Développements limités
Cours de É. Bouchet ECS1 2 juin 2021
Table des matières
1 Généralités 2
1.1 Dénition . . . 2 1.2 Propriétés . . . 2
2 Formule de Taylor-Young 3
2.1 Dérivabilité et développements limités . . . 3 2.2 Développements limités usuels en 0 . . . 4 2.3 Exemples . . . 6
3 Quelques exemples d'utilisation 7
3.1 Recherche d'un équivalent et étude d'une limite . . . 7 3.2 Étude d'une série . . . 7
1 Généralités
1.1 Dénition
Soient n ∈ N et x0 ∈ R. Soit f une fonction à valeurs réelles dénie au voisinage de x0. On dit que f admet un développement limité d'ordren enx0 lorsqu'il existe (a0, a1,· · · , an)∈Rn+1 tels que :
f(x) =x0 a0+a1(x−x0) +· · ·+an(x−x0)n+o((x−x0)n).
Le polynômea0+a1(x−x0) +· · ·+an(x−x0)nest appelé la partie régulière du développement limité.
Dénition (Développement limité).
Exemple 1. On sait quesin(x)∼0 x, donc sin(x) =0 x+o(x), et sinus admet un développement limité d'ordre 1en 0(a0 = 0,a1= 1). Sa partie régulière estx.
1.2 Propriétés
Soient n ∈ N, x0 ∈ R et f une fonction à valeurs réelles dénie au voisinage de x0. Si f admet un développement limité à l'ordre nen x0, alors ce développement est unique.
Proposition (Unicité du développement limité).
Démonstration. (démonstration à connaître) Supposons qu'il existe deux développements limités à l'ordre nen x0 : f(x) =x0 a0+a1(x−x0) +· · ·+an(x−x0)n+o((x−x0)n) =x0 b0+b1(x−x0) +· · ·+bn(x−x0)n+o((x−x0)n). On raisonne par l'absurde et suppose que(a0, a1, . . . , an)6= (b0, b1, . . . , bn). Soitp le plus petit entier de[[0, n]]tel que ap 6=bp. Alors
(ap−bp)(x−x0)p+· · ·+ (an−bn)(x−x0)n=x0 o((x−x0)n), ce qui donne, en divisant par(x−x0)p 6= 0,
(bp−ap) =x0 (ap+1−bp+1)(x−x0) +· · ·+ (an−bn)(x−x0)n−p+o (x−x0)n−p
7−→x→x0 0.
Doncap =bp, absurde. D'où le résultat.
Soient n ∈ N, x0 ∈ R, α ∈ R et f et g deux fonctions à valeurs réelles dénies au voisinage de x0. On suppose que f etg admettent chacune un développement limité d'ordre nen x0. Alorsf +αg admet un développement limité d'ordre nenx0.
De plus, la partie régulière du développement limité de f +αg est égale à la partie régulière du dévelop- pement limité de f plusα fois la partie régulière du développement limité deg.
Proposition (Somme de développements limités).
Démonstration. On suppose que
f(x) =x0 a0+a1(x−x0) +· · ·+an(x−x0)n+o((x−x0)n)
et
g(x) =x0 b0+b1(x−x0) +· · ·+bn(x−x0)n+o((x−x0)n). Alors, par combinaison linéaire de ces égalités,
(f+αg)(x) =x0 a0+αb0+ (a1+αb1)(x−x0) +· · ·+ (an+αbn)(x−x0)n+o((x−x0)n), d'où l'existence du développement limité et l'expression annoncée.
Soientn∈N,x0∈Retf etgdeux fonctions à valeurs réelles dénies au voisinage dex0. On suppose que f et g admettent chacune un développement limité d'ordre n en x0. Alors f g admet un développement limité d'ordren enx0.
La partie régulière du développement limité de f g est obtenue en ne gardant que les termes de degré inférieur ou égal àn dans le produit des parties régulières def etg.
Proposition (Produit de développements limités).
Démonstration. (démonstration à connaître) On suppose que
f(x) =x0 a0+a1(x−x0) +· · ·+an(x−x0)n+o((x−x0)n) et
g(x) =x0 b0+b1(x−x0) +· · ·+bn(x−x0)n+o((x−x0)n). Alors, par produit de ces égalités,
(f g)(x) =x0
n
X
i=0
ai(x−x0)i+o((x−x0)n)
!
n
X
j=0
bj(x−x0)j+o((x−x0)n)
=x0
n
X
i=0
ai(x−x0)i
!
n
X
j=0
bj(x−x0)j
+o((x−x0)n) +o((x−x0)n) +o (x−x0)2n
=x0
n
X
k=0
X
i+j=k
aibj(x−x0)k+o((x−x0)n), d'où l'existence du développement limité et l'expression annoncée.
2 Formule de Taylor-Young
2.1 Dérivabilité et développements limités
Soit x0 ∈R, et f une fonction à valeurs réelles dénie enx0 et au voisinage de ce point. La fonction f est continue en x0 si et seulement sif admet un développement limité d'ordre 0 en x0. On a alors :
f(x) =x0 f(x0) +o(1).
Proposition (Existence d'un développement limité d'ordre 0).
Démonstration. (démonstration à connaître) On commence par remarquer que : f est continue enx0 ⇐⇒ lim
x→x0
f(x) =f(x0)⇐⇒f(x) =x0 f(x0) +o(1).
Donc si f est continue en x0, elle admet bien un développement limité d'ordre 0 en ce point. Réciproquement, s'il existea0 ∈R tel que f(x) =x0 a0+o(1), alors limx→x0f(x) =a0. Donca0=f(x0) etf est continue enx0.
Soit x0 ∈R etf une fonction à valeurs réelles dénie enx0 et au voisinage de ce point. La fonction f est dérivable en x0 si et seulement sif admet un développement limité d'ordre 1 en x0. On a alors :
f(x) =x0 f(x0) +f0(x0)(x−x0) +o((x−x0)).
Proposition (Existence d'un développement limité d'ordre 1).
Démonstration. On commence par remarquer que : f est dérivable enx0⇐⇒ lim
x→x0
f(x)−f(x0) x−x0
=f0(x0)∈R⇐⇒f(x) =x0 f(x0) +f0(x0)(x−x0) +o((x−x0)).
Donc si f est dérivable en x0, elle admet bien un développement limité d'ordre 1 en ce point. Réciproquement, s'il existe (a0, a1)∈R2 tels que f(x) =x0 a0+a1(x−x0) +o((x−x0)), alorslimx→x0f(x) =a0, donc a0 =f(x0). D'où
f(x)−f(x0)
x−x0 =x0 a1+o(1), ce qui donnelimx→x0 f(x)−f(x0)
x−x0 =a1∈R. Doncf est dérivable en x0 etf0(x0) =a1. D'où le résultat.
Soit n∈N. Si f est une fonction de classe Cn sur un intervalle I et x0 ∈I, alors f admet pour dévelop- pement limité d'ordrenen x0
f(x) =x0
n
X
k=0
(x−x0)k
k! f(k)(x0) +o((x−x0)n). Théorème (Formule de Taylor-Young).
Remarque. On peut également écriref(x0+h) =0
n
X
k=0
hk
k!f(k)(x0) +o(hn).
Remarque. En pratique, la plupart des développements limités sont eectués au voisinage de 0. On pourra donc noter=à la place de=0 quand on manipule des fonctions.
2.2 Développements limités usuels en 0
Toutes les formules qui suivent se montrent avec la formule de Taylor-Young, en utilisant les dérivées connues des fonctions usuelles.
exp(x) = 1 +x+ x2 2 + x3
3! +· · ·+xn
n! +o(xn) =
n
X
k=0
xk
k! +o(xn).
Formule (Développement limité de la fonction exponentielle).
Démonstration. Soit n∈ N, la fonction exponentielle est de classe Cn surR et∀k ∈[[0, n]],exp(k) = exp. D'après la formule de Taylor-Young, l'exponentielle admet donc pour développement limité à l'ordrenen 0:
exp(x) =
n
X
k=0
xk
k! exp(0) +o(xn) =
n
X
k=0
xk
k! +o(xn).
ln(1 +x) =x−x2 2 +x3
3 +· · ·+ (−1)n−1xn
n +o(xn) =
n
X
k=1
(−1)k−1xk
k +o(xn).
Formule (Développement limité de la fonction logarithme).
Démonstration. Soit n ∈N, la fonctionf :x → ln(1 +x) est de classe Cn sur ]−1,+∞[ et d'après les formules de dérivées usuelles, ∀k∈[[1, n]], ∀x ∈]−1,+∞[, f(k)(x) = (−1)(1+x)k−1(k−1)!k . D'après la formule de Taylor-Young,f admet donc pour développement limité à l'ordrenen 0 :
ln(1 +x) = ln(1 + 0) +
n
X
k=1
xk k!
(−1)k−1(k−1)!
(1 + 0)k +o(xn) =
n
X
k=1
(−1)k−1xk
k +o(xn).
1
1−x = 1 +x+x2+· · ·+xn+o(xn) =
n
X
k=0
xk+o(xn),
1
1 +x = 1−x+x2+· · ·+ (−1)nxn+o(xn) =
n
X
k=0
(−1)kxk+o(xn).
Formule (Développement limité de la fonction inverse).
Pour tout réel α,
(1 +x)α= 1 +αx
1!+α(α−1)x2
2! +· · ·+α(α−1)· · ·(α−n+ 1)xn
n! +o(xn).
Formule (Développement limité des fonctions puissances).
sin(x) =x−x3 3! + x5
5! +· · ·+ (−1)n x2n+1
(2n+ 1)! +o(x2n+1) =
n
X
k=0
(−1)k x2k+1
(2k+ 1)! +o(x2n+1),
cos(x) = 1−x2 2! +x4
4! +· · ·+ (−1)n x2n
(2n)!+o(x2n) =
n
X
k=0
(−1)k x2k
(2k)!+o(x2n).
Formule (Développement limité des fonctions trigonométriques).
Remarque. Les exposants 2k et2k+ 1 ont été introduits pour permettre d'avoir des formules simples, mais il faut garder à l'esprit que l'ordre d'un développement limité correspond à la puissance qui apparaît dans leo.
2.3 Exemples
Exemple 2. Déterminer un développement limité d'ordre2en 0 dex7→cosx. On trouve avec les formules précédentescos(x) = 1−x22 +o(x2).
Exemple 3. Déterminer un développement limité d'ordre3en 0 dex7→cosx. On trouve avec les formules précédentescos(x) = 1−x22 +o(x3).
Exemple 4. Déterminer un développement limité d'ordre2en 0 dex7→√
1 + 2x−exp(x). On trouve avec les formules précédentes :
exp(x) = 1 +x+x2
2 +o(x2),
√1 + 2x= 1 +1
2(2x) +1 2
−1 2
(2x)2
2 +o((2x)2) = 1 +x−x2
2 +o(x2) d'où par sommation de développements limités,
√
1 + 2x−exp(x) =−x2+o(x2).
Exemple 5. Déterminer un développement limité d'ordre3en 0 dex7→ cos(x) 1 +x . On trouve avec les formules précédentes :
cos(x) = 1−x2
2 +o(x3), 1
1 +x = 1−x+x2−x3+o(x3), d'où par produit de développements limités,
cos(x) 1 +x =
1−x2
2 +o(x3)
1−x+x2−x3+o(x3)
= 1−x+x2−x3−x2 2 +x3
2 −x4 2 +x5
2 +o(x3)
= 1−x+x2 2 −x3
2 +o(x3).
Exemple 6. Déterminer un développement limité d'ordre2en 1 def :x7→ expx x .
On utilise la formule de Taylor-Young à l'ordre2, commef est de classe C2 sur R∗.∀x∈R∗, f0(x) = exp(x)x−exp(x)
x2 = exp(x)
x2 (x−1), f00(x) = exp(x)(2−2x+x2)
x3 .
Cela donne : expx
x =1
exp 1
1 + (x−1)exp 1−exp 1
12 +(x−1)2
2 exp(1)1
13 +o (x−1)2
=e+e
2(x−1)2+o (x−1)2 .
3 Quelques exemples d'utilisation
3.1 Recherche d'un équivalent et étude d'une limite Montrer que la fonction f dénie sur ]0,1] par∀x ∈]0,1], f(x) = 2
sin(x) − 2
ln(1 +x) est prolongeable par continuité en0.
On commence par tout mettre au même dénominateur pour y voir plus clair :∀x∈]0,1]
f(x) = 2
sin(x) ln(1 +x)(ln(1 +x)−sin(x)).
Les équivalents usuels donnent le comportement du dénominateur : sin(x) ln(1 +x) ∼0 x2, ils ne permettent par contre pas de gérer directement le numérateur (puisqu'il est interdit de sommer des équivalents). On cherche donc un développement limité en0du numérateur (l'ordre est à déterminer pendant le calcul an d'obtenir au moins un terme non nul).
ln(1 +x)−sin(x) =x−x2
2 −x+o(x2) =−x2
2 +o(x2)∼0 −x2 2 . On en déduit quef(x)∼0 −1et donc lim
x→0f(x) =−1∈R. La fonction f est donc prolongeable par continuité en 0.
3.2 Étude d'une série
Quelle est la nature de la série de terme généralun= 1 n −ln
1 + 1
n
? On commence par étudier la fonctionf dénie sur ]−1,+∞[par :
f(x) =x−ln (1 +x).
On cherche un développement limité en 0, pour ensuite prendre x = 1n qui sera bien au voisinage de 0. On a que ln (1 +x) =x−x22 +o(x2), donc par somme de développements limités :
f(x) = x2
2 +o(x2).
On en déduit
un= 1 2n2 +o
1 n2
, doncun∼ 2n12 >0. OrP 1
n2 est une série de Riemann convergente, donc P
un converge également.