FACULTÉ
DEMÉDECINE
ET DE PHARMACIE DE BORDEAUXANNÉE 1896-1897 Hfo 5
SUR L'ABSORPTION
DU
SALICYLATE DE MÉTHYLE
Par voie
cutanée
et parvoie pulmonaire
THÈSE POUR LE DOCTORAT EN MÉDECINE
présentée et soutenue
publiquement
le C Novembre 1896PAR
Pierre-Emile-Benjamin LE STRAT
Néà Paris(Seine) le29Octobre1872 Elève du Service de Santé de la Marine
/ MM. ARNOZAN. professeur Président.
Examinateursdela Thèse:
)
)?°RaAC"E-
SIGALAS. agrégélirofesseur-
• • •(
• Juges.,AUCHÉ. agrégé.
Le Candidat répondra aux questions qui lui seront faites sur les diverses parties de l'Enseignement médical.
BORDEAUX
IMPRIMERIE DU MIDI - PAUL CASSIGNOL
81 — RUE PORTE-DIJEAUX — 91 1896
Faculté de Médecine et de Pharmacie de Bordeaux
M. PITRES Doyen.
PROFESSEURS
MM. MIGÉ ) „ *
AZAM
[ Professeurs honoraires.
Cliniqueinterne Clinique externe...
Pathologie interne.
Pathologie et théra¬
peutique générales.
Thérapeutique Médecineopératoire.
Clinique d'accouche¬
ments Anatomie
que Anatomie
Anatomie générale et histologie
MM.
PICOT.
PITRES.
DEMONS.
LANEhONGUE.
DUPUY.
YERGELY.
ARNOZAN.
MASSE.
MOUSSOUS.
COYNE.
BOUCHARD.
VIAULT.
Physiologie Hygiène Médecinelégale Physique Chimie
Histoire naturelle ...
Pharmacie
Matière médicale....
Médecine expérimen¬
tale
Clinique ophtalmolo¬
gique
Clinique des maladies chirurgicales des en¬
fants
Clinique gynécologique
MM.
JOLYET.
LAYET.
MORACHE.
BERGONIÉ.
BLAREZ.
GUILLAUD.
FIGUIER.
de NABIAS.
FERRÉ.
BADAL.
PIECHAUD.
BOURSIER.
AGREGES Eilî EXERCICE :
sectiondemédecine (Pathologie interneetMédecine légale.) MM. MESNARD. | MM.
SABRAZÈS.
CASSAET. | Le DANTEC.
AUCHÉ.
section de chirurgie et accouchements
(MM. YILLAR. | Accouchemeuts
iMM. RIVIÈRE.
Pathologieexterne BINAUD. |
ACCoucnemenis...
■ CHAMBRELENTl
BRAQUEHAYEj
sectiondes sciencesanatomiques et physiologiques
IMM. PRINCETEAU | Physiologie MM. PACHON.
"j
CANNIEU. I Histoire naturelle BEILLE.Anatomie..
section dessciencesphysiques MM. SIGALAS. | Pharmacie...
DENIGÈS. I
Physique MM. SIGALAS. | Pharmacie M. BARTHE.
Chimieet Toxicologie
COURS CORPIiÛLRII ATAIRIIS :
Clinique interne des enfants MM. MOUSSOUS.
Clinique des maladies cutanéeset syphilitiques DUBREUILH.
Clinique des maladies des voies urinaires POUSSON.
Maladies du larynx, desoreilles etdunez MOURE.
Maladies mentales RÉGIS.
Pathologieexterne
DENUCÉ.
Accouchements RIVIERE.
Chimie DENIGÈS
Le Secrétaire de la Faculté: LEMAIRE.
Par délibération du 5 août1879, la Faculté aarrêté que les opinions émises dans les Thesesqui lui sontprésentées doiventêtreconsidérées comme propres à leurs auteurs, et qu'elle n'entend leur donner ni approbation ni improbation.
A MES MAITRES
DES ÉCOLES DE MÉDECINE NAVALE DE BREST ET DE BORDEAUX
A MES MAITRES
DE LA FACULTÉ ET DES HOPITAUX DE BORDEAUX
A MES CAMARADES
DES CORPS DE SANTÉ DE LA MARINE ET DES COLONIES
A MONSIEUR LE DOCTEUR SIGALA S
PROFESSEUR AGRÉGÉ A LA FACULTÉ DE MÉDECINE DE BORDEAUX
A mon Président de Thèse
MONSIEUR LE DOCTEUR ARNOZAN
PROFESSEUR BE THÉRAPEUTIQUE A LA FACULTÉ DE BORDEAUX
MÉDECIN DES HOPITAUX
OFFICIER DE L'INSTRUCTION PUBLIQUE
INTRODUCTION
« L'idée d'utiliserla peau pour faire absorber certains mé¬
dicaments estune idée très ancienne. Pendant de longs siè¬
cles, et
jusqu'à
nosjours, l'usage des pommades, fomenta¬tions, bains médicamenteux, est le témoin de la croyance générale à
l'absorption
cutanée »(Linossier).
Dans ces dernièresannées, Sciolla tenta des applications
cutanées du gaïacol comme traitement
antithermique
et obtint de bons résultats. Plus récemmentBourgetappliqua
de même au traitement du rhumatismeaigu l'acidesalicylique
auquel Linossier et Lannoisont substitué depuis lesalicy-
late de
méthyle.
Les observations nombreuses qu'ils ont relatées montrent que l'efficacitéde ce mode de traitement n'est pas douteuse.Les faits
cliniques
faisaient ressortirl'importance
de cette méthodethérapeutique.
MM. Linossier et Lannois se sont alors attachés à démontrer le faitphysiologique
del'absorp¬
tion cutanée du gaïacol et du salicylate de
méthyle
eten ont recherché le mécanisme. Ils ont concluqu'après
uneapplica.tion cutanée de ces médicaments l'absorption se faisait sous forme de vapeurtandis que la quantité absorbée par le pou¬
mon était
négligeable.
Ces conclusions nousdonnèrent l'idée de reprendre leurs expériences et d'étudier expérimentalement
l'absorption
dusalicylate
de méthyle par voie pulmonaire et par voie cuta¬née : c'est là l'objetdu
présent
travail dont l'intérêt pratiqueressort des travaux récents qui tendent à faire prendre au
— 12 —
salicylate
de méthyle
uneplace importante dans le traitement
des affections rhumatismales.
Notrethèse comprend quatre
chapitres
:I. De l'absorption cutanéeen
général. Des applications
cu¬tanées desubstances médicamenteuses;
II. Du salicylate de
méthyle. Ses propriétés. Méthode d'ex¬
périmentation.
Recherche et dosage de l'acide salicylique
dans l'urine;
III. Expériences sur
l'absorption du salicylate de méthyle
parvoie
pulmonaire et
parvoie cutanée.
IV. Expériences sur
l'état du tégument externe après les applications du médicament. Nous donnons ensuite
nos conclusions.Avant d'aborder le sujet de notre travail nous sommes heureux de pouvoir remercier ici M.
le professeur agrégé
Sigalas qui a bienvoulu
nousdonner le sujet de
cetravail et
nous aider de ses conseils dans la conduite denosrecherches qui ont
été faites
aulaboratoire des travaux pratiques de
physiquemédicale de la Faculté.
Que M. le professeur Arnozan, dans le service
duquel ont
été prises nos
premières observations, veuille bien recevoir
l'expression de nosplus sincères remerciements
pourl'hon¬
neur
qu'il
nousfait
en acceptantla présidence de notre thèse
inaugurale.CHAPITRE PREMIER
De
l'absorption cutanée
engénéral.
Desapplications
cutanées des substances médicamenteuses.L'épiderme
joue à l'égard de l'organisme le rôle devernis protecteur, destiné à mettre cetorganisme à l'abri des subs¬tances toxiques avec lesquellesil pourrait se trouver en con¬
tact. Ce rôle protecteurest indiscutable: maissans le nier on
peut très bien admettrequela peau, même saine, laisse pas¬
sercertainessubstances.
Les
expériences,
tentées pour le prouver, montrent quel'absorption
par le tégument externe est un fait indiscutable chez les invertébrés et les vertébrés inférieurs. Claude Ber¬nard en effet a pu déterminer des empoisonnements chez la grenouille en
déposant
simplement sur la peau un alcaloïde qui ne détruisait en rien l'intégrité de cette dernière. Mais rien ne prouvequ'il ensoit de même pourles vertébrés supé¬rieurs. « L'absorption, dit Bouchard, n'obéit pas seulement à des conditions physiques; si l'on doit tenir grand compte des lois de l'osmose et de la diffusion, il ne faut pas oublier que chez l'être vivant les phénomènes sont toujours com¬
plexes : l'absorption est due à des affinités
chimiques
et biologiques, elle est liée à la vie des cellules quisemodifientets'usent dans cette fonction
(!)
». Or, chez les mammifères, fi)Bouchard, Pathologie générale, t. I, p. 847.— 14 —
lescellules vivantes du tégument
externe sont recouvertes
d'unecouche de cellules
kératinisées
oumortes et d'un
en¬duit sébacé,
continuellement déversé à
sasurface par des
glandes
placées à cet effet dans
sonépaisseur.
Dans ces conditions, on
comprend
queles substances toxi¬
ques ou
médicamenteuses
nepuissent venir se mettre au
contact descellules vivantes,
qui prennent
sansdiscerne¬
ment aux liquides
ambiants, les substances bienfaisantes ou
nuisibles.
Mais, l'occlusion
est-elle parfaite? C'est là
unimportant et
difficile
problème, qui
aété bien souvent agité par les auteurs
et résolu par eux
dans divers
sens,suivant les méthodes
d'expérimentation.
Les uns nient le passage
à travers la
peausaine des subs¬
tancessous quelque
forme
quecesoit
: gazeuse,liquide ou
solide,l'attribuantuniquement à l'absorption pulmonaire.
Les autres, touten
n'admettant
pasle
passage sousforme
deliquides ou
de dissolutions, pensent
queles gaz et les
vapeurs
peuvent
passerà la faveur d'une respiration cuta¬
née, qui, bien que
très faible, existe cependant.
D'autres enfin, admettentque
les liquides, ainsi
queles
substancesfixes en dissolution peuvent
être absorbés
parla
peausaine.
Il serait impossible
de relater tout
aulong les expériences
contradictoires des nombreux auteurs qui se
sont occupés
delà question.
Aussi,
nouscontenterons-nous d'exposer,
aussi brièvement que
possible, leurs conclusions les plus
importantes, en
renvoyant
pour unebibliographie plus
complète aux
Traités et
auxDictionnaires de physiologie et
de médecine
(1).
Les anatomistes Sappey,
Robin, Bouchard (de Bordeaux),
nient lapossibilité de
l'absorption cutanée. C'est aussi l'opi¬
nion d'un grand nombre de
physiologistes, Claude Bernard
(fi Diction. Jaccoud et Dechambre. — Diction,
phys. de Ricbet (Art.
Absorption). — Traité de Patbol. gén., publié par
Ch. Bouchard,
t.I,
p. 833,848.
entre autres. Ivuss et Duval croient, au contraire, qu'elle est théoriquement possible, mais qu'en pratiqueon peut la con¬
sidérer comme
négligeable.
Les premiers travauxsur la question remontent au siècle dernier et sont dus à Seguin, qui essaya d'établir le fait de
l'absorption
cutanée, au moyen de pesées rigoureuses faitesavantet après l'immersion dans un bain simple. Il remar¬
qua quele sujet en expérience perdait, à temps
égal,
un peu moins de son poids dans l'eau que dans l'air. Mais, il en convientlui-même,laméthode despesées esttrèsdéfectueuse.De plus, il n'osa pas conclure, pensant que la pression de l'eau s'opposait à latranspiration cutanée, causedeperte de poids à l'air libre. Cette, cause d'erreur serait négligeable,
mais il en estbien d'autresbeaucoup plusgraves, inhérentes à la méthode etsurlesquellesnous ne pouvons nousétendre ici.
Homolle, Parizot, Oré reprirentcesexpériences enjoignant
à l'eau des substances solubles lesplusdiverses eten recher¬
chant ensuite leur
présence
dans les urines ou leur actionsur l'organisme. Leurs conclusions restèrent négatives.
Parizot, cependant, en faisant surle front des frictions avec une solution de sulfate
d'atropine
dans le chloroforme, déter¬mina en cinq minutes une dilatation considérable de la pupille.
Manouvrier, s'appuyantsur une trentaine d'observations, crutpouvoir affirmer que l'intoxication saturnine se faisait directement par la peau encontact avec les sels toxiques. Ce qui expliquerait la localisation des paralysies saturnines.
Grisolles combat cette manière de voir, et Layet, dans un important travail sur
l'hygiène
professionnelle, nie le pas¬sage directpar la peau et explique la localisation des para¬
lysies en faisant remarquerjudicieusement queles muscles atteints de paralysie
après
intoxication saturnine sont ceuxqui, dans
chaque
profession, fatiguent le plus.Westrumb plongea son bras dans des bains chargés de
muscet de ferrocyanure de potassium et conclut à l'absorp-
- 16 —
tion cutanée aprèsavoir trouvé le
ferrocyanure
dans l'urine etl'odeurdu musc dans les gaz de la respiration.Rorig et Winternitz déterminèrent des empoisonnements
enemployant, comme Parizot, les alcaloïdes en solutions.
Ils
expérimentèrent
ainsi le curare, la sthrychnine, la digi¬taline, etc., dissous dans le chloroforme et Pétlier, et en affirmèrent
l'absorption
cutanée. Mais ils reconnurent que ces mêmes substances dissoutes dans l'eau ne traversaient plusl'épi
derme intact.Von Wittich, employant des pommades et des pulvérisa¬
tions à l'iodurede potassium, ne put en aucune circons¬
tance retrouver de traces de ce corps dans les urines.
Braune et Salvatori Tliomasi, après de nombreuses expé¬
rience, arrivèrentaux mêmesrésultatsnégatifs. Ces auteurs reprirent aussi les expériencesde Rorig et de Winternitz et ne purent reproduire les empoisonnements par les alca¬
loïdes.
Laurent, Fleisher, Roussin prouvèrent que les différentes solutions salines ne pouvaient passer dans l'organisme par la voie cutanée.
Traube
etMengarini,
après avoir fait observer que les fric¬tions en détruisant le vernis
épidermique
et en vertu même de la force mécanique pouvaient amener la pénétration des substances employées, se contentèrent de faire de légersbadigeonnages
etcrurent pouvoir, à la suite de nombreuses expériences rigoureusement conduites,conclureà laperméa¬bilité de la peau saine.
Guinard et Bouret dans leurs expériences sur la
résorp¬
tion par la peau des substances
incorporées
dans la graisse, la vaseline, la lanoline, ont admis quemême après plusieurs heuresd'application
ni l'ioduredepotassium, ni lastrychnineni
l'atropine
n'étaient absorbés. Et cela pas plus chez l'homme que chezles animaux tels que le chien, le bœuf, le lapin quand on prend les précautions nécessaires pour qu'ilsne puissent lécher les médicaments.Paschkis et
Obermayer
choisirentpour leurs expériencesun sel fixe, le chlorure de lithium en solution aqueuse
à
100/0 et à l'aide du spec.troscope ils purent déceler dans
l'urine des traces infinitésimales de chlorure de lithium.
Résumant les conclusions des auteurs
précédents,
Scliumdivise les substances en oxydantes ou
kératolytiques
et en réductrices oukératoplastiques.
Lespremières
aunombre
desquelles il placel'acide
salicylique, lesalol, l'alcool
tra¬verseraient seules la peau saine, tandis queles secondes
comme l'iodure depotassium, le salicylate de soude, le tanin,
la résorcine ne seraient pas absorbées.
Reconnaissant l'impossibilité de traiter la question d'une façon
générale, plusieurs
auteurs sesontbornés à étudier
la question, pour un corps en
particulier. Laissant de côté
l'iodure de potassium et les
alcaloïdes
quin'avaient
donnéaucun résultat sérieux on s'est, attaché dans ces dernières années à étudier la question pour lemercure,
l'acide salicy¬
lique
ainsi
que pourle gaïacol.
Mergetdans son ouvrage sur «
L'action physiologique et
thérapeutiquedu
mercure(lj
»relate les nombreuses expé¬
riences qu'il fit pour
déterminer les voies d'absorption du
mercure
employé à l'usagé
externe.Merget n'est
pasle seul
qui sesoit occupé de cet important et difficile problème.
Gluber, avant lui, prétendit que
les
vapeursmercurielles,
par suite
de leur mouvement diffusif, pénètrent dans les
orifices, les conduits et les
cavités des glandes cutanées, et
de là dansle torrent circulatoire.
Pour Rabuteau aussi, les vapeurs mercurielles
pénètrent
par
diffusion. Cet auteur fait
remarquerà l'appui de
sathèse,
que des
fumigations mercurielles, faites la tète étant mise
complètementà l'abri, amènent la pénétration du
mercure dans l'organisme. D'autre part,dit-il, il
seproduit
pourle
mercure ce qui se passe pour
les
vapeursd'acide sulfhy-
drique qui sontabsorbées
parla
peausaine ainsi
quel'ont
démontré les expériences de
Ghaussier
etde Liebkuchner.
(!)Merget, Action physiologique,thérapeutique ettoxique
du
mercure.Le Strat
— 18 —
Rorig croit que cette
absorption
existe mais en propor¬tions
négligeables,
assertion sansimportance,
fait remar¬querMerget, car elle manque de preuves.
Fleislier
(d'Erlangen)
fît desexpériences
enplaçant
de l'oléate de mercure dans un vase obturé par une peau de lapin. Dans les expériences de ce genre on n'ajamais noté le passage du mercure même enemployant
un réactif des plus sensibles, lepapier à l'azotated'argentammoniacal que Merget substitua aux feuilles d'or et decuivre. Cette expé¬rience condamne
l'opinion
de Gluber et de Rabuteau qui ont prétendu que le passage desvapeursmercurielles se faisait parsimple
diffusion.Fùrbringer,
après avoir exposé un membre à des fumiga¬tions mercurielles, vit ce membre secouvrir d'un
dépôt
gris clair, maisneretrouva de mercure, ni entre les cellules de la couche cornée, ni dans lescanauxexcréteurs desglandes,
ni dans les folliculespileux.
Neumann, au contraire, prétend,
après
desimples
frictions à la pommade mercurielle, avoir retrouvé du mercuredans les glandes cutanées où il s'alliait,
d'après
lui, avecles acides graspourpasserensuite
dansletorrentcirculatoire.
Millier alla plus loin et affirma avoir retrouvé du mercure dans les déjections alvines.
Merget
refît toutesles expériences tentéesjusqu'à
lui eten inventa de nouvelles en mettant le sujet à l'abri del'absorp¬
tion pulmonaire des vapeurs mercurielles. Merget conclut que lespommades mercurielles ne
fournissent
du mercure à l'économiequ'à
« l'état de vapeurs dontl'absorption
ci lieu exclusivement par le poumon ». Cette théorie donna à Mer¬get l'idée
d'employer
des flanelles mercurielles qui, si l'onencroit les observations recueillies à
l'hôpital
deBordeaux,
livreraient leur mercure à l'organisme plus rapidement et plus abondammentque les pommades.En 1893, Sciolla
01e
premiereut l'idée de tenter les badi- geonnages augaïacol comme traitementantithermique.
(Ç Ci'onica délia clinica medicadi Genova, 1803.
Guinard et Stourbe
(*), tout
enreconnaissant l'action anti-
tliermique du gaïacol ainsi appliqué,nièrent qu'il
yeût
absorption cutanée. Ils attribuèrent cette action antithermi¬que indéniable du gaïacol à une action
réflexe.
Legaïacol,
d'aprèscesauteurs, n'agiraitque sur lesterminaisons
ner¬veuses sans passer dans le sang, car si on badigeonne au
préalable
la peau avec une solution forte de cocaïne le pou¬voir antithermique reste nul.
Pour Saillet
(2),
au contraire,l'absorption
cutanéeparait
évidente.
Linossier et Lannois
(3)
quisesontsurtoutoccupés de l'ab¬
sorption de l'acide salicylique et deses
composés
ont essayéaussi le gaïacol et ontcru pouvoir
affirmer qu'il
yavait
absorption abondante par la peau. Nous auronsd'ailleurs
l'occasion de revenir sur les travaux de ces auteurs.
L'acidesalicylique offrait sur les autres corps
employés
jusqu'alors, et surtout sur le mercurel'avantage d'être
facilement décelé dansles urinesetà des dosesinfinitésima¬
les.
En 1884, Unna
(4)
etYulh démontrèrent
quedes solutions
d'acide salicylique
étaient facilement absorbées
parla
peau tandis que les solutions aqueusesde salicvlate de soude
ne l'étaient pas.En 1885, Ritter
(5) arrive
auxmêmes conclusions et affirme
de plus que l'acide
salicylique libre favorisait le
passagedes
autressubstances médicamenteuses, en particulier,del'iode
etdes iodures.
En 1886, Ingria
(G)
qui adonné
unprocédé commode
pour (') Société Biologique, 2 février 1894.(*) Bulletinde thérapeutique, 1892.
(:l) LinossieretLannois,Bulletindela Sociétéde thérapeutique,
1894.
p) UeberdietherapeutischeVenvedenvonsalben und Pflastermulparparaten (Berl. Klin. Wochnschr, 1881. XXVII, 389, 392).
(:>) Ritter,Ueber dierésorption fœhigkeit der Menschlichen Haut (Arch.
f.Klin. Med. 1883).
(«)Sull' assorbimento dell' acide salicilico per cute(Chroniq. Med. di
Palermo, 1886).
— 20 —
la recherche de l'acide
salicylique
dans les urines prétend qu'unesimple
application de quarante minutes d'une pom¬made
salicylée
permetde retrouver ce corpsdans l'urine.Guttman
(/),
en 1887, nie au contraire le passage de cet acide, même incorporé à de la lanoline dont on vantait alors la propriété de rendre la peau perméable aux substances médicamenteuses.Bourget
(2),
en 1893, persuadé quel'absorption
cutanée était non seulementthéoriquement
possible mais encorepratiquement considérable, eut l'idée
d'employer
des pom¬mades salicylées dans le rhumatisme aigu, pensant ainsi agir directement au niveau de l'articulation malade, sans
fatiguer l'estomac par l'ingestion de
salicylate.
Bourget affirme que ce moded'application
de la médication salicyléelui a donné de bons résultats.
Fubini et Piérini
(3),
en 1893, comme introduction à une«étude surla cataphorèse
électrique
», étudientl'absorption
cutanéede différentes substances, en particulier de l'acide salicylique. Après de nombreuses expériences, faites en se mettant à l'abri de
l'absorption
pulmonaire, ilsconcluentque la peau saine n'absorbe pas les substances volatiles. Au contraire, disent-ils, si Ton vient àexpérimenter,
comme le fait Sciolla, avec le gaïacol, substance volatile,l'absorption
peut avoir lieu, surtout sion ne se met pas complètement à l'abri del'absorption
par le poumon.MM. Linossier et Lannois
(4),
après une première séried'expériences
sur le gaïacol, prétendent « que le gaïacol appliquéenbadigeonnages
est absorbé par la peau et que cetteabsorption
se produit au moins en grande partie, à l'état de vapeur ». Ils purent retrouver « dans l'urine totale desvingt-quatre
heuresjusqu'à
55 0/0 du gaïacol appliqué (9 Guttman, Ueber résorption vonArneimitteln inLanolin-Salbin (Ztschr.f. klin. Med. Berl., 1887, XII, 276-289).
(s) Bourget, Revive médicalede la Suisse Romande, 1893.
(3) Fubini et Piérini, Arch. italiennesde biologie, 1893.
(*) Linossier et Lannois, De l'absorption des médicaments parla peau saine. Application àla médicationsalicylée (Lyon médical, 1896).
— 21 —
surla peau. La
quantité absolue maxima éliminée
envingt-
quatre heures a
été de 3
gr.3, après
unbadigeonnage de
10 grammes.
Reprenantles
mêmes expériences
enremplaçant le gaïacol
par le
salicylate de méthyle, ils ont trouvé dans les urines
après un badigeonnage
de
4grammesde salicylate de mé-
tliyle
jusqu'à
858milligrammes d'acide salicylique. Ce qui correspond
àl'absorption d'une dose considérable de salicy¬
late de méthyle.
Il nesemble pas que ces
auteurs
sesoient mis strictement
à l'abri des causes d'erreurs pouvant
résulter de l'absorp¬
tion par le poumon
d'une quantité notable de médicaments
employés. Ils se
contentèrent,
eneffet, d'enfermer le mem¬
bre badigeonné dans un sac de
caoutchouc. Or,
nous noussommes rendu compte dans le cours
de
nosexpériences
que ce
mode d'occlusion n'interceptait
pascomplètement les
vapeurs de
salicylate de méthyle. Il doit
enêtre de même
pourle gaïacol.
Quoi qu'il en soit,
ils concluent
que «les corps volatils, et
notammentceux qui, malgréun
point d'ébullition élevé
pos¬sèdent une certaine tension devapeurs
à la température
or¬dinaire, peuvent
être absorbés
parla
peausaine bien au delà
des doses thérapeutiques. »
Transportant sur
le terrain clinique leurs expériences,
ils montrèrent que « le
salicylate de méthyle agit bien dans
le rhumatisme articulaire aigu,
mais
nedoit être employé
dans ce cas que si
l'ingestion des médicaments salicylés a
échoué en raison des difficultés de son
application
surdes
articulations très douloureuses. Au contraire,
dans les for¬
mes suraiguës et
chroniques, dans les poussées doulou¬
reuses qui se
produisent de temps à autre dans les diverses
variétés de rhumatismedéformant,
l'absorption
surplace du
salicylate deméthyle agit aussi bien
quel'absorption buc¬
cale des médicaments
salicylés
etlui est souvent supé¬
rieure
(*).
(!) Linossier et Cannois,
Communication
auCongrès de Nancy, 1896.
En présence de ces faits contradictoires il est difficile de tirer des conclusions fermes. Etant donnée
l'importance
des applicationscutanées des substancesmédicamenteuseset enparticulier de celle quepeut avoir dans certains cas le sali¬
cylate, nous avons cru devoir reprendre les recherches de MM. Linossier etLannois et faire desexpériences ayantpour but de nous fixersur l'intensité de
l'absorption
et sur sonmécanisme. A cet effet :
Nous avons d'abord vérifiéle fait de
l'absorption
du médi¬cament en applications cutanées sans nous préoccuper de
sa voie de
pénétration.
Nous avons ensuite recherché l'intensité de
l'absorption.
I. Par voie pulmonaire.
II. Par voie cutanée.
en faisant la part pour ce derniermode de pénétration :
a)
del'absorption
à l'état de vapeur.b)
del'absorption
directe au contact dusalicylate
de mé-thyle
liquide.III. Pour savoir si la peaureste saineaprèsles applications
d'étherméthyl-salicylique,
nous avons recherchési certaines substances(iodure
de potassium, bromure delithium)
qui,en solution dansl'eau, ne traversént pas la peausaine, pénè¬
trent dans l'organisme, par voie cutanée, après l'action du
salicylate
de méthyle.Pour donner à nos résultats
plus d'autorité,
nousindique¬
rons avec détails, dans un chapitre à part, notre méthode
d'expérimentation
et la marcheque nous avons suivie dans la recherche etle dosage de l'acidesalicylique
dans l'urine des sujets enexpérience.
CHAPITRE II
Propriétés du salicylate de méthyle. Méthode d'expérimentation.
Recherche et
dosage de l'acide salicylique dans l'urine.
Propriétés du salicylate de méthyle.
—Obtenu et étudié
pour la
première fois
parCahours, le salicylate de méthyle
ou acide méthyl-salicylique
C8H803
constitue les9/10 de l'es¬
sencecommerciale deWintergreen. On l'obtienten soumet¬
tant à la distillation un mélange de deux parties d'acide salicylique,
de deux parties d'alcool méthylique et d'une
partied'acide sulfurique à 66°.
C'est un
liquide incolore dont la densité est de 1,8 à 10°. Il
est onctueuxet laisse surle papier des
taches ressemblant à
des taches d'huile. Peu soluble dans l'eau, il est aucontraire très soluble dans l'alcool et dans l'éther. C'est lui qui com¬
munique à l'essence
de Wintergreen
sonodeur forte et très
persistante.
La température
d'ébullition du salicylate de méthyle est
très élevée
(222°). Mais il émet cependant
auxplus basses températures des
vapeursabondantes,
commel'on peut s'en
rendre compte en
faisant
passerde l'air
surdu salicylate de
méthyle etbarboter ensuite dans
unesolution de perclilo-
rurede fer.
Il était intéressant pour nous de
savoir quelle était la
quantité de salicylate de méthyle évaporée à l'air libre
en un tempsdonné.
- 24 —
Dans ce but, nous avons fait une série
d'expériences
dans les conditions énoncées ci-dessous :Dansunrécipient de 100 centimètrescarrés desurface dont le fond fut recouvert d'une couche de ouate de 1 centimètre
d'épaisseur
furent répandues des quantités variables d'es¬sence de
Wintergreen.
La tare durécipient
ayant été faiteau débutdel'expérience,
la balance nous donnait très simple¬ment la quantité de liquide évaporée après un temps donné.
Une première détermination fut faite à la
température
ambiante et dura douze heures : la
température
ayant varié pendantl'évaporation
entre 20° le matin, 25° à midi et 22° le soir : les expériences suivantes furent faites en portant, à l'ëtuve réglée entre 37°et 40°, le vase contenant l'essence deWintergreen. Le tableau suivant donne les résultats obte¬
nus.
Poidsd'essencede Durée de Température Poids du liquide
Wintergreen l'expérience évaporé.
6 gr. 50 12 h. 22-25o 0 gr. 110
6 » 12 » 37-40 0 » 635
6 » 6 » 37-40 0 » 345
6 » 6 » 37-40 0 » 340
6 » 6 » 37-40 0 »» 345
4 » 6 » 37 0 » 345
Il ne faut pas s'étonner du résultat de la dernière expé¬
rience. Car, dans la formule de* Dalton, sur
l'évaporation
des
liquides,
=
K. S (F
-f)
^
H
dans laquelle Iv est un coefficient variable avec la nature du
liquide, S la surface
d'évaporation,
F la tension maxima de la vapeur à la température del'expérience,
f la tension actuelleet H la pressionatmosphérique,
le poids Pduliquide
n'intervient nullement.
Le
salicylate
deméthyle
possède une saveur chaude unpeu
brûlante
;mais il
neblanchit
pas, ouà peine, les
mu¬queuses sur
lesquelles
011l'applique.
Il ne coagulepas l'albumine et
peut être injecté impuné¬
ment dans le sang.
D'après Rabuteau (D qui, le premier,
a expérimenté l'actionphysiologique de
ce corpsil posséde¬
rait une action anesthésique
légère
surla grenouille et à
peineappréciable
surle cobaye.
On en a donné à l'intérieur, à la dose de 25
centigrammes,
jusqu'à 1 gramme parjour,
commesuccédané du salicylate
de soude, soiten capsules,
soit dissous dans
un peud'alcool
et mélangéau moment du
besoin
avecde l'eau (2).
Appliqué sur
la
peau,le salicylate de méthyle détermine,
au bout de quelque
minutes,
unesensation de cuisson
se rapprochant decelle ressentie après l'application de teinture
d'iode, mais bien moins vive.
Lorsqu'on enlève le
panse¬ment,
après quelques heures d'application,
onpeut constater
une légère rougeur du
tégument,
rougeurqui
netarde
pas, d'ailleurs, à disparaître.Dans le sang, au contact
des sels alcalins, le salicylate de
méthyle setransforme
ensalicylate de soude
sousquelle
forme il passe dans les
urines.
D'après certains
auteurs, le salicylate de méthyle ne s'éli¬
minerait pas
seulement
sousforme de salicylate de soude,
mais encore sous trois autres formes : 1° Acide salicylique libre;
2° Acide salicylurique;
3° Composé
indéterminé et insoluble dans l'éther.
Au point de vue
de la recherche dans les urines,
cestrans¬
formations sont indifférentes, car elles réagissent toutes
d'une façon identique en
présence du perchlorure de fer.
Dispositif adopté dans les expériences.
—Le salicylate de
méthyle émet, comme no asl'avons
vu,des
vapeursà la
température
ordinaire, quoique ayant
unpoint d'ébullition
(Û Rabuteau, C. R. de la Société de Biologie, 1885, t. II.
(2) Dknigès, Cours de Chimiemédicale.
- 2(3 —
élevé. Pourarriver à des résultats probants sur
l'absorption
cutanée de cette substance, il fallait donc se mettre à l'abri des causes d'erreursqu'aurait pu apporter
l'absorption
pul¬monaire.
Dans unepremière
expérience,
nous avonsbadigeonné
le membre d'un malade desalicylate
deméthyle.
Le membre fut ensuite enveloppé d'une épaisse couche de ouate, recou¬verteelle-même d'une large feuille de gutta-percha
laminée,
venant doubler de tous côtés le pansement. Cela fait, le tout fut solidement maintenu par une large bande de toile. Ces précautions furent reconnues insuffisantes.En effet, au bout de quelques
heures,
non seulement le lit et levoisinage
du malade furent envahis par l'odeur pénétrante dusalicylate
de méthyle, mais encore toute la vaste salle
d'hôpital
danslaquelle
séjournait le sujet enexpérience.
Dans une seconde expérience, la gutta-percha fut rem¬
placée par un
épais
sac decaoutchouc,
fortement serré au-dessus du genou par une bande de même matière. Pen¬dant
l'application,
le sujet avait respiré au dehors à l'aide d'un masque et aussitôt après il passa dans une autrepièce
largementventilée. Malgré toutes cesprécautions,
au bout d'une heure il était facile de reconnaître dans la pièce une forte odeur d'essence deWintergreen.
Les vapeurs d'aci deméthyl-salicylique
avaient diffusé au travers du caout¬chouc.
Il nousfallait donc trouver un
dispositif,
rendantnulles les quantités d'étherméthyl-salicylique
susceptibles d'être absorbées par le poumon.Nous avons penséun moment à
l'emploi,
pendant toutel'expérience,
d'unmasque ou d'un embout de caoutchouc qui aurait permis au sujet de respirer dans uneatmosphère
privée de toute trace desalicylate
de méthyle. Mais le mas¬que, et surtout l'embout de caoutchout, sont
impropres
aux expériences delongue
durée, comme celles que nous vou¬lions tenter. Ces appareils deviennent promptement
insup¬
portablesausujet, qui est obligé de les enlever de
temps
entempspour respirer à l'air libre.
Nous nous sommes alors arrêté à un dispositif, qui nous mità l'abri de toute cause d'erreur.
Le sujet futplacé sur un lit accolé à une porte fermant hermétiquement. Dans cette porteon fitau
niveau du lit
une ouverture de 10 centimètres de diamètre. Sur cette ouver¬turefut clouée une
épaisse
lame de caoutchouc, percée ensoncentred'un trou fait à
l'emporte-pièce
etdu diamètre
d'une
pièce
de cinq francs. Le bras du sujet futpassé
dansla
pièce
voisine par l'ouverture ainsi faite.La lame de caoutchouc,
percée
d'une ouvertured'un dia¬mètre beaucoup moindre que celui du bras, interceptait déjà tout passage d'air
d'une pièce
dans l'autre. Pour plusde précaution, le bras lui-même fut introduit
dans
un cy¬lindre de cuivrelargement ouvert à une de ses
extrémités,
tandis que l'autre se terminait par un tube. A l'extrémité largement ouverte fut adaptée une seconde
lame
de caout¬chouc identique à
la première qui,
commeelle,
semoulait
exactementà la forme de la section du membre. A l'autre extrémité fut adapté un long tube de caoutchouc destiné
à
porter au loinl'excédent
des vapeurs émises au coursde
l'expérience.Les fenêtres des deux pièces furent maintenues ouvertes :
cequi assurait uneventilation
suffisante.
Dansl'une où
se trouvait lebras, on put seulement au bout de sixheures
retrouver une très légère odeur d'essence de Wintergreen.
Dans l'autre, à aucun moment de l'expérience ilne futpossi¬
ble d'en déceler la moindre trace.
Ce dispositif
livrait à l'expérimentation
unesurface d'ab¬
sorption
amplement suffisante, constituée
parla surface de
lamain, de l'avant-bras et de
la
moitiéinférieure du bras.
D'autrepart,
il permet de supporter des expériences d'une
durée deplus do
six heures.
Ainsi conduites, les expériences purent être considérées
commeexemptes
de
toutes causesd'erreur du fait de l'ab¬
sorption
pulmonaire.
Recherche du
salicylate dans les urines.
—Les procédés,
— 28 -
employés
pour s'assurer du passage dans l'organisme d'une substancequelconque
sontau nombre de troisA. Les pesées avant et après.
Il n'est pas nécessaire de s'appesantirsur le peu d'exacti¬
tude de cette méthode. Seguin, qui l'a
employée,
reconnaît lui-même ne pouvoir accorder grande confiance aux résul¬tats obtenus.
B. L'examen desphénomènes
physiologiques.
Ce procédé, le seul qui soit applicable à l'étudede certaines substances, les alcaloïdes par exemple, ne l'est pas avec le salicylate de
méthyle. L'absorption
de ce corps ne produit,en effet, chezl'homme sain,aucun phénomène
physiologique
bien caractéristique. 11 nous a semblé, cependant, au cours de nos expériences, que
l'absorption
d'une quantité notable de cecorps amenait un légerassoupissement,
suivi de maux de tête etd'inappétence.
Mais lesphénomènesressentis étaient très peu marqués et ne peuvent être attribués d'unefaçon
certaine à l'action du
salicylate.
La diminution des urines seule a paru constante, comme on peut s'en convaincre en examinant lesquantités d'urines éliminées en vingt-quatre heures dans les différentes expé¬
riences:325grammes,1.000grammes,
870grammes,
785gram¬mes.
Aaucun moment, malgré le grand nombre
d'expériences
faites sur le même sujet, l'examen des urines n'a révélé la présence ni d'albumine ni desucreni dematières colorantes anormales. Il semble qu'il y a, lorsqu'on verse de l'azotate d'uranedans les urines, une grande quantité de
phosphates
:peut-être y aurait-il lieu de faire des analyses comparatives à cepoint de vueavant et après
l'usage
du médicament.G. L'examen des urines.
Ce troisièmeprocédé n'est pas lui-même à l'abri de toute
critique. En effet, la totalité des substances absorbées ne
s'élimine passeulement par les urines. En particulier pour lesalicylate de méthyle il est d'autres voies d'élimination.
« Nousavonspu constater, eneffet, que l'éliminationintesti-
- 20 -
nale de l'acidesalicylique est très
considérable après
une application cutanéede salicylate de métliyle. Les excréments
en renferment une grande proportion.
Peut-être s'en éli-
mine-t-il aussi parla sueur, mais
probablement
assez peu,car nous n'avons pu le déceler dans
quelques gouttes de
ce liquide(4)». D'après
uneexpérience de Rabuteau (2), expé¬
rience qui paraît concluante,
le salicylate de métliyle s'élimi¬
nerait aussi par le poumon,
après injection hypodermique
et par conséquent
après absorption cutanée.
Quoiqu'il en soit, ce
procédé permet de s'assurer du
pas¬sage de quantités
infinitésimales d'éther méthyl-salicylique
et dans tous lescas, s'il ne donne pas de
résultats absolus,
il donne des.résultats toujours comparatifs. Cequinous
suf¬
fisaitamplement.
Le réactif de choix de l'acidesalicylique est le
perchlorure
de fer avec lequel il donne une
belle coloration violette due
à la formation de salicylate de fer.
Essai
quantitatif.
—On peut déceler la présence de l'acide
salicyliquedirectement,
enajoutant à l'urine quelques gout¬
tes de perchlorure de
fer. Mais la réaction est souvent voilée
par un
précipité abondant de phosphates, qui
sedissolvent il
est vrai, dans un excès de
réactif. Mais
alors lacoloration
rouge brun du
perchlorure de fer vient
masquerla colora¬
tion violette du salicylate de fer. Aussi
est-il préférable,
avant de tenter l'essai direct, de précipiter d'abord les phos¬
phates par
de l'azotate d'urane et de filtrer.
Essai
qualitatif.
-■ Lesprocédés de dosage de l'acide sali¬
cylique sont
nombreux. Nous décrirons seulement celui
quenous avonsemployé. Il est basé sur
la propriété
quepossè¬
dent l'éther et la benzine d'enlever les acides organiques
à
leurs solutions aqueuses
(méthode
du coefficient de par¬tage).
Il n'est pas
indifférent d'employer tel
outel dissolvant.
(') Linossieret Lannois, Loc. cit.
(a) Rabuteau, c.li. de la Société de Biologie,t. II,
1885.
Leprocédé d'extraction parla
benzine,
qui réussit trèsbien dansl'analyse
des vinssalicylés (*),
ne nous a pas donné de très bons résultats, caril est difficile d'éviteravec la benzine la formation d'une émulsion persistante qui gênebeaucoup
pour un
dosage
exact.L'étheranhydre, que nous avons
employé
ensuite, nous a paru debeaucoup
préférable.Dansles différents
dosages
que nous avons eu à faire,nous avons constamment procédé de la
façon
suivante : 10 centimètres cubes d'urine sont introduits dans uneéprouvette graduée, en évitant d'en mouiller la paroi
supé¬
rieure. On
ajoute
un centimètre cube d'acideclilorhydrique
pur eton versepar-dessus20 centimètrescubesd'étheranhy¬
dre. Le tube étantbouché, onle retourneavecprécautionsur lui-même une vingtaine de fois. On s'assure que Pémulsion n'a pas de tendance à se produire et alors seulement, on
agite doucementd'abord, violemment ensuite pendant une à deux minutes. On laisse se faire la séparation de l'éther et del'urine. Cette séparation doit êtrecomplète en
quelques
secondes, quand on a pris soin de procéder comme il 'a été dit plus hautet surtout quand on aemployé
de l'éther anhy¬dre. Avecl'éther ordinaire du commerceà 65", Pémulsion est presque inévitable et persistante.
La séparation faite, on note la quantité d'éther surnageant qui est toujours moindre que celle primitivement
employée
(19c. c. à 19 c. c. 5 sur 20 c.c.).
On en prend 15 centimètres cubes que l'on met dans unecapsule et que l'on faitévaporerou bain-marie. Le résidu est traité par 2 c. c. 5 d'eaudistillée dans
laquelle
il doit sedissoudre,
puis par 2 c. c. 5 d'une solution officinale de perchlorure de fer à 0,50 0/00. Ces pro¬portions de sel ferrique ont été choisies, parce qu'elles sont plus que suffisantes pour saturer une solution d'acide sali-
(') Foui-plus de détails, voirBlarez, Dosage de l'acidesalicylique dans les boissons fermentées, et Sauvaître, Sur le dosage des acidesorganiques parla méthode ducoefficient de partage.