FACULTÉ DE MÉDECINE ET DE PHARMACIE DE BORDEAUX
ANNÉE 1896-1897
N» 80
Etude critique de quelques Observations
THÈSE POUR LE DOCTORAT EN MÉDECINE
présentée et soutenue publiquement le 1er Février 1897
PAR
Antoine-Mathieu-Jules ASTIER
Né àVitry-le-François
(Marne), le 20 juin 1873.
Elève duService deSanté de laMarine
iMM. ARNOZAN
PICOTprofesseur....
professeur.... jPrésident.
AUCHÉ agrégé
{
Juge,.BRAQUEHAYE agrégé
)
Le Candidatrépondra aux
questions qui lui seront faites sur les
diversesparties de
l'Enseignement médical.
BORDEAUX
IMPRIMERIE
DU MIDI
—PAUL CASSIGNOL
91 — RUE PORTE-DIJEAUX —
91
1897
Faculté de Médecine et de Pharmacie de Bordeaux
M. PITRES
Doyen.
PROFESSEURS
MM. MIGÉ )
AZAM f Professeurs honoraires.
Clinique interne....
Clinique externe'....
Pathologie interne..
Pathologie et théra¬
peutique générales.
Thérapeutique Médecine opératoire.
Clinique d'accouche¬
ments
Anatomie pathologi¬
que ,..
Anatomie
Anatomie générale et histologie
MM.
PICOT.
PITRES.
DEMONS.
■LANEdONGUE DUPUY.
VERGELY.
ARNOZAN.
MASSE.
MOUSSOUS.
COYNE.
BOUCHARD.
YIAULT.
Physiologie Hygiène Médecine légale Physique
Chimie .
Histoire naturelle ...
Pharmacie
Matièremédicale....
Médecine expérimen¬
tale
Clinique ophtalmolo¬
gique
Clinique des maladies chirurgicalesdes en¬
fants
Clinique gynécologique
MM.
JOLYET.
LAYET.
MORACHE.
BERGON1É.
BLAREZ.
GUILLAUD.
FIGUIER.
de NABI AS.
FERRÉ.
BADAL.
PIECHAUD.
BOURSIER.
AGREGES JE1V EXERCICE :
section de médecine (Pathologie interneet Médecine légale.)
MM. MESNARD. | MM. SABRAZÈS.
CASSAET. | Le DANTEC.
AUCHÉ.
Accouchements.. iMM. RIVIÈRE.
) CHAMBRERENT
sectionde chirurgie etaccouchements (MM. VILLAR.
Pathologie
externe]
BINAUD.f BRAQUEHAYE |
sectiondes sciencesanatomiquesetphysiologiques
AnsitnmiP
|MM-
PRINCETEAU | Physiologie MM. PACHON Anatomie} , GAflNIEU.
j
Histoire naturelle BEILLE.sectiondes sciencesphysiques
Physique MM. SIGALAS. | Pharmacie M. BARTHE.
Chimieet Toxicologie DEN1GÈS. |
• COURS
COIIPUFIIFATAIRES
:Clinique interne dés enfants. MM.
MOUSSOUS.
Clinique des maladies cutanées etsyphilitiques.
Clinique des maladies des voies urinaires.
Maladiesdu larynx, des oreilles etdu nez.
Maladies mentales
Pathologie externe Accouchements Chimie
Le Secrétairede la Faculté
DUBREUILH.
POUSSON.
MOURE.
RÉGIS.
.. . DENUCÉ.
RIVIÈRE.
DEN1GÈS LEMAIRE.
Pardélibération du 5 août1879, la Faculté aarrêté que les opinions émises dans les Thesesqui lui.sont présentées doiventêtre considérées commepropres àleursauteurs, et
qu'ellen'entend leur donnerniapprobationniimprobation.
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A mon Président de Thèse
MONSIEUR LE DOCTEUR ARNOZAN
PROFESSEUR DE THÉRAPEUTIQUE A LA FACULTÉ DE MÉDECINE
DE BORDEAUX
MÉDECIN DES HOPITAUX
OFFICIER DE L'INSTRUCTION PUBLIQUE
AVANT-PROPOS
Avant de commencer ce travail
qu'il
noussoit permis de
remercierbien sincèrement tous nos
maîtres, qui
nousont
montré tant de bienveillance et pour
qui
nousvoulons tou¬
jours rester un
étudiant reconnaissant et dévoué.
Nous garderons
précieusement le souvenir du stage trop
courtaccompli dans
les hôpitaux de Bordeaux, et en parti¬
culier dans les servicesde M. le
professeur Picot, dont
nousavons pu
apprécier la bonté aussi grande que la science, et
de M. le professeur
Piéc-haud qui
nous atoujours marqué
tantd'intérêt.
Nousaurions voulu que
les circonstances
nouspermis¬
sent de présenter un
travail plus complet et plus digne du
grand honneur que nous
fait M. le professeur Arnozan en
acceptant la
présidence de notre thèse.
Qu'il veuille bien
recevoir ici l'expression de notre vive
reconnaissance.
INTRODUCTION
Lesartérites sont-duesà un nombre
très considérable de
causes.Lesmaladiesinfectieusestelles que
la fièvre typhoïde.,
la variole, la
syphilis, l'impaludisme, la tuberculose fournis¬
sent dans l'étiologie de ces
affections
uncontingent très
élevé. 11 est uneautre causequi est
signalée clans l'étude des
artérites en général,
c'est le rhumatisme articulaire aigu.
Nous avons constaté que cette cause,
qui
nousparaît des
plus importantes, a
été
un peunégligée clans les traités clas¬
siques ou clans
les différents travaux qui ont été écrits sur
les artéritesen
général,
et surles aortites
enparticulier.
Il nous
paraît d'autant plus intéressant d'insister sur les
rapports
du rhumatisme
avecles artérites que le rhuma¬
tisme, qui se
fixe
avecprédilection
surl'endocarde, est sus¬
ceptible de
déterminer des lésions de l'endartère, membrane
que l'on
considère
avecraison
commela continuation de
l'endocardeclans les vaisseaux. Il est vrai que si
le rhuma¬
tisme atteint presque
toujours le
cœur,il peut laisser les
vaisseaux intacts; ce fait
existe clans la majorité des
cas.La
coïncidencedes lésions du cœur et deslésions des
vaisseaux,
consécutives toutes deux à la même cause, le
rhumatisme,
se rencontre clans un grand
nombre d'observations. Mais
les signes des
localisations vasculaires n'ont
pas unesymp-
tomatologie aussi nette queles altérations du
cœuret elles
peuvent, de la sorte,
échapper à l'observation du clinicien,
même sngace. On ne
cite
pasd'observation bien probante
d'artérite rhumatismale ayant
évolué
sansparticipation du
— 12 —
cœur. En somme, cela ne doitpoint nous
étonner;
car, puis¬quela membrane interneducœur est plussensible à l'action du rhumatisme, il est tout naturel qu'elle soit atteinte d'une
façon
exclusiveou plus intense. Dans les observations qui suivent, nous retrouvons donc, toujours à côté de la lésioncardiaque, la lésion vasculaire. Elles sont
inséparables
et la première domine la seconde.Si l'influence du rhumatisme articulaireaigudans l'étiolo- gie des artérites est aujourd'hui
incontestable,
celle du rhu¬matisme chronique et de la goutte, qui s'en rapproche par bien despoints, est loin d'être élucidée. Nous n'avons pas la prétention de faire naître laclarté sur ce dernier fait. Nous nous contenterons de citer quelques observations d'artérites rhumatismales, en insistantsur les diverses conséquences qui peuvent résulter deces artérites. Nous verrons, parl'étu¬
de decesobservations,quelesartéritesaiguës rhumatismales guérissent souvent, mais qu'ellespeuvent, à la longue, ame¬
ner la dilatation permanente du vaisseau.
Avant d'entrer dans l'étudede la question, un court exposé historique est indispensable.
CHAPITRE PREMIER
Historique.
En 1824, Bouillaud, dans son
Traité des maladies du
cœur etdes grosvaisseaux, signale la connexion pathogénique du
rhumatisme articulaire et des affections del'appareil circu¬
latoire, etformule la loi de
coïncidence
quiajoute le rhu¬
matisme viscéral au rhumatisme articulaire.
Le docteur Lécorché écrit en 1869: « Il y a deux affections diathésiques dont on ne peut récuser
l'influence
surla for¬
mation de l'endartérite chronique, la goutte etlerhumatisme articulaire dontFrank avait signalé les funestes effets. Que le rhumatisme articulaire sévisse en même temps sur la membrane interne du cœur et des artères, ce faitva de soi.
N'avons-nous pas de part et
d'autre
unemême
structure de membrane,une même nature de sang.» Pour quelques
auteurs la diathèse rhumatismale n'agirait
pas toujours
de la sorte, elle pourrait
semanifester d'em¬
blée sur les vaisseaux sans toucher le cœur. Mais cette manièrede voir,pour être acceptée,
aurait
besoin de preuves qui luimanquent.
» N'oublions pas
enfin
quel'action de la diathèse
rhumatis¬male peutn'être
qu'illusoire dans la production de l'endar¬
térite. Ainsilorsqu'on
constate l'athéromeà
uneépoqueavan¬céed'une maladie de cœur, qu'est-ce qui empêche de nevoir dans cescas qu'une
affection de
causemécanique;
quoi qu'ilen soit, la
diathèse rhumatismale lorsqu'elle
produit l'athé-ro'meparaitavoir an siège de prédilection, c'est d'ordinaire dans lesartères fémorales que les lésions sont le plus éten¬
dues. »
Lobstein pense que
Pathérome
manifeste un trouble de nutrition ordinairementdéveloppé
sous l'influence de la goutte et du rhumatisme.Andralsignale l'origine arthritique desathéromes,
dépôts
calcairesdans les tuniques artérielles des goutteux.
Il faut arriver à Guéneau de Mussy, en 1874, pour trouver
une étude détailléede ces faits.
Guéneau deMussy, dans ses
Cliniques
médicales sur Pa¬tliérome artériel et les indurations des artères, a noté23 cas d'athérome dans les fémorales et 9 dans la radiale; le plus grand nombre des malades avaientsubi des atteintes de rhu¬
matisme articulaire aigu. Il a trouvé des dilatations arté¬
rielles chez 20 malades dont9 avaient présenté des manifes¬
tations arthritiques. Chez d'autres, ilconstate quelesartères
étaient devenuesplus longues et flexueuses, modifications qui s'étaient
opérées
en un temps assezcourt,à
la suite d'at¬taques de rhumatisme articulaire aigu et alors que tout au¬
torisait à penser qu'elles étaient bien le résultat del'affection rhumatismale.
« J'ai sous les yeux, dit-il, l'observation d'un homme de vingt-troisans atteint
depuis
un mois de rhumatisme arti¬culaireaigu avec complications d'endo-péricardite; les artè¬
res étaient très dures, flexueuses, dilatées, à surface inégale:
je suis bien porté à admettre qu'il y a eu chez lui unecardio- artérite rhumatismale qui a eu unepart dans la production
delésions artérielles aussi prononcées.Maiscejeune homme était adonné auxexcès alcooliques et l'alcoolisation est une
cause active de dégénérescence des tuniques artérielles; elle
en modifie la texture, en affaiblitla résistance et peut lesdis¬
poser* à subirune action profonde de la fluxion rhumatis¬
male ».
En somme, sur 140 cas de lésions artérielles il a trouvé 68 fois la coïncidence des manifestations rhumatismales;
chez 38 des attaques de
rhumatisme aigu
ousubaigu, répé¬
tées
plusieurs fois chez 5 d'entre
eux:chez 3, du rhumatisme
chronique;
chez 9, des douleurs sciatiques, articulaires ou
musculaires, le
plus souvent intenses, habituelles
ourépé¬
tées.
« Quandon
réfléchit, ajoute-t-il,
aurôle dominateur que le
rhumatismejoue dans
Pétiologie des maladies de
cœurdont
lesartèressontunannexe, on ne peutconserver
de doutes
sur les rapportspathogéniques qui existent entre lerhumatisme
et leslésions artérielles. L'évolution de celles-ci me
semble
moins rapide que
celle des lésions cardiaques
oudu moins,
moins apparentes
à
sesdébuts.
»Pour le rhumatisme chronique, au
point de
vuede
son influence surl'appareil circulatoire, Guéneau
deMussy
con¬clut à des lésionscardiaques
relativement
rares,à des lé¬
sions artérielles peu
prononcées.
En 1877, Léger, dans sa
thèse inaugurale, assigne le rhu¬
matisme comme une des causes de l'aortite aiguë,
mais
sans insister.
En 1893, Bureau
complète
cesdonnées
surPétiologie de
l'aortite en relevant de nombreuses manifestations
rhuma¬
tismales dans lesantécédents héréditaires ou
personnels des
malades atteints d'aortite. Il a vu des
poussées subaiguës de
rhumatisme donnerlieu à une poussée
du côté de l'aorte et
l'augmentationdu volume de cette artère coïncider
avecl'ap¬
parition
des douleurs articulaires
oude la fièvre rhumatis¬
male. Il a constaté d'un autre côté chez certains arthritiques
de l'aortite chronique
qui
nerelevait
pasd'une artériosclé¬
rose
généralisée.
M.Hanotdit, dansla
Presse Médicale,
en1894
: «Selon moi,
l'artério-scléroseordinairementd'origine infectieuseestquel¬
quefois
consécutive à
uneartérite aiguë rhumatismale. Cette
artérite accompagne
même souvent l'endocardite, maispasse
inaperçue enraison de l'obscurité de la symptomatologïe.
» L'artérite aiguëqui
relevait déjà de la tuberculose, de la
— 16 —
syphilis, de
lafièvre
typhoïde,de l'impaludisme,
devientdonc
aussi une lésion rhumatismale. »
Nous allons exposerl'ensemble des observations d'artérites
liées au rhumatisme, en discutant celles de ces observations qui nous paraîtront le plus
intéressantes.
CHAPITRE II
Artérites
aiguës. Cas où l'on
apratiqué la nécropsie.
ObservationI
(Léger).
Aortite aiguë avec
insuffisance aorlique. Douleurs rhumatismales.
Léon P..., trente-cinq ans, couvreur.
A vingt-quatre
ans,tombe à
l'eau et éprouve des
douleurs
avecgonflement dans les coudes et les
épaules.
Jamais il n'a
eud'autres articulations prises mais a été obligé
de garder le lit
deux mois.
Excès alcooliques. Accès
de fièvre quarte.
15Février1896,— Baigné de sueurs,
mal à l'aise, accusant
une gènecontinuelle dans la région rétro-sternale. Au cou, les artères battent
énergiquement.
Lasous-clavière gauche est
remontée de manière à dessiner tous les
téguments et
rend de
cecôté les battements visibles encore plus énergi¬
ques. Frémissementau
doigt
surle trajet de ces artères.
Le pouls
radial
estrégulier, bondissant, retombe brusquement
etparaît égal
des deux côtés, mais le sphygmographe donne du côté
gaucheune
ligne beaucoup inoins élevée qu'à droite. La ligne d'ascen¬
sion est
perpendiculaire, terminée
par unepointe aiguë, sans crochet ni
plateau, et
la ligne de descente est aussi brusque. Au cœur, l'impulsion
estvigoureuse ettrès
étendue ainsi
quela matité. Les battements sont
sourds avecébranlement marqué dela
région précordiale.
Le4 mars.Lapointe batsur
le sixième
espace.Léger bruit de souffle
As'tier
2
— 18 —
systolique et unsecond diastolique aspiratif, le premiersepropageantle long de l'aorte ascendante. La respiration est profonde,peufréquente, quoiqueassezgênée et il existe àla base, des deuxcôtés en arrière, des râles ronflants et sous-crépitants.
Le 18. Léger œdème des malléoles.
Le 22. Au cœur, enplus des signes précédents, quelques frottements
versla pointe.
Le 11juin. Sur tout le trajet de l'aorte ascendante les bruits sesont
modifiés'; le premierestroulé plutôtquesoufflantet le second estdevenu nettement soufflant. Ces caractères ne se propagent pas le long de la colonne dorsaleoù l'aortene donne que des battements sourds.
Crises douloureuses commençant dans le bras gauche en dedans du coude, s'étendantvers l'épaule et se prolongeant en barre transversale au-devant de lapoitrine.
Du20 au30juillet, état misérable, agitation extrême, sueurs, crises d'angine; le double bruit de souffle au niveau du sternum s'accuse
davantage.
Le4, mort.
Al'autopsie,aortepeudilatée, tuniqueexterneépaissie, tunique interne jaune un peuterne, sur laquelle se détachent des ilôts moins pâles, de consistanceélastique, ayantpourla plupart des plaques gélatineuses et faisantunrelief notable dans l'intérieurduvaisseau. Lapremière portion de l'aorte enest touteparsemée, surtout àson origine,et neprésente pas entrecessaillies deplaquescrétacées. Autour de lanaissance dutronc bra- chio-céphaliqueexisteuneplaque en forme de couronne se prolongeant
danssonintérieur et commençantàsecrétiflerenunpoint. Au-dessousde la carotide gauche l'aorte devient plus saine. Il existe encore,au milieu de sa position thoracique, uneplaque ellipsoïde de 2centimètres delon¬
gueur, étendue dansle sens du vaisseau, moins soulevée que celle de l'originede l'aorte.
A partir de ce pointtoute altération disparaît. Au-dessus de la val¬
vule sigmoïde gauche, la paroi du vaisseau a cédé dans toute son
épaisseur, en
formant
ungodet admettant
la pulpe du pouce, et rendu lui-même irrégulierpar des plaquesmolles, unpeu élastiques,surplom¬bantsa surface interne. Au sommet de cette dépression l'épaisseurdes parois est un peu
diminuée.
L'examen microscopique montrait
bien
le processusaigu qu'elles
avaient suivi. Latunique interne était épaissie dans sa totalité,
présen¬
tant auniveau des plaques gélatineusesunrenflement
considérable,
seu¬lement auniveauduquel existaient descellules embryonnaires dans
les
couches lesplus superficielles.
Le malade dont parle Léger dans
l'observation
que nousvenons de rapporter avait eu
de l'aortite
avecinsuffisance
aortique, il avait eu desdouleurs rhumatismales très nettes,
mais en outre il faisait des excès alcooliques, avait eu
des
accès defièvre intermittente. Les causes
productrices de la
lésion artérielle étaient donc nombreuses ; l'influence du rhumatisme
n'y
est pasexclusive.
Peut-on mettre surle
comptedel'attaque
derhumatisme
qu'a éprouvée cemalade
les plaques gélatineuses
découvertes à l'autopsie
auniveau
de l'aorte, cela est probable, mais
la relation de
causeà effet
entre le rhumatisme etles lésions artérielles n'est pas abso¬
lue et comme elle est contestable, au moins en partie, nous
ne considérons point cette
observation
commetypique.
Il n'en est plus de môme ducas de Hanot que nous
allons
relater.
Observation II
(Hanot, Presse médicale, 1894.)
Rhumatisme articulaireaigu. Aortite aiguë avecinsuffisance aortique
Jeune apprenti, pâle, chétif, sujetà de
fréquentes épistaxis.
Quandon le conduisit à
l'hôpital,
après le débutd'un rhumatisme
qui avait suivitoutes les articulations desmembres, le lendemaind'un
jour où il était resté àla pluie, il était dans un étattyphoïde,blême,
prostré, respirant difficilement, ses
articulations étaient luisantes,
tuméfiées.
— 20 —
Température 41°. Pouls très petit, très accéléré. A l'auscultation du
cœur, onentend un double bruit de souffleaortique et mitral.
•L'autopsie aété pratiquée etamontréles valvulesaortiquesetmitrale
hérissées devégétations. A l'origine de l'aorteet sur plusieurs pointsde
sesportions thoraciqueet abdominale, on trouve quelques plaques géla¬
tineusesqui, sur descoupes, apparaissentcommedeslésions*de la tuni¬
queinterne, et composées de cellules sphériques, à type embryonnaire,
etde grandes cellules aplaties, àprolongements multiples, ayant quel¬
quefois deuxnoyaux et représentant l'endartère.
Dans une autre autopsie, pratiquée sur un rhumatisant morten crise aiguë, Hanot a constatéégalementde l'endar- tëriteaiguë.
Il résulte de la lecture de cette observation que l'influence
du rhumatismeest exclusive,l'attaquea été violente; la tem¬
pérature est montée à 41° ; le patient a été plongé dans un état typhoïde ; la majorité de ses articulations a été atteinte et rapidement le cœur et l'aorte ont subi la funeste influence de cette grave atteinte rhumatismale.
L'autopsie a démontré l'existence de lésionsnon contesta¬
bles ducôté de l'aorte et ce n'est pas simplement à l'origine
dece vaisseau, mais encore dans ses portions
thoracique
et abdominale, que nous découvrons des signes d'artérite. Cette artérite s'estprésentéeavec des végétations, avec desplaques gélatineuses; à l'examenmicroscopique
on a trouvé des cellules sphériques,à type embryonnaire,en grand nombre; ces altérations semblaient exister dans la tunique interne seulement. Nous ne voulons pas, à propos de cette observa¬tion, insister sur les caractères
microscopiques
de l'artérite rhumatismale aiguë. Ces caractères sont identiques à ceux des artérites aiguësen général.CHAPITRE III
Cas de lésions
artérielles transitoires. Observations
cliniques.
Les végétations
qui poussent dans Pendartère des rhuma¬
tisants peuventexposer ces
derniers aux accidents consécu¬
tifs à l'oblitération du
vaisseau. L'observation de Legroux,
communiquée
à la Société de médecine des hôpitaux, en 1884,
enest unepreuve.
Observation III
(Legroux,
Société de médecine des Hôpitaux, 1884.)
Endartëriterhumatismale oblitérante.
Aortile thoracique, anévrysme
deVaxillaire.
Unejeune
fille de vingt-deux
ans,sans autre hérédité appréciable que
l'arthritisme,fst
prise dans les premiers jours de juillet 1884 d'une atta¬
que de
rhumatisme articulaire
;elle avait eu déjà à douze ans une
autreattaque qui
n'avait point laissé de trace apparente.
Cettefois, lerhumatisme
fut tout d'abord subaigu, quelques jointures
devinrentdouloureuses, roses,un peu
tuméfiées et,
aumilieu d'un appa¬
reil fébrile modéré, une éruption très
douloureuse d'érythème noueux
à laface antérieure des deuxjambes
vint
en marquer uncaractère un
peu
anormal.
15 août. Engourdissement
pénible dans la main, l'avant-bras et le
22
brasgauche, bientôt suivi de douleurs aiguës, disparitiondu pouls dans
laradiale, la cubitale et l'huméralejusqu'à la naissance,enmême temps qu'une température glaciale detoute la partie inférieure de l'avant- braset de lamain.
Ces parties, un peu
tuinéfîêcs,
présentaient sur leur face dorsale quelques taches d'unrose hrun.Pas degangrène.
On pensa,en raison de l'état général grave, puis de la sensibilité et des nodosités constatées le long de l'artère humérale, en raison aussi d'un bruit de souffle entendu tout le longde l'aorte thoracique, que l'oblitération de l'humérale devait tenir à une thrombose développée grâce à une artérite aiguë rhumatismale partie do l'endocarde et de l'aorte.
Cn examen minutieuxfit reconnaître :
1° Une cardiopathie complexe;
2° Un bruit aortique intense, presque unbruit de scie, le long de la
la colonne vertébralejusqu'auniveau des insertions du
diaphragme;
3° Un bruit soufflé intense, rude, dans lasous-clavière gauche.
4°Une dilatation de l'artère axillaire duvolume d'une
énormeprune,
dilatation très douloureuse
(anévrvsme vrai).
Dans le cas de Legroux, nous pouvons remarquer que les accidents ontévolué avec une assez grande rapidité; en un
mois, en effet, des lésions se
développent
dans l'aorte, dans la sous-clavièregauche, dans l'artère axillaire où ilseformeun anévrysme vrai ; des engourdissements douloureux apparaissent dans le membre supérieur gauche, en même temps que del'œdème et du refroidissement de la main; le pouls radial de même que les battements artériels de la cubitale et de l'humérale ont disparu. Il existe là, sans nul doute, une endartérite oblitérante, siégeant peut-être au niveau de l'axillaire; est-ce un embolus parti de la sous- clavière et de l'aorte qui
explique
cette série dephénomènes; peut-on au contraire en expliquer la pathogénie par une oblitération autochtone due à une végétation de la tunique interne de l'axillaire ?Cette dernière opinion nous
parait ta plus vraisemblable.
Une question se
présente à
nous :c'est celle de savoir quel
sera l'avenir deces artérites aiguës;
les lésions vont-elles
rétrocéder; le
malade va-t-il guérir ? Si
nousdécouvrons, au
coursde l'attaque
rhumatismale, des signes non contesta¬
blesd'artériteou d'aortite ;si nous
étudions l'évolution de
ces accidents, nous pourrons,
dans certains
cas,les voir
rétrocéder. Les observations suivantes
sont
une preuvedes
plusévidentes de cette rétrocession.
Observation IV
'(Bureau, 1893, Obs. IX.)
Douleurs rliumaloïdes. Fièvres intermittentes. Aortiles chroniques.
Guérison.
MmeG..., quarante-quatre ans,
n'a jamais
eude rhumatisme généra¬
lisé; maiselle éprouve
des douleurs rhumatoïdes des articulations et
descraquements secs
dans les articulations du
genou.10 mars. Aortite subaiguë;
étouffements
;insomnie.
Al'examen direct, ontrouve une aortevolumineuse
qui déborde le
sternum de 17millimètres. La sous-clavièreestsurélevée et déborde
la
clavicule de 1 centimètre. Le dernier bruit du cœur est dur,
clango-
goreux.
Traitement : diète lactée absolue, iodure de sodium.
23 avril. Les phénomènes
aortiques persistent
;continuation de
l'iodure.
5septembre. On
constate
quel'aorte
nedépasse plus le bord droit du
sternum, la sous-clavièrerasela
clavicule
etle second bruit
estnormal.
Les douleurs rétro-sternales ont disparu dans le courant du
mois
d'août.
Observation Y
(Bureau, 1893, Obs. I.)
Albuminurie. Rhumatisme articulaire avec aorlile.
Vil..., âgé de vingt-cinqans. Pas d'antécédents héréditaires.
Antécédentspersonnels.—Fièvre typhoïde, blennorrhagie.
26avril. Asonentrée, onconstate des maux de tête, des vomisse¬
ments,de l'albumine dans l'urine. Au cœur,les bruits sont normaux, la matité aortique déborde le sternum d'environ 2 centimètres, la sous- clavière droite estlégèrement surélevée.
Ces signes ontdisparu lorsque, le 11 mai,le malade est pris de dou¬
leurs rhumatismalestrès vives dans les articulations des genoux et l'articulation tibio-tarsienne et celle des orteils du côté gauche. Temp. : 38°4. L'aorte s'est de nouveaudilatée etdéborde lesternum de 2 cen¬
timètres 1/2,la sous-clavièreestunpeusurélevée.Tensionartérielle,18.
Traitement : salicylatede soude, 3 grammes.
12 mai. Bruitde galop trèsnet. Pouls, 112. Tension artérielle, 18.
13. Douleurs articulaires moins vives. Bruit degalop moins accentué.
La matité aortique déborde toujours lesternum. Temp.,38.
16 mai. L'aorte estrevenue au niveau du bord droit du sternum. Au niveau du deuxième espace intercostal droitexiste un léger souffle mé- sosvstolique extra-cardiaqueque l'on n'entendaitpasces jours derniers.
20 mai. Aorte normale. La sous-clavière est complètement cachée derrière la clavicule. Le souffle aortico-pulmonaire de la base existe
toujours et est assezintense.
21 mai. Deuxièmebruitaortique toujours très dur et un peuéteint.
29juin. L'aorte etla sous-clavière ont leurs rapports normaux. Le deuxième bruit aortique n'est plus éteintcomme il était ces temps der¬
niers, mais il estencore un peudur.
Juillet. Ce second bruit a perdu toutedureté.
Dans le premiercas, nous voyons
l'aorte se dilater, débor¬
der lesternum dedeux
centimètres, la sous-clavière
sesuré¬
lever. Lepoint
intéressant dans l'évolution de ces accidents
est leur disparition
rapide;
enquelques jours l'aorte dilatée,
la sous-clavièresurélevée,
reprennent leur position normale;
dans ce cas les lésions
vasculaires ont subi manifestement
l'influence de l'attaque
rhumatismale, et la rétrocession
simultanée des
phénomènes articulaires et des lésions vascu¬
laires est bien digne d'attirer
l'attention.
Dans le second cas, il existaitune
aortite chronique déve¬
loppée sans
doute
sousl'influence de l'impaludisme ; des
douleurs articulaires
surviennent à
unmoment et une
aortite subaiguë
apparaît
avecsignes d'étouffement et in-
sommie. Quelques
mois après, l'aorte débordée se replace
en arrière du sternum et
les douleurs rétrosternales dispa¬
raissent.
Que cette
rétrocession évidente se fasse d'elle-même ou
sous l'influence d'un
traitement approprié il n'en est pas
moins vrai
qu'elle existe et d'une façon incontestable.
CHAPITRE IX
Dilatations
permanentes consécutives à des artérites aiguës.
Malheureusementles lésions quecrée
le rhumatisme dans
les artèresne rétrocèdentpas
toujours;
onpeut voir persister
d'une façon
permanente les dilatations de l'aorte ainsi que
les bruits anormaux
(souffles)
queTon découvre
parl'aus¬
cultation aucoursde son trajet.
M. Hanot avait remarquéque,
chez des jeunes
gensqui
avaient eu une ou
plusieurs attaques de rhumatisme articu¬
laire aigu, les
artères radiales s'étaient indurées pendant les
années
qui avaient suivi.
L'aortiteaiguë
rhumatismale peut-elle devenir
uneaortite
chronique ? Les
observations
que nousallons signaler, et
dontune nousest
personnelle, semblent démontrer le
passagedes lésionsaiguës
à la chronicité.
Observation VI
("Personnelle).
Rhumatisme articulaire aigu. Insuffisance et
rétrécissement
aortiques.
Dilatation
permanentede l'aorte
Jeunehomme,vingt-deuxans.
Attaques nombreuses de rhumatisme
articulaire aigu.
Insuffisance et rétrécissement aortiques. Dilatation permanente
de
l'aorte.
Signes d'infantilisme.
Antécédents héréditaires. — Son père, âgé de cinquante-huit ans, est en bonne santé; sa mère estbien portante; il en est de même de sa
sœur âgée de seize ans.
Antécédentspersonnels. — Al'âge de huit ans il a eu la rougeole,
mais cette affection a été tellement bénigne qu'il ne s'est même pas alité. La guérison s'est faite sans la moindre complication.
Depuisl'âgede douze ansjusqu'à ces derniers temps, le jeune malade
a subi unesérie d'attaques de rhumatisme dont nous allons retracer les principaux traits.
La première attaque date de l'âge de douzeans. Les douleurs articu¬
laires ont envahi d'abordles genoux, puis les épaules, et ensuite la
presque totalité des articulations du corps. Le cou, lui-même, était immobilisé; la fièvre était élevée. Le maladeresta danscet état, alité, privé de mouvements, pendant deux moisenviron. On lui administra du salicylate de soude, de la digitale ; on lui appliqua des vésicatoires
surlesrégions précordiale etsternale.
La convalescencefutlongue, elle dura deux mois. A partir de ce moment, il restapâle, anémique, chétif, la croissance devint lente et sembla même s'arrêter.
Vers la fin desa douzième année, le malade ressentit quelquesvagues douleurs articulairessiégeant surtoutaux genoux, ne l'obligeant pas à s'aliter et disparaissant rapidement sous l'influence du salicylate de
soude.
Jusqu'àl'âgede dix-sept ans,le malade n'éprouva rien departiculier,
il n'eut pasd'attaque de rhumatisme ni d'autre affection. Sa croissance seulerestait arriérée. Laverge, les testicules restaient petits; les poils
ne semontraient pas.
Une troisièmeattaque de rhumatisme, àpeuprès généraliséeà toutes les articulations, se montra alors que le malade avait dix-sept ans.
Elle nefut ni aussi douloureuse, ni aussi intense, ni aussi fébrile que la première; le patientrestaalité quelquesjours, prit du salicylate, mais
ne fut entièrementremis qu'au bout detrois mois. Durant cette crise, il ne seplaignit pas du cœuret il ne resta de cette atteintequ'une perte marquée de la mémoire.
Laquatrième attaque de rhumatisme s'est montrée, chez notre ma¬
lade, à l'âge de vingt-un ans. Ce fut la plus violente de toutes; elle
débuta par des
douleurs articulaires vives qui furent précédées elles-
mêmesd'un sentiment deconstriction dans
les régions précordiale et
sternale, avecirradiations
douloureuses du côté du cou. Chaque mou¬
vement
respiratoire exagérait cette gène
;les battements du cœur
étaientplus
violents et, à chaque contraction cardiaque, la région du
cœur,lecou tout entier,
étaient le siège de soulèvements intenses.
Lafièvrequotidienne
monta à 40°. L'urine contenait de l'albumine ;
lemalade fut soumisau régime
lacté. Traité dans le service de M. le
professeur
Pitres
pourcette sévère attaque de rhumatisme, il resta
alitédeux mois. Enjuillet
1895, il fut présenté à la Société anatomique
de Bordeaux, commeporteur
d'une atrophie testiculaire double proba¬
blement d'origine
rhumatismale.
Oninsista toutspécialementsur
cette atrophie survenue sans phéno¬
mènes inflammatoires, sans
orchite préalable
; 011signala aussi une hypertrophie marquée du
cœuravec insuffisance et rétrécissement
aortiques.
Nous plaçantau
point de
vuede
seslésions aortiques, nous avons re¬
cherchésidansses antécédents il
n'existait
pasde maladie ayant pu
donnernaissanceà deslocalisations
inflammatoires du côté de
cevais¬
seau.
En dehorsde larougeole,
d'ailleurs bénigne,
que nousavons déjà no¬
tée,nousn'avonspu
déceler d'autres maladies infectieuses telles que fièvre
typhoïde,
grippe; autres fièvres éruptives, syphilis acquise ou hérédi¬
taire,
blennorrhagie.
Pasd'antécédents d'alcoolisme, de
saturnisme
oud'impaludisme
: onne peut guèremettre sur
le compte d'une intoxication paludéenne larvée
les migraines à
apparition périodique (tous les deux jours, à six heures
de
l'après-midi)
quele malade éprouvait vers l'âge de treize ans, alors
qu'il était au
lycée. Ces accidents, qui se caractériseraient par une cépha¬
lée intense à prédominance
fronto-pariétale et par des nausées et quel¬
quefoismême
de véritables vomissements, ont complètement disparu au
bout dehuit à neufmois.
Depuisplus
d'un
an quele malade est au service de l'hôpital et que
nous avonsl'occasion del'examiner, sa
santé, à
peuprès satisfaisante,
n'a été interrompue qu'à
de
raresintervalles
parl'apparition de quel¬
quesdouleurs
articulaires
vaguescédant rapidement à l'administration
du salicylate de soude,soit par des palpitationset un léger œdème des jambes survenant à l'occasion de fatigues.
Etal actuel : Cequi
frappe
àl'examen du malade, c'estla teintepâle, presque cireuse de sestéguments. Peude poil au visage, aux aisselles,au pubis, aux membres inférieurs. La voix a mué; lui-même a pris du
développement,
mais il conserve encoredes traces desoninfantilisme.Enpassant àl'examen du cœur, des gros vaisseaux qui en émanent
et de ceux du cou, on découvre desdétails intéressants.
Le maladeétantcouché dans le décubitus dorsal on constate que la région précordiale etparticulièrement la région de la pointe ainsiquela
basedu cou sontlesiège de soulèvements énergiques coïncidant avecle choc de la pointe. Cette dernière, abaissée, bat dans le cinquièmeespace intercostal àun centimètreet demi ou deux endehors de la ligne ver¬
ticale passantpar le mamelon; son choc donne lieu à des battements
épigastriques.
Les battements du cou, surtout marqués au niveau de la base, batte¬
ments synchrones à la systole ventriculaire, se montrent avec une très
grandenetteté dans la fossettesus-sternale etle soulèvementestapparent jusqu'àtrois centimètresau-dessus de la fourchettesternale.Cespulsations de l'aorte dilatée se continuent dans les sous-clavières droite et gauche qui paraissent onduler dans leurs fosses sus-claviculaires respectives et
ces ondulations, parfaitement appréciables aujour frisant, surviennent aprèsla distension systoliquede la crosseaortique. Ce soulèvement géné¬
ral desvaisseauxdela base ducou se prolonge dans la partie moyenne et même dans la partie la plus élevée du cou, mais en perdant de son intensité. Toute cette région estdonc pulsatile, les artères sont bondis¬
santes; il existe la danse desartères.
Lorsqu'avec la paume de la main onsaisit la face antérieure du cou, on serend bien compte de cette répartition générale, synchrone à la systole, avec laquelle coïncide un thrill des plus marqués à la base, allant s'atténuantversla partiesupérieure et donnant la sensation d'un liquidepassant dans des conduitsrugueux etdépolis.
A lapointe, comme en pleine région précordiale, on ne sent àla pal- pation aucun frémissement vibratoire.
Percussion : La matité ducœurest augmentée. Elle présente, dans lesens transversal,une étendue de 12centimètres; dans le sens verti-
t'ai de 13environ. A
l'hypertrophie
du cœur corresponduneaugmenta¬tionnotable dans les dimensions transversales des vaisseaux de la base.
A 3 centimètres au-dessous de la fourchette sternale, au niveau des seconds espaces
intercostaux, leur matité
estreprésentée
par uneéten¬
duede 8 centimètres. Le bord gauche de la ligne de matité coïncide
avecle bord gauche dusternum. A
droite, l'aorte déborde de 3
centi¬mètres le bord droit du sternum; on ne perçoit pas au niveau du second espace
intercostal droit de battements appréciables.
Auscultation : A la pointe,
violemment soulevée
parle choc systoli-que, on n'entend pasde bruits anormaux. Le
premier
etle secondbruit
sont bienfrappés; le
grand
etle petit silence
ontleur
étendue normale.Vers le bord droitdu sternum, auniveau du second espaceintercostal droit, au foyer
d'auscultation de l'aorte,
onentend
undouble souffle, le
premiercoïncidant aveclasystole, le
second avecla
diastole.Lepremier souffleestrude et râpeux,
il
estdû
au passage avec frot¬tement de la colonne sanguine à travers un orifice et un conduit
rugueux.
Le secondsouffle.plus prolongé, est aspiratif, comme humé; il s'étend bien au delà de son foyer d'origine; ilse propage en hautversla région sus-sternale; à droite, vers la clavicule; enbas, suivantla partie infé¬
rieure dusternum.
Ce bruitva en s'atténuantcomme intensité àmesurequ'on s'écarte du foyer
d'auscultation de l'aorte.
Al'auscultation de l'artère pulmonaire on ne trouve rien departi¬
culier.
Dans les artères du cou, au moment de l'expansion artérielle, on entend un bruit de frémissement, immédiatement après l'artère s'affaisse.
11n'existe pas de
souffle crural.
Pouls :Il existe 80 pulsations àla minute. Le pouls est bondissant, légèrement
dépressible,
sansirrégularités,
ni arythmie. Le poulssous-unguéal est trèsmarqué, surtout auniveaudes deux médius.
Sang : Lesangestpâle. Globules rouges, 2.185.500 par millimètre
cube; globulesblancs, 22.500par millimètre cube.
Urine : Pas d'élémentsanormaux ; quantité normale.
Rien du côté desautresappareils.
Observation VII
(Thèse de Léger, Obs. XI.)
Rhumatisme articulaire avec athérome et insuffisance mitrale.
Poussée consécutive d'aortile. L'aortereste dilatée.
Paul P..., soixante-cinqans,journalier, n'a jamais été malade.
Le 2janvier,après
refroidissement,
douleurs dans lesarticulations, principalement dans les épaules, nécessitantunséjouraulit de trois mois.Légères palpitations.
Etouffements et douleursangoissantes du côté droit. Pas d'œdème, faciès aortique. Base ducou un peu large,sans saillie veineuse,animée de battements sur lescôtés et au niveaude la fourchette sternale.
Pouls radial bondissant, sans chute aussi rapideque dans le pouls de Corrigan, égal des deux côtés.
Cœur hypertrophié, impulsion étendue dans la région précordiale.
Pointe danslesixième espace, un peu en dehors de la ligne mammaire.
Ason niveau, bruit de souffletrèsaccusé,systolique, sepropageant vers l'aisselle.
Au niveau de l'orificeaortique, battements clairs,sans bruit de souffle;
maisau-dessus,surtout à la partie supérieure du sternum, le premier battement aortique est plus éclatant, légèrement prolongé. Le second
bruit estplus éclatant et plussec. La matité aortique remonte jusqu'au
haut du sternum etdépasse, à droite, lebord de cetos dans l'étendue de
2 centimètres. La main n'y sent ni expansion, ni battements, il n'existe duresteaucunesaillie à ceniveau.
Jusqu'au 23juin amélioration continue; le maladepartenconservant
au cœur età l'aorte les mêmessignesphysiques qu'à l'entrée.
Observation VIII
(Bureau, 1893, Obs.XVII.)
Dilatationpermanente de
l'aorte. Aortite chronique chez
unartério-
scléreux. Plusieursattaques de rhumatisme.
Eugène B...,
garde municipal, cinquante-trois
ans.Vu le 3 janvier
1892 àla Charité. Rien dans sesantécédents héréditaires. Bonne
santé
jusqu'àvingt-huit
ans.A cette époque, première attaque de rhumatisme
articulaire aigu qui dura
plus
decinq mois. Resta dix
ans sans nou¬velle attaque, cependant
fréquentes douleurs
vagueset passagères des
articulations. A trente-huit ans, seconde attaque qui porta comme
la
premièresurles grandes articulations. Elle dura deux mois. Depuis
cetteépoque, il est
sujet
àl'oppression et
auxpalpitations, surtout à des
battementsartériels dont il se plaint beaucoup.
Au moindre effort,
essoufflementpénible; au repos,
battements artériels
versl'oreillette
droite, engourdissements
dans l'épaule gauche, mais
pasde phénomènes
angineux. Ilya un an, eutune
hémoptysie.
Etat actuel. — Hommegrand,
maigre, artères du
couà battements
visibles. Cœur très
hypertrophié,
surtoutventricule gauche. A l'orifice
aortique,
double souffle indiquant le rétrécissement et l'insuffisance de
cetorifice.
L'aorte est notablementdilatée et donne lieu àune matité qui dépasse
lebord droitdu sternum de 3 centimètres. Sous-clavière droite
suréle¬
vée, animée de battementstrès
énergiques.
Pas de tuberculose. Iodure de potassium.
10 octobre. Matité aortique non
modifiée. On entend le souffle
systolique de la base,
mais
pasle souffle diastolique.
11 octobre. Accès d'oppression. Aorte
augmentée de volume^
dépassele sternum
de 3 cent. 1/2. Sous-clavière plus élevée. Choc
artérielplusintense.
20 novembre. Inégalité
pupillaire
;étouffements aussi fréquents
qu'avant le traitement.
Astier 3