Problème G243. Par une après-midi pluvieuse
Solution de Claude Felloneau
1. Soit C=
{
1, 2,..,c}
l’ensemble des couleurs utilisables. Chaque coloriage d’un polygone régulier à n sommets est défini par un n-uplet(
a a1, 2,...,an)
∈Cn avec a1≠a2≠ ≠... an ≠a1.Pour tout entier naturel n ? 1, on note : Fn=
{ (a a1, 2,...,an)
∈Cn a1≠a2≠ ≠... an}
et
( )
{
1, 2,..., n 1 2 ... 1}
n n n
E = a a a ∈C a= ≠a a ≠ ≠a ≠a et α =n card E( n) et β =n card F( n).
( ) ( )
{ }
1 2
1 2 1 1
1
, ,...,
, ,..., n n n n
n n
a a a F
a a a F
a C a
+ +
+
∈
∈ ⇔
∈ − , donc β = − βn+1 (c 1) n.
( )
( )
( )
{ } ( )
{ }
1 2
1 2 1 2
1
1 2 1 1
1 1 1 1
1
1 1
, ,...,
, ,..., , ,...,
, ,..., ou
,
n n
n n n n n
n
n n
n n n
n n
n
a a a F
a a a E a a a F E
a C
a a a E
a C a a a C a
a a
a a
+ + +
+ +
+ +
∈
∈ ∈ ∈ −
∈ ⇔ ⇔
∈ − ∈ −
≠
≠
Le nombre des n-uplets vérifiant
( )
{ }
1 2
1 1
, ,..., ,
n n
n n
a a a E
a + C a a
∈
∈ − est (c− α2) n et celui des n-uplets vérifiant
( )
{ }
1 2
1 1
, ,..., n n n
n
a a a F E
a+ C a
∈ −
∈ − est (c− β − α1)( n n).
On a donc : α = − α + − β − α = − β − αn+1 (c 2) n (c 1)
(
n n)
(c 1) n n On en déduit αn+2= − β − α = −(c 1) n+1 n+1 (c 1)(
α + α − αn+1 n)
n+1, Soit : αn+2= − α + − α(c 2) n+1 (c 1) n.L’équation caractéristique de cette récurrence linéaire est X2= −(c 2)X + −c 1. Elle admet deux solutions réelles distinctes ( 1)− et (c−1). On a donc α =n acn+ −b( 1)n où a et b sont deux réels que l’on détermine à partir des deux premiers termes α =1 0 et α =2 c c( −1).
On obtient finalement : α = −n (c 1)n+ −( 1) (n c−1).
Pour n ≥ 3, c’est donc le nombre de coloriages distincts d’un polygone régulier à n sommets en utilisant au plus c couleurs.
On suppose que Zig choisit z+1crayons et Puce choisit p+1 couleurs ; l’équation du problème est :
( 1) 12 2 0
n n
p + − p=z + + ε >z avec ε∈ −
{ }
1,1 , z≥1, p≥1 et z+ ≤p 10On remarque que pn+ −( 1)npest divisible par (p p+1) 1
z≠ sinon on a ε =1 et (p p+1)divise 4 donc p = 1. Orpn+ −( 1)np= + −1 ( 1)n ≠4. 1
p≠ sinon l’équation s’écrit z12+ + ε = + −z 2 1 ( 1)n ; le second membre est majoré par 2 et le premier est minoré par 212 puisque z≥2. Il ne peut y avoir égalité.
Pour p et z strictement supérieurs à 1, le tableau ci-dessous, obtenu avec un tableur, donne les restes des divisions euclidiennes de z12 +z par (p p+1).
p 2 3 4 5 6 7 8
z p(p+1) mod 6
mod 12
mod 20
mod 30
mod 42
mod 56
mod 72
2 0 6 18 18 24 10 66
3 0 0 4 24 18 4 12
4 2 8 0 20 26 12 68
5 0 6 10 0 6 6 6
6 0 6 2 12 0 14 6
7 2 8 8 8 14 0 8
8 0 0 4 24 30 16 0
On en déduit que les seuls couples (z, p) possibles sont (2, 4), (4, 2), (6, 4), (7, 2).
• Pour z=2 et p=4, on a ε =1et l’équation s’écrit : 4n+ −( 1) 4n =212+4, soit 4n−1+ −( 1)n=210+1. Puisque n ≥ 3, on a ( 1)− n ≡1 (4) donc ( 1)− n=1 d’où 4n=212 ; ce qui donne n = 6.
• Pour z=4 et p=2, on a ε = −1et l’équation s’écrit : 2n+ −( 1) 2n =412+2, soit
1 23
2n− + −( 1)n =2 +1. Puisque n ≥ 3, on a ( 1)− n ≡1 (4) donc ( 1)− n =1 d’où 2n−1=223 ; ce qui donne n = 24.
• Pour z=6 et p=4, on a ε = −1et l’équation s’écrit : 4n+ −( 1) 4n =612+4. Il n’y a pas de solution car le second membre est congru à 1 modulo 3 et le premier à 0 ou 2 modulo 3.
• Pour z=7 et p=2, on a ε = −1et l’équation s’écrit : 2n+ −( 1) 2n =712+5.Puisque n ≥ 3, on a 2( 1)− n ≡6 (8) donc ( 1)− n ≡ −1 (4)d’où ( 1)− n= −1. On a alors 2n=712+7, ce qui est impossible car le second membre est divisible par 7 et le premier ne l’est pas.
Finalement, il y a deux solutions :
- Soit Zig a choisi 3 crayons (4098 coloriages possibles) et Puce a choisi 5 crayons pour colorier un hexagone régulier (4100 coloriages possibles).
- Soit Zig a choisi 5 crayons (16 777 220 coloriages possibles) et Puce a choisi 3 crayons pour colorier un polygone régulier à 24 sommets (16 777 218 coloriages possibles).
2. Soit γnle nombre de coloriages avec au plus c couleurs d’un polygone régulier à n sommets en considérant comme identiques les coloriages superposables par rotation.
Soit G le groupe cyclique engendré par la rotation d’ordre n qui fait passer d’un secteur au suivant.
En faisant agir G sur l’ensemble En (de la partie 1), le théorème de Burnside-Frobenius donne :
( )
1
n G
card A
nσ∈ σ
β =
∑
où Aσ = ∈{
x En σ =x x}
.Pour σ∈G, l’ordre d de σ divise n, et en faisant agir σ sur les n secteurs, on obtient n
d orbites.
Pour qu’un coloriage appartienne à Aσ, il faut et il suffit que les secteurs d’une même orbite soient de la même couleur. Chaque coloriage de Aσ est donc défini de manière unique par la donnée d’un élément n
d
E . Ainsi
( )
nd
card Aσ = α .
Le nombre d’éléments d’ordre d dans G est ( )ϕ d où ϕest l’indicateur d’Euler.
On obtient donc :
divise
1 ( )
n n
d n d
n n
γ =
∑
ϕ α .Le tableau ci-dessous donne des valeurs de γn en fonction de n et c.
n 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13
c
2 0 1 0 1 0 1 0 1 0 1 0
3 2 6 6 14 18 36 58 108 186 352 630
4 8 24 48 130 312 834 2192 5934 16104 44368 122640
5 20 70 204 700 2340 8230 29140 104968 381300 1398500 5162220 6 40 165 624 2635 11160 48915 217040 976887 4438920 20346485 93900240 7 70 336 1554 7826 39990 210126 1119790 6047412 32981550 181402676 1004668770 8 112 616 3360 19684 117648 720916 4483808 28249228 179756976 1153450872 7453000800 9 168 1044 6552 43800 299592 2097684 14913192 107377488 780903144 5726645688 42288908760 10 240 1665 11808 88725 683280 5381685 43046880 348684381 2852823600 23535840225 1,95528E+11
Il y a au moins une solution au problème :
Zig a choisi 3 crayons (352 coloriages possibles), et Puce a choisi 7 crayons pour colorier un carré (336 coloriages possibles).
J’ignore s’il y a d’autres solutions …