FACULTÉ
DEMÉDECINE ET DE PHARMACIE
IDE BORDEAUX
AN N ÉE
1894-95 N° 95
ÉTUDE CRITIQUE
SUR LE
TEMPERAMENT
THÈSE POUE LE DOCTORAT El MEDECINE
PRÉSENTÉEET SOUTENUEPUBLIQUEMENT LE
26 JUILLET 1895
PAR
isré à. Fonroque (DordoKne), le37 Décembre
1869
EXAMINATEURS IDE LA.
THÈSE
MM. VERGrELY, professeur,
président,
PICOT,professeur,
j
DUBREUILH, agrégé,
J
jugeStMESNARD, agrégé,
Le Candidatrépondraauxquestionsquiluiserontfaitessur
les diverses parties de 1 enseignement médical.
BORDEAUX
. IMPRIMERIE &
LITHOGRAPHIE GAGNEBIN
72, Rue du
Pas-Saint-Georges. 72
1895
FACULTÉ DE MÉDECINE k DE PHARMACIE DE BORDEAUX
M. PITRES Doyen.
PROFESSEURS :
MM. MICÉ.
AZAM
Clinique médicale
Professeurs honoraires.
MM.
Clinique chirurgicale..:—
Pathologie interne »...
Pathologie et thérapeutiquegénérales Thérapeutique
Médecineopératoire Clinique obstétricale Anatomiepathologique Anatomie
Histologie etAnatomie générale Physiolo gie
Hygiène .
Médecinelégale Physique Chimie
Histoirenaturelle Pharmacie
lièrc médicale Médecine expérimentale Clinique ophtalmologique
Clinique des maladieschirurgicaledes enfants.
Clinique Gynécologique
AGRÈGES EN EXERCICE SECTION DE MÉDECINE Pathologieinterne et Médecinelégale
PICOT.
PITRES.
DEMONS.
LANE LONGUE.
DUPUY.
VERGF.LY.
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de NABI AS.
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PIÉCHAUD.
BOURSIER.
MOUSSOUS.
DUBREUILH, MESNARD.
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Pathologieexterne Accouchements
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SECTION DE CHIRURGIE ET ACCOUCHEMENTS
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DENUCÉ.
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N. Histoire naturelle. N.
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COURS COMPLEMENTAIRES
Clin, internedesenfants Clin, des malad.typhil. et cntan...
Clin, desmalad. desvoiesurin....
Mil. du larynx,des oreillesetdunez
Maladies mentales
I.A.MOUSSOUS DUBREUILH.
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Pathologie externe MM. DENUCÉ.
Accouchements RIVIÈRE.
Chimie DENIGÈS.
Zoologie BEILLE.
Le Secrétaire de la Faculté, LEMAIRE.
Par délibération du 5 août 18T9, la Faculté a arrêté que les opinions émises dans les thèses qui lui sont présentéesdoiventêtre considéréescomme
propresà leursauteurs et qu'elle n'entend leur donner niapprobation jmprobation.
A MON PÈRE
A MA MÈRE
MON GRAND PÈRE ET A MA GRAND
MÈRE
A MES PARENTS
A MES AMIS
A Monsieur le Professeur
PIÉCHAUD
Professeurde Clinique desmaladieschirurgica>es
des Enfants
Officier d''Académie.
A mon président de thèse
Monsieur le Professeur YERGELY
Professeur de pathologie et de thérapeutique générales
à la Faculté de Médecine de Bordeaux, Chevalier de la Légion d'Honnew,
Officier de VInstruction Publique, Correspondant de VAcadémie de Médecine.
ÉTUDE CRITIQUE
SUR LE
TEMPERAMENT
AVANT-PROPOS.
La phrase
initiale de notre thèse doit être dictée par la
reconnaissance et revient de
droit
auxmaîtres éminents qui
nous ont appris à
connaître et à aimer la médecine.
QueM. le professeur
Piéchaud veuille bien agréer l'expres¬
sion de notre vive gratitude pour
les savants conseils qu'il nous
donna au début de nos études et
toujours depuis, et pour l'in¬
térêt qu'il nous a
constamment témoigné.
Les deux années d'externat que nous avons eu
l'honneur de
passer dans le
service de M. le professeur Vergely, laisseront
danc^ notre cœur un souvenir
ineffaçable. Nous
nesaurions
trop remercier ce
cher et vénéré Maître de la sympathie parti¬
culière qu'il a
montrée à notre égard, et aussi d'avoir accepté
la présidence de ce
travail inaugural. Nous serions trop heu¬
reux s'il y retrouvaitun
faible écho de ses doctes leçons au lit
du malade, un reflet,
si pâle fût-il. de son haut enseignement
à la Faculté de médecine': pouvoir mettre en épigraphe le magister dixit des anciens, n'est-ce pas le plus beau des encouragements, n'est-ce pas la plus belle des récompenses ?
— 11 —
INTRODUCTION.
Entre l'action des choses ou des hommes sur nous et la réaction par laquelle nous y répondons,
il
y atoujours
un intermédiaire : notre tempérament, qui produit ce qu'on asi bien nommé notre « indice de réfraction mentale. » (1) Le
même rayon de lumière, s'il traverse
des milieux différents,
change de direction etse colore de nuances
variées.
Transportée de la psychologie
à la pathologie, cette
asser¬tion ne cesse pas d'être vraie.
La maladie n'étant qu'une impression transformée, une réaction vitale contre les causes morbifiques, cette réaction participera nécessairement de
la
naturede l'être qui réagit. (2)
Aussi a-t-on pu dire : « Connaîtreson
tempérament, c'est avoir
trouvé le meilleurmédecin. »
Or, qu'est-ce que le
tempérament ?
Ce mot de tempérament, dit
Maudsley, n'est guère jusqu'à
présent qu'un
symbole représentant des quantités inconnues,
plutôt qu'un terme
désignant des conditions définies.
—Que de
sens n'a-t-il pas cachés dans
la suite des âges,
cesymbole !
— Traiter ce grave sujet, partieintégrante de chaque doctrine
médicale, c'est toucher aux œuvres
vives de la médecine dont
il e partagé toutes les
vicissitudes. Or,
enraison même de
son objet et de son but, cettescience
aété pendant des siècles
exposée à toutes les
fluctuations des doctrines philosophiques
et de l'esprit de système. Ces
révolutions successives qui chan-
(1) Fouillée.— T^evuedes deux Mondes, 15 juillet 189}.
(2) Bouchut.
gent la face de la médecine,
chaque siècle
pourainsi dire les
avues s'opérer, conséquences
forcées de l'agrandissement des
connaissances humaines.
Ce sont ces métamorphoses successives de l'idée inhérente
à cemot de tempérament que, pour répondre au désir
formulé
parM. le professeur
Vergely à
son coursde pathologie générale,
nous avons voulu montrer, jugeant digne d'intérêt d'apprécier
à leur juste valeur et les progrès réalisés et
la distance
par¬courue.
Avant cet examen rétrospectif de ce point particulier, il ne serait peut-être pas inutile de jeter un coup
d'œil rapide
sur l'ensemble de ces doctrines, et, les classant d'après les prin¬cipes philosophiques, d'en former un
tableau réduit qui pré¬
sentât à l'esprit leur évolution. (1)
On pourrait, alors, décrire le mysticisme,
doctrine de
tousles temps et de tous les lieux, et
d'après
laquelle la causede
la maladie ou de la santé réside dans les dieux ou les puis¬
sances occultes : ce serait parler successivement du fétichisme médical, de la thaumaturgie, de la magie, de
la sorcellerie,
du magnétisme, de l'homœopathie, etc.
Passant au naturisme, nous dirions comment la nature, rec-
trice de la matière, s'oppose à la naissance et au
développe¬
ment des maladies; doctrine d'Hippocrate d'abord, et connue
aussi sous le nom dedogmatisme, nous la verrions se trans¬
former en pneumatisme avec Athénée, prendre le nom
d'ar-
chéisme avecVan Helmont, d'animisme avecStahl,pour, avec quelques modifications, s'appeler avec
l'école
deMontpellier,
Vitalisme.
De là, nous parlerions de l'empirisme
inauguré
parPhilinus
de Cos et Sérapion, qui, lassés desfutiles et vaines
discussions
de l'école, voulurent s'en tenir à l'observation pure et
à l'expé¬
rience, seules bases solides, disaient-ils, de la
médecine.
(1) Voir:Bouchut.—Histoire de la ^Médecine, passim
— 13 —
Puis,
l'anatomisme retiendrait longuement notre attention.
Fondé par
Hérophile et Erasistrate, affermi par Galien, plus
tard par Vésale,
Aselli, Eustache, etc., nous verrions ce sys¬
tème devenir lepoint de
départ du solidisme, de la chimiâtrie
avec Sylviusde le
Boë, de l'anatomie pathologique avec Bonnet,
Morgagni,
Cruveilher, A. Robin, Virchow, de la physiologie
avecHarvey,Haller,
Magendie, Flourens, Cl. Bernard, Longet,
de Tiatromécanicisme avec
Boerhaave,
—et enfin se résumer
en l'organicisme.
Nous ne saurions oublier
le méthodisme d'Asclépiade de
Bithynie. qui ne
voyait dans l'homme qu'un être passif,-véri¬
table lacis de pores où
circulent les atomes : le resserrement
ou le relâchement de ces pores, cause
de maladie, nous le
retrouverions chez les
modernes dans le spasme et l'atonie
de F. Hoffmann et Cullen,
l'état sthénique et asthénique de
Brown, le
stimulus de Rasori, l'irritation de Broussais, etc.
Enfin nous compléterions ce
coup-d'œil général par un
regard jeté sur
l'éclectisme dont Agathinus de Sparte avait
jeté les bases,
et qui. renaissant avec notre siècle, put, sans
être une doctrine véritable,
anéantir le prestige et les idées de
Broussais.
Mais une étude, même
succincte, des systèmes médicaux
nous entraînerait trop loin et,
du reste, sortirait du cadre que
notre titre noustrace ; nous nous
bornerons, chemin faisant à
travers les siècles, à indiquer
comment, sous quelle forme
l'idée de tempérament
surgit de
cesdoctrines.
Passant en revue, dans une
première partie, l'antiquité, le
moyen âge,
les
tempsmodernes jusqu'à nos jours, nous réser¬
verons pour une
seconde les théories qn'ont fait saillir les
découvertes contemporaines.
Naturisme, solidisme, anato-
misme,
iatromécanicisme, éclectisme, etc., seront successive¬
ment interrogés et leurs
réponses discutées.
Nous ne nous dissimulonspoint les difficultés de notretâche.
« Pour pratiquer et étudier convenablement la médecine, il
faut y mettre de l'importance, et pour y mettre une importance véritable, il faut y croire (1).» Cette parole de Cabanis a été pour nous un encouragement: nous y aurions cherché même
une promesse de succès si nous n'eussions déjà connu la bien¬
veillante indulgencedenotrejury, qui, nousl'espérons, voudra
bien se rappeler pour nous l'appliquer ce vers d'Ovide.
Si desuntvires, tamenest laudanda voluntas.
(i) Cabanis,du degréde certitudede la Médecine; préface.
Première Partie.
Doctrines anciennes
jusqu'à
nosjours.
(.Hippocrcite, Gcilien, Ecole de Salerne, Stahl, Halle, Haller,
Gall et autres auteurs contemporains).
Temps primitifs.— La période primitive, qui répond à la première enfance des sociétés humaines, est environnée d'une profonde obscurité etentremêlée d'un grand
nombre de fables.
Elle comprend un laps de temps indéterminé, pendant
lequel
la médecine ne constitue d'aucune façon une science, c'est-à-
dire un assemblage systématique de connaissancesraisonnées,
mais forme tout auplus un recueil indigeste denotions expéri¬
mentales vaguement décrites
et
la plupart du tempsdéfigurées
par une série de traditions
incomplètes.
Nous ne demanderons rien à cette période sur le sujet qui
nous occupe. Nous passerons sous
silence la médecine des
Egyptiens(1), des Hébreux (2), des
Indiens orientaux (3), des
Grecspendant lapériode primitive
(4).
(1) Consulterausujet de lamédecine desEgyptiens : Benjamin Constant — De lareligion 1824.
Lettres de Champollion le jeune,relativesaumuséeégyptien de Turin,p. 25 et suiv.
Houdart.—Etudeshistor. etcrit. surlavieetladoctrined'Hippocrate et l'èlat de la médecine avant lui, 184O.
C. Sprengel.—Hist. de lamédecine.
Th. Lauth. —Hist. del'anatomie, Strasbourg i87ç.
Pariset.—Mémoires surles causesde la peste.
(2) Lévitique, passim.
Leclerc.—Histoire de lamédecine.
(3) P. Cordier. — Thèse de Bordeaux 1893-1894. Etudesurlamédecine hindoue.
(4) Le P. dcj Haxde. —Histoire de la Chine.
Cleyer. — Specimen médicœ siniœ. Francofurti,anno 1682.
Lepage.—Dissertationsurlamédecine desChinois.
(4) Etudesurl'anatomie etlapiysiol. d'Homère('Bull. del'Acad. royale de mid. I842.
Nous mentionnerons à peine le courant de
connaissances
humaines qui, dès les
premiers temps, parti de la Perse, de la
Chaldée, de l'Egypte, ne
tarda
pasà s'étendre
enGrèce. Jus¬
qu'à cette époque
(après la
guerrede Troie, lathéurgie n'avait
pas existé à l'état
de doctrine
; ce nefut qu'alors qu'elle prit
un corps et commençaà s'exercer
dans les temples consacrés
aux dieux de la médecine.
Nous inspirant du cours
professé
en1892-1893
parM. le
professeur
Vergely,
nousdevrions peut-être parler des temples
d'Epidaure, de Pergame,
de Cos, de Cyrée, décrire
cestemples
situés dans des lieux agréables, près de sources
thermales
oude cours d'eau, entourés de
jardins
; nouspourrions énumérer
les remèdes divers appropriés à chaque
maladie, les vomitifs,
les purgations, les
bains de
mer,les frictions, les
eauxminé¬
rales, la saignée même; sans
oublier,
ausurplus, les ruses les
plus singulières
employées
parles devins et les prêtres pour
conserver leur pouvoir sur la foule
imbécile et dont
nousdonne
une idée la lécanomancie ou divination par les
bassins. Nous
trouverions là les premiers monuments
de la science, les
sen¬tences gnidiennes et les œuvres
des Asclépiades (1).
Mais nous serions entraînés trop loin : nous avons hâte
d'ar¬
river à la période dite
philosophique qui donna à la médecine
le premier de ses
plus illustres représentants
; nousvoulons
parler
d'Hippoerate (2).
C'est dans son Traité de la nature de l'homme qu'Hippo-
crate exprime les idées ayant cours
de
sontemps
surla ques¬
tion : le mot sôaeiç-, naturœ, est
celui qui correspond le mieux
à notre mot tempérament ; c'est
la physionomie
propreà
(1) Voir àcesujet:cArchives génir.demédecine 1891. Courtois-Suffit.
(2) Vécutversl'an 4O8av. J.-C.
Consultersurla doctrined'Hippoerate:
Sprengel. —ApologiedesHippocrates undseinerGrunlsœtze, Leipzig 1789-1792.
Littré. — Œuvresd'Hippoerate, Paris I839-1860.
Pariset.—Aphorismes d'Hippoerate, Paris 1811.
— 17 —
chaque homme,
d'après le mélange
enproportions variables
desquatre humeurs
fondamentales.
Là sont jetées les
bases de l'idée d'une action presciente de
la nature dans les actes physiologiques et
morbides de l'orga¬
nisme, en un mot
du naturisme,
paropposition à supernatu¬
ralisme qui attribueces
actes à des influences occultes surna¬
turelles. La nature, envisagée comme
l'ont fait Virgile, Leibniz,
Lecat, Bonnet,
Buffon, Kant, etc., est la puissance intelligente
et harmonieuse,
régulatrice des fonctions.
Mensagitat molem, totosinfusa per artus..
.(1)
Préparé en Grèce par
la philosophie de Pythagore, le natu¬
rismebrilla de tout son éclat avec
Hippocrate.
Celui-ci, partant de
la notion des éléments d'Empédocle,
admit comme lui quatre humeurs
auxquelles il ajouta la cha¬
leur innée
(vEg9uxov8âp}Lv)d'Héraclitej
cesont: le sang, la bile, la
pituite,
l'atrabile. La prédominance de l'une de ces quatre
humeurs se manifeste par les
qualités de froid, de chaud, de
sec ou d'humide; chacune de ces
humeurs prédomine dans
chaque saison, dans
chaque âge.
« La pituite augmente
chez l'homme pendant l'hiver, car
étantla plus froide de
toutes les humeurs du corps, c'est celle
qui est le plus
conforme à cette saison... L'influence de l'hiver
sur l'augmentation de
la pituite dans le corps, vous la recon¬
naîtrez aux signes suivants :
c'est dans cette saison qu'on
crache et qu'on mouche
le plus de pituite et que surviennent
de préférence les
leucophlegmasies et les autres maladies
pituiteuses. »
« Au printemps,
la pituite
conserveencore de la puissance
et le sang s'accroît; le
froid
serelâche, les pluies arrivent et
le sang prévaut sous
l'influence de l'eau qui tombe et des
(1) Virgile.—Enéide, VI.
journées qui s'échauffent; ce sont les conditions de l'année qui
sont le plus conformes à sa nature, car le printemps est
humide et chaud... c'estau printemps eten été que des hémor- rhagies se font par les narines et que le corps est rouge et le plus chaud. »
« En été, le sang a encore de la force, mais la bile se met
en mouvement dans le corps, et elle se fait sentir jusque dans
l'automne. Le sang diminue dans cette dernière saison, qui lui
est contraire, mais la bile domine dans le corps en été et en automne ; vous en aurez pour preuves lesvomissements spon¬
tanés de bile qui se font à cette époque, les évacuations émi¬
nemment bilieuses que provoquent les cathartiques, et aussi
le caractère des fièvres et la coloration de la peau. La pituite
est au minimumdans l'été, saison qui, étant sèche et chaude,
lui est naturellement contraire. Le sang est au minimum en
automne, saison sèche et qui déjà commence à refroidir les
corps humains; mais c'est alors que la bile noire surabonde et prédomine. »
« Donc toutes ces humeurs existent constamment dans le corps humain; seulement elles y sont, par l'influence de la
saison actuelle, tantôt en plus grande, tantôten moindre quan¬
tité, chacune selon sa proportion et sanature... Dans l'année régnent tantôt l'hiver, tantôt le printemps, tantôt l'été, tantôt
l'automne; semblablement dans l'homme prévalent tantôt la pituite, tantôt lesang, tantôt la bile, tantôt l'atrabile (1). »
Telle est la théorie des tempéraments telle que nous l'a léguée Hippocrate. Elle révèle la pauvreté de la physique et
de la chimie des anciens : ils n'avaient aucune idée ni de la
pression atmosphérique, ni de la composition de l'air et de ses divers mélanges, ni des phénomènes chimiques de la respira¬
tion, ni d'une foule d'autres phénomènes et d'autres influences.
fi) Littré. —Œuvresd'Hippocrate. Tom.VI,p.47.
Leurs aperçus sur l'action du calorique et de l'humidité étaient
même très vagues et très superficiels, et cette action, ils ne la
considéraient que dans ses rapportsavec les humeurs du corps humain, sans tenir compte des modifications également impor¬
tantes que les solides enéprouvent.
De plus, ces qualités prêtées à nos humeurs n'étaient rien
moins qu'imaginaires et dérivées des éléments qui étaient
censés dominer dans leur composition : les rapprochements
créés entre ces humeurs et les saisons de l'année étaient plus poétiques que réels.
Cette idée de l'influence des saisons sur le tempérament —
le climat n'étant qu'une saison permanente — contient en germe le fatalisme géographique, développé dans les temps
modernes par Herder, et qu'a si habilement exploité Taine sous le nom de Théorie des milieux.
Dogmatiques (1).—Les humeursd'Hippocrate avaient le mé¬
rite, quelques-unes du moins, d'une existence réelle; les dogmatiques successeurs d'Hippocrate, obéissant à l'influence toujours croissante des philosophes de l'Académie, s'élancè¬
rent avec ardeur dans la voie des hypothèses et admirent jusqu'à onze humeurs : chacune de ces humeurs pouvant
former la base d'un tempérament, c'est assezdire la variété, le
chaos de cette doctrine.
Galien. — Malgré ses prétentions à l'éclectisme et bien qu'il
eût successivement étudié à l'école des stoïciens, à celle des académiciens, puis à celle despéripatéticiens pour passerenfin
dans celle des épicuriens, Galien (2) fut avant tout hippocra- tique, et sa doctrine, envisagée à un point de vue général, peut-être regardée à bon droit comme un développement du dogmatisme de Cos. '
(1) Proxagoras (de Cos)futle chefdecetteécole.
(2) Galien, médecin de Pergame (i31-2OO). CI. Gaienus medicorum post Hippocratem princeps, philosophus,grammaticus.—Ackermann. Institut, hist. méd.
Comme l'on pouvait s'y
attendre,
sadoctrine des tempéra¬
ments se rapproche beaucoup
de celle d'H ippocrate. Comme
celui-ci, il prendpour
base de
saclassification les qualités pri¬
mordiales des quatre éléments, le
froid, le chaud, le
secet
l'humide ; et, selon la prédominance
de l'une de
cesqualités
ou de deux d'entre elles chez le même individu, il distingue quatre premiers tempéraments
composés. Une juste
propor¬tion des mélanges constitue le temperamentum
ad pondus,
qu'il avoue lui-même être rare et
purement théorique (1).
Les quatre tempéraments simples
furent désignés
sousle
nom de chaud, froid, sec et humide.
Les tempéraments
com¬posés correspondaient aux quatre
prédominances humorales
d'Hippocrate; de sorte que le sec et
humide correspondaient
au sanguin; le sec et chaud au bilieux,
le froid et humide
au pituiteux, le sec et froid au
mélancolique.
Le siège de cesdivers tempéraments
fut facile à déterminer
: Galien les plaça chacun dans l'organe quel'anatomie de
son temps regardait comme sécrétantl'humeur qui donnait
sonnom àcetempérament; quant autemperamentum
ad pondus,
il le plaça dans la peau.
On le voit, cette théorie de Galien n'est qu'un
remaniement
de celle d'Hippocrate; elle relève comme
elle du plus
purhumorisme.
Mais cet humorisme ne saurait plus nous satisfaire : il ne présente qu'un pur intérêt
historique. Basé
surl'existence des
altérations des quatre humeurs, dont
l'une, l'atrabile, n'a
jamais existé, et dont une autre,
le phlegme,
nemérite
pasle
nom d'humeur, il n'est pas
anatomiquement bien constitué
; ajoutez à cela que les altérations dela bile auxquelles
onfaisaitalorsjouerun rôle prépondérant nesont pas
confirmées
par les recherches modernes.
(.i) De temperamentis, lib. IV, cap.I.
— 21 -
obéissant moins â leurs préjugés philosophiques; ils eus¬
sent demandédavantage à l'observation; ils auraientpu décou¬
vrir des rapports plus vraisemblables entre
les humeurs
etles saisons. Ils auraient trouvé sans doute que l'action pro¬
longée du froid humide versla
fin
del'automne et le
commen¬cement de l'hiver dans les climats tempérés de la Grèce développaitl'humeur etle
tempérament dits lymphatiques; etc.
mais il eût failli; pour ce faire; renoncer
â l'harmonie pytha¬
goricienne des quatre humeurs avec
les quatre éléments et
les quatre saisons (1). Car ce
fut l'erreur radicale de la philo¬
sophie grecque; ainsi que
l'a fort bien dit Herschel (2); d'ima¬
giner que la méthode
qui;
enmathématiques; avait donné de si
beaux résultats; pouvait s'appliquer
aussi â la réalité objective.
CelsC; l'école grecque;
Avicennè; Paul d'Egine (3); les Ara¬
bes (4) ne modifièrent pas la
médecine ancienne
;leurs
œuvresne sont que des
commentaires des idées galéniques.
L'école de Salerne, par l'époque où
elle florissait (XIe siècle);
résume les doctrines des écoles grecque et arabe.
Cette école;
qui prétendait qu'on
pouvait
se passerde médecin à la condi¬
tion d'être gai, modéré et sobrC;
Sitibideficiaiit medici, medici tibi fiant
Iloec tria :mens hilaris, requiesmoderata, dietœ.
nous a laissé comme seul monument un recueil de
préceptes
rimés de Conseruandà valetudine où elle parle
explicitement
des tempéraments : pour elle; quatre
humeurs dans l'économie
et rapports très fréquents entre
les éléments et les tempéra¬
ments. C'est une réédition de la doctrine galénique ; pas
d'a-
(1) ConsultersurGalienet ses oeuvres : Maillard. —Thèse deParis 1865.
Darembsrg.—Œuvresde Galien, Paris1858.
Meryon. —Thehistoryof medicine, London 1861.
(2) Discourssurl'étudede la philosophienaturelle 1834.
(3) Pourcetteépoquedetransition, voir: Renouard. — Histoire des sciences médicales.
(4) Leclerc.—Médecine des Arabes. 'Gaz. Mèd. deMontpellier 1854'.
perçus nouveaux en ces quelques vers concis où, cependant,
les caractères extérieurs des tempéraments sont assez bien
décrits.
Stahl. — Ce naturisme d'Hippocrate et de Galien triompha jusqu'au XVe siècle, àl'époque de Cornélius Agrippa, de Para-
celse et de van Helmont(l). Mais peu à peu, l'influence de la nature, jusque-là prépondérante, fut remplacée par l'action de
la divinité et des puissances occultes astrales ou démoniaques.
Puis vint l'archéisme, à son tour vivement attaqué par la
chimàtrie et l'iatromécanique.
Les progrès de la chimie avaient fait naître l'idée d'expli¬
querles fonctions qui régissent les êtres organisés par les lois qui régissent les combinaisons intimes et élémentaires des corps bruts; de même aussi les progrès de la physique expé¬
rimentale, de la mécanique et desmathématiques suggérèrent
la penséed'appliquer le calcul aux phénomènes de l'économie
vivante. On se berça de l'espoir qu'on parviendrait à déter¬
miner avec une précision mathématique les moindres vicissi¬
tudes de la santé, ainsi que les moyens d'y remédier, et l'on se livra dans ce but à des recherches aussi patientes qu'ingé¬
nieuses.
L'animiste Stahl (1) avait posé comme principeque le mou¬
vement est l'instrument de la vie : de là sa classification célèbre des tempéraments que nous allons donneren quelques
mots (2).
D'après lui, il y a un tempérament sanguin, un second dit
phlegmatique,
un troisième mélancolique, un quatrième colé¬riqueou bilieux.
(i) Ambr. Parédéfinitletempérament « uneconfusion ou mélange de chaud, froidethumide».
Il partagecomplètementles idéesGaléniques.—Voir:Intr. IV.
(1) Stahl ÇI660-1734] —Voir :Lasègue, Stahletsadoctrine, I846.
(2J Temperamentum dénotât peculiarem habitum partium fluidarum erga solidas in ordinem situm, motum, transitum et circuilum. Theoria medicavera, p. 636.
Harum rerum causant positam essejudico in proportions illd organicà meatuum atque humorum, et motus ad hancproportionem convenientis.lbid, p. 3c8.
— 23 —
Dans le tempérament sanguin, les solides ont une texture spongieuse; un sang riche les parcourt librement; les fonctions
vitales s'accomplissent avec une facilité qui fait naître dans l'âme unsentiment de gaieté et de franchise. Une figurepleine,
des membres musclés, un teint fleuri sont l'apanagedece tem¬
pérament.
Le lymphatique, au contraire, a des chairs lâches et pâles.
Le sang, trop riche en molécules aqueuses et froides, pauvre
en molécules rouges et actives, parcourtmollement des tissus qu'il amollit: de là ce sentimentde faiblesse qu'éprouve l'âme,i
de là ce caractère indolent,timide, indifférent.
Chez le mélancolique les vaisseaux sont amples, mais l'élé¬
mentcirculatoire est excessivement épais, à peine apte à cir¬
culer : aussi, dans la crainte d'un arrêt funeste, une
sollicitude
constante se manifeste chez l'individu, qui prend un caractère méfiant; une teinte rembrunie, une maigreur
extrême
com¬plètent le tableau.
Le bilieux est maigre aussi, maisson visage estvermeil; car
le sang, fluide et très mobile, est chargé de parties
sulfureuses
et circule avec rapidité dans desvaisseaux de calibremoyen
à
travers des tissus compacts et serrés : une audace et une
activité extrêmes caractérisent ce tempérament (1).
Evidemment le principe de cette doctrine est
inattaquable
:car il y a dans l'homme une machine
composée d'instruments
divers soumis aux lois physiques, chimiques et
mécaniques;
elle a saraison d'être dans la structure du corps humain, mais
elle a le tort très grave de ne point tenir assez compte
des
propriétés organiques et vitales,propriétés dont
uneautre
école donna l'explication — hypothétique — par
la bouche de
Barthez.
(i) Theoria medicavera, p. 299.
Hallé. — En effet, au moment où
l'animisme, triomphant,
avait réussi à se faire adopter, les Fizes, les
Bordeu, les Bar-
thez, gloires de l'école deMontpellier,
nepouvant croire
al'intervention de l'àme dans laproduction des actes
physiolo¬
giques ou morbides,
cherchent
unenouvelle solution" du
pro¬blème: de là naît leprincipevital de Barthez,
hypothèse inspirée
de la philosophienewtonienne, ou,
si l'on veut, induction
pure.De là aussi, manifestement, la notion
du tempérament telle
quela conçut Hallé :
« Des différences entre les hommes, dit-il, constantes, com¬
patibles avec la
conservation de la santé et de la vie, dues à
une diversité de proportion et
d'activité
entreles diverses
parties du corps et assez importantes pourmodifier l'éco¬
nomie » (1).
De là ses deux grandes classes de
tempéraments (2)
:1° tempéraments généraux dont
les fondements furent placés
dans les systèmes généraux quisont
répandus dans tout l'orga¬
nisme; 2° tempéraments
partiels, dus à la position
ouà
l'actionprédominante de certains organes.
N'est-ce point là une application flagrante
de la sensibilité
générale et des sensibilités propres
de Bordeu ?
Haller, Gall. — Pour
l'école vitaliste, c'est la vie qui crée
l'organisation, qui l'entretient bonne ou
mauvaise, qui préside
àson exercice : l'alliance de l'agent vital et desorganes
fait
lavie. Au contraire, l'école solidiste et
organicienne
que nousallons trouvermaintenant, regarde la vie comme le
résultat de
l'organisation et non comme un principe :l'organisation fait la
vie.
Soit ontologique, soif anatomique, le
solidisme
neconsidère
dans l'organisme que des éléments solides et
anatomiques. A
(1). Mémoiresde la Sociétéd'émulationan vinp. 343.
(2). Art. Tempérament Dictionnairedes sciences médicales 1821.
— 25 —
l'époque ou il apparut, on
n'avait à choisir étiologiquement
qu'entre une
putridité hypothétique des humeurs cardinales
telles que le sang, la
pituite, la bile et l'atrabile, et l'altération
des solides que démontraient de
nombreuses autopsies. La
chimie en enfance n'avait donné à la science quedes hypo¬
thèses, et Bonnet,
Morgagni,
etc.,faisaient leurs admirables
découvertes: anatomo-pathologisme, brownisme,
organicisme
ou cellularisme, le solidisme
s'imposait
presque.Entraîné par ce courant, Haller
basa
sadistinction des tem¬
péraments sur
le degré de force et d'irritabilité des parties
solides.
Le tempérament bilieux
fut constitué
parl'union de solides
résistants et d'une irritabilité assez développée.
Une irritabilité moindrejointeà une fibre
énergique constitua
letempérament
sanguin
ouathlétique
.Dessolides faibles et peu irritables
appartiennent
autempé¬
ramentphlegmatique.
Tandisqu'une
irritabilité extrême et la faiblesse des'solides
caractérisaient letempérament
mélancolique.
C'estla première
classification qui
netienne
aucuncompte des
humeurs de l'organisme (1).
L'idée systématique de
Gall devait s'emparer aussi de la ques¬
tion. Georget,jeune
physiologiste du commencement du siècle
exposa ses vues dans sa
Physiologie du système nerveux :
« Le cerveau, dit-il, estle
seul
organequi puisse,
parsa puis¬
sante influence, par ses
rapports
avectoutes les parties du
corps, modifierpar son
action les dispositions de l'organisme,
donner naissance à denouvelles
combinaisons organiques, à des
ensembles de phénomènes
enchaînés les
uns auxautres ; et ce
qu'il y a de
positivement vrai dans la doctrine des tempéra-
;1) Nonpotest solis in humoribus ullomodo temperamentorum principium poni,
Physiol.,
tom.I[
lib. IV.
ments s'explique parfaitement bien dans ce sens (1) ». Le livre
de Thomas de (Troisvèvre), sur la division naturelle des tempé¬
raments tirée de la fonctionomie, n'est que le reflet de cette doctrine; toutes les variétés individuelles seraient sous la dépendance directe ducerveau àl'exclusion des autres organes.
Sil'anatomisme, et partant sa notion du tempérament, veut
êtreaccepté, qu'il reste ce qu'il doit être, une méthode d'acqui¬
sition de connaissances nouvelles que l'observation vérifie et qui servent à éclairer la médecine ; dans ce cas, nous l'accepte¬
rons sans réserves. Mais lorsqu'il a la prétention d'être une
doctrine, il y a lieu de faire de nombreuses restrictions. Incon¬
testablement, la pathologie peut en être vivement éclairée,
mais ellene doit pas en être déduite.
C'est le lieu de rappeler une profonde parole d'Hipoc.rate :
« Qui aurait prévu, dit-il, d'après la structuredu cerveau,que le
vin pûten déranger les fonctions?». A qui, ajoute Littré qui
cite ce passage, la connaissance du corps humain aurait-elle appris que les émanations marécageuses produisent la fièvre
intermittente ?
Eclectisme (2). — Au milieudu trouble apporté dans les doc¬
trines par les découvertes anatomiques, chimiques, etc., il
devient de plus en plus difficile de caractériser la tendance philosophique de la médecine. On ne répudie point complète¬
ment le passé; tous sont au courant des découvertes anato¬
miques et physiologiques récentes qui sont acceptées ou
repoussées totalement ou en partie ; il se fait une fusion de
toutes les vérités doctrinales de la science : mais, en adoptant
les idées générales nées decesdécouvertes, chacun gardesa con¬
ception doctrinale. —D'autre partà côté des adeptes qui suivent
(2) Georget —Physiologiedu Systèmenerveux.
(1) Voir :Magnié. —Thèse de Paris 1865.
Luton, —Art.Tempérament, Dictionn. de médecine etchir.prat.
Dechambre.—ArtTempéram. Die. encyclop. des Sciences médic.
— 27 —
religieusement la voietracée parles maîtres, ily a les indépen¬
dantsqui neprennent de ces vérités que la dose qui convient à
leur esprit et que l'observation leur indique. A la suite des
recherches philosophiques et parréaction contre les doctrines régnantes, àl'exemple de Cousin, la médecine se fit éclectique (1). Libre de toute affection doctrinale (2), l'éclectisme est un
mélange d'humorisme, de chimiâtrie et de iatromécanicisme : du reste, au seul point de vue quinous occupe, on peutenjuger
par la notion qu'il accepta du tempérament et que l'on a conservéejusqu'à nosjours. Nousen donnerons les principaux
caractères d'après Hallopeau (3).
On distingue quatre tempéraments :
« Le tempérament sanguin est caractérisépar une peaudouce,
blanche et légèrement rosée, plus prononcée à laface, des che¬
veux châtains et souples,unembonpoint modéré,unecirculation active, un sang riche et abondant, un caractère vif et générale¬
ment gai; il prédispose, dit-on, à la pléthore, aux phlegmasies
et aux hémorrhagies. »
Ce tableau entraîne quelques observations.
L'ectasie générale des vaisseaux capillaires de la peau, pro¬
noncée surtoutàlaface, n'est pointconstamment liée au tempéra¬
ment sanguin. On la trouve souventchez despersonnesdébiles, molles, incapables delongs efforts et sujettes auxhémorrhagies passives. Dans ce cas, elle est plutôt due une disposition parti¬
culière, sur laquelle,àcoup sûr,l'état de la circulation peutavoir
del'influence, mais qui très souvent en est indépendante : elle
estl'indice delangueur dans l'hématose.
D'autrepart, la pléthore est-elleunecondition dutempérament sanguin ?
(1) Voir :Andral. —Leçonssurl'histoire de la médecine, 1853, Union médicale.
(2) «L'éclectismeneconstitue niunsystèmeparticulier,niuneméthodenouvelle». Double, Rapport à l'zAcad. de médecine.
(3) Hallopeau. — 'Pathologiegénérale,p. 2.^fluatrième édition.
Elle peut manquer : car la richesse du sang n'est
point
en rapportavec sa quantité,puisqu'il
peut êtreà la fois
pauvre etabondant comme dans l'hydrémie.
Enfin, les caractères extérieurs signalés ne peuvent être ca-
ractérisques,carlesang est inégalement réparti chez les divers sujets. La tendance congestive se localise alors différemment, encéphalique chez les uns, pulmonaire chez les autres, se tra¬
duisantplus ou moins directement au dehors.
On dit que les sanguins sontexposésauxhémorrhagies: mais quelles hémorrhagies ?
Est-ce l'épistaxis ? Il est plus souvent l'effet du tempéra¬
ment lymphatique; et dans l'enfance c'est bien plutôt les sujets pâles, à chairs molles que les sujets vifs, rubiconds, qui présen¬
tent l'hémorrhagie nasale.
Sont-ce les écoulements hémorrhoïdaires ? —Ceux-ci dépen¬
dent plutôt des troubles digestifs peu en harmonie avec le tempérament sanguin.
Est-ce l'hémorrhagie cérébrale ? — Elle est le résultat de
troubles locaux circulatoires, et héréditaire souvent, elle n'est particulière à aucuntempérament : cependant, le visage apo¬
plectique des auteurs n'est point un vain mot et nous sommes tenu à quelques réserves.
(( Le tempérament bilieux a pour caractère principal, non l'activité anormale de la sécrétionbiliaire, mais une forte pig¬
mentation des téguments; les cheveux et lesyeux sont noirs,
le teint estbrun, lesystème pileux est très développé, et le foie
gros;le systèmenerveux prédomine surl'artériel. Ce tempéra¬
ment prédisposerait aux affections du foie et des voies diges-
tives. »
« Le tempérament dit nerveux, mélancolique ou atrabilaire
semble se rattacher ordinairement au précédent, auquel s'ajoute une exaltation des fonctions nerveuses; il prédispose
auxmaladies nerveuses. »