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Article pp.133-136 du Vol.112 n°3 (2019)

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Texte intégral

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CLINIQUE /CLINICS

Localisation atypique d ’ un cas de lèpre à Lomé (Togo)

Atypical Localization of a Case of Leprosy in Lomé (Togo)

A.S. Akakpo · B. Saka · J.N. Téclessou · A. Mouhari-Toure · K. Amegbor · P. Kassang · K. Kombaté · P. Pitché

Reçu le 20 février 2019 ; accepté le 29 octobre 2019

© Société de pathologie exotique et Lavoisier SAS 2019

RésuméIl s’agit d’une femme de 50 ans, revendeuse, rési- dant à Lomé qui a consulté en mars 2016 pour une rougeur du visage évoluant depuis 2 mois sans douleur, ni prurit. À l’exa- men, on notait un placard unique érythémato-squameux de l’hémiface droit avec une bordure infiltrée. Il n’y avait pas d’infiltration du pavillon de l’oreille droite. Il y avait une cha- leur cutanée modérée par rapport à l’hémiface gauche qui était sans aucune lésion. L’examen des ongles, des cheveux, des paumes et plantes était normal. On notait une absence d’hy- pertrophie des nerfs périphériques (plexus cervical superficiel, cubital, médiane). Le visage n’était pas figé. Les examens complémentaires notaient un hémogramme normal et une sérologie VIH négative. L’histologie réalisée sur un fragment biopsique a conclu à une lèpre tuberculoïde. La patiente a d’abord été mise sous le protocole de polychimiothérapie de l’OMS pendant 6 mois. Mais un mois après l’arrêt de ce trai- tement, les lésions ont repris. Elle a été remise sous un proto- cole de lèpre multibacillaire pour une durée d’un an. Elle a été revue 4 mois après l’arrêt du traitement, sans récidive. Il importe de ne pas méconnaître une lèpre devant un érythème atypique du visage même en l’absence d’autres signes évoca- teurs et de réaliser une biopsie au moindre doute.

Mots clésLèpre · Visage · Localisation · Hôpital · Lomé · Togo · Afrique intertropicale

AbstractThis was a 50-year-old woman with a selling acti- vity living in Lomé who came for a consultation in March 2016 for a facial flushing that had been going on for 2 months without pain or pruritus. On examination, there was a single, erythemato-squamous closet of the right hemiface. There was no infiltration of the right ear. There was moderate cuta- neous heat compared to the left hemiface which was without any lesion. Examination of nails, hair, palms and plants was normal. There was no hypertrophy of the peripheral nerves (superficial cervical plexus, ulnar, median). The face was not fixed. Complementary examinations noted a normal blood count and negative HIV status. Histology performed on a biopsy fragment concluded tuberculoid leprosy. The patient was first put on WHO multidrug therapy during 6 months.

But one month after stopping this treatment, the lesions resu- med. She was referred to a multibacillary leprosy protocol during one year. She had been seen 4 months after stopping treatment, without recurrence. It is important not to ignore leprosy in case of atypical erythema of the face even in the absence of other evocative signs and to perform a biopsy to the slightest doubt.

KeywordsLeprosy · Face · Localization · Hospital · Lomé · Togo · Sub-Saharan Africa

Introduction

Au Togo, la lèpre n’est plus un problème prioritaire de santé publique [9]. Toutefois, la prédominance de la forme multi- bacillaire (MB) peut faire craindre le risque de recrudescence de la maladie. En 2008, le taux de rechute de la lèpre était de 6,1 % pour les malades traités [3,9]. Nous rapportons un cas de lèpre MB avec une localisation atypique.

Observation

Une femme de 50 ans, revendeuse, résidant à Lomé avait consulté en mars 2016 pour une rougeur du visage évoluant

A.S. Akakpo (*) · B. Saka · P. Kassang · P. Pitché Service de dermatologie et IST, CHU Sylvanus Olympio, Université de Lomé, Togo

e-mail : sefasyl@yahoo.fr J.N. Téclessou · K. Kombaté

Service de dermatologie et IST, CHU Campus, Université de Lomé, Togo

A. Mouhari-Toure

Service de dermatologie et IST, CHU Kara, Université de Kara, Togo

K. Amegbor

Service danatomie pathologique, CHU Sylvanus Olympio, Université de Lomé, Togo

Bull. Soc. Pathol. Exot. (2019) 112:133-136 DOI 10.3166/bspe-2019-0095

Cet article des Editions Lavoisier est disponible en acces libre et gratuit sur bspe.revuesonline.com

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depuis 2 mois sans douleur, ni prurit. À l’examen, la patiente avait un bon état général. Localement, on notait un placard unique, érythémato-squameux de l’hémiface droit avec une bordure infiltrée (Fig. 1). Il n’y avait pas d’infiltration du pavillon de l’oreille droite. On ne notait pas d’ulcération intra-buccale et des lèvres. Il y avait une chaleur cutanée modérée par rapport à l’hémiface gauche qui était sans aucune lésion. L’examen des ongles, des cheveux, des pau- mes et des plantes de pied était normal. On notait une absence d’adénopathies rétro-auriculaires, cervicales. Lors de l’examen de l’appareil neurologique, on notait une cons- cience claire, une absence de troubles de la sensibilité tactile de l’hémiface droite et gauche, du reste du corps, une absence d’hypertrophie des nerfs périphériques (plexus cer- vical superficiel, cubital, médiane). Le visage n’était pas figé. Les examens complémentaires notaient un hémo- gramme normal et une sérologie VIH négative.

Une biopsie cutanée réalisée sur un fragment de 5x3 mm, montrait un épiderme régulier avec une basale un peu hyper- plasique. Le derme renfermait une lésion granulomateuse à prédominance de cellules épithélioïdes, de cellules géantes de Langhans et des lymphocytes, sans nécrose caséeuse ni fibrinoïde, faisant penser à une lèpre tuberculoïde cutanée (Fig. 2).

Une fois ce diagnostic posé sur la base des données clini- ques et histologiques, la patiente a été mise sous le protocole

de polychimiothérapie de l’OMS combinant la rifampicine 600 mg (une fois par mois), à la dapsone 100 mg par jour pour une durée de 6 mois. Un mois après le début de ce traitement, il était noté une régression partielle de l’érythème et de la bordure infiltrée et au 6emois une régression totale des lésions.

Mais un mois après l’arrêt du traitement, les lésions ont repris. Une seconde biopsie fut faite concluant toujours à une lèpre tuberculoïde : nous avons cette fois-ci remis notre patiente sous un protocole de lèpre multibacillaire (MB) avec rifampicine 600 mg (une fois par mois supervisée), dapsone (100 mg par jour), clofazimine 300 mg (une fois par mois supervisée) et 50 mg de clofazimine (une fois par jour non supervisée) pour une durée de 12 mois. L’infiltra- tion et l’érythème ont persisté jusqu’au sixième mois de la reprise du nouveau traitement. Les lésions ont totalement disparu après les 12 mois de traitement. La patiente a été revue 4 mois après l’arrêt du traitement, sans récidive.

Commentaires

Cette observation rapporte un cas de lèpre MB, cliniquement trompeur chez cette patiente âgée de 50 ans. Ceci se rappro- che de l’âge moyen des patients dans les précédentes études à

Fig. 1 Lésions érythémato-squameuses en placard de lhémiface droite /Erythematous-squamous lesions in cupbord of the right hemi- face

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Lomé qui étaient de 35 ans [9], et de 40 ans [3]. Chisi et al [1]

avaient montré que la lèpre touchait les adultes jeunes.

La particularité de cette observation est le fait que les lésions chez notre patiente soient limitées uniquement à l’hé- miface sans aucun débord sur l’autre face. Il n’y avait pas d’autres signes cliniques associés (anesthésie, hypertrophie nerveuse, infiltration du pavillon). Les cliniciens omettent souvent le diagnostic de lèpre lorsqu’elle présente des mani- festations inhabituelles [8]. Ce fut le cas du patient présentant un angioedème et une sinusite dont l’étiologie n’était autre que la lèpre MB [6]. Dans les cas de lèpre MB et borderline non traités spécialement en milieu endémique, l’infiltration des oreilles, du nez, est fréquente et extensive. L’atteinte de l’oreille au cours de la lèpre varie de 38 à 73 % et est caracté- risée par une infiltration diffuse, un épaississement, une nodu- lation et une ulcération dans les cas graves [6,7].

La classification de l’OMS permet de classer les patients dont les lésions cutanées présentent moins de cinq lésions comme étant une lèpre paucibacillaire (PB) et, au-delà, comme une lèpre MB [2]. Dans notre cas, le diagnostic de lèpre tuberculoïde ou PB ne fait pas de doute sur la base des données cliniques et histologiques. En effet, au plan histolo- gique la lèpre tuberculoïde se caractérise par un granulome fait de cellules épithélioïdes qui sont des histiocytes dont la fonction est de phagocyter et de digérer les bacilles lépreux, associées à des lymphocytes et à des cellules géantes de Lan- ghans dont les noyaux sont disposés en couronne ou en fer à

cheval. Ce granulome histologique ressemble parfois à celui observé dans la sarcoïdose [4]. Cependant dans la sarcoï- dose, le granulome est accompagné d’une nécrose fibri- noïde, absente dans notre observation.

Une fois le diagnostic posé, le traitement est bien codifié avec une évolution favorable. Mais c’est la rechute après 6 mois de traitement bien conduit, qui nous a obligé à traiter la patiente avec un régime thérapeutique de lèpre MB pour un an, car la récidive dans cette forme de lèpre est rare. Il est possible que l’adjonction de la clofazimine ait aidé à la régression définitive des lésions. Cela montre bien les limites de la séparation PB/MB et des traitements différents selon les formes, ce qui n’est plus recommandé maintenant. En effet, l’OMS recommande depuis 2018 de donner de la clo- fazimine quel que soit le cas, même PB [5].

Conclusion

Il importe de ne pas méconnaître une lèpre devant un éry- thème atypique du visage, même en l’absence d’autres signes évocateurs, et de réaliser une biopsie au moindre doute.

Liens d’intérêtLes auteurs déclarent ne pas avoir de liens d’intérêt.

Fig. 2 Coupe histologique (HE, X40) montrant des cellules géantes de Langhans, des cellules épithélioïdes et des lymphocytes sans nécrose /Histological section showing giant cells of Langhans, epitheliod cells and lymphocytes without necrosis

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Références

1. Chisi JE, Nkhoma A, Zverev Y, et al (2003) Leprosy in Nkhota- kota District Hospital. East Afr Med J 80(12)6359

2. Gaschignard J, Grant AV, Thuc NV, et al (2016) Pauci and multi- bacillary leprosy: two distinct, genetically neglected diseases.

PLoS Negl Trop Dis 10(5):e0004345. doi: 10.1371/journal.

pntd.0004345. eCollection 2016 May

3. Kombate K, Teclessou JN, Saka B, et al (2017) Lèpre au Togo : étude rétrospective de 2630 cas sur 15 ans. Our Dermatol Online 8 (Suppl. 1):104

4. Lever WF (1969) Lèpre. In LEVER WF : Histopathologie de la peau. 4e Ed, Masson et Cie, pp. 285-9

5. OMS (2018) Lignes directrices pour le diagnostic, le traitement et la prévention de la lèpre, 109 p

6. Pawar M, Zawar V, Kumavat S, Daga S (2018) Chronic, persistent angioedema and sinusitis-like presentation of multibacillary leprosy. J Dtsch Dermatol Ges 16(4):471473. doi: 10.1111/

ddg.13469. Epub 2018 Mar 7.

7. Pollack JD, Pincus RL, Lucente FE (1987) Leprosy of the head and neck. Otolaryngol Head Neck Surg 97(1):936

8. Pradhan S, Padhi T, Panda BB, Nayak BP (2016) Polyneuritic variant of pure neuritic leprosy with extensive involvement of peri- pheral nerves and sparing of the polio affected limb: a rare case report. J Dtsch Dermatol Ges 14(7):7303. doi: 10.1111/ddg.12697 9. Saka B, Kombate K, Mouhari-Toure A, et al (2008) Lèpre à Lomé

(togo) : étude rétrospective de 383 cas. Méd Trop (Mars) 68(5):4968

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