Notes pour le cours de “L2: Groupes et g´eom´etrie”
Reda Chhaibi
12 f´ evrier 2016
1. reda.chhaibi@math.univ-toulouse.fr
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Table des mati` eres
1 El´ ements de th´ eorie des groupes (30h) 5
1.1 Groupes, sous-groupes . . . . 5
1.1.1 Lois internes, associativit´ e et commutativit´ e . . . . 5
1.1.2 Groupes . . . . 6
1.1.3 Sous-groupes . . . . 8
1.2 Morphismes . . . . 8
1.2.1 Noyaux et injectivit´ e . . . . 9
1.2.2 Exemples . . . . 10
1.3 Une excursion en arithm´ etique . . . . 10
1.3.1 PGCD, PPCM . . . . 11
1.3.2 B´ ezout et lemme de Gauss reformul´ es . . . . 11
1.3.3 Congruences . . . . 12
1.4 Parties g´ en´ eratrices . . . . 13
1.5 Le groupe sym´ etrique . . . . 13
2 G´ eom´ etrie du plan (30h) 15
Pr´ eambule
Il s’agit simplement d’un document de r´ esum´ e des notions abord´ ees en cours. Il ne s’agit aucunement d’un polycopi´ e. Une r´ ef´ erence compl` ete utilis´ ee en cours est le livre de CALVI.
Au programme, nous ne sommes pas suppos´ es aborder la notion de groupe quotient ainsi que la relation d’´ equivalence qui lui est associ´ ee. Pourtant ce choix me forcerai ` a un certain nombre de contorsions. J’irai donc ` a l’encontre de ce choix de programme.
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4 TABLE DES MATI ` ERES
Chapitre 1
El´ ements de th´ eorie des groupes (30h)
1.1 Groupes, sous-groupes
1.1.1 Lois internes, associativit´ e et commutativit´ e
Afin de d´ efinir la notion de groupe, il est n´ ecessaire de se placer dans un cadre abstrait qui formalise bon nombre des op´ erations que vous connaissez d´ ej` a.
D´ efinition 1.1.1 (Loi interne). Soit E un ensemble. Une loi interne ∗ sur E est une application ∗ : E × E → E. L’image de (a, b) ∈ E × E par E sera not´ ee a ∗ b.
De fa¸ con g´ en´ erale, un ensemble E muni d’une op´ eration interne ∗ sera not´ e (E, ∗).
Comme l’indique cette d´ enomination, une loi interne permet de fabriquer un ´ el´ ement de E ` a partir de deux autres ´ el´ ements donn´ es. Dans le but de g´ en´ eraliser les op´ erations d’addition +, de multiplication × ou de produit ext´ erieur ∧, la notation classique ∗(a, b) parait tr` es inadapt´ ee et peu pratique pour les calculs. L’utilisation de parenth` ese permet d’indiquer l’ordre dans lequel se font les calculs. Par exemple, l’´ ecriture (a ∗ (b ∗ c)) ∗ d signifie que l’on commence par composer b et c dans la loi interne ∗. Le r´ esultat est alors compos´ e avec a ` a gauche. Ce dernier est lui-mˆ eme compos´ e ` a droite par d.
Deux propri´ et´ es cl´ es peuvent ˆ etre v´ erifi´ ees par une loi interne : (i) Associativit´ e : ∗ est dite associative lorsque :
∀a, b, c ∈ E × E × E, (a ∗ b) ∗ c = a ∗ (b ∗ c) (ii) Commutativit´ e : ∗ est dite commutative lorsque :
∀a, b ∈ E × E, a ∗ b = b ∗ a
Ainsi, pour une loi associative, les parenth` eses peuvent ˆ etre d´ eplac´ ees et donnent tou- jours le mˆ eme r´ esultat. Ainsi a ∗ b ∗ c donne un r´ esultat sans ambiguit´ e. Pour reprendre l’exemple pr´ ec´ edent, si ∗ est associative, il est possible d’oublier les parenth` eses et simplement ´ ecrire
(a ∗ (b ∗ c)) ∗ d = a ∗ b ∗ c ∗ d .
Dans le cadre de ce cours, toutes les lois internes que nous rencontrerons seront associatives. Cette hypoth` ese n’est ` a affaiblir que dans le cas improbable o` u nous
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6 CHAPITRE 1. EL ´ EMENTS DE TH ´ EORIE DES GROUPES (30H)
´ etudierons les octonions. A contrario, l’hypoth` ese de commutativit´ e fera souvent d´ efaut.
Un exemple non-commutatif connu est celui des matrices (M
n( R ), ×). Par exemple : 0 0
1 0
0 1 0 0
= 0 0
0 1
6=
1 0 0 0
= 0 1
0 0
0 0 1 0
D´ efinition 1.1.2 (El´ ement neutre). Soit ∗ une loi interne sur un ensemble E. Nous dirons qu’un ´ el´ ement e ∈ E est un ´ el´ ement neutre lorsque pour tout a ∈ E, a ∗ e = e ∗ a = a.
Par exemple 0 est neutre pour la lois additive dans (R, +) (ou (C, +)), alors que 1 est neutre pour la loi multiplicative dans ( R
∗, ×). Remarquez l’utilisation de l’ar- ticle ind´ efini dans la d´ esignation d’“un ´ el´ ement neutre”. En fait, nous pouvons utiliser l’article d´ efini et parler de l’´ el´ ement neutre d’une loi interne :
Th´ eor` eme 1.1.3 (Unicit´ e de l’´ el´ ement neutre). Une loi interne admet au plus un
´ el´ ement neutre.
D´ emonstration. Supposons que e et e
0soient des ´ el´ ements neutres. En utilisant la d´ efinition d’ˆ etre un ´ el´ ement neutre pour e, on a d’une part e ∗ e
0= e. D’autre part, la d´ efinition appliqu´ ee ` a e
0donne e ∗ e
0= e
0. La conjonction des deux ´ egalit´ es donne e = e
0.
1.1.2 Groupes
La notion de groupe est une notion essentielle en math´ ematiques. Il a fallu cependant beaucoup de temps pour qu’elle se d´ egage comme une notion permettant de formuler des probl` emes math´ ematiques dans tous les domaines.
D´ efinition 1.1.4 (Groupe). Un ensemble (G, ∗) muni d’une loi interne est un groupe lorsque
— La loi ∗ est associative et admet un ´ el´ ement neutre e
G. S’il n’y a pas d’ambiguit´ e sur le choix de neutre, ce dernier sera simplement d´ esign´ e par la lettre e.
— Pour tout x ∈ G, il existe un ´ el´ ement y ∈ G, dit sym´ etrique ou inverse, tel que x ∗ y = y ∗ x = e
G— Si le groupe est commutatif, il est alors dit ab´ elien.
De la mˆ eme fa¸ con que pour l’unicit´ e de l’´ el´ ement neutre, nous avons :
Th´ eor` eme 1.1.5 (Unicit´ e de l’inverse). Dans un groupe, tout ´ el´ ement admet un unique inverse.
D´ emonstration. Supposons que y et y
0soient inverse d’un ´ el´ ement x ∈ G. Nous avons alors la quadruple ´ egalit´ e :
x ∗ y = y ∗ x = x ∗ y
0= y
0∗ x = e . Ainsi :
⇒ y
0∗ (x ∗ y) = y
0(Multiplication ` a gauche par y
0)
⇒ (y
0∗ x) ∗ y = y
0(Associativit´ e)
⇒ e ∗ y = y
0(4e ´ egalit´ e)
⇒ y = y
0(D´ efinition du neutre)
1.1. GROUPES, SOUS-GROUPES 7 Maintenant que nous sommes certains de l’unicit´ e de l’inverse dans un groupe, une notation sp´ ecifique peut lui ˆ etre associ´ ee. L’unique ´ el´ ement sym´ etrique de x ∈ G sera not´ e x
−1en g´ en´ eral.
Propri´ et´ es 1.1.6. 1. L’´ el´ ement neutre est son propre sym´ etrique. e = e
−1. 2. L’inverse ` a gauche est l’inverse ` a droite. Si x ∗ y = e alors y ∗ x = e et donc
y = x
−1. (Et vice-versa).
3. x
−1−1= x pour tout x ∈ G.
4. L’inverse d’un produit est le produit inverse des inverses. Pour tout x, x
0dans G, on a :
x ∗ x
0−1= x
0−1∗ x
−15. Plus g´ en´ eralement, pour g
1, g
2, . . . , g
m´ el´ ements dans le groupe : (g
1∗ g
2∗ · · · ∗ g
m)
−1= g
−1m∗ · · · ∗ g
1−1Il est tr` es utile de d´ emontrer ses propri´ et´ es afin de s’habituer aux manipulations formelles des groupes.
Exercice 1.1.7. D´ emontrer ces propri´ et´ es.
Exemples 1.1.8. 1. L’ensemble des entiers relatifs ( Z , +) est un groupe muni de l’addition habituelle. L’´ el´ ement neutre est le 0. L’inverse au sens de l’op´ eration de groupe est l’oppos´ e habituel. Il en est de mˆ eme pour (R, +) ou (R, +). Il s’agit de groupes ab´ eliens infinis.
2. Le cercle unit´ e (U, ×). Vu comme sous-ensemble de C des nombres complexes de module 1, le cercle unit´ e est muni de l’op´ eration de multiplication. L’´ el´ ement neutre est l’unit´ e 1. L’inverse d’un ´ el´ ement est son inverse au sens habituel de la multiplication sur C. Remarquons que le fait d’avoir une loi interne repose sur l’identit´ e |zz
0| = |z||z
0| pour deux nombres complexes z et z
0. Ainsi, le produit de deux nombres de modules 1 est de module 1. Il s’agit d’un groupe ab´ elien infini.
3. Les racines n-i` emes de l’unit´ e (U
n, ×). Ici : U
n:=
n
e
i2πn, k = 0, 1, 2, . . . , n − 1 o
L’´ el´ ement neutre est toujours l’unit´ e. Il s’agit d’un groupe ab´ elien. Dans ce cas, de la mˆ eme fa¸ con que nous dressions des tableaux de multiplication en
´ ecole ´ el´ ementaire, il est possible de donner une description compl` ete de la loi de groupe.
4. Le groupe lin´ eaire GL
n(K) pour K = R, C ou Q.
GL
n( K ) := {A ∈ M
n( K ) | det A 6= 0}
L’´ el´ ement neutre est la matrice identit´ e id. Rappelons que le produit de matrices est associatif et que le calcul ne saute pas aux yeux ! Aussi la formule de Laplace donne une expression de l’inverse d’une matrice x ∈ M
n( K ) d` es que det x 6= 0.
Elle stipule que :
A
−1=
t