un x et un B et serre au
rayon 94 X 29/36 = 75.
2e stade : l’anneau resserré à 29 corpuscules émet
un u et tend à serrer au rayon 94 X 23/36 = 60. (éma- nation.)
Je slade : en route, l’anneau réduit à 25 corpus- cules rencontre l’anneau inférieur stable (rayoii 66),
d’où choc, élission d’un u, et peu après d’un ranon
B lent (ftadiums A et P).
4e stade : l’anneau réduit à 1. H corpuscules tend ii
serrer au rayon 94/36 X 16 = 42; il l’encontre un peu
avant d’v arriver, au rayon 45, précisément le se-
cond anneau inférieur stable, d’oil choc et production
d’un x, d’un B et de rayons Y. La collision a rompu 1. L’Enseignement mathématique : Le, Reactrices. Etude de
géométrie physique. avril 1912.
2. Le Radium. 9 1912 203.
l’anneau de 16 corpuscules en deux de 7 et 9). Celui
de 7 a donné aussitôt un x et un B, et il reste un
salellite à 9 corpuscules qui gravite entre les deux
derniers anneaux stables (Radium G) . Ce groupement
constitue un atome qui est repoussé par les anneaux
inférieurs; il perd rapidement un B (radium C),
comme suite du choc, et il s’éloigne, réduit à 8 cor-
puscules, vers le premier anneau stable.
5e stade : après une pérégrination fort longue, il
atteint enfin celui-ci et, perdant successivement par le choc, un B (radium D), un B encore (radium E),
il est réduit à un « qui s’élimine finalement (radium F). Le dernier anneau a vécu. Le résidu est l’homo- logue inférieur du radium.
Tel est en raccourci le drame en cinq actes qui se joue dans l’atome de radium; c’est l’histoire du der- nier anneau, qui, en déficit d’énergie, s’appauvrit,
et se rapproche du centre qui lui rcndrait la stabi- lité ; mais dans ce mouvement il se brise sur les
anneaux stables qui finissent par l’éliminer morceau
par morceau, rayon par rayon.
Lorsque nous avons formulé la loi des parcours ionisants nous avons trouvé à la vérification un léger
écart (5 0/0 env.) pour le radium A. Nous suppo- sions que les émissions « avaient lieu aux rayons 60
et 42 (radiums A et C). Si nous admettons qu’elles
sc produisent sur les anneaux stables dont les rayon 66 et 45 diffèrent un peu des précédents, l’écart dis-
paraît entra les deux produits. En effet : 4,4 X 66
= 6,4 X 45 à 0,5 0/0 près .
On a vu que le radium D contient un groupement satellitaire à 8 corpuscules au moins. Il n’est pas
impossible que cet édifice de 8 corpuscules ou davan- tage corresponde à l’atome de carbone, c est a-dire a l’élément central de l’atome du plomb qui appartient
à la même famille. Le radium D a d’autre part pour
poids atomique probable. :
226,5-6-5-4-4 (?) = 207,5 c’est-à-dire à très peu près celui du plomb. On ne doit donc pas être surpris de le voir présenter quelques-uns des
caractères de ce métal. Allons plus loin, et concevons
que, sous l’influence de causes extérieures, et par un
mécanisme qui nous échappe, cet atome inclus de carbone puisse franchir le deruier anncju sans £c
rumprc, et la production du carbone pur un curps
radioactif, qui parait avoir été constatée dans le cas
du thorium en présence du radium, n’est plus de
nature à nous surprendre.
hlll. Conclusion.
Les considérations qui précèdent ne sauraient con-
stituer une image exacte de ce qui se passe dans
l’atome en désagrégation. Il semble d’après les belles
théories de M. Lorent/ que l’alollle soit plus compli-
que, et beaucoup plus riche en corpuscules que noua
ne l’avons admis, ce qui ne constituerait pas une diffi- culté insurmontable si l’on sacrifiait l’unité du cor-
puscule comme on a sacrifié celle de l’atome. Bien
qu’ils soient empiriques, approximatifs et peut-être
totalement artificiels des faits comme la loi des par-
cours ionisants et la correspondance atomico-planëtaire
sont bons à retenir. Quant à la dégravation, elle ne
saurait causer de surprise ni mettre en échec le prin- cipe dit de la conservation de la matière, pour la véri- fication duquel la balance a suffi longtemps : le poids atomique peut changer, mais le nombre des corpus- cules ne varie pas au total. Le poids atomique est une
fonction des dimensions de l’atome et de sa structure,
c’est-à-dire, en définitive, du nombre des corpuscules.
Il y aurait conservation du poids si cette fonction était
additive, c’est-à-dire si, pour toutes les valeurs de x et de y exprimées en nomhres entiers, on avait :
Mais il n’y a aucune raison a priori pour penser que le poids atomique est exprimé par une fonction ayant
une propriété aussi spéciale. On doit donc envisager
la dégradation comme un fait normal; cc serait au
contraire l’invariabilité du poids qui serait anormale.
Quoi qu’il en soit, en résumé, nous avons surtout
cherché, dans l’exposé qui précède, à donner un
moyen mécanique de se représenter l’enchaînement des
phénomènes divers qui se passent dans l’atome radio- actif et plus particulièrement dans l’atome de radium.
[Manuscrit reçu le 15 Août 1912.]
REVUE DES LIVRES
Optique physique, par Wood (R. W.), ouvrage traduit
de l’anglais d’après la 21 édition par H. Vigneron et
H. Labrouste, t. 1, Optique ondulatoire [1 vol., Gauthier- Villars, Paris 1915].
Nous avons le grand plaisir d’annoncer à nos lecteurs
l’apparition du premier tome de l’0ptique de Wood. L’im- portant ouvrage du physicien américain était jusqu’ici
resté peu connu du public savant français. D’un aspect typographique un peu compact et d’une langue un peu dif-
ficile, l’ouvrage original de Wood pouvait paraitre rebu-
tant à sa première lecture. Cette impression se dissipait
d’ailleurs rapidement pour le lecteur qui savait s’attacher
au contenu plutôt qu’à la forme de l’ouvrage. Il n’en faut pas moins féliciter très vivement MM. Vigneron et Labrouste
d’avoir entrepris de nous donner une traduction complète
et fidèle d’un livre aussi fondamental. Disons tout de suite que cette traduction se présente avec toutes les garanties
de compétence et d’exactitude. Les auteurs ont eu unique-
ment en vue de rendre aussi consciencieusement que pos- sible la pensée de l’illustre physicien, et nous pouvons dire
qu’ils ont réussi pleinement. Grâce à leur heureuse initia- tive de diviser le livre en deux tomes (optique onclula-
toire et théories modernes de l’optique), l’ouvr¿1ge de 1"ood est devenu plus maniable; la division des chapitres, la répartition des figures, le choix des caractères ont été faits de façon a donner toute satisfaction au lecteur français ;
un grand nombre d’additions dues à Wood lui-même ont été incorpol ées au teîte primitif avec beaucoup d’habileté.
Le trait caractéristique de l’Optique de Wood est qu’elle
réunit à un haut degré le souci des résultats expérimen-
taux et la préoccupation des idées théoriques. Au point de
vue théorique, c’est la théorie électrornagnétique, dans ce qu’elle a de plus nouveau et de plus hardi, qui sert cons-
tamment de guide à l’auteur; les perfectionnements de
calcul apportés par des travaux récents à l’Optique de Fres-
nel lui sont connus dans tous leurs détails et utilisés avec
sagacité (franges d’interférences, diffraction éloignée,
théorie du microscope, etc.). A M’ai dire, ces développe-
ments théoriques ne sont pas ce qu’il y a de plus original
dans Wood. On y reconnaît l’influence constante et souvent les notations mêmes de Verdet, de Drude, de lord Rayleigh,
et d’autres grands théoriciens. L’auteur ne cache pas ses
préférences pour la partie purement expérimentale, et il
met souvent une sorte de coquetterie à retrouver sans
calcul, par des considérations élémentaires, ce que l’optique physique demande en général à une analyse fort compli- quée (théorie des réseaux, interféromètres). C’est là peut-
être un trait de caractère propre à l’esprit américain.
C’est en tous les cas une tendance très intéressante, et dont le lecteur sera le plus souvent satisfait.
L’intérêt véritable de l’Optique de Wood réside à notre avis dans ce fait qu’on y trouve réunis et résumés tous les travaux de Vood lui-même. On sait quelle abondance de
matériaux nouveaux, de découvertes ingénieuses ou pro- fondes on doit à cet illustre savant. Ses travaux sur les ondes sonores, sur la réflexion cristalline, sur la dispersion
anormale, sur la réflexion sélective, sur les réseaux de
diffraction, enfin l’ensemble vraiment admirable de ses
recherches sur l’absorption, la fluorescence et la résonance forment une partie considérable de l’optique moderne. Ce livre contient de plus une foule d’indications expérimen-
tales tout à fait suggestives sur des questions qui passent trop souvent pour être des â-cûté de la physique et qu’on
sera heureux de voir traitées avec détail (couleurs des corps,
mirages, scintillations, opalescences, surfaces rugueuses, dichroïsll1c, éclat nacré, optique des milieux troubles, etc.
etc.). Nous en avons dit assez pour montrer qu’on trouve
ici beaucoup plus et beaucoup mieux qu’un ouvrage de
vulgarisation. Nous espérons pouvoir annoncer bientôt l’apparition du tome II de l’ouvrage, qui nous semble
encore plus intéressant, plus suggestif et plus personnel
que celui dont nous veinons de faire l’éloge.
L. Bloch.
L. Bloch.
ERRATA.
ERRATA. - Dans la préface des tables des constantes
radioactives, p. 1, col. 2, ligne 26, au lieu de vm/g lire:
vm/û.
-Dans Fanasse du mémoire de Barkia (t Collier, p. 28, col. 2, ligne 18, au lieu de : le rapport XxR : RxAl
est tel..., lire : le rapport XxR : RaR est une fonction du
rapport XxAl : RxAl telle....
-Ligne 27 et suivantes : au
lieu de 5 lire partout p.
-Ligne 40, au lieu de : une
série de rayonnements, lire : une autre série de rayon-
nement.
y