Éditorial
Avec le présent numéro, Distances et savoirs entame sa seconde année d’existence. Une seconde année pour une revue scientifique, ce n’est certes pas encore la maturité, mais c’est déjà une preuve de crédibilité du projet, c’est aussi le témoignage de l’existence d’une équipe et d’une communauté scientifiques ainsi que de partenariats institutionnels et éditoriaux sans qui elle n’existerait pas. Nous tenons donc tout d’abord à remercier tous ceux qui ont assuré le succès du premier volume, les auteurs qui nous ont fait confiance, les membres des comités qui ont assuré les lectures critiques des soumissions, les éditeurs des numéros spéciaux et les lecteurs enfin. Nous rappelons notamment l’importance du travail des experts relecteurs dans l’existence de la revue Distances et savoirs.
Ce nouveau numéro prolonge, questionne, approfondit bien des sujets abordés ou débattus dans le premier volume. Il propose les trois espaces désormais traditionnels de notre revue, où, tout en étant « généraliste » il décline le thème de l’expertise sur plusieurs modes :
– un espace d’analyse scientifique avec six articles ;
– un espace consacré à des relations d’expériences ou à des témoignages, avec, cette fois, un entretien avec Christophe Riqueau à propos du cadre juridique et organisationnel de l’EAD médiatisé ;
– un espace de lectures critiques et de débats occupé par une analyse de l’ouvrage d’Alain Chaptal intitulé Efficacité des technologies éducatives dans l’enseignement scolaire – Analyse critique des approches françaises et américaines et par la réaction de Jacques Perriault à la recension de son ouvrage intitulé L’accès au savoir en ligne parue dans le troisième numéro de la revue.
Les six articles proposés dans le premier espace comportent tous des aspects experts et « formalisant » de la formation à distance, mais ne traitent pas d’un même thème, du moins au sens où l’on construit et on met en perspective les articles d’un numéro thématique. Et pourtant, une analyse croisée de ces contributions nous a semblé indispensable, tant les sujets sont interdépendants et se renvoient questions et points de vue dont la comparaison et l’explicitation doivent permettre de progresser dans la clarification et la structuration du champ de Distances et savoirs.
Nous avons donc demandé à Jacques Wallet de tenter un exercice original de lecture à voix haute de ces textes et nous présentons en introduction à cette partie son analyse des questions croisées qu’il a mises en évidence dans les textes soumis. Il en profite pour mettre à l’épreuve une classification selon trois approches qu’il a proposées pour les recherches relevant des technologies de l’information et de la communication pour l’éducation et la formation. L’essai s’avère concluant, mais
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8 Distances et savoirs. Volume 2 – n° 1/2004
pourra susciter critiques et débats, notamment de la part des auteurs, débats qui nous l’espérons viendront alimenter les prochains espaces de discussion de cette revue.
Il est des sujets pour lesquels les contributions espérées n’arrivent pas spontanément ou pas dans la forme souhaitée. Cependant nous pensons qu’il est important de présenter des analyses et de faire progresser la réflexion commune sur ces sujets. La question des droits d’auteurs en fait partie. Nous l’avions abordée dès le premier numéro avec la traduction d’un texte de Carol A. Twigg qui s’articulait autour des deux questions suivantes : A qui appartiennent les cours et les supports de cours en ligne ? Quelles sont les politiques en matière de propriété intellectuelle ? L’entretien conduit avec Christophe Riqueau approfondit le sujet, notamment du point de vue du droit français et de l’activité des établissements d’enseignement supérieur. ll se situe dans une perspective historique et surtout juridique, prenant appui sur les textes qui régissent en France le droit d’auteur et les activités des enseignants du supérieur et sur l’expérience récente du développement de plusieurs campus numériques (programmes d’enseignements thématiques à distance). L’auteur pose la question de la nécessaire adaptation de la législation des droits d’auteurs au contexte nouveau (relativement !) de la mise en ligne de ressources et cite les approches retenues dans plusieurs pays. A l’évidence, le chantier est immense.
Le troisième espace est celui des lectures critiques et des réactions à ces lectures.
Bernard Miège nous invite à entrer dans la réflexion proposée par Alain Chaptal, acteur historique de l’introduction des technologies éducatives dans l’enseignement pour le CNDP, à la frontière entre TICE per se et l’objet même de Distances et savoirs. Un premier apport signalé de cet ouvrage est qu’il facilite l’accès à la littérature américaine du domaine, nous laissons le lecteur découvrir les autres ainsi que les interrogations de Bernard Miège. Gageons qu’Alain Chaptal voudra lui répondre !
Nous avons en effet souhaité dans nos précédents éditoriaux que la revue soit aussi un espace de débats. Bernard Blandin avait relevé ce défi dès le troisième numéro en répondant à la lecture critique proposée par Pierre Mœglin. Jacques Perriault continue dans le présent numéro avec une réponse argumentée à la recension faite de son ouvrage dans le numéro 3. Il en profite pour préciser davantage son approche originale, qualifiée « d’anthroponaute dans le dédale du savoir en ligne » par Daniel G. Apollon, et par soulever quelques nouvelles questions.
Enfin, beaucoup de concepts restent à préciser dans notre champ d’investigations.
L’explicitation des différences observées, la discussion, la concertation non pour parvenir à un consensus mou mais pour progresser dans la compréhension sont des étapes nécessaires. Ce numéro y contribue notamment au travers des six articles proposés, Jacques Wallet fait d’ailleurs une petite analyse « lexicographique » des termes utilisés. Corinne Primois propose également une liste de références où il est question d’expertise. Espérons que les lecteurs y trouveront matière à se forger leur propre définition à la lumière des propositions d’autres auteurs.
Martine Vidal, Monique Grandbastien, Pierre Mœglin
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