Préface
Les systèmes d’information permettent la circulation et le stockage de l’information de façon efficace et cohérente pour toutes les activités d’une entreprise ou de n’importe quelle organisation. Ils constituent l’ensemble des éléments participant à la gestion, au traitement, au transport et à la diffusion de l’information au sein de l’organisation. D’un point de vue technique, ils permettent « d’étudier des utilisations efficaces de l’information et de son impact potentiel sur les systèmes logiciels et sur les technologies de l’information sur le monde des humains, de l’organisation et du social » (Cushing-Lucas, 1990). Comme d’autres secteurs, celui de la santé est fortement concerné par les systèmes d’information qui sont devenus indispensables pour une meilleure gestion des organisations sanitaires.
Les articles proposés ici donnent un aperçu non exhaustif de la présence et de l’importance de ces systèmes dans différents domaines en santé. Selon les pratiques, le support, la transmission, le stockage de l’information ainsi que les systèmes d’aide à la décision peuvent, soit contribuer à la maîtrise de la production de l’information médicale et à sa qualité, soit, déformer l’information et la rendre non conforme à la réalité. L’article de J. Frenkiel et alii et celui de I.B. Berthé et alii traitent cet aspect de la qualité de l’information. La faiblesse, la fragmentation, l’isolement, la difficulté d’accès ainsi que la dispersion des sources d’informations sanitaires de la plupart des pays en développement sont des problèmes abordés.
Les éléments de conduite de projet et les aspects techniques des systèmes d’information propres aux établissements hospitaliers sont analysés dans l’article de V. Deslandres et A. Bounekkar. Des propositions ont été construites dans le cadre du projet HRP2 (Hôpitaux : Regroupements, Partage, Pilotage) de la région Rhône-Alpes concernant le regroupement des plateaux médico-techniques dans les établissements hospitaliers. Ces propositions sont le fruit d’accompagnements effectués auprès de différents partenaires hospitaliers, concernés par la problématique du regroupement. Les spécifications des besoins auxquels répondent les architectures web dans les centres hospitaliers et les préconisations en termes d’interopérabilité et de sécurité sont également développées.
Le « dossier patient informatisé » est constitué de l’ensemble des opérations que doivent ou peuvent subir les informations : entrée, stockage, affichage, récupération, impression, etc. Ces informations dûment codées et structurées sont détenues par le professionnel et contribuent à l’élaboration et au suivi du diagnostic, du traitement ou d’une action de prévention. L’importance de la prise en compte de la confidentialité dans le domaine de l’informatique médicale ne cesse de croître, à cause des enjeux importants qu’elle engage, du caractère sensible de l’information et des dispositions légales en vigueur. Le respect de la confidentialité est une problématique majeure de la sécurité de l’information médicale partagée et répartie. Les définitions des règlements et de leur implantation dans un dispositif de contrôle d’accès sont des défis auxquels doivent impérativement faire face les établissements de santé. L’article de
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8 SAS – 10/2007. Systèmes d’information et santé
R. Thion et alii propose un cadre logique apportant une réponse aux problèmes d’expression, de stockage, d’interrogation et de validation des politiques d’autorisation pour les systèmes d’information médicale.
La mobilité géographique des patients, le manque de communication entre les systèmes et les différentes spécialisations médicales ont accru la dispersion des données médicales pour un même dossier. L’article de S. Salma tente d’unifier la représentation du dossier médical en un seul « Dossier Virtuel » et de présenter l’information médicale sous une forme iconique, chronologique et unifiée. Afin de palier le problème d’hétérogénéité des bases de données médicales et pour offrir aux concepteurs une structure unique servant de lien entre les bases de données locales et les systèmes d’information des réseaux de soins, K. Abbas et C. Verdier proposent une structure globale du dossier médical qui sera utilisée comme référentiel lors de la conception des nouveaux systèmes d’informations médicales pour les réseaux de soins.
Une structure hiérarchique en trois niveaux est alors proposée.
Les deux articles de F. Megerlin et alii, montrent la « mutation » des systèmes d’information des pharmacies d’officines vers de nouvelles formes. L’intégration de ces systèmes, produisant des informations inédites, est notamment illustrée afin d’améliorer les services d’approvisionnement en médicaments des résidents en maisons de retraite, ou pour développer les actes pharmaceutiques dans une optique clinique, par le passage du suivi du médicament au suivi du malade.
Le réseau national des groupes régionaux d’observation de la grippe (GROG), est un système d’alerte chargé de détecter les épidémies de grippe en France. Afin de palier au caractère imprévisible du virus grippal, une méthode de surveillance épidémiologique et un système d’information fondé sur l’interactivité ont été mis en place. J. M. Cohen décrit le réseau du « GROG » et ce système d’information associé confrontant en temps réel des résultats virologiques et des données d’activité sanitaire.
Enfin, P. Pommier présente un modèle de calcul de coûts qui illustre comment, à partir de certaines approches, on peut extraire et utiliser les données d’un système d’information d’une grande structure de santé afin de calculer le coût complet des protocoles de radiothérapie. Les résultats en termes de coût pour chacun des protocoles thérapeutiques définis et en termes de recrutement sont présentés selon différents scénarios.
Du fait de la complexité des systèmes de santé et en raison de la diversité des travaux liés aux systèmes d’informations, il n’est pas toujours aisé de se faire une opinion claire à partir d’un nombre réduit d’articles. Ceux qui sont réunis ici représentent une intéressante contribution permettant une confrontation équitable des points de vue des informaticiens « garants et protecteurs » de l’information et des multiples acteurs du système de santé « producteurs et utilisateurs » de cette information.
Ahmed BOUNEKKAR Université Lyon 1
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