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1.1
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Vi 122 122 m 2.0
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1.4 1.6I)i0tç)gra(diic
Sciences CorporatiGn
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33WISTMAINittur^
WIUTIR.N.Y. USlIO (716) •73-4503
CIHM/iCMH
Microfiche
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Lesimagessuivantes ontété reproduitesavecle plusgrandsoin,comptetenudelacondition et delanettetédel'exemplairefilmé, eten conformitéaveclesconditionsducontratde filmoge.
Lee exemplairesoriginauxdontlacouvertureen papierestimpriméesontfilmésencommençant parlepremierplat etenterminantsoitparla dernièrepagequicomporte uneempreinte d'impressionoud'illustraticn, soitparlesecond
plat,selonlecas.Touslasautresexemplaires originauxsontfilmésencommençantparla
premièrepagequicomporte uneempreinte d'impressionoud'illustrationetenterminantpar la dernièrepagequicomporta unetelle
empreinte.
Undessymbolessuivants apparaîtra surla dernièraimage de chaquemicrofiche, selonle cas:lesymbole
—
signifie"A SUIVRE",lesymbole
V
signifie"FIN".Lescartes,planches,tableaux,etc., peuventêtre filmésèdestauxderéduction différents.
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del'anglesupérieur gauche, de gaucheèdroite, etdehautenbas,an prenantlenombre d'imagesnécessaire.Lesdiagrammessuivants illustrantla méthode.
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RECHERCHES
SUR LA FUSION
DU
FRANCO-NORMAND ET DE L'ANGIMAXON
PAR
J.-P.
THOMMEREL,
Hoctrur i»-Stttxts it la iarultt it |lart«.
PARIS.
Chfz POURCHET Pèrb, rue des GrèsSorbonnc, 8r HINGRAY, rue de Seine Saint-Germain, IG;
SILVESTRE, rue des Bons-Enfants, 30.
LONDRES.
CiiFZ VV. PICKERING, Cbancery Lane, 57.
1841.
s{
PARIS.
—
IHPHIMRItlK l>R »F:U;LK,ItiivFranroi»Mii'on,H.
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A M. TH. JOUFFROY,
^MKUBIII! DR l'iXSTITI'T, ETC.
econnatiisance.
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AVANT-PROPOS.
Ceuxqui prennentintérêtaux progrèsde renseignement universitaire, n'ontpu oublier les améli-^rationsqu'y ap- porta) ilya deuxans, M. deSalvandy. Pénétré de l'im- portancede l'étude des langues vivantes,etsentant que la
Francenedevait plus,encela, resterau-dessous desnations lesplusciviliséesde l'Europe, M. de Salvandyrendit, par unan-êté*du21 août 1838, lescours d'allemandet d'an- glaisobligatoiresdanslescolléesdeParis, admitces lan- gues aux honneursdes concours généraux, éleva ceux qui lesenseignaientaurangdeprofesseurs,enexigeant,pourla chairederhétorique,legradede licencié-es-lettresouautre gradeéquivalent. Plustard, M. Villemain a confirmé les sagesaméliorations deson prédécesseur, et, deplus, il a
* Danslenuméro du Journal de l'Instruction publique qui contient cet arrêté, ontrouve unrapport dans lequelM.Jouffroy, membrede rinslitut, faitsentir,d*unemanièreaussi justequefirappanle,combien l'enseignement des languesvivantes avait besoindes encouragements uni- versitaires: «Cequiénerverenseignement deTanglaisdanslescollèges,»
ditcesavantacadémicien, •c*estquMln*estpas honoré.Commentveut-on quelesélèvesprennent decetteétudeuneopinionquePUniversitésemble nepas en avoir? L'anglais et Pallemandn*ont pointdecouronnesau concours général; les maîtressontdesimples maîtres, et n'ont pasle titrede professeurs; enfin,et surtout,lescours n'ensont point obliga- loires, etc. «
2
nugmenlé le nombre des piolesseurs et doublé le temps consacréà ces éludes.
A
son tour, M. Cousina montré, parses circulairesdu 27aoûtetdu10septembredernier, touteVimportancequ'il attache à un sérieuxenseignement des languesvivantesdans tescollèges. Grâce à lui, ce n'estplusentre lesclasses etac- cessoirementqueleslangues vivantes sont enseignées; ellesont leur place déterminée dans le cadre régulier des leçons du collège. Puis» ila su élevercetenseignementà unehauteur digne de l'Université, en demandant aux professeurs de comparer, dans leurscours, leschefs-d'œuvre de la Grèce etdeRome
avecceuxdel'Allemagne etde l'Angleterre.Telles sont les améliorations apportées par M. Cousin dans l'étudedes languesvivantes, et, sansdoute, nouslui
devons beaucoup. Maisnereste-t-il plusrien à faire pour atteindrelebutqu'onse propose?....
On
veutdonnerune haute importance à ce nouvel enseignement; et, malgrél'arrêtédeM. deSalvandy, l'anglais etl'allemand sont les seuleséludesuniversitairesauxquelles, cotteannée, onne promette point de couronnesauconcoursgénéral!....
On
désire qu'à la sortiedeses classes, unjeune
homme
com- prenneetmême
parle l'anglaisou l'allemand;et, d'aprèsl'arrêtéde M.leministre,l'élèvedoittout-à-faitabandonner ce genre d'étudeà lafîn de laseconde, deuxansau moins avant sa sortie ducollège, lorsqu'une conférencedansla
languequ'ilaapprise,conférence adaptéeauxtravauxdela
rhétoriqueetdelaphilosophie,suffirait, chaque semaine, nonpas seulementpourmaintenir, mais pour perfectionner ses connaissancesdansl'uneoul'autredeceslanguesetde ceslittératures!...
Voilà r' qu'afait , depuisdeux ans, l'Université pour unir dans un
même
enseignement les langues modernes^^Mi
aveccellesde l'antiquitéclassique; et nous pouvons espé- rer que,danssamarche progressive, elle achèvera bientôt, unecouvresidignedeses soins.
Deleur côté,lesnouveauxprofesseursont voulu prouver qu'ilsétaientdignesdurangauquel les avait appelésune
juste appréciationdes besoinsdel'éducationen France. Les unsont faitourevu des grammaires et d'autres livresélé- mentaires, dont la méthodeet laclarté constatent en eux un méritesolide; les autres, dignes émules des Adelung
,
des
Grimm,
desJohnson, d*» Webster, des Richardson,elc,ont entrepris deces grands travaux où des connaissances profondes doivents'unir à une patience à toute épreuve:
ils ont
commencé
des dictionnaires sur les bases d'une savante philologie, etils nous font espérer quebientôt la France n'aura plusrienà envier,sous ce rapport, à l'An- gleterreetà l'Allemagne.Pour moi, j'ai désiré apporter aussi
mon
denier à ce vaste trésordeconnaissances; et j'ai reprir,sur lesorigines de l'anglais, un travail auquelj'avaisdéjàdonnébiendu temps, pensantqu'on neverrait pas avecindifférencecom- ment se sont unis le franco-normand etl'anglo-saxon, et quellesloisont présidé àla fusiondecesdeux langues.Cetravail m'apresque toujoursoccupé depuisdeuxans;
etpourtantcen'est,en quelquesorte, qu'unessaiquejepu- blie. Cependant,tout incomplet qu'ilest,j'espèrequ'on ne
le lirapassansquelque intérêt , etqu'on yverradu moins
lapreuvede recherches consciencieuses.
Mon
cœurme
faitun devoirdementionner ici,avecdes sentiments de reconnaissance, M. Joufl'roy,membre
derinslitut, M. Defauconpret, directeurducollège Rollin, et
IVI. Rinn, professeur de rhétorique, qui
, parl'affectueuse
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li
bienveillancede leurs conseilsetdeleursencouragements
,
m'ontsoutenudanslecoursdemesrecherches.
Il estjustequejetémoigneaussi mes remerclmentsaux conservateurs des bibliothèques de Paris, du MuséeBri- tannique etdes rôles de laTour deLondres» en qui j'ai
trouvé souventde l'amitié, toujoursde l'empressement
,
lorsquej'aieuoccasionde m'adresset àeux.
Tout récemment deretourd'un nouveauvoyageen An-
gleterre, j'ai besoin aussi d'exprimerpubliquementcom- bienj'aiététouchédel'accueilcordialquej'y ai reçu,non seulement de mes amis, mais encoredetouteslesautres personnes aveclesquellesj'ai eu des relations, etqui, con- servantde vives sympathies pourla France, s'aflligentd(;
voirl'harmonie troublée entredeuxnations,que tant du raisonsappellentà marcher ensembleà latêtede la civili- sation européenne.
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Paris,le12oclobre 1840.
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INTRODUCTION.
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APERÇU
SCR LES OniGINBS DU FRANCO-NORMAND BT DRL*ANGLO-SAXON. ''' .' V
Danslepoème leplus ancienqui existe enanglo-saxon, dans Béowulf/ nous voyonsle héros partirdunord de la
Germanie, ets'avancer vers leDanemark, à la têted'une trentaine d*hommes, contre un monstre qui rappelle et surpasse toutcequela mythologie grecque nous représente deplusterrible. • Quiêtes-vous, » leurdemandeleThane préposéà lagarde descôtes, « qui ôtes-vous, guerriersque
protègentdescottes den^ailles, et qui êtes venus ici, vo- guantsur les vagues écumanies de la merprofonde?» Ija
cheflui répond: «Nous
sommes
dela racedesGéates. »We
syntgum-cynncs Geâlaleôde' (v.517—8).Telleest l'épigraphequ'unécrivain moderne a miseen
têted'un ouvrage' dephilologie assez remarquablesur la
languefrançaise,et, latraduisant,ce
me
semble, avecunpeu tropdeliberté,ilafaitdire, en quelque sorte, à tous les Français:« Noussommes
delaracedes peuplesgothiques.»> Motàmot:Nous sommes,quantànotre rare,peupledes Géates.
^M.Mourait)deSourdeval,Éludesgothique».
r
Cequel'auteuravance dans son épigraphe, ilcherche à le prouverdansle cours de son livre. Plusieursécrivains, en examinantles
mêmes
matériaux, sont parvenus à des conséquences toutes différentes, et ont prétendu prouver queles Français, ainsi quela languequ'ilsparlent, vien- nent des Celtes, premiershabitantsdelaGaule. Lesconsé- quencesme
paraissent poussées troploindepartetd'autre, etl'espritdesystème a conduitàl'erreur. Essayonsdetrou- ver lavérité dans l'examendesfaits.LorsqueCésar pénètredanslaGaule,c'est leceltique*que l'onparledans presquetout ce pays,du Rhôneà l'Océan
,
delaGaronneàlaMeuse. Sesvictoires,lesonzecent quatre- vingt-douzemille
hommes
qu'il tueou faittuer, les hon- neursque les indigènesobtiennent sous lesempereurs quilui succèdent, établissent etconsolident la langue latine
dans une grandepartiedelaGaule:c'estpendantplusieurs siècleslalangueofficielle. Lepeuple lui-mêmeessaiede la parlerdansunidiome où leceltiquedomineplusoumoins, suivant leslocalités.
MaislesFrancs, dont le langageavait de l'analogie avec celui des Goths, pénètrent à leur tourdans laGaule. Clovis défait àSoissons le dernier des générauxromains dansce pays,et finit parétendre sadominationdu RhinauxPyré- nées. Mais, à partlabataillede Tolbiacetcelle deVouillé,
il le laitsansgrandeeffusionde sang,etpresqueuniquement
*TeiiiainCpartemincolunt)qui,ipsorumlinguâ Cellœ,nostraGailiap- pellanlur.J. Cssar, de Bdl.Gall.lib. i,cap.i.
Dansle ii"siècle,Saint-Irénée, évêquede Lyon,quiécrivaitcontre les hérétiques de son temps, dit: Orationisartemnonexquires à nobisqui apud Cellascommoramiir, et in barbarumsermonem plerumque avo- cvawxT.Proem.lib.adv. hares.eXc.f'oy, L*abbédeLarue,//i-v'.des Bardes, Jniigteurs, etc., 1.1.p.v, elsuiv.
ivec
>vis Isce rré- illé, lent
les qui lavo-
\'des,
parlamort des cher» et des princes sesvoisins. L'établis-
sementdes Francsdans laGaulen'a donc pu quemodifier
la langueetnon la changer.
DeGlovis àGharlemagne, onnevoiten Franceaucunede ces invasionsqui bouleversentunpeuple; onn'yr'^marque quedes commotions intérieuresqui nefontquel'affaiblir:
guerres civiles au dedans, paix au dehors. D'ailleurs, et
Francs et Gauloisavaient fini par sefondreet s'unirsous
la
même
loi, etsurtoutsouslamême
religion,dontlelatin était la langueadoptive. Les éléments du français devaieat doncêtredès-lors,comme
ils lesontencore de nosjours,uncomposé où leceltiqueet legothiquesetrouvaientassez souvent,mais où lelatindominait. LessermentsqueI^ouis- le-Germaniqueet lesseigneurs deson armée prononcèrent en 842, peuvent, jusqu'à un certain point, monirer ce qu'était lefrançais d'alors. Toutefois cesserments
me
sem- blentprouver moins qu'onne l'acrujusqu'ici, puisque leshommes
qui lesprêtèrentétaientdesAustrasiens, des chefs d'armée, et appartenaient, par conséquent, à laclassede ceux au milieu desquels s'était conservé un plus grand nombrede motslatinset germains qu'on n'endevaittrou- verparmi lepeuple, dontlalangueestentréepourbeaucoup dans lefrançais actuel.Maisbientôt denouvelles invasions vinrent, du moins sur une partie du territoire, relarder les progrèsdecette
langue : jeveux parlerdesinvasionsnormandes.
En
effet, troisansaprès cesserments, Gharles-le-Ghauve se vit attaqué par une armée de JSorthmen qu'il renvoya avecseptmille livresd'argent, au lieu deleschasser avecle fer.Bientôt ces hardis navigateurs,cesaudacieuxguerriers qui , d'après laChronique de Saint-Gall, devaient avoir, sous lerègne
même
deCharleinagne, passé déjà ledétroitdel\
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Gibraltar, reviennent enplusgrand nombre, etrépandent
ladésolation surtoutelaFrance.
En
885, 40,000 Northmen remontent de nouveau la Seine, sur 700barques, assiègentParis, qu'ilsne peuvent prendre, grâce à la noble constancedu comteËudeetde l'évoque Gauselin. Toutefois Charles-le-Gros ne peut faire lever le si^e qu'en promettant dû payer aux assiégeants 7,000 livresd'or, et en leur permettant de ravager etdepillerlesbordsdela Seine jusqu'en Bourgogne.
Quelques années auparavant (876), unautreNorthman
s'étaitmontréàl'embouchure de laSeine. «
En
ce temps-là »dit laChronique deSaint-Denys*, «vindrenlNormans enFrance par mer, et entrèrenten Saine atout cent bayes (navires). » C'était Hrolf, arrivant d'Angleterre. Banni de son pays^, ils'étaitenfuiavec unetroupe d'aventuriers,qui
laplupartétaient fugitifs
comme
lui. 11remontelaSeineetdébarque à Rouen,où le peupleet leclergé, abandonnés parleursdéfenseurs naturels,sesoumettent à lui, àcondi- tionqu'il les protégera contre d'autresbandes deses com-
patriotes.
Aprèsdifférentesentreprises, après dessuccès mêlés de quelquesrevers, HrolfouRollon,
comme
onl'appelleen- suite,faitun traité avecCharles-le-Simple,qui luicèdela Neustrie(Normandie), à condition qu'ilreconnaîtrasasu- zeraineté (911), et sefera chrétien. Trois mille Northmensont baptisésavecleur chef.
Quel était le nombre des soldatsde Rollon?L'histoire, ce
me
semble, ne le dit pas. Cependant on peut le trou- verd'unemanièreapproximative.En
885,comme
onl'a vu,' * Don Bouquet, lom.vu, pag. 144.
) Liquet^ Hi»l, deNorm.,I. i.pag. 55,
40,000
hommes
viennent»sur700barques, assi^ecParis.Chaquebarque pouvaitdoncporter 57 hommes.
En
876,
ditlaChroniquedeSaint-Denys, BollonentradanslaSeine avec cent barques, c'esi-àdire, d'après le
môme
calcul, avec5,700hommes
environ. Sansdoute que, depuis876 jusqu'à911, il dut perdre destroupeset faire des recrues.Cependant, si l'on en croit un historien anglais, sonar-
mée
ne pouvait |jas être plus nombreuse; car onsait que 3,000hommes
seulement furent baptisés avec Rollon, etildit : « Mostofhiscompanions fotlowedhisexample*.» Ila paru étonnant qu'il soit restéen Normandiesi peu detracesde la langue danoise, au pointqu'à la troisième génération elle était oubliée partout, excepté à Bayeux.
Mais l'étonnementdoit disparaître, quand on réfléchitau
petit nombredescompagnonsde Kollon,etquandonsonge queces guerriers, après s'être unisàdes Neustriennes,de- venaientpourla plupart agriculteurs, lorsque laguerre ne
lesappelait pas auprès de leurchef, et laissaientà leurs
femmes le soin des enfants, qui durent nécessairement parler la langue maternelle. Que pouvaient faire alors 'quelques millierâ d'hommes sur un territoireaussi vaste
quelaNormandie, au milieud'un peuplenombreux, sice n'est prendre la langue qu'ils entendaient parler de tous
<:ôtésautour d'eux. Jesais qu'en 945 eten963, liarold
,
roi de Danemark, vint, puis envoya secourir Richard de Normandie; mais les troupes auxiliaires ne restèrent pas toutesdansce pays, et d'ailleurs, en 963, la plupart des compagnonsde Rollon devaientêtre,
comme
lui,ensevelis dansla tombe. Seulement on peut direque,comme
les descentes se faisaientgénérniement dans le Bessin, paysoù*VVhcatoii, Hist. ofifw Norlhmcn, pug. 253.
!
10
judis s'était étiiblie une colonie saxonneS ledanois qui
alors, sansdoute,différait peudusaxon, dut se maintenir
là plus long-temps que partout ailleurs,el qu'il est tout simplequeRichard I" yait envoyésesenfantsapprendrela
langue de ses ancêtres^. Malgrécela, lenombredesmots étrangersconservésdans l'idiomedu Dessinestbienpetit', et sembleprouverque le danoisn'apas exercéuneaction de longue durée sur la langue du peuple, quiest restée surtout celtiqueetlatine.
L'influenceromainesefit beaucoupmoinssentirenBre- tagnequedans lesGaules.
LorsqueCésar, vainqueur desGaulois, fitsapremièredes- cente danslepays des Bretons, iltrouva un peuple
nom-
breux^quiparlait une langueà peu prèssemblable àcellede la Gaule ° , et qui était un des grands rameaux de
*Gri^g.deTours{Hist.lib. v, cap. 17), appelleles liabitanlsdeBayeux SaxonesBaiocassinos.
^Quoniani quidem rothonipgensis civilasromanâpotiùsquamdaciscâ ulilui-eloquenlià,etbajocacensisTruitui-frcqucntius daciscâ linguâquam romanâ. Dudo,lib.m,ap. Ducliene,pag. 112.
'VoirContespopulaires, préjugés,patois, etc.,deCarromlisscment de Bayeux, par FrédéricPluquet.Rouen,1834.
'<HomîDumest iiifmitamultitudo.Cxsar,v,12.
—
ïloivikvOponoi v^aoç,Diod.Sicul. V,347.
^Tacite(lilen parlant des Bretons: ProximiGaliis el similcssunt....
iniiniversumacstinianti, Giillosvicinumsoluni occupasse....sermo baud multum diversus. J. Agricol. vit.,cup. xi. Je saisque, de nos jours, unsavantavoulufaireentendrepurhaud multumplusqueTacitenedit.
« Il fallaitqueladifférence fût grande,» dit M. Edélestand du Aléril, (Hist»de la Pvés. Scandin., p. 211j,«pourêtre sensible& des étrangers.*
Maisquand onsonge auxmodiOcationsquetetempsfaitsubirauxlat.gues, eldontl'américain,comparéavec l'anglais actuel, est unexemplefrap- pant; quandonconsidère,d'unautrecôté, lespoints de ressemblancequi setrouvent encore, de nos jours, entrelegallois etlebas-breton, rien, cemesemble,nedoitnousporter àexagérerl'opiniondeTacite.
iqui rien,
11
la langueceltique.
O
général commeuçalaconquêtedecesdiiïéreniestribus qui, pluslard, malgré la bravouredeGa- raciacus, cet autre Vercingétorix, malgré le courage de
Boadicée, reine illustre et malheureuse, ne surent (Mis se réunir* pourrepousserl'ennemi, etfurentforcéesdecéder àla lactiquedeslégionscommandées par Âgricola. Cepays devint province romaine, et paya, paruntributannuel, la paix dontiljouitjusque vers448.
Maisalors Rome, attaquéeaucœur par lesbarbares, fut obligéederappeleràsa défenseses légions des extrémités del'empire; ei laBretagne, accoutuméeàla mollessed'une viepacifique, se trouva sans défense contre les invasions des Pietésetdes Calédoniens.Envainelleimploralesecours d'Aélius; envainellelui dii en gémissant^: «D'uncôtelés barbaresnouschuc-sentdanslamer, del'aulre la mernous repousse surlesbarbares, et il nenous reste que le choix pénibledepérir sous le ferou dans les flots. » Le général romain avaitautrechoseà faire que deprotéger un peuple quine savait passedéfendre.
Danscelte extrémité, les Bretonsenvoyèrent demandev dusecoursauxSaxons, racedeguerriersterribles'dansles
combats, quihabitaient lenord delaGermanie;et, en449, i,600
hommes
commandésparHengestelOrsa, dontl'ori- gineremontait, dit-on, àOdin ^, vinrent chasserlesPietés' 'Olimregibus parcbant, nuiicpcrprincipesraclionîiMis el sludiis tra- liuntur.Necaliudaiiversus validîssiniasgciHespro nobisulîliusquamquod
iucommunenonconsulunt,etc.Tacit. Agr.xii.
^yoy.Hume,Hist,of Engl.Bocki,cbap. i.
'Saxonespric cRleris hustibuslimentur.Aram.Marcel,uviii,p.526.
Jul.Oral.I,inlaud. Const.p.34.{^^oy, Llngaiil;,Ifist. ofEngl. i,91.)
*Heora hcre-loganwœron twcgen gebrothru. Hengestand Horsa. thc AvœronWihigilses suna. Wiblgilswœs Willlng. Wilta Wecting. Wecta Wodning,etc.ÀiigL-sax.Cliv,h'-x^.
il;
'^
18
et lesCalédoniens.Bientôtaprès, leur nombres'accroissant parl'arrivéedenouveauxSaxons, auxquelss'étaientjoints des Angles etdes Jutes, tribus voisines, fameuses aussi parleur valeur, ilstournèrent leurs armescontre les Bre- tonseux-mêmes,dontlaplupart périrentsousleurscoups, ou furentrefoulés dans les montagnes de Galles, ou dans
laprovincelointainedeCornouailles.
LaBretagnepritalors le
nom
d'Angleterre (Engla-land), d'unepartiede ses nouveaux habitants qui y importèrent l'anglo-saxon,languesœur detoutes les languesgermani- ques,etquiasurtoutunegrande analogie aveclegothique parléau iv* siècle, dont il nous resteun
beaumonument
dans le Codex argenteus, traduction des évangélistes, par Uifilas,évêquedes Golhs,enMésie.En
597,leroi Ethelbertfutconverti àlafoi par l'apôtreAugustin; et la religion chrétienne, amenant ainsi un changement dansles
mœurs
saxonnes,en préparaunautre danslalanguenationale.C'estaucommencement du vu' siècle, qu'on trouve en Angleterrelespremiers monuments de l'anglo-saxon* ,si toutefois Béowulf, dont onignore la date,n'est pasanté- rieuràcetteépoque.
Maisvers lafin duviu*siècle, lesSaxonssevoienttrou- blés,dansleurspossessions, parlesinvasionsdes Danois, et le roiAlfred, vaincu pareux(878), est obligédesecacher danslesmarais ducomté deSomerset,d'oùil sort bientôt pour lesvaincreetleurimposerla paix.
On
dit, qu'avantde livrer batailleauxDanois, Alfred,d^uiséen ménestrel(harper),entradansleurcamp,etque,
' 'yoy,Cbarta: anglo-saxonicaedeJ.M.Kemble,esq.—Lapremièrecharte estde604,etneconlientquequelquesmoisanglo-iaxcni.
I t
43
lesamusant par des chansons saxonnes, il observa leur n^ligence, et chercha à pénétrer leurs plansultérieurs.
Plustard, Anlaff, roide Danemark, d^uiséde
même,
pé- nétra (937) égalementdanslecamp
d'Athelstane,Sims être reconnuà sonaccent; ce qui prouvequeledanoisdevait peudifférer alorsdel'anglo-saxon.Alfred aobtenu,ajustetitre, lesurnomdeGrand. Ilfut,
eneffet,ieroi leplusdistingué et l'hommeleplussavantde son époque. Lestraductionsqu'il nous a laisst^ d'Orose,
deBoèce, etde l'histoireecclésiastiquede Bède,serontdes modèlesd'élégance etdebongoût,tant que l'anglo-saxon existera.
En
1002, commençaentre l'Angleterreet laNormandiecettealliance qui, 64ansplus tard,unitcesdeux pays sous un chefnormand: Etheiredépousa
Emma,
fille de Ri- chard II;etileut,dece mariage, troisenfants, dont l'un fut Edouard, qui, réfugiéen Normandie, souslesrègnesde Knutet de Hardeknut, ne quittace paysque pour allermonter(1042)sur letrône d'Angleterre, où il introduisit
,
avecla noblesse normande, les
mœurs
,lescoutumes etjusqu'au langagedu peuple,aveclequel ilétaiten quelque
sorte naturalisé. Ce prince prépara ainsi l'avènement de Guillaume sur le trône anglais, et ces luttesentredeux languesqui, aprèss'être repoussées,ontfini parse rappro- cher, s'uniret donner naissanceà une nouvelle langue.
Issu decette union, et allant ensuite puiser aux sources pures de l'antiquité, l'anglais n'apastardéà se distinguer par des chefs-d'œuvre, qui ont missa littératureau rang des plusbelles del'Europe, et qui
me
semblent larendre bien dignequ'on remonteàsesorigines.Pourbien traitercesujet, il m'a paru nécessaire de re- chercher d'abord ce que nous en dit l'histoire, d'étudier
Mil
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ensuite séparémenl ces deux langues>dans leursprincipe»
et leurdécadence,etd'examinerenfin les loisqui ont pré- sidéà leurunion,queplus lard leslanguesclassiques sont venuesembellir. C'est* là, en effet, le planqueje
me
pro-posedesuivredanscetravail.
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ABREVIATIONS.
"m
!Angl. sujc. Ch.
—
Anglo-saxon Chrohicle, byJ.ingrain. 4".1823.
B. ËxcerptaUistorica, byS. Bentley. Loiidon, 1851.
Ch. F. Histoiredeli Normant, par M. Ch. Figeac. i ;
C. J. TheConquest of Ireland, par M. Fr. Michel.
Hardy. Rotuli chartarum in turri Londiniensi asservuti
,
accur. Th. Duffus Hardyesq. 1837.
L. G. LoisdeGuillaume. '
M. de F. Mariede France,édit. de Roquefort.
: li. Rymer. Fœdera, literaietacta publica, nouv. édit.
fi. H. RomandeRou, édit. de Frère.
S. Statutesatlarge.
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M' K'> ^ ^ W' -i f<i>i-i-^«?î"^ !^rS'i>^RECHERCHES
SLR L\ FUSION DU
ET
DE
I/ANfiLO-SAXON.CHAPITRE
1.jusqu'à quel point les nornands bt les anglo-saxons o.nT'ILS connu la langue les uns des autbbs.
Après la bataille d'Hastings,
deux
langues se trouvèrent usitéesconcurremment en
Angleterre,la langue des vainqueurs et celle des vaincus, le franco
-normand
et l'anglo-saxon , l'une parlée dans les châteaux par les soldats deGuillaume, devenus grand
seigneurs, l'autre dans leschau-
mières par le peuple asservi.Pendant
plusde
quatre siècles, cesdeux
langues subsistèrenten-
semble, lefranco-normand
, pareil àune
plante exotiquequi, jouissant, surune
rive étrangère, de sa terreet de sachaleur natives, prospèrequelque temps
, tandisqu'elle languit etmeurt
bientôt sion
l'endépouille^
etl'anglo-saxon,semblableàun
* Lapremière, etsansdoulcluplusgrande cause do lacorruption du rranco-normand,enAngleterre,date,encITet,dela conquête delaNor- mandieparPhilippe-Auguste, decelteépoque oùlesAnglo-Normandsne peuventplusallerseretremperàlasouicedelalanguenatale.