FACULTÉ
DEMÉDECINE
ET DEPHARMACIE
DEBORDEAUX
ANNÉE 1898-1899 1W* 21
DE L'INTRODUCTION
DE
II
DANS L'ORGANISME
PAR LA VOIE PULMONAIRE
THÈSE POUR LE DOCTORAT EN MÉDECI
présentée et soutenue
publiquement
le 2 Décembre 1898Marie
-Joseph-Antoine
-Georges MOUILLAG
Né à Lignan
(Gironde),
le 18 Avril 187 4 Élève duService de Santé de la Marine/ MM. ARNOZAN professeur— Présidait.
, , , mi. \ MOUSSOUS
professeur—]
Examinateurs de laThèse :
SIGALAS agrégé Jw-
(
AUCHÉ agrégé )Le Candidat répondra aux questions qui lui seront faites sur les diverses parties de l'Enseignement médical.
BORDEAUX
IMPRIMERIE
DU MIDI — PAUL CASSIGNOL91 — RUE PORTE-DIJKAUX — 91
1898
Faculté de Médecine et de Pharmacie de Bordeaux
M. DENABIAS,doyen — M.
PITRES, doyen honoraire.
PROFRSSEÏIHS MM. MIGE
AZAM DUPUY MOUSSOUS.
MM.
n,. . • , )
PICOT.
Clinique inteinc.....
j
DEMONS.
LANELONGUE.
Clinique externe Pathologie et théra¬
peutique
générales. VERGELY.
Thérapeutique
ARNOZAN.
Médecine opératoire.
MASSE.
Clinique d'accouche¬
ments LEFOUR.
Anatomie pathologi¬
que
COYNE.
Anatomie BOUCHARD.
Anatomie générale et
histologie
VIAULT.
Physiologie
JOLYET.
Hygiène
LAY'ET.
AGIta'lCi80S HA
section demédecine (Pcltholog
MM. CASSAET.
AUCHÉ.
SABRAZÈS.
Professeurshonoraires.
MM.
Médecinelégale MORAGHE.
Physique
BERGONIÉ.
Chimie BLAREZ.
Histoire naturelle ... GUILLAUD.
Pharmacie FIGUIER.
Matière médicale.... de NABIAS.
Médecine expérimen¬
tale
FERRÉ.
Clinique ophtalmolo¬
gique
BADAL.
Clinique desmaladies chirurgicalesdes en¬
fants P1ÉCHAUD.
Clinique gynécologique
BOURSIER.
Cliniquemédicale des
maladiesdesenfants A. MOUSSOUS, Chimiebiologique... DENIGES.
10X13 SiCICl13 :
te interneet Médecinelégale.) MM. Le DANTEC.
HOBBS.
section de chirurgie et accouchements (MM. BINAUD.
Pathologie
externe! BRAQUEHAYE ( CHAYANNAZ.
Accouchements.\MM. CHAMBRELENT FIEUX.
Anatomie..
section dessciences anatomique.s et iuiysioi.ogiques
JMM.
PRINCETEAU
|Physiologie MM. PAC1ION.
'CANNIEU. Histoirenaturelle BEILLE.
section dessciences physiques
Physique
MM. S1GALAS. | Pharmacie M. BARTHE.
4.! O !li BB$ C 013 S3 ILÉÏB80 \ TAS Clinique des maladiescutanées
et syphilitiques
Clinique des maladies des
voies urinaires
Maladies dularynx, des
oreilles
etdu
nez Maladies mentalesPathologie interne Pathologieexterne Accouchements Chimie
Physiologie Embryologie Pathologieoculaire
Conférence d'Hydrologie et
Minéralogie
LeSecrétairede la Faculté: LEMA1RE.
SOS :
MM. DUBREUILI1.
POUSSON.
MOURE.
RÉGIS.
RONDOT.
DENII CE, CHAMBIIELENT, DUPOUY.
PACHON.
CANNIEU.
LAGRANGE.
CARLES.
Pardélibération du 5 août 1879, la Facultéaarrêté que
les opinions émises dans les
Thèsesqui luisontprésentées doivent
être considérées
commepropres à leurs auteurs, et
qu'elle n'entend leur donnerniapprobation
ni improbation.
A MA FAMILLE
Témoignage de sincère affection.
A MON COUSIN MONSIEUR EDOUARD LA BRO USSE
Faible hommage de ma profonde reconnaissance pour sa vive et constanteaffection.
A tous ceux qui m'ont témoigné amitié ou estime
A mes excellents Camarades et Amis
LORO, A UDIAU ET MOULIN1ER
A MONSIEUR LE DOCTEUR S1GALAS
PROFESSEUR AGRÉGÉ A LA FACULTÉ DE MÉDECINE DE BORDEAUX OFFICIER D'ACADÉMIE
A mon Président de Thèse
MONSIEUR LE DOCTEUR ARNOZAN
PROFESSEUR DE THÉRAPEUTIQUE A LA FACULTÉ DE MÉDECINE
DE BORDEAUX
OFFICIER DE L'INSTRUCTION PUBLIQUE
Nous voulonsprofiter decetteoccasionqui nousest offerte par notre modeste travail inaugural pourremercierbien vivement tous ceux qui,
de prèsou de loin, sesontintéressés à nous et nous ont aidé de leurs conseils ou de leur amitié. Nous n'oublierons pas l'accueil plein de bienveillance et les excellentes leçons pratiques de nos chefs de service àl'hôpitalde Rochefort.Au début de notre carrière, ils nous ont aplani lesdifficultés, et, nous faisantaimernotre art, ils nousontrendu faciles les devoirsde l'étudiant. Merci aussi à tousceuxqui, depuisetpendant
notreséjour à Bordeaux, nous ont témoigné de l'indulgence ou de la bonté. Nous adressons un témoignage tout spécial de vive sympathie à
noscamarades d'école qui, pendant trois longues années, nous ont aidé parleur chaude etvivante amitié à supporter les ennuis inhérents à toute vie d'internat.
Nous devons une reconnaissancetouteparticulière à M. leprofesseur agrégé Sigalas. Reçu avec une rare bienveillance dans son
laboratoire,
nous avons pu apprécier en même temps quel'étendue de ses connais¬
sances le charmeprofond de son caractère. Sous sa direction, nous avons pu menerà bienquelques expériences ; qu'ilveuille bien accepter
nossincères remerciements pourl'aide généreuse qu'41nous aprêtée dans
cettecirconstance.
Enfin, M. le professeurArnozan nous fait le grand honneur de pré¬
sider notre thèse, que nous aurions voulu plus digne de lui ; nousle prionsde vouloirbien accepter l'assurancede notre vive gratitude.
INTRODUCTION
Notre but, en faisant ce travail, a été seulement d'attirer l'attention sur les avantages que, peut
présenter,
dans certainescirconstances,
l'introduction desagentsthérapeu¬
tiques dans l'organisme par la voie pulmonaire. De tout
temps, l'absorption
pulmonaire a été connue et appliquée, du moinsempiriquement.
Même auxépoques
les plus recu¬lées, on a eu recours aux fumigations et aux inhalations de vapeurs ou d'essences
volatiles,
de parfums. Cette médica¬tion pulmonaire a conservé son caractère primitif pendant tout lemoyen-âge et la période qui s'étend
jusqu'au
commen¬cement de cesiècle.
Ace moment, Mascagni
érige
enprincipe
que les lésions pulmonaires ne peuventêtre mieux guéries que par applica¬tion directe d'un
topique
à leur surface. Alors on se livre à une véritable débauche defumigations
et d'inhalations de.toutes sortes. C'est Martin Solon qui recommande les inha¬
lations chloruréeset
iodées;
Magistrel lesnarcotiquesportés par la vapeurdans les bronches :Piorry, Chartroule,
Sales, Girons, qui, tour à tour, recommandent l'iode, le goudron, les émanations résineuses.Et
depuis,
inhalateurs etsubstances inhalées se sont mul¬tipliés,
l'oxygène,
l'ozone, lesessences volatiles : eucalyptol, menthol, créosote, gaïacoh les acides eux-mêmes :phénique, fluorhydrique...
J'en passe etbeaucoup.
Mais, chose remar¬quable, toutes ces substances ne devaient agir,
d'après
les expérimentateurs eux-mêmes, que dans les affections des voies pulmonaires. Très peu avaient pensé à utiliser autre¬mentce merveilleux terrain
d'absorption
qu'est le poumon.Depuis
longtemps
cependant lesphysiologistes
avaient dé¬montré par leurs
expériences
et leurs recherches quelasur-— 10 —
face
pulmonaire
seprêtait parfaitement à l'absorption d'un
grand
nombre de
corps,des essences volatiles en particulier.
C'est ce point
de
vueparticulier que nous avons surtout
essayéde
mettre
enrelief dans notre travail. Nous n'avons
pas
voulu faire
unesimple revue de tous les médicaments
que
l'on
amis directement-au contact de la surface pulmo¬
naire, nous enavons
passé
soussilence beaucoup et volon¬
tairement. Nous avonsvoulu
surtout montrer,
parle choix
de quelques
agents thérapeutiques dont l'absorption est cer¬
taine et dont les résultats ont
été relatés dans des observa¬
tions
régulièrement conduites,
quela voie pulmonaire était
unmoyen
parfois très commode, quelquefois le seul que l'on
pût
employer
pourfaire pénétrer certains médicamentsdans
l'organisme.
Nousavons ensuite essayé de
montrer
quel'absorption pulmonaire pouvait servir de base à un traitement dirigé non
contreune affection des voies
respiratoires, mais contre une
maladie
générale, le rhumatisme et la scrofule par exemple.
Dans un
premier paragraphe,
nousétudions l'air au point
de vue thérapeutique et
dans
sesmodifications purement
physiques :
air froid, chaud, sec.
Dans notre second
paragraphe,
nousétudierons l'oxygène
employé en
inhalations.
Dans le troisième,l'ozone.
Dansle
quatrième, la créosote elles autres substances vo¬
latiles
qui ont été employées
eninhalations.
Dans le
cinquième,
nousparlons du salicylate de méthyle
et deson absorptionpar
la voie pulmonaire.
Dans le sixième, à l'aide de
quelques expériences
person¬nelles, nous avons
montré
quel'absorption, au niveau du
poumon,
de l'iodurc d'éthyle pouvait à elle seule permettre
un traitement ioduré.
Enfin, dans le
septième et dernier paragraphe, nous pas¬
sons très rapidement en revue
les diverses méthodes d'in¬
troduction des substances
médicamenteuses dans l'arbre
aérien.
I
L'air considéré comme agent
thérapeutique.
Personnene s'étonnera devoir ici,en tête des modificateurs de l'organisme introduits par la voie
pulmonaire,
l'air respi- rable.Sans doute l'airn'est pasà proprement parlerunmédi¬cament, et cependantpar son emploi raisonné le praticien obtient de lui des résultats quelquefois merveilleux. Nous n'envoulons pour preuve que ces mots qui
depuis
quelquesannées sont dans toutes les bouches :
aérotliérapie,
cured'air, etc., etc. On peut donc étudier le rôle
thérapeutique
de l'air devenu agent curatif très important dans certaines maladies.Nouslaisserons de côtévolontairement lestraitementsqui nécessitent desétablissements spéciaux etdes déplacements
dispendieux.
Ces cures ne sont à la portée quedes riches, c'est-à-diredu petit nombre,et nous avons surtout en vueici l'immense majorité des malades, ceux qui ne peuvent se fairesoigner qu'à domicile ou àl'hôpital.
L'air, chacun le sait, est pour les phénomènes vitaux un
élément de premièrenécessité. Mais il ne conserve sa vérita¬
blepropriété qu'à la condition de garder intacte sa composi¬
tion
physiologique.
A la campagne et surles bords de la mer il semaintient constamment dans un état de pureté suffi¬sante. Brassé par les grands courants aériens, en contact perpétuel avec les organismesvégétaux qui le régénèrent, il possède le maximum de son énergievitale. En ville il n'en est déjà plus ainsi. Les poussières, les germes pathogènes constamment soulevés y sont tenus en suspension, mêlés
- 12 -
aux émanations
toxiques de toutes sortes et aux produits
de combustion devenus par
le fait inutilisables pour l'héma¬
tose future. Pourtoutes ces causes
diverses, son coefficient
vital est diminué.
Aussi
voyons-nousdans les villes une proportion plus considérable de cas morbides et à la longue
un affaiblissement des
organismes qui prépare la dégéné¬
rescence
physique de la
race.Mais si l'absence d'une quan¬
titésuffisante d'air de
qualité normale
sefait ici si terrible¬
ment sentir, que sera-ce
dans les appartements. Là, l'atmos¬
phère est souillée
parle voisinage des foyers insalubres, par
le chauffage et
l'éclairage qui consomment leur oxygène, par
les
poussières et les
germesqui s'y accumulent, en se dépo¬
sant sur les murs et sur
les parquets,
parles émanations
descuisines,buanderies
et mille autres causes intérieures
ouextérieures.
Mais la cause de souillure la
plus puissante est
encoreet
sans contreditl'habitant. Parsa
respiration, il déverse cons¬
tamment dans
l'atmosphère
unair contenant 4 0/0 d'acide
carbonique,
saturé de
vapeurd'eau, sans compter les gaz
complexes
formés d'hydrogène, d'acides carbonique, butyri¬
que,
acétique, de phénol, scatol, produits des exhalations et
sécrétions diverses qui
s'exhalent de
son corps.C'est donc
dans un milieu
empoisonné
quevit l'homme à l'intérieur
deshabitations, et,s'il résiste
néanmoins à cette intoxication
de tous les instants, c'est
qu'elle n'est point chez lui perma¬
nente. Qu'il aèreson
logis
parl'ouverture des fenêtres, qu'il
y
circule d'une pièce à l'autre,qu'il aille surtout, par besoin,
plaisir
ounécessité professionnelle, respirer à l'air libre, il
échappe en
général, durant
uncertain nombre d'heures cha¬
que
jour, à Tauto-intoxication continue, dont les effets ne
tardent point
à
sefaire sentir
surles personnes qui vivent
trop
renfermées
oumilieu d'agglomération humaines nom¬
breuses.
Prenons au contraire un
malade, enseveli vivant dans l'al-
cove duriche,
cloué
sursonlit d'hôpital
ousimplement cal¬
feutré dans sa chambre, entre
les bras d'un fauteuil
— 13 —
d'infirme... Quand on a vu le laboratoire d'effluves méphiti¬
ques qu'est l'hommeen santé,on devine ce qu'il doit en être du malheureux auxprises avec la souffrance et la maladie.
Ici, ce ne sont plusles seules excrétions
physiologiques
qui vicient son atmosphère respirable. A l'accumulation de tous les déchetsde la vieanimale viennentsejoindre
lescrachats, les squames, le sang, le pus, toutesles sécrétions morbides de la peau et des muqueuses, nouvelles causesd'empoison¬
nement de l'air, d'autant plus malfaisantes qu'elles ne sont
plus
passagères,
maisqu'elles
durent souvent autant que lamaladie,
des semaines, des mois, parfois des années entiè^- res.Donc le malade souille
davantage
que l'hommeen santé l'air qui devrait le faire vivre, et il le souille d'unefaçon
continue, ou moment où son sang réclamerait justement l'air le plus capable de favorisersesoxydations et de recons¬tituerses éléments. Il en résulte qu'en bonne
logique,
il lui faudraitbeaucoup
plusd'air qu'à l'homme sain, puisqu'il ena plus besoin et. qu'il en souille
davantage.
Mais ici on seheurte à un
préjugé
contrelequel
les praticiens ne sauraient s'élever avectrop
de force.L'entourage
du malade, ses parents, sesamis ont le plus souvent une tendance néfaste à calfeutrer le malade, dans la crainte perpétuelle du courant d'air et du refroidissement.Et c'est
principalement
dans les affectionspulmonaires,
surtout dans la phtisie, alors que le besoin d'air estencore
plus
impérieux,
si possible, quel'entourage
du malade le lui refuse le plusimpitoyablement.
Lechamp
de sonhématoseest très restreint, il semblerait donc
logiquement
qu'il dût y suppléerpar une ventilation plus active et plus intense. Qu'en fait-il? Pénétrons à la s.uite du professeur Peter, dans la chambre à coucher d'unphtisique
riche.« Je ne sais, dit-il, rien deplus hideusement fétide. C'est un
endroit rigoureusementclos, où il est interdit à l'aird'entrer comme àl'espérance. Bourrelets aux portes, bourrelets aux
fenêtres,
épais rideauxenveloppant
le lit où le malheureux— 14 —
phtisique mijote à l'étuvée dans sa moiteur, dans son air
vingt fois
respiré, vingt fois souillé déjà par le contact de
ses poumons
altérés. Ce n'est pas seulement lui qui le
souille, mais la
garde qui le veille, mais la veilleuse de la
table de rjuit, les
odeurs affadissantes des tisanes, les éma¬
nations fétides des sueurs
et des crachats...; l'ensemble est
odieusement
repoussant». «Comme il est juste, écrit avec
raison le Dr Daremberg, ce
cri d'indignation, comme il
s'attaque
à
undes préjugés les plus enracinés des médecins
et des malades : la peur
du froid.
»Et
pourtant, si l'on
ouvre undes innombrables traités qui
étudientla
phtisie pulmonaire,
onverra, parmi les recom¬
mandations qui
tiennent la place d'honneur dans ces
ouvrages,
celle de faire vivre les phtisiques au grand air.
Depuis
Hippocrate, Galien, les Arabes, cette prescription se
retrouve errante de
siècle
ensiècle, et il
y aplus de cent
ans,en1752,
Raulin, d'après Nicaise, recommandait déjà aux phtisiques de dormir la fenêtre entrouverte (Daremberg).
En 1843, Louis
voulait faire vivre les enfants tuberculeux à
bair libre. Guéneau de Mussy
écrivait,
en1860,
quel'air
dansla
phtisie est le premier des médicaments. A la même
époque,
Zuberski étudiait la cure des tuberculeux sous la
tente, dans les steppes
de la Tartarie. En 1867, Villemin
recommandait encore la
ventilation large de la chambre des phtisiques; jamais l'air
nedevait croupir autour d'eux... De
l'air, de
l'air, toujours de l'air pour les tuberculeux,
s'écrient àl'envi les thérapeutes,
et même les expérimen¬
tateurs, comme
Colin (d'Alfort), Brown-Séquard et d'Ar-
sonval
(Daremberg).
On
comprend maintenant comment, parle seul fait de faire
vivre les malades, les
phtisiques surtout, le plus possible à
l'air, à la
fenêtre de leur chambre et dans les jardins l'été,
dans des couloirs, dans
des
serres, sousdes halls vitrés largement aérés
enmême temps que chauffés l'hiver, nous
leur rendrions déjà un immense
service. Et cela nous le
pourrions si chacun était bien convaincu de cette vérité, que
— 15 —
Peter ne cessait de répéter à ses malades et à ses élèves :
«On prend froid par le corps et non par la respiration;
couvrez-vous bien dans votre lit, respirez de l'air froidet vous aurez chaud ». Car alors nous
placerions,
s'il le fallait,nos
phtisiques
dans des nids de plumes et de duvet, dans de véritables couveuses, une légère mousseline au besoin contre labouche,
pour rassurer les pusillanimes et arrêter les poussières, et, au plus grand profit de leur santé et de leurbourse,
nous les exposerions ainsi à l'air le pluspossible...,
au lieu de les laisser lentements'asphyxier
dans leurs chambres closes, en proie à leurs bacilles et à leur\
désespoir,
entreune fiole de gaïacol et un flacondecréosote !(Legrand.)
Dès 1890,
d'ailleurs,
Nicaisereconnaissait que le traitementhygiénique
de la phtisie pulmonaire pouvait être suivi, enpartie du moins, dans un
hôpital
eton peut en dire autant des chambres de malades en ville. Reconnaissons à notre tourqu'un grand pas a été fait dans cette voie etnous avons vu pour notre part bien des chefs de service éminents qui nedédaignent
pas de veiller avec un soin jaloux à ce que l'aération de leur salle soit pratiquée largement. Mais ils se heurtent le plus souvent à cepréjugé
ici fortement enra¬ciné chez les malades : la peur du froid. Et c'est une véri¬
table lutte qu'ils sont souvent
obligés
de soutenir contre eux pourles contraindre enquelque
sorte à accepter ce roi des médicaments : l'air. Cette lutte, nous ne craignons pas de le dire ici, nousla voudrions s'il est possible plusvive encore.Pourquoi,
par exemple, un chef de service ne prendrait-il pas l'initiative deréglementer,
en la faisant la plus large possible, cette aération reconnue nécessaire. A certaines heures de la journée fixées d'avance, on ouvrirait en grand toutes les fenêtres de la salle. Les malades non retenus au lit pourraient, s'ils le voulaient, quitter la salle. Les malades alités seraient surveillésspécialement,
plus chaudement couverts s'il était nécessaire, mais les infirmiers veille¬raient surtout àcequ'ils neseMécouvrent pas. Nous croyons
— 16 —
que
l'expérience
pourrait être tentée sans danger et qu'aubout d'un certain temps les malades eux-mêmes réclame¬
raient une plus large part d'air pur et frais, comme ces
typhiques qui, terrifiés par le premier bain froid, ne tar¬
dent pas à demander qu'on leur en donne plus souvent.
C'est ainsi que l'airentrera pour une partimportantedans la
thérapeutique journalière,
mais il peut y entrer également d'une autrefaçon
après avoir, ii est vrai, subi quelques légè¬res modifications
physiques.
C'est ainsi que certains maladesseront soulagés par l'air desséché, chauffé, à hauteoubasse tension.N'a-t-on pas essayé dernièrement,en Russie et en Allemagne, le traitement des maladies
infectieuses,
fièvre typhoïde, pneumonie, etc., par des inhalations d'air froid concurremment avec les bains à basse température.
Mais ces traitements demandent une instrumentation spé¬
ciale et nous ne nousyattarderonspas.D'ailleurs, ces essais n'en sont qu'à leur début et, quoique les résultatsaient jus¬
qu'à présent été favorables, nous devons attendre que le tempssoit venu leur donner la sanction de l'expérience.
II
Oxygène.
L'oxygène,
découvert parPricstley,
fut égalementexpéri¬menté par lui en
inhalations
pour la première fois.Voici comment il raconte
l'expérience
: « Mon lecteur ne sera pas étonné si, après avoir déterminé la toute supérieure de l'airdiphlogistique
par la vie des souris et parles autresépreuvesquej'ai racontées
ci-dessus,
j'ai eu la curiosité dele goûter moi-même. J'ai satisfait ma curiosité en le respirantavecunsiphon
deverreet,par cemoyen,j'enairéduitunegrandejarre à l'état d'air commun. La sensationqu'éprouvèrent
mespou¬monsnefut pas
différentedecellequecausel'air
commun.Mais il me semblaensuite que ma poitrine se trouvait singulière¬mentsurer
dégagée
et à l'aise pendant quelquetemps.
Qui peut as¬que dans la suitecet air ne deviendra pas un objet de luxe très à la mode? Il n'y a
jusqu'ici
que deux souris etmoi qui ayonseu leprivilège
de le respirer. »Après
lui de nombreux savants s'en occupèrent eten mon¬trèrentl'efficacitédansplusieurs affections. Ilconvientdeciter
Spallanzani,Fontana,Kirwanà l'étranger, Berthollet,Fourcroy
et Lavoisier en France. Après eux,
Beddoès,
préconisa la mé¬decine pneumatique en
Angleterre.
Il professa dans sesConsidérations
on thefactitions
airs quel'oxygène
commu¬nique à nos organes un surcroît d'action et provoque une excitation salutaire dans tous les systèmes de l'économie. Il
employa
l'air vital dans une foule demaladies,
et, s'il faut ajouter foi à sesécrits,
il a guéri grâce à ce fluide les affec¬tions les plus diverses.
Puisviennent lesexpériences et les travaux de
Demarquay
Mo.
o
- 18 -
qui constate
quel'oxygène, respiré d'une façon convenable,
développe en
quelque sorte les propriétés vitales et spéciales
ou sujet mis en
expérience, il remonte les forces et agrandit
les
puissances d'assimilation. Nous nous arrêterons aux tra¬
vaux de Hayem
qui, le premier,
pardes expériences condui¬
tes avec méthode, a
consciencieusement indiqué les proprié¬
tés
physiologiques et thérapeutiques des inhalations d'oxy¬
gène.
Etd'abord, par un
procédé spécial, le
gazarrivait dans la
cavité buccale,
débarrassé de tout
corpsétranger et y pro¬
duisait unesensationde
fraîcheur. Toutefois, cette sensation
nediffère pas
de celle qu'on éprouve
enrecevant un courant
d'air
atmosphérique. Il n'entre dans les poumons que de
l'oxygène mêlé à de l'air atmosphérique. Il n'est d'ailleurs
pas
absorbé entièrement; l'expiration en rejette une notable
partie.
Lesujet
enexpérience ne remarque pas la sensation
de chaleur,dans
l'intérieur de la poitrine, indiquée par pres¬
quetous
les expérimentateurs antérieurs. Mais il observe en
revanche des
fourmillements dans les extrémités des mem¬
bres, une
espèce d'ivresse légère, agréable, très propre à dis¬
siper
l'hypocondrie.
Voyons
maintenant les modifications apportées aux diver¬
ses fonctions organiques.
La
température est restée normale aux environs de 37°.
La respiration a
présenté
unelégère augmentation du nom¬
bre des
inspirations, 20
aulieu de 17 avant le traitement. Le
pouls
aprésenté également une légère accélération, 93 pul¬
sations au lieu de 75.
Quantaux
urines, elles n'ont été modifiées en rien et la
quantité d'urée entre autres est restée sensiblement égale.
Mais l'action la plus
sensible de l'oxygène s'est portée sur
le sang. Le
nombre des globules rouges a été considérable¬
ment augmenté.
Au début de l'expérience, avant toute inha¬
lation,leur
nombre était de 5.000.000; au bout de deux semai¬
nes de traitement, il atteignait
le chiffre de G. 107.000 pour
revenir au chiffre
primitif quelque temps après la cessation
- 19 —
des inhalations.
L'observateur,
pours'expliquer
le phéno¬mène, admet deux hypothèses : l'augmentation des globules est due ou bien à une production plus active des éléments,
ou bien à une destructionplus lente de ces mêmes éléments.
Il incline d'ailleurs fortement à penser que la dernière est la vraie.
Les hématoblastes ont subi aussi unelégèremodification : de 250.000 ils sont passés à 270.000. C'est une augmentation
assez légèreet qui ne peut, par le fait,
expliquer
la forma¬tion desglobules rouges, si du moins on acceptelesopinions
de Ilayem relativement au rôle de ces éléments. M. Hayem
en effet admet que les hématoblastes sont les
embryons
desglobules
rouges. Si sa théorie est vraie, l'augmentation des globules rougesaprès les inhalationsd'oxygène
nes'expli¬
que que par une destructionmoindre decesmêmesglobules.
Voilà les constatations
physiologiques
faites par l'observa¬teur
après l'emploi
des inhalationsd'oxygène,
voyonsquelles sont les
applications thérapeutiques
qu'on en a tirées. Nous allons pourcela passer rapidementen revue les maladies danslesquelles
on les aemployées.
Et d'abord les maladies de nutrition : les anémies, la chlorose.
L'oxygène,
d'après Hayem, rend des servicesincontestablesauxchlorotiquesatteintes
de troublesdigestifs.Il ranime
l'appétit,
fait cesser les vomissementsquand il
en existe, réveille le mouvement d'assimilation, fait augmenter le poids du corps. Les malades satisfaisant leur appétit, devenu souvent considérable, les analyses d'urines indi¬quent alors un accroissement dans la quantité d'urée élimi¬
née. Celle-ci, d'après les observations, s'est élevée chez
quelques
malades de 10 à 35 grammes et même à 40 gram¬mes dans les
vingt-quatre
heures.Cette stimulation du mouvement nutritifporte également
ses effets sur le sang : le nombre desglobules rouges devient notablement plus grand ; M. F. Hervé, interne des hôpitaux
de
Bordeaux,
dans un rapport présenté à la Société d'Ana- tomie et dePhysiologie
de Bordeaux en décembre dernier,— 20 —
cite trois observations
personnelles très concluantes à cet
égard. Lapremière malade,
aubout d'un mois de traite¬
ment,
voyait le nombre de
sesglobules augmenter de
961.000 ; la deuxième en dixjours eut une
augmentation de
115.000; et la troisième en deux mois de 1.113.000,
chiffre
très élevé comme on le voit. La valeur globulaireavait éga¬
lementaugmenté etpassait de 0,20
à 0,60.
Mais les hématies,
d'après
Hayém,quoique produites
enplus grand nombre, restent tout aussi altérées (ce que
semblent contredire les faits relatés dans le rapport de M.
Hervé),
etlorsqu'on
cesseles inhalations, les malades
ne tardent pas àperdre tout le bénéfice qu'ils paraissaient
en avoir tiré.Les inhalations d'oxygène constituent
néanmoins
un auxiliai-re utile du traitement de la chlorose parles ferru¬
gineux.
Elles
sontparticulièrement indiquées quand les
troubles gastriques,
si prononcés dans certains
cas,empê¬
chent les ferrugineux d'être
convenablement supportés.
Leur action sur la nutrition
générale
estanalogue à celle
de
l'hydrothérapie, qui stimule également le mouvement
nutritif et la formation desglobules rouges sans
modifier
d'une manière sensible les altérationsindividuelles de ces éléments.
Les dyspepsies
douloureuses, présentant surtout le phéno¬
mène vomissement, sont le triomphe des
inhalations d'oxygène. Quelle
quesoit
sa cause,d'ailleurs, le vomissement
est souvent
suspendu après
une oudeux séances d'inhala¬
tions et, lorsqu'il
n'est
entretenu parunelésion organique
de l'estomac lacontinuation de ces inhalations parvient, en
général, à
lesupprimer d'une manière définitive. Voici la
liste des états morbides dans lesquels la
disparition des
vomissements a été obtenue;
dyspepsie douloureuse,
sans lésionappréciable de l'estomac; dyspepsie
avecdilatation
stomacale, sansaffection organique;
vomissements incoer¬
cibles de la grossesse
(cas publié
parM. le professeur
Pinard)
;urémie.
— 21 -
Les cas dans
lesquels
les Inhalationsd'oxygène
ont rendules vomissements simplement moins
fréquents,
sans lessupprimer,
se rapportent au cancer de l'estomac, à la gastritechronique
avecdilatation stomacale et à la tuber¬culose pulmonaire.
Chez les nouveau-nés, Mlle Landais
(Th.
Paris1892)
l'a fortement recommandénon seulementdans les casd'asphy¬
xie au moment de la naissance, mais encore comme traitement dans le ralentissement de la nutritionou même dans
l'athrepsie.
Dans ces derniers cas, même graves, ellea obtenu des résultats fort encourageants.Heither, de
New-York(18Rl),
recommande chaleureusement les inhalations d'oxygène dans l'asthme. Il les reconnaîtcomme moins dangereuses que le stropliantus et ladigitale,
tout en restantsuffisamment actives. Il lesrecommande sur¬
tout dans le cas où la morphine serait utile mais contre-in-
diquée par la faiblesse du myocarde, elles calmeraient tout autant le maladeet ne présenteraient aucun danger. Enfin, données à temps, c'est-à-dire à la première menace de crise, elles préviendraientl'accès qui, dece fait, avorteraitcomplè¬
tement.
Franz Newman (1891) a employé un nouveau procédé qui
consiste à élever la proportion
d'oxygène de
l'air et à faire respirer le mélange sous pression. Avecce procédé, lepouls, d'abordfréquent,
netardepasà
seralentiretceralentissement persiste souvent plusieurs heures. Il n'a pas noté de troublescéphaiiques
ni depalpitations.
Mais après les inhalations, ila constaté souvent unetendance au sommeil.
Ce traitementluiaparticulièrementréussi dansles anémies intenses et la convalescencedes
pleurésies.
Son emploi danslaphtisieaudébut,concurremment
avecl'usage delà tubercu- line, a produitquelque amélioration etdanspresque tous lescas a supprimé la fièvre. Enfin, il s'en est
également
fort bien trouvé pour le traitement du diabète.Thompson (de New-York)
en a fait une étude trèscomplèteen 1889. Refaisant les expériences de P. Bert, il a montré
comme lui que
l'oxygène
étaitfixé
parl'hémoglobine.
Il aen outre montré que
l'oxygène
de l'airatmosphérique
ordi¬naire prenait les
14/15
dupouvoir fixateur
del'hémoglobine.
Sous unecertainepression, l'hémoglobinesesaturaitcomplè¬
tement et unecertaine quantité du gaz se dissolvaitdans le sérum dans la proportion de 2 % environ :
après
de nom¬breuses expériences et observations, il le recommande dans la
dyspnée
nerveuse ; chaque fois que la surface respiratoireestdiminuée, cyanose; mal de Brighteturémie; pneumonie; asthme; bronchite catarrhale ; congestion et œdème pulmo¬
naires ; asphyxiepar immersion ou intoxication de quelque
nature d'ailleurs que soit cette
dernière.
En un mot, son emploi est indiqué dans deux grandes classes d'affections : lncelles où la nutrition est défectueuse, qu'il y ait ou non dyspnée; 2° dans la
dyspnée,
qu'elle relève d'altérationsdes nerfs, des vaisseaux, dusang(empoisonne¬ments)
ou dudéfaut d'aération
ou d'expansion du poumon.Gauthier (de
Paris)
aétudié
à son tour l'action des inhala¬tions
d'oxygène (1889)
dans la diphtérie. Acemoment-là,elles lui rendirent des services signalés. En outre de son action possiblesurle bacille de Lœffler,l'oxygène améliorelerythme
respiratoire; il se produit, il est vrai, une sorte depolypnée
mais qui ne fatigue pas le malade, lequel au contraire ne tarde pasà présenterdes symptômes de bien-être certain. La respiration serégularise, ne présentant plus ce type saccadé causé
probablement
par de l'ataxie bulbairesous l'influencedes toxines produitespar le bacille. Il faisait inhaler 120 litres
en
vingt-quatre
heures, n'a jamais eu d'accidents et a trèssouvent noté une amélioration sensible.
Enfin, Sacclii et Purgotti
(1889)
lerecommandent
énergi- quement dans les gastrites, dyspepsies, anémies etchloroses
; et aussi et surtout, dans les "cas d'asystolie; il procurerait au malade, à défaut d'une amélioration durable,unétat de bien- êtreappréciable
si l'on considère l'angoisse et les souf¬frances véritablementterribles queprésentent le plussouvent
ces malheureux malades.
Voilàtroprapidementexposées les quelques maladiesdans
lesquelles les inhalations d'oxygène
ontproduit desrésultatsappréciables
souventimportants.
Un agentthérapeutique
qui possède unsi
brillantétat
de service n'est certes pas à dédaigner, et, sansvouloir en faire commeBeddoèsune véri¬table
panacée, souhaitons
dans l'intérêt du maladeque le praticien songeà
lui quand il se trouve devant un cas quiréclame son emploi.
III
Ozone.
Oli sait que l'ozone est de
l'oxygène
condensé. Sa formule estO3 et cette formuleindique
de suite que ses propriétés doivent être celles del'oxygène,
mais à un degré d'activité et de puissance supérieur au sien. Aussi, dans toutes les maladies et affections où le traitement parl'oxygène
étaitindiqué,
n'a-t-on pas hésité à essayer l'ozone et à l'em¬ployer.
Mais, à rencontre des inhalations d'oxygène,
l'emploi
des inhalations d'air ozonisé présente un certain danger: il ne fautpas faire inhalerau malade ce gaz obtenu par voie chi¬mique ou parl'action de l'électricité sur l'oxygène pur, car, dans l'un et dans l'autre cas, il est dangereux à respirer,
soit parce qu'il est impur, mélangé de vapeurs phospho¬
reuses et nitreuses, soit parce qu'il est trop concentré.
- Pour remédier à cet inconvénientet permettre de préparer de l'ozone d'une innocuité absolue pour le malade qui est soumis au traitement ozonisé par la voie pulmonaire, Labbé et Oudin ont inventé unappareil qui réunit toutes ces qua¬
lités.
Dansune boîterectangulaire, se trouve disposé un accu¬
mulateur qui actionne une bobine de Ruhmkorff, laquelle
envoie un courantélectrique à haute tension à un tube dit à
effluve,
formé de deux cylindres de verre séparés par un intervalle de 3 à 4 millimètres et revêtus à l'intérieur d'une couche d'aluminium. La décharge électrique ne se produit pas sous forme d'étincelle, mais ellese présente comme une— 26 -
flamme
électrique
diffuse jaillissantdansl'espace
qui sépareles deux tubes
cylindriques.
La production de l'ozone se fait donc et le débit en est assuré par un courant d'airascendant que provoque lalégère
augmentation de température engen¬drée parl'effluve. La nocuité de ce gaz étant écartée parla fabrication -de cet appareil, ses pouvoirs ont pu être em¬
ployés utilement en
thérapeutique.
On a utilisé premièrement l'ozone dans le traitement de
l'anémie,
et il estaujourd'hui biendémontré,
par de nom¬breuses observations recueillies tant en France qu'à l'étran¬
ger, que les anémies môme les plusgraves, les plus invété¬
rées, cèdent aux inhalations d'ozone en l'absence de toute autre médication adjuvante. Le Dr
Caillé,
professeur à New- York, dans une communication faiteauCongrès
dela Société pœdiatrique de Boston, en 1882, montre et prouve, par de nombreuses observations, que les inhalations d'air ozonisé constituent un moyenthérapeutique
extrêmement précieuxetdonnent des résultats meilleurs et plus rapides que ceux obtenus par les autres médications.
On a aussi conseillé
l'emploi
de l'ozone dans la coquelu¬che. En
plaçant
le jeune malade atteint decoqueluche
dansune atmosphère ozonisée, on a vu ses quintes de toux dimi¬
nuer et même
disparaître
dans un intervalle de temps rela¬tivement tort court.
L'efficacité de ces inhalations dans la coqueluche et sur¬
tout dans l'anémie a engagé les
thérapeutes
à essayer les inhalations d'air ozonisé dans la tuberculose pulmonaire.En 1891, en France, au Congrès de l'Association
française
pour l'avancement des sciences, le Dr Bontemps faisait une communication importante. Sur 5 cas de tuberculose au
début traités par les inhalationsd'ozone, il avaitconstaté la
disparition
de tous les signesstéthoscopiques
etune amélio¬ration de l'état général permettant deconsidérer la guérison
comme assurée.
Dans 5 observations prises parLabbé et Oudin, une amé¬
lioration très sensible de l'état général a été constatée au bout de très peu de temps.
— 27 —
Desnos, dans son service del'Hôpital de la Charité, a sou¬
mis 19 tuberculeux au traitement par l'air ozonisé. Il a cons¬
taté que ces
tuberculeux
avaient obtenu une notable et favo¬rable modification de leur état, caractérisée principalement
par le retour et l'augmentation de
l'appétit,
l'accroissementde leurpoids, la diminution de la toux et de
l'expectoration,
la disparition des sueurs nocturnes et même chez la plupart
d'entre eux une amélioratien dessignes
stéthoscopiques.
A l'Hôpital d'Ormesson, où le traitement ozonisé est em¬
ployé journellement sur lesjeunes enfants tuberculeux, les meilleurs résultats sont obtenus, si bien qu'au bout de six mois à un an d'inhalations, le mot guérison peut être mis
sanscraintesur le billet de sortie des jeunes malades. Tels sont les propres termes d'un rapport inséré dans les Anna¬
les de l'Œuvre des
enfants tuberculeux
parues en 1892.En résumé, les inhalations d'ozone bien supportées
amè¬
nent dans l'espace de quelques mois une amélioration sen¬
sible qui se traduit, chez les anémiques, par
l'apparition
del'appétit,
le retour des forces, un meilleur fonctionnement del'appareil cardiaque et pulmonaire, plus d'essoufflement, plus de défaillance etpeu à peu lamaladieévolueversla gué¬rison. Chez les tuberculeux, l'amélioration constatéesetra¬
duit aussi par la tolérance des aliments, retour de
l'appétit, disparition
des sueurs nocturnes et des quintes de toux et plus tardpar la disparition des signes stéthoscopiques. La guérison est alors prochaine si les rigueurs d'unehygiène
sévère viennentcompléter les bienfaits du traitement ozo¬
nisé.
Comment agit l'ozone dans le traitement deces affections, l'anémie etla tuberculose ? Est-ce par des
propriétés
germi-cides etantiseptiques? Ces propriétés sont, commenouslesa¬
vons, peu actives.En effet, si dans
uneatmosphêre
contenant 1,2, 3cc. d'ozone par litre, onplace
destubes
ensemencésavec des bactéries charbonneuses ou des stnphylococcusau-
reus, des bacilles de la diphtérie, des
aspergillus,
il faut cinqà huitjourspour
détruire
ces germes.L'expérience n'a ja-
— 28 -
mais été faiteavecdes bacilles de la
tuberculose,
mais nous sommes en droitde penser en voyant les résultats obtenus par les autres microbes et bactéries que l'effet de l'atmos- phère ozoniséesur une culture de bacille de Ivoch doit être presquenul.Gaucheletpensait que l'ozoneacidifie le sang, et, ayant dé¬
montré quele produit tuberculeux ne se
développe
que dansun milieu alcalin, a été porté à attribuer les bons résultats de la médication ozoniséeà la modification survenue dans les milieuxde l'économie.
Aucune expérience n'est venue confirmer cette
hypothèse.
Nous pensons que l'ozone agit surtout dans la tubercu¬
lose et l'anémie en modifiant l'état général du malade. C'est par la grande propriété que ce gaz a de stimuler
l'appétit
que l'on constate le retour des forces et la diminution des divers symptômes. Le malade retrouve en lui les forces né¬
cessaires pour lutter contre la maladie etl'infection.
Nous estimons que cette médication doit être encouragée
et qu'elleconstitue une ressource
thérapeutique
précieuse surtout pour les malades, et ce sont lesplusnômbreux,
aux¬quels conviendraient la cure d'air et qui ne peuvent avoirre¬
cours à ce mode si efficace de traitement, qui malheureuse¬
ment n'est réservé qu'aux riches et aux personnes aisées.
IV
Créosote.
A Reichenbach revient l'honneur d'avoir découvert et utilisé pour la première fois
la
créosote dans les maladies depoitrine. Les résultats furent dès le début si encoura¬geantsque le nouveau remède jouit, vers 1832-33, d'un véri¬
table engouement en Allemagne principalement, en Angle¬
terre et un peu à Paris. Au début, on ne l'employa que par la voiegastrique, mais frappés de l'irritation produite surcet organe les praticiens cherchèrentune autre méthode d'ab¬
sorption et naturellement pensèrent d'abord à la voie pul¬
monaire. Reichenbach lui-même
(1834) indiquait
queles
inhalations créosotées allant droit au mal étaientpréféra¬
bles à l'ingestion stomacale du médicament, c'est pourquoi
il conseilla ces inhalations aux médecins qui voudraient
imiter sa pratique. Quelques-uns suivirent ce conseil; on publia des observations favorables en assez grand nombre, parmi lesquelles celles de Granjean
(1834)
etde Verbeeck (1852).
Tous les deux, sans attribuer au traitement une ac¬tion curative dans la
phtisie pulmonaire avancée, admirent
son excellente influence sur la maladie et lui rapportèrent
la grande amélioration
qu'ils constatèrent chez leurs
ma¬lades.
Mais la réactionnetarda pas
à
sefaire, elle fut
presqueaussi
vive que l'engouement avait
été grand. Peu après Reichen¬
bach, Martin Solon,
médecin de Beaujon,
essayachez
un grand nombre dephtisiques
autroisième degré les inhala¬
tions créosotées. Il se servait d'un
appareil de Woulf chargé
d'eaucréosotée, ou la